KELLEN & TIZIANA

❝ coffee time ❞

Depuis qu’elle avait retrouvé l’usage de ses jambes après quatre longues années passées dans un fauteuil roulant, Tiziana marchait énormément et bien souvent aux côtés d’Hanoï, son fidèle compagnon âgée maintenant de cinq ans : c’était une magnifique Golden Retriever spécialement dressée pour son handicap de l’époque et même si elle remarchait, Tiziana n’avait pas le eu le cœur à le rendre ou à le céder à une personne qui en aurait plus besoin qu’elle. Elle s’était énormément attachée à Hanoï, la faisait toujours travailler pour ne pas qu’elle perde le précieux enseignement que Kellen lui avait inculqué et avait même trouvé un excellent compromis avec la directrice du centre de rééducation dans lequel elle travaillait. Hanoï était devenue une véritable mascotte, sa présence était un plus : elle aidait les patients comme elle avait aidé Tiziana et les faisait même sortir de leur monotonie rendant ainsi les séances de kinésithérapie beaucoup plus agréables. Cependant, aujourd’hui toutes deux ne travaillaient pas et la jeune femme avait décidé de lui accorder une longue promenade pour qu’elle puisse se dégourdir un peu les pattes juste après l’avoir emmené se faire toiletter. Une fois dans Long Island, l’eurasienne eut une pensée pour Kellen, le dresseur d’Hanoï qui était finalement devenu un très bon ami et la première personne à avoir été témoin de sa rémission miraculeuse. Elle se décida alors à lui rendre une petite visite, persuadée qu’il serait content de la voir en compagnie du Golden Retriever qu’il avait si bien dressé et en passant devant un coffee shop, Tiziana commanda deux bons cafés et une boîte de cupcakes.

Quelques minutes plus tard, elle poussait la porte du centre de dressage pour chiens et sitôt quelques truffes se levèrent. Un sourire étira ses lèvres, ne sachant pas très bien qui des cupcakes ou d’Hanoï intéressait soudainement ses congénères. Malgré la pièce remplit de chiens de toute race, la Golden Retriever resta sagement à ses côtés, marchant tranquillement jusqu’à la porte du bureau de Kellen qu’elle avait reconnu. Les mains chargées, Tiziana dû se contorsionner pour frapper contre la porte, mais ce fut finalement Hanoï qui se chargea de l'ouvrir. L’eurasienne passa d’abord sa tête par l’entrebâillement de la porte pour s’assurer qu’il était bel et bien seul, puis entra complètement à l’intérieur avec un grand sourire.

TIZIANA ♦ « Salut, Kellen ! Je me promenais avec Hanoï dans Astoria et j’ai pensé qu’un café serait là bienvenue… » dit-elle, posant le café et les viennoiseries sur une autre table. « Je ne te dérange pas ? » reprit-elle précipitamment.

Elle savait que Kellen était un homme très occupé parce qu’il ne faisait pas que dresser des chiens à longueur de journée, il était également pompier volontaire et c’était en partie pourquoi Tiziana lui vouait un culte (en dehors du fait qu'il porte l'uniforme). C’était d’autant plus le cas depuis qu’elle avait été impliquée dans un carambolage en mai dernier, elle avait eu peur de perdre une nouvelle fois l’usage de ses jambes, mais Djalil – sûrement un collègue de Kellen - l’avait rassuré de son admission à l’hôpital jusqu’au lendemain où elle avait eu la surprise de découvrir qu’il était également interne en neurologie. Encore un qui portait une double casquette ! Hanoï se précipita aussitôt sur Kellen pour venir réclamer une caresse sous l’œil amusé de sa maîtresse.

TIZIANA ♦ « Elle est toujours un peu folle à chaque fois que l’on te rend visite… Par contre, les autres chiens m'ont regardé d'un air suspect quand je suis entrée, je t'assure qu'il n'y a que de la farine dans ces cupcakes ! »

Sous la douche, Kellen apprécia l’eau chaude qui coulait sur lui. Il avait été faire du sport ce matin et là, une bonne douche n’était pas de trop. Il avait été faire son jogging matinal, puis, il avait fait un arrêt à sa salle de sport. Il y avait passé une heure et il était rentré chez lui tranquillement. Il avait avalé rapidement un café et il avait ensuite été s’habiller. Une fois fait, il avait prit ses affaires, sortant de chez lui et filant à son travail. Une fois là-bas, il salua tous ses collègues et tous les chiens. Aujourd’hui il avait du travail, mais surtout en groupe. Donc, il devrait encore une fois, faire en sorte que tous les chiens et leurs futurs maîtres puissent s’entendre. Heureusement pour lui, il avait en général raison entre le tempérament des chiens et des futurs maîtres. A son bureau, il regarda d’abord les dossiers qu’il avait. Il demandait toujours aux personnes qui venaient de remplir un dossier. Enfin surtout pour les agences gouvernementales et les forces de l’ordre. Ca lui permettait de faire un point avant qu’ils n’arrivent. Vérifiant donc tous les dossiers, il entendit sa porte s’ouvrir avec difficulté. Haussant les sourcils, il vit une tête passer et il sourit en voyant de qui il s’agissait.

