Glissant l'enveloppe blanche dans la fente de la boiter aux lettres d'Ellyot, je ria légèrement. Je savais très bien que ce genre de chose ne lui plairait pas, qu'il allait se poser milles et unes questions mais je ne savais vraiment pas qui inviter pour cette première de Mary Poppins. J'avais invité Rose, en espérant qu'elle viendrait, et Neige. Le brunette n'allait sûrement pas faire le déplacement parce qu'elle aurait rapidement – trop rapidement même – fait le lien entre cette demande et moi. Cela faisait plusieurs mois que je n'avais plus de contact avec ma meilleure amie et cela me brisait le cœur... Cependant, je savais très bien qu'elle avait ses raisons de m'éviter et même si je ne les connaissais pas, je devais faire avec... Sortant ces pensées de ma tête, je quitta l'immeuble du jeune américain et me dirigea vers l'appartement de ma chère sœur pour y déposer son invitation. Je savais que la blonde ferait son maximum pour venir, comme elle me l'avait promis. Sans compter qu'elle savait que j'avais eu le premier rôle de la comédie musicale ! J'allais jouer le rôle de Bert et j'en étais tout excité rien que d'y penser ! Il fallait aussi que je dépose une enveloppe chez la jeune médecin qui m'avait réparé mon genou en moins de temps qu'il en faut pour dire ouf.

Une fois en coulisse, je faisais craquer mes doigts pour me détendre. Je m'échauffais soigneusement, je ne voulais pas déraper et me détruire le genou pour de bon. On m'avait dis de le ménager les jours précédant le grand show et je l'avais fais. J'avais trop à perdre et une chose était sûre, je n'allais pas changer de passion ni de perspective d'avenir pour une erreur de ma part. J'en voulais toujours à cet abruti de metteur en scène pour avoir laissé traîner ses papiers sur la scène lors d'une répétition. Je n'avais rien fait, juste gueuler un coup et j'étais entrain de le poursuivre en justice pour négligence. Il était hors de question que je laisse cela passer ainsi. J'avais de la chance de ne pas devoir subir d'opération, je le savais, mais une mauvaise chute pourrait me coûter mon genou et ma carrière qui allait commencer sous peu... J'y croyais, j'étais persuadé qu'un jour, il y aurait mon nom en haut de l'affiche. Ce n'était pas aujourd'hui mais peut être demain ou après demain, on ne sait jamais de quoi la vie est faite. Écartant légèrement les rideaux, je balaya la salle des yeux et sautilla en voyant une salle comble. Nous devions jouer à guichet fermé et c'était le cas ! La majorité de la salle semblait être pleine de femmes mais il y avait quelques hommes, par ci par là, prêt à ouvrir leurs esprits à une culture qu'ils ne connaissaient pas. Les comédies musicales et Broadway en général ne sont que trop peu mis en avant chez la gente masculine et je trouvais cela dommage. Être danseur ou bien chanteur sur Broadway n'était pas une honte, c'était une force et je n'en avais pas honte, absolument pas. C'était ici qu'était ma vie et je ne comptais pas me laisser écraser par quiconque. J'avais subi les remarques désobligeantes de mon père pendant quelques semaines et cela n'avait fait que me motiver encore plus. J'étais un battant et je n'avais peur de rien, c'était peut être ça ma force. Le show passa plutôt rapidement. Tout allait bien, mon genou ne me faisait pas mal du tout. J'étais heureux, je me sentais enfin à ma place et personne ne pourrait me faire descendre de mon petit nuage pour la soirée. Après une pluie d'applaudissement, je partis rapidement de doucher et enfiler un jeans ainsi qu'un pull plutôt épais. Il était hors de question que je tombe malade. Embrassant mes collègues, je sortis rapidement sac sur le dos et vis Ellyot au loin. Soit il m'avait attendu pour savoir ce qui se passait, soit il avait mis du temps à quitter la salle parce qu'il s'était endormi comme un bébé. Suivi de près par quelques danseurs – bien plus virils que moi, il fallait l'avouer – je salua Ellyot et reçu une réponse plutôt... claire. « Hey mec ! C’est quoi cette blague ? Tu danses vraiment là dedans ou c’est la manière que tu as choisi pour m’annoncer qu’en fait on est pas juste pote que t’es un peu plus… enfin la manière de faire ton coming out quoi ? » J'arquai un sourcil et souffla légèrement. « Eh bien moi qui croyait que seul mon père était un homme plein de préjugés ! » Je regarda mes collègues – qui prenaient ça pour eux un peu – et leur fis signe que c'était ok. « Je suis désolé Ellyot mais non, je ne suis pas amoureux de toi... Je pensais