Les jours et les semaines passaient, et Joshua était toujours à New-York… à son plus grand désespoir. Depuis son retour de Syrie le jeune reporter n’avait attendu qu’une seule chose : pouvoir repartir, réaliser un nouveau reportage, faire de nouvelles rencontres et vivre de nouvelles aventures comme à chaque fois qu’il était ainsi envoyé sur le terrain. Mais malheureusement pour lui, et malgré le fait qu’il surveille son téléphone portable à longueur de journée, ses supérieurs semblaient bien décidés à lui accorder quelques congés. D’autres auraient apprécié une telle initiative… mais Joshua était bien trop passionné pour ça. Depuis des années, il ne pouvait se passer de son métier et même l’embuscade dans laquelle il avait été prit n’avait pas eu raison de sa détermination. Bien sûr, il avait marqué une pause de quelques mois à la suite de cet accident, mais l’australien s’était bien vite remis sur les rails en repartant pour de nouvelles missions. A New-York, Josh s’ennuyait. Il tournait en rond dans la maison qu’il partageait avec Robynn et malgré ses nombreuses excursions à la salle de sport ou dans des parcs divers et variés, le jeune homme finissait toujours par languir le moment où il pourrait enfin repartir. Alors, pour combler tout ce temps libre, Joshua expérimentait tout un tas de nouveaux endroits, de nouveaux coins de New-York qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de connaître et qu’il s’amusait à visiter les uns après les autres. Jusqu’à présent, son job de reporter lui avait prit tellement de temps qu’il n’avait en effet jamais prêté beaucoup d’attention aux recoins que comptait la Grosse Pomme. Alors ce laps de temps sans activité était pour lui l’occasion de combler cette lacune.

En cette fin de week-end, Joshua avait décidé de voir plus loin, et de s’expatrier en dehors de New-York pour quelques heures. A bord de sa voiture, il avait parcouru des kilomètres et des kilomètres, avant de tomber sur un endroit un peu plus calme que d’accoutumée et de s’y installer pour l’après-midi. Profitant de la fraicheur et du caractère bucolique de ce coin de paradis qu’il venait de dégoter, l’australien s’accorda même une petit sieste à l’ombre. Mais, voyant la fin de journée approcher à grand pas et craignant les incontournables embouteillages New-Yorkais auxquels il aurait bien du mal à échapper, Josh décida à regret de reprendre la route. Mais alors qu’il roulait tranquillement en direction des lumières de la ville, une voiture sur le bas côté attira son attention. Une voiture qu’il connaissait… et pour cause.  Réalisant trop tard qu’il s’agissait bien d’Abigail, Josh freina d’un coup sec pour se ranger à son tour sur le bord de la route. Sortant du véhicule tout abasourdi de pouvoir tomber sur elle dans des circonstances aussi incroyables, il avança vers elle en fronçant les sourcils. Néanmoins, un sourire éclaira son visage lorsqu’il arriva à hauteur du véhicule immobilisé : « Besoin d’aide ? » demanda-t-il à l’attention d’Abi, qu’il était tout de même ravi de revoir, même au bord d’une route alors que la nuit commençait à tomber et qu’elle était visiblement en très mauvaise posture…

Même si ce n’était visiblement pas le meilleur moment pour ça, ni même les meilleurs circonstances, Joshua se trouvait ravie de tomber ainsi sur Abigail. Tout d’abord parce qu’elle aurait pu croiser n’importe quel détraqué en restant ainsi au bord de la route à une heure pareille, mais aussi et surtout parce que cela commençait à faire un peu trop longtemps qu’il ne l’avait pas vue. Elle était son amie… ou plus exactement une sorte de sexfriend avec qui il adorait passer du temps, discuter, faire la fête et plus si affinités. Malgré les apparences complexes de cette relation, il n’y avait absolument aucune prise de tête entre eux, et c’était exactement ça qui plaisait tant à l’australien. D’ailleurs, même s’ils n’en avaient jamais réellement parlé ensemble, il restait persuadé que cette relation convenait aussi parfaitement à Abigail.

