La nuit commence à tomber quand je sors de mon dernier cours. Dehors, la température est presque polaire. C'est dans ce genre de moment que je regrette de ne pas être resté chez nous, à Alexandrie. Mais bon, je dois avouer que rester là-bas tout seul trop longtemps m'aurait un peu ennuyé au final. Normalement Kat fait toujours partie du voyage mais là encore, c'est une tradition à laquelle j'ai renoncé depuis bien longtemps, c'est-à-dire quand elle a emmené Chris là-bas sans m'avertir. Inutile de repenser à ça de toute façon, c'est du passé. Aujourd'hui ma jumelle et moi sommes réconciliés, ce qui ne veut pas dire que son mari et moi sommes devenus les meilleurs amis du monde entre temps mais ... Disons que tout le monde fait avec ce qu'il a. Le fait est que je crois que je commence vraiment à me faire à l'idée qu'on a passé un cap important, qu'on se fait à l'idée que notre relation a changé et que nous n'avons pas d'autre choix que de l'accepter. Sinon ... Eh bien on a vu ce que ça a failli donner.

Du coup Kat a bien grincé des dents en apprenant que Jazz allait venir chez nous pendant sa tournée pour le shooting de la pub pour l'entreprise familiale, mais elle n'avait pas vraiment son mot à dire. Voir Jazz dans la maison de mon enfance, la maison où ma mère a vécu a été vraiment étrange que je ne regrette pas, même si elle a foutu un peu plus le bordel dans notre relation, en tout cas dans ma tête parce que ... bah voilà. On s'est tout de même beaucoup rapprochés depuis notre colocation surprise et je ne sais pas quoi en penser. C'est sûrement pour ça d'ailleurs, que j'ai dit à Jazz que je retournerai vivre chez moi à mon retour et que je viendrai chercher mes dernières affaires quand elle sera rentrée, ce qui est le programme de ce soir en fait. Elle est enfin rentrée de sa tournée. Je dois avouer qu'à force, je me suis réhabituée à vivre avec elle et son absence a été étrange. Hum. Revenir à Staten Island l'a été encore plus de toute façon. Je vis tout seul à la maison maintenant, ç'a a un côté positif mais je dois encore m'y habituer j'imagine, maintenant que Kat vit tranquillement avec Chris. Notre grand-mère ne veut toujours pas lui redonner ses titres, je réalise que maintenant que ça me fait vraiment chier. En dehors du fait que j'ai de la peine pour elle, j'ai l'impression d'avoir tout le destin des O'Maley sur les épaules maintenant et ça me plait pas du tout. Bref, en arrivant devant l'immeuble de Jazz, je remets bien mon écharpe avant de mourir de froid puis, je vais sonner à l'interphone pour qu'elle m'ouvre. Même si on s'est envoyés des messages depuis que nous nous sommes vus en Égypte, c'est la première fois qu'on se revoit depuis son retour ici. Une fois dans l'immeuble, je vais jusqu'à son étage en ascenseur et frappe à sa porte.

Retrouver une certaine indépendance quand on sait que ces derniers temps, je vivais soit avec Kat ou avec Jazz a été assez étrange, surtout le fait de retourner à la maison tout seul. Même si ça a des bons côtés, comme par exemple, le fait que ma soeur ne fait plus fuir les filles que je peux ramener le lendemain au réveil, je ne peux m'empêcher de trouver la maison assez vide. Surtout le matin. J'ai encore du mal à aller rendre visite à ma soeur chez elle sachant qu'il y aura Chris, mais je lui ai promis de faire des efforts. Quant à Jazz ... Je crains que ces quelques mois que l'on a passé séparés après mon retour à New-York n'aient pas suffi à me faire prendre assez de recul quant à notre relation. Je n'ai pas parlé de tout ça à Kat, de mes doutes incessants parce que même si elle aussi fait des efforts, elle n'est pas la meilleure personne avec qui parler de ça. Pas encore, peut-être un jour ... Ce qui sous-entend que j'envisage le fait qu'il y ait plus ... Hum. Bon peu importe tout ça, pour le moment je vais simplement récupérer les dernières affaires que j'ai laissé chez elle. C'est tout. J'ai l'impression de me poser encore et toujours les mêmes questions depuis le tournage de la pub. Surtout que des torchons qu'on appelle journaux  se sont remis à parler de nous. C'est sûr qu'entre notre colocation et la pub pour la marque familiale, on leur a donné de quoi vendre. Moi qui n'étais plus habitué à voir ma tête en couverture des magazines, j'ai été servi.

