Ma journée à l'hôtel terminée, je suis rentrée tranquillement à l'appartement. C'est le seul jour de la semaine où je finis un peu près tôt. De toute façon, mes horaires varient de plus en plus. La direction a tendance à se débarrasser de ceux dont ils peuvent se débarrasser justement, histoire d'avoir à payer moins de salaires. Ca les arrange bien, même s'ils se font plein de fric. Du coup ça doit être un véritable miracle que je travaille toujours à l'hôtel, même si parfois je me dis que je préférerais être licencié tellement j'en ai marre de ce boulot. Mais bon, sachant le contexte économique actuel, je me dis que certains donneraient tout pour avoir un job, même comme le mien, donc je ne veux pas me plaindre et surtout pas faire n'importe quoi. Tant que je n'ai pas trouvé autre chose, je ne peux pas me permettre de tout foutre en l'air. Comment je pourrais payer le loyer avec Jamie sinon ?

En rentrant, je me suis glissée sous la douche pour laisser l'eau laver et balayer toutes mes pensées. Ne penser à rien est quelque chose que je n'arrive pas souvent à faire, autrement dit, ça n'arrive jamais. Parfois, je m'étonne que ma tête n'ait toujours pas explosé d'ailleurs. Jamie est absente ce soir. Elle est à peine revenue de sa longue absence et repart déjà en vadrouille. N'empêche, la retrouver m'a fait vraiment fait plaisir. J'ai passé la plupart du temps chez Samuel ces derniers mois, pour ne pas être seule mais quand même. Le petit m'a manqué aussi, c'est peut-être pour ça que j'avais du mal à me retrouver toute seule dans notre appartement, plus assez de vie tout d'un coup. Peu importe. J'ai traîné en sortant de la douche après avoir enfilé un vieux leggins et un t-shirt blanc beaucoup trop grand pour moi. Oui en gros je suis en pyjama. J'allais commencer à me préparer à manger quand soudain, on a frappé à la porte. Mes sourcils se froncent. Qui c'est à cette heure ? Et puis comment ça se fait qu'il ait pas eu à sonner à l'interphone avant de frapper à la porte ? Même si Jamie a oublié ses clefs, elle devrait ... D'un pas tranquille mais tout de même prudent, je me dirige vers la porte et regarde dans le judas avant d'ouvrir. Un visage inconnu se trouve derrière. Okay ... Je déverrouille la porte et me retrouvez nez-à-nez avec le jeune inconnu. « Euh ... Bonsoir. Je peux vous aider ? »

N'attendant personne ce soir -d'où ma tenue très "intérieur" on va dire- je mets quelques secondes avant de me décider à aller ouvrir pour me retrouver nez à nez avec un homme que je n'ai jamais vu. Malgré une méfiance évidente, je reste polie car après tout, c'est comme ça que ça marche. « Bonsoir ! Je… désolé de vous déranger mais… vous êtes bien Imen ? Imen Al-Tassir ? » demande-t-il quand je lui demande si je peux l'aider. Il a un accent étranger, australien peut-être ? Ou en tout cas, dans ce coin du globe il me semble mais qui sait, j'ai peut-être perdu la main pour reconnaître les accents. J'étais plutôt douée à la fac mais bon, ça fait longtemps que je n'ai pas pu y aller. Soupir intérieur. « Oui c'est bien moi. » ai-je fait de plus en plus intriguée. Comment connaît-il mon prénom ? Bon ça veut dire qu'il n'a pas frappé à cette porte par hasard et que c'est vraiment à moi qu'il veut parler. Mais de quoi vu que je ne le connais pas. « Si c’est le cas, j’ai quelque chose pour vous. Ca vient de vos frères. » continue-t-il soudainement. Alors ça, si je m'y suis attendue ... Je reste quelques secondes, le sourcils froncés à le dévisager. J'aimerais lui dire que si c'est une blague, c'est pas drôle mais ça