It's New York City bitches ! And it's my motherfucking dream
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winneï | they want the money and they want the power

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MessageSujet: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyLun 18 Fév - 19:26

SERGEÏ & WINNIE
❝ I can't tell what you can't guess ❞

Peur de m’être cassé quelque chose, je restai là, bras en croix, allongée dans le froid, les yeux écarquillés, hésitante entre l’amusement et l’exaspération : en ce foutu temps d’hiver qui n’en finissait pas, je glissai et m’écrasai par terre au moins une fois par jour. Certaines chutes étaient pire que d’autres ; celle-là, en revanche, s’était faite dans une douceur extrême, et la scène s’était déroulée si lentement que j’aurais sûrement eu le temps de me rattraper, si j’avais su réfléchir assez vite. Idiote, Winnie, telle une gamine venue laisser sa trace dans la neige, tu restais là, immobile, la rétine sur les étoiles et le coeur enseveli sous une avalanche de glace qui ne décongelait pas. Qui n’avait pas décongelé depuis bien longtemps. Dans la vie, j’étais toujours partie du principe que ce qui arrivait, arrivait pour une raison. Que tout avait une cause et un but. Que tout venait de quelque part et allait quelque part, et que notre rôle dans tout ça, le rôle de l’être humain, c’était de veiller à ce que tout ce qui naisse, où que ce soit, trouve son chemin, et arrive à destination. Un enfant. Une invitation. Une déclaration. Une création. Une invention. Une découverte. Une avancée scientifique. C’était comme ça que le monde évoluait depuis des centaines de milliers d’années, depuis des millions, des milliards d’années : parce que tout ce qui était apparu, dans un moment donné et à un endroit donné de l’espace, s’était frayé un chemin, avait atteint son objectif, et était mort en laissant place à d’autre chose. Oui, il se passe beaucoup de choses dans ma tête quand je suis dans une position qui ne permet rien d’autre que de réfléchir. Moi-même, si j’étais là – et par “là” j’entends “sur terre, dans ce monde” et non pas “écrasée dans la neige et bientôt recouverte de perles argentés si bien que je vais mourir ensevelie ici et qu’on ne retrouvera jamais mon corps” – c’était pour une raison. Une raison précise, que, peut-être, je ne connaissais pas encore. Dans un raisonnement moins philosophique, si j’étais là, à cet endroit aujourd’hui, c’est parce que je devais retrouver Sergeï, quelque part, dans un restaurant de Manhattan. Sergeï, qui m’attendait peut-être déjà. Ou peut-être pas. Je n’avais aucune idée de l’heure qu’il était, et je n’aurais pas su dire si j’étais partie extrêmement en avance, ou extrêmement en retard. Ça n’aurait pas pu être à l’heure, de toute façon : je ne suis pas ponctuelle, parce que je ne sais pas gérer mon temps.

Ça avait pourtant commencé comme une journée normale. Il avait fait beau toute la journée ; froid, certes, mais beau. J’avais réalisé une présentation que mon patron avait qualifié “d’impressionnante” au boulot, et j’étais rentrée me préparer, au soleil couchant, contente à l’idée de penser que j’allais pouvoir raconter ça à Vladimir et Dante... Qui n’étaient pas à la maison. Cet appartement était toujours vide quand je le voulais plein, et plein quand je le voulais vide. Ce qui n’était pas le cas de mon dressing, en revanche, qui, malgré le fait qu’il soit toujours plein, me paraissait toujours vide. Je ne savais pas si je devais m’habiller chic ce soir ; ou simple ; ou sexy – non, sans doute pas sexy. Sergeï n’était pas le genre d’homme que j’allais voir pour un rendez-vous galant. Déjà, ça n’avait pas l’air d’être son genre, même si j’avoue que je n’avais, pour le moment, jamais osé abordé le sujet. Ensuite, il me ressemblait sur certains points, et pour ça, j’aimais à penser que nous étions amis. C’est vrai qu’il avait l’air inexpressif parfois, ou froid, ou renfermé, ou triste. La plupart du temps, je peinais à lui décrocher un sourire, et les rares fois où j’y parvenais, c’était un sourire discret, qui s’effaçait aussi vite qu’il était apparu. D’autres que moi, je pense, aurait pu en avoir peur. Ça ne m’aurait pas étonnée de savoir que certains en avait peur. Il était riche, et puissant, et imposait un respect à quiconque croisait son chemin. Pourtant, dans toute sa présence silencieuse et sa douce arrogance, il y avait quelque chose de vrai chez lui ; du moins, il dégageait quelque chose qui me permettait, à moi, d’être vraie. Vraie sur tout. Tout... Ou presque. Il y a des choses que j’aurais pu lui dire plus tôt, des choses que je devrais lui avouer au plus vite, et que je n’étais pas capable de dire. Souvent, j’avais l’impression qu’une amitié se tissait, très doucement, mais sûrement, entre lui et moi. Quelque chose qui pourrait être solide, et tendre. Mais de temps en temps, j’avais comme un sentiment de honte quand je pensais à lui, quelque chose qui m’aidait à penser que tout ça se basait sur un mensonge. Un mensonge dont, peut-être il n’avait que faire ; un mensonge qui n’avait sûrement aucune importance, et qui ne changerait rien à tout cela une fois révélé. Je me disais ça, pour me rassurer. Sergeï croyait que j’étais comtesse, ou un truc comme ça. Il ne se l’était pas mis en tête tout seul, bien sûr, j’y avais fortement contribué ; j’avais tout fait, en fait : je le lui avais fait croire, pour rire, pour m’amuser, croyant que je ne le reverrai plus jamais. Mais je l’avais revu, et plus d’une fois, et je n’étais jamais revenue sur mes mots, alors. Il serait peut-être temps.

