❝ Zhora & Charles ❞

« Tu vas réellement y aller ? ». Son regard quitta son reflet pour aller se poser sur l’homme un peu plus en retrait que se trouvait dans le couloir, sur le pas de la porte de sa chambre. Difficile de ne pas déceler sa surprise autant dans sa voix que dans l’expression de son visage, mais ça ne le surprenait pas. Depuis toujours, les soirées mondaines il les évitait au maximum, ce n’était pas qu’il n’aimait pas ça, mais ce n’était pas sa tasse de thé, non sans vouloir user d’un mauvais jeu de mots par rapport à ses origines. Sa mère avait traîné ses trois enfants avant tout pour ne pas s’y sentir seule parce qu’autant l’avouer, la nouvelle génération de la famille Sutherland n’était pas très friande de ce genre d’évènement, toutefois ils se pliaient aux exigences de leurs aînés et s’y rendaient même si c’était à reculons. Son frère aîné y avait d’autant plus échappé que lui lorsqu’il avait fait le choix de partir avec leur père pour les États-Unis suite au divorce de leurs parents alors que lui … et bien il avait dû subir ces évènements assez régulièrement. Il était fier de son titre quelque part, même s’il lui apportait surtout du respect et de l’argent plus qu’autre chose, mais tout de même, par moment il se serait bien passé de tout ce qu’il y avait autour. Manque de chance pour lui, il n’était pas de garde cette nuit et il n’avait aucune excuse pour ne pas se rendre à l’une de ces soirées très côtés de New York à laquelle sa mère l’avait supplié d’aller.

Sur le coup, l’envie de lui demander pourquoi elle n’y allait pas elle-même lui traversa l’esprit, mais il garda ces paroles pour lui en se rappelant que faire la traversé de l’océan qui séparait l’Écosse des États-Unis pouvait être une voyage fatiguant et que sa mère avait sans doute bien mieux à faire dans son pays natal. Finalement, il avait accepté et lorsque son frère aîné était venu lui rendre visite à quelques jours de son déploiement en Afghanistan il avait été bien déçu d’apprendre que son petit frère avait une fois de plus cédé aux caprices de leur famille bien qu’il fut tout de même étonné de son choix. Charles préféra ne rien dire et regarda de nouveau son reflet dans le miroir face à lui, non vraiment il avait la sensation de ressembler à un pingouin habiller comme ça … quoi que c’était toujours mieux que l’uniforme qu’il avait dû porter lorsqu’il étudiait à Londres parce que très sincèrement, les smokings en queue de pie il n’y avait pas mieux pour se sentir ridicule. Lorsqu’il tourna de nouveau la tête vers Henry, son frère aîné, il vit un sourire moqueur se dessiner sur ses lèvres le forçant à lever les yeux au ciel quelque peu exaspéré. « C’est ça, moque toi ! On verra ce que tu lui répondras à notre très chère mère lorsqu’elle t’appellera pour lui rendre service parce que je te rappelle que toi aussi tu le portes ce fichu titre de comte. ». Henry savait que son petit frère avait raison et son silence en était la preuve. Sourire triomphant aux lèvres, Charles attrapa sa veste qu’il enfila et passa devant son frère en lui faisait un bref signe de tête pour lui faire comprendre que pour lui aussi il était temps de partir de l’appartement. « Très bien … puisque c’est ma dernière soirée avec mon petit frère, je t’accompagne mais je te préviens, tu me le revaudras. ».

De nouveau Charles roula des yeux et fit signe à son frère de sortir de l’appartement. Ce fut donc en compagnie de son frère aîné qu’il mit les pieds à cette soirée à laquelle sa mère tenait tellement qu’il se rende. Tout était aussi similaire que ces soirées auxquelles il avait assisté plus jeune, la seule différence était bien le fait qu’il n’était plus un enfant et que, par conséquent, il allait d’autant plus subir les conversations ennuyeuses de certaines personnes. A cette pensée, lorsqu’il vit un plateau – avant le serveur d’ailleurs – passer près de lui avec des coupes de champagne il n’hésita pas à en saisir deux, une pour lui et la seconde qu’il tendit à son frère qui la bu d’un trait tandis que son cadet se retenait de rire. L’un comme l’autre n’aimaient que très peu le fait de se trouver là, mais maintenant qu’ils en avaient fait le choix ils ne pouvaient plus reculer et pourtant Charles sentait que son frère en avait de plus en plus envie et qu’il avait sans doute prévu bien mieux pour la dernière soirée avec son petit frère. Le jeune homme balaya la salle du regard et il ne tarda pas à voir une vieille connaissance de sa famille maternelle – une comtesse ou une duchesse, il ne savait plus – venir droit sur eux et sans même prévenir son frère, il fit un pas en arrière, puis un autre et fit demi-tour en laissant le pauvre Henry se débrouiller par lui-même pour s’en sortir. Fier de lui, Charles posa sa coupe de champagne vide et alla saluer quelques personnes avant d’être pris au beau milieu d’une conversation dont il ne connaissait pas le sujet, mais à laquelle il s’efforça de s’intéresser pour donner bonne impression et ne pas salir l’image des Sutherland. « Charles, toi ici ? tu ne devais pas avoir grand-chose à faire, pour que tu viennes à ce genre de fête ... oh je te présente Zhora Blishwick, c’est la nouvelle présidente du cercle ... Zhora voici Charles le comte de Sutherland, il est major dans l’armée ... ».

