ALEKSEÏ & ZEPPELIN

❝ ...surprise ! ❞

Au 26 Federal Plaza, l’étage de la section recherche des personnes portées disparues était devenue une véritable fourmilière : tous les agents travaillaient sur l’étrange disparition d’une jeune femme de dix-neuf ans qui n’avait pas donné signe de vie depuis plus de 24 heures. A cette occasion, Zeppelin s’était chargée d’interroger et de réconforter la mère de la disparue : elle lui avait assuré qu’ils feraient leur possible pour retrouver Reese, mais pour cela, elle allait devoir lui confier les moindres petits détails de sa vie : de ses manies aux secrets de famille aussi honteux soient-il. En effet, tout portait à croire que Reese n’avait pas fugué, mais qu’elle avait tout simplement été enlevée. C’est après une bonne heure d’interrogatoire que Zeppelin sortit enfin de la salle. Un dossier à la main, elle traversa le long couloir et frappa contre la porte de son supérieur hiérarchique. « Excusez-moi de vous déranger, boss, mais je viens de discuter avec la mère de Reese et il semblerait que dernièrement, sa fille ait insisté pour revoir un psychologue : je pense qu’on ne devrait pas passer à côté de ça… ». L’intéressé leva son nez de l’ordinateur pour la toiser du regard, comme s’il doutait de sa fiabilité « Et vous avez probablement raison. Prenez la consultante avec vous, elle vous sera peut-être utile… ». Zeppelin fronça légèrement les sourcils, surprise par son choix quant à la personne chargée de l’accompagner. « Lennie-Jane Lewis ? Mais, elle est en congé maternité et il me semble même qu’elle se trouve actuellement à Paris avec son compagnon, donc je doute qu’elle me soit d’une grande aide. ». L’homme à la chevelure poivre et sel pinça les lèvres et secoua la tête. « Oui, j’oubliais. Bon et bien allez-y avec Anderson, dans ce cas. ». Zeppelin acquiesça d’un signe de tête entendu et conclut par un : « Tout de suite, patron. » avant de revenir sur ses pas pour interpeler sa collègue.

Quelques minutes plus tard, elle garait la Chevrolet Suburban au pied de l’immeuble où se trouvait le cabinet de consultation des psychologues. Zeppelin défit rapidement sa ceinture, descendit du véhicule et le verrouilla avant de pénétrer à l’intérieur. « Tu me donnes l’impression de connaître l’endroit plutôt bien... » constata sa collègue. L’américaine esquissa d’une petite moue, mais acquiesça tout de même d’un signe de tête. « C’est ma marraine qui est à l’origine de ce cabinet, alors oui, je connais plutôt bien l’endroit. » répondit-elle simplement. Clara, quant à elle, haussa les épaules d’un air penaud. « Je ne faisais que demander. Tu sais, il n’y a aucun mal à consulter un psychologue. ». La blonde soupira. « Oh, please… ». Elle savait très bien que Clara voulait faire référence à ses derniers écarts de conduite en date et qui risquait de lui faire perdre son badge. « Mh, surtout lorsqu’ils sont aussi sexy que celui-là. » dit-elle en désignant quelqu’un d’un geste du menton.

Bien évidemment, Zeppelin chercha aussitôt à savoir de qui il s’agissait. Lorsque ses yeux se posèrent sur Alekseï, elle put sentir le sang quitter son visage à une vitesse grand V et chercha immédiatement à se cacher de lui. « Zepp ? Zepp, mais qu’est-ce que tu fous ? » demanda Clara. « Il ne doit pas me voir ! » chuchota-t-elle. « Pourquoi, tu le connais ? ». Pour toute réponse, Zeppelin afficha une moue qui voulait dire ‘à ton avis !’ et poussa un long soupir d’exaspération. « Reste ici, je vais demander à l’accueil quel psychologue se chargeait de Reese Mannings. ». La jeune femme attendit qu’Alekseï ait le dos tourné pour se diriger vers le bureau de la secrétaire médicale, mais elle semblait se trouver à mille lieux de l’enquête qui l’avait mené jusqu’ici. En effet, elle avait appris de source sûre que le jeune homme avait posé ses valises en France : une chose que Zeppelin n’avait pas appréciée du tout lorsqu’elle avait compris ce que cela signifiait. Face à la secrétaire, l’air absent, l’agent du F.B.I regardait les lèvres de cette dernière remuées pour formuler une phrase à laquelle elle ne prêta pas la moindre attention. « Pardon ? » s’excusa Zeppelin. « En quoi puis-je vous être utile ? » répéta la secrétaire. Ah oui : l’affaire. La jeune femme sortit son badge et lui montra sa pièce d’identité. « F.B.I, j’aimerais savoir quel psychologue a pour patiente une certaine Reese Mannings, nous aurions quelques questions à lui poser. ». La jeune femme acquiesça d'un signe de tête et pianota sur son clavier pendant que Zeppelin rangeait son porte-feuille. « C'est Mr Paolucci. Il vient tout juste de terminer avec un patient. Alekseï ? ALEKSEÏ !? Il y a quelqu'un pour toi. ». Et merde !

Pour le titre, je crois que t'as deviné de quoi il s'agit & le gif, c'est le moment hawt ♥

ZEPPELIN & ALEKSEÏ

❝ ... surprise ! ❞

Bien que revenu depuis un petit moment à New York, s’habituer à nouveau à cette grande ville lui semblait toujours aussi difficile. Il s’était habitué à la France. Il s’était habitué à Bordeaux et surtout au fait de rendre régulièrement visite à son fils, bien heureux que les parents adoptifs de ce dernier aient accepté qu’il puisse le voir. En quelques semaines, il avait appris à connaître ce petit garçon qu’il n’aurait fait adopter pour rien au monde si sa mère avait daigné lui parler de son existence et le savoir si loin de lui était encore difficile à encaisser. Pourtant, lui comme Noel avaient besoin de retrouver leur vie d’antan car même s’il aurait apprécié le fait de rester plus longtemps auprès du garçon, il n’était pas son père et n’avait pas le moindre droit sur lui. Il savait que Dylan et Alwena – ses parents adoptifs – n’avaient rien contre le fait qu’il reste plus longtemps, mais Alekseï refusait de trop s’attacher à ce petit garçon pour finalement souffrir lorsqu’il n’aurait pas d’autre choix que de retourner aux Etats-Unis. Ainsi, il avait fait le choix de couper court à son voyage en France et était revenu au pays en compagnie de son cousin et colocataire bien qu’il appelait régulièrement Noel, comme il avait promis de le faire. Ce matin-là, il éprouva plus que jamais l’envie de retourner en Europe et revoir son fils, malheureusement il avait bien trop de responsabilités au sein du cabinet de sa mère pour tout quitter du jour au lendemain sans raison « valable ». Zoya savait ce par quoi passait son fils.

