Début de soirée; New-York; Hôpital

Satine - Bon, les filles, je vais y aller.
Collègue - T'as enfin terminée ta journée, chanceuse va.
Satine - Mouai, enfin, je sais pas vraiment quoi faire ce soir alors bon, à la limite, je serais restée avec vous, ça ne m'aurais pas plus dérangée que ça !
Collègue - Bah voyons. Allez rentre chez toi va.
Satine - Tu ne me le diras pas deux fois tu sais ? A demain !

Encore une journée que se terminait dans la même et unique routine qui me suivait depuis que j'avais obtenu cet emploi. Je finissais mes journées assez tard, m'assurant à chaque fois, avant de partir, que tout les jeunes handicapés dont je m'occupait allaient bien. C'était un réel besoin pour moi. Pendant une bonne partie de mon enfance, j'avais vécu avec la mort de ma mère et celle de ma sœur sur la conscience. Je n'avais plus la force de subir un nouveau décès, du moins, pas pour le moment, alors, je me devais de m'assurer de la santé de ces jeunes enfants. J'avais un grand cœur, tout le personnel de l'hôpital le savait. Alors, plus personne ne s'étonnait de me voir faire quelques heures supplémentaires le soir. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui n'avait pas échappait à la règle, sortant d'une chambre, j'interpellais sans plus attendre deux de mes collègues, leur annonçant enfin mon départ journalier.
Blouse sous le bras et sac à la main, j'optais maintenant pour le trajet que j'arpentais chaque jour un peu plus. Marcher sur quelques mètres, descendre vers une station de métro, entrer dans ce moyen de transport et côtoyer la foule américaine, sortir plusieurs arrêt plus tard, reprendre sa marche, rentrer chez soit... Banale ritournelle que ce soir encore, je n'allais visiblement pas casser.

Une demi-heure plus tard; New-York; Appartement de Satine

Entrant en trombe dans l'appartement qui me voyait vivre depuis quatre longues années, je referma instinctivement la porte à clé. Habitant seule, j'aimais me sentir en sécurité et ne laissait que rarement cette grande porte ouverte à tout passant. Jetant mon sac et mes clés sur la petite table basse, je continua mon chemin, m'engouffrant alors dans ma chambre. Je me laissa tomber sur le lit tout en allumant l'écran télévisé qui me faisait face. Voilà comment s'annonçait ma soirée: j'allais rester plantée devant divers programmes à ne savoir réellement quoi faire. Certains pourraient surement me conseiller de sortir, d'aller m'amuser dans diverses boîtes de nuit, mais ce soir je n'en avez pas du tout envie. La nostalgie s'était emparée de moi.
"Nous clôturons ce journal en vous rappelant que cela fait quatre ans, jours pour jours, que la célèbre mannequin, Natasha Cadwell a succombé à un terrible cancer." Comment ne pas verser une larme suite à cette annonce ? Moi qui essayais de ne pas penser à cet événement de ma vie, voilà que les journaux télévisés venaient eux aussi me rappeler que ma mère avait perdu la vie. Me levant subitement du lit, je ne perdit pas une seconde avant d'éteindre l'écran, posant mon regard sur la photo de ma mère qui reposait sur le mur rouge de la pièce.

JONAH - "toc toc"

Mon esprit fut soudain attiré par cette voix qui venait de résonner dans tout l'appartement. Cette voix que je reconnaitrait entre mille: Jonah. Observant instinctivement le reflet que m'envoyait le miroir, je m'aperçus ne pas être très présentable. M'emparant le plus rapidement d'une petite robe bleu ciel, je l'enfila le plus vite possible, oubliant d'essuyer les trainées de larmes qui s'étaient imprégnées sur mes joues.
Sortant de la chambre, je découvris un Jonah buvant tranquillement et m'attendant. Il ne se gênait jamais depuis que je lui avait dit "Fait comme chez toi". Mais après tout, pourquoi devrait-il se gêner ? Il avait hériter du double des clés de chez moi, car c'était un peu la seule personne que j'aimais voir n'importe quand dans la journée. Sa présence ne tarda d'ailleurs à me redonner du baume au cœur et à afficher sur mon visage, un sourire des plus radieux.