Absolument pas.

Se levant, il la vit réussir à tout faire seul, du coup, il resta debout et il vit la chienne arriver vers lui rapidement. Il se mit à sa hauteur le caressant, tout en écoutant la jeune femme parler. Il rit aux propos de son amie et il donna une dernière caresse à la chienne avant de venir faire la bise à son amie.

Tu es sûre que ça n’est pas juste parce qu’ils ont faims ?

C’était peut-être ça aussi, mais il attrapa un cupcake et il siffla un des chiens.

Cherches.

Le chien, Max renifla, mais pas de drogue. Une fois qu’il terminé, il s’assit et regarda Kellen.

Pas de drogue, de ce côté-là, on est bon.

Il sourit et laissa Max partir faire ce qu’il voulait. Ce chien était un peu leur mascotte ici. Ils l’avaient recueillit quand il était encore un chiot. Depuis, il s’occupait de trouver de la drogue et il était le chien qu’utilisait les dresseurs dans le domaine de la drogue.

Assis-toi.

Il lui fit signe vers le fauteuil qui était libre et il attrapa le café qu’elle avait été lui chercher et il garda le cupcake qu’il avait en main.

Alors, comment vas-tu depuis le temps ?

C’est vrai qu’entre leurs boulots respectifs, ils n’avaient pas toujours le temps de se voir. Mangeant tranquillement le cupcake, il devait avouer qu’avoir quelque chose dans le ventre était agréable.

Mademoiselle Hanoï t’aide au moins ?

Rassurée de savoir que son intrusion ne le dérangeait pas dans son travail, Tiziana se sentit immédiatement plus à l’aise et observa la scène entre Kellen et Hanoï avec un petit sourire aux lèvres. Bien qu’il n’était plus son ‘dresseur’ depuis que Tiziana l’avait adopté, Hanoï restait tout de même très attaché à l’australien.

KELLEN ♦ « Tu es sûre que ça n’est pas juste parce qu’ils ont faim ? » demanda-t-il avant de siffler l’un de ses chiens pour qu’il puisse renifler le cupcake. « Cherches. » lui ordonna-t-il tandis que le chien s’exécutait aussitôt.

C’était un spectacle dont Tiziana ne se lassait jamais. Avant qu’elle n’adopte Hanoï, il lui arrivait même de venir ici pour les observer secrètement. Si elle n’avait choisi de travailler en kinésithérapie, l’eurasienne se serait bien vue à dresser des chiens comme Kellen le faisait, sauf qu’elle craignait de trop s’attacher aux quadrupèdes et de ne jamais les laisser partir. Oui, Tiziana était une grande sensible, à croire qu’elle préférait la compagnie des animaux à celle des humains.

KELLEN ♦ « Pas de drogue, de ce côté-là, on est bon. »

TIZIANA ♦ « Eh beh, la confiance règne ! » le taquina-t-elle. « Enfin, tu as raison de te méfier avec tout ce qu’on entend aux informations en ce moment… » ajouta-t-elle, acquiesçant d’un signe de tête pour souligner ses propos. La drogue se trouvait partout, en particulier dans les endroits insolites et elle avait même vu quelque part que l’on pouvait cuisiner la marijuana dans des cupcakes ! Qu’est-ce que les trafiquants de drogue pouvaient inventer pour faire passer les substances illicites de pays en pays...

Après y avoir été invitée, Tiziana s’installa sur l’un des fauteuils se trouvant juste en face de celui qu’occupait Kellen. Cela faisait un bon moment qu’ils ne s’étaient pas vus tous les deux. La jeune femme remarchait, en principe elle n’avait plus besoin des services de Kellen puisqu’Hanoï était parfaitement bien dressée, mais ce n’était pas son genre. Elle s’était beaucoup attachée à lui, il était l’un des rares hommes en qui l’eurasienne avait véritablement confiance et en plus de cela, il avait été la toute première personne à la voir se lever de son fauteuil donc l’on pouvait dire qu’un lien spécial s’était créée entre eux.

KELLEN ♦ « Alors, comment vas-tu depuis le temps ? Mademoiselle Hanoï t’aide au moins ? » s’enquit-il, tout en grignotant le cupcake qu’elle lui avait amené.

Tiziana en prit un à son tour qu’elle mangea en l’émiettant au-dessus de son emballage pour ne pas en mettre partout. C’était un tic qu’elle avait toujours eu. En guise de réponse, elle acquiesça d'un signe de tête.

TIZIANA ♦ « Je vais bien. J’ai juste eu un petit coup de panique en mai dernier : un accident de voiture et j’ai bien cru retourner en fauteuil roulant, mais finalement je n’ai eu que quelques égratignures donc rien de bien méchant. Pour ce qui est d’Hanoï, même si je remarche à nouveau je continue à la faire travailler pour ne pas qu’elle oublie ce que tu lui as appris. En fait, elle vient même travailler avec moi au centre de rééducation, c’est devenue notre mascotte, même la directrice l’a adopté ! Tu sais, il n’y a pas si longtemps, j’ai eu un patient d’une dizaine d’années et je suis persuadée que la présence d’Hanoï y a été pour beaucoup dans sa guérison. » dit-elle, caressant aussitôt le doux pelage de son Golden Retriever. « Et toi, tu vas bien ? Toujours a jonglé entre tes deux passions ? »

Passion, c’était le mot. Kellen ne cumulait pas deux jobs, mais deux passions et cela se sentait à la manière qu'il avait d'en parler.