Le froid commençait à pénétrer mon manteau. C’est dommage, j’étais bien. J’étais sereine. C’était beau. Presque poétique. Cette façon que j’avais de sortir de mon propre corps en m’étendant telle une enfant dans une poudre blanche et glacée, et en regardant le ciel bleu roi, presque noir ; cette jolie capacité que j’avais, de me foutre des passants, qui devaient me croire mourante et qui ne s’en inquiétaient pas. Belle solidarité, New-York. J’étais sans doute trempée. Mais j’étais paisible. Il m’attendrait encore un peu, il savait que je n’étais jamais à l'heure. A moins que les pas que je percevais de plus en plus proche, fussent les siens ?
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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyJeu 21 Fév - 20:43



Encore une journée dans cette ville que je haïssais regrettant amèrement ma douce Russie. Douce mais intransigeante et froide comme mon cœur l’était mais l’était-il réellement ? Avec lenteur, je balayais les cheveux d’un noir de jais qui s’étalaient sur mon torse tandis qu’un murmure désapprobateur me parvenait doucement à l’oreille. Encore un réveil auprès de Vyorina qui me laissait perplexe. Je n’étais pas homme à aimer et encore moins à rester auprès d’une femme. Dans ma famille, les épouses n’existaient que très peu pour la simple et unique raison qu’elles ne servaient qu’à donner un héritier à l’homme de maison. La règle voulait que l’enfant soit élevé par sa mère durant les sept premières années de sa vie avant que la mère ne soit écartée et que l’enfant reçoive l’éducation des Vassilievykh afin que plus tard, il succède à son père. Et c’était ainsi que j’avais été élevé sans douceur, sans amour avec pour seule compagnie la douleur et la privation. Père m’avait endurci le cœur et le corps afin que je devienne puissant. Le pouvoir appartenait aux forts et non aux faibles et faire preuve de la moindre sentimentalité était faire preuve de faiblesse. Seulement, je n’avais pu me résoudre à donner cette même éducation à Marya, ma fille de cinq ans. Dans deux ans, je devrais commencer son éducation mais je ne m’en sentais pas capable si bien que je m’étais finalement décidé à faire en sorte d’être le dernier des Vassilievykh recevant cette douloureuse et violente leçon de vie mais pour l’heure, il me fallait payer cette faiblesse comme pour compenser ma lâcheté. Et Vyorina dans toute cette histoire ? Je ne savais guère quelle place donner à ma maitresse mais la paix que je trouvais entre ses bras et ses cuisses me suffisaient pour l’heure à combler l’homme que j’avais cessé d’être au profit de la bête que j’étais devenue. Une bête assoiffée de sang dont le seul objectif était d’étendre son pouvoir, de clamer sa puissance et d’amasser toujours plus de richesses qu’importent les moyens mis en œuvre. Doucement, presque avec une tendresse dont je n’étais pas coutumier, je me levais du lit sans la réveiller et je ne pus que sourire un bref instant en voyant cette femme enlacer mon oreiller pour conserver la chaleur de ma présence. Vyorina me rendait faible et il faudrait tôt ou tard que j’élimine celle-ci d’une manière ou d’une autre. Je n’étais pas un homme bon. Quoi que les gens pensent ou espèrent.

Le reste de ma journée se passa sans encombre entre rendez-vous d’affaires, liaison avec mon pays natal pour régler les affaires courantes dans mon entreprise reposant principalement sur le marché immobilier. Depuis que j’étais gosse, je me rêvais architecte et en quelque sorte, j’avais terminé par réaliser ce rêve en bâtissant un empire immobilier. La seule chose que le monde ignorait sur moi, était que j’avais réellement suivi des études pour devenir architecte ayant même dessiné les plans de ma maison dans les pleines de Russie. C’était mon havre de paix n’ayant jamais amené personne jusque-là. Le seul endroit sur terre ou je m’autorisais enfin à redevenir Sergeï, l’homme simple, amoureux du bois et de la nature. Un homme qui, une fois cette maison quittée, redevenait l’être froid et sans scrupule qu’on l’avait forcé à devenir à force de coups, de privations et de violence gratuite. Cet homme non, cette bête n’avait rien de bon en elle. « Monsieur. Monsieur m’a demandé de lui rappeler son rendez-vous de ce soir avec madame la comtesse. Je conseillerai à monsieur de lui offrir un bouquet de fleurs, des roses. Les femmes apprécient en règle générale ce genre d’attention. Si monsieur m’en donne l’autorisation, je peux m’en occuper » me débita mon assistante que j’avais fait spécialement venir de Russie. Je n’aimais pas beaucoup les américains et je n’avais confiance qu’en mes employés. Paranoïa ou pas, c’était une question de survie. « Faites donc. Pas de roses rouges, ce n'est pas un dîner galant. Trouvez une fleur délicate qui puisse témoigner de mon intérêt poli pour cette jeune femme » ordonnais-je tout en me replongeant aussitôt dans mes dossiers.
Un intérêt poli, plutôt un intérêt des plus intéressé si je pouvais me permettre cette expression barbante. Winnie alias la comtesse , une personne très bien placée sur l'échelle sociale et donc intéressante à côtoyer. Nous nous étions rencontrés à une soirée et elle m'a confié bon nombre d’intéressantes informations dont le fait qu'elle était comtesse. Pour un homme ne jurant que par les relations, je ne pouvais que sauter sur l'occasion. Depuis, je m'assurais de garder de bonnes relations avec cette jeune femme. Néanmoins, si au début, je dus me forcer pour supporter sa compagnie, je devais reconnaître qu'à présent, il en était plus de même. Winnie avait une personnalité charmante et sa compagnie pouvait se révéler agréable bien que je ne perde pas de vue mes principaux objectifs. Au moins m'épargnait-elle une conversation sans intérêt et une soirée des plus ennuyantes. Avec elle, l'utile se joignait à l'agréable.

Elle était en retard comme à son habitude et je dus refréner ma mauvaise humeur à grand coup de volonté féroce. Je n'appréciais guère le manque de ponctualité mais il était tellement courant avec cette jeune femme que j'avais pris soin de m'en faire une raison. Toutefois, je commençais légèrement à m'inquiéter. C'était purement intéressé tentais-je de me convaincre mais au bout d'un quart d'heure d'attente, je priais au maître d’hôtel de réserver la table et je remontais le long du restaurant où quelques brides de conversations m'interpellèrent : une jeune femme allongée dans la neige sur le trottoir. Pour une raison obscure, je sus immédiatement que c'était elle et me risquais à la rejoindre. Nul doute. Elle ne semblait pas blessée alors que diable faisait-elle encore par terre ? Une lubie royale ? Je m'approchais donc d'elle, m'accroupissant à ses côtés : « Bonsoir Winnie. Est-ce confortable ? » Lui demandais-je sans ambages en dardant sur elle un regard froid puis, je lui tendis la main. Je n'aimais pas me donner en spectacle lorsque je ne maîtrisais pas la situation.



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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyLun 25 Fév - 0:02

Sergeï avait une estime pour moi qu’il n’avait pas pour les autres, je pouvais le sentir, je pouvais l’entendre dans sa façon de me parler et le voir dans sa façon de me regarder. Mais ce n’était pas dû au hasard. Ce n’était pas parce qu’il m’avait trouvée plus belle qu’une autre, ou plus intelligente qu’une, ou plus drôle qu’une autre. Il aimait le fait de savoir que j’étais de la famille royale de Hollande, comme si ça lui apportait un certain confort, un réconfort, de savoir qu’il avait des connaissances, des amis de haut rang. Certes, je ne pensais pas que c’était ce qui motivait notre amitié ; mais peut-être avais-je tord de lui faire confiance. Et sans doute lui devais-je quand même la vérité ?

