Ce soir, j'avais décidé de sortir. Je ne sais pas d'où m'étais venue cette idée, ça faisait un siècle que je n'avais pas décidé de faire la fête comme n'importe quelle fille de plus de vingt-et-un ans. L'idée m'était venue la veille, lorsque j'étais partie voir Allison au bar pour voir si elle s'en sortait depuis que j'avais décidé de reprendre mes études. Visiblement elle s'en sortais, ça me faisait plaisir. Je culpabilisais moins de l'avoir laissée seule, elle qui m'avait proposé ce poste il y a un an... Comme il n'y avait pas grand monde, on a pu discuter un peu et je lui ai fait part de mon projet. Elle m'a dit qu'elle connaissait une boîte dans Midtown où le DJ était pas mal et où les cocktails avaient un bon rapport qualité/prix, en me disant aussitôt après que son samedi soir était libre et qu'elle m'accompagnait, ne voulant pas rater l'occasion de pouvoir s'amuser. La voir si enjouée me faisait sourire. Toujours à se contenter de peu... j'en arrivais à culpabiliser de pleurer tout le temps sur mon sort. Elle a dut persévéré pour arriver où elle en est aujourd'hui, venant d'une famille pas vraiment aisée mais elle est toujours heureuse... alors que moi, ma famille est pleine aux as, j'ai toujours eu des facilités à l'école à en sauter mon année de première, j'ai vécu six années de bonheur et je passe mon temps à déprimer.
Le samedi arrivé, sa voiture s'arrêta devant mon immeuble vers dix-neuf heures. Le temps d'arriver devant cette boîte nommée Marquee, on pourrait commencer à s'amuser à vingt heures trente plus ou moins. Je la perdit rapidement de vue, et me dirigeai vers le bar, sachant qu'elle finirait bien par y venir, la connaissant. Secouant la tête au rythme des musiques remixées, je me mis involontairement à penser à ma dernière soirée. Juin 2010, mais aucune idée du jour. Voyant le barman à proximité, je décidai de prendre mon premier verre de la soirée. « Un Bloody Mary s'il vous plaît... » Je levai la tête et ne put m'empêcher de remarquer l'air de famille qu'il y avait avec mon père. Je plissai les yeux, le dévisageant comme s'il s'agissait d'un psycopathe recherché dans tous les Etats Unis.

Voilà, le cinquième jour que je passais chez Mei prenait fin. Déjà. Le temps passait tellement vite.. Au moins, grâce au fait qu'elle m'hébergeait, on devenait de plus en plus proche même si cela m'énervait qu'elle me paye tout. De mes plus grandes dépenses jusqu'a mes boxers, elle me payait tout tout tout, sans rouspeter. Non seulement ça me déprimait, mais me complexait aussi. Je n'aimais pas le fait que l'on m'achete quelque chose.. Même à mon anniversaire, je deteste recevoir des cadeaux, sauf par le F4 bien évidemment. Si eux ne m'achetaient rien, je petais les plombs ! Aujourd'hui, nous avions fait les magasins pour m'acheter quelques vetements pour le mois que j'allais passer chez elle. Je n'avais plus d'argent, plus d'appartement.. Completement fauché enfaite. Depuis cinq jours, je mettais les mêmes vêtements. Heureusement qu'aujourd'hui, j'avais pus les changer et mettre autre chose, sinon j'allais devenir moi. Moi, Nam-Kyu Byeon, Casanova de Séoul, mettait les même vêtements depuis plusieurs.. METTAIS LES MÊMES VÊTEMENTS ! Vous imaginez le truc ? D'habitude, lorsque j'enfilais quelque chose, je ne le remettais que deux fois par après pour ensuite les mettre à la poubelle.. Ma vie avait changé de 180°. Par contre, je n'arrivais toujours pas à dire si elle avait changé en bien ou non.. Mes amis me manquaient, je n'avais plus d'argent, j'étais pauvre, depuis mon arrivée ici et pourtant, je me sentais bien quand même dû au fait que j'avais rencontré des gens parfaits.. et bizarres aussi. Mei était l'exception. Elle était un peu des deux.. enfaite. Après le shopping, nous étions rentrer à la maison pour manger avant que je ne reviennes au travail. J'étais fatigué.. Il fallait l'avouer. Se promener dans les rues de New York sans ressentir de la