La jeune femme s’amusa des regards que les chiens avaient eus sur elle et Hanoï. Il fit venir un autre chien et le fit sentir la nourriture. Rien d’anormal et il le libéra avant de sourire aux propos de la jeune femme.

En effet, surtout quand un chien renifleur de drogue te ramène à manger et que tu ne comprends pas tout de suite qu’on y a mit la drogue.

Il avait eu des agents qui lui en avaient parlé. Apparemment, en effet les dealers faisaient en sorte de mettre de la drogue dans des endroits improbables, y comprit la nourriture désormais. En prenant donc avec lui, il attrapa aussi un café et s’installa dans son fauteuil, laissant la jeune femme en faire autant. Puis, il lui demanda comment elle allait, vu que ça faisait un moment qu’ils n’avaient pas passé du temps ensemble. Il était content que ça aille. En effet un accident est vite arrivé et pour finir en fauteuil encore plus. Mais elle allait bien, c’était le principal. L’écoutant ensuite parler des patients qu’elle voit à son travail, il sourit.

Les animaux font du bien aux gens en général. En plus Hanoï est adorable comme tout, donc normal que ça se passe bien avec elle.

La chienne était allongée près du bureau et semblait avoir trouvé une bonne place pour se reposer un peu.

Je pourrai amener des chiens pour les patients si jamais tu veux.

Si c’était faisable pourquoi pas après tout. Ca ne ferait pas de mal aux patients et il choisirait les chiens les plus appréciés et ceux qui seraient les plus câlins. Puis, la jeune femme lui demanda comment lui allait et il haussa les épaules.

Je m’en sors plutôt pas mal. Le travail ici va toujours aussi bien, les animaux aussi. Avec les pompiers, c’est pareil, on s’amuse bien en dehors des interventions.

C’est vrai que l’ambiance était bonne et c’était agréable.

Oh sinon j’ai appris récemment que j’avais un frère. Un jumeau même.

En effet, il avait surprit une conversation entre ses parents sur le fait qu’il avait un jumeau.

Je l’ai rencontré, mais mon dieu, c’est un véritable connard et encore je pèse mes mots.

En effet Orphée ne lui avait pas fait de cadeau. Même s’il l’avait aidé face à trois types très costauds, il n’en restait pas moins que Orphée était un type qu’il n’appréciait pas du tout.

Tu connais Ballantine’s Publishing ? Le patron est le fils désormais, Orphée. C’est lui mon jumeau.

Oh oui totalement. Je vais voir avec mon patron, mais je pense qu’on peut bloquer une journée entière au besoin, pour que seuls tes patients viennent pour le dressage.

Comme ça au moins, il aurait les terrains pour eux seuls et ils pourraient vraiment prendre leur temps. Découvrir les lieux, les animaux et passer la journée ici. En plus, ils pouvaient faire en sorte de préparer le déjeuner et pourquoi pas le dîner au besoin. Ca ne serait pas quelque chose d’habituel, mais justement, ça pourrait être amusant et si les patients se sentent mieux, autant le faire. Kellen irait demander l’avis de son supérieur, mais ça ne devrait pas poser trop de problème. Parlant ensuite des deux emplois de l’australien, ce dernier se sentait bien. Tout allait bien avec les animaux, comme avec les collègues. Mais, il en vint au fait qu’il n’était plus fils unique comme il l’avait pensé pendant trente trois ans. Non, il avait un jumeau et un type riche, qui se prend pour le roi du monde et qui rabaisse tout le monde, mais surtout son pauvre assistant. Il vit alors la tête de son vis-à-vis et il sourit. C’est vrai qu’en général, ça n’était pas le genre d’annonce qu’on faisait comme il venait de le faire. Il n’avait pas mit de forme, ni arrondis les angles. Mais au moins, ça avait le mérite d’être clair sur ce qu’il pensait de son jumeau. Il se mit à sourire à ses propos sur les jumeaux.

J’ai eu la même pensée que toi. Je n’ai jamais ressentit quelque chose en particulier, mais je comprend surtout que des jumeaux peuvent être bien différents.

En effet, ils n’avaient rien en commun. Mais alors vraiment rien. Kellen, était quelqu’un d’attentif, qui aime aider les autres, quelqu’un d’ouvert, à l’écoute. Alors que Orphée était froid, sadique avec ses employés, distant. Bref, ils n’avaient absolument rien en commun. Donnant l’identité de son jumeau à la jeune femme, il hocha la tête.

Si c’est bien lui.

Il n’en était pas revenu lui-même, mais il se rendait compte à quel point ils n’étaient finalement rien pour l’autre.

