Maureen n'aurait jamais accepté d'assister à ce maudit gala en présence de toute la Mafia de New York si elle n'avait pas été pleinement guérie. A vrai dire, ces quelques jours en présence de Virgile avaient été un magnifique salut pour la jolie irlandaise. L'homme d'église pouvait se targuer de lui avoir sauvé la vie, et ce bien que le départ fut un considérable déchirement pour elle. Hélas, il appartenait toujours à son habit d'ecclésiaste et elle restait la tueuse la plus dangereuse du monde, agissant pour la Mafia, tout en étant elle-même l'un des parrains de cette organisation criminelle… elle avait beau représenter l'Irlande au sein de la Grande Pomme, elle n'en n'était pas moins crainte et ne pouvait guère se soustraire à ses responsabilités, bien que l'envie de rester simplement auprès de Virgile soit diablement vigoureuse. En dépit de tout ce qu'elle avait pu vivre jusqu'ici, cette soirée ne risquait pas d'être une promenade de santé. Cela ne l'était jamais dès que de nombreux parrains se réunissaient mais ce que Maureen ignorait jusqu'à lors, c'est que l'un d'entre eux l'avait particulièrement dans sa ligne de mire. Il se moquait bien de l'influence de celle-ci, du danger qu'elle représentait ou bien encore de la robe étourdissante qu'elle portait ce soir, rien ne sembla l'empêcher de faire venir trois prêtres dans la gueule du loup, comme s'il avait compris qu'elle éprouvait des sentiments pour l'un d'entre eux et qu'il lui fallait avoir ce maudit moyen de pression à portée de sa main…
« Dante dites-moi que l'on va bientôt pouvoir s'extraire à ses abrutis où il va y avoir des nuques brisées. D'autant que je vous rappelle que nous avons une mission vous et moi ! » Son assistant toujours à ses talons, Maureen était accaparée par la plupart des invités mais son désir restait d'en finir rapidement et sans bavure. Elle faisait illusion avec brio, une coupe de champagne à la main -bien qu'elle n'en n'avait pas bu une gorgée, mais son sourire feint disparut aussitôt lorsque les trois prêtres se pointèrent à l'entrée de la réception. Par chance, personne d'autre ne les avaient vus, aussi la jolie irlandaise se déplaça-t-elle jusqu'à eux le plus discrètement possible. Son cœur battait à vive allure, car si elle n'avait cure des deux autres prêtres ici présents… Virgile n'avait jamais été autant exposé. Cette fois-ci, elle ne pourrait pas le sauver par un tour de passe-passe ! « Bordel de nom de dieu mais qu'est-ce que vous faites ici ?! Vous êtes malade de vous pointer au milieu de toute la Mafia, vous voulez crever !? » Maureen avait murmuré ses mots suffisamment bas pour qu'ils soient la seule à l'entendre, tandis qu'elle les incitait à la suivre jusqu'à une pièce vide. Elle avait juste eut le temps de faire signe à Dante qu'elle s'éloignait… en espérant que personne d'autre ne les avait vus.
« Mon père, vous vous devez d'assister à ce gala de charité, pensez donc à l'argent que nous pourrions obtenir grâce à votre aide pour l'église et pour nos orphelins » soupirait Marie-Catherine pour me convaincre de me rendre à cette mondanité à laquelle j'avais été convié, moi, un petit prêtre du Queens. Sans vouloir être paranoïaque, depuis le retour de Maureen dans ma vie, je me méfiais jusqu'à de mon ombre. « Je ne sais pas si ces personnes sont aussi préoccupés du toit qui fuit ou même des prochaines vacances de nos enfants ma sœur » rétorquais-je tout en évitant soigneusement de croiser son regard. Depuis ces fameux jours, j'avais l'impression que le mot coupable était écrit au fer rouge sur mon front et cela me rongeait, partagé entre mon amour pour une femme et celui pour Dieu. « Mais mon père, vous ne serez pas seul, j'ai ouï dire que les pères Johnson et Eggart sont aussi conviés à cette soirée » reprit-elle avec conviction, me forçant à lever les yeux de mes papiers pour l'observer avec amusement « Les potins ne sont pas de votre rang sœur Marie-Catherine » la taquinais-je. La jeune femme rougit sous mon sourire et j'éclatais de rire, ravi de détendre l'atmosphère. « D'accord, j'assisterai à cette soirée, vous avez gagné ! » terminais-je par me rendre. Aussitôt, la nonne s'écria « parfait, je vais de ce pas vous préparer votre soutane des grandes occasions » et je fermais les yeux, renversant ma tête en arrière contre le dossier de ma chaise. Après tout, cela ne me ferait pas de mal et puis l'église avait besoin de cet argent pour pouvoir faire les rénovations plus que conséquentes et urgentes.