Je chasse l'incertitude et les doutes en arrivant chez Jazz. Il faut que j'oublie tout ça pour qu'on passe une bonne soirée avant de vivre à nouveau chacun de notre côté. Quand j'y repense n'empêche, ça me rappelle l'époque où on vivait ensemble pendant notre relation et... Qu'est-ce que j'ai dit à propos d'oublier tout ça déjà ? En quelques minutes, je me retrouve devant sa porte, à me dire que tout ça est ridicule, qu'on a trouvé un nouvel équilibre dans notre relation, une amitié que je n'aurais jamais cru connaître avec elle et c'est ce qui compte. La porte de l'appartement s'ouvre et Jazz apparaît toute souriante en train de me faire signe d'entrer. C'est vrai, je ne suis plus supposé être chez moi ici. « Entre, entre ! J'ai commencé, mais je suis sûre que j'ai manqué plein de trucs. » me lance-t-elle. Je la suis dans la pièce principale tandis qu'elle va baisser le son de télé. La plupart des mes affaires semblent être déjà préparées dans un coin. Je souris.  « C'est rien, c'est déjà gentil que t'aies pris le temps pour préparer mes affaires quand on sait que tu rentres d'une tournée mondiale. » ai-je fait. Du coup ça fait un bail que je ne suis pas venu à l'appartement et ça fait encore plus longtemps que je ne suis pas venu alors que Jazz est là. Ca me fait un drôle de truc de m'en rendre compte et de la voir là ... « Ça va ? Comment se passe le retour à Staten Island ? » me demande-t-elle en me tendant une bouteille de bière tout juste sortie du frigo. « Ca va, je reprends mes marques, même si ça fait bizarre d'être tout seul là-bas. » Sur le coup, je me dis que j'aurais mieux fait de formuler la phrase différemment mais si même ça devient étrange, alors ... Peu importe, après avoir décapsulé ma bouteille de bière, j'en prends une longue gorgée. « Et toi, comment ça se passe ton retour ? » Je prends place dans un des fauteuils et jette un nouveau coup d'oeil à mes affaires qui sont rassemblées dans un coin. Elle n'aurait pas dû s'embêter à partir à la recherche de mes affaires, mais j'apprécie. A première vue rien ne manque. « Tu commences à récupérer ? » ai-je fait en avalant une nouvelle gorgée de bière.

« Urh, m'en parle pas, le dernier vol a été le plus long de toute ma vie, j'ai cru que je rentrerais jamais... » m'avoue-t-elle en levant les yeux au ciel. Je souris en attendant sa réponse. Je suis plutôt bien placé que malgré tout, malgré la fatigue et malgré les casse-têtes, elle adore son boulot. Ca me rappelle des souvenirs, pas que des bons je  dois l'avouer vu que l'éloignement n'a pas fait que du bien à notre relation, ç'a a même été le contraire. Seulement voilà, on empêche pas quelqu'un comme Jazz de faire ce qu'elle aime. Elle va nous chercher des bières et la discussions continue quand  je lui réponds sur mon retour à Staten Island. Je lui dis que oui, ça va, même si c'est étrange de me retrouver tout seul là-bas. L'expression de son visage devient étrange, comme si elle avait été blessée par mes mots ... Quel crétin. Bien sûr que ça pouvait être mal compris. Je fronce les sourcils. « C'est juste étrange de me retrouver là-bas sans ma soeur, c'est tout ce que je voulais dire, rien à voir avec mon retour là-bas ... Enfin tu m'as compris. » Vas-y O'Maley, continue de creuser. Je n'ai pas voulu la blesser et puis je ne voulais certainement pas avoir l'air de me plaindre ... C'est juste que, oui je mets un certain temps à l'idée de vivre tout seul à Staten Island, sans Rory.  Bon c'est vrai, j'ai déjà vécu sans elle là-bas, rien que pendant nos embrouilles et quand elle est partie en Afrique, mais là, je sais que c'est différent. Elle est partie, elle s'est installée ailleurs avec son "mari". Désolé, j'ai toujours du mal à utiliser ce foutu mot.

Peu importe. Tous les deux installés dans le salon avec nos bières, nous continuons de parler. C'est là que je me demande si vraiment il n'y a pas autre chose derrière ce que je viens de dire, s'il n'y a pas autre chose à part le "bah je vais peut-être y aller, ça fait une plombe que je squatte chez toi ...". Non. Il n'y a rien d'autre. Il ne peut y avoir rien d'autre. Préférant oublier ce à quoi je suis en train de penser, je change de sujet et lui demande si son retour à la "tranquillité" New-Yorkaise se passe bien. « Mh, it's just Day 1... » commence-t-elle, installée en face de moi. Je hoche la tête en buvant une nouvelle gorgée de bière, tandis qu'elle continue. « J'ai toute la semaine pour me reposer, et je compte clairement pas sortir de cet appartement d'ici les trois prochains jours, alors... Disons que je travaille dessus. » Son sourire me fait sourire. Elle a le même à chaque fois qu'elle rentre de tournée ou d'un gros truc lié à son boulot: fatigué mais satisfait. « Ça me semble être un bon programme. » ai-je approuvé. « Mais cette nuit était royale, j'ai jamais été aussi contente de me réveiller sans y être forcée. » poursuit-elle. Ça je peux imaginer. Mes derniers souvenirs à propos de tout ça datent d'un certain temps, mais les quelques fois où j'ai pu venir la voir ... pourquoi je me souviens de ça brusquement ? « Oh, et y'avait pas de journalistes en bas, t'as pas eu de soucis pour entrer ? » Je prends une nouvelle gorgée de bière puis, secoue légèrement la tête de gauche à droite.  « Nope, c'était désert pour une fois. Avec un peu de chance t'auras la paix toute la semaine. » ai-je répondu en penchant la tête légèrement sur le côté. Je ne sais pas si je crois vraiment en ce que je dis,sachant très bien à quel point les journalistes peuvent être des vautours. Je me garde bien d'en rajouter une couche en évoquant le fait qu'on est de retour dans les journaux people depuis le tournage de la pub. Elle est sûrement au courant ou elle doit en tout cas s'en douter, mais ça ne sert pas à grand chose d'évoquer le sujet. Oui mais ... quel sujet aborder maintenant ? Je finis ma bière d'un seul coup, hésite à lui en demander une autre mais au final, ne le fais pas. J'ai envie de lui parler que je vais bientôt commencer une formation pour pouvoir diriger Smirnoff dans le futur. On en a discuté avec mon père et ma grand-mère, ils sont d'accord, et ça me tient vraiment à coeur. Mais je me dis que je vais le lui dire plus tard. Je préfère continuer à parler de sa tournée, sachant  que ses relations avec ma famille ne sont pas géniales ... Je soupire en y pensant. « Alors, t'as préféré quelle ville pendant cette tournée ? » ai-je demandé juste par curiosité.