Il était arrivé avec sa légèreté et son élégance habituelles, comme un fantôme qui se déplace sans savoir où aller. Il avait posé sur moi son regard de glace, et j’y avais paradoxalement trouvé un peu de chaleur. J’avais lu dans ses yeux que j’étais en retard, et il ne m’en avait pas fait la remarque. Devais-je alors m’en excuser ? Il me tendit la main, et je me relevai avec son aide, époussetant ma robe et rougissant plus à cause du froid qu’à cause d’une quelconque gêne que j’aurais pu avoir. « J’ai glissé, et je suis tombée. » Je lui souris avant de poser mon regard sur la trace que mon corps de comtesse avait laissé dans la neige. La trace d’un ange déchu ; ou qui n’allait pas tarder à l’être. J’inspirai une grosse bouffée d’air hivernal et tournai la tête vers Sergeï et son visage impassible, qui n’avait pas détourné ses yeux de moi. Il était puissant ; je crois qu’il pensait que j’étais encore plus puissante que lui. Il avait construit sa fortune sur l’immobilier, il croyait que je l’avais construite sur un pays. Il commandait des hommes, il pensait que je les gouvernais. Un jour, peut-être ce soir, peut-être dans dix ans, il allait savoir que nos rôles étaient inversés : il allait savoir qu’il était le plus puissant d’entre nous, il allait savoir qu’il avait tous les pouvoirs sur moi, et que je n’en avais aucun sur lui. Je n’avais pas honte de qui j’étais, et pas plus devant lui. J’étais plus embêtée de mentir que de n’être personne. Et ne dit-on pas que quand on tient à quelqu’un, il faut être honnête ? Je ne savait pas si on pouvait dire que je “tenais” à Sergeï, mais je pense que l’honnêteté me définit plus que la fourberie et si je voulais construire une relation sincère avec cet homme, j’allais devoir y remédier. « Je suis désolée pour le retard. J’espère que vous m’excusez… encore » Sergeï était de ces hommes dont la prestance imposante et silencieuse vous interdit tout tutoiement. Même si je l’avais voulu, je n’aurais pas réussi. Même s’il ne m’intimidait pas, j’avais un respect pour lui que je n’avais sûrement pas pour le reste des hommes que je connaissais. C’était un homme intelligent, intéressant, et cultivé. Il savait parler des choses, manier les mots, si bien que vous restez pendus à ses lèvres, si bien qu’il est impossible pour quiconque de lui couper la parole, si bien que certains hommes se sentent minuscules à ses côtés, et certaines femmes se prennent d’une soudaine envie de le séduire, et de tenter de l’obtenir. D’autres, comme moi, se contentaient de boire ses paroles et se sentaient capables de lui répondre avec autant d’aisance, pour construire des conversations enrichissantes, et entraînante aussi : la présence de Sergeï était une des plus agréable que je connaissais, ces temps-ci.

« Allons-y, inutile de retarder encore plus le repas. » J’emboîtai le pas, avec un petit sourire. Cet homme avait déjà un bout de vie derrière lui, dont il savait partager les passages qu’il avait envie de partager, et taire les autres. Je ne pourrais pas dire que je le connaissais bien, c’est certain : il était secret. Mais il avait une expérience dans le monde des affaires dont n’importe qui aurait voulu entendre parler. Ce soir promettait d’être un soir comme les autres avec lui : riche d’apprentissage, intéressant et agréable ; entre un homme qui ne dévoilait rien de lui, et une femme qui dévoilait une vie qui n’était pas la sienne. « Les hivers en Hollande sont encore plus rudes qu’ici. C’est ma grand-mère qui m’emmenait jouer dans la neige quand j’étais petite. Je crois que c’est resté ancré en moi, comme quelque chose que j'aime faire dès que la neige se met à tomber. » Bizarrement, j’essayais de justifier la situation dans laquelle il m’avait trouvée, alors qu’il ne me l’avait pas demandé, et que je n’avais pas l’habitude de le faire. Ce n’était qu’une moitié de mensonge : j’avais passé mes hivers à jouer dans la neige avec ma grand-mère, mais c’était en France.

Ce soir-là, la neige s’était remise à tomber et je ne pouvais m’empêcher de penser que c’était une saison qui se mariait à merveille avec l’homme qui marchait à mes côtés.
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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyMar 26 Fév - 12:31



« Je vois cela » lâchais-je laconiquement en l’aidant à se relever. Etait-elle une personne maladroite ? Je savais qu’il y avait des personnes qui ne pouvaient s’empêcher d’attirer le mauvais œil sur elle à longueur de journée voire d’années. Personnellement, je n’étais pas superstitieux car cela serait craindre quelque chose, or, la peur ne faisait pas partie de mon vocabulaire de prédilection. La seule chose peut-être que je craignais était que ma fille tombe malade. C’était bien ma seule véritable crainte car dans ces cas-là Marya devenait une véritable pot de colle en manque flagrant d’amour et je n’étais pas connu pour être généreux côté geste de tendresse ou d’affection même si avec honte, je devais avouer que Marya arrivait à me faire faire tout et n’importe quoi. Un peu comme Dimitri lorsque nous étions gamins. J’escomptais donc que Winnie ne soit pas ce genre de personne sinon j’allais rapidement perdre patience malgré les bons sentiments qu’elle m’inspirait depuis quelques rendez-vous. J’avouais apprécier sa compagnie même si au final, je ne la côtoyais que par intérêt. Dans la vie, personne ne réussissait pas le bon vouloir d’un Dieu ou de la chance. Il fallait travailler mais aussi posséder un réseau de relation fourni. « Avez-vous mal quelque part ? » lui demandais-je avec inquiétude, simulant parfaitement cette émotion que je ne connaissais que trop peu. D’ailleurs, je ne connaissais guère d’émotions mise à part la colère et la haine que je vivais à longueur de journées. Deux sentiments qui avaient fait de moi l’homme que j’étais. C’était également ce qui m’avait préservé de la folie lors des nombreuses séances d’éducation de Père. « votre retard est excusable, ne vous en faites pas » tenais-je à la rassurer sans lui confier que j’avais prévu l’horaire avec une marge de vingt minutes juste au cas où, habitué des retards de la comtesse. Toutefois, je pris sur moi pour adoucir mon regard à mesure que nous conversions même si, pour l’heure, je ne faisais guère d’effort pour entretenir la conversation mais je n’aimais pas m’adonner à ce genre d’exercice en pleine rue, et surtout en plein froid. Je préférais largement un bon restaurant, une ambiance intimiste et donc propice à une discussion plus ouverte. « Je crains fort que nous n’ayez pas encore vécu un hiver en Russie Winnie, les températures sont rudes mais nous y sommes habitués. Peut-être aurais-je l’occasion de vous faire visiter mon pays, cela serait un honneur pour moi, il va de soi » lui répondis-je tout en glissant son bras sous le mien pour lui éviter toute chute malheureuse avant de lui tenir galamment la porte du restaurant où nous attendait un maître d’hôtel qui nous débarrassa de nos manteaux. « Avez-vous passé une bonne journée ? » l’interrogeais-je alors que nous étions présentement assis à notre table en train de compulser le menu. « Dites-moi Winnie, seriez-vous intéressée pour m’accompagner à l’Opéra demain soir ? Il passe un classique et j’aimerai beaucoup vous avoir à mes côtés » lui proposais-je par la suite. Etre vu au bras d’une comtesse n’était pas quelque chose d’anodin et me servirait grandement surtout que je savais qu’il y aurait du beau monde lors de cette soirée. Vyorina comprendrait certainement le fait que je ne puisse pas l’amener avec moi comme il était prévu initialement.

