« Je… je n’ai pas envie d’en parler je vous dis ! » s’était lamentée Elvia en pleine discussion sur ce qui avait marqué les existences de Morgana, de Vioryna mais également la sienne. La pression était subitement montée et la suissesse avait aussitôt éclaté en sanglots, sous les regards interloqués et attristés de ses deux amies, qui l’avaient prise dès lors dans leurs bras pour la consoler et l’inciter à se libérer de ce poids qui semblait la consumer de l’intérieur. « Vous savez que mon père m’obligeait à m’habiller en homme… si je n’ai jamais rien fait contre, c’est parce que j’avais aussi l’impression que c’était une sorte de protection pour moi. A quatorze ans, quand je suis venue vivre aux USA avec lui, il a commencé à se montrer de plus en plus intéressé par moi… physiquement parlant. Au début, c’était juste une main sur ma cuisse, ou un regard un peu trop pesant mais il n’avait jamais eu de geste déplacé à proprement parler. Mais un soir, alors qu’il revenait d’un repas d’affaires complètement saoul, il est entré dans ma chambre, m’a attachée au lit et j’ai eu beau hurler, il n’a pas cessé. J’ai fini par m’évanouir à cause de la douleur et le lendemain je me suis réveillée l’entrejambe en sang, les poignets abîmés et quand j’ai vu le regard paniqué de Lawrence, j’aurais voulu pouvoir hurler encore mais je n’avais plus de voix. Je n’avais pas la force de lui résister et même si Law a voulu me protéger, il ne pouvait rien faire… je ne voulais pas qu’il paye pour moi alors je l’ai contraint au silence mais pendant des années, plusieurs soirs par semaine, il m’a fait subir la même chose. C’a duré jusqu’à ce que mon cœur ne tienne plus et que je sois admise à l’hôpital, tellement fatiguée que j’espérais intimement en finir une bonne fois pour toute, puisque même le patinage, même la gentillesse et la bienveillance de Lawrence ne parvenaient plus à soulager ma douleur. Mon père a arrêté à partir du moment où j’ai fuis sa demeure. J’ai poussé mon majordome dans le premier avion pour la Suisse et puisqu’il n’avait plus de moyen de pression sur moi, il a fini par me laisser tranquille. » Elvia ne regardait ni Morgana ni Vioryna, qui elles étaient tellement mortifiées qu’elles n’osaient rien dire. Quel mot, au juste, pouvait soulager une peine de cet ordre ? Aucun. Morgana fut la première à la serrer à nouveau dans ses bras, la remerciant pour cette confidence, et Vioryna prit la même voie, avec des envies de meurtres en prime. « Faut lui couper les couilles à cet enfoiré ! » grogna la monégasque avec sa douceur habituelle, tandis que la russe renchérissait : « faut que tu le mettes en taule, que tu le tortures !! On t’aide si tu veux ! » Elvia éclata de rire en séchant ses larmes, même si ce souvenir la meurtrissait plus assurément qu’autre chose. « C’est du passé, je n’ai pas envie de le remuer. Je compte sur vous pour ne rien dire à personne, et surtout pas Gabriel… je ne veux pas qu’il me regarde autrement. C’est le premier à me traiter vraiment comme une femme, comme sa femme et je ne veux pas perdre ça, je ne peux pas. »

Leur entrevue entre filles s’était achevée peu de temps après, la limousine reconduisant Elvia en première, Vioryna en deuxième pour finalement raccompagner Morgana en dernier. Mais autant dire que la suissesse mit de longues minutes avant de passer la porte de l’appartement où elle habitait avec son ours de mari. Ses mains tremblaient et sa sensibilité de future maman n’aidait en rien son état. Finalement, c’est le cœur en sang qu’elle passa la porte et la referma pour s’apercevoir que Gabriel semblait déjà couché. Elle se déshabilla donc, mettant une simple nuisette pour se glisser dans leurs draps et se lover contre son dos. « Tu as passé une bonne soirée mon amour ? Tu m’as atrocement manqué tu sais mon ours… » et c’était vrai. Elle aurait voulu avoir le courage de tout lui confier afin de mieux pouvoir se consoler entre ses bras puissants la seconde d’après…