L'idée qu'elle puisse croire que je veuille m'éloigner d'elle me dérange, j'ignore pourquoi, ou plutôt je sais très bien pourquoi. Tout est tellement confus à ce niveau là et je pense que ... est-ce la même chose pour elle ? Est-ce que je suis revenu habiter à Staten Island parce que j'ai flippé en voyant à tel point on a été proches quand on était chez moi ? J'arrive pas à comprendre exactement ... peut-être aussi parce qu'on ne pouvait pas rester coloc indéfiniment ? Je veux dire, à un moment, il était temps de rentrer, après tout ce temps. Peu importe les raisons vous allez me dire, le fait est que je retourne chez moi et ce n'est pas contre elle, c'est juste mieux ainsi. Sûrement. On enchaîne dans notre discussion sur le repos qu'elle va s'accorder  toute la semaine pour se remettre de sa tournée. « Je trouve aussi. » dit-elle quand j'approuve son programme de la semaine. Ca me fait sourire. J'aimerais bien ne rien foutre aussi cette semaine mais j'ai cette chose géniale qui s'appelle les cours. Mais je sais très bien qu'elle mérite cette pause plus que moi, tout comme je sais qu'elle est faite pour être sure scène ... C'était  un sujet de dispute parfois quand on était ensemble, parce que peut-être que je ne me rendais pas compte à l'époque, qu'elle est faite pour ça.

Elle me demande si les paparazzis sont déjà sur le pied de guerre devant son appartement. Heureusement non et avec un peu de chance, ça va être pour la semaine. « Mh, je parierais pas sur toute la semaine, mais peut-être quelques jours de répit... » lance-t-elle en haussant les épaules. « Enfin, tant mieux ! » Oui, tant mieux ! S'il y a bien quelque chose qui ne me manque pas de l'époque où on était ensemble, c'est bien tous ces connards qui n'ont aucun respect pour les gens. Toutes ces rumeurs et autres qui ont été lancées et qui ont fini par avoir raison de notre couple ... Depuis que Jazz est revenue dans ma vie, je me rends compte que toute cette histoire me reste en travers de la gorge. Ils sont tellement doués pour tout foutre en l'air.

Donc voilà, voilà ... S'en suit un gros blanc qui n'est pas étonnant mais qui reste compliqué à gérer. Après un certain moment, j'arrive assez à réfléchir pour trouver un bon sujet, ou plutôt continuer  sur sa tournée en lui demandant quelle ville elle a préféré. «  Pf, il y en a eu tellement ! Sydney était cool, j'y ai passé des bons moments et Lexie est passée me voir... Johannesburg était magnifique, Paris aussi, c'est là que j'ai passé le jour de l'an, ma mère & Teagan nous ont rejoints, c'était vraiment super. Oh, et que dire de Rio ou de Cancun ! Sur la fin, je pense qu'on était tous... plus détendus, tout était rôdé et on a vraiment eu plus de temps, alors en soi... ça a vraiment été des vacances. » me raconte-t-elle. Je l'écoute avec attention, imaginant tous ces endroits. On a pas mal voyagé avec ma soeur mais sûrement pas autant et pas pour ce genre de raison. « Alexandrie était bien aussi... C'est arrivé avec quelques années de retard, mais je suis contente d'avoir pu voir où t'as grandi. Et ton Riyad était magnifique, est-ce que j'ai besoin de le souligner ? » finit Jazz. Ca me fait sourire. « Je suis heureux que ça t'ait plus, ça compte beaucoup pour moi. » ai-je fait sincèrement. Oui c'est le lieu où j'ai grandi, là où ma mère a vécu ces derniers instants.Donc oui ça compte pour moi qu'elle soit venue, peut-être avec du retard certes, mais c'est peut-être mieux ainsi parce que parfois, avec le temps on se rend mieux compte de l'importance des choses. Hum ... j'ai peur qu'on affronte un nouveau blanc, surtout que j'ai l'impression que mes yeux trainent un peu trop sur elle ... Je me racle la gorge. « Hum t'aurais une autre bière ? Ou alors quelque chose de plus fort, pour fêter ton succès et ton retour ? » ai-je lancé avec un sourire.