Hj : dsl ma réponse n’est vraiment pas terrible.



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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyMar 5 Mar - 0:30

Je crus percevoir une pointe d’agacement, dans ses yeux et dans sa voix, qu’il ravala bien vite. Avec lui, j’avais souvent l’impression de marcher sur un fil, un fil duquel je pouvais tomber à n’importe quel moment ; et si toutefois ça arrivais, je ne mettrais pas ma main au feu qu’il m’aiderait à me rattraper. Il n’était pas homme à faire des efforts pour les autres. Quand on perdait sa confiance, il n’avait pas de deuxième chance à accorder. C’est ça aussi qui me faisait peur, quant à lui dire la vérité. Pourtant plus le temps passait, plus il allait m’être difficile de sortir de cette moitié de mensonge qui me pesait de plus en plus sur les épaules. « Avez-vous mal quelque part ? » J’avais un peu mal à la cheville, mais ce n’était rien de grave. J’avais surtout mal à ma conscience. Et je n’aimais pas avoir mauvaise conscience. Je lui adressai un sourire radieux – du moins, j’essayai de le rendre radieux ; je crois que j’y parvins. « Non, ne vous en faîtes pas, je n’ai rien, merci ». Il ne s’en fait pas, Winnie. Il ne s’en fait pas, mais toi tu crois qu’il s’en fait, qu’il s’inquiète, qu’il a réellement eu peur pour toi, que tu te casses quelque chose, que tu soies obligée d’annuler, de reporter le repas, parce que tu es naïve et idiote, et que dans ton monde à toi, tout le monde est gentil, heureux et rempli de bons sentiments. Je savais bien, pourtant, que Sergeï se différencier de cela. Je savais bien qu’il n’était ni gentil, ni heureux, ni rempli de bons sentiments. Pourtant je ne parvenais pas à me dire qu’il était méchant, et malheureux, et qu’il ne souhaitait rien de bon aux fantômes errants des silhouettes qui l’entouraient et auxquelles il ne prêtait guère attention. Là encore, sans doute étais-je trop candide. Peut-être était-il un homme avec un fond réellement méchant. Peut-être m’utilisait-il pour parvenir à ses fins – et à quelles fins ? –, peut-être, sans doute aussi, était-il malheureux. Peut-être était-il seul. Peut-être n’avait-il personne. Et peut-être aurais-je pu tenter d’en savoir plus à ce sujet, mais il était trop difficile pour moi d’entamer le sujet d’une manière discrète, détournée, et encore plus de lui poser la question directement. Je préférais me contenter de l’entendre, encore une fois, excuser mon retard, et me raconter ses hivers en Russie. Winnie, quelle ingénue tu faisais. Bien sûr que les hivers étaient d’autant plus rudes en Russie qu’en Hollande. Avais-tu seulement passé un seul hiver en Hollande ? Qu’en savais-tu ? « Peut-être aurais-je l’occasion de vous faire visiter mon pays, cela serait un honneur pour moi, il va de soi ». Je continuai d’avancer à ses côtés, jusqu’au restaurants où nous devions manger. Sans que j’ose le lui montrer, un sourire étira mes lèvres, un sourire que je sus lui cacher. Cette proposition, sans qu’il ne le sache, m’avait fait chaud au cœur. Sans doute aussi était-ce parce qu’il était le premier à m’inviter à voyager avec lui, bien que nous entretenions des relations amicales/professionnelles (à vrai dire, je ne saurais vraiment les qualifier). Que voulait-il ? S’afficher au bras d’une comtesse ? Notre amitié ne se résumait-elle réellement qu’à cela ? A cette pensée, mon sourire s’estompa. S’il ne s’agissait que ça, depuis le début ? Je préférais de loin penser qu’il m’y avait invitée parce qu’il appréciait grandement ma compagnie. Il n’était pas dans ma nature de me faire du soucis. Pourtant, c’était actuellement le cas. « J’en serais ravie, vraiment. Peut-être pourrai-je ensuite à mon tour vous faire découvrir ma Hollande, telle que vous ne la connaissez sûrement pas ». S’il avait tourné la tête, j’aurai frappé la mienne de mes deux mains. Pourquoi avait-il fallut que je rajoute cela ? Pourquoi n’avais-je pas pu m’en tenir simplement à “vraiment” ? Nous entrâmes dans l’hôtel, un lieu que j’aurais peut-être eu les moyens de m’offrir, mais pas au même niveau qu’une comtesse. Je n’étais pas pauvre en vérité, loin de là, mais j’étais tout de même sûrement moins fortunée qu’un membre d’une quelconque famille royale. « Avez-vous passé une bonne journée ? » Me yeux se détachèrent du menu et vinrent se poser sur mon interlocuteur. « Pour être honnête, je pense qu’elle aurait pu être meilleure. » “Pour être honnête”, étais-je seulement autorisée à employer cette expression en sa présence ? « J’ai passé ma journée à faire des allers-retours entre mon appartement et mon bureau, sous un vent glacial avec une neige qui ne cessait de tomber. J’ai cru pouvoir garder mon équilibre toute la journée… Malheureusement ça n’a pas été le cas ». Mis à part ça, je n’avais pas grandes raisons de me plaindre. Mes joues rosissaient à mesure de la chaleur de l’hôtel enveloppait mon visage et chassait le froid dont j’avais été victime quelques minutes auparavant. Je repris le menu en main, et me fit surprendre par la seconde proposition de Sergeï, celle-ci qui semblait davantage sérieuse. « Dites-moi Winnie, seriez-vous intéressée pour m’accompagner à l’Opéra demain soir ? Il passe un classique et j’aimerai beaucoup vous avoir à mes côtés ». Je me senti mon corps se raidir légèrement mais luttai pour ne pas qu’il puisse constater ma mauvaise posture. Devais-je lui pondre un autre mensonge ? Lui dire que même les intellectuels et les amateurs de musique classique ne savaient reconnaître une comtesse d’Oranje-Nassau ? Que si la haute société ne s’intéressait pas à nous demain, c’était seulement parce que je n’étais pas reconnaissable, et que si l’on venait nous saluer, c’était parce qu’on l’aurait reconnu, lui, et non moi ? Ce dernier mensonge n’en était pas un. Le reste, je ne savais même pas. Ce soir, j’allais me détendre. Ne rien lui dire. S’il devait l’apprendre demain soir, alors qu’il en soit ainsi. « Avec plaisir, ça fait un moment que je n’y suis pas allée, et ça me ferait un grand bien ». Je n’y étais jamais allée. Pas une fois. Mais j’allais savoir faire semblant, une fois de plus. Je l’espérais. « Votre femme ne vous accompagnera pas ? » Ça, c’était inattendu. Même pour moi à vrai dire. Non pas que je ne voulais pas lui poser la question, mais plutôt que j’avais prévu d’y aller crescendo. De commencer par un “vous y aller souvent”, suivi d’un “j’y allais avec mon père et ma grand-mère quand j’étais plus jeune, puis en grandissant j’ai découvert les joies d’y aller seule” pour finalement lui demander ; “et vous ?”… Ça ne s’était pas tout à fait passé comme ça, et je me sentais, pour une fois, un peu honteuse. J’en perdis même les mots nécessaires pour formuler des excuses. Mais au moins, peut-être que j’en saurais plus – qui sait ? – sur ce mystère de glace qu’était Sergeï Vassilievykh.
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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyMer 6 Mar - 14:21



