Nouvelle soirée soirée, nouvelle fête. Cette fois, à Manhattan, dans l'Upper West Side. Une fête plutôt bien cotée où j'ai fini par atterrir par le plus grand des hasards en suivant Leo. Une fête donnée par un acteur ou je sais pas quoi. J'ai pas fait attention en fait. tout ce que je sais c'est qu'on était dans le coin à boire un verre quand il m'en a parlé. Pour y entrer, ça n'a pas été bien difficile avec mes titres de noblesse et tout ça. Le retour de Kat n'a pas changé grand chose à mon quotidien. Les fêtes ont peut-être un peu ralenti, quoique je suis pas vraiment sure. Le cours ont recommencé, au plus grand désespoir de tous, mais ce n'est pas le plus important. Je n'arrête pas de repenser au fait que ma soeur ne m'ait peut-être pas tout dit à propos de son voyage pour MSF. Mais ce n'est peut-être qu'une impression. Une impression qui n'arrive pas à quitter ma tête. Mais bon, ce soir c'est fête. J'en avais besoin. A peine rentrée, Leo part de son côté. Il aime faire cavalier seul dans les soirées. Il dit que ça lui donne plus de chance de terminer la soirée en charmante compagnie. Du coup quand il me fait signe en s'éloignant, je souris et hoche la tête, en sachant qu'il y a des risques à ce que je ne le recroise pas d'ici la fin. Je me suis donc enfoncé dans la foule, détaillant quelques visages inconnus. La musique est plutôt pas mal. Je contourne les petits groupes de gens qui discutent et qui dansent pour entrer dans la demeure du propriétaire. Aller me chercher un verre à l'intérieur. Tout oublier mais pas envie de me bourrer la gueule ce soir. Juste un ou deux verres maximum. J'ai largement abusé pendant le voyage de Kat.

Une fille ne me lâche pas des yeux quand je traverse le salon. Je lui rends son regard, son sourire. Puis j'aperçois Leo à travers la baie vitrée, au bord de la piscine, entouré de plusieurs personnes, déjà bien occupé. Ca m'a fait sourire. La musique m'enveloppe. Ce qui est bien avec les soirées, c'est que c'est un autre monde qui permet d'oublier la réalité quand on en a envie. Et de faire de nouvelles connaissances mais ça encore ... Peu importe. Il y a des visages connus, c'est normal je suppose quand on sait que c'est la soirée d'un acteur qui est en pleine promo mais je ne m'attarde pas dessus. Avant d'aller prendre un verre, je me décide à faire le tour du propriétaire, histoire de m'occuper. Je monte les escaliers pour me rendre au premier étage. « Oh allez, viens, je suis sûr qu'on va se trouver des points en commun toi & moi » Sur le coup j'ai pas fait attention. J'ai juste entendu cette phrase, comme sortie de nulle part. Je me suis dit, encore un mec qui essaie désespérément de draguer. Il y a eu le moment où je me suis dit ça, puis, le moment d'après. « Il faut te le dire comment ? » Autre voix. Plus sèche. Plus agressive. Plus ... Au début je pense avoir mal entendu. Il y a de la musique, beaucoup de musique et plein des gens autour. Donc je me dis que je me trompe forcément. Parce que non, elle n'est pas là. Elle est à Los Angeles, ou quelque part dans le monde en train de préparer un prochain concert ou je ne sais quoi. Par réflexe, j'ai tourné la tête en direction de la voix. Frénétiquement. J'ai pas mis longtemps à la trouver malgré les gens entre nous. Oh putain. Le choc. Je reste immobile, une petite seconde avant que je n'arrive enfin à bouger à nouveau. Un homme est avec elle. Je m'approche et comprends directement la situation. Mon sang n'a fait qu'un tour, j'ai réagi instinctivement. Comme si ... elle et moi étions toujours ensemble. Je me précipite vers le mec. Vers elle. Au moment où se con veut reposer sa main sur sa hanche, je lui chope le bras d'un geste sec pour lui faire une clef de bras. Le mec veut se débattre mais je réussis tout de même à le maîtriser. « La demoiselle t'as dit non connard, alors je te conseille de te tirer rapidement parce que moi j'ai une autre façon de le dire et tu vas encore moins aimer. » ai-je sifflé sèchement. Je l'ai poussé sur le côté, le relâchant en même temps. Il s'est dégagé avec de grands gestes, s'est tourné vers moi, le regard rempli de haine. Le colère fait trembler mes poings. S'il veut cogner, je suis près. Mais heureusement, il pousse un soupir de frustration et fait demi-tour pour s'éloigner. Ma respiration reprend un rythme normal. Sauf que maintenant que l'autre est parti, retour à la réalité. J'ai relevé les yeux vers elle, perturbé par sa présence ce soir. Tout m'est revenu en pleine figure, un véritable coup de boomrang. « Jazz ... » ai-je murmuré en ayant encore un peu de mal à y croire. On s'est pas vus depuis ... depuis qu'on s'est séparés en fait. Il y a beaucoup de mois. Et maintenant, nous voilà tous les deux face à face dans l'Upper West Side. Je me dis que l'appartement n'est pas loin. L'ambiance de la fête fait comme si on était dans un autre monde. Elle n'a pas changé. Juste ses cheveux roses qui me font sourire. « Tu vas bien ? » ai-je demandant à propos de ce qui vient de se passer.

