Anthony l’avait vraiment mauvaise là. Son stupide professeur d’anglais lui avait donné un stupide travail à faire en binôme. Ça aurait pu passer s’il ne lui avait pas en plus donné une stupide partenaire de travail. Enfin, elle n’était pas stupide, bien au contraire, et c’était ça qui l’amenait à penser que c’était le cas. C’était compliqué. Norah était extrêmement douée, pas autant que lui selon lui mais c’était assez proche. Il ne l’aimait pas vraiment parce qu’elle essayait d’être la meilleure et lui essayait d’être le meilleur aussi. Une compétition s’était installée entre eux et ils se tiraient l’un et l’autre vers le haut. C’était assez sain et Anthony aimait assez cela. Cela lui donnait une raison en plus pour beaucoup travailler et donner le meilleur de lui-même. En dehors des cours, il se fichait bien de Norah, il ne la détestait pas, elle était juste sa rivale en cours, il n’avait aucune raison de la détester à côté. Mais après, le fait qu’il ait à passer une grande partie de son temps libre avec elle pour ce stupide travail ne lui plaisait. Il avait beaucoup à faire à la maison, avec les petits et tout et il arrivait à se débrouiller pour travailler tout seul chez lui après avoir fait ce qu’il avait à faire parce que sa famille passait bien sûr avant ses études. Mais là, il ne pouvait pas faire ça vu qu’il n’était pas seul. Puis il ne voulait pas laisser Norah tout faire toute seule parce qu’il ne lui faisait pas confiance sur ce terrain, elle était bien capable de dire qu’il n’avait rien fait du tout et s’approprier tout le travail histoire de le « battre ». Il comptait bien faire entendre ses idées parce qu’il était certain qu’il aurait d’excellentes idées qui leur assureraient la meilleure des notes. Mais il s’attendait à ce que Norah ne se laisse pas faire aussi facilement alors ça promettait d’être compliqué…

Ils avaient rendez-vous à quatorze heures devant la bibliothèque parce que c’était assez difficile de travailler chez l’un et chez l’autre. Puis un terrain neutre ce n’était pas plus mal. Anthony n’était pas encore en retard mais il allait finir par l’être si le métro ne se dépêchait pas. Il détestait sa ligne parce qu’il y avait toujours des perturbations, il allait devoir courir… Ce qu’il fit d’ailleurs, mais il arriva à quatorze heures tout pile au lieu de rendez-vous et trouva la jeune femme qui l’attendait. « Bonjour Anthony, on entre tout de suite si on veut avoir une chance pour avoir une salle individuelle pour mieux travailler ? » Son ton était un peu froid mais il nota qu’elle avait dû prendre sur elle pour être aussi polie ! Il appréciait l’effort mais il n’allait pas rentrer dans son jeu et choisit donc d’adopter une attitude plutôt nonchalante. « Bonjour Norah. » répondit-il avec un grand sourire. « Tu es là depuis longtemps ? Non parce que sinon, si tu as si peur de ne pas trouver de salle individuelle tu aurais pu aller en garder une plutôt que de m’attendre ici… Je suis un grand garçon je t’aurais trouvée. » ajouta-t-il en lui faisant un clin d’œil. Il avait dt ça sur un ton léger sans se montrer désagréable. Il demandait juste comme ça… « Enfin, ne perdons pas plus de temps, allons-y ! » Il se dirigea vers l’entrée de la bibliothèque puis ouvrit la lourde porte. « Après vous. » dit-il alors en faisant une mini-révérence et en lui tenant ladite porte.

Anthony avait fait son possible pour ne pas être en retard à son rendez-vous avec Norah. Ils avaient un travail à rendre et cela comptait énormément dans leur moyenne alors s’il voulait passer à l’année suivante il devait tout donner sur ce travail. Enfin ils devaient tout donner. Ils étaient deux malheureusement. Ce n’était jamais simple de travailler en groupe, il y avait toujours des idées qui se confrontaient et tout le monde ne pouvait pas avoir le dernier mot. C’était ça qui posait problème ici. Parce qu’Anthony et Norah n’allaient surement pas lâcher l’affaire et ils allaient se battre pour l’avoir ce dernier mot. Le jamaïcain s’était promis de ne pas être trop chiant et de ne pas la contredire à chaque mot qu’elle allait prononcer. Ce n’était pas productif et ils n’allaient pas avancer s’il ne cessait pas de vouloir imposer ses idées. Il savait qu’il ne devait pas tout faire foirer. Il arriva pile à l’heure devant la bibliothèque et trouva Norah qui l’attendait. La jeune femme l’accueillit en lui reprochant presque de ne pas être arrivé en avance. Elle ne l’avait pas dit clairement mais il aurait été stupide de ne pas s’en rendre compte. Il lui répliqua donc qu’elle aurait mieux fait d’aller chercher une salle de libre plutôt que de l’attendre pour lui reprocher d’arriver à l’heure. Mais bon, il prenait ça avec le sourire quand même, ne pas s’énerver était son maitre mot aujourd’hui et il allait s’efforcer de garer une attitude nonchalante. « Je suis là depuis à peine cinq minutes. J’ai attendu puisque je pense que tu aurais plutôt eu la facilité de penser que je n’étais pas là et rentrer chez toi… Mais soit allons-y ne perdons pas plus de temps oui ! » Le jeune homme se mit à rire. « Quelle belle image tu as de moi dis donc ! J’en suis presque flatté. » répondit-il ironiquement. Sérieusement, elle le prenait pour qui ? Il allait bien aimer lui prouver le contraire tiens. Ils ne perdirent pas de temps à entrer et Anthony suivit la jeune femme lorsqu’elle alla demander si une salle était libre. Il en restait une par chance et Norah ne manqua pas de le lui souligner très subtilement. Il haussa les épaules pour toute réponse puis la suivit à nouveau pour aller s’installer en face d’elle. « J’ai déjà fait plusieurs recherches sur notre sujet, on peut commencer par regarder cela avant d’en faire de nouvelles non ? » Etonnant. Le jeune homme eut un sourire en coin. « Je ne sais pas, tu peux regarder les miennes pendant que je regarde les tiennes ? » dit-il en allumant son ordinateur. Si elle croyait qu’il s’était tourné les pouces elle se trompait vraiment. « Ce travail est censé se faire à deux donc autant tout faire à deux non ? Cela ne sert à rien de faire chacun de son côté, ça ne tiendra pas la route. » Il n’allait pas la laisser s’attribuer tout le mérite de ce travail.