Non, je ne compte pas le revoir. Ce type est tout mon opposé et tout ce que je ne veux pas être. Il est froid, distant, arrogant, grande gueule, beau parleur. Il semble seul, mais il n’a pas l’air de s’en soucier. Je ne comprend pas ce genre de personne et il m’a aussi clairement fait comprendre qu’il ne comptait pas non plus me revoir. Donc comme ça au moins c’est clair pour tout le monde.

En effet et ça n’était pas plus mal. Il n’irait clairement pas faire le premier pas. Il l’avait déjà fait de toute façon, donc désormais, il tirerait un trait sur Orphée.

Je m’attendais à ce qu’il accepte d’aller boire un café ou un verre pour qu’on discute, mais ça ne se fera jamais et ça ne sera sans doute pas plus mal. On n’a vraiment rien en commun.

D’un côté s’était dommage, parce qu’il aurait aimé avoir un grand frère avec qui il aurait pû être proche, mais ça ne serait jamais le cas visiblement.

KELLEN ♦ « Oh oui totalement. Je vais voir avec mon patron, mais je pense qu’on peut bloquer une journée entière au besoin, pour que seuls tes patients viennent pour le dressage. » proposa Kellen, provoquant un hochement de tête très enthousiaste chez Tiziana et qu’elle ponctua par un sourire jusqu’aux oreilles.

Kellen & Tiziana avaient beaucoup de choses en commun, ils partageaient certaines valeurs qui les avaient rapproché et l’eurasienne était vraiment navrée de constater qu’il ne partageait pas ces valeurs nobles avec son frère jumeau. Orphée Ballantine. Elle avait vraiment du mal à croire qu’ils avaient tous deux un lien de parenté. Bien sûr, Tiziana ne connaissait pas spécialement cet homme, mais ses frasques avaient largement suffit à faire sa réputation.

KELLEN ♦ « J’ai eu la même pensée que toi. Je n’ai jamais ressenti quelque chose en particulier, mais je comprends surtout que des jumeaux peuvent être bien différents. » lança-t-il, désolant encore plus Tiziana qui pencha légèrement la tête sur le côté avec un regard compatissant.

Elle n’imaginait à peine le bouleversement que ça avait été dans sa vie lorsque Kellen avait appris l’existence de ce jumeau. Il avait dû accepté que ses parents lui avait menti durant trente-trois ans et qu’en plus de ça, son jumeau était une ordure. Oui, ça fait beaucoup à digérer.

KELLEN ♦ « Non, je ne compte pas le revoir. Ce type est tout mon opposé et tout ce que je ne veux pas être. Il est froid, distant, arrogant, grande gueule, beau parleur. Il semble seul, mais il n’a pas l’air de s’en soucier. Je ne comprends pas ce genre de personne et il m’a aussi clairement fait comprendre qu’il ne comptait pas non plus me revoir. Donc comme ça au moins c’est clair pour tout le monde. Je m’attendais à ce qu’il accepte d’aller boire un café ou un verre pour qu’on discute, mais ça ne se fera jamais et ça ne sera sans doute pas plus mal. On n’a vraiment rien en commun. »

Ca, Tiziana n’en doutait pas un seul instant. Orphée et Kellen étaient le jour et la nuit ! Elle n’en revenait toujours pas de savoir qu’ils étaient frères jumeaux et passait son temps à chercher une similitude physique, mais à part la blondeur de leur chevelure, elle ne leur trouvait rien de flagrant. Il faut dire aussi que la jeune femme n’avait vu Orphée que dans les magazines.

TIZIANA ♦ « Il doit sûrement se dire : ‘ceux que l’on ne connait pas ne nous manquent pas’ et maintenant qu’il sait que tu existes alors peut-être qu’il fera le prochain mouvement, qui sait ? Et puis, il faut dire que celui qui l’a élevé n’a pas dû le ménager non plus… »

Loin d’elle l’idée de prendre la défense d’un tel homme, mais elle cherchait simplement à redonner un peu d’espoir à Kellen qui semblait déçu de l’entrevue avec son frère jumeau…

TIZIANA ♦ « Et… Tu l’as fait savoir à tes parents ? »

Avoir une journée pour les patients de la jeune femme serait fait avec joie. Il ne restait plus qu’à en parler avec son supérieure, qui ne devrait normalement pas poser de problème. Puis vint le moment où Kellen expliqua qu’il avait apprit l’existence de son frère jumeau, un homme riche qui avait un énorme empire. Mais entre eux le courant n’était clairement pas passé et Orphée avait été clair sur le fait qu’il se fichait de cette famille qui l’avait abandonnée, du coup l’australien ne comptait pas reprendre contact. Ils avaient été clair l’un envers l’autre, donc ils n’auraient plus besoin de se revoir. Mais en tout cas eux n’étaient pas le genre de jumeaux à ressentir des choses à longue distance et son frère n’était pas le genre d’homme qu’il appréciait dans la vie. Donc non, il ne comptait pas faire en sorte que leur rencontre se reproduise à nouveau et même pas de façon fortuite. Ecoutant la jeune femme parler, il mangea un morceau de muffin avant de lui répondre.