Une soirée comme une autre à vrai dire. Les soirées organisés par un "people" a souvent quelque chose de plus par rapport à celles organisés par les gens de la fac. Doit y avoir un truc que je trouve plus ... je sais pas, disons excitant. Comme si c'était encore une autre dimension de la soirée. Oulah, j'ai pas encore bu et me voilà déjà en train de penser à des conneries. Du coup j'ai préféré rentrer. Finalement je sais pas si tout ça était une bonne idée ... et ça aussi ça m'emmerde de le penser. Depuis tout ce qui s'est passé avec Kat, j'ai l'impression d'être devenu casanier et je n'aime pas ça du tout. Ou alors, c'est parce que ça fait longtemps que je ne suis pas allé dans une fête de ce genre. Têtes connues tout ça. Univers un peu spécial où t'as l'impression de devoir toujours te tenir à carreaux sous peine de voir tous tes secrets à la une des journaux le lendemain. J'ai connu ça une fois. Je veux dire, avec ma famille, mes titres et tout ça j'ai eu le droit à ce genre de choses aussi mais honnêtement, je n'ai pas à me plaindre par rapport à certaines personnes qui sont ici. Tout ce que j'ai voulu dire c'est qu'une fois, j'ai été vraiment proche de toutes ces histoires de paparazzis. Vraiment trop proche. J'ai fini par me brûler. Bien comme il faut en plus. En même temps, avec la famille que j'ai, faut faire gaffe. Grand-mère est toujours là pour veiller au grain quand il s'agit de ce genre de chose. Le fait que Rory et moi soyons tous les deux des grands fêtards me laissent à penser qu'elle n'a jamais vraiment réussi à accomplir sa mission. J'imagine pas ce que ça aurait été si ma jumelle et moi avions pu fêter nos vingt-et-un ans le mois dernier.

Puis la soirée a pris des proportions inattendues. Très inattendues. A croire que mon instinct cherchait à me mettre en garde tout à l'heure en me disant que j'avais raison de me demander si venir ici était vraiment une bonne idée. Pourquoi j'ai monté ses escaliers déjà ? Je sais très bien pourquoi, inutile de nier. Il a suffi de quelques secondes, de quelques paroles pour que je retourne environ un an en arrière. Quand je me suis brûlé. J'ai eu l'impression de perdre le contrôle de moi-même en voyant ce type se montrer trop entreprenant avec elle. J'ai pas compris pourquoi sur le coup, on est plus ensemble. C'est juste le choc. Ça m'a fait perdre les pédales sur le moment. Je me suis rendu compte que ... enfin je suis en train d'agir comme si on était toujours un couple alors que c'est plus le cas. Non. J'ai juste fait ça par pur ... amitié ? Okay, honnêtement je sais pas vraiment. Tout ce que je sais c'est que je ne pouvais pas la laisser dans les mains de ce type. Donc voilà. Voilà où nous en sommes après ton fameux acte d'héroïsme, et maintenant Ben ? Maintenant ? On reste plantés l'un en face de l'autre, mal à l'aise, au milieu de la musique et de tous ces gens qui parlent, dansent et boivent. C'est génial. J'essaie de sourire quand même quand je lui demande si elle va bien. Après tout, nous sommes deux êtes humains civilisés. Les gens normaux sont encore capables de se parler, même quand ils ont rompu de la façon dont on a rompu. « Oui, oui, ça va... » répond elle en ayant autant de mal que moi à y croire mais en souriant tout de même. Je hoche la tête. Le moment est très étrange. On se fixe, tous les deux, dans le blanc des yeux si j'ose dire. A croire qu'on cherche à vérifier si l'autre est bien réel. Si on est vraiment en train de se retrouver après tout ce temps. « Merci... pour le