J'ai l'impression que tout va de travers ce soir. Malgré mes efforts, malgré nos efforts, quelque chose ne va pas et sonne faux. J'ai peur de comprendre pourquoi ... Ou alors je me fais des idées. Après tout ça fait un moment qu'on ne s'est pas vus, alors il faut du temps pour ... pour quoi exactement ? J'allais dire, je suis un peu perdu mais ça fait très longtemps que je suis perdu à cause de tout ça. Tout ça, je ne sais même pas exactement ce que ça représente en fait. Quand je lui dis que ça compte beaucoup pour moi qu'elle ait apprécié son séjour chez nous en Égypte ... sur le coup j'ai l'impression qu'elle attendait une autre réponse venant de ma père. C'est vrai que par rapport à ce qu'elle a raconté ma réponse était concise mais ... Euh oui. Ce qui s'est passé chez moi, elle aurait sûrement voulu qu'on en reparle vu qu'on a jamais réabordé le sujet. Les mots apparaissent pourtant dans ma gorge mais ma bouche refuse de les laisser sortir. Ils ont un goût amers.

En fait j'ai l'impression d'être bloqué depuis que je suis entré dans l'appart' et c'est loin d'être normal. C'est comme si vu que je suis reparti à Staten Island, que Jazz et moi ne sommes plus colocataires ... J'arrive pas à bien comprendre tout ça. Il s'est passé quelque chose à Alexandrie et j'ai déménagé, du coup je n'arrive plus à savoir ce qu'on est exactement. On n'est plus colocataires mais on est encore amis ... pas vrai ? Mais avec ce qui s'est passé ... Oui c'est ça le problème en fait, notre relation est redevenue floue, même dans ma tête et plus je la regarde, plus tout devient confus. Seulement j'ai peur de savoir exactement ce que signifie ce moment qu'on a partagé tous les deux quand elle s'est arrêtée chez nous pendant la tournée. Faut que je m'enlève tout ça de la tête avant de devenir complètement taré avec toutes ces questions. Du coup c'est sûrement aussi pour ça que j'ai proposé qu'on prenne quelque chose de plus fort, pour fêter son retour, parce qu'il fallait dire quelque chose pour combler le blanc et donc, pour que j'arrête de penser. Je soupire intérieurement en me disant que ... c'est con, c'est vraiment très con ce qui est en train de se passer. On avait réussi à construire une nouvelle relation, quelque chose de bien et maintenant, voilà où on en est.  « Aux dernières nouvelles, c'est toi qui m'a majoritairement fourni en alcool les derniers mois que j'ai passé ici ! » me répond-elle. Je souris en me disant que oui, elle marque un point à ce niveau là. « Vrai. Fallait bien que je me rende utile et c'est un domaine qui me connais. » ai-je plaisanté. Vivre ici tout seul a été très étrange d'ailleurs. Je ne lui ai pas dit du coup, mais c'est vrai. Jazz se lève et va chercher des verres et des bouteilles de rhum et de vodka et revient les poser sur la table basse. Je me dis que l'alcool ne peut que nous aider à nous détendre un peu ... pas vrai ? Et avec un peu de chance il y aura moins de blancs entre nos discussions ... Hum, tout est relatif, c'est assez risqué. Pourquoi ça serait risqué Ben ? Bah parce que ... « Techniquement, il y a tout ce qu'il faut dans le frigo. Coke, jus de fruit ? Oh, ou je peux tenter de te faire un truc que j'ai appris au Brésil. » dit-elle soudain en repartant vers le frigo sans que je n'aie eu le temps de répondre. Franchement, je ne sais pas comment toute cette histoire va finir mais pour le moment, je tâche de ne pas y penser, je me dis qu'on est amis maintenant et que tout va bien ... « Je suis pas contre l'exotisme et la découverte donc va pour le truc du Brésil. » ai-je fait, curieux de savoir comment c'est. En ressentant soudain le besoin, je m'étire doucement pendant quelques secondes, faisant craquer mon épaule droite et mon cou au passage. Puis, j'ai fait une légère grimace. « Le Brésil ça devait être bien n'empêche. Qu'est-ce que je donnerais pas pour du soleil et un peu de chaleur ... Je te dis pas ma tête lors de mon retour ici après Alexandrie ... » Oui, oui j'en viens à lui parler du temps, et alors ? Je voudrais bien vous y voir !