Selon lui, comme nos parents nous ont séparés et ont préférés me choisir moi, c’est de leur faute et de la mienne. J’ai été celui élevé dans la famille.

C’était tout ce que Orphée voyait ce qui énervait Kellen. Parce qu’aujourd’hui Orphée pouvait dire qu’il avait une vie riche dans tous les sens du terme. Mais ça il ne le voyait pas. Kellen lui avait une vie simple et ça lui convenait d’ailleurs parfaitement, seulement il n’avait jamais eu de vrai foyer avant de le décider quand il avait été adulte. Mais il ne voyait pas comment ils pourraient mettre leurs différents de côté pour avancer. Entendant la question par rapport à ses parents il hocha la tête négativement.

Non. Enfin je leur avais dit que j’allais le chercher pour le voir, mais ils ne savent pas que je l’ai vu. Pourtant, ils l’ont suivit par la presse, internet et tout ce qu’ils pouvaient voir et savoir de lui. Mais leur dire que ça a été un vrai désastre ça va leur faire plus de mal que de bien.

Il n’avait pas envie de faire souffrir ses parents. Il savait que ces derniers avaient un espoir que Orphée accepte de les voir un jour, mais ils n’en auraient plus aucun s’ils savaient ce qui s’était passé. Il préférait leur laisser un espoir plutôt que de tout détruire.

Mais au moins aujourd’hui les choses sont claires. Il ne veut pas me voir, rien savoir et c’est ce que je compte lui donner.

En effet, aucun nouvelle et il n’aurait plus besoin de se soucier de Kellen de peur qu’il débarque à nouveau dans son empire. De toute façon il ne valait mieux pas, parce que le jeune blond ne voulait pas qu’Orphée martyrise encore son assistant, même s’il devait déjà le vivre tous les jours.

Je suis quand même déçu, mais bon au moins c’est clair pour tout le monde.

C’est vrai qu’il aurait aimé pouvoir discuter avec son frère aîné, mais désormais il devait faire une croix sur lui et il savait que même si dans ses propos il le disait, il avait dû mal à l’encaisser.

KELLEN ♦ « Selon lui, comme nos parents nous ont séparés et ont préférés me choisir moi, c’est de leur faute et de la mienne. J’ai été celui élevé dans la famille. »

Tiziana secoua la tête de gauche à droite : c’était fâcheux. Kellen s’était rendu dans les bureaux de sa compagnie dans l’espoir de faire connaissance avec son frère jumeau et à la place, ce dernier l’avait envoyé paitre. L’eurasienne n’avait jamais connu de déboires familiaux de ce genre, les Paolucci étaient très unis et il en était de même pour sa famille originaire du continent asiatique, alors forcément, elle n’était pas très douée pour lui conseiller une nouvelle approche. Elle voyait que Kellen était particulièrement excédé par le comportement d’Orphée, déçu même, et ça se comprenait parfaitement. Son jumeau était une figure connu dans le monde des affaires, mais aussi dans les journaux à scandales, son père adoptif avait sûrement passé sa vie à lui apprendre à se méfier et à se forger une carapace en fer forgé pour éviter qu’on n’atteigne sa fortune ou tout simplement sa personne. C’était une méthode de défense assez prisée dans le métier, enfin d’après ce qu’Azure lui avait un jour raconté de son expérience en tant que princesse de Suède.

TIZIANA ♦ « Il est en colère, je ne cherche pas à le défendre, bien au contraire, il n’aurait pas dû rejeter la faute sur toi ou sur tes parents. Ca a dû être un choix difficile que d’abandonner un enfant et mentir au deuxième. »

Ne voulant pas lui donner l’impression de se mêler d’affaires qui ne la concernait pas, Tiziana haussa les épaules et afficha un petit sourire en coin comme dans l’espoir que son intervention ne lui reste pas en travers de la gorge. Ils étaient amis et elle comptait bien qu’ils le restent !

KELLEN ♦ « Non. Enfin je leur avais dit que j’allais le chercher pour le voir, mais ils ne savent pas que je l’ai vu. Pourtant, ils l’ont suivi par la presse, internet et tout ce qu’ils pouvaient voir et savoir de lui. Mais leur dire que ça a été un vrai désastre ça va leur faire plus de mal que de bien. »

Elle le comprenait parfaitement sur ce point. Ses parents n’avaient pas dû très bien réagir en apprenant que celui qui avait recueilli leur fils aîné était un Ballantine, de voir comment il l’avait façonné à son image, mais le principal était sûrement de le savoir en vie et de constater par la même occasion qu’il ne manquait pas rien… Ah, ça non, ça ne l’étonnerait même pas de savoir qu’il avait une place parmi la liste des hommes les plus fortunés du monde !

TIZIANA ♦ « Tu as bien fait… » répondit-elle en ponctuant ses propos d’un signe de tête.