fatigue, c'était un super exploit et à mon avis, personne n'avait réussi ça. Même prendre le métro fatiguait énormément, avec toutes les bousculades et les efforts pour tenir debout. Déposant le verre que j'étais entrain d'essuyer devant moi, je mis mes mains sur le comptoir et baissa la tête. J'avais le souffle coupé à force d'être appelé de gauche à droite. J'étais le seul barman ici, et les gens buvaient comme des porcs, me rendant soule moi aussi. Mes paupières se fermaient tous seuls. J'avais envie de dormir.. Ne dormir que 4 heures de nuit, ce n'était pas facile. C'était une torture. Malgré cela, je m'y étais habitué maintenant. Même parfois, ppendant mes jours de congé, je me réveillais tôt, comme si j'avais une alarme biologique dans mon corps. Pourtant, je ne ressentais pas cette fatigue lorsque j'étais avec Mei.. Bizarre. « Un Bloody Mary s'il vous plaît... ». Me retournant lentement, j'acquiesçai d'un signe de tête avant de croiser le regard de la cliente. Pourquoi j'avais cette impression bizarre tout d'un coup? C'était un déjà vu? Je la connaissais? La fixant quelques secondes, je secouai la tête pour reprendre mon état normal avant de prendre un verre en main pour préparer sa commande. Elle, pourquoi m'avait-elle dévisagé comme ça? Lui tendant la boisson prête, je ne pus m'empêcher de demander: « Je vous connais? Soit je suis fou.. Soit je.. ». La regardant encore un peu tout en approchant mon visage du sien, je souriai d'un coup: « Vous avez la même tête que mon arrière arrière grande tante.. ». Non, je ne la traitais pas de vieille. Elle avait vraiment sa tête. Le même visage, les mêmes yeux. « Encore un peu, et je vais croire que vous êtes une Hollande.. », dis-je en rigolant, me tournant ensuite vers un autre client qui me demanda de lui mettre de la vodka.

Lui aussi me regardait d'un air bizarre. Quoi, j'ai un bouton sur le nez ? Je suis en train de me transformer en extra terrestre ? Mince alors, c'est perturbant d'être ainsi dévisagée par un inconnu, même si de nous deux c'était moi qui le dévisageait de la façon la plus perturbante. C'était lui qui avait la même tête que mon père quand il était jeune, et pas moi qui avait une tête anormale, non ? « Je vous connais ? Soit je suis fou.. Soit je.. Vous avez la même tête que mon arrière arrière grande tante.. Encore un peu, et je vais croire que vous êtes une Hollande..» Je commençai à boire mon cocktail. Arrière arrière grande tante...il avait qu'à dire que j'avais l'air vieille pendant qu'il y était !! Non mais oh, en plus je suis sûre que je suis plus âgée que lui en plus ! Ah mince, je m'auto-traite de vieille là. M'enfin bon. Il était en train de partir vers un autre client. « Vous me faites penser à mon père. » D'après moi, j'avais parlé assez fort pour qu'il m'entende. En raison de la musique, j'avais crié, mais pas si fort que ça. Hollande, mince, ce nom m'est familier... « Ca me dit quelque chose ce nom-là, Hollande... » Oh bah bien sûr. Mais mince alors, je suis complètement à côté de la plaque ce soir ou quoi ? At dire que je n'ai même pas encore bu, ça promet !! « Ah mais oui, je connais !! Les Hollande c'est les meilleurs, ah que oui ! Je m'appelle Bathilde Hollande ! », criais-je au même volume toujours. Et puis, une minute, d'où connaissait-il les Hollande, lui ? Et comment ça se faisait qu'il y est cet air si familier ? « Dites, vous avez pas été enlevé par des extra terrestres qui vous ont ramené après vingt ans de disparitition ? Comme dans cette série télé...» C'était certes ridicule, mais cette situation me faisait pensé à une série télé. Les 4400 ? Je n'avais vu que le premier épisode, mais l'histoire c'était des extra terrestres qui enlevaient des gens et quand ils les ont ramené sur Terre, ils n'avaient pas pris une ride... et bah voilà, il y a une explication à tout dans ce monde de fou: mon père a un jumeau et il ne m'en a jamais parlé. Rooh, je suis trop la meilleure !!