Je ne sais plus vraiment quoi faire ou quoi dire en fait. Je voulais vraiment éviter que les choses se passent comme ça mais apparemment ... Sur le coup je m'en veux, je voudrais être capable de faire que les choses redeviennent comme avant, avant ce qui est arrivé chez nous, à Alexandrie. C'est vraiment à partir de ce moment que tout s'est accéléré. Je voulais vraiment que rien ne change au retour de Jazz et je me rends compte à quel point j'ai été con de penser ça, mais en fait, c'était plus sécurisant. L'idée de rester amis est plus sécurisante et c'est donc l'idée qui a été privilégiée par mon esprit. Sauf que là, forcé de constater qu'il y a un problème, mais m'en rendre compte ne change rien et je continue de faire l'autruche. Du genre: hein ? Des sentiments ? Qui a parlé de sentiments ? Non je vois pas, on est très bien en amis.

Amis. Parce que vous savez pas à quel point c'est difficile d'être plus que ça avec une personne médiatisée comme elle. Honnêtement, je suis pas sur d'être prêt  à revivre ça, parce que mine de rien, j'ai morflé. Je cherche pas à passer pour la victime, c'est juste un fait. La surexposition médiatique dont j'ignorais tout jusque là, les disputes incessantes avec ma famille ... Je peux pas ... Je peux pas recommencer ... Mais qui parle de ça, hein Ben ? Je croyais qu'il n'y avait rien. Il n'y a rien. Du coup oui, peut-être que prendre un peu d'alcool, voire beaucoup, pourrait dégeler la situation. Peut-être que comme ça je comprendrais ce que je veux vraiment, parce que vraiment je le sais toujours pas. J'ai pensé que oui, je savais mais je me rends compte que non en fait, depuis que je suis rentré dans cet appartement en fait. Donc je l'ai regardée aller chercher tout ce qu'il fallait à la cuisine, sans savoir la suite de l'histoire.

Le temps passe, je sais pas exactement comment je m'en rends compte, peut-être au rythme où les bouteilles se vident. Mais oui, c'est incroyable à quel point l'alcool peut réchauffer l'ambiance parfois. Oh je me sens bien encore hein, mais peut-être un peu trop bien, le genre de chauffe qui vous rend un peu trop euphorique et qui vous donne envie de dire tout ce qui vous passe par la tête. Et puis j'ai trop chaud. Et puis mes mouvements sont au ralentis. C'est assez drôle. En tous les cas on est partis dans une grande discussion, le truc brésilien a eu l'effet qu'on espérait tous les deux. Ca me soulage ... enfin je sais pas si c'est ça qui me soulage ou si c'est juste l'alcool. Ou les deux ? Je peux répondre les deux ? Oulah, ta gueule Ben. Elle me raconte toute sa tournée, je fais des commentaires de temps en temps, me surprends à être attentif quand elle me parle de ses fans masculins, mais j'ai bu trop de verres pour chercher à savoir pourquoi. Elle finit par regarder l'horloge derrière nous. « Oh... Si tu veux déménager avant l'année prochaine, on ferait mieux de nous y remettre. » lance-t-elle en se redressant et en claquant mon genou. Le geste me fait rire légèrement, de toute façon je crois que tout pourrait me faire rire actuellement. Mais c'est vrai, je suis supposé récupérer mes dernières affaires ce soir et partir d'ici. Si, si, je m'en souvenais hein ... Je pousse un long soupir paresseux à l'idée de devoir me lever pour quitter le fauteuil.  « Je sais bien que tu adores ma compagnie, mais c'est toi qui a voulu partir, hein, alors au boulot ! » Pendant une fraction de seconde, j'ai l'impression de voir une drôle d'expression sur son visage mais elle se lève trop vite pour que j'en sois sur. Elle commence à ranger mes affaires dans des boîtes.« Le fait de vouloir partir ne m'empêche pas d'adorer ta compagnie de toute façon. Sauf quand tu me donnes des ordres, celui-là en particulier. » ai-je dit pour plaisanter mais en faisant semblant d'être sérieux. J'ai peur que cette histoire ait une double signification mais ... Je fronce les sourcils. « T'es sur que c'est à moi tout ça ? Tu serais pas en train de vouloir me refiler tous les vieux trucs de l'appart, toi ? » ai-je fait avec un sourire en coin, assez amusé. Limite sans attendre sa réponse, je cherche à lui prendre la boîte des mains pour l'embêter, sans douter du fait qu'elle mettra beaucoup de résistance avant de me la laisser. Je pouffe devant notre comportement de gamins avant de m'arrêter ... parce que. Du coup nos deux corps sont vraiment très proches l'un de l'autre et mes mains sont presque entièrement sur les siennes. Oh. Oh ... nous voilà bien avancés maintenant. Euh ... du coup j'ai dit la première chose qui me venait à l'esprit. « Jazz ... Tu m'en veux de partir ? » ai-je murmuré tout d'un coup très sérieux avant de reprendre. « Honnêtement. » Mes mains n'ont toujours pas bougé.