KELLEN ♦ « Mais au moins aujourd’hui les choses sont claires. Il ne veut pas me voir, rien savoir et c’est ce que je compte lui donner. Je suis quand même déçu, mais bon au moins c’est clair pour tout le monde. »

TIZIANA ♦ « Tu sais ce qu’on dit : il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, peut-être qu’il reviendra sur sa décision. C’est un humain, après tout, il finira bien par se montrer curieux un jour ou l’autre… »

La jeune femme avait raison. Quand Kellen avait apprit la vérité, il avait demandé des explications à ses parents. Ces derniers lui avaient dit qu’ils ne pouvaient pas élever deux enfants. Ils avaient du faire un choix et ils avaient gardés le plus petit. Ils avaient abandonnés le plus grand, l’aîné. Ce dernier le prenait très mal aujourd’hui. Kellen pouvait le comprendre, mais il n’aurait pas pensé que Orphée aurait eu une réaction aussi dure envers lui. Au final, il n’avait pas demandé à ce que Orphée soit abandonné. Ca n’était pas de sa faute à lui. Expliquant par la suite à la jeune femme qu’il n’en avait pas parlé à ses parents, il devait avouer que ça ne serait pas simple. En effet, il avait rencontré Orphée, mais leurs parents n’avaient pas besoin de savoir que ça s’était si mal passé que ça. Après tout, il pouvait dire qu’il n’avait pas eu la force de le voir. Qu’il ne l’avait vu que de loin. Bref, il dirait qu’il n’avait pas été en face de lui. Il valait mieux ça, plutôt qu’ils ne sachent que leur fils aîné ne voulait pas d’eux. Il esquissa un sourire aux propos de la jeune femme. Il ponctua ses propos en expliquant que de toute façon, il ne comptait pas revoir le jeune homme et que c’était quelque chose d’apparemment réciproque.

La curiosité n’est pas son fort, en tout cas, pas vis-à-vis des humains. Au contraire, il est plus curieux par les affaires de son père, que par le reste.

En tout cas, c’était ce qu’il avait ressentit.

Mais je ne sais pas moi-même si je voudrais le revoir. Il est tout mon opposé et je n’aurai jamais imaginé qu’il pouvait être mon jumeau.

Il aurait pensé à plein d’autres personnes, mais certainement pas à lui. Soupirant doucement, il retrouva son sourire quand Hanoï vint poser sa tête sur ses jambes. Il la caressa doucement sur la tête.

Toujours aussi agréable.

Souriant un peu plus, il aimait quand la chienne venait le réconforter comme ça. Buvant une gorgée de café, il regarda sa partenaire.

Toi comment ça va ? Famille, amour, je veux tout savoir.

Il garda son sourire, se demandant ce qu’il pouvait y avoir de nouveau dans la vie de la demoiselle.

Tiziana n’était pas vraiment douée pour ce genre de discussion. Dans la famille Paolucci, c’était plutôt Alekseï qui faisait office de psychologue, mais elle avait passé assez de temps avec son cousin pour apprendre à tenir une conversation de ce type. Difficile de réconforter quelqu’un lorsqu’on n’a jamais connu de situation similaire : contrairement à la famille Johnson, les Paolucci avaient toujours été une famille très soudée et n’avaient pas de secrets l’un pour l’autre : typique des italiens. Elle ne connaissait pas non plus Orphée personnellement, il lui était donc difficile d’émettre un jugement ou d’établir un quelconque profil le concernant, mais ça l’étonnait tout de même de savoir qu’il n’était pas enthousiaste à l’idée de découvrir ses véritables origines. Si Tiziana avait ainsi abandonnée à la naissance, elle aurait tout fait pour rencontrer ses géniteurs parce que sans ça, elle se savait incapable de construire quoi que ce soit : ça l’aurait rendue folle !

KELLEN ♦ « La curiosité n’est pas son fort, en tout cas, pas vis-à-vis des humains. Au contraire, il est plus curieux par les affaires de son père, que par le reste. Mais je ne sais pas moi-même si je voudrais le revoir. Il est tout mon opposé et je n’aurais jamais imaginé qu’il pouvait être mon jumeau. »

Tiziana en déduisit que la discussion était close et ne chercha pas vraiment à tergiverser d’avantage, mais elle ne doutait pas un seul instant que cette conversation lui ait fait du bien. Kellen avait gardé cette rencontre secrète et mis-à-part elle, il n’avait sûrement personne d’autre à qui en parler donc, forcément, la jeune femme se sentait quelque peu flattée d’avoir été mise dans la confidence d’une chose qui n’avait rien d’anodine.

KELLEN ♦ « Toujours aussi agréable. » reprit-il, tête baissée.

Ne voyant pas où il voulait en venir, Tiziana dû se pencher légèrement au-dessus de la table pour comprendre de quoi il voulait parler : Hanoï avait posé sa tête contre la jambe de Kellen, une manière bien à elle de faire un câlin.

TIZIANA ♦ « Toujours. Elle a un don pour ça. L’autre jour je pleurais devant la Ligne Verte et elle s’est allongée à côté de moi. » sourit-elle en vidant son café de quelques gorgées supplémentaire.

Hanoï avait toujours été plus qu’un chien de compagnie ; elle avait accompagné Tiziana dans son handicap durant quelques années et l’avait écouté se lamenter sur son sort de temps en temps.

KELLEN ♦ « Toi comment ça va ? Famille, amour, je veux tout savoir. » demanda-t-il.