mec. Il allait vraiment pas me lâcher. » continue Jazz. Comme un con, je me suis mis à repenser à l'appartement qu'on avait en quelque sorte pris et où on passait les trois quarts de notre temps. A se disputer, entre autre. Okay, la conversation va être difficile. Faut juste que je me persuade qu'elle est une ex comme les autres. Pourtant j'ai regardé tout de même dans les environs pour voir si l'autre con n'a pas la bonne idée de revenir. Je vois pas sa tête à l'horizon, avec un peu de chance il compris. « Je t'en prie. » Sur le coup, je veux dire autre chose, du style, je ne pouvais pas le laisser faire, te laisser toute seule et tout ça. Mais rien n'es sorti tout simplement parce je n'ai pas su comment tourner ma phrase et surtout, ce qu'elle allait signifier exactement. « Ca fait un bail... » a-t-elle soufflé sans réussi à cacher sa surprise. Ou le fait qu'elle soit perturbée. Au moins on est deux. C'est sûr qu'en venant à cette soirée, j'étais loin de m'imaginer qu'elle prendrait cette tournure. « Tu l'as dit. » ai-je dit avec un sourire en me disant la même chose. La dernière fois ? Quand on s'est séparés sans doute, assez brutalement même si ça nous pendant au nez depuis un certain temps Du genre, on a essayé de s'accrocher mais ça n'a pas été suffisant. « Je m'attendais vraiment pas à te voir ici n'empêche, je te croyais à Los Angeles. » Soudain j'ai réalisé un truc et je me suis maudit une centaine de fois en constatant ma stupidité. « Je crois que je viens de réaliser, celui qui organise cette soirée joue avec toi dans ton prochain film hein ? » ai-je demandé en ayant une illumination soudaine. Là tout de suite, je sais pas si je regrette ou pas, qu'on soit au beau milieu d'une fête avec plein de gens qui nous entourent.

Le fil de notre histoire me revient comme un film. Nous deux, ça n'a pas été de tout repos. Quand on y pense on est assez différents elle et moi. Même les univers d'où l'ont vient sont assez différents. En même temps, moi avec ma famille un peu ... un peu ... Enfin voilà. Ma famille qui a tendance à ne pas aimer les couvertures de torchons qui concernent l'un d'entre nous. Du coup me savoir avec Hazel a donné du fil à retordre à mes grands-parents. Je suis sur que grand-mère a manqué de faire un ou deux arrêts cardiaques durant l'année où on est sortis ensemble. Puis rien que elle et moi sommes très différents. Moi je suis celui qui reste calme en toute circonstance seulement avec Jazz, mes nerfs ont été mis à rude épreuve un certain nombre de fois. De très nombreuses fois en fait. Elle fait partie de ces rares personnes à pouvoir me faire sortir de mes gonds, même si la façon est différente et pas comparable à Chris ou Amélia. Tout s'est terminé avec pertes et fracas. On a essayé pourtant. J'ai laissé beaucoup de forces dans cette histoire parce qu'on a vraiment voulu que ça marche. Je ... enfin je l'aimais. C'était quelque chose de fort entre nous pour qu'on ait réussi à tenir tout ce temps à devoir gérer ma famille, les paparazzis et nos obligations. Seulement ça n'a pas suffi. Parfois, on a beau aimé quelqu'un, l'amour n'est pas suffisant. Les choses font que ce n'est plus possible, et c'est ce qui est arrivé. Alors nous voilà, de longs mois après, dans cette fête, planté l'un devant l'autre à ne pas savoir quoi se dire. Ca fait tellement longtemps que nos chemins ne se sont pas croisés. On va dire que ç'a été le temps nécessaire pour guérir de notre relation mouvementée. Mais là tout d'un coup, je suis plus très sur.