que tu avais l'esprit ouvert vu le métier que tu fais, les recherches qu'il faut faire et ce côté ouverture d'esprit qu'il faut pour avancer mais finalement, c'est moyen » Je leva les épaules et dis « Tu sais, si j'étais amoureux de toi, je t'aurais embrassé sur le champ ! Tu es direct mais moi aussi » Je lui fis un clin d'oeil et ria légèrement « En tout cas, ça semble t'avoir plu un minimum parce que tu n'as pas le mine de quelqu'un qui vient de se réveiller ! » Non, il avait plus le visage de quelqu'un de fatigué, qui lutait constamment pour ne pas s'endormir, ce qui était un bon signe. Je n'étais pas vexé par sa remarque mais je ne le croyais pas comme ça... Il y avait bien une chose que je n'aimais pas chez autriu, c'était cette façon qu'un beau gosse croyait faire tomber tout le monde comme des mouches. Me retournant, je dis « Par contre, si tu es intéressé par la nouveauté, le blond là haut semble plutôt prêt à tout, si tu vois ce que je veux dire. Je ne jugerais pas, promiiiiiis » J'avais dis cela sur le ton de la plaisanterie mais je doutais franchement qu'il allait rire, loin de là même. Après tout, il se moquait de moi et bien je me moquais de lui ! Donnant donnant.

Pour Ellyot, se retrouver là dans cette sale c’était se poser des tonnes de questions. Il se demandait tout d’abord pourquoi il avait répondu à l’invitation jusqu’à ce qu’il voit son pote Amaury sur la scène, puis il s’était vraiment demandé ce que son pote qui n’avait rien de féminin lorsqu’ils sortaient ensemble en boite faisait sur cette scène. Il dansait bien, il aimait la danse lorsqu’ils étaient en boite de nuit mais jamais il ne l’aurait vu dans ce genre de danse. A la fin du spectacle qu’il avait tout de même regardé en entier reconnaissant intérieurement que son ami était très doué pour ce qu’il faisait, il avait attendu le jeune homme pour lui demander certaines explications. Lorsqu’Amaury était enfin sorti, il avait pu lui poser la fameuse question qui lui brulait la langue depuis plusieurs minutes et il avait été reçu par un peu de moquerie mais aussi un petit recadrage. En effet, le français lui avait clairement fait comprendre que son jugement n’était pas des meilleurs, loin de là même et que cela ne lui plaisait pas du tout. Ellyot comprenait bien sa réaction c’est pourquoi lorsque le brun eu terminé en se moquant de lui à la fin en lui indiquant un jeune homme qui pouvait être intéressé par la gente masculine, le futur médecin tenta tant bien que mal de se rattraper. « Je t’avoue ne pas du tout être intéresser par ce genre de grande blonde au masculin… J’ai une blonde dans la tête et ça me suffit si tu vois ce que je veux dire ! » Sarabi était dans sa tête et cela suffisait, elle seule concentrait son attention en ce moment pour qu’il puisse tout faire pour la récupérer. « Enfin désolé mec pour ces vieux clichés pourris mais je pense que je n’aurais pas réagi comme ça si tu m’avais file l’invitation en mains propres en m’expliquant un peu les choses ! Je me suis posé des tonnes de questions sur pourquoi tant de mystère puisque je ne savais pas qui m’avait invité avant le début du spectacle… Alors voilà pourquoi j’ai pensé à ce vieux cliché pourri ! » C’était peut être se trouver des excuses mais c’était réellement ce qui l’avait amené à se poser des questions. La manière dont il avait fait les choses laissait s’imaginer tout un tas de chose pour quelqu’un qui avait un minimum d’imagination comme Ellyot. « Enfin… En passant outre ça, outré le côté de toi auquel je ne m’attendais pas du tout, je dois dire que je comprends mieux maintenant pourquoi tu danses si bien sur la piste ! C’est même étonnant que tu n’attires pas plus de poisson ! » Sur la piste il était impossible de ne pas voir Amaury, Ellyot le savait bien qu’il dansait bien mais il comprenait mieux. Il avait surement un don pour cela mais l’américain en prenant des cours de danse, arriverait surement aussi à être moins ridicule à ses côtés. « T’es doué pour ce que tu fais mec ! Mais évite de faire les choses comme ça la prochaine fois je me poserais moins de questions peu agréables sur toi, sur nous ! » Il ne fallait tout de même pas oublier non plus qu’Ellyot avait été élévé avec une certaine mentalité de gens peu ouverts. Même si lui faisait tout pour se révéler ouvert d’esprit il ne pouvait pas le faire en un claquement de doigts et ne pouvait pas réussir à effacer tous les clichés de sa tête du premier coup tout comme il ne pouvait pas tout accepter, pas encore.

