Froid. Peur. Vioryna tremblotait dans cette ruelle où un capharnaüm terrible s’était joué quelques minutes plus tôt. La jolie russe n’avait guère eut la possibilité de savoir ce qui s’était passé au juste, elle constatait donc simplement que cette soirée entre filles avait tourné au vinaigre. Morgana était ultra enthousiaste à l’idée de fêter avec Elvia et la principale intéressée l’arrivée des deux jumeaux, Dimitri et Alekseï. Tout d’abord, les demoiselles fatales s’étaient rendues dans un bar, avaient chastement parlé jusqu’à ce qu’Elvia ne se prenne au jeu –sans pourtant qu’aucune goutte d’alcool n’ait été ingérée par aucune des trois– et ne provoque Vioryna pour qu’elle aille voir combien de temps un homme mettrait à l’accoster si elle était « seule et sans protection », en prenant bien le soin de tailler la route après. La violoniste avait protesté au début, bien sûr, pensant à la note salée que Sergeï lui ferait très certainement payer si jamais il apprenait que sa femme s’était amusée à ce genre de jeu débile… mais elle avait fini par être prise par l’enthousiaste général et s’était prêtée à la chose, sans savoir que cela aurait pu être la dernière chose qu’elle faisait sur cette bonne planète. L’homme qui avait croisé sa route s’était effectivement avancé à vouloir la séduire, et si Vioryna avait refusé ses avances, elle se retrouva bientôt balancée contre un mur, geste qui la désorienta considérablement et l’empêcha de réellement se défendre. Morgana avait donc aussitôt pris le relai, cherchant à venir l’aider avant qu’un coup de feu ne soit tiré et qu’elle ne s’écroule purement et simplement contre le bitume froid et extrêmement dur de la rue. L’acolyte de l’homme était intervenu pour l’empêcher définitivement de nuire, tirant une balle en pleine poitrine de la belle brune, incitant tout de même Elvia à intervenir pour tenter de désarmer l’homme –mission suicide, on en conviendra– avant de se faire littéralement retourner le bras, qui se brisa en une fracture ouverte qui la fit hurler de douleur. Quant à la pauvre Vioryna, elle se débattait comme une louve pour tenter d’empêcher son agresseur de poursuivre sur sa lancée : il avait déjà arraché sa robe à l’aide d’un couteau, créant de fait une belle entaille contre son flanc droit, et lui donnait désormais des coups de pieds dans l’abdomen pour la rendre incapable de lever le petit doigt. La jeune femme ne perdit pas connaissance, mais sa voix était trouble, incapable de réellement capter ce qui se passait autour d’elle. Tout ce qu’elle savait… c’est que d’autres ombres étaient venues se greffer au tableau original et qu’elles bougeaient tout autour de sa personne, allongée contre le bitume, le visage en sang sans parler de son corps dénudé. « Non… je ne… » Vioryna n’aurait pas imploré la pitié de son agresseur, question de fierté, mais elle n’était pas en position d’articuler quelque chose de cohérent de toute façon. « Sergeï… »
« Elles risquent de nous tuer vous êtes bien conscients ? » demandais-je aux deux hommes qui me regardaient avec l’air de chiots battus. Tout cela était une mauvaise mais alors une mauvaise idée mais que pouvais-je faire d’autre à part de les suivre dans leur idée à la con ?! « Oh arrête tes conneries Serg’, tu en penses pas moins ! Allez, avec Didi, on va simplement s’amuser et cette fois-ci, on ne se fera pas griller ! » Me rétorqua Gabriel avec un sourire au coin tandis que Dillon s’étouffait « Mon prénom c’est Dillon espèce de prince à la noix ! » Rouspéta-t-il en boudant. « La ferme les gosses, j’entends rien ! » oui j’étais de mauvaise foi. Quoi qu’il en soit, nous étions tous les trois dans une fourgonnette garée non loin du bar où elles avaient élu domicile et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elles s’y donnaient à cœur joie à notre plus grand dam. « Wolf, je vais tuer votre compagne ! » grognais-je avant de me tourner vers Gabriel « Et ensuite, ce sera la tienne ! Bon sang, pas une pour rattraper l’autre ! » Repris-je tandis que les deux crétins se défendaient comme ils pouvaient « Elvia n’a rien à voir là-dedans ! » « Euh ce n’est pas mon compagne, c’est…. Merde, c’est ma compagne ! » Se lamenta pour sa part, Dillon ce qui eut le don de me faire lever les yeux au ciel. Seulement, voilà les rires et autres remarques grivoises cessèrent subitement quand nous compriment dans quel merdier nos compagnes respectives s’étaient mises. Le pire, ce fut quand un coup de feu résonna dans nos écouteurs. Inquiets, nous sortirent comme des fous de la fourgonnette pour courir vers la ruelle. Là, le spectacle nous coupa quelques secondes dans notre élan. C’était une apocalypse ! Morgana gisait dans une mare de sang, Elvia hurlait en se tenant le bras dans un coin et ma Vioryna… Je crois que ce fut à partir de ce moment-là que je ne retins plus la bête en moi, me jetant sur son assaillant pour le rouer de coup. Je ne retenais ni ma force, ni ma rage et encore moins ma haine à son égard, le démolissant avec soin. Cet homme avait voulu violer ma femme, MA femme ! Il l’avait frappé, il l’avait touché, il l’avait molesté. Pour cela, il n’y avait aucun autre châtiment que la mort. « SERGEI ARRÊTE ! » hurla Gabriel mais je n’entendais plus rien, je continuais à massacrer ce visage à coups de poings « Sergei… Il est mort ! Arrête… Vioryna a besoin de toi, tu m’entends.. Reviens Serg’, c’est bon, il est mort ! » Poursuivit-il sur une voix plus calme. C’est alors que l’information percuta mon cerveau. Vioryna, besoin de moi. Peu importe l’homme qui gisait le crâne défoncé, peu importe si je l’avais tué. Seule ma femme comptait et les yeux fous d’inquiétude, j’allais à sa rencontre. Wolf avait déjà semble-t-il appelé une ambulance et dissimulé le corps nu de ma femme avec sa veste. La scène était digne des films d’horreurs hollywoodiens. L’agresseur d’Elvia gisait les deux bras fracturés –visiblement il avait connu la vengeance de Gabriel, Morgana reposait dans les bras de Dillon –qui pour la première fois avait baissé son masque devant autrui… Il ne restait plus que ma Vioryna. « J’ai besoin d’un nettoyage » marmonnais-je au téléphone avant de donner rapidement l’adresse et de raccrocher, soulevant ma femme dans mes bras. « Putain, où tu vas, elle a besoin d’un médecin Sergei, fais pas le con ! » s’écria Gabriel. « Elle aura le meilleur médecin » répondis-je simplement avant d’amener ma femme loin de cette scène d’horreur. Je devais la protéger. Une heure plus tard, le médecin de famille sortait de notre chambre, le visage grave. « Votre femme ne présente aucune lésion irréversible mais elle a grandement besoin de repos et d’attention. Elle a subit une grave agression mais elle s’en remettra… Je crains beaucoup plus au niveau psychologique. Un suivi sera peut-être nécessaire » m’informa-t-il. « Bien, je ferais le nécessaire » le remerciais-je en lui donnant une liasse de billet avant qu’il ne s’en aille. Avec lenteur, je rentrais dans notre chambre, me rapprochant du lit où gisait ma femme. En douceur, presque de peur de l’effrayer, je m’asseyais sur le lit, posant simplement ma main sur la sienne. « Je te demande pardon… Je n’ai pas su te protéger »