Elle savait qu’il avait très mal vécu le fait que Zeppelin fasse à un choix qui pourtant les concernait tous les deux sans le consulter et plus que tout elle savait à quel point le jeune homme avait besoin de mieux connaître son fils. Tout comme lui, elle était psychologue, comprendre les gens faisait partie des habilités que lui offrait son travail et dont Alekseï avait également hérité, ça et l’altruisme. Ce fut d’ailleurs ce dernier qui le ramena sur terre, lui rappelant qu’il avait des patients qui comptaient sur lui et qu’il n’avait pas le droit de les abandonner comme ça l’aidant à se sortir du lit alors qu’il y serait bien resté toute la journée. Une fois hors de sa chambre, il se dirigea directement vers la salle de bain, doublant son cousin avant que ce dernier ne l’atteigne, un sourire amusé étirant ses lèvres et qui fit lever les yeux d’Enzo au ciel. À trop réfléchir et se prélasser dans son lit, le Brésilien avait laissé le temps s’écouler et il avait dû faire le choix entre le petit-déjeuner dans son appartement ou la douche … la seconde option avait été celle qu’il avait choisie. Ce ne fut qu’une fois prêt qu’il quitta son appartement, saluant Enzo d’un geste de la main avant d’aller rejoindre sa voiture pour gagner le cabinet de sa mère dans lequel il travaillait – autant dire qu’il n’avait pas eu trop de mal à obtenir une place. Là-bas, la journée s’écoula bien plus vite que s’il était resté à se poser tout un tas de questions sur ce qu’il aurait bien pu être en train de faire s’il se trouvait encore à Bordeaux.

Non, une fois dans son bureau, il se focalisait uniquement sur ses patients et faisait ce pour quoi il était doué : aider les autres, une véritable passion. Les patients s’enchaînèrent donc toute la journée jusqu’à ce qu’arrive un trou dans son emploi du temps entre deux patients dont il profita pour faire du tri dans ses papiers et relire certaines notes qu’il avait prises au cours des précédents rendez-vous. Ceci fait, Alekseï se laissa tomber contre le dossier de son fauteuil, s’étira puis se leva pour quitter son bureau et tenter de rejoindre celui de sa mère sachant que cette dernière n’avait pas non plus de rendez-vous avant une bonne heure. « … Alekseï ? ALEKSEÏ !? Il y a quelqu'un pour toi. » Arrêté en plein dans sa lancée qui allait lui permettre de traverser le couloir et de rejoindre le bureau de sa patronne et mère, le jeune homme fit quelques pas en arrière pour regarder en direction du bureau de la secrétaire et il n’eut aucun mal à reconnaître la personne qui était là « pour » lui. Sourcils froncés, il s’avança vers les deux femmes en silence jusqu’à être arrivé à la hauteur de Zeppelin. « Merci Charlotte … En quoi je peux t’aider Zeppelin ? » Demanda-t-il directement et le plus professionnellement du monde. Elle n’était pas là pour le voir, c’était très simple à deviner et lui n’avait pas la moindre envie de parler de quoi que ce soit d’autre que la raison de sa présence dans ce cabinet. Il lui en voulait encore et le Brésilien était même certain de continuer sur cette voie pendant bien des années encore.

no comment xD c'est tout pourri

Le cœur de Zeppelin avait fait un tel bond dans sa poitrine qu’elle avait eu presque l’impression que celui-ci allait sortir de la cavité qui le maintenait en place et à la vue du jeune homme, son sang n’avait fait qu’un tour dans son organisme. Bien entendu, il fallait qu’elle tombe sur la seule personne qu’elle ne voulait pas revoir de sitôt, d’autant plus depuis qu’il s’était rendu à Bordeaux pour rendre visite à Noël. En éprouvait-elle une pointe de jalousie ? Sûrement. Beaucoup même. « Merci Charlotte… En quoi je peux t’aider Zeppelin ? » demanda-t-il simplement, de manière si professionnelle et presque détachée que la jeune femme s’en trouva presque offusquée, mais n’en laissa rien paraître. A son tour, l’agent fédéral sortit son badge et le lui montra en évitant soigneusement d’établir un contact visuel avec Alekseï, comme si elle craignait qu’il ne la tue d’un simple regard comme le Basilic d’Harry Potter. Il fallait dire que depuis l’annonce de l’abandon de Noël, ils ne s’étaient plus reparlés et avaient fait leur vie chacun de leur côté : Alekseï n’avait pas supporté que Zeppelin le fasse adopter dans le plus grand secret et elle, eh bien disons qu’elle s’en voulait toujours d’avoir couché avec celui qui fut son meilleur ami pendant près de 11 ans. « Nous enquêtons sur la disparition de Reese Mannings, sa mère nous a appris qu’elle avait insisté pour consulter un psychologue – toi, en l’occurrence – et nous avons besoin de savoir pour quelles raisons. Y-a-t-il un endroit où l’on pourrait discuter de ça ? » demanda-t-elle en désignant sur bureau d’un simple mouvement de la tête. « Bah alors, Zepp’ on oublie les bonnes manières ? Tu ne me présentes pas ? ». Pour toute réponse, Zeppelin roula des yeux. Clara avait senti les tensions qu’il y avait entre elle et Alekseï alors forcément, il fallait qu’elle saute sur l’occasion pour faire son intéressante. « T’as qu’à le faire toi-même. » rétorqua-t-elle avant de se décaler pour lui laisser le champ libre. « Clara Anderson, also F.B.I. » (ça rappelle Dean/Castiel ~). Elle glissa un regard vers Zeppelin et ajouta. « Collègue de cette rabat-joie. D’où est-ce que vous vous connaissez tous les deux. Je sens une telle tension entre vous… » demanda-t-elle, curieuse. « Clara ? Reese Mannings, remember ? Elle est peut-être en danger à l’heure où on parle. Je… Je te laisse prendre sa déposition, j’ai besoin de prendre l’air. » acheva-t-elle en prenant la direction de l’ascenseur non sans un dernier regard vers Alekseï. Zeppelin aurait préféré lui poser les questions, mais elle en était tout simplement incapable. Elle ne supportait plus la présence du père de son enfant, encore moins depuis qu'elle avait appris son voyage en France pour le retrouver.