SATINE - "Jonah, que me vaut l'honneur de cette visite ?"

Me rapprochant rapidement de lui, je lui déposa un doux baiser sur la joue. Finalement, la soirée n'allait peut-être pas être si habituelle que cela...

Début de soirée; New-York; Toujours chez Satine

La vie n'avait été que banale source de tristesse pour moi. Naissance insolite dans une voiture, en plein cœur de Londres, capitale Anglaise. Derrière ce petit incident, la vie, pour moi, aurait put être parfaite. C'était sans compter l'intervention du destin. A peine née, le sort s'acharnait déjà. Autour de moi, une mère m'ayant portée neuf mois durant et une sœur de quelques années mon ainée. Seul bémol de ce début de vie: l'absence d'un père. Aujourd'hui, je ne connais rien de lui. Mes proches avaient avoué sans trop de difficultés que ce dernier avait quitté le domicile familiale peu de temps avant ma naissance. Était-ce pure réalité ? J'y croyais. Ces aveux qui m'avaient été fait n'avaient fait que me dégouter de cet homme que je ne connaissais pourtant pas. Même si aujourd'hui, il serait le seul être qui me reste, je n'avais aucune envie de le rechercher, aucune envie de l'accepter au rôle de père, ce rôle face auquel il avait fuit.
Quelques années plus tard, à dire à mes 6ans, la mort commença sans plus attendre à m'entourer. Victime d'un accident de voiture à mes côtés, mon ainée perdit la vie. J'avais perdu un modèle, une future confidente. J'avais perdu un être cher pour la première fois de ma vie. Mon passé noir aurait très bien put s'arrêter là, mais tout le monde connait la suite. A mes 19 ans, les gros titres des journaux s'enchainent, une célèbre mannequin portant le même nom que moi était morte. Une célébrité qui n'était autre que ma mère. Une personne fantastique dont tout le monde reparlait aujourd'hui.

Ces points négatifs de mon passé accumulés, on obtient la raison qui ma poussé a venir vivre à New-York. Je ne supportais plus Londres, je voulais oublier l'inoubliable ou du moins, apaiser mes souffrances. Je ne sais réellement ce qui m'avait poussé à choisir New-York à une autre ville quelconque, mais je ne regrettais pas. Je ne regretterais jamais. En quatre années, j'avais commencé une nouvelle vie, la mienne. J'avais réalisé des rêves qui me tenaient à cœur, J'avais tenu des promesses que j'avais faites à celles que je regrettais aujourd'hui. Malgré tout, le grand point positif que j'attribuais à "La Grosse Pomme" était sans nuls doutes les rencontres que j'y avait faite. Des personnes tel que Jonah étaient entrés dans ma vie, dans ma tête, dans mon cœur. Des personnes que j'aimais plus que tout et que j'avais sans cesse peur de perdre.

JONAH- qui te brise le cœur ainsi ; pour que je te venge ?
SATINE - On va seulement dire que de mauvais souvenirs font surfaces... Et si tu tiens réelement à te venger de quelqu'un... Tu peux toujours tester les journalistes qui reparlent en boucle de ce qui me chagrine.

Dans mes phrases, je n'utilisais que très rarement le mot mort, encore moins quand je devais l'associer à ma mère. Je me contentais donc de faire comprendre le pourquoi de comment de manière subtile. Je savais qu'il comprendrait. Le laissant essuyer d'un revers de mouchoir les larmes que j'avais omis d'essuyer moi-même, mes pensées se réchauffèrent soudain suite au frôlement de nos lèvres. Je ne savais qui était réelement Jonah à mon égard si ce n'est quelqu'un de précieux à mes yeux. Nous nous embrassions sans gênes, allant même parfois plus loin. Mais cela s'arrêtait là. Coup d'amour, grande amitié, confidences partagées, coups de gueules... Entre nous, il y avait une certaine fusion que ni lui, ni moi, n'arrivions à qualifier. J'étais sa polyvalente, il était mon polyvalent, surnom commun que nous nous étions attribués depuis un certains moment déjà.