La chaleur de Gabriel s’était aussitôt emparée d’elle et Elvia se sentait devenir plus sereine au fil des secondes. Hélas, cette accalmie ne dura pas car bientôt, le jeune homme la supplia de se taire pour mieux se retourner et la serrer dans ses bras. Ce revirement de situation lui arracha un « oh » de surprise mais ce fut bien pire lorsqu’elle le sentit pleurer entre ses bras. Cet état de fait lui arracha de nombreuses larmes à son tour, surtout qu’elle n’en comprenait pas la raison : lorsqu’elle avait quitté Gabriel plus tôt dans la soirée, il semblait bien, heureux, et la suissesse n’aurait pas imaginé une seconde que la donne ne s’effondre sitôt qu’elle serait rentrée. Pour un peu, sa déclaration fendit son cœur en deux tant elle sentait sa détresse croître au fur et à mesure des secondes. « Gabriel mais qu’est-ce qu’il se passe ?! Il est arrivé un malheur ? » s’inquiéta-t-elle aussitôt, bien incapable de rester silencieuse en voyant son tendre époux pleurer pour la première fois entre ses bras. Cela n’empêcha pas Elvia de le serrer aussi fortement qu’elle le put, caressant sa chevelure blonde avec toute la douceur dont elle était capable tandis que l’inquiétude ne faisait qu’augmenter, encore et encore, alors qu’elle était bien loin d’imaginer qu’en fait… Gabriel n’avait pas entendu que ses mots, il avait aussi senti sa détresse, sa douleur, son haut désespoir. Cela ne retirait rien au fait qu’il ait illuminé sa vie et qu’il l’ait justement poussée à continuer à vivre, à se battre et à l’aimer plus encore aujourd’hui que la veille mais Elvia était une femme brisée. Elle restait la douceur incarnée mais son cœur neuf peinait à se refermer sous le million de plaies qui l’accablaient. « Gabriel je t’aime de tout mon cœur et si tu as de la peine je veux que tu me la confies… je veux la faire mienne pour te soulager, je veux tout partager avec toi. Je t’en prie, ne te cache pas de moi… ça me tue de te voir si mal. »

Comment elle faisait ? C’était tellement évident pourquoi… « Mais Gabriel tu es toute ma vie » avoua-t-elle sans mensonge ni hésitation sitôt qu’il lui eut posé la question. Mais la suite lui arracha de nombreuses larmes à nouveau car au lieu de la soulager, elle sentit un vent de panique lui scier littéralement les entrailles. Elle s’en voulait d’avoir confié la chose car au lieu de la soulager, cela lui faisait du mal mais elle n’était pas la seule dans l’équation hélas : Gabriel avait tout entendu et il souffrait à son tour. C’était sûrement ça, le plus douloureux dans l’histoire. « Mon ours regarde-moi » lui demanda-t-elle avant de ne prendre son visage en coupe pour essuyer ses larmes, refusant de se laisser dominer par la tristesse et la peur qui l’avait empêchée de vivre pendant tant d’années. Il n’était plus question qu’elle ne revive une chose pareille et encore moins que Gabriel ne souffre. « Bien sûr que je suis ta femme et c’est justement ça qui illumine mes jours ! Je me suis libérée de ça, et même si ça me fera toujours souffrir parce que j’ai l’impression que l’on m’a volé ces années je ne me sens pas emprisonnée… tu ne sais pas combien tu as sauvé mes jours quand je t’ai rencontré et combien j’aurais été désespérée que tu ne reviennes pas sur ta décision quand tu m’as quittée parce que tu es toute ma vie Gabriel. Si tu es avec moi je sais que rien ne pourra plus jamais m’atteindre. » La sincérité brillait dans le fond de son regard et même si certaines larmes s’en écoulaient encore, elle se détendait au fil des secondes. « Je ne te l’ai pas dit parce que je ne voulais pas que tu me regardes autrement. Quand tu poses ton regard sur moi, c’est comme si je me sentais semblable à l’une des sept merveilles du monde. Tu me regardes comme si tu me voyais pour la première fois. Tu n’es pas seulement mon mari Gabriel tu es aussi ma famille, celle que je rêvais de construire et tu es mon tout. Ne me repousse pas c’est tout ce que je te demande. Le reste n’a pas d’importance. » Elvia lui offrit un tendre baiser avant de ne le serrer à nouveau entre ses bras. Diable, elle ne se serait jamais crue capable de tant de force…