Joshua avait garé sa voiture sur le bas côté, tout près de celle de son amie et pourtant, cette dernière ne s’était même pas retournée vers lui. Ce ne fut qu’au moment où il lui demanda si elle avait besoin d’aide que la jeune femme sursauta, avant de foncer vers l’australien pour lui offrir une bise en guise de bonjour. Elle était surprise, et il y avait de quoi. Le fait qu’il soit passé à cet endroit, à ce moment précis tenait tout de même du miracle… ou au moins d’une belle coïncidence. « Moi ça va, et toi ?!! Qu’est-ce que tu fais ici à une heure pareille ? T’es venue te balader loin de la ville toi aussi ? » questionna-t-il en s’approchant du véhicule en panne alors qu’Abigail lui faisait place pour qu’il puisse y jeter un œil. Malheureusement pour elle, Josh n’était pas forcément un as de la mécanique, encore moins lorsqu’il s’agissait de voitures. Pour les petits travaux de la maison passe encore, mais l’automobile n’avait jamais été son dada. A vrai dire, il n’avait jamais trop eu l’occasion de s’y mettre, même s’il avait du s’y atteler quelques fois lors de ses missions à l’autre bout du monde. Seulement voilà, les voitures qu’il avait eu l’occasion de bricoler n’avaient absolument rien à voir avec ces bolides new-yorkais remplis d’électroniques auxquels il avait un peu peur de toucher. En affichant une petite grimace désolée, Josh se pencha alors vers la capot ouvert du véhicule et déclara : « Je peux essayer de regarder, mais… je crois que je n’y connais pas grand-chose… Je ne voudrais pas empirer un peu plus la situation en faisant n’importe quoi ! » L’australien observa quelques instants la mécanique devant lui, tenta de remettre en place quelques éléments… en vain. Se redressant alors en arborant une nouvelle grimace, il reprit : « Ouais… je crois qu’il vaudrait mieux appeler un pro… » Tout en parlant, il sortit son téléphone de la poche de son jean… pour finalement constater qu’aucun réseau n’était disponible. « Oh, génial… » Instinctivement, il observa les alentours où absolument rien ne bougeait. Malgré cela, le paysage était extrêmement agréable et soudain, une idée lui traversa l’esprit. « On n’est pas pressés, si ? Je veux dire, on ne trouvera certainement personne avant demain matin, et puis l’endroit n’est pas désagréable donc… autant en profiter un peu avant qu’il fasse complètement nuit ! » s’exclama-t-il, même si son idée paraissait totalement incongrue dans cette situation. Puis, sans attendre il contourna la voiture pour s’engager sur un petit chemin qui s’enfonçait à travers la forêt, avant de se retourner et de lancer un regard rieur à Abigail en attendant sa réaction.

Joshua aurait voulu pouvoir l’aider et user de ses talents de mécano pour sortir Abi de ce faux pas. Malheureusement pour lui, et pour elle, il n’avait jamais été très calé sur le sujet et même s’il avait déjà du bricoler un moteur une ou deux fois au cours de ses missions, il ne se sentait absolument pas capable de remettre le véhicule de son amie en état de marche. Quoi qu’il en soit, sa simple présence semblait rassurer Abigail et c’était bien là le principal. Après avoir tenté quelques vaines manipulations, l’australien laissa donc tomber sa mission de sauvetage de la voiture, et préféré engager la conversation avec Abi. « J’avais aussi besoin de prendre un peu l’air, et New-York n’est clairement pas l’endroit idéal pour ça ! Alor je suis allé me balader ailleurs… Si j’avais su que tu avais le même programme, on aurait pu s’arranger… ! » lança-t-il en répondant aux interrogations d’Abi, non sans lui lancer un petit regard empli de sous-entendus, en référence aux bons moments qu’ils passaient lorsqu’ils se retrouvaient tous les deux. Clairement, un petit week-end hors de la ville en compagnie d’Abigail ne lui aurait pas déplu ! Mais l’occasion lui était visiblement passée sous le nez, et il ne lui restait à présent que quelques heures pour rattraper le temps perdu, si le cœur de la belle lui en disait.