Du moins, je le pensais toujours jusqu'à ce que j'aperçoive Maureen foncer droit sur notre charmant trio et nous conduire dans une pièce à part. Elle était magnifique et je dus faire un effort pour détourner mon regard de son corps sublimement mis valeur par le fourreau qu'elle portait. « Nous n'étions pas le moins du monde au courant, nous étions sensés assister à un gala de charité en vue de récolter des fonds pour nos églises respectives » lui répondis-je avant que les deux prêtres, inquiets ne nous interroge sur ce qui se passait. « Tout va bien messieurs, nous allons simplement repartir. Cette soirée est annulée » pris-je les devants en espérant en effet pouvoir repartir comme si de rien n'était bien que la tentation de rester auprès de cette femme me tenaillait surtout en la voyant aussi en beauté. Seulement, le temps n'était pas à la rêverie ! « Par où pouvons-nous partir Maureen ? » lui demandais-je tout bas, lui faisant tacitement confiance pour nous sortir des ennuis. Je n'étais ni un tueur, ni un commando.
Sortir d'ici discrètement ne risquait pas d'être évident. C'était une chance pour les trois prêtres d'être en présence d'une femme ayant l'habitude des missions impossibles et du danger dans son image la plus véridique. Virgile avait beau être d'un calme qui ne la surprit guère, Maureen dû cependant lui mettre les points sur les virgules afin qu'il se tienne prêt à affronter ce qu'ils auraient sûrement à affronter… « Ce n'est pas si simple et je pense que tu en as conscience ! Virgile en général quand c'est trop beau pour être vrai, ça l'est ! Je vais faire ce que je peux pour vous ramener là d'où vous venez mais il va falloir que vous me suiviez et que vous me fassiez confiance… je ne veux pas de commentaire, vu ? » Par chance, Dante arrivait justement pour lui faire signe que la voie était libre s'ils empruntaient la deuxième porte de la pièce. Il allait faire diversion, comme toujours, et Maureen lui fit signe de rester disponible grâce à son oreillette… quitte à ce qu'il ne doive l'appeler en cas d'urgence. Mais en attendant, la jeune femme ôta ses talons et remonta légèrement sa robe fendue pour l'attacher sur elle-même, montrant certes ses cuisses galbées mais s'offrant avant toute chose la possibilité de meilleurs mouvements. Le quatuor improbable emprunta un premier long couloir désert, tandis que Maureen maudissait le fait que les tenues des trois prêtres soient aussi voyantes : il n'y avait hélas pas la moindre chance qu'ils ne puissent se changer et ainsi mieux se fondre dans la masse… elle allait donc faire avec. La situation se corsa lorsqu'ils furent en mesure d'atteindre l'ascenseur qui lui conduirait vers le parking de l'immeuble, car celui-ci était malheureusement gardé par une espèce de mastoque, sûrement responsable de la sécurité. « Je vais faire diversion pendant que vous appelez l'ascenseur. Vous ne vous retournez pas, vous n'éprouvez pas la moindre hésitation et vous m'attendez dans le parking en vous cachant derrière la première voiture que vous trouverez à portée de main. Rapidité, discrétion et précision ! »