Autant dire que Vioryna ne manqua pas de grimacer de douleur alors que Sergeï la soulevait, peinant à se rendre compte de ce qui s’était réellement passé autour d’elle pendant ces quelques dernières minutes. En était-elle seulement capable ? Son esprit embrumé s’envolait vers des cieux plus cléments, sans pour autant lui faire perdre totalement conscience malheureusement. Autant dire que la visite du médecin de famille ne fut guère une partie de plaisir puisqu’il soigna à la fois sa blessure au flanc mais examina également ses différents hématomes, lui donnant envie de hurler tant chaque geste lui rappelait la violence de ce bel enfoiré ayant tenté d’abuser d’elle. La jolie russe refusa d’aligner plus de trois mots d’à filée à vrai dire. Elle n’était pas capable de faire de grandes phrases tant une sorte de dégoût d’elle-même venait de naître dans son âme. Ce fut pire encore lorsque le médecin partit pour laisser la place à Sergeï, qu’elle imaginait fou d’inquiétude pour sa personne. Cette vérité ne fit que la pousser à se renfrogner encore plus, ôtant sans violence sa main de celle de son époux : il ne fallait pas le prendre pour lui, mais Vioryna ne souhaitait pas qu’on la touche pour l’instant. Elle se sentait aussi souillée que faible et cet état de fait lui donnait encore plus envie de hurler à vrai dire. « Tu n’as rien fait de mal Sergeï » tenta-t-elle de le rassurer tout en pensant chacune de ses paroles. Elle avait raison, après tout : en acceptant un stupide pari n’étant pas censé porter à conséquence, elle s’était mise dans une situation qu’elle n’était absolument pas prête à gérer. Et voilà où le bas blessait : non seulement on lui avait arraché la confiance qu’elle avait en elle, mais la jolie russe ne reconnaissait plus du tout son corps. Il était devenu un étranger, sale et laid, qu’elle aurait rêvé de rayer purement et simplement de la surface de la terre. « Je vais bien, rassure-toi » reprit-elle au bout de longues minutes d’un silence pesant, tandis qu’elle ne pleurait pas et regardait inlassablement dans le vide, le corps plus raide que jamais. « Il faudra que tu t’occupes des jumeaux Sergeï… je ne veux pas qu’il leur arrive quoi que ce soit. Je ne veux pas quitter la chambre… je ne peux pas. » Vioryna ne savait pas si elle aurait la force de quitter cette chambre pour l’instant…
Je n’avais rien fait de mal ? J’avais manqué à mon devoir de protection et Vioryna en avait été punie. Bien sûr, la partie raisonnable de mon esprit me soufflait que tout était de la faute de ces femmes. Si elle n’avait pas eu cette idée stupide de tester leur pouvoir de séduction, rien ne serait arrivé. Le bourreau en moi réclamait réparation pour cette idiotie mais l’homme se refusait à blesser davantage son épouse. Aussi, tentais-je de réguler ma colère. « Tu dois te reposer désormais » lâchais-je en essayant de réprimer un geste idiot vis-à-vis de son rejet. Ce n’était pas tant qu’il me mettait en colère mais je haïssais l’homme responsable de ce revirement de situation. Vioryna s’épanouissait dans notre vie sexuelle et la voir à nouveau craintive m’emplissait de haine. S’il n’était pas déjà mort, je le tuerai bien volontiers une deuxième fois. « Il ne te fera plus jamais de mal. Plus personne ne te blessera, j’y veillerai personnellement » lui promis-je d’une voix froide tant j’étais passé en mode cruel et implacable. Tout d’abord, il était dorénavant hors de question que Vioryna sorte sans garde du corps et je ne parlais aucunement de cette Morgana. Elle n’avait pas le recul nécessaire pour assurer la sécurité de ma femme quoiqu’en dise Javier que j’avais joint au téléphone. Son employée survivrait grand bien lui en fasse, seule comptait ma femme à mes yeux. Le reste était dérisoire. « Idiote, tu ne vas pas bien mais je prendrais soin de toi jusqu’à ce que tu l’ailles. Je prendrais soin des jumeaux également… maintenant, tu devrais vraiment te reposer. Je vais donner des ordres pour qu’on ne te dérange pas et qu’on aille chercher tes médicaments contre la douleur » lui appris-je avant de lui caresser la joue, suspendant rapidement mon geste lorsque je vis à quel point, cela la mettait mal à l’aise. « Pour cela aussi, tu as tout le temps qu’il te faudra mon amour » puis, je la laissais seul, l’esprit tournait vers ma colère. Mon premier ordre fut donné à mon service de sécurité, certes, Gabriel s’était vengé mais moi non. Cet homme devait mourir, j’appliquais le châtiment des Vassilievykh. « Je veux qu’il souffre ! » prononçais-je d’une voix des plus glaciales avant d’aller voir Marya pour la rassurer. Sa maman était un peu malade alors il fallait la laisser se reposer puis, j’allais voir les jumeaux avec elle. Marya prenait son rôle de grande sœur vraiment à cœur. J’étais fier d’elle. C’est ainsi que commença une longue routine entre patience et colère où Vioryna se renfermait toujours un peu plus à mon plus grand dam.
Après le passage d’Elvia en mode furie, Vioryna avait subit une lourde, très lourde prise de conscience à vrai dire. Si elle ne faisait rien, Sergeï allait continuer sur sa lancée et les répercussions pouvaient très bien devenir dramatiques. Si Gabriel finissait blessé, son amie suisse allait énormément s’inquiéter et dieu sait à quel point la jolie russe savait que l’inquiétude, en cas de grossesse, était la chose la plus contre indiquée qui soit. Voilà pourquoi elle avait tenté, tout le jour durant, de se persuader que le fait d’être honorée par son mari n’avait rien de sale, que c’était au contraire on ne peut plus naturel et qu’elle pouvait justement ôter cette folle pression pesant actuellement sur ses épaules en se trouvant entre ses bras. La jeune femme avait essayé plusieurs ensembles de lingerie, mais avait fini par les envoyer paître dans son dressing avec colère en se dégoûtant elle-même. Le choc psychologique de son agression était encore forte et pourtant, par amitié mais aussi par amour pour Sergeï, elle était prête à mettre de côté cette rage qu’elle ressentait à son propre égard pour tâcher de calmer le jeu. La preuve, elle attendit patiemment que son époux ne rentre, l’attendant même juste devant la porte habillée d’une petite robe des plus affriolantes pour mieux l’embrasser avec autant de passion qu’elle pouvait dès lors qu’il eut posé un pied dans le hall d’entrée. Cette fois-ci, les jumeaux ne l’avaient pas accompagné, ils étaient chez la nourrice pour la nuit, au même titre que Marya. En somme, ils avaient la maison pour eux seuls et sans doute valait-il mieux qu’ils soient seuls. Vioryna aurait été encore plus stressée dans le cas contraire… « Je veux essayer » articula-t-elle le souffle court, ayant particulièrement bien feint la passion dans son baiser. En vérité, la jolie russe ne ressentait rien d’autre que du dégoût et de la colère pour son propre corps, rien qui soit positif et surtout pas de l’envie… mais Sergeï n’était pas responsable et il était temps de le lui prouver. « Je vais te détendre après cette dure journée, d’accord ? Ne cherche pas à me ménager je sais que je peux. Je suis prête. » Il allait sûrement finir par réussir à éventer le mensonge mais tant pis, il fallait tenter le tout pour le tout, voilà pourquoi elle reprit aussitôt ses lèvres…