Par moment il pouvait se comporter comme le pire des crétins. Il laissait trop souvent ses émotions parler pour lui alors qu’en fin psychologue il savait que ce n’était pas la meilleure chose à faire, mais il n’était qu’un humain après tout. Même très proche d’une personne, lorsque sa fierté était touchée, il se transformait bien souvent comme le pire des idiots et laissait sa rancœur dicter sa conduite comme à chaque fois qu’il croisait la personne contre qui il avait de la rancœur ou dès lors qu’on parlait de cette personne. Il avait beau avoir toujours été très proche de Zeppelin au cours de leur enfance et de leur adolescence, la trahison avait été d’autant plus forte. Bien sûr, comme elle, il s’en était voulu d’avoir été aussi loin et ce uniquement poussé par l’alcool. Même s’il savait que s’ils avaient franchi ce cap c’était également parce qu’ils en avaient eu envie, ça ne changeait absolument pas le fait qu’elle avait toujours été sa meilleure amie et qu’un tel acte avait eu pour effet de fissurer cette belle et forte amitié qu’ils avaient eu tous les deux durant tant d’années.

Pourtant, ils avaient essayé de tenir les jours qui avaient suivi, mais rapidement Zeppelin avait disparu sans donner la moindre raison et encore moins la moindre nouvelle, le laissant totalement dans le noir avant qu’il n’apprenne la vérité et surtout la naissance de leur fils. Alekseï avait eu la nette impression d’avoir été trahi par l’une des rares personnes en qui il avait une totale confiance. Il s’était confié à elle pendant des années et vice versa, cependant ce n’était pas ce qui avait empêché l’Américaine de lui cacher un fait plus qu’important dans leur vie à tous les deux et de faire un choix sans même le consulter alors qu’il était tout autant concerné qu’elle. Pour ça, pour l’adoption de Noël alors qu’il ignorait jusqu’à même son existence, le Brésilien avait été incapable de lui pardonner et leur amitié en avait été détruite une bonne fois pour toute. Le psychologue avait beau tenter de prendre sur lui et de se convaincre qu’il était à présent temps de laisser ça derrière lui, il en était tout simplement incapable et il continuait donc d’agir comme un idiot, comme ce jour-là. Difficile de croire qu’ils avaient pu être proches tant il pouvait se donner un air totalement détaché en s’adressant à elle alors qu’intérieurement il était partagé entre la colère et la joie de la voir, deux sentiments opposés qui avaient le don de le troubler même s’il n’en laissait rien voir.

« Nous enquêtons sur la disparition de Reese Mannings, sa mère nous a appris qu’elle avait insisté pour consulter un psychologue – toi, en l’occurrence – et nous avons besoin de savoir pour quelles raisons. Y-a-t-il un endroit où l’on pourrait discuter de ça ? » À l’évocation du nom de l’une de ses patientes, les sourcils bruns du jeune homme se froncèrent tandis qu’il s’efforçait d’avoir à nouveau en mémoire les dernières paroles qu’il avait pu échanger avec l’adolescente dont il se souvenait sans le moindre mal. Quant à la question qu’elle lui posa, Alekseï s’apprêtait à lui désigner son bureau lorsqu’une seconde jeune femme les rejoignit et le coupa dans son élan. « Bah alors, Zepp’ on oublie les bonnes manières ? Tu ne me présentes pas ? » Son regard resta posé sur Zeppelin quelques instants, parfaitement silencieux, avant de dévier vers la jeune femme à qui il adressa un sourire parfaitement poli mais sans plus. « T’as qu’à le faire toi-même. » Vraiment, il ne supportait pas cette situation. Il savait qu’il était temps pour lui de se comporter comme l’adulte qu’il était supposé être, toutefois à chaque fois qu’il se trouvait en présence de celle qui avait longtemps été sa meilleure amie, il en était incapable. Néanmoins, il n’eut guère le temps d’y penser que déjà celle qui était à priori la collègue de la jeune femme apparaissait à nouveau dans son champ de vision, un large sourire aux lèvres.

« Clara Anderson, also F.B.I. Collègue de cette rabat-joie. D’où est-ce que vous vous connaissez tous les deux. Je sens une telle tension entre vous… » De nouveau, le Brésilien leva les yeux en direction de Zeppelin puis reposa son regard sur Clara tout en se raclant la gorge, signe plutôt clair qu’il se sentait assez mal à l’aise concernant cette question à laquelle il avait nullement l’intention de répondre. « Clara ? Reese Mannings, remember ? Elle est peut-être en danger à l’heure où on parle. Je… Je te laisse prendre sa déposition, j’ai besoin de prendre l’air. » Surpris de la voir prendre la fuite – c’était bien ce dont il s’agissait à ses yeux – Alekseï voulu répliquer mais il n’eut pas le temps de le faire que déjà la collègue de Zeppelin lui sautait dessus en lui posant tout un tas de questions auxquelles le jeune homme répondit comme un automate. « Désolé … je peux vraiment pas vous aidez plus que ça et je dois m’occuper de quelque chose. En revanche le docteur Udinov sera sans doute plus à même de vous aider. » Déclara-t-il à la fois sincère mais aussi pour se débarrasser plus rapidement de la jeune femme, quittant à son tour le bureau où il travaillait pour retrouver Zeppelin à l’extérieur. Prenant place silencieusement à côté d’elle, le regard fixant un point non précis devant lui, il resta ainsi quelques instants avant de soupirer et de tourner la tête vers la jeune femme. « Je suppose que ma mère a involontairement lâché l’information et que tu sais que je l’ai vu. » Commença-t-il sur un ton calme, le regard posé sur la jeune femme pour finalement se détourner à nouveau dans la même direction que quelques instants plus tôt.