Maureen se dirigea effectivement félinement face à cet homme pour détourner son attention, usant de son charme proprement dangereux pour permettre aux trois prêtres de prendre l'ascenseur. Par chance, ils furent fidèles au plan qu'elle leur avait imposé, lui permettant de les rejoindre moins de dix minutes plus tard… « Bien joué ! Maintenant suivez-moi, il va falloir éviter les caméras. Restez dans mes pas ! » La jolie irlandaise commençait à avoir froid aux pieds à force qu'ils soient nus, mais elle mit cette donnée de côté tandis qu'elle ouvrait le coffre du 4x4 en sa possession. Pour l'instant, personne ne les avaient vus ou suivis à priori, Maureen démarra donc sans attendre et quitta le parking sans encombre. Cela ne signifiait pas nécessairement qu'ils étaient tirés d'affaire, puisqu'ils ne le seraient véritablement qu'une fois de retour dans leurs églises respectives, mais c'était une première victoire… « Pour l'instant personne ne nous colle au train, c'est déjà ça ! Mais restez vigilants, on ne sait jamais. »
La tension était palpable dans le petit groupe hétéroclite que nous formions tous les quatre. En même temps, une femme et trois prêtres jouant les petits commandos, ce n'était pas tous les jours que nous pouvions apercevoir cela. Toutefois, j'étais le seul à connaitre les véritables enjeux de cette fuite, connaissant cette femme mieux que n'importe qui -du moins, j'aimais me dire que je la connaissais bien que j'ignorais encore tout de la Maureen mafieuse. Ce n'était pas un monde pour moi et ne le serait jamais mais j'avais du mal à me dire qu'il me fallait abandonner cette femme. Elle m'était bien trop précieuse bien que je conservais cette posture distante par égard pour mes confrères. « D'accord… Maureen, sois prudente s'il te plait » lui demandais-je en attrapant son poignet pour ne pas qu'elle se sauve trop vite mais je finis par la lâcher conscient qu'elle était la seule à pouvoir nous aider malgré les protestations des deux prêtres « Voyons Père McLane, nous ne pouvons reposer notre sécurité sur une femme ! Les femmes ne sont pas fiables, rappelez-vous notre sainte bible » rouspéta le plus vieux des deux. Un conservateur des traditions désuètes que je condamnais la plupart du temps « Vous pouvez aussi tenter votre chance mon père mais je crains fort que vous ne surviviez très longtemps malgré le salut de notre seigneur » répondis-je froidement avant d'aller appeler l'ascenseur, obéissant à Maureen. Il n'était pas temps de palabrer plus que de raison, il fallait agir vite. Poussant les deux autres prêtres dans l'ascenseur, je nous fis descendre au parking où les dix minutes qui s'écoulèrent furent les plus longues de ma vie tant je m'inquiétais pour la femme que j'aimais -bien qu'il fallait que j'évite de trop le montrer ; « Comment diable connaissez-vous cette femme ? » me demanda le deuxième et je soupirais « Une amie d'enfance » clair et concis et loin de la vérité bien que je ne mentais pas. Je connaissais Maureen depuis des années et nous avions été amis fut une époque avant que l'amour ne nous rattrape. Je fus donc soulagé de revoir mon irlandais revenir bien que je rêvais de faire descendre sa robe sur ses jambes tant je détestais l'idée que des hommes puissent se rincer l'œil -même si actuellement, la menace était toute autre. « Nous te suivons » lui assurais-je avant de lui emboiter le pas, silencieux, m'assurant que les deux prêtres nous suivaient bel et bien. « Je suis désolé Maureen » m'excusais-je dans un murmure, de la mettre ainsi en difficulté pour nous aider. C'était de loin mon intention première et je tenais à ce qu'elle le sache.