Le jeune homme se tourna vers celle qui venait de l’appeler et lui adressa un sourire qu’il tenta de ne pas trop forcer tandis qu’elle résumait presque tout son CV à la jeune demoiselle près d’elle qu’il ne tarda pas à saluer d’un franc sourire cette fois. « J’ignorais qu’il y avait eu du changement au niveau de la présidence, mais ravi de vous rencontrer Zhora. ». En réalité, il s’en moquait royalement de ce changement, mais autant sauver les apparences. Le jeune homme avait bien assez à faire avec ces deux métiers sans devoir en plus éplucher toutes les dernières nouvelles du monde dans lequel il était plongé ce soir, toutefois il aurait apprécié que sa mère lui en touche un mot, mais au moins à présent qu’il était au courant il ne risquait pas de faire la moindre gaffe. « Et oui, ce soir je n’avais pas grand-chose à faire et puis vous connaissez ma mère … dès qu’elle peut faire en sorte qu’un Sutherland se trouve à une soirée aussi importante elle le fait, d’ailleurs … mon frère est par là-bas si jamais vous souhaitiez le voir. ». Voilà, bien les brosser dans le sens du poil. Autant dire qu’il n’avait pas perdu la main sur l’art et la manière de bien se faire voir. Visiblement ravie de savoir que son frère aîné se trouvait également à cette soirée, Grace ne tarda pas à abandonner Zhora ainsi que Charles qui leva les yeux au ciel tout en poussant un soupire de soulagement, son regard se posa ensuite sur la jeune femme face à lui. « Désolé de l’avoir fait partir sans vous … mais je sais qu’elle adore mon frère depuis quelques années. ». Bon, il y avait mieux pour engager la conversation seulement le jeune homme avait beau être comte et se rendre aux soirées comme celle-ci ce n’était pas pour autant qu’il avait de nombreux sujets de conversations plus ennuyeux les uns que les autres à déballer.

Charles avait beau regretté d’être là et d’avoir fait tomber à l’eau les plans de son frère, le voir aussi mal à l’aise parmi toutes ces personnes chassa ces pensées de son esprit tandis qu’il s’amusait de la situation de son aîné. Ils avaient toujours été taquin l’un envers l’autre bien que Henry ait toujours été plus doué à ce jeu que son cadet. Ils avaient passé leur temps à se chamailler, mais ils étaient toujours présents l’un pour l’autre et ce surtout depuis le décès de Bethany. C’était principalement son frère qui lui avait permis d’avancer et qui l’avait un tant soit peu convaincu du fait qu’il n’était en rien coupable de la mort de leur cadette et l’écossais savait qu’il ne le remercierait probablement jamais assez pour ça même s’il n’était pas totalement convaincu d’être innocent. Mais ce soir ce n’était pas le moment d’y penser. Même s’il n’avait nullement envie d’être là il se devait de prétexter le contraire ou tout du moins de laisser croire l’inverse. Il était devenu doué à ce jeu à force d’être baladé de soirées en soirées lorsqu’il vivait encore à en Écosse ou depuis qu’il était aux États-Unis. Ces personnes, il les connaissait plus ou moins, mais toutes savaient pertinemment qui lui était et parfois Charles trouvait ça déstabilisant, c’était à croire que quelque part se trouvait un dossier que ces personnes consultaient pour connaitre sa vie sur le bout des doigts et pour pouvoir en parler.