Sans doute avaient-ils mutuellement besoin de se rassurer. Elvia ne voulait pas qu’il la regarde autrement mais qu’il continue plutôt à la considérer comme sa femme, comme son oursonne, et à lui donner cette déferlante d’amour dont il la comblait chaque jour. « Tu ne me perdras jamais mon ours, je compte bien rester jusqu’à ce que la mort nous sépare et même bien au-delà » le rassura-t-elle tout en lui souriant avec la même bienveillance dont elle le gratifiait à chacune de leurs discussions sérieuses. La suissesse aimait bien trop son prince pour le laisser sur le bord de la route, de même qu’elle se trouvait nettement plus forte dès qu’il se trouvait à ses côtés. « Et je suis tienne à jamais Monsieur Renaldi… tout comme je suis intimement persuadé que tu seras le meilleur des pères pour nos jumelles. Tu sais, tout ceci n’est rien comparé à ce que nous partageons et ce n’est rien que je ne puisse oublier. Gabriel… tu n’as pas idée de tout ce que tu m’offres depuis que je t’ai rencontré, et je me félicite de t’avoir embrassé dans cet aéroport, même si je me suis surprise à vouloir tellement plus à ce moment là. Tu es mon ours et je suis ton oursonne je crois que c’est la meilleure des preuves. Tu as fait de ma vie une véritable merveille et je t’aime de tout mon cœur. » Dès lors qu’elle eut croisé son regard, ce même regard qu’il lui lançait comme s’il se consumait littéralement d’amour pour elle, Elvia sentit une vague de réconfort s’emparer de l’intégralité de son être. La jeune femme se serra aussitôt contre lui, s’emparant de sa chaleur avant de ne la lui rendre au centuple. Mais bientôt, elle se sépara sans brutalité de lui pour s’emparer de ses mains afin de les placer contre son ventre. Tout en souriant, elle énonça : « Mon ours tu ne veux pas à nouveau leur montrer qui est le boss ? Elles sont très, très agitées, et je crois que c’est parce qu’on se dit des mots tendres. » Elvia ou l’art et la manière de détendre l’atmosphère avec brio. « Tu te sens mieux mon ours ? »

« Tu es courageux Gabriel… mais nous sommes complémentaires, tu l’es donc pour certaines choses et moi pour d’autres ! Ceci étant… tu n’as pas idée du nombre de répétitions qu’il m’a fallut devant ma glace pour que mon discours devant toi en tant qu’Alicia paraisse crédible. J’ai longtemps eu peur que tu ne me démasques trop rapidement et ne me chasse d’un même temps. » Par chance, son ours royal eut tôt fait de se prendre au jeu et sitôt qu’il eut proféré ses menaces contre les deux oursonnes miniatures continuant de pousser dans le ventre d’Elvia, elles calmèrent peu à peu leurs coups et la suissesse poussa un long soupir d’aise tout en embrassant son prince. « Tu es un magicien mon ours » énonça-t-elle avant de n’éclater de rire car en dépit de tout ce que l’on pouvait imaginer, Gabriel avait évidemment fait référence aux titillements de sa femme dans le petit laïus qu’il avait servi aux jumelles. Elvia en avait presque oublié sa peine, aussi était-ce un pari particulièrement bien mené. « Tu veux me faire boire du thé pour que j’ai encore plus de titillements ? » reprit-elle, l’air subitement soupçonneuse car le nouveau délire de son mari était de lui apporter sans arrêt des tasses de thé dans l’espoir de déclencher l’apocalypse. Le fait est qu’il y parvenait avec brio les trois quart du temps… « Je peux faire d’autres miracles sans avoir recourt au thé, non ? Tu sais bien ce que ça me déclenche… » avoua-t-elle piteusement en rougissant violemment. L’émotion de ce soir n’avait pas effacé une seconde la timidité d’Elvia, bien au contraire !