L'alcool aidant, l'ambiance entre nous devient plus décontracté. Je me sens mieux et surtout, il n'y a plus autant de questions présentes dans mon esprit et ça fait vraiment du bien d'avoir arrêté de se prendre la tête, même si je sais que dès que les effets de l'alcool se seront dissipés ... Mais ce n'est pas très important pour le moment. Nous retrouvons un semblant de discussion que je peux m'aventurer à qualifier d'amicale, le genre de discussion qu'on pouvait avoir tout au début de nos retrouvailles et même au début de notre colocation, avant que les choses ne prennent un tournant étrange. J'ai vraiment chaud n'empêche. Elle s'est pas foutue de moi avec son truc ... Brésilien je crois ? Puis elle se lève et on reparle de mon départ imminent. Ah oui c'est vrai. Elle me fait presque rire en rangeant tout et n'importe quoi dans cette boîte en faisant comme si c'était à moi. « Eh, je suis sûre que tu seras perdu sans cette boîte de mouchoirs extra-doux ! » dit-elle en riant à moitié et en continuant. Le moment suivant, j'ai quitté le fauteuil et je me comporte comme un gamin qui essaie de lui prendre la boîte. Mais elle résiste, je dois avouer que je n'en attendais pas moins de sa part. La scène dure une courte minute où nous agissons comme des enfants et où tout le reste du monde, nos problèmes d'adultes ne comptent plus.

Seulement voilà, nous finissons par redescendre sur terre d'une drôle de façon. Mon visage est tout proche du sien et mes mains sont sur les siennes. En plus, elles s'y trouvent étrangement bien. Le silence retombe et soudain, j'ai l'impression qu'il une certaine tension s'installe. Pour ce que je dis en suite ... J'aurais pu continuer à taire mes questions jusqu'à mon départ mais l'alcool me donne le courage de poser la question. M'en veut-elle de partir ? Elle s'est comportée d'une drôle de façon ce soir et je veux savoir. Son premier réflexe est d'ouvrir la bouche mais comme je sais directement ce qu'elle va me répondre, je prends la peine de lui préciser que c'est mieux si elle est honnête. J'ai besoin qu'elle soit honnête sur ce coup là. Je suis tellement perdu ... « Je t'en veux pas... » me dit-elle. Elle regarde nos mains, comme blotties ensemble et je me demande à quoi elle pense. Dans une autre vie, ce geste avait une sensation et une signification tout à fait normale. Là, je ne sais pas du tout ce qu'il veut dire, tout ce que je sais c'est que pour plus de sécurité, je devrais rompre le contact entre nos mains, mais je n'en fais rien. « J'ai juste pas compris pourquoi, c'est tout...  » continue-t-elle en plantant ses yeux dans les miens. Je déglutis, anxieux d'entendre la suite. Mon premier réflexe est de vouloir répondre quelque chose mais ma bouche se referme tout de suite car les mots refusent de sortir. J'ignore si c'est à cause de l'alcool mais je n'arrive pas à formuler les choses pour le moment. « Mais on est pas obligés d'en parler... Je sais même pas si je veux en parler, je veux pas... » Avant que je ne m'en rende compte, ses mains ont rompu le contact, me laissant seulement avec la boîte. Elle a mis ses mains dans ses poches et les miennes posent la boîte. Je crois qu'on est en plein dans la discussion qu'on essaie d'éviter depuis le début de la soirée. En plus on est à moitié bourrés. Mon sang pulse dans mes tempes à tel point que je m'entends à peine penser. « On peut en parler. Je ne veux pas partir sur un malentendu. » me suis-je entendu dire d'une voix étrange. Partir. Est-ce que je peux vraiment lui expliquer pourquoi ? J'ai même du mal à me l'expliquer à moi-même.

« Je veux pas te perdre totalement, alors si tu veux prendre tes distances... Do what you must. » finit-elle par dire. Son masque d'indifférence ne marche pas du tout cette fois. Les gens qui la connaissent à peine pourraient tomber dans le panneau, mais pas moi. Pas moi. Putain. Mon coeur se met à battre plus fort en songeant aux mots qui circulent dans mon esprit pour lui expliquer. Mon angoisse me fait un mal de chien. Je me dis que je pourrais me taire, ne rien dire, hausser les épaules et me tirer avec mes affaires mais ... Je ne sais pas si c'est l'alcool qui me rend totalement fou mais, les mots ont envie de sortir, ça fait tellement longtemps qu'ils sont là. « You don't understand, do you ? » ai-je soufflé d'une voix rauque. Je fais un pas vers elle, sans réfléchir. J'ai tellement chaud. « Il est pas question de se perdre, je ne le veux pas non plus, seulement ... » Je marque une pause, j'en ai besoin avant de continuer. Je plante mes yeux dans les siens, nos visages étant à nouveau très proches. « J'ai peur de comment pourrait évoluer les choses si je reste. » Ça y est, je l'ai dit. Avec mon visage si près du sien et le ton de ma voix, je suis sur qu'elle a compris ce que je veux dire. C'est la peur qui me fait partir, la tournure que prend notre relation. Pourtant c'est la vérité, mon désir pour elle est revenu et maintenant que je l'ai dit, c'est plus violent que jamais. A moins que ce ne soit l'alcool ... On s'en fout. Je ne sais pas comment c'est arrivé mais je nous soupçonne tous les deux de ressentir la même chose et ... et j'ai voulu être celui qui calmerait les choses. Je tenais plutôt bien mes résolutions jusque là. Nos corps sont proches eux aussi, j'ai l'impression de sentir sa chaleur et son souffle ... Je me sens frissonner. Mon esprit est hors-service et mon instinct a pris le relai. « But we failed once, and it fucking hurt, why wouldn't we fail again ?  »

