Journée étrange en perspective … à vrai dire c’était le cas depuis plusieurs semaines, depuis qu’elle était de retour dans son appartement, voire même depuis qu’elle était sortie de son coma. Elle devait s’habituer à toutes les petites choses qui s’étaient déroulées autour d’elle sans qu’elle puisse avoir la moindre influence dessus, sans qu’elle puisse même s’en rendre compte. La vie avait continué, la Terre n’avait pas cessé de tourner tandis qu’elle se trouvait dans un sommeil artificiel et ça n’était pas plus mal ainsi, toutefois Arizona devait s’habituer aux changements sans forcément les comprendre. Certains détails lui échappaient encore. Sa mémoire lui faisait parfois défaut au point que même pour de tous petits détails elle en venait à avoir l’impression de devenir folle et entrait dans une colère pas possible. Elle n’aimait pas cette sensation, elle n’aimait pas le fait de ne pas se souvenir de tout alors qu’elle avait vécu ces moments. Le plus frustrant était sans doute de vivre sous le même toit qu’une inconnue qui pourtant était, selon les dires de son frère, sa demi-sœur. Comment Arizona pouvait-elle oublier une telle chose ? Certes, elle n’y était pas pour grand-chose si son subconscient avait décidé que l’adolescente était responsable de ses malheurs et qu’il avait profité de l’accident ainsi que du choc émotionnel pour l’effacer de sa mémoire, toutefois elle ne parvenait pas à faire taire sa culpabilité. La jeune femme lisait avec une facilité déconcertante la tristesse dans le regard de celle qui était donc sa demi-sœur. Chaque jour, à chaque fois qu’elle croisait Indiana elle se sentait mal et triste pour elle qui faisait tout pour l’aider tandis qu’elle-même n’était pas capable de se souvenir de leur première rencontre et des moments qu’elles avaient pu passer ensemble. C’était perturbant de savoir que la jeune fille avait en mémoire tout ce qu’Arizona avait oublié, mais qu’elle était dans l’incapacité de partager ses souvenirs pour l’aider. Indiana tenait le coup, toutefois la jeune femme était assez douée pour deviner que l’adolescente était à deux doigts de craquer et elle ne pouvait pas la blâmer. Elle faisait tellement pour elle et pourtant rien n’avançait, elle continuait de ne pas se rappeler d’elle, les seuls souvenirs qu’elle avait à présent étaient ceux qu’elles étaient actuellement en train de construire. Alors chaque réveil se révélait être difficile parce qu’elle craignait de lire la détresse dans le regard de la jeune fille comme elle craignait qu’elle ait baissé les bras et qu’elle ait pris la fuite.

Qu’allait-elle bien pouvoir faire dans une situation pareille ? Comment pourrait-elle être capable de savoir où Indiana avait pris la fuite alors qu’elle ne se souvenait pas d’elle ? Tant de question se bousculaient dans son esprit alors que la jeune femme avait à peine ouvert les yeux. Un soupire lui échappa et son regard se posa sur le cadran de son réveil … Une heure de l’après-midi. Elle n’osait plus bouger de sa chambre et il fallait avouer qu’elle n’avait plus grand-chose à faire depuis sa sortie de l’hôpital puisque travailler était hors de question. Le mois de juillet ayant débuté, elle savait pertinemment qu’Indiana n’avait plus cours et pourtant elle espérait sincèrement que sa demi-sœur soit sortie avec des amis pour qu’elle n’ait pas à la croiser, aussi dure que ça pouvait être de penser une telle chose. Il fallut cinq bonnes minutes de plus à la jeune femme pour trouver le courage de quitter son lit afin de se traîner hors de sa chambre pour prendre un bon petit-déjeuner suivit d’une bonne douche. Arizona ne pouvait décemment pas rester enfermer chez elle, pas une journée de plus si bien que sa douche prise et une fois habillée, elle saisit son BlackBerry et tapa rapidement sur les touches de ce dernier pour donner rendez-vous à l’une de ses amis en ville afin de pouvoir se vider la tête – même si avec son amnésie elle l’était déjà bien – et penser à autre chose qu’au fait qu’elle torturait involontairement sa demi-sœur. Par chance, son amnésie n’avait pas touché son aptitude à conduire et ce fut au volant de sa Chevrolet Cruze qu’elle se rendit à sa destination malgré la proximité par rapport à son appartement. Arizona n’était pas une feignante par nature, elle était même tout le contraire et se savait être sportive, mais depuis l’annonce de sa grossesse à son réveil, l’idée simple de marcher trop longtemps lui minait le moral si bien qu’elle préférait de loin s’économiser au maximum et tant pis pour l’écologie. Le lieu où elle donna rendez-vous à Elisa était un Starbuck au coin d’une rue, le même où la jeune femme se souvenait avoir travaillé dès son arrivée à New York deux ans auparavant, le même Starbuck où elle avait fait la connaissance de Logan, l’une des jumelles Duke devenues ses amies proches. Arizona en profita donc pour se prendre un chocolat viennois à défaut de pouvoir prendre une boisson à base de caféine, ce qui lui était fortement déconseillé avec sa grossesse après quoi elle alla se poser tranquillement sur un banc non loin dans l’attente de l’arrivée d’Elisa qui, elle l’espérait, ne serait pas trop longue.