Pressée de mettre le plus de distance possible entre elle et le père de son enfant, Zeppelin abandonna l’ascenseur pour emprunter la cage d’escalier, traversa le hall, poussa la porte de l’immeuble et s’appuya contre le mur de celui-ci en attendant patiemment que sa collègue finisse d’interroger Alekseï. Ses nerfs venaient tout juste d’être mis à rude épreuve et elle tremblait tellement de colère qu’elle eut soudainement la folle envie de traverser la voirie pour acheter un paquet de cigarettes chez le buraliste d’en face. Zeppelin ne se mettait dans un tel état uniquement lorsqu’elle pensait à Noël ou à Alekseï, mais il suffisait qu’elle pense au premier pour songer ensuite au deuxième et vice-versa. Tous deux lui rappelaient sans cesse les plus grosses erreurs qu’elle avait faites dans sa vie alors forcément, la distance que le psychologue avait imposé entre eux l’avait plutôt arrangé : c’était lâche et elle assumait parfaitement. Jamais elle ne se serait attendue à se retrouver nez-à-nez avec Alekseï. Zeppelin le croyait en France, comme le lui avait signifié sa marraine qui regretta aussitôt d’avoir lâché cette information. Perdue dans ses pensées, l’agent fédéral ne prêta aucune attention à l’homme qui venait tout juste de sortir pour se poster à ses côtés. Ce ne fut que lorsqu’il prit enfin la parole que la jeune femme se rendit compte qu’il s’agissait d’Alekseï et elle adopta rapidement un comportement beaucoup plus défensif voire même un brin agressif. Tous les muscles de son corps se crispèrent et elle serra les dents d’une telle force que l’on pouvait voir les muscles de sa mâchoire battre sous l’effet de la colère. Le pire c’était qu’elle ne ressentait pas de colère envers Alekseï, mais plutôt envers elle. En fait, Zeppelin était beaucoup plus jalouse d’Alekseï que véritablement en colère contre lui.

« Je suppose que ma mère a involontairement lâché l’information et que tu sais que je l’ai vu. ». Zeppelin se renfrogna un peu plus et haussa les épaules en donnant l’air de s’en moquer éperdument. « Je l’aurais su d’une manière ou d’une autre. » rétorqua-t-elle sans daigner le regarder dans les yeux. « C’est quoi le but de la manœuvre, au juste ? Tu es partie sans prévenir et là tu viens me voir uniquement pour renvoyer la pareille parce que je ne t’avais rien dit de ma grossesse et de l’adoption, c'est ça ? A chaque fois qu’on se voit, j’ai l’impression que ton objectif c’est de me faire culpabiliser d’une décision que j’ai prise il y a huit ans. Tu perds ton temps, Alek. » lança-t-elle sur un ton tellement détaché que Zeppelin en fut elle-même aussi étonnée que choquée. Elle avait passé tellement d’années à se forger une carapace qu’à présent, l’américaine jouait un peu trop bien son rôle. « Tu as pu voir ton fils, il a pu voir son père, tu m’en vois ravie. » dit-elle avant de se tourner vers lui, l’air soudain beaucoup plus menaçant. « … Mais s’il te prend l’envie de l’accueillir un jour aux USA pour qu’il puisse découvrir ses racines, ne t’avises pas de me faire un coup foireux, tu m’as bien comprise ? » demanda-t-elle en appuyant ses propos d’un geste du doigt menaçant. Zeppelin donnait l’impression de rejeter l’enfant, mais elle ne tenait pas spécialement à ce qu’on lui renvoie ce douloureux souvenir en pleine figure.

Jamais il n’avait aimé cette situation … jamais. Elle avait été comme une sœur pour lui au cours de bien des années. Il l’avait écouté se confier à lui. Il avait fait comme il pouvait pour l’aider à aller mieux lorsque ce n’était pas le cas. Lorsqu’elle avait eu des doutes sur le moindre sujet concernant sa vie, il avait fait en sorte qu’ils disparaissent et qu’elle croit en elle. Il savait que revenir au sein de sa famille après dix ans de mensonge n’avait pas été simple pour elle. Elle avait dû se faire à l’idée de ne pas avoir été élevée par les bons parents et d’avoir des frères et sœurs qui vivaient avec son souvenir et l’espoir qu’elle reviendrait. En somme, il avait toujours été quelque peu protecteur avec elle parce qu’il n’aimait pas la voir mal ni préoccupée. Déjà plus jeune il avait su montrer avoir toutes les cartes en main pour faire un bon psychologue, il avait hérité de sa mère bien plus que de son père – hormis pour son besoin de voir un peu plus de justice dans ce bas monde. Le Brésilien aurait préféré que rien ne se brise entre, jamais ! Il aurait préféré qu’ils restent aussi proches qu’ils avaient toujours pu l’être, mais ils avaient fait une erreur, une seule erreur qui avait tout brisé : amitié comme confiance. Alekseï était incapable d’avoir confiance en elle désormais. Elle lui avait menti alors qu’il avait pensé être assez proche d’elle pour qu’elle se confie. Jamais il ne l’aurait jugé pour choisir de faire adopter leur fils bien qu’il aurait sans doute tenté de lui faire entendre raison ou de faire en sorte qu’elle le lui confie à la naissance. Il s’était senti trahi lorsqu’il avait découvert la vérité grâce à sa mère et il se connaissait très bien lui permettant de savoir que la confiance qu’il avait pu avoir en Zeppelin allait mettre du temps avant de revenir. Cependant, il tenait toujours autant à elle, le nier serait mentir. Alekseï n’aimait toujours pas le fait de la voir si mal et il ne put s’empêcher de s’en sentir coupable.