« Je ne sais pas quoi faire Javier, dès que je l’approche, elle se renferme sur elle. Je n’ose même plus la toucher et je me sens impuissant. J’ai même essayé cette putain de méthode avec les câlins mais elle n’a fait que me repousser… La seule chose positive dans toute cette histoire, c’est que les jumeaux sont une valeur ajoutée dans la signature de contrat » soupirais-je, une bière à la main tandis que je prenais l’air sur la terrasse de mon bureau. Javier était à mes côtés, m’écoutant parler depuis presqu’une heure, sans rien demander en retour. Il avait toujours été le plus calme de nous trois, l’oreille attentive. Le calme avant la tempête car quand il se décidait à rendre les coups même moi, je me retrouvais en position inférieur –et dieu que je n’aimais pas cette position. « Le seul conseil que je peux te donner l’ami, c’est pour une fois : rends les armes, oublie ta fierté et ta domination pour la laisser mener la barque. Tu sais à l’association, nous voyons beaucoup de femmes et elles nous disent toutes la même chose : on veut reprendre le contrôle de notre vie. Je sais que c’est beaucoup te demander et nous savons toi et moi pourquoi tu refuses toute domination mais c’est ta femme et s’il y a bien une personne avec qui tu peux baisser ta garde, c’est avec elle » me confia-t-il avant de me taper l’épaule et de s’en aller comme il était arrivé. « Putain Del Toro, va te faire foutre ! » grognais-je m’attirant le rire et le doigt d’honneur de mon meilleur ami « Moi aussi je t’aime Sergie » répliqua-t-il avant de refermer la porte de mon bureau en rigolant. Connard ! L’envie de travailler m’était définitivement passé après cette visite surtout que je ne cessais de me repasser en boucle ses paroles. Au bout du compte, je laissais tomber pour rentrer à la maison, informant simplement Vioryna que je rentrerais plus tôt. Quelle ne fut pas ma surprise d’être accueillit par un baiser passionné –même si de par mon expérience, je sentais combien elle se forçait à m’embrasser ; et surtout de la voir ainsi habillée. « Arrête Vioryna » ordonnais-je d’une voix froide. « Tu n’es pas prête et nous le savons tous les deux. Tu le fais uniquement pour me calmer et faire redescendre la pression, je te connais. La visite d’Elvia t’a retourné… » Repris-je d’un ton un poil plus radouci avant de lui tendre la main. « Viens » l’invitais-je à me suivre avant de l’installer assise sur le lit. J’enlevais rapidement mes chaussures ainsi que mes chaussettes, continuant en enlevant ma veste et ma chemise pour me présenter à elle uniquement vêtu de mon pantalon de costume. Sans un regard, je me dirigeais vers la table de nuit où j’en sortis les menottes que je lui montrais. « Elles ne sont pas pour toi mais pour moi. J’ai conscience que tu as du mal et si pour te redonner confiance, je dois en passer par là, alors je le ferais. Domine-moi »
Merde, il avait éventé son bluff ! En même temps plus observateur que Sergeï, c’était extrêmement difficile et ça la tuait d’ailleurs. Vioryna avait beau essayer de faire impression, elle n’y parvenait pas. Tout son corps tendait vers l’exact contraire de ce que son cerveau souhaitait tenter… et pourtant, la situation actuelle ne pouvait pas conserver son statut quo, il fallait qu’elle fasse quelque chose ou, s’il arrivait un drame, elle ne serait jamais en mesure de se pardonner de n’avoir rien fait. Pourtant, la froideur de son mari lui glaça aussitôt le sang. Ce n’était vraiment pas le moment de la prendre à rebrousse poil, voilà pourquoi elle eut un léger mouvement de recul, comme prête à se protéger de tout châtiment à venir… mais contre toute attente, Sergeï eut tôt fait d’inverser la tendance pour faire preuve de davantage de douceur, allant même jusqu’à lui tendre la main en l’incitant à la prendre. « Mais j’essaye Serg… » se défendit-elle aussitôt, comme si cela pouvait changer quelque chose. « Je sais qu’Elvia s’inquiète énormément et tout ce qu’elle a dit, cette colère que je ne lui avais jamais connue avant m’a littéralement retourné le cœur. Je ne peux rien faire d’autre alors j’essaie. » Vioryna s’assit docilement sur le lit, paniquant littéralement à la vue de ces fameuses menottes qu’elle ne s’attendait pas à revoir de sitôt. Il était devenu maboule dans l’affaire ou avait-elle la berlue ? Manifestement ce n’est pas du tout ce qu’elle croyait puisqu’il lui demanda ni plus ni moins de le dominer. Le cœur de la jolie russe manqua un battement, tout son corps se mettant à trembler sous l’effet de la crainte mais aussi de la surprise, comme si elle s’apprêtait à vivre une seconde première fois avec Sergeï. C’était grisant, d’ailleurs. « Tu veux que je te domine ? » répéta-t-elle, plus machinalement qu’autre chose, afin de prendre réellement conscience de cette sorte de sacrifice qu’il était prêt à faire pour elle. Vioryna se releva du lit, tâchant de dominer les différents sentiments qui l’habitaient actuellement même si les battements de son cœur étaient devenus particulièrement incontrôlables. « Aide-moi à reprendre le contrôle Serg… ça me tue d’être loin de toi à ce point, de ne pas pouvoir sortir sans regarder sans arrêt derrière moi, d’avoir même peur de blesser les jumeaux parce que je sursaute au moindre bruit. Juste cette fois… laisse-moi te dominer corps et âme. » En gros, c’était l’idée du siècle, puisque Vioryna prit sensuellement les menottes en main en lui donnant un baiser nettement plus franc, nettement moins craintif tandis qu’elle venait de fermer la première boucle de métal sur le poignet droit de son mari. Faiblement, elle frôla un instant son fessier musclé, se dirigeant lentement mais sûrement vers sa seconde main…responsable et il était temps de le lui prouver.
« Je ne te reproche pas d’essayer, je te reproche tes motivations. Elvia peut être en colère contre moi mais elle n’a pas à t’imposer quoi que ce soit même par amitié. Si tu n’es pas prête, tu ne l’es pas point barre. Jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas massacré son fiancé, il a répondu à mes coups favorablement au cours d’affrontement consentants. A elle de voir cette histoire avec lui, elle n’avait pas à venir ici m’emmerder avec ses états d’âmes » répliquais-je froidement. Je n’avais rien contre la moitié de Gabriel mais si cela devait affecter Vioryna d’une quelconque manière, elle ne serait plus la bienvenue dans notre demeure. J’avais juré de protéger ma femme de tout ce qui pourrait la rendre malheureuse et la visite de cette femme en faisait partie. Je ne l’acceptais pas ! Néanmoins les paroles de Javier n’avaient de cesse de tourner et retourner dans mon esprit que j’enjoignais ma femme à me suivre dans notre suite conjugale. Il était en effet peut-être temps que je cède et abaisse les armes pour qu’elle comprenne qu’elle était tout pour moi et qu’elle pouvait cesser d’avoir peur de mes réactions ou de les siennes. Je voulais retrouver ma Vioryna libérée de ses inhibitions sexuelles, je la voulais offerte et consentante. Alors, si cela devait passer par mon unique soumission qu’il en soit ainsi. « Oui, il me semble que c’est ce que je viens te dire » répliquais-je avec un haussement des épaules, amusé de son effarement. Jamais aucune maitresse n’avait eu ce privilège et elle en était consciente. Le baiser qu’elle m’accorda fut la plus belle des récompenses à mon geste. « Libère toi de tes peurs, regarde les en face et affronte les. Elles ne peuvent rien te faire Vioryna, elles ne sont que le fruit de ton imagination » murmurais-je pour l’encourager dans son action, me laissant docilement faire « Je suis en ton pouvoir Vioryna, fais de moi ce que tu veux » l’encourageais-je en ne montrant aucun signe de révolte. Non, je la laissais me dominer complètement pour qu’elle réapprenne à se faire confiance. Pour ma part, j’étais étonné de ma si facile reddition, j’avais pensé que cela serait bien plus compliqué à gérer mais finalement non. Vioryna était simplement la bonne personne et je lui faisais confiance. Entièrement. Complétement. Aussi, je n’éprouvais aucune difficulté à me soumettre à elle car je savais qu’elle n’abuserait pas de ce pouvoir.
