« Je suis vraiment navré de vous déranger à cette heure si tardive Monsieur, mais c’est une urgence… » Dante portait Maureen dans ses bras alors que celle-ci était inconsciente. La belle brune avait les bras et les jambes couvertes de bandages diverses, l’arcade fraîchement recousue et semblait on ne peut plus affaiblie. Son bras droit ne savait pas où elle pourrait être en sécurité le temps de retrouver des forces mais de toute évidence, l’hôpital était à exclure… il se tournait donc maintenant vers le seul homme chez qui elle ne pourrait qu’être en sécurité : Virgile. Il attendit néanmoins qu’il lui ait ouvert la porte de chez lui pour mieux expliquer les raisons de sa venue, bien que celle-ci soient on ne peut plus explicites une fois que l’on voyait l’état de la jolie irlandaise de ses propres yeux. « Un contrat s’est mal terminé et Mademoiselle O’Connor a subit la vengeance d’un autre parrain de la Mafia. On lui a tiré dessus, elle a même été torturée et bien que je l’ai conduite moi-même à l’hôpital… on a essayé d’achever le travail là bas, alors qu’elle sortait juste du bloc opératoire. Elle a manqué d’y passer à plusieurs reprises et son état est encore passablement instable. Je sais qu’elle a confiance en vous, elle m’a donné de nombreuses informations sur vous aussi je me permets l’audace de vous demander de lui accorder l’asile quelques jours. Dès que je suis en mesure de lui offrir un asile sécurisé, je viendrais la rechercher. » Dante attendit bien évidemment le feu vert de l’homme d’église avant d’allonger la jeune femme sur ce qui semblait être son lit. Ils seraient les deux seuls à être au courant de cette affaire et autant dire qu’on pourrait le torturer tout ce que l’on voulait, il ne parlerait pas. Il s’éclipsa ensuite en remerciant longuement Virgile, tout persuadé qu’il était que sa patronne ne pouvait qu’être entre de bonnes mains… et ce malgré son état critique.
Maureen était à moitié inconsciente mais la douleur lancinante dans l’intégralité de son corps la poussa à ouvrir les yeux, tandis qu’elle poussait un large cri qu’elle ne pouvait décemment retenir. La jolie irlandaise avait vécu quelques-unes des heures les plus pénibles de sa vie et fatalement, le simple fait de s’asseoir sur le lit lui demanda un effort que l’on pouvait considérer d’inhumain. Elle était désorientée, incapable de dire où elle se trouvait, mais un bruit derrière elle la poussa à se retourner violemment comme si elle s’attendait à être à nouveau attaquée. Pour un peu, c’était encore pire que Virgile puisse la voir dans un tel état. Elle ne put d’ailleurs pas maintenir le contact visuel bien longtemps, tournant à nouveau la tête pour abaisser la tête et fermer les yeux, la douleur devenant de plus en plus insupportable. « Je suis chez toi… pourquoi ? » Maureen avait un mal fou à rattacher les wagons entre eux, son esprit n’étant peuplé que des images de sa propre torture, et de l’envie indicible de vengeance qui irradiait l’intégralité de son corps meurtri. Elle serra d’ailleurs la couverture entre ses mains avec violence face à une nouvelle vague de douleur, s’empêchant de justesse de pousser un nouveau cri tandis qu’elle refusait de s’allonger. Pourquoi fallait-il qu’elle revienne dans ces lieux alors qu’il ne pouvait pas vouloir d’elle ? Surtout en étant si faible… Maureen détesterait lui être redevable. « Je ne veux rien te devoir, je partirai dans cinq minutes le temps de reprendre mon souffle. » Mensonge. Elle ne pouvait pas tenir debout, et bien qu’elle tenta à de nombreuses reprises de se redresser sur ses deux jambes, chaque essai fut un gigantesque échec.
Le quotidien avait repris ses droits sur ma vie et seule le vide que je ressentais attestait de la réalité de la visite de Maureen. Le cœur en émoi, j’avais tenté de juguler mes émotions, me confinant derrière mes prières pour ne serait-ce espérer de ne pas sombrer dans la folie la plus douce ; le moins que l’on puisse dire c’est que j’avais tout faux lorsque je clamais que ma foi était plus forte que toute. Un excès d’arrogance que Dieu m’avait fait payer de la plus cruelle des façons. Aussi, en repenti, je m’étais attelé à mes occupations avec acharnement, confessant bien plus de fidèle que je ne le faisais en temps normal tout cela pour m’abrutir et ne plus penser à cette femme. Je ne savais quels étaient les projets du malin mais une chose était certaine, il avait réussi à m’ébranler bien plus sûrement que d’ordinaire. Avant d’être un homme d’église, j’étais un homme et par-dessus tout, j’étais faible. Maureen en était la preuve, j’étais tout simplement incapable de la voir comme une simple fidèle –déjà parce que Maureen était de loin la plus butée des non croyantes mais tout simplement parce que je l’aimais encore malgré les années, malgré les mensonges. Dieu voulait que je pardonne et avec difficulté, j’étais passé outre ma colère et ma déception parce que ce mensonge avait été motivé par des pensées nobles. Elle m’avait sauvé la vie comment lui en vouloir ? Pourtant, j’étais comme un homme en plein désert et je ne savais comment me sortir de ce pétrin. La meilleure des solutions était que je me tienne loin d’elle mais si j’avais cru mourir en l’ayant perdu, c’était souffrir de mille et une torture que de la savoir en vie et loin de moi. Ma tentation. Chaque prêtre connaissait cela au moins une fois dans sa vie. L’envie de céder à ce plaisir, de tout quitter pour un amour mortel mais quelle serait ma vie auprès de Maureen ? Elle vivait dans le péché le plus cruel et j’étais un homme marqué par la religion où la vie tient une place prépondérante. C’est alors que Dieu –ou le Diable, frappa à ma porte sous les traits d’un homme que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam et qui tenait la femme de ma vie entre ses bras, blessée. Mon cœur se révulsa à cette vision et je les fis entrer rapidement, regardant à droite et à gauche pour voir s’ils étaient suivis avant de refermer la porte. « Elle peut rester ici mon fils, ne vous inquiétez pas, elle sera en sécurité, je peux vous l’assurer. Nul doute que ses agresseurs ne chercheront pas à la retrouver dans la maison de Dieu. Soyez sans crainte, je veillerai sur elle » lui promis-je encore sous le joug de l’inquiétude. Oh Maureen, cette vie finira par te tuer pensais-je avec tristesse alors que je prenais un siège pour pouvoir la veiller toute la nuit s’il le fallait. Hélas, ma bourrique se réveilla bien trop rapidement et je fronçais les sourcils, m’asseyant sur le lit pour l’empêcher de se lever, ébranlé par le cri de douleur qu’elle venait de lâcher« Ton ami a jugé bon de te placer sous ma protection » l’informais-je avant de la forcer à se rallonger « Bonté divine Maureen, allonges-toi et repose toi, tu ne crains rien ici et dis-toi que si tu ne veux pas m’être redevable, tu n’auras qu’à faire un don à l’église ou même faire un peu de bénévolat qu’en sais-je » râlais-je en rabattant les couvertures sur elle. « As-tu soif ? Si je peux faire quoique ce soit qui puisse soulager tes souffrances, je le ferais » lui promis-je tout en la couvant d’un regard où se mêlaient à la perfection tendresse, amour et inquiétude.