La jeune fille qui lui fut présentée lui était parfaitement inconnue comme lui-même l’avait souligné. Il ne s’intéressait réellement pas au cercle et à la vie mondaine, il possédait peut-être un titre mais c’était bien tout, sa vie était bien loin de tout ça, bien loin des rumeurs qui pouvaient courir ici et là ce soir. Lui se contentait de ce qu’il considérait comme étant la vraie vie, il se préoccupait uniquement de ses patients et de la crainte de repartir au front dans peu de temps, mais Charles sauvait les apparences, comme toujours et il semblait bien plus doué que son aîné. « Je ... ohhh pardon qu’avez-vous dit ? ». Son regard se posa sur Marley, surprit qu’elle n’ait pas fait attention à ses paroles alors que d’habitude chaque mot semblait être décortiqué au millimètre près. Toutefois, un sourire amusé ne tarda pas à prendre place sur ses lèvres, loin d’être vexé par le peu d’attention qu’elle semblait lui porter, au contraire ça changeait. « Voyons Marley ce n’est pas le moment de rêver ... Charles disait qu’il était ravi de te rencontrer. ». Cette fois ce fut en direction de Grace que son attention se porta. Il aurait voulu lui dire que ce n’était pas la peine de relever et l’embêter avec ce qu’il avait pu ou non dire, mais l’écossais préféra garder ça sous silence et garder cette bonne image que la plupart des femmes présentes semblaient avoir de lui. « Le plaisir est partagé. ».

Son sourire toujours aux lèvres, Charles se contenta d’acquiescer et détourna le regard en direction de son frère qu’il avait perdu dans la foule – mais qu’il ne tarda pas à retrouver – pour s’assurer que ce dernier était toujours en vie ou n’avait pas encore fait le moindre meurtre. « Ohh ce n’est pas grave ... qui suis-je pour empêcher leurs retrouvailles ... ». Charles pouffa, à la fois pour les paroles que venait de prononcer la demoiselle que pour le regard assassin que son frère lui lança lorsque Grace arriva vers lui. Il allait le payer, il le savait très bien mais c’était bien trop amusant pour s’en empêcher. « Comment trouvez-vous la soirée ? ». L’infirmier arqua un sourcil et mit un petit temps avant de poser les yeux sur Marley en se répétant aussi vite que possible sa question pour ne pas rester comme un idiot plus longtemps. « Comme toutes les autres … Je suis ici plus par obligation que par choix, mais contrairement à mon frère je sais mieux le cacher. ». Charles appuya ses paroles d’un nouveau petit sourire jusqu’à voir une femme foncée droit sur eux. Ses sourcils se froncèrent lorsqu’il la reconnu et elle n’avait pas même eu besoin d’ouvrir la bouche que déjà il pouvait deviner que les paroles de cette langue de vipère allaient faire mal. « Marley ma chérie ... je ne m’attendais pas à te voir ici après ce qu’il s’est passé ... ». Curieux, il plissa les yeux avant de les poser sur la jeune fille à ses côtés en tâchant de deviner de quoi Vivianne pouvait parler.

A ne s’intéresser que si peu à ce monde, Charles était loin d’être au courant de tout, il était d’ailleurs au courant de rien du tout en fait. « Enfin si tu as besoin de quelque chose n’hésite pas ... j’imagine que voir les policiers débarquer chez soit pour vous annoncer que votre frère est mort d’une overdose doit être une véritable épreuve ... je suis là pour toi ... ». La bouche du jeune homme s’ouvrit mais aucun son n’en sortit. A la place il détourna son attention vers la jeune femme devant eux et ne put s’empêcher de la fusiller du regard dans l’espoir de lui faire comprendre qu’elle pouvait garder ses propos mal placés pour elle. « Oh je n’en doute pas venant de toi ... tu es si prévenante ... dit moi je n’ai pas vu ton mari encore ? Il n’est pas là ? ». Charles regarda Vivianne dans l’attente d’une réponse en croisant les bras contre son torse en silence. Toutefois rien ne semblait venir et la jeune femme préféra s’en aller sans un mot ce qui eut le don d’amuser le jeune homme qui ne put s’empêcher de pouffer en posant les yeux sur Marley. « Je suppose que les relations avec son mari ne sont pas au beau fixe ? », demanda-t-il sans parvenir à ôter son sourire de ses lèvres. Si ces soirées ne l’intéressaient pas, se mêler de la vie des personnes qui s’y rendaient l’intéressait encore moins et pourtant, cette fois sa curiosité semblait être piquée à vif et Charles était bien curieux de connaître la raison qui avait poussé Vivianne à prendre si mal les paroles de la demoiselle.

