La période des fêtes de Noël était sans doute la période préférée de Zoé, qui raffolait des journées shopping de cadeaux. Et aujourd'hui ne faisait pas défaut : elle avait passé toute la matinée à chercher un présent digne du nom, à offrir à Eléa, la petite fille de son ami Zachaël. Ecumant les magasins de jouets, elle avait finalement opté pour quelque chose auquel elle ne s'attendrait sûrement pas : un livre. Mais pas n'importe quel livre : un gros livre de contes, avec de belles images et ... des paillettes ! Un vrai livre féérique, que Zoé aurait vraiment aimé avoir à son âge. Mais connaissant la demoiselle, elle acheta un second cadeau plus conventionnel : une poupée à l'image d'une célèbre princesse de dessin animé. Elle serait une fois encore bien gâtée. A la différence de Zachaël, puisqu'aucun cadeau ne lui était pour le moment adressé. Des chocolats ? Trop banal, et puis cela n'était pas bon pour sa ligne ! Des fleurs ? Exclusivement réservé à la gente féminine, selon Zoé. Une ribambelle de dvd ? Elle aurait parié qu'il ne les regarderait jamais. L'Anglaise se mit à réfléchir plus sérieusement, en arpentant les allées d'un grand magasin. Un cadeau matériel serait compliqué à trouver. « Il doit pouvoir s'acheter tout ce qu'il veut. » pensa-t-elle, puisque le jeune homme était déjà PDG d'une grande entreprise. C'est alors que la demoiselle eut une idée : pourquoi pas quelque chose qui pourrait justement lui permettre de se tirer un peu des entrailles professionnelles que lui imposait son planning hebdomadaire ? Convaincue qu'il s'agissait là d'une idée en or, Zoé partit aussitôt vers Central Park. Non pas pour s'y reposer mais pour acheter deux entrées pour le fantastique Zoo du parc : c'était selon elle une très bonne idée pour Zach, qui aime plus que tout passer du moment avec sa famille. Et puis, ce serait une sorte de troisième cadeau pour Eléa, qui ne le refuserait pas ! C'est ainsi pleine de joie et d'entrain que Zoé se dirigea désormais vers Staten Island et plus précisément Brighton, où habitait son ami. Portant un bonnet rouge à pompon blanc de Père Noël et les bras chargés de cadeaux, Zoé sonna au numéro un de la rue en prenant la fameuse expression de Santa Claus : « Oh oh oh ! ».

Zoé ne s'était pas trompée sur l'impact qu'aurait ce simple bonnet de mère Noël, elle avait fait sensation ! Eléa avait bondit devant la porte, et semblait plutôt ravie de la voir : un excellent point pour l'anglaise, qui vouait une grande affection à la petite fille. Alors que Zachaël prenait son manteau, l'anglaise se dirigeait vers le salon, ses cadeaux sous le bras. Eléa trépignait d'impatience à l'idée de découvrir de nouveaux jouets à son attention. « C'est gentil Zach, mais j'ai été plus rapide ... C'est ça d'être Wonderwoman ! » dit-elle en mimant une super héroïne, qui fit bien rire la petite fille. Reprenant légèrement son sérieux, elle déposa les paquets par terre et dirigea son regard vers son ami : « Bonne année à toi aussi ! Les fêtes se sont plutôt bien passées, et toi cette escapade à Aspen ? » Elle se retourna vers Eléa : « Tu es devenue une skieuse hors-pair ? » Zoé se doutait que ces fêtes à la neige devaient s'être révélées féériques, tant pour Zachaël que pour sa petite fille ... Elle venait presque à les envier d'avoir passer un si beau Noël, et elle était ravie qu'ils puissent partager tous ces beaux moments, après la tempête qu'ils avaient traversé. Leur réveillon avait sans doute été l'un des meilleurs, ski sous le soleil d'Aspen la journée et chocolat chaud devant la cheminée de leur chalet le soir ... Magie digne d'un véritable film de Noël. Et si elle pouvait participer, d'une manière aussi infime que ce soit, ce serait une jolie victoire.
C'est donc avec plaisir qu'elle attrapa un paquet pour le tendre à Eléa, qui affichait un large sourire et semblait sur piles. Sans vouloir délaisser son ami, elle cacha derrière son dos l'enveloppe contenant les places pour le Zoo et attendit que Zach choisisse une main, droite ou gauche. La belle blonde affichait un grand sourire laissant apparaître sa dentition d'un blanc immaculé. Lui trouver un cadeau n'avait pas été chose aisée, mais cette idée paraissait plutôt bonne, puisqu'elle permettrait à son ami de passer un instant sympathique avec sa fille, le faisant oublier quelques heures les soucis du quotidien. Zach, qui se trompa de main, déclencha un petit rire de la bouche de Zoé qui enchaîna : « Disons que cette année, tu l'as mérité ! » Lui tendant l'enveloppe, la demoiselle ne put s'empêcher d'appréhender sa réaction. Et s'il n'aimait pas ? Elle le verrait forcément sur son visage, tant elle le connaissait bien. Elle serait vite mal à l'aise, mais cela amènerait à une situation des plus comiques. Toujours est-il qu'à cet instant, son coeur battait la chamade : ses deux amis étaient sur le point de découvrir ce qu'il se cachait derrière leur paquet. Zoé se mordait la lèvre quand ils la regardèrent soudainement, un dixième de seconde se fixa. Leur réaction ne se fit pas attendre plus longtemps.