Maureen grimaça violemment face à la présence de Virgile… pourquoi diable Dante s’était-il mêlé de la chose, et, surtout, pourquoi l’avait-il emmenée ici ? Certes, elle ne craignait pas grand-chose dans une église mais il s’agissait bien du dernier lieu où elle avait envie de se trouver dans la minute. La simple présence chaleureuse de l’homme d’église à ses côtés la brûlait plus sûrement encore que l’intégralité de ses blessures, pourtant douloureuses au-delà des mots. Elle poussa d’ailleurs un grognement au simple terme « ami » qu’il employait sans même se rendre compte de la situation dans laquelle elle se trouvait. « Ce n’est pas mon ami… c’est mon assistant, énorme nuance ! Mais Dante n’aurait jamais dû m’amener ici. Je suis une grande fille, je sais lacer mes chaussures toute seule… je n’ai pas besoin d’un garde chiourme alors pitié, garde tes bondieuseries ! » Maureen était odieuse, certes, mais elle avait de nombreuses circonstances atténuantes. Il n’avait pas idée des heures qu’elle venait de vivre et maintenant encore, l’enfer lui semblait être diablement près. Il l’obligeait à être allongée mais il n’avait pas idée de la torture que cela représentait pour elle… ce fut sans doute la raison pour laquelle la jolie irlandaise s’empara des deux mains de Virgile pour les repousser doucement, s’aidant de ce même geste pour s’asseoir sur le lit. Qu’il proteste qu’on se marre… « J’ai une tête à faire dans le social ? » maugréa-t-elle avant qu’un rire cynique ne dépasse ses lèvres. Folle de douleur, oui. Complètement abrutie par celle-ci, pas encore…
« Je crois qu’à la fois je ne peux rien avaler et je tuerais pour… un jus de cranberry. Franchement, moi, une irlandaise, j’ai besoin d’autre chose que d’alcool, pendez-moi illico ! » Que Shaun n’apprenne jamais la chose ou il n’avait pas fini de se payer sa tête. Mais au-delà de ça, il valait mieux qu’il n’apprenne pas tout court le fait qu’elle soit passé près de l’embrassade de la grande faucheuse capée ou elle n’avait pas fini d’entendre parler du pays… « J’ai fais en sorte que tu sois éloigné de la Mafia ce n’est pas pour te faire risquer une chose pareille… franchement, Dante n’a strictement rien dans le crâne ! Pourquoi m’aider, hein ? Et ne me sort pas que je suis une âme à sauver car tu sais très bien que je ne crois pas en l’église et qu’en plus il n’y a plus rien à sauver. Un tueur de moins, ça devrait au contraire être symbole de réjouissance ! » Maureen esquissa une nouvelle grimace alors qu’une vague de douleur irradiait l’intégralité de ses cellules. Si cela continuait, elle risquait de s’évanouir. « Ne m’oblige pas à m’allonger je ne peux pas. » Raison : son dos était blindé de blessures profondes.
Ami, assistant, y-avait-il une différence pour elle ? Apparemment oui. Pour moi, c’était simplement un homme qui s’était soucié de sa santé au point de la confier au premier inconnu avec l’insécurité de la savoir en danger de mort ; Aussi, je trouvais que ce Dante était une personne bonne dans le fond –du moins, avais-je l’audace de penser cela même si je savais par avance que Maureen allait me taxer de fou adorateur de Dieu qui vit dans un monde de bisounours. Si seulement elle avait vu ce que j’avais pu voir, si seulement elle voulait bien baisser la garder. Le problème c’est que ce souhait était aussi irréalisable qu’égoïste car dans le fond, je n’espérais qu’une seule chose : revoir la femme que j’avais aimé. Celle qui me souriait, celle qui était douce et aimante et non cette femme forte qui n’avait semble-t-il besoin de personne même à l’article de la mort. Je devais reconnaitre que je retrouvais un peu de ma Maureen en cette femme mais bien trop faiblement à mon goût. « Cesse de faire ta forte tête et accepte de recevoir de l’aide. S’il ne t’avait pas amené à moi, tu serais morte. Cet homme t’a sauvé la vie alors essaie de faire preuve d’un peu de gratitude envers lui et ce n’est pas de la bondieuserie comme tu dis mais un simple signe de respect » repris-je froidement en retrouvant mes vieux réflexes d’antan. Je me souvenais que Maureen avait le don de m’énerver pour mieux me faire rire dans la foulée. Il faut dire que mon passé n’était pas des plus roses et que si Dieu m’avait accordé sa rédemption, ce n’était que grâce à des sacrifices. Néanmoins mon comportement était indigne d’un homme d’église et je repris plus calmement « Tu as besoin de te reposer, est-ce si dur à concevoir ? Je peux m’en aller et te laisser ici seule si ma compagnie t’indispose autant » prononçais-je bien que chaque mot m’écorchais-je le cœur. Je ne voulais pas m’éloigner d’elle-même si sa compagnie n’était pas la plus adéquate. J’étais un homme d’église, je me devais de combattre cette tentation et non la rechercher. Maureen consenti néanmoins à me confier qu’elle avait envie d’un jus et j’hochais la tête avant de me relever. J’avais toujours aimé cette boissin bien que Shaun, mon meilleur ami criait au scandale et à l’usurpation mais peu importe, j’en conservai toujours une bouteille au frais ; un petit plaisir qui ne portait pas à conséquence. « Voilà » lui servis-je un verre avant de reprendre place sur le fauteuil et sa confession me prit par surprise. « Je ne veux pas que tu meurs, voilà pourquoi je désire t’aider. Je ne veux pas supporter à nouveau cette image et si chaque année je me rendais devant une tombe vide, je te prie de croire que je n’ai pas envie de changer cela pour une tombe où ton corps serait bel et bien allongé sous la terre » avouais-je ainsi mes voyages annuels en Irlande. « Essaie de t’allonger sur le ventre si tu peux sinon, je peux essayer de te trouver d’autres coussins pour t’aider à trouver une position moins douloureuse » lui proposais-je en évitant le véritable sujet de la discussion : pourquoi l’avait-on torturé ? Etait-elle encore en danger ?