Maureen faisait attention à ce que personne ne les suive mais autant dire qu'elle n'aurait pas imaginé une seconde que cette soirée puisse finir de cette façon. Une chance que les deux autres prêtres lui aient demandé à être conduits à deux églises relativement proches car il n'était pas dit qu'une trop longue distance ne finisse pas par les mettre en danger. La jolie irlandaise finit donc par déposer l'un, puis l'autre, dans le silence le plus total, tout en sachant qu'ils ne la portaient sûrement pas dans leurs cœurs du simple fait qu'elle soit une femme. Mais une fois seule avec Virgile dans le véhicule, elle se permit d'éclater de rire. « Bah dis donc, ils sont pas commodes ceux-là ! S'ils avaient eu une mitraillette à la place des yeux je serais morte depuis longtemps ! A moins qu'ils aient manqué la syncope quand j'ai remonté ma robe c'est possible. » Maureen se permettait un discours un peu plus détendu mais à vrai dire, elle respirait enfin. Elle détestait par-dessus tout que l'on soit dépendante d'elle, surtout deux prêtres dont elle n'avait que faire et qui semblaient prêts à la damner sur le champ pour faire partie de la Mafia, même si elle leur avait tout de même sauvé la vie. « C'est moi qui suis désolée, Virg'. C'est par pure vengeance qu'un concurrent vous a mis en danger tous les trois ce soir. Tu peux me faire confiance, il va regretter amèrement son sale petit jeu sournois ! » maugréa Maureen alors qu'elle serrait davantage ses mains contre son volant. Mais bientôt, elle prit une route pour sortir de New York, consciente de la folie se profilant à l'horizon mais n'ayant premièrement cure des conséquences : ils avaient tous risqué gros ce soir, tant et si bien qu'il était interdit de craindre pire…
« Je sais, je ne te ramène pas à ton église et tes deux camarades pourront me damner sur le champ mais je n'ai aucune envie de te ramener tout de suite. Quitte à t'avoir sous la main, je peux bien en profiter un peu non ? » Certes, Virgile avait ses obligations d'homme d'église et était probablement attendu par les nonnes dont il avait la charge en tant qu'ecclésiaste mais la jolie irlandaise mettait tout de même ce genre de détail de côté. Bientôt, elle s'arrêta devant un chalet bien en dehors de New York, où elle se réfugiait et où son jumeau avait séjourné jusque très récemment. Bien sûr, si elle arrêta la voiture, Maureen n'en descendit pas immédiatement : elle voulait laisser le choix à l'homme se trouvant à ses côtés. « Je sais que tu vas sûrement me détester pour ça mais tu me connais… je profite de chaque occasion comme si c'était la dernière. Alors je peux te ramener dans ta froide église à veiller sur des nonnes sûrement très sympathiques… ou tu peux juste passer cette nuit avec moi car je m'en vais demain pour Hong Kong dans le cadre d'un contrat. »
« Ils viennent d'un mouvement catholique conservateur au possible. Pour eux, la femme n'est là que pour servir son mari et lui donner des enfants. Préservatif, contraception, droit des femmes, ça leur passe bien évidement au-dessus de la tête » soupirais-je n'étant moi-même pas d'accord avec leurs idées mais ils faisaient partie de l'église et à ce titre, je leur devais le même respect qu'ils me devaient. « Et ils ne sont pas les seuls à avoir fait une syncope » marmonnais-je dans ma barbe tandis que je regardais les immeubles défiler car j'avais cru que mon cœur aillait défaillir en voyant ses jambes finement galbées qui me rappelaient tellement nos étreintes passaient. Bon sang, plus le temps passait et moins j'arrivais à faire taire mes pensées les plus obscènes. Le pire c'était que celles-ci étaient décuplées en sa présence et nos baisers échangés quelques jours plus tôt, n'avaient pas rendu les choses aisées de mon côté. « Tu sais que je ne peux pas