serait ridicule. Et puis tout reste bloqué au fond de ma gorge. Mon esprit analyse ses mots très lentement. Mes frères. Il a quelque chose d'eux pour moi. Il a quelque chose de la part de mes frères ... Quoi ? Sur le coup je ne remarque même pas le silence qui s'est installé entre nous avant qu'il ne se décide à m'achever. « Kassim… et Enis. » D'accord. D'accord ... Je prends soin de refermer la bouche avant qu'il ne me prenne pour une folle. Des tas de choses traversent ma tête à cet instant précis et je fais tout pour remettre tout ça en place le plus rapidement possible. En tous les cas, ma méfiance en a pris un coup devant cet homme qui vient frapper à ma porte et me dit ce que je veux entendre depuis presque deux ans : qu'il a des nouvelles de mes frères. Mais c'est dans ma nature de continuer à faire attention tant que je n'en sais pas plus. Après tout, j'avais confiance en Idriss et le résultat a été assez désastreux au final. Seulement, c'est vrai que je vois mal ce que ce gars peut bien me vouloir si jamais il ne me dit pas la vérité. D'ailleurs il semble guetter ma réaction. « Est-ce que je peux entrer ? » finit-il par me demander. Garder la tête froide peut te sauver dans les pires moments, disait Kassim quand toute cette historie de rébellion a commencé. Ca me fait mal de l'admettre mais en ce moment, j'ai l'impression que ça date de plusieurs siècles. Je jette un coup d'oeil suspicieux à l'inconnu, mais je sais que ça ne cache pas à quel point je suis perturbée, là tout de suite. Si je suis honnête avec moi-même, il n'y a pas besoin que je réfléchisse longtemps pour lui répondre. Je hoche donc la tête et m'écarte du seuil de la porte pour le laisser entrer. Mon coeur bat à mille à l'heure. J'essaie de me retenir  pour ne pas le submerger de questions. Je crois que j'ai encore du mal à le croire, c'est sûrement pour ça que j'arrive à me retenir. C'est que j'attends ce moment depuis tellement longtemps que j'ai trop peur que ça ne soit pas réel. Il entre dans l'appartement et je referme la porte derrière lui. Ma gorge, jusque là nouée se réveille enfin. « Qui êtes-vous ? Vous semblez en connaître beaucoup sur ma famille, vous venez frapper à ma porte et je n'ai aucune idée de qui vous êtes. » La vérité c'est que je me mords l'intérieur de la joue pour me retenir de lui demander ce qu'il a pour moi et qui provient des garçons. J'ai trop peur qu'à la fin, tout ça se révèle être une immense farce.

Perturbée par cet inconnu et le fait qu'il me parle de mes frères, je prends le temps de réfléchir une fraction de secondes avant de me décider à le laisser entrer. Je me mords l'intérieur de la joue, comme pour me retenir de faire ... Je ne sais pas trop quoi. J'ai espéré tellement de fois durant tous ces derniers mois d'avoir un semblant de nouvelles, même la plus petite information je l'aurais prise, mais rien. Alors un parfait inconnu qui vient se présenter chez vous en disant qu'il a ses informations que vous attendez depuis tout ce temps, c'est assez ... inespéré, presque irréel. Mais quel intérêt un inconnu aurait-il à me mentir à ce sujet ? Aucun. Donc oui, je suis prête à le laisser entrer malgré le fait que je reste sceptique, parce que c'est dans ma nature à présent. Sceptique aussi, mais je distingue autre chose que je m'évertue à tuer et enterrer depuis le jour où j'ai foutu les pieds sur le continent américain : l'espoir. J'ai perdu trop de temps à espérer pour tout de suite placer ma foi dans un inconnu, même si je dois avouer que s'il apporte vraiment quelque chose de mes frères ...