Du coup j'ai changé Zhora pour Marley

Henry devait probablement le haïr, mais lui s’en amusait. Il avait toujours adoré taquiner son frère aîné qui le lui avait toujours parfaitement rendu. Malgré les quelques années qui les avaient toujours séparés, l’un comme l’autre avaient toujours été complices, une complicité qu’ils chérissaient d’autant plus depuis le décès de leur petite sœur. Longtemps, il s’était senti coupable à la fois pour le divorce de ses parents – ainsi que le départ d’Henry d’Ecosse – que pour la mort de Bethany, mais son frère avait toujours fait en sorte que son petit frère ôte cette idée stupide de son esprit. En apparences, Charles faisait de son mieux pour affirmer qu’à présent cette culpabilité qui l’avait rongé n’existait plus, mais ce n’était jamais qu’un jeu auquel il jouait pour ne pas inquiéter son frère. La seule crainte qu’il exprimait librement était en rapport avec le départ de son aîné. Les déploiements avaient toujours été la plus grande peur de sa famille. Sa mère avait éprouvé cette angoisse avant eux pour tous les départs de leur père, puis Charles et ses parents l’avaient également connu lorsque Henry s’était engagé et lui-même avait suivi. L’armée touchait une partie de la famille, plus précisément de la branche Leonelli et pourtant personne n’arrivait à s’habituer à cette crainte et Charles doutait d’en être capable un jour.

Venir à cette soirée était loin d’être ce à quoi les deux Sutherland s’étaient attendus et pourtant ils étaient là, l’un comme l’autre à supporter des discussions qui étaient bien loin de les intéresser eux qui avaient toujours fait en sorte de s’éloigner le plus de la vie mondaine qui était supposée aller de pair avec leur titre. « C’est vrai que vous êtes meilleur acteur ... ». Un sourire étira les lèvres de l’écossais qui posa à nouveau le regard en direction de son frère. Si Henry avait eu des armes à la place des yeux il était probable que le jeune Sutherland ne soit déjà plus de ce monde. Son frère avait une sainte horreur de ces soirées et surtout une grande difficulté à le cacher. Tous ses sourires paraissaient faux et il n’était pas difficile de le sentir mal à l’aise. Charles, quant à lui, avait plus ou moins l’habitude pour toutes ces fois où il avait cédé à sa mère et autant dire qu’avec le temps il avait eu de quoi s’entraîner. « Donc vous êtes l’un de ces malheurs qui a été attiré de force dans nos soirées mondaines ... qui donc a bien pu vous obliger à venir ? ». Le jeune homme opina du chef concernant les premières paroles de Marley et n’eut guère le temps de répondre à sa question, Viviane ayant foncé droit vers eux comme le rapace qu’elle pouvait être. S’il était un bon acteur comme venait de le lui dire Marley, il ne put toutefois cacher l’agacement qui le gagnait face à cette femme qui en parfaite vipère déversait son venin sans le moindre mal. C’était dans ce genre de moment qu’il rêvait de pouvoir utiliser son titre de comte pour la forcer à se taire et à se faire toute petite, mais puisqu’il devait garder une certaine image de sa famille, il s’en passa.

Toutefois, la jeune fille à ses côtés eu le don de la faire fuir aussi vite qu’elle était venue, un véritable soulagement pour l’un comme pour l’autre. « Effectivement, son mari l’a quitté pour passer ses vacances avec sa nouvelle conquête ... qui s'appelle Marc ... c’est un secret mais bien sûr tout le monde est au courant ». Un rire lui échappa tandis qu’il suivait Viviane du regard. Pas étonnant que cette femme souhaitait que ça reste un secret et il n’était pas plus étonnant qu’elle soit si mauvaise avec les gens, ce ne devait pas être simple de voir son mari partir, mais partir avec un homme devait être encore pire bien que lui-même ne voyait rien de bien gênant. « Je comprends que ça ne soit pas le genre de sujet qu’elle aime entamer. ». Son regard se détourna pour aller se poser sur Marley, un petit sourire étirant alors ses lèvres. « Et c’est ma mère … par rapport à votre question. Etant donnée qu’elle est en Ecosse elle n’avait pas très envie de payer le voyage juste une soirée … même si je la soupçonne de ne simplement pas vouloir venir. ». Cette fois son sourire fut bien plus amusé. Charles n’éprouvait aucune honte à dire clairement ce que pouvait ressentir sa famille – du moins sa mère, son frère et lui – vis-à-vis de ce genre d’évènement. Il n’aimait pas mentir et préférait de loin la franchise quitte à être mal vu. Seulement, il était là et malgré le fait qu’il n’en avait pas la moindre envie et il jugeait que son effort rattrapait largement son aveu.