Dans un premier temps, Josh pensa confier le sort de la voiture à un professionnel mais constata bien vite qu’aucun réseau téléphonique n’était disponible. Saisissant cette déconvenue comme une opportunité, Joshua s’engouffra sur le chemin de terre le plus proche pour s’enfoncer dans la forêt tout en ignorant complètement les questions de la jeune femme. Et comme il l’avait prévu, cete dernière finit tout de même par le suivre. « Bon, je ne sais pas du tout où on va, ni ce que ça va donner mais soit, allons-y. Je te fais confiance… » déclara-t-elle en arrivant à sa hauteur, devant un Josh ravi qui s’empressa de lui tendre le bras afin qu’elle s’en saisisse. Continuant son chemin pendant quelques minutes, l’australien aperçut soudain une clairière bordée d’un ruisseau. Cette vision lui arracha immédiatement un sourire, et lui fit lâcher le bras d’Abi. « Pas mal ! » s’exclama-t-il en quittant le chemin pour crapahuter vers ledit ruisseau, avant de s’installer par terre pour en admirer le spectacle. La nuit commençait à tomber, mais le peu de lumière qui régnait encore autour d’eux suffisait à faire scintiller l’eau qui glissait sous les yeux de Joshua. Se retournant finalement vers son amie, l’australien lui adressa de grands signes pour l’inciter à le rejoindre malgré le terrain quelque peu accidenté qui la séparait encore de lui.

Même si Perth tenait plus de la jungle urbaine que de la jungle tout court, Joshua était parfois en manque de nature. Lorsqu’il vivait en Australie, il lui suffisait de parcourir quelques kilomètres en voiture pour se retrouver au milieu de nulle part, en bord de mer. Il n’avait lors plus qu’à sortir son surf pour s’offrir des heures de glisse dans un décor paradisiaque. Même s’il tentait encore de se faire ce petit plaisir assez régulièrement, la vie à New-York n’était pas du tout la même que celle qu’il avait pu avoir auparavant. L’ambiance était différente, les gens aussi… Bref, parfois Joshua était un brin nostalgique de son Australie natale. Et c’était précisément dans ces moments-là qu’il cherchait à s’évader. Tous les petits coins de nature un peu tranquilles étaient alors prétextes à se poser et à admirer purement et simplement les environs. Et ce soir, c’était exactement ce qui était en train d’arriver. Profitant des dernières lueurs du jour, Joshua avait souhaité s’avancer un peu dans la forêt. Et en tombant sur cette clairière, l’australien avait simplement eu envie de s’y installer. Cela pouvait paraître étrange, inutile ou même dérisoire mais il s’en fichait pas mal.

« Wahou… C’est vraiment superbe… » souffla finalement Abigail en arrivant à sa hauteur. Elle s’installa ensuite à ses côtés et Joshua lui adressa un sourire. « Tu bosses demain ? » demanda-t-elle, faisant arquer un sourcil à l’australien sous le coup de la surprise, et surtout de la curiosité. « Ca dépend… tu as un meilleur programme à me proposer ? » Le ton que Josh adopta était empli de sous-entendus et même si Abi n’avait aucune arrière pensée en lui posant cette question, il se plaisait à faire comme si c’était le cas. Et puis de toute façon, c’était souvent le cas entre eux alors l’australien n’avait que très peu de chances de se tromper. Reprenant tout de même un peu son sérieux après quelques instants, Josh se retourna vers sa voisine et continua : « Tant qu’on ne me renvoie pas sur le terrain, je ne fais pas grand-chose de mes journées tu sais… J’ai quelques trucs à revoir, mais rien ne presse ! Tu ne travailles pas toi ? » demanda Joshua, curieux de savoir qu’elle idée Abigail avait derrière la tête. D’ailleurs, il ne tarda pas à laisser sa curiosité l’emporter et, tout en se rapprochant d’elle avec un air de véritable gamin espiègle, reprit : « C’est quoi ton idée ? »