Assise sur son banc, la jeune femme regardait les gens passer devant elle sans même lui prêter la moindre attention ce qui n’était pas plus mal. Elle n’aimait pas attirer l’attention sur elle, elle n’avait jamais aimé ça et ça ne sera jamais le cas. Sa vie était loin de faire dans la simplicité et la jeune femme avait bien assez de ça, elle n’avait nullement besoin d’en rajouter. Elle se devait de faire avec ce qui lui arrivait depuis son plus jeune âge ou plus exactement depuis le décès de son père. Tout semblait s’être enchaîné si rapidement, elle n’avait pas eu le temps de souffler qu’un autre problème lui tombait dessus, à croire qu’elle les attirait. Son amnésie n’avait pas touché ses souvenirs qui l’avaient torturé par le passé et pourtant elle aurait apprécié que ça soit le cas, mais non. Elle rêvait encore parfois de cet « accident » durant lequel son père était mort et qui aurait pu causer celle de son petite frère et la sienne. Chaque fois le rêve était différent, toutefois la fin était sans cesse la même, différente de la réalité puisqu’elle mourrait également, mais il s’agissait toujours de la même fin et à chaque fois c’était en sursaut qu’elle se réveillait, le corps en sueur et le souffle court. Ces cauchemars étaient plus régulier depuis sa sortie du coma, à croire que son cerveau s’était décidé à ressasser les démons de son passé pour lui infliger plus de peine que ce qu’elle pouvait déjà éprouver. La jeune femme revivait également son accident et à chaque fois qu’une lumière venait l’éblouir elle sentait la panique l’envahir comme si elle revivait l’évènement, comme si elle était à nouveau sur le point d’être percutée par une voiture. Arizona ne supportait pas cette sensation, elle n’aimait pas le fait d’avoir l’impression d’avoir peur de tout et de tout le monde. Elle ne contrôlait plus rien, pas même ses souvenirs et chaque jour elle avait un peu plus l’impression de devenir folle. Quand sa mémoire allait-elle accepté de fonctionner à nouveau correctement ? C’était une question qu’elle n’avait de cesse de se poser en ce moment. Elle avait oublié certains détails qui n’avaient, en soi, pas d’importance, mais il y en avait d’autres qu’elle avait occultés sans le vouloir, comme tous ceux qui étaient reliés à sa sœur.

Comment une telle chose pouvait-elle être possible ? Enfin, elle le savait, London le lui avait expliqué et puisqu’elle était étudiante en médecine elle connaissait quelques détails, mais tout de même … Elle avait passé plusieurs années auprès d’Indiana. Elles avaient partagé beaucoup de souvenirs toutes les deux et de ce qu’on lui avait dit, elles s’étaient soutenues à la mort de leur mère et lorsqu’elles étaient arrivées à New York, seulement Arizona n’en gardait pas le moindre souvenir. Sa demi-sœur était forte et elle éprouvait beaucoup de respect vis-à-vis d’elle car après tout vivre avec une personne qui n’a pas le moindre souvenir de soi et qui vous considère comme fautive de tous ses problèmes ce n’est pas une situation facile à vivre. Cependant, elle semblait tenir le coup ce qui n’était pas le cas d’Arizona qui fuyait au maximum son propre appartement pour ne pas avoir à croiser sa demi-sœur, pour ne pas avoir à lire dans son regard toute la douleur qu’elle pouvait éprouver dernièrement. Alors oui, sa vie lui semblait bien assez compliquée comme ça. Elle devait vivre avec son amnésie en priant pour que la mémoire lui revienne vite. Elle devait faire avec le fait qu’elle ne pouvait pas exercer son métier tant qu’elle n’allait pas mieux. Elle devait supporter le fait que son fiancé était mort dans cet accident et qu’elle portait son enfant depuis trois mois, une nouvelle qui la frustrait. La jeune femme n’avait pas pu avoir la joie – ou pas – de ressentir les premiers signes de sa grossesse. Elle n’avait pas pu s’imaginer la vie à trois et ne le pourrait plus, elle devait se contenter de vivre avec l’idée qu’elle portait un enfant en elle et qu’elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle allait faire. Pourtant, par le passé avoir un bébé avait été son plus grand désir et perdre celui qu’elle avait porté fut un choc, toutefois la situation lui semblait être bien différente. Ce n’était pas qu’elle ne parvenait pas à s’attacher à cet enfant, après tout il s’agissait d’un bout d’elle, seulement Arizona n’arrivait pas à se faire à l’idée que dans approximativement six mois elle donnerait naissance à un enfant … elle ne parvenait pas à l’accepter même si au fond d’elle, elle savait qu’elle le voulait. Ne pas attirer l’attention sur elle n’était pas plus mal.