« Je t’aurais attendu toute ma vie mon ours, tu sais… mais je crois que je me souviendrais toujours combien j’ai paniqué lorsque tu es venu te blottir contre moi à ton retour de reportage ! Tu m’offrais ce que j’osais à peine désirer à voix haute et pourtant… je crois que j’avais peur d’être en plein rêve, surtout. » Elvia n’oubliait pas qu’à leur rencontre, elle était surtout la femme portant le cœur de Catherine. Mais aujourd’hui, s’entendre dire de la part de Gabriel qu’il l’aimait et qu’il était fier d’être son époux, cela faisait fondre littéralement son cœur de daim caramélisé. Un sourire tendre étira dès lors ses lèvres mais rien ne l’empêcha de frissonner alors que son ours royal effleurait à peine sa cuisse du bout des doigts, lui provoquant déjà des sensations on ne peut plus connues de sa personne. Non, non et non ! Pas maintenant, elle refusait catégoriquement et pas principe ! « Tu sais que tu es un démon lorsque tu t’y mets ? Non, non pas de thé ! » reprit-elle avec un semblant d’assurance qui fut mis à mal par sa demande à laquelle elle accéda aussitôt. Elvia se releva avec sensualité, déposant un premier baiser chaste contre les lèvres de son mari, puis un deuxième, puis un troisième, chaque nouveau baiser gagnant en force, en assurance et en passion. Pourtant, elle s’écarta presque brusquement pour reprendre son souffle, rougissant au passage, avant de ne reprendre la parole : « Il faut que je me calme sinon je ne retiendrai pas mes titillements… »

Ne pas se retenir ?! Mais il voulait sa mort ! Elvia se remettait tout juste de ses émotions liées à leur discussion précédente et Gabriel n’avait qu’une chose en tête : lui provoquer des titillements. La suissesse rougit violemment sans être capable de répondre quoi que ce soit, surtout à la question qu’il osa lui poser, le laissant sournoisement se déplacer sous les draps pour mieux la provoquer de la plus sensuelle des manières. La respiration de l’ancienne patineuse se fit subitement plus saccadée et accélérée… « Gab… Gabriel !! » s’exclama-t-elle avant de ne se mettre à trembler vivement tandis qu’elle ôtait les draps et découvrait le jeune homme qu’elle incita à se redresser pour mieux s’emparer de ses lèvres, mais avec un empressement très différent. Elvia avait l’impression de brûler littéralement de l’intérieur alors que son corps entier tremblait avec violence. « Ti… titillements ! » reprit-elle, les joues en feu, alors qu’elle reprenait légèrement son souffle entre deux baisers. C’était un peu comme si la demoiselle ne parvenait plus à énoncer l’intégralité d’une phrase construite, son cerveau étant totalement embrumé et incapable de réfléchir de façon normale. « Je sais que tu es très bien où tu es mais… dressing ? » avoua-t-elle non sans rougir plus encore, alors que ses titillements reprenaient de plus belle, lui arrachant un cri nettement plus puissant que ses précédents petits gémissements. Elvia s’empressa de reprendre ses lèvres tout en lui enlevant progressivement sa chemise, toujours mue par le même empressement dont elle ne manquerait sûrement pas d’avoir honte après… mais cette fois, elle semblait plus libérée que jamais : la preuve, elle avait davantage d’audace !

« Ce ne sont pas des rougeurs ! Oh diable que j’aimerais contrôler mes rougissements aussi… » se lamenta Elvia alors que Gabriel la conduisait dans le dressing illico presto, mu par une sorte de curiosité qu’elle ne lui connaissait que trop bien. Le prince de Genovia n’allait pas se contenter de la soulager de ses titillements dans le dressing, il allait faire en sorte de marquer tellement son esprit qu’elle serait incapable d’y retourner sans avoir sur le champ de nouveaux titillements. Quelque chose lui disait qu’il avait hautement étudié la question et allait se dépêcher de provoquer la chose… « Tu n’es pas désolé du tout ! » reprit-elle alors qu’il l’avait tournée vers le miroir, la caressant avec langueur tandis qu’elle luttait déjà contre des titillements de plus en plus puissants. Elvia peinait même à parler, sa voix ne s’exprimant qu’au travers de ses gémissements de plaisir alors que la jouissance lui semblait déjà monter crescendo. A peine Gabriel l’avait-il frôler qu’elle tanguait déjà en arrière, fermant un instant les yeux histoire qu’un pic de jouissance ne passe progressivement, lui arrachant des gémissements de plus en plus violents. « A vrai dire, je crois que je ne pourrais plus venir ici sans avoir de titillements ! Tu es un démon Gabriel et nul ne le sais mieux que toi ! » Sauf que cette fois, puisque son tendre époux l’avait provoquée en première, la suissesse avait préparé la contre attaque. Nouveau conseil de Morgana qu’elle trouvait utile de mettre à profit puisque ses mains se glissèrent dans son dos, ses doigts partant subitement à la conquête de sa virilité offerte tandis qu’elle se regardait à nouveau dans le miroir et voyait par la même occasion l’expression de son ours changer. « Mais je ne suis pas la seule qui ne verra plus le dressing de la même façon mon ours… »