Même si cette journée shopping ne s'était pas terminé en bien, ce n'était pas grave. Je ne pensais même plus, ou presque plus, au baisé que je lui avais volé. Oui, j'avais embrassé Mei. Jamais je ne l'aurais cru, mais je l'avais fait. Pour une fois, j'avais choisi une victime qui n'était pas à ma hauteur ou plutot, qui n'était pas à la hauteur du Jade riche et beau gosse que j'étais lorsque j'habitais à Séoul, chez mes parents. Là, j'étais fauché et je n'avais même pas d'argent pour m'acheter à manger. Mei avait dit que mes cheveux étaient affreux, dégueulasse.. Je n'avais même pas d'argent pour me payer une nouvelle coupe. Un vrai crétin, non ? Mais ce n'était pas de ma faute, tout de même. C'est Mei qui avait cramé ma maison, toutes mes affaires et mon fric et avait fait de moi un sdf, c'était bien sa faute si je mettais les mêmes vêtements depuis plusieurs jours ! Heureusement que je l'avais embrassé ! Bien fait pour elle ! Elle devait tomber amoureuse de moi, crever pour moi, je devais l'avoir dans la peau et pas question de tomber amoureux d'elle ! Je devais oublier ce baisé et passer à autre chose pour la faire craquer encore plus.. Debout derrière le bar, je prenais un a un les commandes des gens et leur préparait leur boisson. Le visage de cette blonde devant moi me paressait tellement familier que je ne m'étais pas empecher de le lui dire. Grande tante s'était rescucité et était venu s'asseoir devant moi. C'était à la fois bizarre et flippant. Servant un client de vodka, j'entendai la demoiselle me dire : « Vous me faites penser à mon père. » Ah ouais ? Pourquoi donc.. ? Pourquoi je ressemblerais à son père d'abord ? Elle, à ma tante, moi à son père.. Ca devenait plus inquietant que flippant. Pourtant, je n'avais pas bu pour dire n'importe quoi, rassurez-vous. Je ne peux pas boire au travail, de toute façon. Par contre, elle, j'étais sûre qu'elle n'allait pas résister longtemps à ce qu'elle buvait là. « Ca me dit quelque chose ce nom-là, Hollande... » Bizarre.. Pourtant, c'est pas comme s'il y avait des milliers d'Hollande sur terre.« Ah mais oui, je connais !! Les Hollande c'est les meilleurs, ah que oui ! Je m'appelle Bathilde Hollande ! » Bathilde.. Bathilde ? Je ne sais pour quelle raison, mais ça me semblait très familier. Réfléchissant tout en servant un homme à côté d'elle, je me grattai la tête tout en grimaçant avant de l'entendre dire : « Dites, vous avez pas été enlevé par des extra terrestres qui vous ont ramené après vingt ans de disparitition ? Comme dans cette série télé...». Waw.. Je suis vraiment fan de sa façon de penser et de déduire, faut l'avouer. M'arretant pour la regarder un moment, je soupirai en bougeant la tête de gauche à droite d'un air désespéré. Pourquoi je tombais toujours sur des blondes complètement perdues ? J'avais la chance d'un petit orteil. D'un exterius ou quintus si vous préferez. Et dire qu'elle n'avait pas bu grand chose encore. Elle me faisait un peu pitié, je ne sais pourquoi. « Bathilde Hollande ? Ma cousine éloignée s'appelle comme ça ! Mais elle habite en France ! », criais-je pour me faire entendre, ignorant complètement son histoire d'extra-terrestre pour ne pas nous attarder dessus. D'ailleurs, elle avait la même tête que ma cousine Bathilde sur les photos. Non ?! C'était elle ? Je ne crois pas, non. Impossible. « Dites, je sais que vous êtes pas vraiment consciente là et qu'il vous est difficile de réflechir, mais c'est possible que vous connaissiez les Byeon ? », demandais-je, m'empêchant de rire pour ne pas trop lui taper la honte. Son histoire d'E.T était vraiment ridicule, alors il ne faut pas m'en vouloir de me foutre d'elle. J'étais un enfoiré, je n'allais pas changer mon habitude parce que c'était une cliente qui avait un air de famille.. « Vous avez fini de parler ? Servez-moi ! ». Me retournant vers le client, je me retenai de lui mettre mon poing dans la gueule. Je n'aimais pas me faire traiter comme un chien.. C'était quoi ces manières ? Lui préparant sa boisson, je la posai devant lui avant de tendre la main pour lui demander les huits dollars qu'il me devait.