Tiziana pouffa de rire avant d’hausser les épaules d’un air modeste, lui faisant croire que rien de spécial ne lui était arrivé et pourtant, il y avait pas mal d’évènements qui méritaient d’être soulignés.

TIZIANA ♦ « Dans l’ensemble, tout va bien. J’ai l’un de mes cousins qui est revenu de Paris et côté cœur, disons qu’il pourrait bien y avoir quelqu’un… Enfin, il n’a fait que m’inviter à boire le café, mais tu me connais : le simple fait que j'ai accepté relève de l'exploit. » dit-elle en se donnant volontairement un air mystérieux, s’interrompant pour boire une gorgée de son breuvage. « D’ailleurs, je pense que tu le connais… et c’est pour ça que je ne te donnerai pas de nom. » le taquina-t-elle.

Orphée n’était pas un homme que Kellen appréciait. Il ne comptait pas la revoir et il ferait en sorte que leur relation en reste à leur premier entretient. Le sujet fut don clos et il apprécia l’équivalent du câlin donné par Hanoï. Cette chienne était géniale. Douce et agréable. Il ne pû s’empêcher d’esquisser un sourire aux propos de la brunette. Il est vrai que ce film n’est pas le plus joyeux du monde. Mais, il passa sur le sujet et il voulu alors tout savoir à propos de son vis-à-vis. De sa vie professionnelle et sentimentale. Bref, la totale. Souriant, quand elle rit, il attendait avec curiosité ce qu’elle pourrait lui dire. Apparemment avec la famille ça allait. C’était important et elle savait à quel point la jeune femme était proche des siens. Puis, quand elle parla d’un rencard, il fut beaucoup plus attentif encore qu’il ne l’était et il haussa les sourcils à ses dernières paroles.

Ah non, ça ce n’est pas gentil. C’est comme si on était à la fin d’une saison de série télé et qu’on soit obligé d’attendre pendant des mois avant d’avoir la suite.

Bon l’image donnée n’était pas la meilleure, mais c’était celle qui lui était venue à l’esprit en premier lieu. Du coup, il leva les yeux au ciel, cherchant qui il connaissait et qui pouvait être en train de vouloir sortir avec Tiziana. Ils n’avaient pas beaucoup d’amis communs, ça réduisait donc considérablement la liste des possibilités. A moins qu’il ne soit pas un ami commun.

Pas de nom ? D’accord, un prénom alors.

Il se mit à sourire en coin, sachant qu’elle allait lui dire que ça en revenait au même et qu’il n’aurait toujours pas d’indice.

Alors un tout petit indice. Sinon je sonde Hanoï pour en savoir plus.

La chienne était toujours la tête sur sa jambe et elle semblait somnoler, du coup, il ne bougea pas trop et regarda son amie.

Tu ne peux pas me laisser dans l’ignorance. Je n’en parlerais à personne.

Il leva la main droite pour le jurer et il regarda la brunette pour savoir si elle allait lui lâcher quelques informations ou pas du tout.

Tiziana avait déjà le sentiment d’en avoir trop dit. Elle connaissait assez Kellen pour savoir qu’il ne se contenterait pas de sa réponse et chercherait forcément à en savoir plus sur ce mystérieux jeune homme qui semblait avoir tapé dans l’œil de son amie.

KELLEN ♦ « Ah non, ça ce n’est pas gentil. C’est comme si on était à la fin d’une saison de série télé et qu’on soit obligé d’attendre pendant des mois avant d’avoir la suite. Pas de nom ? D’accord, un prénom alors. Alors un tout petit indice. Sinon je sonde Hanoï pour en savoir plus. Tu ne peux pas me laisser dans l’ignorance. Je n’en parlerais à personne. »

Elle ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire devant la réaction de l’australien. C’était vrai que ce n’était pas juste de sa part que de le laisser dans l’ignorance après l’avoir maintenu en haleine. Après tout, c’était de sa faute : elle n’aurait pas dû laisser entrevoir qu’un jeune homme avait réussi à attirer son attention.

TIZIANA ♦ « Bon d’accord. » lâcha-t-elle finalement. « Jalil, ça te dit quelque chose ? Il est interne en neurologie au Lenox Hill. L’accident dont je t’ai parlé en mai dernier, c’est lui qui a été garde à ce moment-là. ». Ses joues s’empourprèrent de plus belle et la jeune femme chercha aussitôt à se justifier. « On s’est revus et on a pris un café ensemble, mais peut-être que je me fais trop d’idées. Ca doit être le complexe de la fille qui s’entiche du pompier, vous devez en voir souvent. Enfin bref, ce n’est peut-être qu’une passade. » finit-elle par balbutier en se sentant rougir de nouveau.

Elle se trouvait des excuses pour une chose qui était parfaitement naturelle. Ses relations amoureuses avaient toujours été un tel désastre que la jeune femme cherchait sans arrêt à dénigrer son comportement avec les hommes lorsque ceux-ci revêtaient un peu trop d’importance à ses yeux. Tiziana s’interdisait presque d’aimer parce qu’elle avait peur d’être déçue ou blesser : ce n’était pas pour rien qu’elle était traumatophobe !