Maureen tâchait de ne surtout pas gémir à nouveau de douleur mais la conversation qu’ils tenaient actuellement était très loin de l’aider. Elle ne lâchait pas Virgile du regard, cherchant à comprendre si elle pouvait se réjouir de ce qu’il lui disait ou, au contraire, s’il ne fallait pas qu’elle y accorde le moindre crédit. Elle se sentait faible, sans repère, et cette absence de toute protection la rendait plus hargneuse encore que d’habitude… forcément, elle rejetterait toute proposition d’aide de la part de l’homme d’église car elle savait pertinemment que cela faisait uniquement partie de son job : ne lui avait-il pas très nettement fait comprendre que le passé resterait dans le passé ? S’il n’y avait plus rien à espérer, alors il n’y avait pas davantage de raison de prendre des risques à ce sujet ou même de baisser sa garde. « Dante n’est pas à plaindre, crois-moi » lâcha-t-elle froidement sans l’ombre d’une hésitation. Son assistant était sûrement le mieux loti de tous ceux ayant l’opportunité de la croiser. Il n’avait jamais eu à craindre pour sa vie, était très grassement payé et, envers et contre tout, malgré toutes les répliques acerbes qu’il se prenait dans la poire à longueur de journée de la part de Maureen, elle avait toujours un œil sur lui, au même titre qu’elle veillait sur son jumeau. On ne pouvait pas en dire autant de n’importe qui d’autre. « Ca fait très longtemps qu’il est à mon service et n’a jamais menacé de claquer la porte… il sait très bien qu’un autre parrain de la Mafia l’aurait égorgé depuis des lustres face à ses erreurs. Mais c’est quelqu’un de fiable, j’en ai tout à fait conscience. Il a juste eu la mauvaise idée du siècle. » Maureen poussa un long et pénible soupir tandis qu’elle se rendait compte que la présence même de Virgile la mettait mal à l’aise. Il était à la fois une source de réconfort certain et une torture de la pire espèce… ne pouvait-il donc pas la laisser en paix ? De toute évidence, son âme n’était plus à sauver depuis longtemps, alors peut-être ferait-il mieux de s’occuper à sauver la sienne…
« Tu ferais mieux d’aider quelqu’un d’autre. Ce serait bien moins dangereux pour toi… je suis un fossile. » Maureen grimaça de douleur et fut surprise de voir l’homme d’église s’exécuter en lui ramenant un jus de Cranberry. Elle n’avait aucunement oublié le fait qu’il s’agisse de leur boisson fétiche mais également de leur petit « secret honteux » par le passé. Elle ne manqua pas d’éclater d’un rire franc, qui aida d’un même temps l’intégralité de son corps à se détendre avant qu’elle ne se délecte d’une première gorgée. « Que Shaun n’apprenne jamais ça, sinon on est bons pour qu’il ne nous lâche pas la grappe… je l’entends d’ici : « vous êtes une hooonte à notre fière Irlande ! » Entre sa fierté et la mienne, je me demande laquelle est la pire. Tu as toujours été le plus noble des trois ! » Cet accès de franchise la surpris, mais plus encore le fait qu’elle ne se saisisse de son bras comme pour l’empêcher tacitement de partir. « Si tu quittes cette pièce tu peux être sûre que déglinguée ou pas je te suis dans la prochaine. » La jolie irlandaise releva aussitôt sa main, comme électrisée par ce contact qu’elle n’avait pas prévu, détestant prodigieusement que ses membres soient aussi tremblants à cause de ses blessures. « Je me suis pris une balle en plein abdomen j’aurais beaucoup de mal à respirer avec ta méthode… mais tu peux peut-être me servir de coussin ? »
« Tu vis dans un monde violent » constatais-je sans jugement aucun si ce n’est peut-être une inquiétude latente. Je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter pour elle car les sentiments ne se commandent pas. Je me demandais juste si c’était l’œuvre du malin ou de Dieu. Mais si, c’était l’œuvre de mon seigneur et maitre pourquoi m’infliger une telle épreuve ? Pour tester ma foi ? J’avais depuis ma plus tendre jeunesse, dédié ma vie à la prière et sans Maureen, celait aurait été toute une vie. Pourquoi nous infliger un pareil châtiment alors que j’avais renoncé à tout pour suivre la voie de la spiritualité ? Je l’ignorais mais dans tous les cas, c’était injuste et cruel. Pour elle. Pour moi. Pour nous. « J’ai confessé bien des personnes depuis que je suis devenu prêtre et pas seulement des personnes lambda. Je puis t’assurer que ton cœur n’est ni asséché ni même fossilisé car l’enfer auquel tu te condamnes, tu ne le fais pas par amour de la mort mais pour protéger des vies. En cela, je sais que tu n’es pas un fossile » décrétais-je et sans lui laisser le temps de me répondre, je me dirigeais dans la petite kitchenette de mon studio. L’endroit n’était pas bien grand, aménagé avec sobriété et un manque total de modernité. Je possédais le strict nécessaire pour combler mes besoins vitaux mais pour la première fois, voir une femme assise sur mon lit me bouleversa car si cet endroit était parfait pour combler le prêtre en moi, je comprenais que seule cette femme était capable de satisfaire l’homme restait figé au plus profond de mon être. Lorsque l’on devient prêtre, nous ne cessons pas d’être des hommes. Nous mettons simplement nos désirs en sourdine et au fil des années, nous finissons par les oublier. Avais-je intentionnellement gardé cet anneau pour me rappeler sans cesse mes désirs ? Comme par excès de péché ? Je ne saurais guère donner de réponse. Néanmoins, je me sentais bêtement heureux de la savoir à mes côtés. C’était un sentiment dangereux pour l’homme de foi que j’étais. Attrapant deux petites bouteilles de notre petit péché mignon, je revins vers elle où deux minutes après, je riais en chœur. « Il faut dire que vous êtes intenable quand vous êtes réunis. Combien de fois ais-je du vous canaliser avant que nous fassions chasser d’un pub en Irlande. Remarque, il ne sait toujours pas se contrôler. Dernièrement, il passe une licence de droit en accéléré pour pouvoir aimer librement la femme qu’il aime. Une histoire de prince de Suède que je n’ai pas entièrement compris. Il faut dire qu’il était un peu ivre à ce moment-là » partageais-je avec elle au sujet de son cousin tout en buvant un peu de cette boisson dont nous raffolions. Malheureusement cet interlude paisible fut rapidement mis en pièce par la fierté de la jeune femme mais je ne m’attendais pas à un retournement de situation aussi brusque. « De coussin ? » demandais-je avant d’hésiter car je mourrais d’envie de la serrer dans mes bras après tout ce temps mais je craignais de me brûler les ailes à ce même contact. Pourtant, presque inconsciemment, je me rapprochais d’elle avant de m’installer sur le lit, lui tendant les bras pour la recueillir. « Dis-moi si je te fais mal »
