Shyann racontait monts et merveilles, comme toujours. Il racontait des cracks, et tout le monde le gobait comme des petits enfants en mal d’histoires frissonnantes. Ils étaient tous alignés sur le comptoir, les uns à côtés des autres telles des fragiles quilles. Maria regardait le spectacle attablée seule, près de la vitre. De temps en temps, elle jetait un coup d’œil par la fenêtre, simple geste. Elle ne riait pas, elle, aux aventures contaient du jeune homme contrairement à son petit public. Leurs rires gras suintants l’alcool irritèrent les oreilles de Maria. Elle ne trouvait pas cela drôle, il n’y avait rien de drôle là-dedans. Juste un gars qui devait certainement une vie, un de plus. Les bars, c’était ce genre d’endroit rempli d’ivrognes qui viraient schizophrènes à un moment donné de leur soirée beuverie. Ca la faisait bien sourire, elle Maria. Elle souriait, oui. Mais elle ne riait pas. Elle n’en riait pas. Là était toute la différence. Shyann racontait à présent ses furtives rencontres qu’il avait pu faire en taules en n’oubliant aucun détail. Sans les détails, ce ne serait guère intéressant comme récit. Il continua à narrer chacun des faits, se remémorant à haute voix la fois où il s’était pris ce couteau dans la cuisse lorsqu’il était dans la cours… Cela, Maria n’avait peu écouté. Lasse de ce qu’elle pouvait écouter. Elle termina son verre –il ne restait plus qu’un fond. Puis elle se leva afin de rejoindre le comptoir. Non, elle ne comptait pas se joindre à eux. Elle allait voir Tao. Tao était le barman, elle avait vaguement sympathisé avec lui. Il était d’origine sénégalaise d’après ce qu’il lui avait dit. Dakar, c’était bien au Sénégal ? Qu’importe, c’était un détail qui n’avait guère d’importance. Après un bref échange, elle lui demanda si elle ne voulait pas avoir à tout hasard un deuxième demi. Bien entendu, il n’allait pas lui refuser cela. Pas à Maria. Surtout pas à elle. Maria, c’était ce genre de fille à qui on ne pouvait rien refuser, celle à qui on voulait combler tous ses désirs et toutes ses envies. Peut-être que c’était à cause de son physique bien trop gâté par la nature, ou peut-être est-ce à cause de son fort caractère. Peut-être était-ce un peu des deux.

Maria porta rapidement son regard vers la porte d’entrée qui venait de s’ouvrir. Par curiosité, certainement, elle s’attarda sur ce nouveau venu. Un homme assez grand, doté d’un physique plutôt bien gâté lui aussi. Elle arqua un sourcil, avant de froncer un sourcil, reconnaissant alors les traits d’Ivan. Ivan, ce n’était pas son ami. Il n’était pas non plus un inconnu… Ivan, il était… il était juste Ivan. Ce dernier s’approcha à son tour du comptoir, qui semblait être devenu l’objet de l’attention de tout le monde et de n’importe qui à la fois. « Ivan ! lâcha-t-elle, couvrant par la même occasion les voix grasses des hommes qui se trouvèrent à sa gauche. Aurais-tu troqué ton uniforme pour redevenir un mortel parmi les mortels ? ». Elle ponctua dés lors sa phrase d’un petit sourire amusé.