Il avait été froid avec elle, totalement détaché alors qu’ils se connaissaient depuis des années. Il avait également deviné que Zoya n’avait pas eu sa langue dans sa poche et même s’il n’en voulait pas à sa mère – après tout elle était la marraine de Zeppelin – il aurait préféré être celui qui lui avouerait avoir vu leur fils. Ce fut la raison qui le poussa à se concentrer si peu sur les questions de la coéquipière de l’Américaine. Il n’avait pas la moindre envie de se concentrer là-dessus pour le moment – même si une vie était en jeu et que ça le rendait égoïste – il souhaitait juste lui parler bien qu’il ne savait pas pourquoi. Ainsi, Alekseï se retrouva dehors auprès de Zeppelin, son regard s’étant posé sur elle qu’un petit moment avant qu’il ne regarde droit devant lui parce qu’en réalité il craignait de lire le reproche dans le regard de la jeune femme. « Je l’aurais su d’une manière ou d’une autre. » Exact. Mais ça n’empêchait pas le fait qu’il aurait préféré être celui qui le lui annoncerait parce que, au final, ça les concernait avant tout tous les deux. Le psychologue ne prononça pas le moindre mot, il la connaissait et savait par conséquent qu’elle était tout juste sur le point de se lancer. « C’est quoi le but de la manœuvre, au juste ? Tu es partie sans prévenir et là tu viens me voir uniquement pour renvoyer la pareille parce que je ne t’avais rien dit de ma grossesse et de l’adoption, c'est ça ? A chaque fois qu’on se voit, j’ai l’impression que ton objectif c’est de me faire culpabiliser d’une décision que j’ai prise il y a huit ans. Tu perds ton temps, Alek. » Sa mâchoire se crispa, mais il continua de se murer dans le silence sans même poser un regard sur elle. Elle voulait vider son sac ? Il allait la laisser faire sans prononcer la moindre parole, tout du moins pas avant d’avoir compris qu’elle en avait terminé.

« Tu as pu voir ton fils, il a pu voir son père, tu m’en vois ravie … Mais s’il te prend l’envie de l’accueillir un jour aux USA pour qu’il puisse découvrir ses racines, ne t’avises pas de me faire un coup foireux, tu m’as bien comprise ? » Son regard se posa enfin sur Zeppelin lorsque cette dernière lui fit face. Il ne put s’empêcher de se montrer froid, une pointe de colère se décelant sans le moindre mal dans son regard. Il la toisa quelques instants en tâchant de se calmer, n’ayant pas la moindre envie de se donner en spectacle devant tous les passants. « Je suis venu te voir ? Tu peux me dire quand exactement ? La seule raison pour laquelle on est en présence de l’un et de l’autre c’est pour ton enquête parce que crois-moi, je ne comptais pas te revoir de sitôt ! » C’était peut-être dur, mais Alekseï le pensait. Il était rancunier, peut-être même un peu trop parfois, toutefois c’était la réalité, il n’avait pas envisagé de la revoir de sitôt, jugeant être encore trop remonté contre elle. « Et je te promets que s’il veut venir et que ses parents sont d’accord il ne verra pas sa mère … des deux c’est toi l’experte des coups foireux ! » Pour ce qui était de garder son calme, il pouvait mieux faire. Alekseï était en train de vider son sac à son tour, de laisser échapper ce qu’il avait sur le cœur depuis bien trop longtemps maintenant. Tourné face à Zeppelin, son regard ancré dans le sien, il laissa quelques secondes s’écouler avant de reprendre la parole. « J’avais tous les droits de le voir, tu ne peux pas me blâmer pour ça ou pour t’en vouloir. C’était ton choix, mais j’avais mon mot à dire et … » Alekseï s’arrêta au beau milieu de sa phrase. Il pinça ses lèvres puis l’arête de son nez comme pour canaliser sa colère. « Ça ne t’a jamais traversé l’esprit qu’à cette période je tenais à toi au point d’envisager quelque chose ? Et je dis bien à cette période. » Une période bien révolue dans son esprit. Des sentiments effacés à l’aide de la colère et de la rancœur, mais des sentiments qui avaient été là malgré tout.