Contre toute attente, la fin de journée de Joshua semblait vouloir prendre une tournure pour le moins intéressante. Bien sûr, sa rencontre hasardeuse avec Abigail n’y était pas pour rien, et l’australien avait d’ores et déjà hâte de savoir ce qu’elle lui préparait. Car il en était certain, quelque chose se tramait dans l’esprit de la jeune femme. Et en général, quand ce genre de choses arrivait, le résultat était pour le moins plaisant. Sans pouvoir s’en empêcher, Josh se montra donc relativement pressé. Abigail était en congés pour une semaine supplémentaire et pouvait donc se permettre de passer la nuit loin de chez elle. Joshua, quant à lui, n’avait aucune obligation vis-à-vis de son job puisqu’il travaillait chez lui entre deux missions. S’il perdait du temps sur un projet, il n’aurait par conséquent aucun mal à le rattraper quelques jours plus tard. Bref, les deux jeunes gens étaient libres comme l’air et lorsque Josh poussa Abigail à lui faire partager ses idées, cette dernière ne se fit pas prier bien longtemps : « Je n'ai pas d'idée précise mais... je pensais qu'on pouvait passer la nuit ici... Et ainsi, prolonger un peu ce week-end ensemble... J'ai quelques couvertures dans ma voiture qui devraient nous permettre de passer la nuit à la belle étoile, si on ne trouve nulle part ou dormir... même si je ne doute pas de tes capacités à nous réchauffer...» déclara-t-elle en lui décochant un regard à la fois complice et plein de sous-entendus. Aussitôt, le jeune homme ne put s’empêcher de rire en levant les yeux au ciel. Effectivement, si le problème était d’avoir froid durant la nuit, il pourrait sans aucun doute y remédier ! Sans plus tarder, il répondit d’ailleurs en souriant : « Je n’y vois aucun inconvénient… »

Reconsidérant finalement l’idée avec un peu plus de sérieux, Joshua hocha la tête d’un air satisfait. Cela faisait une éternité qu’il n’avait pas passé la nuit à la belle étoile, et cette initiative ne ferait que lui rappeler de très bons souvenirs de jeunesse. A vrai dire, le fait que ce soit Abigail qui ait proposé cela en premier le surprenait un peu, mais il appréciait grandement cette prise de risque. « Sérieusement, j’adore l’idée ! Ca fait bien trop longtemps que je n’ai pas fait ce genre d’excursion ! Et si en plus je peux être en bonne compagnie… » ajouta-t-il en se rapprochant d’Abigail d’un air espiègle, avant de lui voler un baiser. Puis il se releva d’un bond, et tendit sa main en direction de la jeune femme. « Je peux avoir tes clés ? Oh, à moins que tu ne veuilles venir chercher les couvertures avec moi… » Aussitôt dit, aussitôt fait. Lorsqu’un plan lui plaisait, Joshua n’avait pas pour habitude de perdre du temps avant de le mettre en œuvre. « Je ne sais pas si tu as déjà mangé… mais je pense que j’ai encore quelques restes de midi dans la voiture. Au moins de quoi faire quelques sandwiches si tu en as envie. »

Enthousiasmé par la proposition de la jeune femme, Joshua ne tarda pas à se relever pour aller chercher de quoi passer la nuit dehors. Ce n’était clairement pas ce qu’il avait prévu mais soudain, cette optique lui paraissait parfaite. En réalité, il n’aurait pas pu rêver d’une meilleure fin de journée. Entrainant donc Abigail avec lui, le jeune homme se mit en route pour regagner les voitures restées sur le bord de la route. Songeant qu’Abi n’aurait peut-être pas prit le temps de manger avant que sa panne de voiture ne la cloue en dehors de New-York, il lui proposa quelques restes et fut ravi de voir qu’elle avait également de quoi les sustenter pour la soirée. « Non, je n’ai pas encore mangé mais je dois aussi avoir quelques bricoles à grignoter… A nous deux, on devrait arriver à se faire un repas sympa ! » Joshua hocha vigoureusement la tête tout en continuant son chemin à travers les bois. « C’est parfait ! Il me reste peut-être quelques marshmallow, si on trouve de quoi allumer un feu… » L’australien ne prit pas la peine de terminer sa phrase, préférant adresser un regard plein d’envie et de gourmandise à Abigail, tout en pressant le pas.