Depuis son agression, Vioryna s’était interdit de se regarder dans le miroir. Même son propre reflet l’effrayait visiblement, il n’était donc pas étonnant qu’elle ait été particulièrement impressionnée et même choquée de la violence des propos d’Elvia. Mais la jolie russe ne voulait pas repenser à ce triste épisode, elle ne voulait se concentrer que sur l’instant présent, dans leur suite conjugale, Sergeï acceptant d’être dominé pour la première fois de sa vie en lui prouvant ainsi à quel point le bien-être de sa femme lui importait. Il ne pouvait pas le lui prouver de manière plus véridique ni plus belle. Le commun des mortels pouvait penser ce qu’il voulait de leur couple, il n’empêche que la violoniste sentait que son cœur reprenait peu à peu des battements nettement plus normaux, plus apaisés, et que sa respiration n’avait jamais été si régulière qu’en cet instant. Délicatement, elle s’empara à nouveau des lèvres de Sergeï avant de le repousser sur le lit avec passion et amusement, son être se libérant à nouveau de ses chaînes comme c’était le cas avant qu’un salopard ne lui coupe les ailes en plein vol. « Tu es à moi Sergeï Vassilievykh. A moi et à moi seule » annonça-t-elle sans l’ombre d’une hésitation ou d’une honte tandis qu’elle l’attachait à l’aide de la deuxième menotte à ce lit qui avait déjà connu quelques unes de leurs nuits les plus sulfureuses. Dernièrement, chacun dormait de son côté, lorsque l’homme d’affaires ne prétextait pas un travail urgent à finir pour s’enfermer dans son bureau après avoir été longuement repoussé par sa jeune épouse. Vioryna admettait sans peine avoir été pire qu’une huître dernièrement… rien ne l’atteignait ni ne devait l’atteindre, mais désormais, son cauchemar semblait enfin se dissiper légèrement. Dans le cas contraire, elle ne viendrait pas de mettre en lambeaux sa chemise, griffant furieusement son torse autant qu’elle le couvrait de baisers, alternant la violence et la douceur comme s’il n’était rien de plus qu’un objet. Mais il ne fallait pas croire qu’elle n’avait pas à cœur de son plaisir au milieu de toute cette nouvelle prise de contrôle. La jolie russe s’attarda longuement sur ce corps offert, l’effeuillant à l’aide d’une lenteur extrême sans que ses gestes soient doux pour autant. « Je n’ai plus peur de toi car tu ne me feras rien. Nous ne sommes qu’un toi et moi » murmura-t-elle avant de lui mordiller l’oreille tout en défaisant l’une de ses mains seulement, lui laissant ainsi une brève marge de manœuvre mais dans un seul but : qu’il ne lui rende la pareille et ne lui rende ce plaisir qu’elle aimait tant prendre avec lui. « Effeuille-moi et fais-moi vibrer. » Vioryna ordonnait mais elle ne perdait pas de vue qu’il s’agissait juste d’une fois. Une fois pour se dévergonder et ainsi recouvrir pleinement son assurance d’antan…
Mon initiative semblait porter ses fruits, Vioryna se libérait de ses peurs de minutes en minutes, éprouvant à nouveau le fléau de la passion si je ne me méprenais pas sur les sentiments qui l’habitaient alors qu’elle me repousser sur le lit pour m’y attacher. Un léger sourire orna mes lèvres lorsqu’elle fit preuve d’autant de possessivité à mon égard car je retrouvais peu à peu ma femme et mon cœur ne pouvait que s’en réjouir. « Je suis à toi autant que tu es à moi mon amour… Cela me rappelle grandement notre première fois, je voulais tant posséder la petite effrontée qui osait me tenir tête. Aujourd’hui, je n’ai qu’une seule envie, la retrouver et qu’elle me domine de la même façon qu’elle dominera ses peurs » murmurais-je en laissant un léger gémissement franchir la barrière de mes lèvres. J’aimais quand elle se laissait aller à cette passion, à cette envie dévorante qui la rendait pareille à une tigresse que dis-je à une louve. Ma louve. Je ne craignais aucunement la douleur bien au contraire, elle savait à quel point j’en étais friand car malgré notre union, je n’avais jamais perdu mes manies destructrices. Elles étaient simplement plus rares, moins violentes mais toujours présente car Vioryna avait réussi l’impensable : celle de les dompter. Or, dernièrement, elles avaient repris le contrôle car ma femme avait oublié tous les trésors de courage et de volonté qu’elle possédait pourtant au fond d’elle. Seulement, il était temps qu’elle sorte de sa léthargie. Et doucement mais sûrement, elle sortait de son cocon d’effroi pour se laisser aller dans mes bras, m’ordonnant de la faire vibrer et je n’étais pas homme à refuser pareil ordre. Aussi, commençais-je par la caresser au travers de sa robe, jouant de ses échancrures pour faire monter le plaisir et le désir avant de glisser ma main libre dans son dos pour en faire descendre la fermeture, libérant son corps de cette prison de tissu, l’attirant à moi pour que mes lèvres puissent se repaitre de sa peau. Une peau qui m’avait cruellement manqué et dont je redécouvrais le goût, la marquant comme mienne d’un suçon à la base de son cou, faisant glisser sa robe sur son buste pour en dévoiler la beauté de sa poitrine. Je n’aurais jamais pensé qu’être dominé pouvait être aussi grisant même si ma nature dominatrice souffrait de ne pouvoir s’exprimer. « Ma belle amazone » murmurais-je en prenant ses lèvres dans un baiser étourdissant de passion et d’amour.
Vioryna craignait que ses craintes ne l’enferment dans une prison dont elle ne serait jamais capable de s’échapper mais force est de constater qu’elle possédait encore la force nécessaire d’inverser la tendance. Les blessures de son corps étaient désormais guéries, il fallait donc s’attaquer aux blessures de l’âme et pour cela, Sergeï semblait avoir eu l’idée du siècle. Il n’avait pas complètement tort, en un sens. La scène actuelle avait un goût étonnant de réminiscence, puisqu’elle ressemblait étonnement à leur toute première fois. Vioryna avait éprouvé les mêmes hésitations avant de ne laisser son imagination de vierge effarouchée prendre le pas sur tout le reste. A ceci près que la jolie russe n’était plus ni vierge, ni réellement effarouchée, comme l’attestait ses gestes plus contrôlés, exigeants, gorgés par le plaisir et le désir que Sergeï n’avait pas manqué de faire naître en elle. L’espace d’un instant, elle effleura le suçon qu’il venait de lui faire avant qu’un petit sourire amusé n’étire ses lèvres en guise de première réponse. Il voulait jouer à cela ? Alors Vioryna s’appliqua à couvrir pratiquement tout son torse de suçon, s’appliquant longuement à faire en sorte que sa peau ne reste marquée des jours entiers pour que nulle autre qu’elle ne puisse contempler ce magnifique travail. Il la possédait au même titre qu’elle le possédait. Plus qu’une domination ou un simple échange, ils reprenaient de fait les clefs de leur intimité et rien que pour cela, la violoniste ne manqua pas de s’attarder longuement sur la marque du désir masculin de Sergeï, qu’elle flatta un instant avant de ne s’adonner à une petite danse sensuelle de sa féminité contre le buste de son époux. Ce n’est qu’au bout d’un long moment qu’elle se redressa pour plaquer violemment ses deux mains contre la tête du lit, joignant son corps au sien en une danse des plus sulfureux où la passion n’aurait pas pu être davantage de mise. « Je crois que te tenir tête a été la meilleure décision de toute ma vie… mais te céder aussi, mon loup affamé. » Avant qu’il ne lui réponde quoi que ce soit, Vioryna avait déjà reprit ses lèvres des siennes, tandis qu’elle plantait ses ongles dans ses bras comme pour se tenir à la cadence de leurs deux corps enlacés. Pour l’instant, elle ne l’avait pas libéré… mais Sergeï avait tout de même sa main libre qu’elle n’avait pas à nouveau attachée.
Oh bon sang, note à moi-même, lui laisser peut-être un poil plus souvent le contrôle ! Disons au moins une à deux fois par an, cela devrait faire l’affaire car Vioryna prenait à bras le corps son problème de confiance et d’insécurité pour se donner de la plus fougueuse des manières et je n’allais pas m’en plaindre car le moins que l’on puisse dire c’est que je prenais tout autant de plaisir qu’elle. Ma main libre ne pouvait s’empêcher de caresser ce corps, de l’accompagner dans son déhanché pour mieux la rapprocher de moi afin de lui témoigner tout mon plaisir dans des baisers à vous retourner l’esprit et le cœur. Elle me rendait fou et je le lui montrais moi qui d’ordinaire ne laissais guère les sentiments me dominer mais j’avais décidé de tout lui donner ce soir. D’être sien dans tous les sens du terme à savoir avec mon corps, avec mon cœur mais aussi avec mon âme. Vioryna me possédait complétement, elle me faisait l’amour avec fébrilité et passion et j’en étais plus que réceptif si bien que lorsque la vague de jouissance nous emporta, je restais haletant, la maintenant contre moi pour venir blottir mon visage au creux de son cou, murmurant « Je t’aime » à son oreille. Je savais qu’elle avait besoin de ces mots tout comme j’avais besoin de les lui dire. Je me souvenais que trop bien de cette fameuse soirée, de son corps meurtri et de son regard… Je crois que ce souvenir resterait à jamais gravé dans mon esprit et que je passerai le reste de notre vie conjugale à la protéger de tous y compris d’elle-même. « Ce n’est pas que j’ai envie de jouer les rabats joie surtout après ce que nous avons connu mais j’apprécierai d’être détaché » murmurais-je sans quitter ma position, agréablement calmé et comblé. « J’ai envie de te serrer dans mes bras, ais-je l’autorisation maitresse ? » soufflais-je avec une certaine dérision, prenant mes pratiques sexuelles habituelles à contre-pied pour peut-être la faire rire. Je n’étais pas un adepte de l’humour en règle générale mais cela m’avait pris d’un coup d’un seul. Je voulais entendre son rire résonner à nouveau dans notre maison, la retrouver pleinement et pas seulement sur le plan sexuel.