J'ignore où tout ça va nous mener, j'ignore ce qu'on est vraiment en train de faire, merci l'alcool. Mais je sais une chose: il n'est pas question de la perdre. C'est étrange, parfois j'ai la sensation de tenir à elle encore plus qu'avant. Depuis qu'on s'est retrouvés, depuis toute cette histoire d'amitié ... Tout s'embrouille dans ma tête. L'alcool n'arrange rien j'en suis conscient, mais je ne veux pas qu'elle pense que je la fuis. Mais n'est-ce pas exactement ce que je veux faire ? Fuir avant que les choses ne prennent une tournure qu'on pourrait tous les deux regretter. I mean, ce qu'on a actuellement, cette amitié, est précieuse pour moi. Je sais vraiment pas bordel ... Mais oui, je ne peux pas partir sans qu'on se soit parlés, ça serait prendre trop de risques. En partant, je veux aussi faire bouger les choses, après tout je vis ici depuis des mois ... en tant qu'amis. Seulement pour être honnête, je ne sais plus ce qu'on est depuis Alexandrie. Peut-être que c'était aussi pour m'éclaircir les idées mais ... Peu importe.

L'alcool aidant, les mots sortent peu à peu de ma bouche. Je ne peux plus me taire plus longtemps. Elle est tellement proche de moi, plus proche qu'elle ne l'a jamais été depuis notre séparation. She is with me. Je lui dis qu'elle ne comprend pas parce que je sais qu'elle pense que je ne ressens plus rien pour elle depuis longtemps. She is so wrong, i'm still a mess about it, now more than ever. C'était juste plus sécurisant de se persuader que ce n'était pas le cas. Maintenant, mon instinct apris les commandes et il me pousse à dire la vérité, il me pousse à être plus proche d'elle. Elle me regarde, sans comprendre. Il fait vraiment très, très chaud tout d'un coup. Elle plonge ses yeux dans les miens et je me retrouve incapable de les quitter et surtout incapable de m'arrêter. Je lui dis, je lui dis que j'ai peur de la façon dont les choses vont évoluer si je reste, je lui dis qu'après tout, si on s'est séparés une première fois, pourquoi cela ne se reproduirait pas ? Je ne veux pas repasser par tout ça encore, parce que ça a été tellement douloureux. Pourtant, j'ai beau dire ça, je n'arrive pas à m'éloigner d'elle. Je n'en ai aucune envie.

« I have no idea... » finit-elle par murmurer. Sur ce, je sens le contact de sa main glisser sur mon bras pour se diriger vers mon épaule. Mon souffle se coupe, je me retrouve incapable de penser à quoique ce soit d'autre que ce contact entre nous. Ses doigts s'agrippent à mon t-shirt, nos deux visages se rapprochent pendant un instant. Son autre main remonte jusqu'à ma nuque. Toute ma peau est comme en ébullition. I can't move, I can't breathe. Tout s'est arrêté. Quand elle se met sur la pointe des pieds, quand ses lèvres rejoignent les miennes, tout explose. Ce baiser n'a rien de doux, vous pouvez croire. Je la sens, sa frustration pour la simple et bonne raison que je suis dans le même cas. Ma main se pose sur sa joue. On s'embrasse comme ça, comme deux personnes qui avaient l'habitude de s'embrasser avant et qui adoraient ça, mais qui en ont ensuite été privé pendant longtemps. Je ne cherche même pas à récupérer mon souffle, je m'en fous. Un désir profond s'est emparé de moi. Je crève d'envie après avoir voulu être raisonnable pendant autant de temps. Le seul bruit provient de nos respirations saccadées. Je suis en train de perdre le fil de tout, je ne sais pas ce que je dois faire ... Si la seule chose que je sais c'est que j'ai envie d'elle comme jamais auparavant. Je n'ai plus d'oxygène dans les poumons, mais ce n'est pas très grave. « Hazel ... » ai-je soufflé d'une voix rauque, la gorge obstruée par l'envie. Je ne sais pas pourquoi je l'ai appelée par son vrai prénom, c'est peut-être un moyen de lui faire comprendre que ... que c'est que elle et moi ce soir. Il ne s'agit pas d'une chanteuse et d'un aristocrate, il ne s'agit pas de ma famille ou des journaux à scandales. Ce soir c'est juste elle et moi et je ne veux pas penser au jour d'après. Je l'embrasse à nouveau en ayant l'impression de ne jamais en avoir assez. L'alcool me monte à la tête en prime, j'ai l'impression que tout tourne autour de nous. Mes mains glissent le long de ses bras et puis se posent quelques instants sur ses hanches. En fait, c'est comme si mon corps ne tenait pas compte de notre séparation, il retrouve tous les automatismes qu'il avait avec elle. Finalement, mes mains descendent plus bas, c'est comme si elles voulaient rattraper tout le temps perdu. Peut-être que c'est ça, peut-être que ce soir ou cette nuit plutôt, est à propos de rattraper le temps perdu.