A nouveau, Maureen eut du mal à retenir un rire tandis que Virgile lui contait l’histoire hautement compliquée de Shaun, le cousin de la demoiselle, ainsi que ses déboires amoureux. A vrai dire, la brunette connaissait déjà tous les détails. Son cousin buté n’était pas aisé à faire parler, mais elle savait mieux que quiconque, pour la simple et bonne raison qu’ils avaient toujours été proches. Son lien avec le pompier irlandais n’était pas aussi évident qu’avec son jumeau, Anton, mais Maureen savait qu’elle n’aurait pas été grand-chose dans sa jeunesse sans son soutien. Elle le lui avait souvent rendu, d’ailleurs, et aujourd’hui encore n’était pas en reste pour lui sauver la mise. A croire que ce soit devenu une véritable coutume chez les O’Connor que d’attirer les emmerdes à tous les coins de rue. « Tu n’y es pas du tout » reprit-elle sans pour autant que son sourire n’ait diminué entre temps « il est tombé amoureux de la femme du Prince de Suède. Mais c’est un connard de première qui la battait, apparemment… et qu’elle a fuit. Il l’a appris sur le tard et au départ, il voulait la côtoyer sans la toucher, pensant qu’il serait capable de museler ses sentiments. Je t’assure, j’en ai entendu parler pendant des lustres de son Anaé ! M’étonne même pas qu’il ait voulu passer une licence pour qu’elle divorce… tu sais qu’il a paniqué quand elle a causé mariage ? Il est trop mignon ce Shaun quand il s’y met ! » Maureen mit de côté que la jolie française avait également redonné confiance à son cousin au niveau de sa fertilité… s’il n’était pas au courant, alors c’est que l’irlandais ne voulait pas encore s’étendre sur le sujet. La jeune femme avait ses principes, et ils étaient diablement semblables à ceux de son turbulent cousin ! « On adore se désaccorder sur nos accords. C’est devenu tout un art. » Virgile avait toujours été capable d’apaiser Maureen, y compris quand elle s’apprêtait à aller trop loin, emportée par la flamme d’un débat un peu trop vif. Il était le calme quand elle était le feu, et cela lui manquait bien plus qu’elle n’aurait su le dire. Au départ, lui proposer d’être son cousin lui était apparut comme une vigoureuse idée, mais dès lors qu’elle l’eut frôlé, elle se rendit compte de la torture que cela risquait de représenter… celle-ci était plus vive encore que tout ce qu’elle avait pu vivre lors de ces derniers jours. Plus vive encore que la douleur lui traversant actuellement le corps, sournoisement. Cela n’empêcha certes pas la jolie irlandaise de s’allonger doucement sur le côté, mettant un bon moment avant de trouver une position qui ne serait pas horrible à supporter, se blottissant contre le torse hautement regretté de Virgile sur lequel elle osa poser l’une de ses mains tremblantes. Son cœur battait à vivre allure, à cause de sa souffrance certes mais aussi de l’émotion qui la traversait actuellement. « C’est comme à la maison… merci Virgile » murmura-t-elle subitement sans pour autant parvenir à fermer ses yeux humidifiés par les larmes. « Je sais que Dieu est ton grand compagnon maintenant et que je n’ai pas le droit de te demander quoi que ce soit, mais… j’ai besoin de toi. Je n’arrive pas à m’exclure complètement de ta vie même si je sais que je le devrais. Tu me manques. »
« Eh bien, toute une aventure mais au final, ils traverseront cette épreuve ensemble, je n’en doute pas. Quand ton cousin est amoureux, il peut déplacer des montagnes. Je n’ai jamais vu une personne aussi passionnée que lui.. En fait, je n’en ai connu que deux. Toi et lui » lui confiais-je en ayant une pensée amusée envers mon meilleur ami. C’était étrange comme leur trio avait toujours bien fonctionné alors que nous étions totalement différents les uns les autres. Les O’Connor étaient des êtres passionnés qu’il valait mieux ne pas contrarier ou énerver tandis que j’étais plutôt la force tranquille du groupe. Peut-être était-ce dû à mon enfance dans un monastère qui m’avait rendu aussi calme et aussi maitre de moi-même. Je ne m’énervais jamais et quand c’était le cas, il valait mieux ne pas se trouver sur ma route. Heureusement pour les autres, ma patience et ma tolérance étaient élevés ce qui me préservait de bien des tourments. Néanmoins, rien ne me protégeait de la tentation que représentait Maureen pour l’homme que j’étais et lui servir de coussin n’était pas la meilleure idée du siècle mais comment dire, était-ce si condamnable de profiter de cette étreinte pour me sentir en paix avec moi-même ? Depuis quatre ans que j’avais uni ma vie avec celle de Dieu, jamais je ne m’étais senti aussi apaisé, aussi en phase avec moi-même comme en paix. Seule Maureen m’avait toujours apporté cet avant-gout de paradis même si, actuellement, j’avais l’impression de toucher les portes de l’enfer tant l’envie de la serrer dans mes bras s’imposait à moi. Sans condition ni retenue. « De rien » murmurais-je tandis que ma main se suspendait au-dessus de ses cheveux. Dieu ait pitié de mon âme pensais-je tant ma faiblesse vis-à-vis de cette femme me foudroyait sur place. Seulement, je ne pouvais pas rester les bras ballants pas quand elle se trouvait dans mes bras alors, lentement, j’abaissais ma main pour venir la poser sur sa tête, caressante, apaisante, comme lors de nos étreintes passées. J’avais toujours aimé l’avoir dans mes bras comme si je pouvais la protéger du monde extérieur –même si en l’occurrence, c’était elle qui m’avait protégé mais à quel prix. Toutefois, ma main se crispa dans ses cheveux à la suite de ses paroles et je fermais les yeux, priant le ciel de me donner la force nécessaire pour ne pas succomber à son aveu mais moi-même, je sentais au plus profond de moi sa détresse car je la partageais. « Tu me manques aussi et l’homme en moi n’arrive pas à résister à l’envie de passer du temps près de toi surtout depuis qu’il t’a retrouvé. En quatre années, je n’avais jamais regretté mon choix de rentrer dans les ordres. Je te pensais loin, perdue et je savais que jamais, je n’aurais pu aimer une autre que toi. Que me restait-il d’autre que la religion ? Dieu a sauvé mon âme mais il n’a jamais réussi à en faire de même avec mon cœur car il t’est resté. A jamais » murmurais-je en regardant le plafond. Ce genre de confession était dangereux mais j’avais besoin de lui dire mes sentiments. Sans fausse pudeur aucune.