« Je ne peux pas m’en empêcher… » soupira Elvia, profondément désolée de ne pas pouvoir agir autrement et ne pas être capable de se lâcher comme il le faisait. Mais elle essayait, et de tout son cœur en prime ! « Alors évite d’y penser si tu dois fermer tes pantalons… » énonça la suissesse avec amusement avant que le désir ne prenne le pas sur tout le reste, Gabriel l’allongeant à l’intérieur de leur dressing pour mieux la faire sienne, atténuant ses titillements pour mieux la rendre littéralement folle de lui, de ses attentions, de ses baisers… Elvia avait l’impression d’être une perverse entre les perverses et pourtant, elle sentait ses hanches se soulever histoire qu’il n’ait que davantage de marge de manœuvre pour la posséder. C’était bon, tellement bon… elle ne ménageait d’ailleurs pas ses propres mouvements ou même ses gémissements jusqu’à ce qu’ils n’atteignent une fois encore un El Dorado de plaisir commun et particulièrement sonore. Qu’importe, le dressing était insonorisé, et la jeune femme ne pouvait que féliciter celui ayant décidé de mettre un tapis particulièrement confortable à l’intérieur de celui-ci. Au moins, ils pouvaient rester ainsi enlacés sans avoir besoin de ne s’extirper de ce lieu pour retrouver leur lit conjugal. « Je t’aime… » murmura-t-elle avant de ne déposer un chaste baiser contre ses lèvres. Elvia recula cependant, se redressant même en position assise, une main contre son ventre très arrondi, les sourcils froncés. « Gabriel j’ai mal… » soupira-t-elle tout en se crispant à cause d’une contraction. Diable, celle-ci avait été costaud et ne s’arrêtait pas. « Aaaaaaouuuuuch chéri vraiment, vraiment ça fait mal !! » hurla-t-elle avant de pousser un cri des plus puissants tandis qu’elle se tordait de douleur.

Elvia se tortillait douloureusement dans les bras de Gabriel et peinait à avoir conscience des évènements autour d’elle tant elle était incapable de penser à autre chose qu’à ses contractions. Une chance que Lawrence soit le plus calme de tous et n’ait pas la bêtise de se mêler à la guéguerre de son ours avec Charles-Henri ! « Comptez de combien de temps les contractions sont espacées Lawrence, on va me le demander à l’hôpital » murmura-t-elle avant de pousser un nouveau cri de douleur insupportable, tentant de ne surtout pas faire de réflexion ni sur la conduite de son mari et encore moins sur son évidente panique se transformant en ridicule colère. A sa décharge, il y avait de quoi être paniqué pour dix. Ils parvinrent en un rien de temps devant un médecin, Elvia ayant été au préalable mise dans un fauteuil roulant par deux internes responsables des urgences. La suissesse était incapable de faire preuve d’un discours cohérent, elle laissa donc Lawrence donner toutes les indications nécessaires et se contentait, de son côté, de hurler à chaque nouvelle contraction tant celles-ci étaient de plus en plus douloureuses. « Je m’en fiche de votre discours médical mais si vous avez quelque chose pour calmer ça je ne suis pas contre !! » grogna-t-elle sans pour autant être insultante ou impolie. Une chance qu’elle ait l’habitude des entraînements intensifs de patinage, lui faisant connaître la douleur bien mieux qu’une autre femme lambda. Mais cela n’empêcha pas l’un des internes de lui administrer un léger calmant d’avant péridurale, histoire qu’elle ne souffre pas des heures en attendant que le médecin n’arrive… ce qui finit par arriver, du reste ! « C’est une fausse alerte Madame Renaldi, votre poche des eaux n’a pas encore été rompue et les deux bébés sont encore bien hauts dans votre utérus. Je vais vous laisser sous monitoring une petite heure afin de m’assurer que cela n’aura pas évolué et vous rentrerez ensuite chez vous. » Flûte, fausse alerte ! Bon d’un côté Elvia était soulagée mais aussi déçue parce qu’elle aurait bien aimé que ses deux princesses montrent enfin le bout de leurs nez… « Désolée si je t’ai fais peur mon ours… » murmura-t-elle tout en serrant sa main dans la sienne.