Elle ne voulait pas que certains passants la regardent en se demandant ce qu’une jeune femme comme elle pouvait bien faire assise, seule, sur ce banc. Certes, elle ne devait pas être la seule, mais elle avait tendance à se faire facilement des idées, sûrement un autre effet secondaire qui la touchait depuis son réveil. Malgré la chaleur de ce mois de juillet, le chocolat chaud qu’elle buvait lui faisait le plus grand bien et l’apaisait. Elle passait le temps en avalant quelques gorgées tout en continuant d’analyser toutes ces personnes qui l’entouraient et l’endroit où elle-même était. Elle n’avait plus que ça à faire de toute manière. Elle analysait tout pour faire passer le temps, que ce soit ici ou dans son appartement à défaut de pouvoir faire autre chose. Et puis, une silhouette familière apparue dans son champ de vision et Arizona n’eut aucun mal à reconnaître la tête blonde d’Elisa tandis qu’un sourire étira que très doucement ses lèvres. Elle n’aimait pas être seule et surtout elle n’aimait pas vraiment attendre, mais la jeune femme avait appris à être patiente puisqu’il ne lui restait plus que ça pour pouvoir faire taire son envie de retourner à l’hôpital, de travailler à nouveau quatre-vingt heures par semaine à Lenox Hill. « Comment ça va ? A voir ta tête ça n’a pas vraiment l’air mais j’ai un petit cadeau pour toi ! C’est une petite blague que j’avais envie de te faire ! Tu ne le prends pas mal hein ! ». L’un des sourcils d’Arizona s’arqua sans qu’elle ne prenne le temps de lui répondre. Elisa avait une surprise qu’elle risquait de prendre mal ? Aussitôt sa curiosité se réveilla alors qu’elle attendait patiemment que son amie lui dévoile cette surprise, toujours assise sur son banc, le gobelet dans son chocolat viennois à la main. Lorsqu’elle vit le poisson rouge que la jeune Anglaise sortie de derrière son dos elle la regarda sans bien comprendre avant de faire le rapprochement avec son amnésie et aussitôt elle leva les yeux au ciel, légèrement amusée malgré tout. « Je t’ai trouvé un copain comme toi, sa mémoire lui fait défaut et il va bientôt faire des bébés ! ». Cette fois, Arizona ne put contenir son rire. En effet, ce poisson rouge et elle avaient apparemment beaucoup en commun et la plaisanterie d’Elisa – en plus de la toucher – lui redonnait le sourire.

« Je suis très touchée, merci. Je tiens quand même à préciser que ma mémoire ne s’efface pas toutes les trois secondes, mais Bob et moi avons tellement en commun qu’on deviendra de grands amis, j’en suis sûre. ». Amusée et son sourire toujours dessiné sur ses lèvres, Arizona attrapa le poisson rouge qu’elle amena au niveau de ses yeux pour le regarder tourner dans l’eau. Elle n’avait jamais vraiment eu d’animaux de compagnie, du moins aucun qui fut vraiment à elle. Sa sœur et ses frères avaient toujours eu tendance à ramener tout animal blessé qu’ils trouvaient pour les soigner, mais le plus souvent ces animaux repartaient tranquillement vivre auprès des leurs et jamais ils n’avaient eu de chiens ou de chats, manquant de temps pour eux. Ce poisson rouge allait donc être une première et surtout il allait être le moyen pour la jeune femme de se changer les idées puisqu’elle se voyait déjà faire des recherches sur comment bien s’occuper de lui et le nourrir, autant éviter qu’il ne meurt trop vite. « Et puis je te l’annonce de suite, dès que tu auras retrouvé toute ta mémoire, je t’achèterais un éléphant ! ». Riant une nouvelle fois. Arizona quitta Bob des yeux et posa son regard sur Elisa. Décidément, son amie avait le sens de l’humour aujourd’hui. La jeune femme se leva finalement de son banc, Bob dans une main et son gobelet dans l’autre et garda le regard posé sur Elisa. « Tu as mangé à clown ce matin ? Enfin évite l’éléphant quand même, ça prend trop de place. Je sais que mon appartement est grand, mais il appartient surtout à Cheyenne et je ne suis pas certaine que ma sœur soit très heureuse d’apprendre que j’ai un éléphant comme animal de compagnie, aussi atypique que ça puisse être. ». Imaginer la réaction de sa sœur jumelle avait tout de même quelque chose d’hilarant, mais la présence de l’éléphant dans l’appartement un peu moins. Enfin ça ne restait qu’une plaisanterie, cependant Arizona avait toujours eu une imagination débordante et dans son esprit elle se faisait en images tout ce dont on lui parlait, l’éléphant y comprit. Toutefois, ce n’était pas le sujet de la journée et la jeune femme secoua brièvement la tête pour se focaliser sur ce qu’elles allaient bien pouvoir faire. « Bon je t’avoue que je ne sais pas vraiment ce qu’on pourrait faire … enfin si, les magasins, même si mon armoire va finir par exploser, mais si tu avais une autre idée en tête je suis toute ouïe. ». Ces mots prononcés, elle porta son gobelet une dernière fois à ses lèvres pour le vider de son contenu et alla le jeter dans la poubelle la plus proche en évitant de confondre avec le pauvre Bob.

Un homme armé est entré dans le magasin. Il rassemble tout le monde dans un coin du magasin et vous tient en otage.