TIZIANA ♦ « Eh bien, maintenant que je suis passée aux aveux, j’espère que tu as aussi quelque chose à me raconter. Une petite amie potentielle ? »

L’australien tenta de faire cracher le morceau à son amie. Elle ne pouvait pas le laisser réfléchir à qui pouvait bien être l’homme qui ne la laissait pas indifférent. Un seul indice serait déjà un bon début. Puis, quand elle accepta, il fut très attentif. Jalil ? Il hocha la tête au fait que oui, il le connaissait. En voyant son amie rougir, il comprit que pour elle ça n’était clairement pas rien. Il allait donc garder un œil sur le jeune homme.

Oh tu sais, pas mal de filles lui ont couru après, c’est l’uniforme qui fait ça.

Souriant, il haussa les épaules aux propos de la jeune femme. Une femme pour lui ?

Petite amie potentielle non, mais une amie oui.

En effet il avait fait une rencontre lors d’une intervention avec les pompiers.

Ca c’est passé lors d’un incendie. Une jeune femme enceinte qui a fait une fausse couche. J’ai dû l’amener à l’hôpital et comme elle ne voulait pas appeler sa famille, je suis resté avec elle.

Enorah, cette pianiste de renommée mondiale. Ils avaient beaucoup parlés et il devait avouer qu’il s’était attaché à elle. Elle était vraiment agréable et bien plus abordable que ce que disait les journalistes.

On a pas mal discutés et c’est vraiment quelqu’un de bien.

Il ne se rendait sûrement pas compte que des sentiments naissaient pour la jeune femme. Pour l’instant, il pensait véritablement qu’ils pouvaient être amis, mais il ne voyait pas plus loin, alors que son cerveau lui, si.

On doit aussi se revoir, mais elle doit m’appeler, elle a un boulot plus prenant que moi.

Avec les concerts qu’elle donnait à l’étranger, forcément, elle n’avait pas beaucoup de temps pour elle, ni pour sa fille ou pour son frère, alors pour lui.

Tiziana était assez discrète sur sa situation amoureuse, ça avait toujours été le cas. Elle n’aimait pas afficher publiquement son ressenti sur un homme et cela se concluait souvent par une trop grande vigilance dans le choix de ses fréquentations. Depuis sa déception amoureuse qui datait de l’époque du lycée et plus particulièrement du jour où elle s’était retrouvée dans un fauteuil roulant, Tiziana était devenue beaucoup trop sélective : aucun homme ne semblait assez bien pour elle et leur tentative de l’approcher se soldait presque toujours par un échec. Famille mise à part, son entourage comportait plus de femmes que d’hommes. Ce lui paraissait bien étrange de parler de son coup de cœur à Kellen. Elle avait confiance en lui, ce n’était pas la question, mais il était proche de Jalil et ça rendait assez nerveuse. « Oh tu sais, pas mal de filles lui ont couru après, c’est l’uniforme qui fait ça. ». Ca, Tiziana s’en doutait. En plus de porteur un uniforme de pompiers, le jeune homme revêtait aussi la blouse de l’hôpital : deux métiers qui faisaient fantasmer la gente féminine. Ce n’était pas étonnant que certaines jeunes femmes s’éprennent d’un beau mâle qui vient tout juste de leur sauver la vie, mais l’eurasienne voulait se persuader qu’elle ne faisait pas partie de cette catégorie et que son béguin dépassait le cliché de l’uniforme. « J’imagine… Enfin, ça ne veut rien dire : tu es pompier et mignon toi aussi, mais ce n’est pas pour autant que je suis amoureuse de toi, mais je t’aime, tu le sais bien. » dit-elle en penchant légèrement sa tête sur le côté, affichant une moue des plus craquantes. Et pourtant, Kellen avait toutes les qualités que recherchaient Tiziana chez un homme et qui auraient pu la rendre folle amoureuse de lui, mais elle ne voulait rien gâcher à l’amitié qu’ils avaient tissé. D’ailleurs, elle était très intéressée de savoir ce qu’il advenait de la situation amoureuse de son ami : avait-il trouvé une personne digne de lui pour partager sa vie ? « Petite amie potentielle non, mais une amie oui. ». C’était déjà mieux que rien. En tout cas, cette amie revêtait assez d’importance pour Kellen pour qu’il la signale. « Ca c’est passé lors d’un incendie. Une jeune femme enceinte qui a fait une fausse couche. J’ai dû l’amener à l’hôpital et comme elle ne voulait pas appeler sa famille, je suis resté avec elle. On a pas mal discutés et c’est vraiment quelqu’un de bien. On doit aussi se revoir, mais elle doit m’appeler, elle a un boulot plus prenant que moi. ». Navrée d’apprendre que la jeune femme avait fait une fausse couche, Tiziana arbora un visage triste l’espace de quelques secondes, puis acquiesça d’un signe de tête comme pour se reconnecter à la réalité. . « Si elle ne te rappelle pas, je ne comprendrais pas ! ... Enfin, je ne vais pas te déranger plus longtemps : tu dois avoir du travail.»