« installe toi !! tu veux boire quelque chose ? » lui demanda son ami, déjà arrivé dans la cuisine. Sans réfléchir très longtemps, Zoé lui répondit d'un ton plus fort afin qu'il entende parfaitement : « Une limonade si tu as ! Ou un coca ça m'ira ! » La jeune anglaise se tourna ensuite vers la petite fille, qui, découvrant son cadeau de centimètres en millimètres, lui parlait de son premier séjour à la montagne. « ohhh super, j’ai fait du ski plein de fois ... papa a dit que la prochaine fois je pourrais faire du ski toute seule, je pourrais même passer ma première étoile ...» Zoé esquissa un petit sourire ; Eléa semblait vraiment fière d'elle et de ses compétences sportives, c'était une future chamois d'or. « Et Papa il se débrouille bien ou il tombe tout le temps ? » demanda innocemment la demoiselle, sachant pertinemment que son ami était revenu de la cuisine et se tenait désormais derrière elle. Penchant la tête en arrière, elle affichait un grand sourire. C'était étonnant d'entendre Zach parler d'un cours auquel sa petite fille assisterait seule ; cela ne devait pas être évident, ne serait-ce que pour une heure, de laisser la garde de sa fille à un inconnu professeur de ski.. Mais il faisait des efforts pour lui laisser un minimum de liberté, pour qu'elle ne soit pas -par sa faute- toujours cramponnée à lui d'ici quelques années.

A cet instant, Zoé ne douta toutefois pas une seconde qu'un moment de plus avec sa petite progéniture serait refusé, la preuve en était : il semblait avoir apprécié son cadeau et le dit immédiatement à Eléa qui s'empressa de venir faire un bisou à Zoé. « J'espère que ça te plait ma puce ! » Elle se retourna aussitôt vers Zachaël, lui chuchotant discrètement : « C'est pas grand chose.. » Mais cela n'avait pas lieu d'être, puisque sa réponse fut la meilleure que l'anglaise aurait souhaité. Lui avouant que c'était très gentil, elle roula des yeux et afficha un sourire sincère, ravie que le cadeau qu'elle avait mis tant de temps à trouver lui plaise réellement. A tel point qu'il lui proposa de les accompagner, le jour où ils utiliseraient les entrées. Certains auraient pu être gênés, mais elle connaissait bien ce papa poule et s'il lui proposait, ce n'était pas qu'en mesure de politesse. Aussi, Zoé acquiesca d'un hochement de tête et mentionna simplement « Ce serait avec plaisir Zach ! ». Profitant du petit laps de temps durant lequel sa petite fille était partie en courant dans une autre pièce, la jeune femme demanda, sans jamais aucune ambiguité : « Les amours ?! ». Ce n'était pas une façon intrusive d'obtenir des informations, mais simplement une question relative à la situation sentimentale de son ami, qui n'était pas toujours au beau fixe. Question qu'elle ne se permettrait évidemment pas de poser devant Eléa.

« Elea exagère, je ne suis pas un champion ... Je me débrouille c'est tout ... Mais merci à toi Zo' c'est très gentil de penser que je tombe. J'aimerais t'y voir toi sur des skis. » Zoé ria de bon coeur et reprit tout naturellement : « Eh bien mon cher, vous seriez bien étonné ! » Evidemment, elle adorait le sport et la nature : alors skier était une seconde nature pour la belle blonde. Enfin, c'était le cas quand elle était plus jeune et qu'elle avait eu la chance de participer à des colonies de ski, des voyages à la neige accompagnés de ses frères et soeurs. Zoé avait toujours été la plus sportive et la plus volontaire quand il s'agissait de gigoter, mais se remettre sur des skis à l'âge de vingt trois ans serait sûrement plus drôle qu'elle n'osait l'imaginer.
Arriva ensuite le sujet de conversation le plus délicat avec Zachaël : l'amour. Aussi, il répondit à son amie : "les amours... Je n'y pense pas ... Ma fille c'est l'essentiel pour moi. ... Je peux juste te dire que je ne suis pas un moine." Sur ces derniers mots, Zoé leva les sourcils d'un air effarouché, comme si elle pensait qu'il était totalement vierge. Ce qui n'était évidemment pas le cas, puisque de 1. il avait un enfant, et cela ne se faisait pas par la grâce de Dieu, et de 2. il avait un atout charme si puissant qu'ils faisaient tomber en amour toutes les demoiselles qu'il croisait, et cela serait dommage de ne pas en profiter du tout. Soudain, Zoé cessa de rire. Il lui avait retourné la question. Mince. Elle se sentit gênée et lui avoua ce qu'elle avait sur le coeur. « Oui et non.. j'ai rencontré quelqu'un il y a plusieurs années, en Australie et qui m'a raccompagné ici. Nous sommes très proches et j'ai toujours pensé qu'on finirait ensemble.. C'est ce qu'il a l'air de vouloir aujourd'hui. » Elle marqua un temps d'arrêt, sûre que Zach lui dirait quelque chose du genre "et alors ? Tout va bien donc ?" et continua : « Cela arrive au moment où j'étais justement en train de me forcer à passer à autre chose.. Evidemment je pense toujours à Aeden, personne ne pourra jamais le remplacer tant on se correspond mais.. Je me dis que .. les insistances charmeuse de ce Lukaël, enfin.. je devrais peut-être céder et me laisser un peu aller.. enfin peut-être.. je sais pas. » Son discours était aussi confus que son esprit, et l'anglaise attendait bien de son ami qu'il l'éclaire un peu, avant qu'Eléa ne revienne et qu'ils changent de sujet.