La grossesse qu’elle allait mener à terme était loin d’être celle à laquelle elle avait pu aspirer. Pourtant, pendant de nombreuses années elle avait fait partie de ces femmes qui tournaient vite obsédées par l’idée d’avoir un enfant rapidement. Elle en avait rêvé à travers chacun de ses rêves, que ces derniers soient heureux ou non. Elle n’avait eu de cesse d’y penser encore et encore, de s’imaginer avec un ventre bien rond, à sentir les coups de l’enfant en elle. Elle rêvait de la première échographie où elle allait pouvoir entendre les battements du cœur de son bébé et puis, plus tard, l’échographie où elle allait apprendre le sexe de son enfant. Même sans être enceinte, au cours de cette période, elle aurait été capable de se rendre dans un groupe de mères ou futures mères célibataires qui avaient choisi de l’être juste pour le plaisir de baigner dans une atmosphère qui se contentait de se développer dans son esprit. La jeune femme avait été un nombre indéterminable de fois dans les magasins pour bébés, femmes enceintes et jeunes mères au point qu’elle était encore plus ou moins capable de se souvenir du trajet à faire pour s’y rendre … du moins lorsque sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Être mère avait été son plus grand rêve, la médecine à côté n’avait pas la moindre importance. C’était ainsi, la demoiselle avait toujours été tournée vers sa famille et elle possédait depuis enfant un grand instinct maternelle sans même avoir eu d’enfants, il n’y avait qu’à voir la manière dont elle s’était comportée avec ses deux jeunes frères. Cependant, tout lui semblait bien différent aujourd’hui. Elle ne s’expliquait pas cette appréhension qu’elle avait développé vis-à-vis de sa grossesse actuelle. Elle aurait pourtant due être heureuse à l’idée d’avoir un enfant alors qu’elle s’était battue et n’y était jamais parvenue jusqu’à aujourd’hui … jusqu’à Wyatt et surtout jusqu’à son réveil il n’y avait pas si longtemps. La jeune femme avait peur même si elle trouvait le mot assez faible pour qualifier ce qu’elle ressentait, c’était … étrange. Elle développait une certaine appréhension et doutait d’être capable de gérer cet enfant alors qu’elle savait le désirer au plus profond d’elle-même.

Même si elle avait été dans la possibilité d’avorter, même si elle ne savait pas si elle était réellement prête à avoir cet enfant maintenant, Arizona savait qu’elle aurait été incapable de s’en séparer, pas uniquement parce qu’avorter ne faisait pas partie de ses croyances, mais aussi parce que cet enfant n’avait rien demandé et qu’il était un bout d’elle ainsi qu’un bout de l’homme avec lequel elle aurait dû faire sa vie. Le garder équivalait à garder une part de Wyatt dans ce monde et elle savait qu’elle n’allait pas en souffrir, bien au contraire. En réalité, c’était une vraie bataille qui se déroulait en elle. Tous ses raisonnements étaient contradictoires les uns avec les autres et c’était sans doute ce qui créait ce doute et le fait qu’elle ne savait plus où elle en était. Par moment, Arizona en venait même à envisager l’option de l’adoption si jamais elle se sentait vraiment incapable de gérer cet enfant, mais au fond … en serait-elle vraiment capable ? Comment pouvait-elle parvenir à gérer toutes les situations qui s’offraient à elle si elle n’était pas même capable de savoir ce qu’elle voulait faire d’un petit être qui grandissait en elle ? Passer du temps avec une amie était l’option la plus envisageable pour mieux se changer les idées. Elisa était une bonne amie à elle, une personne qui avait vécu quelque chose d’assez similaire avec sa grossesse et une jeune femme qui lui remontait assez facilement le moral. Sa petite plaisanterie sur le poisson rouge et l’éléphant l’avait fait sourire, aucun doute sur le fait qu’Elisa avait le don pour l’aider à penser à autre chose et pour la faire rire. Depuis son réveil et les quelques rares fois où elle avait passé du temps avec la jeune Anglaise, Arizona avait pu remarquer les efforts qu’elle faisait pour lui donner plus goût à sa grossesse et faire taire son appréhension. La jeune femme était véritablement touchée par ce qu’elle tentait de faire et ne faisait jamais rien contre, sans doute parce qu’elle avait besoin de quelqu’un pour lui ouvrir les yeux à défaut de pouvoir le faire elle-même. « Oui voilà tu as un fidèle compagnon maintenant qui va passer par les mêmes étapes que toi et qui pourra te soutenir ! Mais bien sur ma belle je sais que tu ne perds pas autant la mémoire, c’était juste un petit clin d’œil ! ».