JONAH - crois-tu que je pourrais t'enlever à ta demeure ; toute la soirée ; voir plus

Je l'écoutais tout en me blottissant dans ses bras. J'avais un certain besoin de réconfort et je savais qu'il pourrait me le donner. Plissant les yeux face à sa question, je me questionnais sur ses intentions de la soirée. Je le savais imprévisible, alors plus rien ne m'étonnais de sa part. Seulement, ce soir, je n'avais pas l'esprit au beau fixe, lui même l'avait surement remarqué. M'apprêtant à répliquer pour en savoir plus sur ses projets, je fut interrompue dans mon élan par une nouvelle intervention de sa part.

JONAH - "tu sais la soirée dont je t'ai parlé ; la frow frow touch ; c'est ce soir qu'elle se passe & j'aimerais que tu m'accompagnes comme mienne lors de cette soirée "

Quelque peu rassurée, je me porta dans diverses réflexions avant de répondre. Devais-je rester ici à me morfondre sur mon passé et à pleurer toutes les larmes de mon corps ? Ou bien, devais-je aller faire la fête et me changer les idées en compagnie de celui qui comptait surement le plus pour moi ? La réponse paraissait évidente et pourtant, j'avais ce besoin d'y songer. Toujours blottit contre Jonah, je plongea mon regard dans ses magnifiques yeux interrogateurs. Je savais que quoi qu'il arrive, il serait prêt à tout pour que je vienne et qu'il ne lâcherait pas l'affaire de si tôt. Je le connaissais par cœur et me rappelais parfaitement bien le jour où il m'avait prise dans ses bras et emmené sans question à une de ses diverse fête. Jamais je n'avais regretté ce jour-là, jamais je ne regrettais les moments que je passais avec lui. Jamais.

SATINE - "De toute façon, je pense que tu ne me laissera pas le choix je me trompe ? Alors bon, je vais t'éviter de me porter dans tes bras et de recommencer le même scénario qu'autrefois ! C'est avec grand plaisir que je vais t'accompagner, sans rechigner"

Début de soirée; New-York; Toujours chez Satine

"Oublier pour avancer." Une phrase que l'on me répétait sans cesse, une phrase que je n'écoutais pourtant même plus. Était-ce réelement possible d'oublier les incidents dramatiques d'un passé encore si proche à mes yeux et à mon esprit ? Je ne le pensais pas. Les gens avaient beau dire, ils avaient beau faire. Oublier des éléments de ma vie que je qualifiais moi même d'inoubliables était impossible, je ne la cachais à personne. "Ne pense plus histoire de ne pas penser à ces choses là", une phrase qui venait à l'instant même de m'être prononcée par Jonah. Je ne savais toujours quoi penser, ignorer les dires des autres ou les prendre en compte et essayer au moins une fois dans ma vie de me dire que c'est peut-être mieux ainsi ? Que ce que j'ai vécu n'a servit qu'a fonder celle que je suis aujourd'hui.
Alors que je décida de ne pas répliquer sur cette partie de phrase, je m'appliqua sans plus attendre à ce qu'il avait dit avant. Me dirigeant directement vers ma chambre.

SATINE - "Je vais essayer de me dépêcher. Fais comme chez toi, enfin, je crois que j'ai pas besoin de te le dire."