C'est comme un tsunami qui déferle, le plus violent des orages sous une pluie d'étoiles filantes. La puissance de ce que je ressens est indescriptible. C'est tellement fort que ça me coupe le souffle, à moins que ce ne soit le fait que nos lèvres ne se quittent presque pas qui me fait cette impression. J'ai beau me dire que j'ai du mal à croire que les choses aient pu basculé ainsi, en une fraction de secondes, ça me paraît en fait totalement normal. Naturel. Et là, pendant que je récupère mes marques, pendant que je retrouve ces lèvres et ce corps qui m'étaient autrefois réservés et je me demande comment j'ai fait, comment on a fait pour se retrouver loin de l'autre pendant tout ce temps. Bien sûr ce n'était pas le cas ces derniers mois vu qu'on était coloc, donc c'est pire en quelque sorte. Mais sérieusement, comment on a fait ? Du coup tout ce temps passé sans se toucher, en faisant presque comme si de rien était, ça rend cet instant encore plus fort et j'ai l'impression que plus jamais je n'arrêterai de l'embrasser. Je ne le veux pas. En fait, c'est comme si en quelques secondes, on voulait rattraper tous ces longs mois, presque ces années de perdues entre nous.

Mon corps s'enflamme. Le silence n'est brisé que par nos deux respirations saccadées. Mes mains partent à la redécouverte de son corps comme si elles ne l'avaient jamais quitté. Il fait trop chaud et ça ne s'arrange pas quand les doigts de Jazz entreprennent de défaire ma chemise. Une fois que je suis torse nu la fière augmente quand elle se met à à parcourir ma peau, sans aucun obstacle. Je frissonne, cherche à récupérer mon souffle tandis qu'elle capture ma lèvre inférieure, ce qui fait sortir un grognement de plaisir de ma bouche. Je suis totalement à l'ouest, dans un autre monde où il n'y aurait qu'elle ou non, où ... Qu'est-ce que je raconte ? Nothing else matters. Elle ne me laisse pas l'occasion d'enlever son haut, elle le fait elle-même après m'avoir lancé un regard entendu, comme si elle me demandait mon avis sur la suite ? Je ne sais pas sur le coup mais en tout cas, je sais que je veux ça. J'ai l'impression de me noyer dans ce moment. Nos peaux nues se retrouvent en contact direct  et c'est comme l'explosion. Comment on a fait pour rester la tête enterrée dans le sable pendant tout ce temps ? Toute trace de peur a disparu et l'urgence a pris sa place. Nos lèvres se soudent à nouveau et nos baisers ne perdent pas en intensité, au contraire. Ca me fait perdre le fil de tout, j'avais envie de ça depuis tellement longtemps ... Sa main glisse sur ma nuque et soudain avant que je ne réalise, ses lèvres glissent sur ma mâchoire, et dans mon cou, jusqu' à la limite de ma nuque. Je ferme les yeux pour mieux savourer. Et puis je la sens sourire contre mon cou et surtout, ses doigts habiles défont le bouton de mon jeans. Mes lèvres s'étirent à leur tour. « Viens... » Nos lèvres se retrouvent une fois de plus, plus avides que jamais. Je la soulève pour qu'elle puisse entourer ma taille de ses jambes et ensuite l'emmener comme ça jusqu'à la chambre ... A ce moment il n'y a plus sa chambre ou ma chambre, il y a notre chambre, celle qu'on occupait ici-même quand on était ensemble. Je ne me pose plus de questions, je refuse de m'en poser en fait et surtout, je refuse de croire que l'alcool à quelque chose à voir avec tout ça. J'ai envie d'elle de toutes mes forces, c'est impossible que l'alcool soit la cause de ça. Je refuse aussi de penser au lendemain. Arrivés dans la chambre, je referme maladroitement la porte après notre passage. La température monte encore d'un cran. Je ne me lasserai jamais de la sensation de sa peau contre la mienne. Je suffoque, la gorge obstruée par le désir. Quand mes jambes rencontrent le bord du lit, je l'allonge le plus délicatement possible dessus malgré la précipitation et je la suis, en m'appuyant sur mes avants-bras pour ne pas l'écraser. Je n'ai pas cessé de l'embrasser entre temps jusqu'à ce que mes lèvres quittent les siennes pour descendre sur sa mâchoire, puis dans son cou, dans son décolleté et sur son ventre ... Je la couvre des baisers, m'attarde sur certaines zones en descendant toujours plus bas. Je finis par remonter vers ses lèvres, vers sont visage. Mes doigts glissent sur sa peau chocolat, histoire de se réapproprier la moindre parcelle. Je murmure même quelque chose à son oreille dont je suis incapable de me souvenir la seconde d'après tellement je me noie  dans cet instant.