De nouveau un large sourire amusé étira les lèvres de la jeune femme. Oui, Bob allait être un excellent compagnon, tout du moins si elle n’oubliait pas de le nourrir et qu’il ne finissait pas par mourir. « Et puis dans un appartement, je pense que l’éléphant passerait rapidement à travers les étages hein ! Mais je te taquine, promis je ne t’en offrirais pas un mais j’étais tellement contente de ma trouvaille de ma bêtise qu’il fallait que je te la sorte pour une fois que je trouve une blague un peu drôle ! ». Son petit sourire resta dessiné sur ses lèvres tandis qu’elle acquiesçait. Il était certain que l’éléphant dans son appartement – en plus de prendre de la place – allait faire une petite surprise à ses voisins du dessous et Arizona était certaine que ces derniers n’apprécieraient que très peu la plaisanterie si elle venait à leur expliquer la raison pour laquelle un éléphant avait traversé leur plafond. La jeune femme croisa ensuite les bras contre sa poitrine comme elle le put tandis qu’elle attendait silencieusement qu’Elisa lui explique ce qu’elle avait en tête pour leur petit moment ensemble vu qu’elle-même n’avait pas la moindre idée de ce qu’elles pouvaient faire pour occuper leur après-midi, oui elle invitait sans avoir de plan en tête, totalement Arizona ça. « On va aller faire les magasins pour bébé!!! Ma petite blonde grandit tellement vite que j’ai besoin d’affaire pour elle, surtout que vu que j’ai accouché sans que personne ne le sache, je n’ai pas eu beaucoup de cadeaux de naissance non pas que je m’en plaigne mais j’aurais été contente de les trouver là… Alors direction les vêtements de bébé ma belle !! Et tu n’as pas le droit de dire non ! ». Sa grimace due en dire long sur ce qu’elle pensait de cette idée. Aller faire les boutiques pour enfants n’était pas ce qu’elle avait prévu pour la journée. Arizona savait qu’Elisa tentait toujours de l’aider à accepter sa grossesse, mais elle avait bien trop peur d’être confrontée au monde de la puériculture et de revivre ses angoisses vis-à-vis de sa grossesse et de son bébé.

Toutefois, elle ne dit rien et se contenta de cette grimace tandis que la jeune Anglaise la traînait presque de force vers le magasin le plus prêt et plus précisément vers le rayon pour enfants. Arizona ne put s’empêcher de rester en retrait tandis que la jeune femme arpentait les différents rayons à la recherche de vêtements pour sa petite fille alors qu’elle n’osait même pas regarder autour d’elle. Dire qu’auparavant elle adorait venir dans ce genre d’endroit et s’imaginer en train de faire les magasins pour son propre enfant, maintenant elle en était réduite à détourner le regard parce qu’elle ne savait pas si oui ou non elle allait garder ce bébé qu’elle portait. « Tu les trouve comment ? Tu aimes ? Tu préfères lequel ? ». Arizona ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel lorsqu’Elisa lui demanda son avis. Décidément, elle était prête à tout pour l’aider à se faire à l’idée de la naissance prochaine de son bébé. La jeune femme rejoignit donc son amie en quelques pas pour regarder de plus près les vêtements qu’elle lui montrait en fronçant légèrement le nez pour finalement se décidé à en prendre un dans les mains. « Celui me plait mais … ». Plusieurs coups de feu suivis de cris firent taire la jeune femme dans un sursaut. Son regard se tourna automatiquement vers l’entrée du magasin où se trouvait un homme armé qui ne semblait pas même inquiet que son visage soit à la vue de tous. Par réflexe, elle recula de quelques pas en arrière pour agripper le poignet d’Elisa. « Que tout le monde se rassemble devant les caisses et ne tentez rien d’héroïque et d’idiot. ». L’arme de l’inconnu pointa la direction des caisses à toutes les personnes qui en étaient loin, Elisa et Arizona comprises. Sans rien dire, elle entraîna son amie vers l’endroit désigné et prit place à côté des autres clients et employés qui semblaient bien plus apeurés qu’elle. « Le premier qui bouge ne serait-ce que le petit doigt finira en passoire, je me suis bien fait comprendre ? ». Tout autour d’elle, des têtes s’agitèrent pour faire comprendre à l’homme qu’ils avaient bien compris. Elle-même, après avoir regardé les personnes près d’elle, se contenta de le fixer sans lui donner la moindre réponse … par moment elle ne pouvait pas s’empêcher de réaliser à quel point sa vie pouvait être anormale.

Qu’avait-elle bien pu faire pour mériter une vie pareille ? Enfin, elle ne s’en plaignait pas tellement pour ce dont elle se souvenait, mais tout de même. Les Ioannis semblaient avoir une malédiction qui planait au-dessus de leur tête et encore aujourd’hui cette dernière semblait vouloir la poursuivre et s’acharner sur elle. Pourtant, de ce qu’elle se souvenait elle n’avait rien fait de mal à part quelques petites bêtises enfants, mais qui n’en faisait pas ? Elle avait toujours été d’un naturel altruiste et se préoccupait avant tout du bien-être des autres et bien après du sien. Elle avait toujours été protectrice envers ses deux frères cadets et s’était bien comportée avec ses sœurs et son autre frère, enfin si on mettait Georgia de côté, mais là c’était différent. A vrai dire, il n’y avait qu’avec sa sœur aînée qu’elle n’avait pas été un exemple et pourtant elle n’avait jamais été mauvaise, parce que les conflits elle les évitait au maximum et que, par conséquent, elle avait toujours préféré ne pas lui parler ce qui était bien plus simple, surtout lorsque son aînée était partie de la maison. La jeune femme avait beau fouiller dans la partie intacte de sa mémoire rien n’expliquait qu’elle subisse autant de malheurs depuis toutes ces années, depuis qu’elle avait perdu son père. Peut-être était-ce une histoire de mauvais karma et qu’elle payait pour les erreurs de ses ancêtres, mais ce serait tellement injuste bien que cela soit la seule explication qu’elle parvenait à trouver et qui tenait un tant soit peu la route pour une croyante. Il était vrai que depuis le décès de son père elle avait enchaîné les difficultés, mais avec sa force de caractère elle était toujours parvenue à garder la tête haute et à éviter de couler au fond de l’eau – dans tous les sens du terme d’ailleurs.