Alors que mes pas foulèrent enfin le parquet frais qui recouvrait le sol de mon espace privilégié, je prenais soin de laisser la porte entrouverte afin d'entendre les moindre paroles que Jonah prononcerait à mon égard. La plus jolie de mes tenues... La plus jolie de mes tenues. Je me répétais en boucle cette phrase en faisant défiler chaque cintres auquel étaient étendues diverses tenues. Passant instinctivement chaque pantalon et chaque haut, je savais d'or et déjà que je voulait mettre une robe, restait à savoir laquelle. Mes yeux se posèrent soudain sur une robe bustier noire assez ravissante, je dois l'avouer. Me souvenant parfaitement de son origine, elle m'avait été offerte par ma mère qui voulait que je sois la plus belle à l'un de ses gala de mannequinat. Cette somptueuse tenue, je ne l'avais porté qu'une fois et j'estimais qu'en ce jour si particulier, c'était la moindre des choses de la porter afin de lui rendre un petit hommage bien particulier. Ni une, ni deux, je sortit la robe du placard et l'enfila sans plus attendre. Observant alors mon reflet dans cette gigantesque plaque miroitante, je m'attacha les cheveux en un espèce de chignon fou qui ajoutait une certaine touche d'élégance. Ajoutant enfin quelque petites touches telle que les chaussures noires à talons et un collier plongeant le long de ma nuque, je m'observa une dernière fois dans le miroir ma répétant l'espace d'une seconde cette même et unique phrase "La plus jolie de mes tenues"

JONAH -" en même temps je ne pense pas que tu regrettes ma folie de t'avoir conduit ; jusqu'à ma limousine pour cette fabuleuse soirée ; dont j'ai surtout apprécié la fin dans cette chambre 5 étoiles"

La voix du jeune homme qui stagnait encore dans ma cuisine résonna soudain, ne ratant rien de ses propos, je ne put retenir un sourire. Une soirée des plus fantastique de ma vie, je n'avais pas regretté, il avait raison. M'emmener de force dans une limousine et finir la nuit dans un luxueux hôtel n'avait put que me plaire. Moi qui n'étais pas vraiment habitué au luxe, j'en voyais un peu de toutes les couleurs avec Jonah qui était issu d'un milieu totalement différent du mien. Cependant, je ne pouvais que le remercier de me faire vivre une certaine aventure perpétuelle qui, encore ce soir, allait se poursuivre.
Je ne pris pas la peine de lui répondre, il savait pertinemment ce que je pensais de cette soirée que nous avions partagé autrefois. Ouvrant alors avec douceur la porte qui nous séparait, je me découvrit immédiatement aux yeux de Jonah. Tournoyant sur moi même, laissant virevolter la robe que je portais, je reposa mon regard sur celui que j'allais accompagner ce soir.

SATINE - "J'espère que cette tenue plaira à monsieur"

Laissant claquer mes talons sur le sol, je m'empara du sac que j'avais laissé quelques minutes plus tôt sur la table basse qui ornait mon petit salon et saisis au passage les clés qui y trônaient aussi. Je continua mon trajet, mon plus beau sourire accroché aux lèvres, me rapprochant de Jonah afin qu'il voit cette tenue d'un peu plus près. J'étais fin prête pour profiter de la soirée, fin prête pour arrêter de penser l'espace de quelques heures. Accrochant mon bras à celui qui me donnait si bien le surnom de "polyvalente", je jeta un dernier coup d'œil vers la photo de ma mère que l'on apercevait de par l'entrebâillement de la porte.

SATINE - "Je suis enfin prête à t'accompagner très cher"