Une fois arrivés à hauteur de leurs voitures respectives, chacun s’engouffra dans la sienne pour en sortir quelques victuailles et les couvertures qui leur serviraient à ne pas mourir de froid. Même si comme elle l’avait précisé un peu plus tôt, Josh n’avait aucune intension de laisser Abigail avoir froid. Avant de se saisir de ses restes de nourriture, le jeune homme attrapa tout de même son téléphone portable. Mais en constatant de nouveau qu’aucun réseau n’était disponible dans cet endroit complètement paumé, il haussa les épaules. Robynn s’inquiéterait peut-être un peu… Après tout, il savait à quel point elle pouvait parfois se montrer protectrice et maternelle avec lui. Mais il ne manquerait pas de l’appeler le lendemain matin à la première heure, dès qu’il retrouverait un brin de civilisation, pour la rassurer et la prévenir de son retour. « C’est bon, on a tout ? » s’exclama alors Abigail, faisant brusquement sortir l’australien de ses pensées. Aussitôt il s’empara de quelques sacs dans lesquels il fourra ses provisions, puis ferma le coffre de sa voiture. S’approchant d’Abi pour la décharger de quelques couvertures en bon gentleman qu’il était quand il le voulait bien, Josh reprit alors le chemin de la forêt en arborant un large sourire.

Après avoir amassé quelques branches le long du chemin, les jeunes gens arrivèrent donc au petit coin qu’ils avaient repéré un peu plus tôt. Ils se débarrassèrent alors de toutes les affaires, puis Josh s’attela à mettre le bois en place pour allumer un feu. A l’aide du briquet qui trainait dans son sac, cela ne lui prit que quelques minutes et bientôt, il put s’asseoir par terre en admirant les premières lueurs de cette flambée. « On croirait presque à un dîner romantique ! » plaisanta-t-il, avant de fouiller dans ses provisions pour en sortir quelques bouts de pain et de quoi les garnir pour en faire des sandwiches de fortune. « Tiens, sers-toi… C’est pas le grand luxe… je me rattraperai la prochaine fois ! » annonça-t-il finalement en tendant le tout à Abigail.

Les allures de diner romantique improvisé que prenait leur soirée fit sourire Joshua, qui ne tarda d’ailleurs pas à faire part de ces considérations à Abigail. « C’est vrai ! D’ailleurs, tu en es où… côté cœur ? Toujours rien de sérieux ? » enchaina-t-elle alors qu’il ne s’attendait pas à ce que la question se retourne contre lui. Posait-elle une telle question pour se rassurer quant à la suite de leur soirée ? Ou s‘agissait-il simplement d’une question innocente et sans aucun sous-entendu ? Dans tous les cas, cette dernière amusa de nouveau l’australien qui haussa les épaules avant de répondre : « Toujours pas, non… Toi non plus j’imagine ? » En effet, pas besoin d’être devin pour comprendre qu’elle non plus n’avait pas de petit ami pour l’instant ! Si cela avait été le cas, elle n’aurait certainement pas accepté de passer la nuit aux côtés de Josh en sachant de quoi étaient faits leurs rendez-vous en temps normal. Soudain, le visage de Rebekah traversa l’esprit du jeune homme qui secoua la tête comme pour chasser cette idée. Certes, il s’entendait très bien avec elle. Il adorait les moments qu’ils partageaient tous les deux, et la trouvait aussi particulièrement séduisante mais au final, il la connaissait à peine. Par conséquent il s’interdisait d’envisager quoi que ce soit de sérieux avec elle. D’autant plus que son amnésie la rendait vulnérable et que, quelque part, Joshua ne voulait pas passer pour un homme qui profitait de sa situation. « C’est très bien comme ça ! Au moins, on peut continuer à se voir comme d’habitude… » ajouta-t-il alors qu’une nouvelle question traversa son esprit. Que deviendrait leur relation le jour où l’un ou l’autre se mettrait en couple ? Pourraient-ils encore se fréquenter comme de simples amis ? Sans aucune arrière pensée et aucune envie d’aller plus loin ? A vrai dire, cette optique l’inquiétait un peu mais Josh préféra se cacher derrière un énième sourire.