Elle ne parvenait pas à haute cet évènement de sa tête et encore aujourd’hui il lui arrivait par moment de vouloir savoir par quel malheur le bateau avait coulé. Ses souvenirs étaient assez vagues, toutefois elle avait la certitude que ce n’était pas un accident et le fait que la police grecque ait si rapidement fermé l’enquête ne faisait que redoubler cette pensée, mais comment faire pour trouver la vérité ? La jeune femme savait que pour cela elle se devait de replonger dans le dossier de cette vieille affaire, malheureusement elle ne faisait pas partie des forces de l’ordre et n’avait aucune raison de récupérer ce dossier et de mettre son nez partout. Bien sûr, elle connaissait quelqu’un qui pourrait l’y aider, l’un de ses cousins mais elle refusait de l’embêter avec ça. Suite à cet évènement tragique d’autres avaient suivi comme le décès de sa mère, sa fausse couche et plus récemment son accident de voiture et son coma … voilà qu’à présent se rajoutait à cette longue liste une prise d’otages dans l’un des magasins les moins riches de la rue où elle se trouvait avec son amie, non vraiment la jeune femme attirait les problèmes comme un aimant. Pourtant, contrairement à toutes les personnes qui étaient actuellement en train de paniquer près des caisses, Arizona semblait sereine mais ce n’était qu’une apparence qu’elle se donnait. Elle avait certes connue pire par le passé, mais ce n’était pas pour autant que voir une arme s’agiter non loin d’elle ne lui faisait pas peur. Cet homme ne semblait pas être très sûr de ce qu’il faisait et c’était avant tout ce détail qui l’effrayait puisque, après tout, un coup pouvait si vite partir. La panique s’insinua en elle lentement comme un poison prenant le temps de parcourir toutes ses veines.

Ses pensées se tournèrent vers l’enfant qu’elle portait. Arizona ne sut pourquoi, mais son instinct maternel venait de se réveiller à présent qu’elle craignait de perdre si tragiquement cet enfant dont elle n’avait pas su quoi faire jusqu’à présent. Une grimace déforma son visage lorsqu’au bas de son ventre elle sentit une crampe se propager. La douleur fut telle que ses jambes se mirent à flageoler et qu’elle tomba à genoux sur le sol, la main portée au bas de son ventre, le souffle court. Dieu ce que ça pouvait être douloureux. Arizona due serrer la mâchoire pour retenir le cri de douleur qui voulait lui échapper. Elle refusait d’attirer l’attention sur elle même si le fait de tomber au sol avait éveillé la curiosité de quelques clients. La respiration haletante, la jeune femme serra son poing valide avec une telle force que ses ongles pénétrèrent dans la peau en lui causant de nouvelles douleurs pile au moment où Elisa se précipita vers elle et que le preneur d’otage tira un coup dans leur direction. Le bruit fut si fort et si près d’elle qu’Arizona en sursauta au point que sa respiration se coupa. Le monde se mit à danser autour d’elle, cependant elle usa d’autant de force que possible pour tenir le coup. « Stop ! Stop ! Désolée… On ne bougera plus, prenez ce que vous voulez mais ne nous faites pas de mal ! Mon amie est enceinte c’est la seule et unique raison qui l’a poussé à se mettre à terre ! ». Arizona se serait écoutée et surtout elle aurait été capable de bouger, cet homme se serait pris la droite du siècle et aurait fini sa journée derrière les barreaux. Néanmoins, elle ne voulait pas risquer de faire une bêtise et resta au sol tandis qu’il se servait et que sa douleur diminuait. Le regard plein de larmes qu’elle retenait, la jeune chirurgienne regarda cet idiot partir à toute vitesse tandis qu’autour d’elle, soulagés mais en état de choc, les gens se relevaient.

« Ça va ? S’est passé ? Arizona on n’est pas loin de l’hôpital tu veux que je t’y emmène de suite ? ». La jeune femme secoua la tête à la négative, incapable de parler pour l’instant. L’adrénaline que son corps avait créée était en train de se dissiper et aussitôt une nausée la secoua et sans la moindre élégance elle rendit tout ce qu’elle avait pu avaler depuis qu’elle avait ouvert les yeux dans son lit. Légèrement tremblante et pâle, Arizona se releva comme elle le put, vacillant quelques secondes avant que tout soit de nouveau stable. « La crampe est passée, mais je ne me sens pas très bien … ». La jeune femme s’approcha du comptoir le plus proche d’elles et s’y appuya. Elle se sentait faible et ses jambes avaient bien du mal à la maintenir debout. Son ventre émettait encore quelques douleurs qui la firent paniquer. Ce bébé elle refusait de la perdre, elle en était certaine à présent, pas celui-là, pas alors qu’il s’agissait d’un bout de l’homme qu’elle avait aimé et qu’elle avait perdu. Pratiquement affalée sur le comptoir et priant pour se sentir mieux dans les secondes qui allaient venir, Arizona s’apprêtait à accepter l’offre d’Elisa quant à aller à l’hôpital lorsque les sirènes de voitures de police parvint jusqu’à ses oreilles, partie comme ça, elles n’étaient pas prêtes de sortir de là. « Et toi ? Ça va ? ». Difficile d’aller bien alors qu’un homme venait tout juste de les menacer avec une arme, mais Arizona se devait de lui poser la question, de s’assurer qu’elle n’allait pas s’effondrer sur le sol. Son regard toujours flou à cause des larmes qu’elle continuait de retenir, elle tourna doucement la tête vers Elisa dans l’attente de sa réponse.