Dans la soirée; New-York; Toujours chez Satine

Je venais à l'instant même de dévoiler ma tenue de soirée à Jonah et ce dernier resta silencieux l'espace de quelques secondes qui me paraissaient d'ailleurs éternité. Je ne savais lire dans les pensées et ne savais donc pas encore ce qu'il songeait de cette tenue qu'il ne m'avait jamais vu porter. Je fus cependant rassurée lorsque je perçus un léger sifflement, très vite accompagné d'un avis personnel prononcé par le jeune homme. Alors comme cela, il me trouvait ravissante... Je n'en espérais pas tant. A vrai dire, j'avais un œil assez négatif sur ma propre personne. Je savais voir la beauté et les qualités de ceux qui m'entouraient jours après jours, mais j'étais strictement incapable de voir le positif qui résidait en moi, je ne voyais que mes défauts, rien de plus. Ce soir, j'avais fait un effort surhumain. Quelques minutes avant que Jonah ne pénètre dans l'enceinte de ma demeure, je n'aurais pas le moins de monde pensé reporter cette robe un jour, cette robe qui me rendait tout simplement convenable, en vue de mon propre regard.
Me tenant tout proche de lui, je sentis un léger frisson parcourir mon corps au moment même où nos souffles se mêlèrent, au moment même où ses doigts frôlèrent ma peau. Une sensation que je ressentais rarement. Malheureusement, cette épisode ne fut que de courte durée. Nos chaleurs corporelles s'éloignèrent l'une de l'autre et Jonah me fit signe de sortir. Sans me poser la moindre question, je m'exécuta, passant devant lui et me dirigeant d'or et déjà vers l'ascenseur qui nous mènerait dehors.

Dans la soirée; New-York; En voiture

Désormais assisse aux côtés de Jonah à l'arrière d'une voiture luxueuse, je ne savais exactement dans quelle discothèque se déroulerait le show de ce soir. Je ne savais pas non plus ce qui allait réellement se dérouler lors de cette soirée dont tout le monde parlait. Les questions embrouillaient mon esprit et le silence régnait en maître dans la voiture. Mon regard se posait sur les diverses enseignes lumineuses de la ville et sur les feux tricolores qui changeaient inlassablement de couleurs. Tout cela n'était pas sans me rappeler l'attitude que j'adoptais étant petite, cette même attitude que j'avais adopté lors de l'accident dont j'avais été victime à mes six ans. Secouant la tête pour reprendre mes esprits et pour ne pas replonger dans des souvenirs inutiles, je m'aperçut soudain que le véhicule ralentissait de plus en plus, allant alors jusqu'à se stopper net. Jonah sortit de la voiture, me faisant signe de rester assise et d'attendre. C'est ainsi que je resta figée dans la voiture quelques secondes, observant avec angoisse la foule qui se tenait dehors.

Dans la soirée; New-York; The Frow Frow Show - extérieur

Une portière qui s'ouvre, une main qui se tend. Déposant la paume de ma main dans celle de Jonah qui se tenait tout prêt de moi, je sortit doucement de la voiture. Découverte absurde. Foule interminable, cris, journalistes, caméras, appareils photos. Tous les regards se braquaient sur nous alors que les appareils photos commençaient à illuminer le tapis rouge de leur flashs. Yeux émerveillés d'enfants, j'étais cependant terrifiée. Suivant mon partenaire de soirée jusqu'à l'entrée, je restais muette, bouche bée. Il est vrai que ma mère avait vécu dans la célébrité, aujourd'hui encore, après sa mort, on parlait d'elle et son nom restait mythique. Cependant, elle n'avait jamais souhaité me mêler à la jungle des peoples, pensant que je devais moi-même choisir ma destinée. Je ne connaissais donc pas vraiment ce genre d'événements dont Jonah s'était bien gardé de me donner les détails. Personne dans le monde du journalisme ne connaissait l'existence de la fille de Natasha Cadwell, personne ne savait que ma mère avait laissé une jeune femme orpheline derrière elle. Cependant, j'avais beaucoup obtenu de son physique. J'osais espérer que personne ne ferait le lien, que personne ne s'en mêlerait, mais je croyais peu en cette situation.