A nouveau, Maureen eut du mal à retenir un rire tandis que Virgile lui contait l’histoire hautement compliquée de Shaun, le cousin de la demoiselle, ainsi que ses déboires amoureux. A vrai dire, la brunette connaissait déjà tous les détails. Son cousin buté n’était pas aisé à faire parler, mais elle savait mieux que quiconque, pour la simple et bonne raison qu’ils avaient toujours été proches. Son lien avec le pompier irlandais n’était pas aussi évident qu’avec son jumeau, Anton, mais Maureen savait qu’elle n’aurait pas été grand-chose dans sa jeunesse sans son soutien. Elle le lui avait souvent rendu, d’ailleurs, et aujourd’hui encore n’était pas en reste pour lui sauver la mise. A croire que ce soit devenu une véritable coutume chez les O’Connor que d’attirer les emmerdes à tous les coins de rue. « Tu n’y es pas du tout » reprit-elle sans pour autant que son sourire n’ait diminué entre temps « il est tombé amoureux de la femme du Prince de Suède. Mais c’est un connard de première qui la battait, apparemment… et qu’elle a fuit. Il l’a appris sur le tard et au départ, il voulait la côtoyer sans la toucher, pensant qu’il serait capable de museler ses sentiments. Je t’assure, j’en ai entendu parler pendant des lustres de son Anaé ! M’étonne même pas qu’il ait voulu passer une licence pour qu’elle divorce… tu sais qu’il a paniqué quand elle a causé mariage ? Il est trop mignon ce Shaun quand il s’y met ! » Maureen mit de côté que la jolie française avait également redonné confiance à son cousin au niveau de sa fertilité… s’il n’était pas au courant, alors c’est que l’irlandais ne voulait pas encore s’étendre sur le sujet. La jeune femme avait ses principes, et ils étaient diablement semblables à ceux de son turbulent cousin ! « On adore se désaccorder sur nos accords. C’est devenu tout un art. » Virgile avait toujours été capable d’apaiser Maureen, y compris quand elle s’apprêtait à aller trop loin, emportée par la flamme d’un débat un peu trop vif. Il était le calme quand elle était le feu, et cela lui manquait bien plus qu’elle n’aurait su le dire. Au départ, lui proposer d’être son cousin lui était apparut comme une vigoureuse idée, mais dès lors qu’elle l’eut frôlé, elle se rendit compte de la torture que cela risquait de représenter… celle-ci était plus vive encore que tout ce qu’elle avait pu vivre lors de ces derniers jours. Plus vive encore que la douleur lui traversant actuellement le corps, sournoisement. Cela n’empêcha certes pas la jolie irlandaise de s’allonger doucement sur le côté, mettant un bon moment avant de trouver une position qui ne serait pas horrible à supporter, se blottissant contre le torse hautement regretté de Virgile sur lequel elle osa poser l’une de ses mains tremblantes. Son cœur battait à vivre allure, à cause de sa souffrance certes mais aussi de l’émotion qui la traversait actuellement. « C’est comme à la maison… merci Virgile » murmura-t-elle subitement sans pour autant parvenir à fermer ses yeux humidifiés par les larmes. « Je sais que Dieu est ton grand compagnon maintenant et que je n’ai pas le droit de te demander quoi que ce soit, mais… j’ai besoin de toi. Je n’arrive pas à m’exclure complètement de ta vie même si je sais que je le devrais. Tu me manques. »
« Connaissant ton cousin, je suis certain qu’il arrivera à faire entendre raison à cette femme mais quelque chose me dit que pour la première fois de sa vie, il va tomber sur plus fort que lui. J’ai eu beaucoup de peine quand Melinda lui a montré son vrai visage. J’ai bien cru qu’il ne s’en relèverait pas mais l’amour a su amadoué son cœur meurtri et regarde aujourd’hui où il en est » Cependant une partie de moi prenait conscience d’une chose importante : Shaun avait toujours su que Maureen était vivante et me l’avait sciemment caché. Dans une certaine mesure, je me sentais trahi par les deux O’Connor mais ma nature profonde me forçait à leur pardonner car je savais que ce mensonge avait dû leur coûter à tous les deux. On disait souvent de moi que j’étais la sagesse du trio surtout quand on connaissait leur caractère prompt à démarrer au quart de tour mais pour la première fois, j’expérimentais les affres de la jalousie. Oui, j’étais jaloux d’avoir été ainsi mis à l’écart. J’aurais pu attendre des années et des années que cette femme soit prête à nous laisser une chance mais on m’avait ôté ce droit de choisir ma voie. A la place, ils m’avaient menti et aujourd’hui, Maureen me reprochait de m’être voué à l’église. Shaun avait tenté jusqu’au bout de m’en dissuader et je comprenais qu’il avait été lié par le secret. Cela rendait-il son geste moins douloureux ? Je n’arrivais pas à me fixer. Une partie de moi se sentait trahie mais l’homme d’église était voué au pardon. Encore et toujours cette dualité à croire que les O’Connor étaient destinés à se faire entrechoquer les deux parties de moi-même. Pourtant, ce fut en toute honnêteté que je confiais mes sentiments, ma façon de voir les choses. J’avais toujours gardé pour moi les mots que je prononçais comme si enfermer mes sentiments au fond de moi-même était en quelque sorte, les garder précieusement, les protéger. Il était donc normale que la seule personne à recevoir mes confidences fut la même et unique personne à être la destinataire de mes sentiments. Les mots de Maureen m’atteignirent d’autant plus que je sentais mon t-shirt s’humidifier. Comment pouvait-on passer de l’amour heureux à l’amour impossible ? Nous avions vécu au paradis pour mieux chuter en enfer, tous les deux. Je glissais donc ma main à mon cou, en retirant le pendentif qui durant les quatre dernières années, m’avait en quelque sorte protégé. Il était temps qu’il retourne auprès de leur véritable propriétaire. Avec douceur, je glissais ma main dans la sienne avant de fermer son poing sur l’anneau. « Tu n’auras jamais une petite place dans mon cœur mon irlandaise et tu le sais » murmurais-je en fermant les yeux « que Dieu me pardonne d’être si faible et de ne pouvoir lui accorder l’entièreté de mon amour car je t’aime Maureen, je n’ai jamais cessé de t’aimer depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés mais comme tu l’as dit, je suis un prêtre et toi, tu appartiens désormais à un monde bien trop noir pour que notre amour puisse être possible » terminais-je avant de me redresser légèrement et de nous recouvrir de la couverture « Demain est un autre jour, tu dois te reposer désormais »
« Si tu laisses de côté qu’il est réfractaire au mariage et elle réfractaire au fait d’avoir des enfants ! » s’amusa Maureen alors que son installation contre Virgile était des plus pénibles et difficiles. Ce n’est qu’une fois qu’elle eut trouvé LA position parfaite qu’elle se permit de pousser un léger soupir de soulagement. Vraiment, des deux O’Connor, celui qui était le plus susceptible d’avoir un jour une famille, c’était bien Shaun. Il avait un boulot stable, était une personne fondamentalement généreuse et, malgré ses défauts, il était impossible de le détester. De son côté, Maureen possédait la vie la plus dangereuse que l’on puisse avoir, s’avérait être une tueuse on ne peut plus redoutée et refusait d’être heureuse avec qui que ce soit qui ne porterait pas le nom de Virgile McLane. Il était le seul homme dont elle s’était autorisée à tomber amoureuse et n’était pas capable d’éprouver le plus petit sentiment humain à l’égard de qui que ce soit d’autre. Leur relationnel avait toujours été entier, puissant, véritable. Il la rendait meilleure et depuis qu’elle s’en était éloignée, la jolie irlandaise n’était plus que l’ombre d’elle-même. Autant dire qu’à l’heure actuelle, il se trouvait être la pire tentation du monde et pourtant, s’éloigner de ses bras chaleureux et protecteurs serait plus douloureux encore que le fait de ne le côtoyer qu’à moitié seulement… il n’était plus à elle. Il appartenait à Dieu désormais. Maureen l’avait compris lors de leur précédente discussion houleuse, et ce bien que le fait de savoir qu’il conservait la bague de fiançailles qu’il lui avait offerte la tuait littéralement à petits feux. « Je voudrais que la Mafia ne soit jamais venue à moi. Que rien de tout ceci ne me soit passé… mais c’était un choix impossible ! Risquer de retrouver un jour ton cadavre ou disparaître parce que justement, tu aurais plus de chance de survivre. Je sais… j’ai pris la décision toute seule et je me suis condamnée moi-même mais je savais qu’en t’en faisant part tu aurais refusé. Ça aurait été ma réaction si nos rôles avaient été inversés. » Maureen écarquilla deux grands yeux tandis que Virgile se confiait à son tour, guidant lentement mais sûrement le cœur de la jeune femme parmi les affres de l’enfer. Elle n’était pas capable d’en sortir, mais pouvait s’assurer d’être suffisamment éloignée pour qu’il ne souffre pas de sa présence… à croire qu’il n’y ait aucune bonne solution puisque de toute évidence, ils n’auraient jamais plus d’avenir. « Alors reste celui que tu aurais dû être ! Reste le prête que tout le monde adore et sur lequel je vais continuer de veiller au loin. Tu n’as pas à subir ma présence. Tout ce que je voulais c’était avoir une petite place dans ton cœur. Je ne ferai pas de bruit… » Mais Maureen savait désormais qu’il lui était impossible de rester de marbre. Face à sa douleur, tant physique que mentale, plusieurs larmes s’écoulaient alors qu’elle tentait faiblement de resserrer son étreinte, consciente qu’il s’agissait sûrement de leur dernier partage. Sa garde était baissée… elle n’avait rien imaginé de tel, mais celle-ci venait de voler en morceaux. Pour combien de temps ? « Je t’aime… »