« Ne bouges pas je reviens. ». Arizona ne risquait pas de bouger. De toute manière où Elisa voulait-elle qu’elle aille ? La jeune femme était à moitié pliée en deux dans l’espoir de faire taire ses crampes alors qu’en médecin elle savait pertinemment que ça n’aurait pas le moindre effet hormis lui couper un peu plus la respiration. Elle s’éloigna finalement du comptoir de quelques pas pour tenter de se redresser et de rester droite pour respirer aussi régulièrement que possible, mais à chaque grimace de douleur qui venait déformer son visage Arizona ne pouvait s’empêcher de se plier à nouveau par pur réflexe. Elle était médecin, enfin plus chirurgienne que médecin à vrai dire, mais les enfants à naître elle connaissait. C’était l’angoisse de cette prise d’otage – bien que brève – qui éveillait ces douleurs. La panique avait réveillé la crainte de perdre son bébé au beau milieu de ce magasin et puisque c’était avant tout psychologique, son cerveau avait réagi de sorte à ce que son corps agisse dans ce sens. Elle savait donc qu’elle devait se calmer pour que les douleurs disparaissent, toutefois sa respiration était bien trop rapide et les battements de son cœur continuaient de s’affoler malgré tous les efforts qu’elle pouvait faire pour se calmer. Son regard fini par balayer l’endroit à la recherche d’Elisa, mais la seule chose qu’elle était capable de voir était toutes les personnes qui avaient été avec elles et qui étaient à présent interrogées par des policiers qui se trouvaient ici et là dans le magasin. Finalement, Arizona recula de quelques pas en arrière et s’adossa à nouveau contre le comptoir. Ses paupières se fermèrent doucement tandis qu’elle inspirait et expirait lentement, une main posée sur son ventre et la seconde posée au niveau de son cœur pour s’assurer que les battements de ce dernier devenaient plus réguliers.

« Mademoiselle ? ». La jeune femme continua ses gestes tout en ouvrant à nouveau les yeux pour les poser sur un pompier qui venait de pencher sa tête sur le côté afin de s’assurer qu’elle était toujours de ce monde. « Venez avec nous … ça va aller. ». Ça elle le savait malgré ce qu’elle pouvait laisser croire. Toutefois, Arizona n’eut pas d’autre choix que de suivre l’homme qui l’avait aidé à se redresser et la menait déjà au camion tandis qu’elle lançait un bref coup d’œil derrière elle mais trop tard pour apercevoir à nouveau Elisa. Une fois assise à l’arrière du camion, sa tension fut prise et se révéla être parfaitement correcte grâce au fait qu’elle était finalement parvenue à calmer sa respiration. Cependant, échapper à l’hôpital aurait été trop beau et elle voyait déjà la tête de son frère ou celle d’Ezra lorsqu’elle allait mettre les pieds aux urgences, mais pour l’instant le plus important était de savoir si Elisa allait bien et voyant cette dernière la rejoindre, un sourire rassuré étira ses lèvres. « Ça va mieux ma belle ne t’inquiètes pas ! J’ai eu tellement peur pour toi ! ». Et elle, elle avait eu peur pour elles deux et pour tout le monde à vrai dire. Son regard se posa brièvement sur un autre pompier qui s’occupa de vérifier une nouvelle et dernière fois sa tension et une fois ce dernier reparti ses yeux allèrent se poser de nouveau sur son amie. « C’était plus impressionnant qu’autre chose. J’ai eu un moment de panique, rien de bien grave même si le petit tour à l’hôpital va être malheureusement obligatoire. Mais tu es certaine que ça va ? ». S’inquiéter pour les autres était dans sa nature de médecin enfin dans sa nature tout court. Arizona était depuis toujours une jeune femme maternelle, peut-être parce que suite au divorce de ses parents elle avait pris à cœur le fait de s’occuper de Toscane, Paris et Phœnix … Son expression inquiète ne la quittait donc pas tandis qu’elle continuait de fixer Elisa.