Le mec est parti, nous laissant tous les deux. Enfin tous les deux c'est beaucoup dire mais j'imagine que ça aurait été peut-être encore plus étrange si nous étions seuls. Juste tous les deux. Comme à l'époque où on passait toute notre journée sous la couette dans notre appartement qui n'est, maintenant que j'y pense, pas très loin. Ca me paraît tellement loin et pourtant, tellement proche. C'était un peu notre nid cet appartement. J'y suis pas retourné depuis notre séparation. Pourtant on en a passé des bons moments là-bas ... Hum. Mais je me souviens aussi de tous les moments difficiles et ça me fait revenir sur terre. Notre histoire a changé un tas de choses comme par exemple le fait de moins se donner quand il le faut, histoire d'éviter d'avoir trop mal. « C'est ça. En fait, la soirée est une sorte de promo... en plus fun. » répond-elle quand je me rappelle tout d'un coup qui organise cette soirée et pourquoi elle est là. Je me suis traité d'idiot pour ne pas avoir senti le coup venir. Je suis sur que Leo le savait, ce traitre. Il y a que moi pour réaliser ça aussi tardivement. Je souris tout de même. « Oui je me souviens. Toujours aussi demandée. » Oui je me souviens de certaines de ses promos. Ce n'était pas un reproche hein, je réalise qu'elle pourrait le prendre comme ça parce que justement, j'ai des souvenirs de certaines de ses promos qui ont fini ... enfin c'était une partie du problème en fait. Mais non, j'ai juste dit ça comme ça. J'ai perdu l'habitude de cette idée alors qu'à l'époque ... je faisais certaines de ses promos avec elle. Merde Ben, réveille toi un peu. « Et toi, qu'est-ce que tu fais maintenant ? » Une fille un peu bourrée me bouscule légèrement en cherchant à se rendre d'urgence aux toilettes. En regardant au rez-de-chaussée j'aperçois la tête blonde de Leo qui semble bien s'amuser. « Mmm pas grand chose de différent qu'à l'époque. Je suis toujours en droit et j'aime toujours les soirées, même quand mes potes préfèrent m'abandonner pour aller chasser. » ai-je fait en me penchant au-dessus de la rambarde et en fixant Leo. Je te jure. Entouré de filles alors qu'il joue à la bière pong avec un autre gars. Enfin bref. Maintenant enchaîne. Allez enchaîne ! Sauf que rien est sorti. Le blanc total. Mon regard n'arrive pas à se fixer. Allez, le premier truc qui te passe par la tête. « Et toi, à part ton film, quoi de neuf ? » On fait ce qu'on peut hein. Quelqu'un augmente le volume de la musique, les gens se mettent à crier et à s'agiter. Je grimace. « Je ... enfin tu veux pas qu'on aille parler ailleurs ? Ou je peux te laisser aussi profiter de la soirée. » ai-je demandé en lui laissant le choix. Après tout, rien ne nous oblige à passer du temps ensemble, n'est-ce pas ?

J'arrive pas à croire que ça nous arrive à nous. Se retrouver après tout ce temps, par le plus grand des hasards, dans une soirée en plus. Après tout ce qui est arrivé, on se tient debout, l'un devant l'autre, en essayant de se comporter de manière ... normale. Allez essayer de définir ce qu'est la normalité quand ça nous concerne. Je ne sais plus comment on peut qualifier notre relation actuelle vu que depuis qu'on s'est quittés, nous ne nous sommes pas vraiment revus elle et moi. Donc ç'a été le vide pendant tout ce temps. Apprendre à tourner la page, à oublier, à avancer en voyant d'autres personnes et en se persuadant que c'est mieux que ça finisse comme ça. Que ça finisse tout court. Que notre rupture a été un peu brutale, qu'elle n'a pas été facile mais que ça aurait été pire si on avait attendu. Toutes ces phrases qu'on peut se dire pour soulager sa conscience ... Je suis heureux de la voir. Enfin je crois. Si, je suis heureux de la revoir. C'est juste que c'était tellement inattendu que le sentiment de surprise et cet espèce de malaise qui règne entre nous ... on va dire que ça prend beaucoup de place. Notre relation a été tellement forte, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments. On a eu tellement de disputes, que je trouve ridicules aujourd'hui, mais qui nous ont pourris la vie. Nous avons résisté, pensant pouvoir réussir mais en fait, on a simplement retardé l'échéance. Seulement je n'ai pas l'habitude de me comporter de cette façon avec elle ... comme s'il n'y avait rien eu, comme s'il n'y avait plus rien ... comme deux étrangers en fait. Une personne que vous avez profondément aimé il fut un temps mais avec qui vous avez coupé toutes relations pendant très longtemps. Et puis un beau jour, vous recroisez cette personne au détour d'un escalier. « C'est souvent comme ça que ça se passe. » On sourit tous les deux en regardant Leo, en bas, faire son intéressant au milieu de son harem. Je lève les yeux au ciel quand je le vois faire mumuse avec des jumelles blondes. Tellement prévisible ce mec, pourquoi je suis venu avec lui déjà ?