Code de déontologie oblige, Alekseï n’avait pas cherché à l’interrompre et la jeune femme lui en fut reconnaissante, cependant, elle se doutait que lorsqu’il reprendrait la parole les mots feraient mal, très mal. « Je suis venu te voir ? Tu peux me dire quand exactement ? La seule raison pour laquelle on est en présence l’un de l’autre c’est pour ton enquête parce que crois-moi, je ne comptais pas te revoir de sitôt ! ». La discussion commençait à peine et Zeppelin sentait déjà la colère gronder, mais tout comme lui, elle ne l’interrompit que lorsqu’elle sentie une ‘ouverture’. « Quand es-tu venu me voir ? Là, maintenant ! J’ai bien compris que tu souhaitais couper les ponts et j’ai respecté ta décision pendant tout ce temps. Aujourd’hui, tu aurais dû te contenter de répondre aux questions de ma collègue, mais non, tu as choisi de me rejoindre ici : si ce n’est pas pour me blâmer alors que fais-tu là ? … Parce que de toute évidence, il est clair que tu ne peux plus m’encadrer. » rétorqua-t-elle froidement, mais elle se doutait qu’Alekseï n’en avait pas fini : il allait lui cracher 8 ans de rancœur en plein visage et Zeppelin allait devoir encaisser sans rien dire. « Et je te promets que s’il veut venir et que ses parents sont d’accord il ne verra pas sa mère… des deux c’est toi l’experte des coups foireux ! J’avais tous les droits de le voir, tu ne peux pas me blâmer pour ça ou pour t’en vouloir. C’était ton choix, mais j’avais mon mot à dire et… Ca ne t’a jamais traversé l’esprit qu’à cette période je tenais à toi au point d’envisager quelque chose ? Et je dis bien à cette période. ». L’américaine resta interdite, bouche bée même face aux révélations d’Alekseï. Du temps où ils étaient meilleurs amis, les deux jeunes gens se connaissaient par cœur et se confiaient beaucoup l’un à l’autre, mais l’américaine était à cent lieux de penser que ce dernier nourrissait des sentiments bien plus fort que la simple amitié et quand bien même s’eut été le cas, Zeppelin n’aurait jamais su comment réagir. Rapidement, les larmes lui montèrent aux yeux. Si elle avait un jour eu le béguin pour Alekseï ? Bien entendu. Ils avaient couché ensemble, mais même s’il s’agissait d’une erreur les sentiments étaient là puisque c’était également sa première expérience sexuelle. « Mon choix ? Est-ce que tu as la moindre idée de ce que c’était !? Je ne voulais pas décevoir ma famille avec qui je construisais de nouveau souvenir, j’apprenais tout juste à connaître et à comprendre ma propre mère lorsqu’on m’a appris que j’allais en devenir une. J’ai fait un déni de grossesse, Alek ! Un déni ! On a tous les deux fréquentés la même promotion de psycho donc je ne vais pas te faire un cours sur le sujet : j’avais 21 ans, ça m’est tombé dessus sans prévenir et je m’en suis voulue pour ça. Alors non, ce n’était pas mon choix ! Que je le fasse adopter ou que je te le cède n’aurait strictement rien changé à notre situation actuelle ; je n’aurais pas été capable de le regarder en face et de lui expliquer les raisons pour lesquelles j’ai préféré l’abandonner. ». Elle avait compris qu’Alekseï lui en voulait, mais qu’il la prenait toujours en grippe depuis tout ce temps la dépassait totalement. « Tu étais mon meilleur ami, mon confident et aujourd’hui tu te dis psychologue, mais tu n’as même pas été capable de voir tout ça, ni de le comprendre… Au lieu de ça, tu me balances tes soit disant sentiments, mais tu n'as même pas cherché à me contacter après qu'on ait couché ensemble malgré que nos familles soient proches. Alors je ne suis pas la seule à être prise pour responsable. » lâcha-t-elle enfin sur un ton à la fois mauvais et complètement brisé tant et si bien qu'une larme roula sur sa joue et qu’elle s’empressa aussitôt d’essuyer. « J’aurais préféré ne pas te voir. » acheva-t-elle en traversant la voirie pour s’engouffrer dans le café d’en face, cherchant à fuir la présence d’Alekseï qui l’oppressait.

Tu peux me tuer

Il se sentait bouillonner à l’intérieur sans pour autant parvenir à se calmer. Il refoulait cette colère depuis bien trop longtemps pour être capable de la contenir et ce qu’il ait apprit qu’agir de la sorte soit mal ou non. Il lui en voulait, un fait qu’il lui avait clairement dit lorsqu’il avait appris l’existence de leur fils quelques années plus tôt. Il avait beau sincèrement tenir à elle – ce qui serait probablement toujours le cas – ce n’était pas pour autant qu’il parvenait à lui pardonner. À ses yeux ce fut une trahison mais quelque part il savait qu’il n’était qu’un hypocrite puisqu’après ce qui s’était passé entre eux il avait tout simplement pris la fuite. Il avait été lâche, il n’y avait pas d’autre mot et même s’il était parvenu à se convaincre du fait que c’était la peur de s’engager qui l’avait poussé à agir de la sorte, au fond de lui il ne s’était jamais pardonné de ne pas être retourné vers elle non plus. En somme, il était tout aussi fautif que Zeppelin, mais il était bien trop fier pour l’avouer et, après tout, il était bien plus simple de rejeter toute la faute sur une seule et même personne. « Quand es-tu venu me voir ? Là, maintenant ! J’ai bien compris que tu souhaitais couper les ponts et j’ai respecté ta décision pendant tout ce temps. Aujourd’hui, tu aurais dû te contenter de répondre aux questions de ma collègue, mais non, tu as choisi de me rejoindre ici : si ce n’est pas pour me blâmer alors que fais-tu là ? … Parce que de toute évidence, il est clair que tu ne peux plus m’encadrer. »

L’américaine marquait un point. Il était vrai qu’Alekseï était celui qui avait fait le choix d’abandonner la coéquipière de la jeune femme pour la rejoindre là, sur le trottoir en face du cabinet dans lequel il travaillait avec sa mère. Peut-être aurait-il mieux fait de s’abstenir au vu de la tournure des évènements mais le brésilien en était incapable, n’ayant que trop besoin de lui parler quitte à hausser le ton comme il le faisait. « Ce n’est pas vrai … je ne serais pas venu autrement. Je n’arrive simplement pas à te pardonner. » Et visiblement il éprouvait toujours autant le besoin de s’expliquer, de trouver des excuses comme il savait si bien le faire. « Mon choix ? Est-ce que tu as la moindre idée de ce que c’était !? Je ne voulais pas décevoir ma famille avec qui je construisais de nouveau souvenir, j’apprenais tout juste à connaître et à comprendre ma propre mère lorsqu’on m’a appris que j’allais en devenir une. J’ai fait un déni de grossesse, Alek ! Un déni ! On a tous les deux fréquentés la même promotion de psycho donc je ne vais pas te faire un cours sur le sujet : j’avais 21 ans, ça m’est tombé dessus sans prévenir et je m’en suis voulue pour ça. Alors non, ce n’était pas mon choix ! Que je le fasse adopter ou que je te le cède n’aurait strictement rien changé à notre situation actuelle ; je n’aurais pas été capable de le regarder en face et de lui expliquer les raisons pour lesquelles j’ai préféré l’abandonner. ».