Elle aurait aimé leur faire comprendre qu’il n’y avait pas mort d’homme et qu’elle se sentait très bien, mais la jeune femme les connaissait ou tout moins elle connaissait les personnes comme eux qui prenaient très au sérieux leur métier. Elle était enceinte et elle venait de subir une sacrée frayeur après une prise d’otages où elle avait bien cru y rester. Le stress, l’angoisse plus sa douleur abdominale prouvaient bien qu’elle n’allait pas si bien que ça, mais tout de même. Ce n’était pas une grande adepte du fait que l’on soit aux petits soins pour elle, seulement depuis son accident, son coma et l’annonce de sa grossesse c’était à croire qu’elle attirait l’attention sur elle et bien que ceci avait tendance à l’agacer au plus haut point elle avait fini par se dire que, quoi qu’elle dise, ça continuerait ainsi jusqu’à ce qu’elle soit définitivement à nouveau sur pieds. Malheureusement pour Arizona, elle ignorait totalement lorsque ce moment allait venir et elle continuait d’espérer chaque jour que sa mémoire lui reviendrait et ce même si ce n’était que par flash, mais pour l’instant rien. Elle devait simplement se contenter de se calmer – ce qui était déjà presque le cas – tandis qu’autour d’elle, à l’arrière du camion, les pompiers continuaient de lui tourner autour pour s’assurer qu’elle ne ferait pas une rechute ou qu’elle n’allait pas tourner de l’œil. Mais pour la résidente, il n’y avait que la santé de son amie qui comptait, instinct de médecin oblige. Elle n’était pas la seule à avoir eu une sacrée peur et elle trouvait Elisa bien pâle malgré ce qu’elle pouvait lui assurer. Les symptômes, la jeune femme était capable de les repérer assez rapidement, toutefois n’étant pas Dieu, Arizona ne pouvait pas prédire si oui ou non la jeune Anglaise allait perdre connaissance.

« Oui je vais bien Arizona… Je ne pensais pas vivre une fois ça dans ma vie, j’aurais préféré ne jamais le vivre autant te dire, mais après tout, en Amérique tout est permis… un peu trop même … Bref je n’attends que deux choses pour aller un peu mieux : savoir que tout va vraiment bien pour toi et ton bébé et retrouver ma fille pour la serrer dans mes bras. ». Un petit sourire étira malgré tous les lèvres de l’Australienne. Au moins elle pouvait être certaine qu’Elisa ne perdait pas le Nord et elle comprenait parfaitement son envie d’en finir au plus vite pour être animée de la même. Arizona aimait les hôpitaux mais uniquement lorsqu’il s’agissait d’y travailler et non pas de s’y rendre pour elle et pourtant elle ne disait rien parce que cette prise d’otage – bien que courte – lui avait fait prendre conscience du fait que maintenant elle n’était plus toute seule et que déjà il y avait un petit être en elle qu’elle devait protéger et pour ça elle devait aller s’assurer que tout se passait pour le mieux. « Je comprends parfaitement, ça ne devrait pas prendre trop de temps … sauf si on croise mon frère, mais tu auras le droit de t’échapper. ». La jeune femme appuya ses paroles avec un bref mouvement de la tête et lui adressa un nouveau sourire amusé. De toute manière, si jamais elles venaient à voir London elle savait d’avance qu’Elisa serait très vite ennuyée par la discussion entre les deux Ioannis qui finirait par un sermon de la part de l’aîné pour sa cadette. Cependant, son sourire disparu assez rapidement de ses lèvres lorsqu’elle vit la jeune femme pâlir de seconde en seconde et tout juste quelques instants avant que cette dernière ne tourne de l’œil, Arizona saisit le bras d’un pompier qui se tourna vers elle et se précipita en direction de la jeune Anglaise pour la rattraper de justesse et l’allonger sur l’un des deux brancards.

Attentive aux moindres faits et gestes des deux hommes en leur présence qui s’assuraient que tout allait bien pour Elisa, elle garda un œil sur son amie jusqu’à ce que cette dernière ne se réveille. « Tout va bien madame vous avez juste fait une chute de tension ! Il va peut-être falloir rester à l’hôpital une nuit pour que vous ne soyez pas seule si ça vous arrive à nouveau ! ». Son regard bien veillant voyagea d’Elisa au pompier puis du pompier à Elisa. Au moins elle ne serait plus la seule à devoir sans doute rester en observation pour la nuit. « Dis leur toi qui est en médecine que j’ai tout sauf envie de rester à l’hôpital et que je vais bien ! ». Arizona plissa légèrement les yeux et détourna son regard vers l’un des pompiers qui la regardait avec surprise, sans doute le fait d’apprendre qu’elle était médecin. Pinçant légèrement les lèvres pour se donner l’air de réfléchir, elle laissa quelques secondes s’écouler sans rien dire et posa les yeux sur la jeune femme. « Je peux aussi t’achever maintenant … je suis en médecine ça sera rapide et indolore ! ». Amusée, elle reprit toutefois assez vite son sérieux tout en sentant le camion ralentir, signe qu’elles arrivaient aux urgences. « Plus sérieusement, il vaut mieux que tu restes en observation étant donné ce que tu nous as fait, si jamais ça arrive chez toi et qu’il n’y a personne ça peut s’aggraver et puis … je pense que je vais avoir le droit à une petite nuit ici aussi et la nourriture est pas si terrible que ce qu’on peut croire. ». Et surtout elles n’auraient pas à cuisiner ce qui, dans le cas d’Arizona, l’arrangeait parfaitement et lui évitait de passer une nouvelle nuit à fixer le plafond de sa chambre ou une soirée à éviter le regard d’Indiana.