encourager ta vengeance car je ne peux tolérer qu'un homme se fasse tuer même s'il a cherché à me tuer moi-même mais nous savions que cela pouvait arriver. J'étais prévenu et j'en ai fait l'amère découverte ce soir. Je te remercie pour ton aide même si je crains qu'avec tout ce tapage, l'évêque ne me tombe dessus pour savoir quels sont mes liens avec toi » lui expliquais-je à demi-mot mais tant que le diocèse ne pensait pas que nous avions une relation clandestine, je ne risquais pas grand-chose si ce n'est un remontage de soutane. C'est alors que je remarquais que le chemin emprunté n'était pas celui me ramenant à mon église. Je me faisais tout simplement kidnapper mais au lieu de m'inquiéter, je ne pouvais que sourire face à ce comportement pour le moins impulsif de ma belle irlandaise. « Il me semble que le choix est vite trouvé non ? Tu sais que je ne rechigne jamais à passer du temps avec toi-même si nous poussons à chaque fois les limites de nos propres frustrations. Seras-tu absente longtemps ? » Lui demandais-je en me gardant bien de lui demander des détails sur ce fameux contrat. Il y avait des aspects de la vie de Maureen que je préférais ignorer pour le bien de ma conscience mais aussi le salut de notre étrange couple. « Où sommes-nous ? » la questionnais-je par la suite en sortant de la voiture, prenant une longue inspiration dans cette fraiche soirée. L'endroit était paisible comme coupé de tout et cela me permit de calmer mes nerfs mis à rude épreuve ce soir malgré la nonchalance que je n'avais eu de cesse d'afficher. Finalement, elle avait eu une bonne idée.
« Ne me dis pas que tu as manqué d'avoir une syncope ! Tu m'as déjà vue nue pourtant contrairement à eux… » Maureen éclata de rire avant de ne descendre de véhicule, absolument ravie que Virgile accepte cette nuit en ces lieux. Le chalet risquait de lui changer considérablement de son existence appauvrie, et ce bien que l'intérieur ne soit aucunement semblable à une suite de palace. Il était à la fois simple et décoré avec goût, fourni et fonctionnel, en un mot comme en cent il ressemblait parfaitement à Maureen et à ses besoins en matière de cocon protecteur. Elle n'hésita donc pas à lui prendre la main une fois qu'ils furent entrés, prenant bien le soin de remettre l'alarme extérieure au cas où afin de ne surtout pas être surprise, avant de lui faire visiter chaque pièce entretenue avec soin… la jolie irlandaise payait du personnel de confiance pour ça lorsqu'elle n'avait pas la possibilité de le faire elle-même. « Nous sommes dans mon petit repère, en fait. Anton y a longtemps vécu à l'abri des ennemis de mon père après la mort de notre mère et la perte de sa vue… mais depuis quelques temps il insiste pour vivre avec moi à New York, alors j'ai fini par céder ! Je viens ici quand j'ai besoin de me ressourcer. Ce chalet a été ma protection pendant de longs mois après avoir disparut il y a quatre ans. Je voulais que tu saches où il est pour… je ne sais pas, si jamais tu as besoin de te ressourcer toi aussi, ou simplement d'avoir l'impression que je ne suis pas loin… il n'y a pas de clef, uniquement un système de sécurité à codes et tu les connais déjà : le première, la date de notre rencontre ; le deuxième, ton anniversaire, et le troisième… le nombre d'enfants que l'on voulait avec tes mois préférés. » Maureen ne rougissait pas, ne haussait même pas les épaules et se contentait simplement d'énoncer ces informations de façon on ne peut plus naturelle. Après tout, comment diable aurait-elle pu oublier qu'ils voulaient trois enfants par le passé, et que Virgile s'amusait à vouloir que l'un naisse au printemps, donc en mars, le deuxième en été, donc en juin, et le troisième en automne, donc en septembre… en définitive, ce chalet leur ressemblait à tous les deux.