Autant dire qu’Elvia esquissa un petit sourire taquin malgré la fatigue, juste histoire de dire qu’elle n’était pas totalement dupe et que Gabriel n’avait aucune honte à avoir. S’il avait eu peur, ce n’était pas elle qui risquait de se moquer, bien au contraire ! Et puis son secret était bien gardé avec elle, comme beaucoup d’autres d’ailleurs. « Je vais tâcher d’éviter mon ours » lui promit-elle avec prudence avant qu’il ne lui arrache un petit rire amusé. De toute évidence, il avait dû se faire de très nombreux films à force de ne l’entendre hurler comme jamais et de ne la sentir souffrir comme elle avait souffert. Il fallait dire que la suissesse n’avait pas un bébé à mettre au monde mais deux, et que souvent les fausses alertes étaient plus douloureuses encore que l’accouchement en lui-même : il n’y a aucune libération à la fin puisque le bébé n’est pas encore prêt à naître. « Mais que vas-tu imaginer ! Je ne dis pas que je vais forcément être ultra opérationnelle pendant les quelques prochains jours étant donné que j’arrive au terme mais c’est normal qu’il y ait des fausses alertes parfois mon ours… ça aurait pu être le bon moment et que je sois simplement restée allongée à te titiller ou que tu m’aies titillée n’y change rien, je t’assure. » Elvia conservait son sourire, surtout en voyant les deux mines contrites des nounous qui avaient subit leur propre lot d’inquiétude à l’égard de la jolie suissesse. Qu’est-ce qu’elle était désolée d’avoir inquiété tout le monde… « Ce sera sensiblement comme ça le jour de l’accouchement. Demande à Sergeï, il te dira probablement la même chose. Mais ça ne dure pas mon ours, et puis je suis préparée ! Tu vas rester avec moi, hein ? » demanda-t-elle néanmoins avec un brin d’inquiétude tandis qu’elle serrait un peu plus vivement sa main dans la sienne. « Tu es toujours aussi content d’être bientôt papa ? »

« Mais ce sont des choses qui arrivent, les fausses alertes… » continua de se défendre Elvia non sans lui sourire avec un mélange d’amusement et de tendresse tout en serrant sa main dans la sienne sans même vouloir la lâcher. « Si Sergeï risque de te faire peur on pourrait demander à Vioryna mais je ne pense pas que tu aimeras davantage les détails, même si elle ne fera jamais exprès de te faire peur la connaissant… » plaisanta volontiers la suissesse non sans se pousser légèrement sur le lit pour lui faire une petite place. « Viens par là » l’encouragea-t-elle car elle avait maladivement besoin de le sentir contre elle, qu’il la serre dans ses bras en lui répétant, même cinquante fois, qu’il serait présent une fois le jour J venu et qu’il ne comptait surtout pas l’abandonner. « Ne t’inquiètes pas, tout va bien et je n’ai même plus mal du tout. Juste les coups habituels des jumelles mais c’est très supportable. Par contre je veux bien un câlin de ta part mon ours, ça tu sais bien… j’en ai toujours besoin » avoua-t-elle non sans rougir illico presto devant cette vérité qu’elle ne pouvait nier. De toute évidence, elle n’avait besoin de rien d’autre que de la présence de son mari pour l’heure, le reste pouvait attendre et c’est ce que les deux nounous comprirent en laissant les deux jeunes mariés dans l’intimité toute relative de cette chambre d’hôpital. Si les deux futures petites princesses n’avaient pas pointé le bout de leurs nez aujourd’hui, cela ne saurait sûrement tarder…

TOPIC FINITO **