Dans la soirée; New-York; The Frow Frow Show - intérieur

SATINE - "Je ne sais pas vraiment si je suis prête mais, de toute façon, je n'ai pas vraiment le choix je pense, alors, allons-y"

Je dois avouer qu'une boule de stress envahissait de plus en plus mon ventre mais je me contentais de penser à autre chose, ne souhaitant pas faire passer une mauvaise soirée à Jonah. Toujours main dans la main, nous franchissions alors la porte nous menant à la pièce principale de la soirée. Une fois de plus, les regards se posèrent sur nous et certaines personnes vinrent nous saluer. Je ne connaissais personne, personne ne me connaissait. J'enchainais donc les présentations, répétant maintes fois le fameux "Satine Cadwell" que j'avais déjà beaucoup prononcé dans ma vie. N'évoquant aucun lien quelconque avec Jonah, je ne savais réellement quoi dire. Mon regard se posait un peu partout alors que je répétais encore et toujours mon nom de famille. Quelque chose que je n'aurais sans doute pas du faire. Poursuivant encore la salle du regard, mes yeux s'arrêtèrent sur un jeune homme, appareil photo à la main, qui me regardait d'un air insistant. Je ne pris que peu de temps pour comprendre ce qu'il se passait. C'était un journaliste, je ressemblais à Natasha Cadwell, j'avais son nom de famille... Les langues en dirait surement beaucoup à mon sujet ce soir. Comprenant de plus en plus conscience que mon identité était sur le point d'être mise à jour, je ne put m'empêcher de lancer une phrase, le plus bas possible, sans réelement être entendu.

SATINE - "On non... c'est pas vrai"

Dans la soirée; New-York; The Frow Frow Show - intérieur
Moi qui aimais encore assez les surprises en tout genre, je devais avouer qu'avec Jonah, j'étais comme qui dirait servit. Avec lui, rien n'était prévu d'avance et c'est ce que j'appréciais particulièrement. N'aimant que trop peu la routine pour la suivre à longueur de journée, j'aimais les changements, les imprévus appréciables et les visites surprises qu'il me rendait sans cesse à n'importe quelle heure. D'ailleurs, je me souviendrais sans cesse de cette nuit de l'hiver dernier. Alors qu'il devait être deux heures du matin, je commençais ma nuit tranquillement lorsque j'entendis ma porte d'entrée claquer. Dieu sait qu'à ce moment là, j'étais quelque peu terrorisée. Chaque jours, dans les journaux, on en apprenait de plus en plus: meurtre, enlèvement, vol et divers accidents mortels. Des événements aujourd'hui classés dans "faits divers". Aujourd'hui, personne ne s'étonnait de savoir qu'un enfant avait été poignardé ni même qu'un bébé avait perdu la vie dans une voiture exposée en plein soleil. Cela devenait presque si courant. Personne n'était en sécurité nul part, voilà la réalité. Cependant, ce soir là, j'essayais de ne pas y penser. Ma vie était déjà assez réduite avec le passé que j'avais subit, je n'avais pas besoin de ma gâcher l'avenir avec des pensées telles que celles-ci. Tout en douceur, je ne m'étais pas caché, au contraire. Me levant silencieusement du lit, j'avais saisit un vase en guise d'arme et m'approchais petit à petit du présumé voleur qui venait à l'instant même d'allumer la lumière. Reposant bêtement le vase sur le meuble le plus proche, je découvrit à ma plus grande surprise que ce jeune homme n'était autre que Jonah, venu me rendre une petite visite nocturne.