Je l'ai laissé entré sans ouvrir la bouche, cherchant à trouver le meilleur moyen de continuer cette conversation. Une fois la porte refermée après son passage, je lui demande de m'en dire plus sur son identité. « Désolé… Je m’appelle Joshua, je suis reporter et… je suis rentré de Syrie il y a quelques mois. Et je n’ai fait que vous chercher depuis mon retour… » me répond-t-il précipitamment. Oh, un reporter de guerre sûrement. J'essaie de masquer ma surprise quant à la dernière partie, le fait qu'il me cherche depuis longtemps. En tout cas le fait qu'il soit journaliste explique comment il peut connaître mes frères et avoir des nouvelles d'eux. J'ai pensé à Sam, ça m'a donné envie de l'appeler. Je hoche la tête, commençant tout juste à me détendre. « New-York est une grande ville, Enis et Kassim auraient dû m'envoyer dans un endroit plus petit s'ils voulaient que je sois plus facilement localisable. » ai-je fait avec un léger sourire en coin. J'ai croisé les bras sur ma poitrine. Ca fait longtemps que je n'en veux plus à mes frères pour m'avoir envoyée ici. Enfin je crois. C'est juste que j'aimerais tellement être près d'eux parfois. Des milliers de questions me brûlent les lèvres mais au moment où je veux poser la première, Joshua reprend la parole. « Mais tenez. Cette lettre vaudra certainement bien plus que tout ce que je pourrai vous raconter. Prenez. » Il me tends la fameuse lettre. Je reste paralysée par la peur pendant une fraction de secondes, ne sachant pas si ...

C'est un comble, j'attends des nouvelles depuis longtemps et je me retrouve paralysée au moment où je peux en avoir ! Mais je retrouve bien vite mes esprits et me saisis du morceau de papier. L'enveloppe n'est pas ouverte. Mes mains tremblent un peu. Même si Joshua se révèle être un lien avec mes frères, je me retrouve quand même gênée d'ouvrir cette lettre devant lui. Je vais m'appuyer contre le canapé, ce qui me fait me retrouver dos au jeune homme. Je prends une grande inspiration, je me dis que je devrais appeler Yasmine mais je ne peux pas attendre ... Je l'appellerai au plus vite pour la mettre au courant. J'ouvre l'enveloppe en la massacrant. Toute ma famille se moquait de moi à cause de ça, je suis incapable d'ouvrir une enveloppe proprement. En sortant la lettre, je reconnais tout de suite le papier d'Enis, celui du bloc notes qu'il gardait toujours dans le troisième tiroir gauche de son bureau. Rien que ça me donne envie de pleurer et je me mords très violemment la langue pour me retenir. Je déplie la lettre, et voilà. La belle écriture d'Enis. Il en a toujours eu une bien meilleure que Kassim ou Hassan, alors le fait que ce soit lui qui l'ait écrite ne m'étonne pas. Et puis il a écrit en arabe, forcément vous allez me dire mais ... Revoir ma langue maternelle fait quelque chose à mon coeur. Il m'appelle Princesse. Il me dit que c'est dur, mais qu'ils tiennent avec Kassim et que l'espoir est toujours là. Des conférences sont organisés mais le gouvernement refuse toujours d'entendre parler du départ d'Al-Assad. La situation reste toujours compliquée et ils ont du mal sur le terrain à s'y retrouver. Mais ils vont bien, c'est le principal. Je leur manque. Beaucoup. Beaucoup parce que des fois ça devient insupportable. Ils espèrent que tout va bien pour moi, que je me suis trouvée une bonne situation et que je m'habitue bien à ma nouvelle vie depuis tout ce temps. Il prend même la peine de faire une de ces blagues dont il a le secret avant d'enchaîner avec une vanne bien plus lourde, pour qu'Hassan participe à cette lettre. C'est là que je constate qu'on peut vraiment pleurer et rire en même temps. Mariam va bien aussi apparemment. Bref, une larme a mouillé le papier, diluant l'encre et déformant le mot "croire" et j'ai fait attention, pendant tout le reste de ma lecture à ce que ça ne se reproduise pas, comme si ce bout de papier était devenu mon trésor. Je me suis aussi concentrée pour ne pas trop pleurer, parce que je suis comme beaucoup de gens je pense, j'ai du mal à pleurer devant des gens que je ne connais pas. Ce n'est peut-être pas plus mal d'ailleurs, que je me sois retenue. Quand Enis me dit à bientôt et qu'ils m'aiment, j'entends sa voix me souffler ces mots dans mon oreille. Parfois j'ai l'impression de les oublier, le son de leurs voix mais à d'autres moments, elles me paraissent claires.