Le mariage. Cela faisait bien quatre ans que je n'avisa pas pensé à ce sacrement et pourtant, depuis que j'étais arrivé à New York, j'en avais célébré quelques uns sans jamais ressentir cette flamme. Pourtant, à l'heure actuelle, à cet instant précis, je me revoyais précisément quand j'avais demandé en mariage cette femme. Je me souvenais comme si c'était hier de cette émotion, de ce stress qui m'avait gagné alors que j'attendais la réponse de Maureen. Le temps avait balayé nos projets et il ne restait plus que cette bague pour témoigner de ce passé lointain. Aussi, me surpris-je à rêvasser sur une vie différente où Maureen et moi n'aurions jamais été séparés et où nous aurions pu fonder la famille que nous désirions à l'époque. Un rêve, ce n'était qu'un simple rêve mais il se déversait dans mes veines avec la force du désespoir et l'amertume de la réalité. Jamais nous ne pourrons être ensemble. Nos vies avaient pris des chemins différents et il était trop tard pour faire machine arrière. Pourtant, j'aurais tout donné pour la sauver de cette violence quotidienne dans laquelle, elle avait plongé. J'avais toujours eu ce besoin de la protéger aussi, je ne pouvais me sentir qu'impuissant. Je voulais encore croire que je pouvais toujours lui être utile comme ce soir mais supporterais-je encore longtemps de la voir aussi meurtrie? La réponse était évidement non. Mon cœur saignait de la voir si fragile, si blessée, poursuivie par ses cauchemars alors, je la serrais dans mes bras, lui caressant les cheveux, tentant tout ce que je pouvais pour l'apaiser et j'avais l'impression d'y avoir réussi. Néanmoins, c'est éveillé que je poursuivi la nuit, veillant sur elle avec amour et tendresse dans le secret de la pénombre. Vers cinq heures et demi du matin, je me levais sans la réveiller pour faire ma toilette et prier mon seigneur et maitre. Avec toutes mes pensées impures, j'avais besoin de laver mon âme et de réaffirmer mon serment devant dieu. Puis, je m'occupais des affaires courantes de l'Eglise avant de retourner à mon studio où je mis à mijoter mon ragout spécial Maureen. Elle n'avait jamais résisté à ce plat et j'escomptais qu'il en serait toujours de même encore aujourd'hui. Malheureusement pour moi, je ne pouvais pas rester auprès d'elle pour attendre son réveil. Je devais encore recevoir un couple qui désirait se marier religieusement et je me devais de les recevoir pour mettre en place, les divers rendez-vous obligatoire pour un tel événement mais durant tout le temps que dura l'entretien, je n'arrivais pas à me concentrer tant mes pensées n'avaient de cesse de voler en direction de la femme endormie dans mon lit. Son parfum allait flotter dans l'air même après son départ tout comme je ne pouvais m'empêcher d'envier ce couple d'amoureux. L'envie était un pêché et voilà que je l'expérimentais. Un sage me conseillerait de mettre autant de distance possible avec Maureen avant qu'il ne soit trop tard, avant que je ne perde la raison et que je succombe à l'appel insidieux de la chaire. Le problème, c'est comment un sage pouvait proférer de tels conseils sans prendre le temps de la regarder lorsqu'elle incarnait aussi bien la gourmandise alors qu'elle engloutissait mon ragout. Je me raclais la gorge pour lui signaler ma présence, un sourire amusé aux lèvres. "Je l'ai fait dans ce but, régale toi" lui répondis-je en restant bien droit dans mes habits de prêtre avant de me crisper. "Bien sûr, quand tu voudras que je me charge de tes bandages, je le ferais" ajoutais-je bien que je ne menais pas large à l'idée de toucher à nouveau sa peau. La tentation devenait de plus en plus forte et que je me demandais comment je faisais pour rester aussi calme et stoïque face à elle.
Justement, Maureen ne voulait pas dormir, elle ne voulait pas avoir la faiblesse de fermer les yeux au risque de se rendre compte que tout ceci n’était qu’un rêve. Les paroles de Virgile l’avaient touchée au plus profond de son âme plus sûrement qu’un poignard, au même titre que l’anneau qu’il avait soigneusement remis entre ses mains… la symbolique était parfaite car il semblait lui remettre son cœur d’un même temps, poussant la jolie irlandaise bien au-delà de ses derniers retranchements. Il était bien le seul être au monde capable de la déstabiliser, au moins qu’un magnifique sourire ne prenne possession de ses traits de porcelaine d’ordinaire si froids, et ce tandis qu’elle observait ce présent qu’il lui faisait pour la seconde fois. « Je te promets de ne pas le mettre à l’annulaire à moins que tu ne me le demandes » murmura-t-elle avant de plonger dans un profond sommeil, l’intégralité de son corps réclamant ce repos, ce calme auquel elle n’avait plus pu prétendre depuis cette nuit… cette fameuse nuit où elle s’était fait passer pour morte et où leurs deux cœurs avaient été brisés. Comme toujours, Virgile parvint au miracle de l’apaiser plusieurs heures d’à filée, mais cela n’empêcha pas aux souvenirs traumatisants de la demoiselle de refaire surface, transformant ses rêves en cauchemars tandis qu’elle poussait des hurlements terribles, incapable de se réveiller malgré la douleur insupportable lui sciant les membres. Maureen ne sut comment elle parvint à être apaisée à nouveau, mais elle n’ouvrit réellement un œil que vers les dix heures du matin, découvrant avec stupeur que le lit était vide et qu’il n’y avait plus aucune trace de Virgile. Avait-elle rêvé ou l’avait-il serrée contre son cœur toute la nuit durant ?
Péniblement, la jolie irlandaise s’extirpa de la couverture, son corps encore plus douloureux que la veille l’empêchant de pouvoir faire de grands gestes. Elle dû s’y reprendre à plusieurs fois avant d’être en mesure de se lever, titubant jusqu’à la cuisine sans qu’elle n’y entende le moindre bruit… excepté celui d’un plat en train de cuire doucement, et dont l’odeur embaumait littéralement la pièce. Diable… Virgile avait fait SON RAGOUT ! Si elle avait pu courir pour se jeter dessus, elle l’aurait probablement fait. Mais Maureen y parvint à son rythme, se délectant du fait que justement, une assiette blindée de tranches de pain se trouvait juste à côté. Elle prit trois tranches pour goûter ce délice semblable à une infernale tentation, s’essuyant au fur et à mesure grâce à un torchon proche à sa portée. Comme s’il avait tout prémédité ! Et d’ailleurs, ce fut uniquement un raclement de gorge qui la fit se retourner, suffisamment brutalement pour la faire grimacer de douleur tandis qu’elle mâchait rapidement sa dernière bouchée. Il ne s’agirait pas de manquer de classe ! « Pas ma faute… j’y résiste pas à ton ragout et tu le sais très bien ! Et puis j’avais faim » se défendit-elle tandis qu’elle finissait sa tranche de pain avec délectation, sans pour autant quitter le prête du regard, qui devait être depuis longtemps en tenue d’homme d’église. « Avant que je ne parte… il faudrait que tu m’aides à changer mes bandages. Je pourrais faire la plupart mais je ne peux pas désinfecter mon dos. » Maureen avait conscience de lui en demander bien trop… mais elle n’avait pas le choix, bien qu’elle n’ait aucunement l’intention de lui imposer sa présence plus que nécessaire.