La bombe était lâchée. Alekseï ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui balance tout ça d’un coup si bien que le jeune homme resta sans voix. Il se contenta de la regarder sans prononcer le moindre mot, encaissant sa colère sans chercher à se défendre, réalisant enfin à quel point il avait pu être égoïste durant toutes ces années à ne blâmer que Zeppelin. « Tu étais mon meilleur ami, mon confident et aujourd’hui tu te dis psychologue, mais tu n’as même pas été capable de voir tout ça, ni de le comprendre… Au lieu de ça, tu me balances tes soit disant sentiments, mais tu n'as même pas cherché à me contacter après qu'on ait couché ensemble malgré que nos familles soient proches. Alors je ne suis pas la seule à être prise pour responsable. » Incapable de baisser les yeux à cause de sa fierté, les paroles prononcées par la jeune femme l’atteignirent bien plus qu’il ne le montra. Elle avait parfaitement raison, il lui annonçait de but en blanc l’avoir aimé alors que par le passé il n’avait pas fait l’effort de revenir vers elle alors qu’ils avaient été si proche. Il était un crétin et s’il l’avait sans doute remarqué dans les débuts, Alekseï avait vite eu d’enfouir cette vérité au fond de lui, une vérité qui refaisait surface aujourd’hui bien trop vite pour qu’il soit capable d’encaisser tranquillement. « J’aurais préféré ne pas te voir ».

Au moins ils étaient mais cette fois pour des raisons tout à fait différentes, du moins de son point de vue. Le jeune homme la regarda s’éloigner vers le café d’en face sans savoir ce qu’il devait faire ou non. Devait-il faire demi-tour, retourner dans son bureau et jouer à nouveau le lâche ou, au contraire, devait-il la suivre et tenter d’arranger cette situation qu’il avait lui-même envenimé ? Le brésilien resta quelques instants de plus comme un idiot sur le trottoir avant de traverser la route à son tour pour ensuite entrer dans le café où il trouva Zeppelin sans le moindre mal. Une fois glissé sur la chaise face à l’américaine, Alekseï s’efforça de croiser son regard, ses mains se croisant sur la table. « On s’en veut mutuellement, très bien … mais Zeppelin tu ne peux passer le reste de ta vie à te torturer comme tu le fais … » Il n’avait pas besoin d’être psychologue pour le deviner, il se contentait juste du fait que, comme elle l’avait souligné, il avait été son meilleur ami et son confident si bien que, rien que pour ça, il la connaissait par cœur. « Tu sais que la seule chose qu’il veut c’est rencontrer ses parents biologiques ? Si je n’avais pas fait le premier pas, il l’aurait fait dans dix ans … Il ne t’en veut pas, il sait que tu voulais le meilleur pour lui, t’en vouloir pour ça ne servira à rien … j’ai bien assez de rancœur pour deux. » Avoua-t-il dans un soupire en baissant finalement les yeux.

Pour Zeppelin, il était évident qu’Alekseï ne supportait plus sa présence depuis qu’elle avait abandonné Noel et même si son meilleur ami avait toujours compté pour elle, la jeune femme n’avait pas cherché à venir le voir pour lui servir des explications dont il n’aurait sûrement rien eu à faire. Elle en était certaine parce qu’elle ne le connaissait que trop bien. Pour elle, il était clair qu’Alekseï avait tiré un trait sur Zeppelin et qu’il la détestait de l’avoir ainsi trahie, mais ce n’était rien comparé à l’estime que la jeune femme pouvait avoir d’elle-même. « Ce n’est pas vrai … je ne serais pas venu autrement. Je n’arrive simplement pas à te pardonner. ». L’américaine préféra ne pas répondre et s’engouffrer dans le café d’en face en espérant ainsi avoir clos le dossier et pouvoir passer à autre chose. Pour elle, cela revenait au même : s’il n’arrivait pas à la pardonner, c’est qu’au fond il n’y tenait pas tant que ça. Alekseï n’avait même pas essayé de revenir vers elle alors qu’il en avait eu de nombreuses occasions. Qu’est-ce que ce genre de comportement pouvait l’irriter ! C’était tellement… égoïste ! A croire que les gens n’en avaient rien à faire du pardon alors qu’à ses yeux, il n’y avait rien de plus important. Sans pardon, on ne peut plus vraiment avancer avec la personne qui reste bloquée dans sa rancune. Confortablement installée au comptoir d’un café à réputation internationale, Zeppelin observait le contenu de la tasse qu’un serveur venait de placer sous son nez. Lorsqu’elle entendit le son de la clochette annonçant l’entrée d’un nouveau client qui vint s’installer à ses côtés, l’américaine n’eut pas à redresser la tête pour savoir de qui il s’agissait et poussa un soupir lourd de sens. Ce qu’il pouvait être obstiné ! « On s’en veut mutuellement, très bien … mais Zeppelin tu ne peux passer le reste de ta vie à te torturer comme tu le fais … ». Elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle venait d’entendre, de la bouche d’Alekseï cela sonnait presque come un début de pardon, mais elle n’était vraiment sûre de rien et après tout ce temps, Zeppelin n’était pas sûre d’être prête à l’accepter de nouveau dans sa vie. « Alors quoi ? J’ai le droit à une séance gratuite, c’est ça ? Prix d’ami ? » lança-t-elle sur un ton sarcastique, comme si elle cherchait de nouveau à l’aveugler par la colère qu’il éprouvait pour elle et ainsi masquer ses émotions. Bien que la présence d’Alekseï ne fût vraiment pas souhaitée dans ce café, Zeppelin ne put s’empêcher d’en être touchée. « Tu sais que la seule chose qu’il veut c’est rencontrer ses parents biologiques ? Si je n’avais pas fait le premier pas, il l’aurait fait dans dix ans … Il ne t’en veut pas, il sait que tu voulais le meilleur pour lui, t’en vouloir pour ça ne servira à rien … j’ai bien assez de rancœur pour deux. ». Zeppelin but une gorgée de son café le plus tranquillement du monde, comme si la remarque d’Alekseï ne lui faisait pas le moindre effet et détourna la tête en l’évitant un maximum. « Son vrai père l’a retrouvé, c’est déjà mieux que rien. Ne compte pas sur moi pour le rencontrer, j’ai tiré un trait sur lui le jour où l’assistante sociale est venue me le prendre pour le céder à une autre famille beaucoup plus soudée que notre relation l’était. ». Alekseï ne semblait pas comprendre son point de vue et elle ne pouvait pas le blâmer : jusqu’à présent, on ne pouvait pas dire que Zeppelin s’était particulièrement bien expliquée. « Deux minutes. C’est le temps qu’il m’a été accordé avec lui, juste de quoi le serrer contre moi et lui donner un prénom avant qu’il ne soit céder à cette famille de franco-américains. Et tu n’as pas idée de ce que ça a été quand ils me l’ont repris : ses pleurs m’ont fendu le cœur et je ne veux pas avoir à revivre ça de toute ma vie. Je ne veux même plus d’enfants. Alors le rencontrer pour ensuite le voir repartir une seconde fois, comme dix années en arrière auparavant : il en est hors de question. » dit-elle, s'exprimant un peu plus sur la question et s'en voulant aussitôt d'avoir ainsi fait parler son cœur. A peine eut-elle le temps de terminer sa phrase que son téléphone se mit à sonner, elle s'excusa auprès d'Alekseï et sortit pour répondre à l'appel, mais revint quelques minutes plus tard, la mine renfrognée et l'air manifestement en colère. Zeppelin termina rapidement sa consommation, reprit ses affaires, tendit un billet au serveur et se tourna vers Alekseï. « Ma collègue a contacté mon supérieur et il vient tout juste de me retirer l'affaire. On dirait qu'on n'a plus rien à se dire tous les deux. » dit-elle, le tenant ainsi pour responsable.