Pour ainsi dire, Vioryna eut davantage l’impression de toucher l’extase que toutes les autres fois où ils s’étaient mutuellement donnés l’un à l’autre sans condition aucune. La jolie russe reprit longuement son souffle contre le torse de son époux, ayant l’impression de toucher sa paix de plus près que jamais. Elle aurait pu rester ici des heures durant, oubliant presque que Sergeï était toujours attaché, aussi sa remarque ne manqua pas de la faire se redresser brusquement et éclater d’un rire cristallin et on ne peut plus franc, le premier en des semaines. Son visage aux traits de porcelaine s’illumina soudainement, laissant apparaître à nouveau cette lueur qu’il faisait naître dans le fond de son regard depuis la première fois où il l’avait touchée, comprise, aimée. Vioryna le détacha sans attendre, rangeant même les menottes dans la table de nuit pour mieux s’emparer ensuite de ses lèvres avec douceur et tendresse, deux choses dont elle ne s’était guère montrée capable ces derniers temps. Sergeï avait à nouveau apparaître ses ailes d’ange, les poussant à se libérer définitivement de toute la crainte qui les retenait prisonnières. « Je crois que tu as l’autorisation » plaisanta-t-elle soudainement, ravie qu’il ne « casse » son quotidien pour l’aider elle à s’épanouir à nouveau, comme s’ils étaient revenus quelques mois en arrière et qu’il devait à nouveau dompter la vierge effarouchée qu’elle était en arrivant de Russie. Autant dire qu’elle ne se fit pas prier pour se serrer contre ses bras avec plaisir, profitant de cette chaleur indescriptible qu’il lui offrait et dont elle avait maladivement besoin actuellement. « Que ferais-je sans toi Sergeï… » murmura-t-elle soudainement, se sentant de plus en plus apaisée au fil des secondes. Cette béatitude lui paraissait presque irréelle et pourtant… elle ne faisait pas que la frôler, elle la touchait réellement. « Je serais perdue je crois… » Vioryna se releva subitement cependant, toujours à califourchon au dessus de lui et aussi nue qu’un nouveau né, une idée venant de naître dans son esprit. « Tu t’en n’es sorti avec les jumeaux ? Oh diable je crois que j’ai l’Oscar de la pire mère de la création c’est une catastrophe il est plus que temps que je me reprenne… ils vont bien ? Dis-moi que je n’ai pas loupé mille choses sinon je sens que je vais me sentir coupable pendant des décennies… »
Je n’avais jamais imaginé comme le rire d’une femme pouvait me faire du bien. En temps normal, je n’étais pas le genre à apprécier la compagnie féminine autrement que dans une optique sexuelle. J’étais bien trop ancré dans mon éducation pour me préoccuper de savoir si elles sont intelligentes ou non, pour moi, elles étaient simplement une distraction ainsi qu’une procréatrice d’hériter. Vioryna était la seconde femme a m’émouvoir et à me toucher en plein cœur. La première avait été Grace, la défunte épouse de Javier que j’avais aimé avant de comprendre qu’elle ne m’était pas destinée et que son amour allait à mon meilleur ami. Puis, il y avait eu Vioryna. Ma belle et fragile épouse qui cachait des trésors volcaniques sous ses airs angéliques. Aussi l’entendre rire à nouveau, voir cette étincelle reprendre place au fond de son beau regard me combla bien plus que la jouissance que je venais d’éprouver quelques instants plus tard. « La question ne se pose pas puisque je suis ici avec toi et que je ne compte pas laisser ma place à un autre homme. Je suis ta damnation éternelle mon amour » murmurais-je en caressant sa longue chevelure, reprenant peu à peu une respiration calme. « En parlant des enfants, j’aime bien les avoir avec moi au travail… Ils charment leur monde comme leur mère et comment dire, c’est bien pratique et puis, il faut qu’ils apprennent à gérer leur futur empire ! J’ai décroché pas moins de cinq contrats mais je te rassure, tu n’as rien manqué d’extraordinaire mais il est temps que je me trouve une autre assistante car je commence à avoir du mal à tout gérer mais vu que la dernière en date à essayer de te tuer, j’ai durci les critères d’embauche et me charge moi-même des entretiens » Autant dire qu’aucune n’avait résisté plus de cinq minutes en ma présence avant de partir en pleurant. Il fallait bien que j’éprouve leur compétence ainsi que leurs nerfs car je ne gérais pas une supérette. « Peut-être devrais-je prendre un homme à ce poste mais mon avocat m’a mis en garde contre des procès pour discrimination car je souhaite embaucher un homosexuel. Au moins, je suis certain qu’il n’essaierait pas de te séduire lorsque tu viens me rendre visite au travail » soupirais-je. Tout ceci était bien compliqué et je n’avais pas forcément envie de m’y attarder pour le moment.
« Je ne suis pas peu fière que tu sois ma damnation éternelle justement… » murmura-t-elle tout en prenant la main de Sergeï dans la sienne tout en écoutant son discours sur les jumeaux. Autant dire que Vioryna fut plus qu’étonnée qu’il prenne son rôle de père à cœur sans oublier une seconde son poste de PDG et d’homme d’affaires. Elle l’imaginait trimballer les deux bébés partout et émouvoir l’assemblée de n’importe où avec eux. L’image était osée mais elle ne devait pas être éloignée de la vérité ! « Tu as utilisé tes fils pour obtenir des contrats, dois-je comprendre ? » osa-t-elle demander avant qu’un petit rire amusé ne peuple cette fois-ci l’atmosphère sonore de façon plus discrète, mais la violoniste n’en n’était pas moins sincère. Elle ne savait pas si elle devait être davantage choquée ou bien au contraire elle était ravie qu’il s’occupe des enfants en prenant même du plaisir à le faire. C’est bien la seule chose qu’elle avait crainte toute sa grossesse durant à vrai dire… « Vais-je devoir me battre pour récupérer mes enfants, Monsieur Vassilievykh ? » Au moment même où la jolie russe posait cette question, Sergeï fit naître justement une bien meilleure idée dans son esprit brillant : et si justement ils n’avaient pas à partager leur vie privée de leur vie professionnelle, ou même à supporter la moindre séparation ? Vioryna avait toujours l’impression de devenir folle à chaque fois qu’il devait partir en voyage d’affaire, genre d’épisode qui revenait malheureusement extrêmement régulièrement du fait de ses nombreuses responsabilités. « Sergeï, embauche-moi comme assistante ! » s’exclama-t-elle soudainement avec un enthousiasme qu’elle avait cru mort à jamais après son agression. Cette lueur de génie n’avait plus brillé dans le fond de son regard sombre depuis des lustres, aussi valait-il mieux la prendre au sérieux. « Réfléchis : je ne suis pas manchote, je sais me servir d’un ordinateur bien mieux que n’importe quelle greluche que tu voudrais embaucher, je ne chercherais pas à me tuer ou même à me séduire moi-même… à moins que ce ne soit avec un sex-toy mais ce n’est même pas évident ! Et puis je pourrais veiller aussi bien sur tes petites affaires que sur nos enfants. Nous n’aurions même plus à être séparés pendant tes voyages d’affaires ! Tu remporteras plus encore de contrats à l’étranger avec une secrétaire comme moi et avec tes enfants à tes côtés… et je saurais me faire aussi discrète que silencieuse, tu sais que j’en suis capable mieux que quiconque. Réfléchis… »
« Utiliser est un bien grand mot, disons que j’ai mis à partie leurs qualités afin de m’attirer des valeurs plus positives à mon image de marque » nuançais-je alors que la vérité était que oui, j’avais utilisé mes fils « Ils ont eu un biberon juste après comme rétribution » protestais-je afin d’éviter tout reproche ou toute crise mais Vioryna semblait bien plus amusée par la chose, ce qui fit que je me détendais, me sentant moins sur la défensive « Il faut bien qu’ils apprennent à conquérir le monde comme leur père donc j’ai bien l’intention de les garder mais tu auras un droit de visite, le soir… Même les plus grandes voitures doivent à un moment donné retourner au stand ! » Admis-je avec un léger sourire démontrant que je ne pensais pas le moins du monde mes paroles. Pour Vioryna, j’étais désormais prêt à abaisser certaines barrières afin de me rapprocher d’elle mais je savais que je ne serais jamais un mari aimant comme Gabriel ou même Javier. J’étais un homme carriériste, ambitieux et surtout très peu démonstratif à part lors de nos étreintes intimes. Ma femme s’en accommodait et c’était le principal non ?! Je m’attendais pas le moins du monde à ce qu’elle se propose pour être mon assistante. Ses arguments tenaient la route mais j’étais sceptique à plusieurs titres. Elle avait sa carrière de musicienne et je ne pouvais me passer d’une assistante. Or, il était hors de question de lui demander de choisir. Il faut dire que sa musique m’apaisait considérablement et je ne voulais ni l’en priver, ni m’en priver par la même occasion. « Je ne suis pas en train de refuser ta proposition mais as-tu bien pris en compte tout ce que cela implique ? Je ne suis pas un patron très sympathique et le fait d’être ma femme ne te donnera pas de traitement de faveur pour autant. Je suis perfectionniste, rigoureux et surtout, je passe mon temps à traiter avec des gens incompétents. Par ailleurs, qu’est-ce que tu feras de ta carrière de musicienne ? Etre mon assistante ne te donnera que peu de créneaux pour te permettre de répéter et les enfants nécessitent beaucoup d’attention. Bien sûr, nous pouvons toujours engager une fille au pair pour t’aider au quotidien » réfléchissais-je rapidement aux tenants et aboutissants si Vioryna devenait mon assistante. « Es-tu bien sûre de vouloir devenir mon assistante mon amour ? » lui redemandais-je.