Les personnes comme cette chère Viviane avaient toujours eu le don de l’exaspérer au plus haut point. Il était né au sein d’une famille qui côtoyait le monde mondain depuis des années voire même depuis des siècles. Il appartenait à la noblesse écossaise sans véritablement l’avoir voulu – et il avait d’ailleurs dû subir très tôt les conflits qui avaient opposé sa famille aux grandes familles d’Angleterre. Rapidement, le jeune homme avait dû s’habituer à ce genre d’évènements et pourtant à plusieurs reprises il aurait aimé pouvoir fuir sans que personne ne remarque sa disparition. A vrai dire, Charles savait qu’il aurait pu le faire assez aisément, après tout à l’époque il n’était qu’un petit garçon qui ne pensait qu’à s’amuser, sa présence n’avait rien de bien important à part pour sa mère. Toutefois, le jeune homme avait eu la chance de ne pas être le seul Sutherland à supporter ces soirées mondaines puisqu’avec lui se trouvaient toujours Henry et Bethany … du moins à l’époque. En grandissant, il avait développé un certain dégoût pour ces évènements, une certaine aversion que sa mère avait également éprouvé à son âge, mais tous avaient fini par se plier à ces coutumes ancrées dans leur famille depuis des générations.

Henry était celui qui y avait échappé le plus rapidement, puis Charles et Bethany avaient été sauvés par leurs études qu’ils avaient tous les deux effectués chez une tante à Londres. Cependant, toutes ces soirées auxquelles il avait pu assister plus jeune ou encore une fois adulte lui avaient permis de développer un don pour ne pas laisser apparaitre le fait qu’il n’aimait pas être là où il était, mais ça lui avait également permis de se rendre compte combien les gens de la haute société pouvaient être cruels entre eux … comme Viviane. « Elle ne se gêne pas lorsqu’il s’agit des autres ... il est normal de lui rafraîchir la mémoire pour lui faire comprendre que son passé n’est pas tous blanc aussi ... avec ce genre de femme il ne faut surtout pas se laisser impressionner sinon elle vous mangera tous crue ». Le regard posé sur Marley et les bras croisés contre son torse, Charles était parfaitement d’accord avec les propos de la jeune femme. Si Viviane semblait tant se délecter le fait de verser son poison il était parfaitement normal qu’en retour elle mérite autant de moquerie que ce qu’elle-même pouvait produire envers les autres. « Vous remplacez donc votre mère, c’est très gentil à vous ... d’autres homme ne l’auraient pas fait. ». Un sourire étira ses lèvres. Il n’en avait pas le moindre doute, il n’y avait qu’à regarder son frère aîné pour le savoir. Jamais Henry n’aurait accepté de se rendre ici de son propre chef, c’était uniquement pour passer du temps avec son cadet qu’il avait fini par se dire que deux comtes Sutherland valaient mieux qu’un seul.

« Ma mère a fait beaucoup pour moi … je pars du principe que je le lui dois bien. ». Et puis il ne serait pas là sans elle et sans son père. De plus, ce n’était jamais qu’une soirée parmi bien d’autres et même si Charles n’aimait pas ça, il savait que ça n’allait pas le tuer pour autant. « Vous êtes donc venus seul ? Je veux dire aucune femme n’est là pour vous distraire ce soir ? ». Si son regard avait de nouveau fait le tour de la salle pour observer tout ce beau petit monde, son attention se porta bien rapidement vers Marley tandis que son sourire se fit bien plus présent sur ses lèves. « En effet … il y a maintenant deux ans qu’aucune femme ne me distrait … enfin, j’entends par là que je suis bien seul. » se rattrapa-t-il en prenant conscience que sa phrase précédente pouvait porter à confusion. Sans quitter la demoiselle du regard, Charles se tourna de sorte à lui faire face tout en laissant ses bras tomber le long de son corps. « Et vous ? Aucun charmant jeune homme pour vous faire la cour pour rester dans l’esprit de cette soirée ? ». Faire la cour à une jeune femme … un concept bien ancien à ses yeux, mais que le jeune homme trouvait tout de même intéressant tant il pouvait demander de faire preuve de respect auprès des femmes, une valeur qui disparaissait de plus en plus selon lui.