Alekseï ignorait si le fait d’entrer dans ce café et poursuivre Zeppelin soit une excellente idée. Mais, quand bien même ne l’était-ce pas, il le fit quand même ne pouvant se résoudre à baisser une fois de plus les bras. Il l’avait déjà fait dix ans auparavant poussé par sa colère, il avait grandi aujourd’hui – tout du moins il l’espérait sincèrement – et il se devait de faire un effort. Le brésilien savait qu’il n’était pas encore prêt à la pardonner, il avait toujours cette sale sensation d’avoir été trahi par sa meilleure amie, cependant il pouvait néanmoins faire le premier pas et tenter d’améliorer un tant soit peu cette relation entre eux. Après tout, ils avaient été si proches et au fond de lui il trouvait dommage que toute cette amitié ait été gâchée et surtout la jeune femme lui manquait, leurs discussions sans queue ni tête également. Alors oui, le psychologue fit le premier pas ce qui était une grande première pour lui, mais il parvint à faire taire sa fierté et à traverser la rue qui le mena droit dans le café dans lequel Zeppelin était entrée avant lui. La trouver ne fut pas un problème et puisque la jeune femme le connaissait tout aussi bien que lui la connaissait, lorsqu’il l’entendit soupirer à son approche sans même tourner la tête en sa direction, il comprit qu’elle savait que c’était lui qui la suivait. Dans un premier temps, Alekseï resta silencieux sans même prendre de commande puisque, de toute manière, il ne comptait pas s’éterniser ici.

Puis, il se lança dans ses propos et s’efforça de peser ses mots afin de ne pas avoir à affronter de nouveau la colère de l’américaine. « Alors quoi ? J’ai le droit à une séance gratuite, c’est ça ? Prix d’ami ? » Il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en poussant un soupire. Il n’avait pas oublié le sarcasme dont la jeune femme avait toujours su usé avec aisance mais il aurait tout de même préféré qu’elle tente également de faire un effort, toutefois le jeune homme ne prit pas le temps de relever et continua sur sa lancée. « Son vrai père l’a retrouvé, c’est déjà mieux que rien. Ne compte pas sur moi pour le rencontrer, j’ai tiré un trait sur lui le jour où l’assistante sociale est venue me le prendre pour le céder à une autre famille beaucoup plus soudée que notre relation l’était. » Le brésilien s’humecta les lèvres pour tenter de rester aussi calme que possible. Si lui était borné, autant dire que Zeppelin le battait largement. Mais, une nouvelle fois il prit sur lui pour ne faire aucun commentaire déplacé et s’apprêtait à reprendre la parole lorsque la jeune femme le fit avant lui. « Deux minutes. C’est le temps qu’il m’a été accordé avec lui, juste de quoi le serrer contre moi et lui donner un prénom avant qu’il ne soit cédé à cette famille de franco-américains. Et tu n’as pas idée de ce que ça a été quand ils me l’ont repris : ses pleurs m’ont fendu le cœur et je ne veux pas avoir à revivre ça de toute ma vie. Je ne veux même plus d’enfants. Alors le rencontrer pour ensuite le voir repartir une seconde fois, comme dix années en arrière auparavant : il en est hors de question. »

Alekseï ne put contenir la moue désolée qui apparu sur son visage. Il imaginait la scène avec une telle facilité que bien malgré lui il sentit son cœur se serrer douloureusement dans sa poitrine. Jamais il n’avait essayé de voir les choses du point de vue de la jeune femme. Jamais il n’avait tenté d’imaginer ce qu’elle-même avait pu ressentir en abandonnant Noel et le jeune homme s’en trouva bien égoïste. Cependant, il n’eut pas le temps de répliquer que le portable de la jeune femme sonna, la forçant à quitter rapidement le café, le laissant seul avec ses pensées avant de revenir visiblement tout aussi en colère que lorsqu’ils s’étaient emportés à l’extérieur du cabinet. « Ma collègue a contacté mon supérieur et il vient tout juste de me retirer l'affaire. On dirait qu'on n'a plus rien à se dire tous les deux. » Difficile de ne pas sentir qu’elle l’accusait de la perte de son affaire. Mâchoire crispée, Alekseï se leva à son tour du tabouret et regarda la jeune femme droit dans les yeux sans même prêter attention aux gens autour d’eux. « On a peut-être plus rien à se dire aujourd’hui, mais compte sur moi pour te faire changer d’avis. Cette fois il ne te sera pas enlevé comme à sa naissance, mais prends le temps d’y penser … de vraiment y penser. » Insista-t-il. Il la connaissait et l’imaginait déjà lui répliquer qu’elle l’avait déjà fait, que c’était tout réfléchi et qu’elle ne comptait pas le rencontrer, mais Alekseï ne lui en laissa pas le temps et prit les devants en quittant en premier le café. Une fois à l’extérieur, il s’arrêta sur le trottoir et se tourna vers le café pour un dernier regard à Zeppelin, puis il traversa la rue et regagna son bureau plus frustré qu’il n’aurait imaginé l’être.