« Oh un biberon comme rétribution ? Que c’est bien payé ! » D’accord, Vioryna n’était pas en colère le moins du monde mais plutôt en train de se payer doucement sa tête. Pour une fois qu’elle n’avait pas envie de lui faire goûter à l’amertume du canapé, autant en profiter n’est-ce pas ? En tout cas, elle s’amusait de la situation et ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer Sergeï feignant de ne pas être un papa poule mais plutôt un père obligé de se coltiner la présence de deux adorables nourrissons… qui attendrissaient sûrement de très nombreux associés et autres partenaires de l’homme d’affaires russe. A ceci près que la jeune maman n’avait pas envie de rester les bras croisés à la maison, surtout s’il prenait les jumeaux avec lui. Vioryna voulait que l’un et l’autre puissent partager tous les moments importants de la croissance des jumeaux et ma foi, lui proposer de devenir son assistante était une idée comme une autre au bout du compte. Une idée qui pourrait même les satisfaire aussi bien tous les deux ! « J’ose me croire compétente justement ! Et j’ai bien conscience que tu n’as pas à être un patron sympathique, ce n’est d’ailleurs pas ce que je te demande mais justement, tu as un travail très prenant et je n’ai pas envie d’être séparée de mes fils tout comme je ne veux pas que tu manques les plus importants moments avec eux… tu sais très bien que je sais être discrète et je sais tout aussi bien être professionnelle. Quant à mon violon et mon rôle de maman… je pense que tu sais depuis longtemps que je n’ai jamais eu besoin de beaucoup d’heures de sommeil. J’y arriverai, fais-moi confiance. » La jolie russe n’avait jamais été aussi sûre d’elle-même qu’en cet instant et s’il ne lui permettait pas de le lui montrer, comment diable pourrait-elle faire ses preuves ? Après tout, s’il l’embauchait, il aurait sous la main un allié de choix, mais aussi un hacker de grande renommée… certes, Vioryna n’avait pas le talent de sa mère mais ce n’était pas loin et autant dire qu’elle n’en n’avait jamais été que peu fière. « Laisse-moi au moins faire un essai. Je te défie de me laisser essayer plutôt ! Tu n’auras pas de désavantages à m’avoir près de toi, du moins je ne pense pas. Quant à ma musique, elle fait partie de moi et sera toujours présente dans ma vie, là aussi tu peux me faire confiance… je te promets de ne pas trop mettre de tailleurs sexy pour éviter de te déconcentrer trop souvent, tu as ma parole. Alors qu’en dis-tu ? »
« Je ne peux pas les rétribuer par de l’argent, ils ne pourraient pas le toucher avant leur majorité américaine puisqu’ils sont nés sur le territoire américain. Je me trouve magnanime de les rétribuer avec des biberons » reniflais-je avec dédain car j’avais tout à fait raison dans mon raisonnement. D’ailleurs, je comptais bien les garder avec moi encore quelques jours du moins car j’avais un important contrat à signer. En temps normal, je m’envoyais en l’air avec l’avocate de la partie adverse et elle se chargeait de convaincre son patron mais désormais marié et père de famille, je devais la jouer plus finement. Aussi, les jumeaux m’avaient parfaitement aidé car l’homme venait d’être grand-père et se retrouvait complétement gaga devant les bébés. La faiblesse avait toujours été le début de la fin chez les gens ! Heureusement pour moi que je savais très bien camoufler les miennes car malheureusement Vioryna m’avait rendu faible et je n’avais presque plus envie de me battre contre cet état de fait –car au final, dans un certain sens, elle m’avait rendu aussi extrêmement fort sur bien des points. « Un essai ? D’accord, tu commenceras lundi matin à huit tapante. Je n’accuserai aucun retard et ne te ferait pas de cadeau. Tu sais comment je suis au travail : je veux la perfection, je veux de la rigueur, de l’autonomie, de l’initiative et surtout qu’on obéisse à mes directives. Initiative oui, folie personnelle non. Tu dois être capable d’anticiper mes désirs sans que je n’aie eu besoin de les formuler. Il était dommage que ma dernière assistante se soit révélée être une psychopathe, elle était brillante » notais-je avec une certaine ironie. « Tu feras un essai de quinze jours. Si à la fin de ce temps, je juge que tu fais l’affaire alors nous pourrons envisager une collaboration. Si ce n’est pas le cas, je ne veux plus jamais en entendre parler ? Est-ce que les termes du contrat te paraissent honnête mon amour ? » Lui demandais-je non sans déposer un baiser au creux de son cou. « Toutefois, concernant tes tailleurs, ils peuvent être sexy que s’ils me sont uniquement destinés… D’ailleurs pour ton premier jour de travail, j’ai bien une petite idée en tête » m’amusais-je à susurrer à son oreille sans complexe. Je pouvais bien en tirer parti après tout ma femme ne verrait pas d’un mauvais œil si je me tapais ma secrétaire !