On prend peu à peu nos marques, je pense. On se sourit et on pourrait croire que nous sommes simplement deux amis. Enfin si notre histoire n'avait pas défrayé les journaux américains et anglais bien sûr. Oui en fait, seulement si vous êtes une ermite, vous pouvez croire qu'on est simplement deux amis. Alors que c'est loin d'être le cas. Jazz et moi on a eu notre chance. Je me suis brûlé les ailes en m'approchant du soleil. Je doute que le retour en arrière soit possible ... je doute que quoique ce soit soit possible de toute façon. Il y a des risques que ça se termine comme la première fois ... Pourquoi je me dis ça d'ailleurs ? N'importe quoi. « Toujours la même chose aussi, j'enchaîne les tournages, les clips, les enregistrements... C'est plutôt éreintant, mais ça me va comme ça. J'ai un autre projet de film dont le tournage devrait commencer d'ici peu, je m'initie à l'horreur ! » répond elle quand je lui demande de ses nouvelles. Je hoche la tête et souris en constatant que sa vie n'a pas changé depuis qu'on s'est quittés. Toujours des films, des concerts, des chansons à enregistrer ... Comme je faisais déjà à l'époque ? Je sais plus mais ce que je sais en revanche, c'est que je ne pourrai pas recommencer à vivre de cette manière. Passer mon temps à la voir à la télé, sur grand écran ou dans les magazines people au lieu de la voir en vrai ... je pourrai plus faire ça, avec quiconque d'ailleurs. C'est en parti pour ça qu'on a rompu, au bout d'un moment ça n'a plus été possible et il a fallu arrêté les dégâts, avant que ça ne devienne irréversibles. « Un film d'horreur ... sympa. » ai-je répondu. Oouh, vive la conversation Ben, ça c'est de la réponse. Seulement j'ai été légèrement dans mes pensées. Film d'horreur ... Je nous ai revus, dans le salon de notre appartement, affalés sur le canapé en cuir, collés l'un à l'autre, en train de regarder ce type de films, dans le noir le plus total. Oui après tout, nos soirées ne se sont pas résumées qu'à des fêtes interminables. Heureusement d'ailleurs. Le nombre de soir où on a pu se regarder des films d'horreur, entre autre. J'ai balayé les souvenirs d'un revers de main imaginaire. En tous les cas, si Jazz continue de mener le train de vie qu'elle a toujours aimé, je suis heureux pour elle. Je suis bien placé pour savoir que tout ça, la musique et le cinéma, est sa vie. La preuve, on s'est séparés.

En ayant marre de tous ces éclats de voix, cette musique poussée au maximum et tous ces gens qui n'arrêtent pas de passer tout près de nous, je lui ai proposé d'aller dans un endroit plus tranquille. Parce que c'est chiant, on fait pas plus impersonnel comme retrouvailles. Seulement je réalise rapidement que ça peut paraître étrange comme proposition. Je la sauve d'un crétin, je lui propose d'aller dans un endroit calme pour discuter ... Alors qu'on est plus ensemble et qu'on s'est pas recroisés depuis des mois, presque un an. Jazz semble surprise. Je me dis qu'après tout, c'est normal. De l'eau a coulé sous les ponts depuis tout ça. Nous sommes deux personnes civilisées qui peuvent très bien s'entendre après une histoire compliquée. Qui sait, on n'était pas fait pour être amants, on est peut-être fait pour être amis. « Oh non, bien sûr, on peut trouver un endroit plus calme ! » Je souris quand elle accepte ma proposition. Même si j'étais sérieux quand je lui ai dit que je pouvais la laisser profiter de sa soirée, j'ai vraiment espéré qu'elle accepte. Et elle l'a fait. Comme quoi, je suis pas le seul qu'on peut très bien passer un peu de temps tous les deux, même en tant qu'ex, ou amis ? Ouais, amis c'est peut-être un peu trop tôt pour ça. A ma grande surprise, tout en m'indiquant la direction à prendre, elle prend mon poignet, histoire que la foule ne nous sépare pas. Je demeure quelques instants interdit, perturbé par ce premier contact physique en ... très longtemps. On ne s'adresse pas la parole et on ne se regarde pas une seule fois pendant qu'elle me mène autre part. Je me laisse faire en me disant que c'est étrange, tout ça. Je réalise, quand on arrive près d'une baie vitrée qui donne sur un balcon, que la musique qui passe à présent est l'une des siennes. Voilà comment nous nous sommes retrouvés tous les deux, seuls sur le balcon dans un presque silence. Pourquoi j'ai proposé qu'on aille dans un endroit calme déjà ? On est tous les deux. La sensation de malaise s'accroit. « Voila, c'est beaucoup mieux... » reprend Hazel. Je hoche la tête malgré tout car au fond, je sais que je suis d'accord, même si la situation est ... disons perturbante. Sa chanson paraît étouffée. Je m'appuie contre la rambarde du balcon. Maintenant il suffit de trouver