La fierté était une caractéristique du jeune Daniels il ne pouvait pas le nier et être remis à sa place lui faisait quelque chose surtout qu’Amaury se moquait clairement de lui mais il n’avait pas tort de le faire. Ellyot se rendait bien compte face à son ami qu’il était ridicule d’avoir de tels préjugés mais c’était plus fort que lui et surtout cela avait été dans son éducation … Il avait donc des vieux clichés dans la tête, des clichés qui s’étaient totalement envolés maintenant qu’il parlait avec son ami danseur. Il devait bien reconnaitre qu’Amaury n’avait rien d’un homosexuel et pourtant qu’il dansait. Cependant maintenant il devait trouver une réponse à la question qui était de savoir s’il aurait pris le jeune homme pour un homo s’il lui avait donné l’invitation en main propre et surtout s’il l’aurait prise. Ellyot ne savait pas pour être totalement honnête ce pourquoi il haussa les épaules avant de tenter de lui répondre le plus honnêtement possible. « En fait, je pense qu’au moins je n’aurais pas passé tout le spectacle à me poser la question sur ta sexualité sit u me l’avais donné en mains propres, je t’aurais donné mes impressions directement et tu m’aurais recadré directement… Après savoir si je serais venu… C’est la grande question je pense que je suis un peu trop fier pour ça donc que sur ce point tu as bien fait… » Ellyot parlait sans tabou et préférait être honnête avec son ami même s’ils n’étaient pas les meilleurs amis du monde mais surtout et simplement des potes de soirées. « Euh… La nana… pas pensé, enfin je savais surtout pas à quoi m’attendre et je ne savais pas si s’était une fille ou un mec qui m’avait invité alors je préférais venir seul pour ne pas froisser quelqu’un même si je dois dire que venir accompagné ça aurait pu être un bon moyen de conclure… » Le brun pensait bien sur à Sarabi en parlant même s’il doutait que cela lui permette de se la mettre dans la poche. Enfin cela aurait pu tout de même leur faire une petite sortie et ce n’était pas négligeable, tous les moments passés avec elle, étaient bons à prendre. « Mais en fait oui, je garde ma blonde cachée, qui n’a pas forcément une forte poitrine mais qui a tout ce qu’il faut là où il le faut, parce que j’ai peur qu’elle tombe amoureuse d’un sexy danseur dans ton genre… » L’étudiant en médecine éclata de rire avant de donner un petit coup de coude à son ami blond. Il le taquinait, il ne savait pas si Sarabi pourrait être séduite par un homme simplement parce qu’il pratiquait la danse mais il savait qu’Amaury était loin d’être le plus moche des hommes quand même. « Mais dis moi, d’ailleurs, est ce qu’une demoiselle a succombé aux charmes du petit français qui danse ? » C’était maintenant presque pour se moquer de lui-même qu’il surnommait Amaury de la sorte mais dans le fond la réponse à sa question l’intéressait vraiment, il voulait en savoir plus sur son ami.