Il avait l'air peu convaincu par mon explication. Mince alors, moi qui était si contente d'avoir résolu ce mystère ! Je continuai à boire et commençai à sentir la chaleur de l'alcool parcourir mon corps. Je ne me souviens pas avoir un soir bien tenu l'alcool. Après tout, ce n'était pas pour rien que je m'étais contentée de boire dans le verre de champagne de Ian à mon mariage. Enfin, à notre mariage... « Bathilde Hollande ? Ma cousine éloignée s'appelle comme ça ! Mais elle habite en France ! » Sérieux ? Je n'étais pas la seule Bathilde Hollande française ? Ben ça alors. Et Bathilde Freya Hollande, étais-je la seule Bathilde Freya Hollande de France ou non ? Sa révélation avait piqué ma curiosité. « Dites, vous connaissez son second prénom ? Moi aussi je suis française, de Marseille. », demandai-je, totalement captivée par cette drôle de française portant mon nom, mon premier prénom, cousine éloigné du serveur et ayant la même tête « Dites, je sais que vous êtes pas vraiment consciente là et qu'il vous est difficile de réflechir, mais c'est possible que vous connaissiez les Byeon ? » Byeon ? Oh ben ce nom-là aussi m'est familier. Comme Hollande, sauf que Hollande, c'était normal puisque c'est mon nom à moi, le nom de ma mère et de mon grand-père. Et de ma grand-mère, aussi. Logique. « Je crois bien que c'est possible... en tout cas, je sais que mon arrière grand-mère s'appelait Byeon Ha Yi. Elle est partie en Allemagne, s'est mariée, a eu deux fille, l'une s'est mariée avec mon grand-père autrichien, avec qui elle a eu un fils, mon père, Kurt Hitler, qui a épousé une grande avocate, Ombeline Hollande. » J'étais en train de lui déballer mon arbre généalogique sans savoir pourquoi. Et en passant recommandait ma mère comme avocate, s'il en avait besoin. Si c'était le cas, avec un peu de chance elle accepterait le dossier, devrait venir à New York et comme ça je pourrais la revoir ! J'aimerais bien revoir mon père aussi... mais jamais je ne pourrais retourner à Marseille. C'était dommage. Je repensais à ce que le serveur avait dit. Une minute là !! « Comment ça, je ne suis "pas vraiment consciente et qu'il m'est difficile de réfléchir ? Seriez-vous en train d'insinuer qu'il me manque quelques neurones ? Eh ben c'est impossible, j'ai sauté ma seconde année de lycée, il faut avoir tous ses neurones pour ça !! » Quoique, il n'avait peut être pas tort. L'alcool commençait à me monter au cerveau. Mais si ça se trouve, c'était de sa faute, peut être qu'il avait eu la main lourde avec la bouteille de vodka ! Voilà une hypothèse bien envisageable. Quand je dis que I am the best, eh ben c'est vrai ! « Vous avez fini de parler ? Servez-moi ! », se plaignit un client. Non mais, pour qui il se prenait ? Il ne connaissait pas le respect ou quoi ? Je vais volontiers lui apprendre, dans ce cas. Je me levai et me dirigeai vers lui en me tenant au bar, comme si que je m'étais enfilé la bouteille entière de vodka, une fois qu'il eu réglé son cocktail. « Respect, ça te dit quelque chose ? R.e.s.p.e.c.t ! Tu imprimes, tu imprimes, en couleur et en noir et blanc, et tu retiens, compris ? Brave bête. » J'avais eu du mal à me souvenir de la prononciation anglaise des lettres, et avait meublé le silence de la réflexion en posant ma main sur son front pour accompagner le "imprimes" , puis avait accompagné la dernière phrase du geste approprié, la petite tape sur la tête avant de retourner m'asseoir. « Nyaaaaah. Je ne supportes pas le manque de respect. Si quelqu'un vous manque de respect, dites-le moi, je lui donnerais ma vision des choses. Seconde chance, ou alors en échange d'un billet je me fais un plaisir de lui faire comprendre qu'il faut respecter les gens. », précisai-je avant d'éclater de rire. L'alcool, c'est vraiment pas pour moi. En tous cas, pas lorsque je n'ai pas de problèmes. A cause de la vodka contenue dans le cocktail, j'étais carrément en train de déballer mon métier à un inconnu qui devait me prendre pour une folle.