un sujet de conversation ... normale. Plus simple à dire qu'à faire mais elle me devance. « Et tu vis toujours sur Staten Island, avec ta soeur ? » Là j'ai eu un sourire en coin. Ma soeur. Elle n'a jamais été un de nos sujets de conversation préféré. « Oui, toujours. » Je marque une courte pause. Je suis loin d'avoir oublié qu'entre Kat et elle, ça a toujours été la guerre. Le nombre de fois où je me suis retrouvé au milieu de leurs disputes. C'était pas facile vu qu'à l'époque, je ... enfin je les aimais toutes les deux. « Mais si tu te mets à demander des nouvelles de Rory je te préviens, je vais commencer à me poser des questions et à m'inquiéter ... » ai-je poursuivi en plaisantant. Je veux bien croire que du temps ait passé depuis, que des choses ont changé mais ça je ne pense pas. Les relations de Jazz avec ma famille ont toujours été compliquées. Ça aussi ça a fait parti de notre rupture. A l'époque, jonglé entre ces deux parties de ma vie était la chose la plus compliquée que j'avais à faire. Soudain, en relevant la tête du côté de la baie vitrée et donc à l'intérieur de la demeure, mes yeux tombent sur deux filles d'une vingtaine d'années, en train de nous regarder, de nous pointer du bout du doigt et de glousser un peu. Je hausse un sourcil. « Je crois qu'on s'est faits repérer. » ai-je murmuré d'une voix neutre. Pourquoi ça devrait m'étonner ? Mais je m'inquiète pas plus que ça. Il y a plein de célébrités dans le coin. Mais les paparazzis ... On s'en fout. « J'ai sûrement perdu l'habitude depuis le temps. » Un petit sourire légèrement amusé. Légèrement.Je sais pas trop son sens en fait. Dans mes pensées en repensant à toutes ces histoires qui ont fini par tout détruire. Okay mec, reviens sur terre. Et ce qui m'y ramène, c'est sa chanson qu'on entend en musique de fond depuis quelques minutes. « Ça fait longtemps que je l'avais pas écoutée celle-là. » ai-je continué avec un sourire plus franc, conscient que je pourrais faire un peu plus d'efforts pour qu'on ait une conversation plus ... enfin peu importe.

Oui je ne me suis pas attendu à ce genre de retrouvailles. En fait, je me suis attendu à rien du tout, je n'y ai jamais réellement réfléchi. Pas que je me suis dit que je n'allais plus jamais la revoir après notre séparation, parce que quand on y pense, quand votre ex est une chanteuse et une actrice très connue ... tourner la page n'est pas si facile que ça en a l'air, surtout quand les sentiments étaient là. Mais je m'en suis sorti, apparemment. J'ai fini par passer à autre chose et elle aussi, c'est sans doute pour ça que la voir là ... inattendu est un euphémisme. Seulement pourquoi après tout ? Nous sommes tous les deux des fêtards invétérés, c'est même étonnant qu'on ne soit pas croisés avant en ville. Merci à son boulot sûrement. Peu importe. Trouver un sujet de conversation dans ce genre de situation c'est pas le top. Je vais pas dire que je me force là mais c'est vrai que ... si c'était facile de discuter avec une ex ça se saurait je suppose. « Oui, plutôt. Je me diversifie, quoi. » Elle sourit, je souris. On pourrait presque croire que tout va bien, que notre passé légèrement compliqué n'existe pas, ou plus. Je pensais pas qu'un jour, on aurait à passer par ce genre de scène, les retrouvailles gênées. Ce n'est pas vraiment ... nous. Sauf qu'aujourd'hui, y a plus tellement de nous. Donc la je me contente de l'imaginer dans un film d'horreur, ce qui peut être plutôt intéressant quand on y pense. Peu importe. A ma grande surprise, j'arrive même pas à plaisanter en évoquant ma soeur même si à l'époque, Kat n'était pas vraiment le sujet de bonnes rigolades entre nous. Ca a toujours été un de mes grands regrets d'ailleurs. Rory n'a jamais approuvé notre relation et n'a jamais hésité à le montrer. Quand on connaît la délicatesse légendaire de ma soeur et la tendance d'Hazel à ne pas être très patiente ... Je vous laisse imaginer le genre de scène que ça a pu donner. Mais pari gagner vu que ma remarque la fait rire. « Aucun risque pour ça ! Elle est définitivement la partie qui ne me manque pas ! » Je veux rire mais ne le fais pas parce que, au milieu de la foule et de la musique, mon esprit a bizarrement compris ce qu'il a voulu comprendre dans sa réponse. Un moment de pause. Je fronce les sourcils. Elle se mord la lèvre en se rendant compte de sa phrase. Dans un sens, ça me rassure, je me fais pas des idées tout seul. Merde ... est-ce que je suis en train de me faire des idées là ? Ma bouche s'est ouverte pour en avoir le coeur net mais aucun son en est sorti et on a bougé sur le balcon. Euh ... je suis plus très sur que ça se soit passé dans cet ordre là quand j'y repense.