« J’en serais ravie, vraiment. Peut-être pourrai-je ensuite à mon tour vous faire découvrir ma Hollande, telle que vous ne la connaissez sûrement pas » Je saluais bien évidement cette invitation d’un sourire à la fois alliance de politesse mais également de satisfaction. Depuis notre rencontre, je n’avais eu de cesse de patienter qu’elle fasse le premier pas et m’invite d’elle-même dans son pays que je sentais mes efforts récompensés. Toutefois, une certaine partie de moi-même fut désappointée. Pourquoi ? Je ne saurais guère le dire moi-même car peut-être espérait-elle passer un peu plus de temps avec cette délicieuse jeune femme aussi fraiche et étonnante. Une personne que je n’avais hélas que peu l’habitude de côtoyer. Il faut dire que la majorité de mes contacts viennent du même monde que moi, à savoir celui des affaires et que la réputation de nid de crabe ou de fausse aux requins n’est pas surfaite. A chaque instant, il vous faut sourire alors que par derrière, vous n’avez de cesse de chercher les défauts et faiblesses de vos adversaires. C’est pourquoi, le fait que j’ai une fille n’était connue que de très peu de personnes. Marya était ma faiblesse et il était hors de question que de l’entrainer dans ce monde. Hélas pour les autres, je n’avais pas autant de scrupule à me servir d’eux. Qu’en était-il de cette femme qui marchait à mes côtés ? A vrai dire, plus le temps se passait et plus je doutais de mes véritables motivations bien que je ne perde bien entendu pas mon objectif premier de vue. « Eh bien, ce serait avec plaisir que je ferais ce voyage en votre compagnie. Dans un mois, je compte me rendre en Russie pour affaires, peut-être accepteriez-vous de m’accompagner. Je vous rassure, je serais entièrement disponible pour vous servir de guide. Je ne m’y rends que pour contrôler et signer quelques papiers trop importants pour le faire virtuellement » lui répondis-je avec un sourire presque chaleureux. Je ne savais guère sourire. Une fois, l’une de mes maitresses m’avait dit que je riais lorsque je me brûlais, expression pour dire qu’il m’en fallait énormément pour me laisser à cet éclat de rire. Ce jour-là, je lui avais répondu qu’elle était plus pathétique dans son imitation de je ne sais quelle actrice que comique. J’avais mon franc parlé.

Une fois attablés à notre table, je compulsais le menu plus par automatisme que véritable besoin. Je me rendais fréquemment dans ce restaurant et j’avais fini par connaître la carte par cœur mais agir différemment serait manquer de respect à cette jeune femme. Or, il était hors de question que je la heurte d’une quelconque manière. Peut-être était-ce mon côté stratège et diplomate qui s’exprimait davantage en sa présence qu’autre chose mais je ne pouvais faire autrement, même si je le voulais. On m’avait appris bien plus jeune à ne pas faire preuve de sentimentalité à l’égard de quoique ce soit ou de qui que ce soit. Cette leçon était restée gravée dans mon esprit plus assurément qu’un marquage au fer rouge. Quoi qu’il en soit, je l’invitais donc à se joindre à moi pour une soirée à l’Opéra. J’étais un mélomane averti et j’appréciais énormément la musique classique. Celle-ci m’émouvait au-delà des mots et des notes de musique. Elle me transportait vers un monde beaucoup plus apaisant et doux que ma réalité. C’est donc avec attention que j’observais Winnie réfléchir à mon offre. Celle-ci dans un premier temps paniquer, prête à décliner l’offre avant de se résigner et d’accepter. Peut-être craignait-elle d’être importunée lors de cette soirée. C’était une donnée que je n’avais certes pas prise en compte. « Je possède une loge privée, nous ne serons pas importunés si cela peut vous rassurer Winnie » tenais-je à lui signaler. Tant pis pour l’esbroufe, je me contenterais des mots dits car je ne doutais pas qu’une comtesse ne passerait pas inaperçue et que les employés se parleraient entre eux. Ne jamais sous-estimer les messes-basses. Toutefois, je fus désarçonné par sa question. Une femme ? Moi ? « Non. Je ne suis pas marié » répondis-je simplement en ayant une pensée pour Vyorina aussi impromptue que déplacée. Elle n’était que ma maîtresse rien d’autre. « Serait-ce déplacé que de vous retourner votre question ? Est-ce qu’un homme vous attend ? » Demandais-je sur le ton de la conversation. La seule chose de vraie dans notre relation était je crois bien mon besoin d’en apprendre plus sur elle. Elle m’intriguait énormément.
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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyVen 15 Mar - 17:57