Bien sûr, il avait fallu qu'elle me le demande maintenant quand j'étais le moins préparer à faire face à son corps meurtri mais qui restait ce qu'il était : hautement désirable. Je me fustigeais d'avoir une telle pensée alors qu'elle souffrait manifestement à croire que mon abstinence forcée m'avait enlevé toute lucidité. "Je..." commençais-je sans trouver les mots tant la peine me déchirait le coeur en ayant conscience que peut-être, nous vivions nos derniers instants tous les deux. Maureen allait s'éloigner et fatalement, je comprenais que ce moment risquait d'être le dernier "Je vais aller chercher de quoi nettoyer ta blessure" me contentais-je de lui dire avant d'aller farfouiller dans un placard, lui tournant le dos pour me soustraire de l'image qu'elle m'offrait involontairement. Quelques instants plus tard, je tirais une chaise pour venir m'asseoir derrière elle, grimaçant en voyant l'étendu de ses blessures. "Si je te fais souffrir, dis le moi, je ne veux pas aggraver tes blessures ni même provoquer d'autres souffrances que je pourrais éviter" la priais-je avant de prendre du coton et de l'imbiber avec le désinfectant heureusement sans alcool. Alors, avec des gestes précautionneux, je commençais à nettoyer une à une les marques de coups de fouet, tout en me révoltant intérieurement. Une personne avait osé porté la main sur elle et je ne pouvais lui pardonner même si Dieu le désirait. Que son âme soit vouée pour l'éternité aux tourments de l'enfer et encore, cette condamnation était encore trop douce à mon goût. "Reste" craquais-je au bout de cinq minutes de silence. Je ne pouvais pas la renvoyer je ne sais où en la sachant si vulnérable et surtout loin de moi. Que Dieu me pardonne ma faiblesse mais cette femme était trop importante pour moi pour ne pas lui demander de rester, pour ne la supplier. "Reste ici au moins quelques jours, le temps de t'en remettre Maureen. S'il te plait" la priais-je alors que je lui refaisais ses bandages, conscient qu'elle allait peut-être refusé et que je jouais avec le feu, avec nos sentiments. Je me sentais coupable à plusieurs niveau mais comment pouvais-je renoncer à elle alors qu'elle était tout ce que j'aimais sur Terre? Je ne pouvais pas fermer les yeux alors que la femme que j'aimais souffrait et risquait sa vie tous les jours. "S'il te plait" murmurais-je à nouveau. Je savais que je lui demandais l'impossible tout en jouant avec le feu mais je savais également que je ne pourrais passer un jour de plus en la sachant en vie, loin de moi. J'aimais cette femme plus que ma propre vie et que Dieu en soit témoin, elle était l'unique personne capable de me faire renoncer à ma foi. Le seul problème résidait dans sa nouvelle vie. Il n'y avait pas de place pour moi et combien même, je renonçais à mes vœux, je serais toujours condamné par son monde. En un mot comme en sang, notre histoire était condamnée à l'échec mais les plus belles histoires n'étaient-elles pas les plus tragiques? C'est sur cette pensée que je me relevais. "Nous pourrions... je...Maureen, j'ai la folie et le désespoir de vouloir rien qu'une fois, toi et moi, te protéger même l'espace d'un jour, d'une semaine de cette folie dans laquelle tu as plongé pour me sauver alors si je dois être damné à l'enfer qu'il en soit ainsi" repris-je en lui proposant ni plus ni moins d'oublier nos deux mondes respectifs le temps d'un instant. Juste elle et moi, comme avant. Dieu pardonne à ceux qui s'aiment non?
Dernière édition par Virgile P. McLane le Ven 2 Aoû - 14:56, édité 1 fois
Un bref sourire reprit possession des traits de Maureen alors qu’elle finissait sa dernière bouchée. A vrai dire, la jolie irlandaise ne savait pas si elle devait être touchée par l’attention délicate qu’il avait eue à son encontre ou contrariée parce qu’il s’agissait d’une prise en pitié de l’homme d’église… l’un dans l’autre, sa garde était baissée et cette situation se révélait plus complexe encore que ce à quoi elle avait été confronté la veille. Son passé était lumineux, mais son présent et son futur restaient synonymes de chaos. Le symbole même de son bonheur se trouvait en face d’elle et pourtant, elle ne pouvait même pas le frôler du bout des doigts. Il lui était à jamais interdit, mais contre toute attente, cette idée la fit sourire de façon étrange. Ne jamais pleurer sur le passé, se concentrer sur le présent. Il était sain et sauf et fondamentalement il n’y avait que cela qu’elle souhaitait retenir. « C’est très délicat de ta part, comme toujours » nota-t-elle sans pour autant se tourner à nouveau vers son ragout. La vérité, c’est qu’elle était contrainte à se retenir à une table pour ne pas vaciller et qu’elle ne risquait pas d’aller bien loin dans un état pareil. Pourtant, elle se devait de s’éloigner. C’était vital pour sa santé mentale puisqu’il se refusait à elle, mais plus que tout, elle devait continuer de le garder à l’abri. « A vrai dire je voudrais les changer maintenant » reprit-elle tandis que son sourire disparaissait de seconde en seconde « il faudrait que je m’éloigne après. C’est… plus sage je suppose. » Quel contrôle ! Maureen se surprenait. Mais rien de très étonnant quand on la connaissait, et ce bien que leurs sentiments renouvelés mettent son cœur au supplice.