Quoi qu'il en soit, aujourd'hui encore, il m'avait réservé une grande surprise. Bien sûr, il m'avait déjà invité à divers soirées, je pouvais même dire qu'à force, je devenais un peu une habituée. Mais jamais, je dis bien jamais, je n'avais été convié à une cérémonie si impressionnante. La presse et ses journalistes, les invités tous aussi prestigieux et bien habillé les uns que les autres. Je me sentais presque minable. Une décoration magnifique, des serveurs qui parcouraient toute la salle en long et en large pour proposer divers petits-fours aux invités, une estrade qui n'attendait plus que le show que Jonah m'avait promis ce soir. Un show dont j'ignorais encore d'ailleurs beaucoup de choses. Je me doutais simplement que ce dernier irait lui même sur l'estrade pour présenter la soirée et qu'il me laisserait ainsi seule pour affronter la foule que je qualifiais déjà de jungle.
Alors que nous résidions encore dans l'entrée, où diverses personnes venaient encore nous saluer, je me remémorais les paroles prononcées par Jonah dans le sas. "bien sûr que si tu l'as ; tu sais si tu ne te sens pas à ton aise tu n'auras qu'à me le dire & on ira à l'écart dans le vip room en attendant que le show commence ... mon but n'est pas que je passe une bonne soirée ; mais que nous passions une soirée excellente à deux "Avoir le choix... Voilà qui me rassurait quelque peu étant donné que je me sentais de moins en moins à l'aise face au journaliste. Ce grand blond avait peut-être compris, mais je ne voulais pas qu'il me gâche la soirée en avouant au monde entier que j'étais la fille d'une ancienne mannequin aujourd'hui décédée. Me passant divers film dans l'esprit, je voyais déjà la photo du couple de la soirée, à savoir moi et Jonah sur la une d'un grand magazine. "Découverte ahurissante: Natasha Cadwell avait une fille." L'idée me faisait frémir et, instinctivement, ma main resserra celle du jeune Dos Hermès s'apercevant ainsi de la scène.

JONAH - "veux-tu que je le fasse sortir satine ? tu sais la soirée nous appartient ; un claquement de doigts & tu ne le revois plus de la nuit ...
SATINE - Non c'est bon... Je crois que ça va.... aller."

La fin de ma phrase était quelque peu tombée dans l'oreille d'un sourd. Jonah s'était déjà retourné vers de nouvelles personnes venues le féliciter pour la soirée. Il n'avait sans doute pas entendu ma remarque. Quoi qu'il en soit, quelques minutes plus tard, je me contentais de le suivre du côté opposé de la salle afin de boire un petit quelque chose. Observant alors les nouvelles personnes qui nous faisaient face, je m'empara d'une coupe de champagne m'étant proposée par un des nombreux serveurs. Je dévisageais discrètement de nombreuses personnes, essayant d'en reconnaître quelque une. Mais il n'y avait rien à faire, je ne connaissais personne à part Jonah.
Restant toujours aussi muette, j'observais mon partenaire de soirée qui lui, était si à l'aise. Soudain, une main vint s'abattre sur mon épaule dénudée. Instinctivement, je me retourna, découvrant alors de plus près le journaliste qui ne m'avais visiblement toujours pas lâcher du regard.

JOURNALISTE - "Excusez moi mais, vous n'auriez pas un lien de parenté avec Natasha Cadwell, vous savez, cette mannequin décédée il y a quatre ans."

Ma gorge se noua, mon visage se décomposa. J'étais plus mal à l'aise que jamais. Que devais-je exactement répondre à cela ? Je ne le savais. Ma mère avait sans cesse voulut que je suivre mes propres choix et n'avait jamais voulut m'exposer face aux journalistes. Aujourd'hui, je faisait donc face à une situation qui m'était totalement inconnu. Si je répondais non, me croirait-il ? A l'inverse, si j'avouais enfin la vérité, qu'adviendrait-il de l'identité que je cachais depuis vingt-trois ans, serait-elle dévoilée à tout le monde ?
Ne trouvant aucun autre échappatoire que la fuite, je prévoyais déjà de m'en aller lorsque Jonah, ayant finit de parler avec certains de ses invités, se plaça dans mon dos. Le visage toujours pale, je le fixa dans les yeux, essayant de lui faire comprendre la situation en un regard. Certaines personnes ayant précédemment entendu la question que le journaliste avait posé de sa voix assez portante, se regroupaient autour de nous. Rien de mieux pour me sentir encore plus mal à l'aise. Dorénavant, ne me restait plus qu'à prier pour que mes choix soient les bons...