« Eh bien, ce serait avec plaisir que je ferais ce voyage en votre compagnie. Dans un mois, je compte me rendre en Russie pour affaires, peut-être accepteriez-vous de m’accompagner. Je vous rassure, je serais entièrement disponible pour vous servir de guide. Je ne m’y rends que pour contrôler et signer quelques papiers trop importants pour le faire virtuellement » Je ne répondis par rien d’autre qu’un sourire. Je ne comprenais d’où venait son engouement soudain, mais il ne me déplaisait pas pour autant. D’autre part, je n’essayai pas de comprendre. Je crois qu’il est extrêmement compliqué de comprendre le personnage de Sergeï. Et j’aimais chez lui ce mystère total qu’il dégageait. Comme si personne n’était capable de comprendre entièrement qui il était. Je crois que lui-même considérait cela comme un avantage considérable. Sans doute était-ce sa carapace à lui, face au monde. Étions-nous si différents que nous en avions l’air ?

Je ne pris pourtant pas le temps de réfléchir à son offre. Si je l’avais fait, j’aurais sans doute laissé transparaître une pointe d’anxiété, et c’était un sentiment que je ne connaissais que trop peu pour le dévoiler à mon interlocuteur. La Russie se trouvait déjà plus proche de la Hollande, et une comtesse d’Oranje-Nassau serait sans doute facilement reconnaissable, autant qu’un imposteur au titre. Bien sûr, tout cela n’était qu’hypothèse, puisque je ne connaissais rien à ces royautés européennes qui ne m’avaient jamais intéressée. Peut-être faudrait-il d’ailleurs que je me mette à porter un intérêt à la chose, si je ne voulais pas qu’il me découvre. Cependant, il serait plus simple pour moi qu’il découvre la supercherie sans que j’aie à la lui annoncer. De plus en plus, je pensais que j’étais stupide, et peureuse. Et du coup, vulnérable. Rien ne semblait pouvoir briser Sergeï. En était-ce de même pour moi ? Avais-je cette prestance royale, à tel point qu’on avait l’impression que je surplombais le monde ? Sans être roi, ou prince, ou comte, lui l’avait. Et en réalité, je me disais surtout, je n’avais pas dupé la bonne personne. Qui sait, peut-être me punira-t-il de mon mensonge d’une manière que je ne peux même pas m’imaginer ; peut-être, au contraire, devrais-je arrêter d’y penser. De me tourmenter. Peut-être que tout se passera bien. Pourtant, il me faisait rien pour m’aider. Après l’invitation en Russie, c’était l’invitation à l’Opéra. Et même si j’acceptai sa proposition avec joie – et une vraie joie, parce que j’avais toujours voulu assister à un opéra – je n’en étais pas moins prie de court. Demain. Dans vingt-quatre heure. Serais-je encore comtesse après cet opéra ? J’allais devoir apprendre à me camoufler, à jouer un rôle, encore mieux que je le faisais déjà. Je ne saurais dire s’il m’avait rassurée en m’affirmant que nous aurions une loge privée. Commençait-il déjà à comprendre ? Se moquait-il de moi ? Ou étais-je en train de devenir paranoïaque, quelque chose que je n’avais pas le souvenir d’avoir déjà été auparavant. Je le remerciais d’un signe de tête et d’un sourire ravi avant de lui demander maladroitement s’il était marié. « Non. Je ne suis pas marié » Mince. J’espérais qu’il n’avait pas mal interprété la question. Quoi qu’il en soit, il me la retourna. Je fus étrangement surprise, je ne m’attendais absolument pas à ce qu’il me pose la question en retour, et je n’avais donc pas eu le temps de réfléchir à une réponse toute faire. Je ne savais pas. Je n’avais pas le souvenir qu’un homme m’ait déjà “attendu”. Je n’avais jamais fait dans la relation de couple de longue durée, bien que je ne faisais pas dans les histoires d’un soir non plus. Même si je n’avais jamais ressenti de sentiments amoureux pour un homme, je ne saurais dire si un homme en avait déjà ressenti à mon égard. Et une comtesse était-elle censée être mariée ? À priori non. Je n’étais ni reine, ni princesse, et il y avait plusieurs comtesses en Hollande, que les médias ne dérangeaient pas, du moins j’osais l’espérer. Je n’avais donc pas à mentir sur ce point-là. « Non, personne ne m’attend ; ni à New York, ni en Hollande. »

J’essayai de trouver un autre sujet de conversation, quelque chose qui nous éloignerait du sujet de j’avais moi-même lancé, quelque chose qui n’aura rien à voir avec sa Russie, ou ma prétendue Hollande, ou ma famille, ou la sienne, ou la royauté… J’avais eu de la chance jusque là qu’il ne me pose que très peu de questions dessus, et d’autant plus d’avoir réussi à improviser des réponses crédibles. Le fis semblant de parcourir le menu pour la millième fois, le temps de trouver autre chose à dire. Par chance, un serveur vint prendre notre commande. « Je pendrai… La gigolette de marcassin à la sauce Grand Veneur » J’avais choisi le premier plat que j’avais lu lorsque le serveur était arrivé. Je ne savais même pas ce que c’était, mais je n’osais pas croire que ça allait être mauvais. Je laissai Sergeï passer commande et lorsque le serveur fut parti, je m’adressai à lui : « Puisque nous en parlons, je ne crois pas vous avoir déjà demandé si vous aviez des enfants ? » C’était loupé pour le changement de sujet, mais “les enfants”, c’était déjà moins délicat que “la femme ou le mari”. Enfin je crois. Je n'en sais rien, je n'ai ni l'un ni l'autre. Et puis nous nous étions suffisamment vus pour que je puisse lui poser la question aujourd’hui. Sergeï n’était pas tellement plus vieux que moi mais je m’étais souvent demandé s’il était père. Ça ne m’étonnerait pas s’il en était un ; quoique, le contraire ne m’étonnerait pas vraiment non plus.
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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptySam 16 Mar - 14:30