Après avoir partagé ses victuailles et s’être servi dans celles d’Abi, l’australien entama ce « repas » qui ressemblait finalement à quelque chose malgré les circonstances. La chaleur du feu avait un côté apaisant dont Joshua profita en plongeant ses yeux dans la lueur des flammes. Un silence s’installa alors entre Abigail et lui, mais ce dernier ne parut étrangement pas pesant. Au contraire, le jeune homme en profita pour se rapprocher d’Abi et passer innocemment son bras autour de ses épaules. « On est pas bien là ? » murmura-t-il en se tournant pour la gratifier d’un nouveau sourire. « On pourrait faire ça plus souvent… »

Plus les minutes passaient, et plus Josh semblait vouloir se rapprocher de la jeune femme. Pour sa défense, cela faisait plusieurs semaines qu’ils ne s’étaient pas croisés et Abi commençait sérieusement à lui manquer. Outre le fait qu’ils partagent la plupart du temps des moments plutôt intimes, leur relation constituait également une belle amitié et l’australien comptait beaucoup sur elle. Il était donc ravi de pouvoir passer la soirée et même la nuit aux côtés d’Abigail, même si le cadre de leur pseudo-rendez-vous pouvait paraitre pour le moins étrange. Elle n’avait personne en vue, lui non plus bref, tous les éléments étaient réunis pour qu’ils passent une fois de plus du bon temps tous les deux. Et tout comme Josh, la jeune femme semblait ravie : « Oui, tant que cela nous convient, c’est parfait ! » s’exclama-t-elle avant que Joshua ne réduise définitivement la distance qui les séparait pour venir se coller à elle.

La chaleur que le feu dégageait commençait à faire son effet sur les deux amants d’un soir, et une espèce de torpeur semblait les envelopper. D’ailleurs, Abigail ne tarda pas à plaisanter à ce sujet, taquinant sciemment son ami en lançant : « Si, très bien même… D’ailleurs, à cette allure là, je crois que je vais bientôt m’endormir… ». Ni une ni deux, l’australien lui asséna un coup de coude dans les côtes, juste assez fort pour la faire sursauter, et éclata de rire en voyant sa réaction. Dès qu’elle eut terminé son repas, Abi se laissa tomber au sol pour admirer les étoiles. Joshua ne se fit pas prier pour la rejoindre, s’abandonnant lui aussi à une observation du ciel pendant quelques instants, avant de reporter toute son attention vers la jeune femme. « Y’a quand même un hic… Même avec le feu de camp, on risque d’avoir froid si on reste là sans bouger… »déclara-t-il avec un air faussement tracassé. Mais bien vite, une lueur d’espièglerie traversa son regard et un sourire éclaira son visage. Sans laisser l’occasion à Abigail de répondre ou même de protester, l’australien se retourna et fondit littéralement sur elle pour lier leurs lèvres dans un baiser des plus fougueux. Après tout, ils étaient un peu là pour ça et l’un comme l’autre savait depuis le début comment leur soirée se terminerait. Josh ne pouvant résister plus longtemps, il avait donc décidé de lancer les hostilités en premier, persuadé que cette initiative ne déplairait pas à Abigail…