Vioryna écoutait avec patience toutes les doléances futures de son « patron » de mari et autant dire que sa mémoire avait aisément enregistré toute la liste. Certes, Sergeï n’était semblable à aucun autre homme d’affaires mais la jolie russe se plaisait à penser qu’elle n’était semblable à aucune autre femme. Son imagination parlait souvent pour elle mais plus que tout, elle savait se faire aimer d’autrui. On ne la détesterait pas ainsi dans tout le staff de l’homme d’affaires russe, on l’accueillerait probablement à bras ouverts parce qu’elle savait l’ouvrir quand il fallait et la fermer quand il le fallait également. Là, il ne s’agirait pas de leur environnement personnel, la violoniste n’aurait donc pas à se battre pour leur mariage puisque cela n’aurait strictement rien à voir. Certes, Sergeï ne l’avait pas encore vue à l’œuvre, mais elle pouvait tout à fait séparer les deux environnements. Combien de fois lui avait-il fait des avances qu’elle avait remises à plus tard pour travailler l’une de ses partitions ? C’était bien là l’une des premières preuves de son professionnalisme… « J’ai déjà un avantage par rapport à une inconnue : je te connais mieux que bien d’autre » lâcha-t-elle avec assurance, même si cet essai allait très probablement s’avérer être un véritable challenge. Tant pis, elle était prête à relever le défi plutôt deux fois qu’une. « Cela me paraît tout à fait honnête à vrai dire. Tu ne verras pas d’un mauvais œil à ce que je pose une toute petite condition : même si tu es le patron… tu garderas tes mains chez toi tant que je serais dans la peau de ton assistante. » Quelque part, elle ne voulait pas que ce ne soit qu’un challenge pour elle. Et ce bien qu’elle vienne de s’emparer furieusement des lèvres de son époux, elle s’en sépara tout aussi vite pour ouvrir en grand les portes de son dressing afin de pouvoir en ressortir quelques propositions de tailleur. « Je ne voudrais pas passer pour une simple intrigante provocante pour mon premier jour mais je n’ai pas l’intention de m’habiller comme un sac… que penses-tu du jour ou du blanc ? Moins terne que du noir sans être trop… extravagant. Sur lequel portait ton désir mon amour ? »
« Tu marques un point ! » notais-je car il est vrai qu’elle commençait à me connaitre bien mieux que la plupart des personnes que je côtoyais au travail ou dans mon univers personnel mais quoi de plus naturel, elle était mon épouse. Vioryna en profita pour glisser ses propres exigences et j’arquais un sourcil face à sa demande non sans répondre avec la même fureur à son baiser pour mieux la voir s’envoler vers son dressing. Malheur, voilà que j’allais devoir subir une séance d’essayage mais au fond de moi, j’étais ravie de la voir à nouveau maitresse d’elle-même : objectif atteint. Avait-elle conscience d’être nue, offerte à mes yeux ? Qu’on ne compte pas sur moi pour le lui faire remarquer j’aimais bien trop la vue pour m’en passer. « Pour ma part, j’opterai pour le blanc, il te met en valeur bien mieux que le rouge » lui donnais-je mon avis avant de m’assoir dans le lit, la contemplant de tout mon saoul « Si tu le désires, je peux faire venir mon tailleur pour qu’il te confectionne tes vêtements sur mesure. D’ailleurs il doit me livrer les costumes que je lui ai demandé pour les jumeaux. Ils auront exactement les mêmes costumes que leur père mais à leur taille. J’ai fait fabriqué des casques pour eux aussi lorsqu’ils me suivent sur les chantiers » lui appris-je car je n’étais pas peu fier de mes fils « Toutefois, je lui ai demandé des robes pour Marya afin qu’elle ne se sente pas une laissée pour compte. Il est important qu’elle ne jalouse pas ses frères car si elle tient de moi, elle finira par les tuer… Je plaisante ! » précisais-je car je ne voulais pas que Vioryna s’inquiète. Marya adorait ses frères et prenait son rôle de grande sœur à cœur. « En parlant de travail, ta première tâche sera de préparer mon prochain voyage, je dois me rendre en Italie pour affaires avec Carlita » lâchais-je m’attendant à des foudres de sa part car après tout, elle n’était pas sans savoir que cette dernière avait été ma maitresse durant de nombreuses semaines lorsque nous étions arrivés à New York. C’était même une des rares femmes à avoir été invités dans ma demeure et avoir fait la connaissance de Marya. A l’époque, j’avais vu en elle une potentielle reproductrice pour qu’elle me donne un héritier mâle mais notre relation avait tourné court quand elle avait commencé à parler de mariage. J’étais tout de même rester en affaires avec elle car elle restait une collaboratrice de choix sur le marché italien.
« Tu as fais faire des costumes aux jumeaux ainsi que des casques de chantier ? Tu ne vas pas les emmener sur des chantiers j’espère ?! Sergeï mais et la poussière ? Et les microbes ?? » Vioryna avait beau continuer d’être aussi nue qu’un nouveau né tout en cherchant LE tailleur qui lui irait le mieux pour sa première journée en tant qu’assistante du tristement célèbre Sergeï Vassilievykh, il n’empêche que des détails du genre frappaient son instinct maternel de plein fouet. Elle s’empara du tailleur blanc dont parlait son mari pour revenir s’asseoir contre le lit, le dévisageant un instant… elle était ravie qu’il prenne son rôle de père autant au sérieux, mais mettait davantage son droit de véto quant à des visites de chantier avec les jumeaux, c’était trop dangereux ! « Et s’il leur arrivait quelque chose Sergeï, que ferais-tu ? Quant à Marya je te détrompe tout de suite, je pense que tu connais ta fille… elle va plutôt protéger ses frères que les tuer ! Si tu l’avais vue avec la nounou à mon retour de la maternité… c’est peut-être elle, la véritable louve de nous deux ! » Vioryna avait un accès privilégié aux deux jumeaux bien évidemment, puisqu’elle était leur mère… et elle n’avait eu de cesse de partager équitablement son amour en trois pour que Marya ne se sente aucunement lésée, hormis lors de ces quelques derniers jours pendant lesquels la jolie russe n’avait plus été que l’ombre d’elle-même. Sans doute allait-elle continuer à l’être, bien que d’une toute autre façon, en devant travailler avec cette fameuse Carlita de malheur pour préparer le prochain voyage de Sergeï en Italie. A peine ce prénom fut-il prononcé qu’elle se relevait déjà, déposant soigneusement son tailleur sur le lit pour s’engouffrer à nouveau dans son dressing, sans un mot, commençant à mettre un corset ainsi qu’un porte jarretelle pour le provoquer. Il venait de faire de même, n’est-ce pas ? « Le corset me fait une belle poitrine, je n’aurais aucun mal à capter l’attention masculine en cas de question ainsi… » énonça-t-elle sans la moindre délicatesse, même si elle n’en ferait jamais rien, mais juste pour le faire enrager autant qu’il venait de le faire. Vioryna n’avait pas hurlé : elle reprenait le contrôle plutôt. « Tant qu’elle garde ses mains chez elle je n’ai aucune raison de ne pas être professionnelle avec Carlita… » énonça-t-elle d’un ton plutôt narquois et désapprobateur, bien qu’elle serait effectivement d’un professionnalisme évident.