Mes doigts replient machinalement la lettre puis, la posent sur la table basse. Je prends quelques secondes pour essuyer mes joues avant de me retourner. Mon menton tremble encore un peu et je renifle superbement mais peu importe. « Euh ... Merci en tout cas, de ... D'être venue me la transmette. » ai-je fait d'une voix encore mal assurée. Je me racle la gorge et prends une grande inspiration avant de réaliser la chose. Ca y est, ce que j'attends depuis plus d'un an est enfin arrivé : j'ai des nouvelles de mes frères. Après tout ce temps ! La joie est tellement forte sur le coup que, la seule chose qui me retienne de faire des bons partout, c'est ma bonne éducation. Plus aucune méfiance ne subsiste dans mon esprit envers Joshua. Juste de la reconnaissance de m'avoir apporté ça. Qui sait ce qu'il a dû faire pour me retrouver et combien de temps ça lui a pris. Un large sourire très idiot et venu de nul part apparaît sur mon visage. Je mets la main sur ma bouche, secoue la tête comme si j'avais encore du mal à croire que je viens de lire une lettre de mes frères. Mais au bout de quelques secondes, craignant que Joshua me prenne pour une folle, je me force à revenir sur terre.  « Je vous sers quelque chose à boire ou à manger ? Parce que je peux vraiment pas vous laisser partir comme ça, vous vous en doutez ... A moins que bien sûr vous ayez quelque chose de prévu ... ? » ai-je demandé en croisant intérieurement les doigts. Parce que je n'ai vraiment pas envie qu'il parte, malgré la lettre, j'ai encore tellement de questions à lui poser. Il a vu mes frères, il a été en contact avec eux, il leur a parlé et ... bref, il peut pas partir maintenant.

Je sèche mes larmes. J'ai du mal à reprendre le fil après un tel moment. Je n'ose pas détourner mes yeux de la lettre, j'ai peur de découvrir en fait qu'elle n'existe pas et que tout ça n'est qu'une hallucination. Ca serait possible, j'attends tout ça depuis tellement longtemps que ça serait facile d'imaginer ... Mais non. La lettre est bien là, dans ma main. La dernière fois que j'ai eu des nouvelles, c'était pour la mort d'Hassan et c'est un soulagement que ces nouvelles là soit plus réjouissantes. Du coup, je me retourne vers Joshua en ayant l'impression de le regarder d'un oeil nouveau. Dire qu'il a passé du temps avec eux ... Soudain, j'ai l'impression étrange de le connaître déjà pour cette raison. J'essaie de me remettre de toute cette émotion, prends le temps de le remercier le plus sincèrement possible avant de lui proposer de rester parce qu'à moins qu'il ait quelque chose d'autre à faire, il ne peut pas partir de cette façon.  Il sourit et hoche la tête. « Je n’ai rien de prévu non… mais je ne veux pas vous déranger ! Enfin… c’est comme vous voulez, si vous avez besoin d’un peu de temps je comprendrai aussi ! Je pourrai vous laisser mes coordonnées… » répond-t-il. Il n'a pas tort non plus. Je pourrais prendre le temps d'assimiler tout ça et on reprendrait contact plus tard, mais le fait est que je veux en savoir plus. Je veux qu'il me parle d'eux, de comment ils ont vécu ... J'ai l'impression que s'il part maintenant, ça deviendra moins réel. « Je vous en prie, vous ne me dérangez pas du tout, au contraire ... » J'essaie de maîtriser ma voix et surtout, la tornade d'émotions qui m'a envahie depuis que Joshua est entrée ici. Si ce n'était pas le cas, je lui aurais déjà sauté dessus pour exiger qu'il me dise tout. L'idée de passer la soirée à parler de mes frères avec une personne qui les a vus il y a peu de temps me rend euphorique, même si je sais que la tristesse est cachée pas loin derrière. « Mais… on peut aussi boire un verre maintenant, et parler d’eux… » finit-il par dire. Mon visage s'illumine, je ne peux pas l'en empêcher. C'est ce que j'attendais qu'il me dise depuis le début. C'est ce que j'attends depuis des mois. « Ca me semble être une très bonne idée. » ai-je fait en essayant de masquer mon trop grand enthousiasme. Du coup je me dirige vers la cuisine pour aller chercher ce qu'il nous fait. « Qu'est-ce que je vous sers ? Eau ? Sodas ? Jus de fruits ? On a des bières sinon ... ? » ai-je dit en regardant dans le frigo. Je fronce les sourcils. « Est-ce qu'on peut se tutoyer ? Vous allez trouver ça ridicule mais du coup ... enfin le fait que vous étiez avec eux il n'y a encore pas longtemps ... Enfin j'ai l'impression qu'on se connaît déjà. » ai-je tenté d'expliquer tout en balayant mon explication de la main comme pour dire que ce n'est rien, c'est juste moi qui suis bizarre.