Rien ne sembla cependant l’empêcher de se diriger maladroitement vers la première chaise à sa portée, titubant à moitié tandis que chaque pas lui sciait littéralement tous les membres. Elle ôta délicatement sa chemise d’un noir parfait pour la poser sur la table de la cuisine, pour mieux défaire les bandages faits par Dante en commençant par ceux de son dos, seul endroit pour lequel elle avait besoin de l’assistance de Virgile. La question restait néanmoins posée : allait-il rester aussi stoïque qu’elle, la questionner, la forcer à rester ? La troisième option était peu probable. Il devait se maîtriser de son côté, et ce bien qu’en l’absence de ses bandages des traces de fouets profondes soient parfaitement visibles. « N’importe quel désinfectant fera l’affaire, ne t’inquiètes pas. » Il faut dire qu’elle se moquait bien du désinfectant alors qu’elle devait cacher sa poitrine nue en plus de tout le reste au regard du seul homme au monde capable de la déstabiliser…
La folie du désespoir m'avait saisi en plein vol alors que cette femme allait partir et peut-être ne jamais revenir. Je ne pouvais pas fermer les yeux et faire comme si de rien n'était, retourner à mes affaires ecclésiastiques et me dire que la vie continue. Cette nuit, à la tenir dans mes bras m'avait prouvé que nul paradis ne pouvait m'apporter autant d'apaisement et de bonheur que cette femme. Pour elle, j'étais prêt à me damner, à succomber à cet appel vieux depuis des millénaires appelé l'amour. Combien de prêtre avait failli devant une femme et avait entamé une relation clandestine? Combien d'enfants nés de ces relations avaient vu le jour? Tous ses scandales qui avaient éclaboussé l'Eglise au fil des années. Je n'avais pas prêté serment de servir l'Eglise mais Dieu lui-même. Est-ce que ce dernier condamnerait mon amour pour Maureen avec autant de force que le ferait l'église elle-même? Cette question me taraudait alors que la femme de ma vie venait se blottir dans mes bras. Aussi, prenant garde à ses blessures, je la serrais contre mon cœur pour qu'elle puisse entendre ses battements désordonnés. Je l'aimais et mon cœur saignait de ne pouvoir exprimer cette affection que je ressentais pour elle. "Je ne sais plus quoi faire Maureen. Ma tête me prie de renoncer à cet espoir fou que tu as su insufflé en moi en réapparaissant dans ma vie et mon cœur me supplie de ne pas te laisser partir. Jamais, je ne m'étais senti aussi tiraillé. Nous nous aimons ma jolie irlandaise, comment pourrais-je oublié cela et continuer ma vie alors que tu as toujours été celle qui rythmait les battements de mon cœur depuis notre rencontre et bien avant. J'ai l'impression d'avoir toujours vécu pour te rencontrer, pour t'aimer" lui avouais-je avec l'énergie du désespoir tant sa douleur ressemblait à la mienne. Ma belle irlandaise me demanda alors ce que j'attendais d'elle. Je ne savais plus quoi faire, j'étais partagé entre ma foi et mon amour, entre ma raison et mon coeur, entre la raison et la déraison. "Ce que j'attends de toi? Maureen, j'attends toujours la même chose qu'il y a quatre ans, te voir heureuse, te rendre heureuse mais j'ai peur que cela ne me soit impossible pas dans l'état actuel des choses" commençais-je en liant mon regard au sien, caressant sa joue du bout des doigts avant de poser mon front contre le sien avant de la laisser se blottir tout contre moi. Ma main vint s'égarer dans sa longue chevelure et je la berçais contre mon cœur. "Reste. Pardonne ma lâcheté mon amour mais je suis incapable de te laisser quitter ma vie une nouvelle fois. Tu m'as ramené à la vie Maureen, ne m'abandonne pas à nouveau, je t'en conjure"
Cette séance de soins avait oublié d’être une partie de plaisir, tant et si bien que Maureen se crispait et gémissait à chaque passage du coton contre sa peau meurtrie. Elle risquait d’avoir d’imposantes cicatrices, mais pour l’heure, elle se contentait de subir en ne sachant pas le moins du monde à quelle sauce elle allait être mangée. Il faut dire que Virgile la surprit au-delà des mots lorsqu’il reprit la parole, et heureusement qu’il ne pouvait pas voir son visage car elle demeura bouche bée de très longues et pénibles secondes. Il lui demandait de rester, vraiment ? Après lui avoir asséné à maintes reprises le fait qu’il était un homme d’église et que rien de tout ce qu’ils avaient partagé ne pourrait plus exister que dans leurs souvenirs… Maureen n’était pas quelqu’un que l’on déstabilisait facilement, elle était même tout l’inverse. On pliait avant elle bien souvent tandis qu’elle se targuait de laisser les évènements lui glisser dessus sans jamais qu’ils ne sachent prendre réellement prise… mais là, c’était foncièrement différent. Tout ce qui touchait à Virgile ne pouvait que l’être. « Oh Virgile… » murmura-t-elle alors qu’il finissait son bandage, comme s’il était devenu la folie incarnée et qu’il lui incombait à elle, le manque de raison par excellence en temps normal, de garder les pieds sur terre. Ce qu’il osait lui demander était impossible et lacérait son cœur et son corps plus sûrement encore que les coups de fouet qu’elle avait reçus la veille. Péniblement, elle finit par se relever à son tour, ayant abandonné son masque de froideur pour laisser l’émotion s’emparer d’elle, surtout maintenant qu’elle constatait la sincérité de Virgile contre ses traits. Si la jolie irlandaise s’était écoutée, elle aurait arraché le vêtement de prêtre qu’il portait sur le champ, afin que celui-ci ne soit plus qu’un mauvais souvenir… mais à la place, elle s’approcha en titubant à moitié et, sans une seconde d’hésitation supplémentaire, combla définitivement la distance entre eux pour que ses lèvres soient siennes à nouveau.
Combien de fois avait-elle désiré cet instant en quatre ans ? Maureen avait cessé de compter. Il s’agissait bien de l’une des rares choses qu’elle n’avait partagée avec personne, pas même son cousin Shaun qui se serait empressé de la traiter d’idiote. Certes, sa passion était un peu diminuée par sa faiblesse physique générale mais elle avait l’impression de reprendre le contrôle sur son existence, d’être à nouveau entière par ce simple contact qui ne manqua pas de se finir en douceur, lentement, comme s’ils ne voulaient ni l’un ni l’autre que leur cocon protecteur soit brisé. Maureen finit par lever la main pour atteindre la joue de Virgile, lentement mais sûrement, refusant de renier tout contact physique en bottant d’un même temps le cul à sa raison. « Mon amour tu es tellement romantique… tu l’as toujours été. » La jolie irlandaise esquissa un faible sourire avant de reprendre aussitôt, sans perdre davantage de temps : « Mais Virgile si je reste nous savons toi et moi que l’on aura du mal à rester simplement l’un à côté de l’autre… sans se toucher, sans rien se promettre comme auparavant. Si je reste et que je suis simplement allongée sur un lit sans rien d’autre que ce sentiment de froid que j’ai ressenti l’autre jour dans ton église, sans ton contact, sans toi à mes côtés… je ne tiendrais pas. Je finirais par partir parce que si je peux endurer la torture que j’ai subis il y a quelques jours, là c’est trop me demander. Mais si je reste et que l’on cède… je n’arriverais pas à partir. » Maureen ne le lâchait pas des yeux, s’écartant néanmoins pour lui laisser de l’espace, l’opportunité de décider et de faire preuve de raison s’il ne voulait pas être condamné à l’enfer justement. Serait-il plus fort qu’elle ? L’intégralité de l’âme de la jolie irlandaise lui hurlait tacitement de ne pas l’être, justement… même s’il lui faudrait forcément partir à un moment donné, se confrontant ainsi à nouveau à la réalité de son quotidien, elle ne voulait plus le perdre. « Qu’est-ce que tu attends de moi, Virgile ? » Elle se serait giflée. Il lui demandait de rester et elle, comme une gourde, elle lui laissait encore le choix de revenir sur sa décision ! Finalement, la jeune femme se rapprocha jusqu’à blottir son corps meurtri et douloureux contre le sien. Ce n’est qu’une fois à l’abri qu’elle dévoila dans un souffle : « demande-le moi encore que je puisse céder… »
Accueil 