« Je fais attention, ils ont des petits masques et je désinfecte les mains… Et puis les microbes n’ont jamais tué quelqu’un, au contraire, il leur faut des anticorps sinon ils seront allergiques à tout ce qui passe ! Je ne suis pas un mauvais père » me défendis-je, piqué au vif car je n’avais pas l’impression de mal faire mon travail de père de famille bien au contraire, j’avais pris mon rôle à cœur en emmenant les petits avec moi alors que j’aurais très bien sous-traité la chose à une nourrice quelconque. Si elle avait connu mon père, elle m’aurait élu meilleur père de l’univers. « Pitié Vioryna, j’ai pris soin d’eux, ils étaient toujours avec moi ! Que voulais-tu que je fasse ? Je ne peux pas m’arrêter de vivre pour eux non plus, il faut bien que je travaille. La prochaine fois, je les confierai à une nourrice si cela t’inquiète tant que cela de les savoir avec moi. J’ai réussi à élever ma fille me semble-t-il » bougonnais-je car dans mon fort intérieur, j’étais réellement vexé qu’elle puisse douter de mes capacités à prendre soin de nos enfants. Ils n’avaient été privés de rien, aucun coup, rien nada ! Au contraire, ils avaient vu du monde, ils avaient pris l’air et ne sentaient pas le moins du monde le renfermé. « Et puis il fallait bien que je pallie ton absence » attaquais-je car je n’avais pas l’habitude de rester les bras croisés à tendre l’autre joue. Je pouvais très bien l’accabler en disant qu’elle avait abandonné son rôle de mère suite à son agression et que je m’étais retrouvé à tout gérer seul alors les conseils et les reproches, elle pouvait toujours se les garder. Dans un mouvement d’humeur, j’enfilais mon boxer ainsi que mon pantalon pour aller à la fenêtre. L’euphorie venait de tomber et j’étais d’une humeur massacrante. Je faisais au mieux car on ne pouvait pas dire que j’avais eu de sacrés exemples au cours de ma vie. « Evite de jouer à ce jeu-là Vioryna Vassilievykh, je n’ai ni la patience ni un tempérament à m’amuser que des hommes reluquent ma femme. Si tu essaies d’attiser ma jalousie, il y aura des dégâts et tu le sais. Je ne suis pas un homme qu’il faut provoquer » grognais-je tout en me retournant vers elle, les mains dans les poches de mon pantalon, plus ténébreux et renfermé que jamais. « Cela fait des mois que c’est fini avec Carlita, je n’ai vu en elle qu’une reproductrice potentielle, inutile de monter sur tes grands chevaux, je ne compte pas te tromper avec elle ni avec aucune autre »
« Rhaaa mais ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, Sergeï ! Je sais très bien que je n’ai pas été une maman du tout ces derniers temps. » Le jolie russe poussa un soupir alors qu’elle commençait à connaître les réactions de son mari et qu’elle savait pertinemment qu’il ne fallait pas le pousser à bout dans ces moments là. Mais il ne pouvait pas lui en vouloir de s’inquiéter, non ? Ce n’était pas spécialement dirigé vers lui d’ailleurs, pas alors qu’elle avait pleinement conscience du mal qu’il s’était donné pour être un père présent. « Je sais que tu t’es coupé en quatre et je n’ai jamais dit que tu étais un mauvais père, tu interprètes mes paroles ! Je n’ai jamais mis les pieds sur un chantier et sur le moment quand tu m’as dit ça… je me suis imaginé le pire parce que c’est mon caractère tout comme c’est le tien de tout prévoir. Ai-je dis que tu avais été un mauvais papa pour autant et qu’il fallait que tu donnes les jumeaux à une nourrisse ? Non ! Je t’ai même proposé d’être ton assistante pour que l’on se partage les tâches et que l’on n’est pas à recourir à ce genre de choses. Ne diabolise pas tous mes propos je t’en prie. » Vioryna enfila la première robe qui lui tomba sous la main avant qu’un nouveau soupir ne passe la barrière de ses lèvres, sans qu’elle n’ait cherché à y mettre le moindre contrôle. « Mon absence ? Tu as manqué d’être violé Sergeï ? Non. Alors garde tes réflexions pour toi là-dessus » répliqua-t-elle glacialement. « Quant à Carlita, tu m’as défiée en premier et je ne suis pas du genre à tendre l’autre joue non plus. Tu as cherché la bagarre en premier tout en sachant que cela mettrait mes nerfs en pelote… tu cherches et tu t’étonnes de trouver ! » La jolie brune se laissa tomber sur le lit, lourdement, fatiguée par avance de cette nouvelle dispute qui ne survenait qu’à cause d’une histoire de mots mal choisis. Sauf que si Vioryna n’avait pas cherché une seconde à blesser Sergeï – et si elle l’avait fait, ce n’était pas voulu une seconde – lui rétorquait au centuple comme si son honneur même avait été bafoué. Mais en l’occurrence, c’était celui de la jeune femme qui était en miettes ! Elle retrouvait à peine confiance qu’il lui replongeait la tête sous l’eau… « Tu penses que je suis une mauvaise mère, c’est ça ? »h
Voilà que je redevenais le méchant mais elle se foutait de moi ou quoi? "Je ne t'ai pas provoqué, ce n'est pas ma faute si tu es jalouse ! Je t'énonçais simplement un détail car tu vas devenir mon assistante et crois-moi des anciennes maitresses, forcément tu en croiseras et il faudra t'y faire et passer outre tes complexes. Tu es mon épouse et la mère de mes enfants ainsi que la seule maitresse que j'autorise dans mon lit alors arrête d'imaginer des provocations futiles. J'ai passé l'âge de jouer à te rendre jalouse" rétorquais-je froidement car l'évocation de sa tentative de viol n'était pas sans me rappeler la fureur qui avait été mienne quand j'avais vu cet homme prêt à souiller la femme de ma vie. "Cet homme est mort de mes mains et si je devais recommencer, je le ferais. Personne ne te touchera Vioryna, tu en as ma parole" affirmais-je en venant m'asseoir sur le lit près d'elle. "Tu n'es pas une mauvaise mère, tu as vécu un traumatisme et tu as réagis à ta manière" mis-je de l'eau dans mon vin car je devais admettre que j'avais été virulent mais c'était des réflexes. Je frappais au lieu de tendre l'autre joue. Je reconnaissais m'être montré plus que blessant mais il était dans ma nature, on m'avait forgé ainsi et je crois que je ne pourrais plus être différent. C'était terminé pour moi mais elle avait le pouvoir d'arrondir certains angles de ma personnalité et ça, très peu de personnes pouvaient s'en vanter. "Vioryna, je te présente mes excuses. J'ai mal pris tes reproches car je m'efforce d'être différent, d'être présent pour nos enfants. Je n'ai aucun repère, père n'était pas un modèle à suivre et j'ignore si je serais capable d'être effectivement un bon père. J'ai des doutes comme toi tu peux en avoir mais je refuse que tu te considères comme une mauvaise mère" lui parlais-je doucement avant de poser ma main sur la sienne. "Je ne désirais pas me disputer avec toi et je ne le désire toujours pas" murmurais-je sur un ton radouci en me relevant pour regagner mon poste d'observation à la fenêtre. Je m'en voulais et c'était étrange de ressentir ce sentiment de culpabilité. En temps normal, j'assumais pleinement mes propos alors pourquoi diable cela changerait-il. "Voilà que je deviens sentimental, tu m'auras rien épargné Vioryna" plaisantais-je car dans le fond, n'était-ce pas normal dans un sens que de vouloir préserver son épouse.
Vioryna émit un petit soupir d’aise alors que Sergeï avait placé sa main contre la sienne, mais elle ne manqua pas de se redresser pour le suivre tout d’abord du regard alors qu’elle ne perdait pas une miette de ses paroles. Cette fois-ci, ils avaient tenté tous deux d’arrondir les angles et n’étaient pas passé loin d’une dispute qui aurait pu être nettement plus homérique. La jolie russe ne se sentait pas la force non plus de s’opposer à son époux et ce fut pourquoi elle se leva aussitôt pour mieux se blottir contre son dos. Elle caressa longuement son torse avant de déposer plusieurs baisers contre la nuque de l’homme d’affaires russe, tentant d’apaiser à sa manière le feu de leur précédent échange. « Mais tu es un bon père Sergeï ! Depuis quand as-tu besoin d’un modèle pour être quelqu’un ? Regarde-moi… » Elle l’incita à se tourner vers elle avec douceur et patience, caressant longuement sa joue du bout de ses doigts, détestant quand il se fermait à ce point car elle avait l’impression qu’il vivait alors dans un monde où elle ne pourrait jamais plus l’atteindre. Pourtant, elle poursuivit sa caresse sans le lâcher des yeux une seconde, souhaitant laisser transparaître par son regard toute son affection, son désir, l’amour qu’elle ressentait et qui ne serait jamais feint. « Tu t’es construit seul et tu es devenu un homme Sergeï, je sais que tes ressources sont inépuisables en la matière et je sais que tu es un merveilleux père… peut-être que tu as simplement besoin de trouver ton rythme mais ils t’adorent déjà, tu es leur fierté comme ils sont la tienne. Ne va pas croire que ces choses là n’ont pas d’importance ils sont plus fins d’esprit que beaucoup ne veulent le croire, ce sont deux Vassilievykh ! Pour ma part je suis fière de ne t’avoir rien épargné parce que j’aime ce que je vois. Tout ce que je vois. » Vioryna passa brièvement ses lèvres contre celles de son époux avant de ne le serrer dans ses bras avec conviction, comme pour ponctuer ses paroles de façon définitive et sans appel. « Je ne veux pas que les jumeaux risquent quoi que ce soit alors je préfère qu’ils soient avec toi… avec nous. Je ne veux pas les confier à une étrangère. Je veux pouvoir respirer et arrêter de regarder constamment au dessus de mon épaule, que ce soit pour moi ou pour eux. Devenir ton assistante va me permettre de m’épanouir professionnellement mais aussi d’avoir l’impression de ne plus être aussi fragile qu’un fétu de paille. »
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