« Non, personne ne m’attend ; ni à New York, ni en Hollande. » venait-elle de me répondre à ma question. L’avais-je gêné avec celle-ci ? Après tout, il était malvenu pour un homme que de demander si une femme était libre ou non, qui plus est lorsqu’il s’agissait d’une comtesse mais je ne sais pas ce qui m’avait piqué. Peut-être la curiosité ou le simple fait de vouloir lier connaissance avec cette jeune personne. Je n’étais pas un homme qui s’intéressait beaucoup aux autres sauf s’il demeurait que je pouvais trouver mon compte dans ce genre de confidence. Le reste du temps, je me contentais simplement de balayer ce genre de conversation d’un revers de la main tant elles avaient pour moi un caractère insignifiant. Il faut dire qu’en dehors de mes relations professionnelles, je n’avais que peu d’amitié sincère. J’évoluais dans un monde où le pouvoir et l’apparence sont autant trompeurs qu’indispensables. Il fallait avoir le bras long pour assurer ses arrières et ainsi se préserver de toute attaque intestine. D’ailleurs, je me savais l’objet d’un complot. J’ignorais d’où il venait ni même quand est-ce que ce traitre passerait à l’œuvre aussi me tenais-je constamment sur mes gardes. Cela pouvait être fatiguant à la longue mais je vivais dans cette constante paranoïa depuis que j’avais été en mesure de comprendre les choses. A mesure d’estimer le danger. Si dans un premier temps, je me devais de déjouer les plans de mon regretté père, j’avais depuis, agrandit le nombre de ennemis. Quoi qu’il en soit, je pouvais également compter sur des personnes de confiance. Des collaborateurs loyaux et intègres qui avaient plus d’intérêt à me voir vivant que mort. « Je comprends » me contentais-je de cette brève réponse afin de ne pas polémiquer sur le sujet. Je me voyais mal l’informer qu’une femme partageait mes nuits et mon lit depuis quelques temps mais qu’elle n’était rien de plus rien de moins qu’une maîtresse. Je craignais de choquer la comtesse avec pareil aveux et puis, ma vie privée était ce qu’elle était à savoir privée. « Je prendrais pour ma part de votre râble de lapereau en surprise de langoustine, avec son ragoût de petits artichauts et gnocchis au pesto. Merci. » Commandais-je à mon tour tout en prenant soin d’ajouter une bonne bouteille de vin ainsi qu’une bouteille d’eau pour accompagner notre repas. Le serveur s’éloigna alors avec notre commande et je m’apprêtais à prendre la parole quand Winnie me prit de cours et me posa une simple question. Des enfants ? J’étais tellement habitué à cacher l’existence de Marya que je pris le temps de la réflexion. La sécurité de ma fille avait toujours été une priorité ainsi que son éducation. A ce sujet, je ne savais toujours guère comment, lorsqu’elle aurait sept ans, j’allais faire. Une partie de moi se révoltait et se refusait à lui faire endurer la même éducation que la mienne mais une autre, plus conservatrice peinait à se taire. Néanmoins, je savais d’ores et déjà que je serais incapable d’user des mêmes méthodes. Ma fille était la prunelle de mes yeux, ma part de lumière et d’humanité. En sa présence, je me faisais aussi doux d’un agneau sans toutefois lui céder tous ses caprices. Certes, elle était une enfant née une culière en argent dans la bouche mais il était hors de question qu’elle se transforme en cruche sans cervelle doublée d’une enfant gâtée. Une éducation stricte mais non dénuée de tendresse. Pour l’heure, telle était l’éducation qu’elle recevait en présence de Vyorina. Ma jeune maîtresse lui donnait l’amour que je ne pouvais lui offrir. « J’ai une enfant de cinq ans. Elle s’appelle Marya. Sa mère est morte si vous vous posez la question Winnie » l’informais-je devançant peut-être une plausible question. Je ne désirais nullement m’appesantir sur le sujet de sa génitrice car Sofya n’avait jamais été rien d’autre qu’un utérus pour moi. « Aimez-vous les enfants Winnie ? » lui posais-je comme question tout en l’observant avec attention. Peut-être que cette femme ne désirait pas d’enfant mais je me doutais qu’il lui serait bientôt demandé. Après tout, la transmission d’un titre comme celui de comtesse devait être une question à l’ordre du jour. Du moins, c’est ainsi que je voyais les choses mais peut-être qu’encore une fois, je me fourvoyais.

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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyDim 17 Mar - 18:40


« J’ai une enfant de cinq ans. Elle s’appelle Marya. Sa mère est morte si vous vous posez la question Winnie » Je fus parcourue d’un frisson. Il n’avait pas employé un ton agacé, ou méchant, mais sa dernière phrase laissait entendre que ce n’était pas un sujet évident à aborder. Je n’aurais pas su dire, par la manière dont il m’avait répondu, s’il était marié, autrefois, avec la mère de sa fille, et si sa mort l’avait profondément touché ; ou si au contraire elle n’avait que très peu compté pour lui. Il avait dit cela sur un ton tellement monotone qu’il aurait aussi bien pu m’annoncer une bonne nouvelle qu’une mauvaise. Il n’avait jamais l’air particulièrement triste, ou particulièrement heureux, de toute manière. Alors, non, je ne m’étais pas posé la question avant sa réponse, et je fus d’ailleurs assez déconcertée par celle-ci. Était-ce une façon de me dire que j’étais trop curieuse et qu’il voulait que je cesse de l’importuner avec toutes ces questions sur sa vie privée ? Ou me l’avait-il vraiment dit en pensant que cette question me démangeait ? Je ne répondis pas immédiatement. Je ne me sentais pas spécialement désolée pour sa fille, mais je mis dans mon regard toute la compassion nécessaire pour qu’il le pense. Pour qui serais-je passée si je lui avais répondu par un sourire et un hochement de tête ? « J'en suis désolée. » La mort était une tragédie qui ne m’avait jamais touchée. Là-dessus, je savais que je n’étais pas comme les autres, alors j’avais appris à faire semblant, à avoir l’air triste, à présenter mes condoléances, à m’habiller de noir en allant au cimetière et à cacher mes yeux derrière un voile de mensonge. De la même manière, je n’avais pas vraiment d’affection pour un enfant, un petit être frêle et fragile en constant éveil. Ils ne me dérangeaient pas, mais ne me touchaient pas pour autant. Pourtant, le fait d’apprendre que Sergeï était le père d’une petite fille – petite fille de cinq ans, qui plus est – m’arracha au plus profond une légère émotion que je ne me connaissais pas : j’arrivais à imaginer cet homme de glace autrement, d’une manière nouvelle, comme un père, un être sentimental. Comme si ma question et sa réponse avaient débloqué le niveau supérieur d’un jeu : on pouvait jouer dans de nouveaux paysages, interagir avec le nouvelles personnes, utiliser de nouvelles armes. Je crois même que j’avais laissé échapper un sourire sans le faire exprès. Je n’avais moi-même jamais pensé à avoir des enfants, étant déjà beaucoup trop fragile dans mes relations amoureuses, et je fus pour le moins prise de court par la question de Sergeï : « Aimez-vous les enfants Winnie ? »