Le fait d'être sur ce balcon tous les deux, isolés ... Ouais c'est définitivement étrange, et ça l'est encore plus de me dire un truc pareil après autant de temps. Allez, aussi étrange que ça puisse paraître, ce n'est pas si difficile que ça. Le temps a passé, nous recroiser était imprévu mais ... c'est pas la peine de se prendre la tête après tout. Tout ce que je sais c'est que la revoir me fait plaisir et que même si on est au beau milieu d'une fête ... disons que ça a ses inconvénients et ses bons côtés. Disons que je me comprends. L'inconvénient c'est qu'on peut pas être vraiment tranquilles, comme en témoigne les deux paires d'yeux qui nous épient à travers la baie vitrée. Jazz se retourne vers les deux filles pour leur donner son plus beau regard meurtrier. Connaissant ce regard par coeur même si ça fait très longtemps que je n'ai pas eu l'occasion de le voir, je ne m'étonne pas quand les deux filles,dépitées, reportent leur attention sur la soirée. Je ris légèrement. « Ouah ... Je crois pas m'avancer en disant qu'elles iront pas voir ton prochain film. » ai-je fait amusé avec un sourire en coin. Je sais qu'elle n'en a rien à faire bien sûr, après tout qu'est ce que c'est deux fans quand on a une notoriété comme la sienne hein ? Mais revoir ce regard qu'elle a tendance à utiliser très souvent me ramène des mois en arrière, quand le regard en question m'était réservé. « N'y pense pas, elles s'en remettront. » fait soudain Hazel d'une voix un peu tendue. Pas difficile de savoir à quoi elle pense malheureusement. A ça. A ce genre de situation qui nous a coûtés beaucoup de choses. Tout vient avec un prix, surtout la célébrité. C'est ça qui a tout détruit. Je hoche la tête toujours avec un rictus au coin des lèvres. « Je sais pas si tu le sais mais ... peu de gens réussissent à se remettre de ton regard assassin. » Dit comme ça on dirait que je fais partis des uniques survivants. « Hm hm... Je me doute bien que tu ne m'écoutes pas tous les jours en allant à la fac. Quoique ! Ca pourrait t'être bénéfique ! Mes chansons sont géniales, tu sais. » dit-elle en continuant sur le ton léger. Faut croire que l'humour nous réussit. Je me suis adossé contre la rambarde du balcon. Les bruits de la vie nocturne de la ville se mêle à la chanson étouffée d'Haz. A cet instant précis, j'ai eu à nouveau cette étrange sensation, en la regardant ... Juste, la ferme Ben. C'est enfin ... mon esprit a fait le parallèle entre cette fête et celles où on allait quand on était ensemble. Celle-là est définitivement plus calme. Mais bon, elle n'est pas terminée donc je vais éviter de parler trop vite. « Pourquoi pas ! J'y penserai la prochaine fois que j'irais à la fac. » ai-je fait. Ce qui serait une nouvelle chose étrange, écouter ses chansons en allant en cours. Les gars me prendraient pour le mec trop accroc. Moi-même je me poserais des questions. Soudain, le ton léger de notre discussion est un peu retombé. Nouveau silence, c'est de plus en plus difficile de les combler en plaisantant. La soirée bat toujours son plein. J'ai rouvert la bouche, cette fois avec un ton plus sérieux et plus pensif. « Dire qu'on se retrouve à une soirée ici, à New-York ... » ... comme si on revenait au point de départ, ai-je failli dire en pensant à la façon dont on s'est rencontrés. C'est limite ironique quand on y pense. Ironique et étrange, mais ça je l'ai déjà dit.

La mine déconfite des deux filles face au regard assassin d'Hazel me fait sourire. Bon bien sûr quand c'est moi la cible de ce regard je souris moins mais ça c'est un autre débat. Les mois où nous sommes restés ensemble ont été tellement intenses, comme un véritable tourbillon par lequel je me suis laissé happer sans broncher. Seulement quand il a fallu se réveiller ... C'est comme sortir du cinéma et que dehors, le soleil brille haut dans le ciel alors que vous venez de passer deux bonnes heures dans l'obscurité, dans le calme. Alors il vous faut du temps pour vous réhabituer à la réalité du monde. C'est exactement ce qu'il s'est passé, pour moi en tout cas. Pourtant on a pris la décision ensemble mais on efface pas autant de temps passé avec une personne en claquant des doigts. Ca serait pratique si on pouvait parfois. Triste mais pratique. « Apparemment, oui ! Certaines personnes ne peuvent vraiment pas le soutenir, ce regard... C'est plutôt cool, dans un sens. » dit-elle en souriant. Je reste aussi détendu malgré la situation. Voir ces deux filles nous observer me rappelle encore toujours l'époque de notre couple. Je ne me suis jamais senti aussi protégé et exposé au yeux de tous qu'à ce moment de ma vie. Paradoxe. Mais être avec elle c'était accepter ça. On n'était vraiment tranquilles que dans notre nid en ville.