« Peu importe, vraiment… un verre d’eau, ça sera très bien. Merci ! » me dit-il quand je lui demande s'il veut boire quelque chose à boire. C'est décidé, il reste et je suis soulagée à cette idée. Même si l'idée de rester toute seule pour me remettre de mes émotions est tentante, il ne peut pas me laisser après m'avoir donnée cette lettre, c'est juste impossible. J'ai tellement de questions à lui poser mais j'ai peur de ne pas trouver mes mots. Okay ma fille, reprends-toi, ta mère t'a bien élevé, donc on accueille bien les gens, surtout dans cette situation. Je hoche la tête et lui sers son verre d'eau, en souriant, avant de réaliser que c'est un peu ridicule qu'on se vouvoie. J'espère qu'il ne va pas trouver ça ridicule, mais sachant qu'il a connu mes frères pendant un certain temps ... C'est une impression assez bizarre et j'ai vraiment beaucoup de mal à lui expliquer. Mais heureusement, Joshua semble bien réagir et hoche vigoureusement la tête. « Oui ! Oui bien sûr, pas de problème ! » répond-il visiblement emballé par l'idée. Il sourit avant de poursuivre. « Et puis…. C’est un peu pareil pour moi en fait. Depuis le temps que je te cherche pour te remettre cette lettre ! Moi aussi j’ai un peu l’impression de te connaître depuis des mois… » Un large sourire vient étirer mes lèvres. Le fait d'avoir Yasmine ou Enzo dans ma vie me permet bien évidemment d'avoir toujours cette sensation d'avoir un lien avec mon passé. Seulement ni Yasmine, ni Enzo n'a mis un pied en Syrie depuis un certain temps. L'un comme l'autre, ils sont incapable de m'aider à me souvenir de la voix de mes frères par exemple. Ca va faire bientôt ... Non, je préfère ne pas compter. Joshua, même si je ne le connais que depuis quelques minutes, peut m'apporter des nouvelles, un tas de réponses cette sensation d'être encore un peu là-bas. Je finis par lui apporter son verre d'eau. « Tu peux me poser toutes les questions que tu veux, je te répondrai. Je suis là pour ça… » Je hoche la tête à nouveau. Je dois avoir la tête d'une gamine qui attend d'ouvrir ses cadeaux et qui se retient ... Parce que je ne veux pas l'agresser, le pauvre. Là encore, ma mère m'a toujours dit que de faire subir un interrogatoire a un invité était malpoli. Je l'invite à s'assoir dans le canapé, quel hôte je fais, depuis le temps qu'il est là, et je prends place dans le fauteuil en essayant de maîtriser le flot de mot qui converge jusqu'à ma bouche. « Je  sais pas par quoi commencer en fait ... » ai-je fait en passant une main dans mes cheveux avant de reprendre. « Est-ce qu'ils vont bien ?  Je veux dire, j'ai appris pour Hassan mais ... Kassim et Ennis ? »