Je crois que cette fois ci, je ne parvins par à cacher mon désarroi. Par malheur, je laissai même échapper un simple « Je... » qui confirma ma surprise, si toutefois il en doutait. Mes yeux se détachèrent des siens pour la première fois, et allèrent chercher le sol. Une comtesse sans enfant... Une comtesse qui n’aime pas les enfants... Que diable étais-je censée répondre ? Dans la tête de mon interlocuteur, le schéma semblait bien simple : une comtesse, tout comme une princesse, se devait le mettre au monde un hériter ; un petit comte, ou une petite comtesse. Seulement, je n’avais aucune idée de ce qu’il en était réellement. Et si Sergeï lui-même connaissait mieux le sujet que moi ? Le temps de ma réflexion me parut une éternité, et aucune réponse crédible ne parvint à se constituer dans mon esprit. Je réfléchissais à toute vitesse, sans trouver d’issue. Il aurait suffit d’un simple “Oui, beaucoup”, mais dans l’état dans lequel je me trouvais présentement, il ne m’aurait pas crue. « Je » tentai-je de reprendre maladroitement. Puis, sans le vouloir, je laissai échapper un petit rire nerveux, « À vrai dire, non. » Même si j’avais arrêté de rire, un sourire s’était figé sur mes lèvre, alors que je continuai : « Enfin, ce n’est pas que je ne les aime pas. Seulement, je ne m’y intéresse pas vraiment. Pas du tout. Je n’en veux pas, pas pour le moment du moins. Je suis sûre que j’aimerai mes enfants, quand j’en aurai, si toutefois j’en ai un jour. Mais je n’ai jamais su m’en occuper, et je n’ai jamais vraiment voulu apprendre. Marya, cela dit... » Je ne savais pas pourquoi je m’étendais sur le sujet, si ce n’est que j’avais besoin de dire ce qui allait suivre « Je pense qu’elle a beaucoup de chance de vous avoir comme père. » Je crois que c’était la première fois que j’avais été à ce point honnête avec lui, dans tout ce que je venais de lui répondre. Au fur et à mesure de ma réponse, mes muscles s’étaient décontractés et j’avais repris une respiration normale. Je crois que je n’avais pas connu de montée d’angoisse comme celle-ci depuis plusieurs années. J’en étais maintenant à espérer que Sergeï avait pris ma réaction comme la honte de devoir lui répondre par la négative. À l’autre bout de la salle, le serveur s’avançait déjà pour nous servir nos plats. Soit ce restaurant était très rapide, soit j’avais effectivement mis beaucoup de temps à répondre ; un peu des deux, sans doute.
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MessageSujet: Re: winneï | they want the money and they want the power winneï | they want the money and they want the power EmptyLun 18 Mar - 20:56



« Il n’y pas de quoi l’être » répondis-je sans sentiment aucun dans ma voix. Sofya avait été choisie pour enfanter pas pour devenir ma compagne d’aucune sorte. Aussi n’étais-je pas le moins du monde attaché à son souvenir bien que je devais reconnaître qu’il y avait un peu d’elle dans Marya. Elle avait sa bouche et son nez mais ma fille possédait mes yeux bleus ainsi que ma prestance. Plus tard, elle serait une magnifique jeune femme à n’en pas douter. Cela faisait-il de moi un monstre ? Je ne pensais pas. Il y avait toujours eu un contrat entre nous : elle donnait naissance à un héritier point final. Bien sûr, il ne fallait pas être un génie pour voir que ce contrat était à sens unique mais durant ce temps-là, Sofya n’avait eu à se plaindre de sa vie. Nourrie, logée, blanchie et à la clé une jolie pension tous les mois, sa vie aurait pu être plus compliquée que cela. Bien sûr, lors de nos rapports sexuels, j’avais toujours fait preuve de douceur il va s’en dire mais jamais de tendresse ou d’amour. Je ne faisais que me reproduire pas l’amour même si elle avait une bonne maîtresse. Aujourd’hui, ma fille était la chose la plus précieuse que je possédais et il aurait fallu être inconscient ou passablement dérangé pour oser la menacer. Megara l’avait fait. Et si elle n’avait possédé le cœur de Dimitri en elle, elle serait déjà morte depuis longtemps. Malheureusement ma faiblesse m’avait une nouvelle fois perdue. Oui, aussi surprenant que cela puisse paraitre, j’aimais ma fille et je me refusais à l’entrainer dans les méandres obscurs où évoluait en temps normal, la famille Vassilievykh. Il était hors de question. Jamais.

Pour me changer les esprits, j’interrogeais –également par curiosité il va s’en dire ; Winnie sur les enfants. « À vrai dire, non. » fut sa réponse. Cela me surprit légèrement. Suffisamment pour me faire arquer un sourcil interrogateur avant qu’elle ne poursuive « Enfin, ce n’est pas que je ne les aime pas. Seulement, je ne m’y intéresse pas vraiment. Pas du tout. Je n’en veux pas, pas pour le moment du moins. Je suis sûre que j’aimerai mes enfants, quand j’en aurai, si toutefois j’en ai un jour. Mais je n’ai jamais su m’en occuper, et je n’ai jamais vraiment voulu apprendre. Marya, cela dit... » Cette réponse me laissa perplexe. J’avais pour une raison idiote et peu fondée qu’elle aimerait les enfants. Winnie dégageait une sorte de douce rêverie lorsqu’on l’observait et ma foi, avais-je cru à tort qu’elle était le genre de femme à aimer les enfants. Un sourire ironique étira mes lèvres alors qu’elle se fendait d’un compliment sur mes prouesses paternelles. « Je crains que sur ce point, je ne doive remercier ma fille au pair. Vyorina apporte beaucoup à Marya mais c’est aussi pour cela que je l’emploie » expliquais-je tandis que le serveur nous apportait la bouteille de vin que j’avais commandé. « Prendriez-vous un verre Winnie ? » lui demandais-je après avoir goûté le vin comme le voulait les us et coutumes de la bienséance. « Mais cessons donc de parler enfant si vous le voulez bien. Il y a des sujets bien plus passionnant dans ce monde n’est-ce pas ? D’ailleurs, que pensez-vous du tableau d’Edvard Much, le cri ? Il est actuellement exposé au MOMA »

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