Ce ton léger avec lequel on a commencé à discuter me convient très bien, même si l'effet est toujours étrange. On n'avait encore jamais eu l'occasion de vraiment discuter de cette façon depuis notre séparation. On n'a pas eu le temps de discuter tout court depuis, vous me direz. Ce que j'ai voulu dire c'est discuter amicalement ... alors qu'on n'est plus ensemble. En tant qu'ex quoi ... Ouais okay, laissez-tomber, j'ai rien dit. « Ouais... » fait Hazel quand j'évoque à quel point le fait qu'on se retrouve dans cette ville et dans ce genre de soirée est ... spécial ? Étrange ? Bizarre ? Drôle ? Si je croyais au Destin, c'est sûrement vers lui que je me tournerais pour demander des explications. Cette scène, nous deux sur ce balcon, aurait très bien pu arriver auparavant. « Enfin, j'imagine que tu n'as pas arrêté de sortir... C'est moi qui ai préféré m'éloigner un peu de cette ville ces derniers mois. » a-t-elle continué. Je me retiens de la regarder et de lui demander pourquoi elle a eu envie de partir, de s'éloigner de New-York, si c'est à cause de son boulot ou ... Mais je me retiens parce que ça serait mal venu de ma part. « Je comprends. Et avec ton boulot ça serait dommage de pas en profiter. » ai-je fait avec un sourire. C'est vrai que c'est l'avantage d'un boulot pareil, voyager, voir le monde, les gens ... même si là, elle a juste parlé de s'éloigner d'ici. Je me demande soudain si mon "je comprends" ne peut pas être justement compris d'une façon un peu ... Juste parce que je sais pas très bien de quoi on parle. De nous ou d'autre chose. C'est vrai qu'après notre rupture, on ne s'est plus revus, même de façon hasardeuse en ville ... Plus aucun contact comme ça, d'un claquement de doigts. C'est sûr, quand on vient de rompre avec quelqu'un et qu'on veut tourner la page, le fait de ne pas croiser la personne en question est un avantage, mais bon ... « Je suis contente de te revoir, en tout cas... C'est étrange, mais pas déplaisant. » fait soudain Hazel en riant légèrement. Cette fois je la regarde, toujours avec ce même sourire. Je ne tarde pas à lui répondre. « Oh je suis flatté de ne pas avoir été trop déplaisant alors ... » ai-je fait pour plaisanter, avant de reprendre plus sérieux car je sais qu'elle est sincère et que ... moi aussi. « Mais plus sérieusement, je suis content de te revoir aussi. Ca a été une agréable surprise. » Je le pense vraiment. Notre histoire n'a certes pas été facile mais il y a eu tellement de bons moments, de moments forts que même les disputes qu'on a eu et les paparazzis ne peuvent pas gâcher nos retrouvailles. Soudain, je pense à une chose qui me tracasse depuis quelques minutes. « Tu t'es posée où depuis ton retour en ville ? A l'appart ? » Okay, ça peut paraître très ... étrange comme question mais au point où en est. C'est pas pour savoir où elle habite maintenant que je lui ai posé la question, c'est juste parce que ... je sais pas trop. J'ai repensé à notre appartement, au temps qu'on a passé là-bas et le nombre de mois qu'il n'est plus occupé. Un peu de nostalgie peut-être. Soudain, des bruits de voix masculines se mettent à couvrir la musique. Jusque-là adossé au balcon, je me retourne pour voir qu'en bas, dans la partie jardin sur laquelle le balcon donne, deux mecs commencent à se prendre la tête, sous les yeux amusés de quelques personnes autour. Le ton augmente et bien sûr, je reconnais la voix de Leo. Oh putain ! Pourquoi il faut toujours qu'il s'attire des problème en soirée ? L'autre type et lui sont à deux doigts d'en venir aux mains. Je lève les yeux au ciel, exaspéré. « Bien, bien ... Je suppose que je vais devoir y aller et sauver son cul en mettant en danger le mien ... Quel ami je serais si je restais les bras croisés hein ... »