« Mais attends je veux te montrer le meilleur ! » s'exclama-t-elle avant de ne se placer derrière lui pour cacher ses yeux. « Il va falloir que tu me fasses confiance pour que je te guide… » lui murmura-t-elle d'une voix malicieuse alors qu'elle l'amenait dans une immense chambre, celle qu'elle avait longuement occupée et qu'Anton ne s'était jamais permis de visiter. Elle n'ôta ses mains aux doigts si fins qu'une fois qu'ils furent à l'intérieur et qu'il put découvrir la pièce la mieux décorée de tout le chalet. Peut-être en souvenir de leur ancien appartement, à vrai dire… à croire que Maureen n'aurait jamais pu se résoudre à oublier, pas alors qu'elle pouvait à nouveau se blottir contre son dos et sentir la peau de son cou frissonner sous ses chastes caresses. « Je ne sais pas combien de temps va durer ce contrat. Je peux être partie trois semaines comme plus longtemps… mais je pense que trois semaines est un minimum, d'où le fait que je saute sur l'occasion pour profiter de ce moment avec toi. » La Maureen insensible ayant sorti les trois prêtres de ce mauvais pas contrastait complètement avec la jeune femme à la fois plus douce et sauvage qu'elle ne s'en permettait d'être qu'en présence de Virgile. D'ailleurs, sa folie la poussait à parcourir délicatement le torse du prêtre du bout de ses doigts, celui-ci étant encore protégé par le vêtement qu'il portait… et dont elle commença à défaire lentement, sensuellement chaque attache. « Peut-être que j'ai envie de te faire choper une syncope supplémentaire… »
« Maureen, je n'ai pas touché une femme depuis quatre ans sans parler d'en avoir vu une nue alors j'ai comment dire… Sous mes habits de prêtre, je reste un homme comme les autres » soupirais-je pour qu'elle comprenne que j'avais des limites à ma patiente et voir ses jambes galbées en faisait partie. Elle m'attirait toujours autant, malgré les années et je devais avouer que plus je la fréquentais et moins j'arrivais à résister à cette tentation. Et pourtant, j'avais prié le ciel pour qu'il me vienne en aide, qu'il m'apporte la force nécessaire de ne pas succomber au péché de la chair mais il continuait de faire la sourde oreille à croire qu'il en avait que faire qu'un pauvre mortel se damne pour l'éternité. Je la suivis rapidement dans le chalet, m'étonnant de me sentir aussi bien dans cette bâtisse mais c'était comme si Maureen était présente partout que ce soit dans les murs, les objets de décoration, tout me faisait penser à elle alors il n'était guère étonnant que je m'y sente comme… chez moi. Oui, c'était la sensation d'être enfin arrivé à demeure qui me saisissait le plus à cet instant précis d'autant plus en sentant les doigts de ma belle irlandaise s'entrelaçaient aux miens. « En effet, cette combinaison ne sera pas trop dure à retenir » murmurais-je sur un ton rauque tant l'émotion me nouait la gorge. Elle n'avait jamais cessé de penser à nous et cette révélation me procurait un bien fou tout en mettant comme un baume apaisant sur mon cœur meurtri. Peu à peu, Maureen arrivait à guérir le trou béant dans ma poitrine. Trou qu'avait causé sa soi-disant mort. Oui, peu à peu, j'avais l'impression de revenir à la vie, sous son regard, ses sourires, rien qu'en écoutant cette voix qui m'avait cruellement manqué. Et c'est donc d'un sourire amusé que je la laissais me guider vers ce qui semblait être la dernière pièce à visiter. « Si tu pouvais m'éviter les murs, cela serait aimable de ta part » la taquinais-je de bon cœur avant qu'elle ne me permette de regarder où nous étions arrivés. « J'ai l'impression de revenir des années en arrière » me confiais-je sans pouvoir m'empêcher de frissonner en sentant ses lèvres sur ma peau. Je sentais que la situation allait déraper mais mon corps se refusait à bouger comme s'il attendait sa part de caresses. Ce traitre. « Maureen » la suppliais-je mais de quoi ? D'arrêter ? De continuer ? Je n'en étais pas sûr moi-même de savoir ce que je voulais mais je finis par poser mes mains sur les siennes, les écartant pour mieux me retourner vers elle. « Je.. » commençais-je à dire dans le but évident de manifester mon incapacité à me laisser aller de cette manière auprès d'elle mais mon regard plongea dans le sien et les mots refusèrent de s'exprimer. « Tu es si belle » murmurais-je en caressant sa joue du bout des doigts « Si attirante » continuais-je alors que mon pouce caressait ses lèvres pleines « la tentation incarnée » terminais-je avant de me pencher pour déposer un doux baiser sur ses lèvres. « Je ne sais pas si je pourrais ma belle irlandaise, j'ai fait le vœu de chasteté et nous le savons tous les deux »
Maureen frissonna brusquement lorsqu'il prononça son nom, ayant elle aussi l'impression de faire un considérable bond de quelques années en arrière. Il n'avait fait que prendre ses mains dans les siennes et la pousser à venir face à lui, mais ce simple geste lui avait apporté plus de réconfort et de chaleur humaine que tout ce qu'elle avait pu vivre en quatre ans. Hélas, il avait nettement plus de contrôle qu'elle n'en n'aurait jamais et rester près de lui sans pouvoir le toucher franchement revenait à lui demander l'impossible. Surtout en sachant qu'elle devait partir le lendemain, Maureen espérait naïvement qu'ils n'auraient rien à retenir, rien à regretter, rien à cacher. Bien sûr, elle se fourvoyait et cette vérité la frappa de plein fouet… Virgile avait beau la complimenter il n'en demeure pas moins qu'à la fin, il la repoussait. « Je sais » lâcha-t-elle dans un pénible soupire tandis qu'elle prenait ses mains afin de les ôter de son visage. S'il croyait à ses paroles alors qu'il ne continue pas à la toucher… sinon cela s'appelait de la tentation gratuite et Maureen trouvait cela d'une extrême cruauté. « Je t'ai laissé le choix pourtant, Virgile… j'aurais pu te ramener. Mais tu as accepté de venir ici… je suis perdue. Tu as peut-être une extraordinaire résistance à la tentation mais personnellement je ne suis pas du tout du genre raisonnable et ça, tu le sais mieux que personne d'autre ! Notre situation est à chier, j'en ai conscience, mais lorsque j'essaye d'être raisonnable tu abdiques et au final… tu m'imposes une douche froide derrière. Tu ne sais pas ce que tu veux, Virgile McLane, et c'est extrêmement déroutant. »
Maureen déglutit avec difficulté avant de s'éloigner de quelques pas pour essayer justement de résister à la tentation qu'il formait. Peut-être pouvait-elle paraître excessive mais il la connaissait assez pour savoir qu'elle se maîtrisait et tâchait d'arrondir les angles… il fut un temps où elle aurait été nettement moins délicate et avenante dans son discours ! « Qu'est-ce que tu attends de moi, exactement ? Parle que je sache ce que je suis censée faire car là je dois avouer que tu me perturbes et qu'à chaque fois j'ai l'impression de mettre les pieds dans le plat. Eclaire-moi et après je suis bonne pour une douche froide ! »
Oui, elle m'avait laissé le choix et j'avais pris la décision de rester mais il était si dur de renoncer à mon serment car que se passerait-il ? Nous nous unirons au sens le plus biblique du terme une nuit puis elle repartirait et je devrais retourner devant mes fidèles en ayant le souvenir d'avoir fauté. Je ne pouvais pas avoir une vie de couple normale et elle non plus, à quoi nous servirait de nous faire du bien si ce n'était que pour mieux souffrir ensuite ?! « La réponse, je ne la connais pas. Je te désire au-delà des mots, au-delà des sensations, tout mon corps vibre de plaisir à l'idée de frôler ta peau, à l'idée de pouvoir me fondre en toi mais qu'est-ce qui se passera par la suite ? Tu partiras je ne sais où faire je ne sais quoi que la morale réprouve tandis que je devrais faire face à mes péchés devant Dieu et mes fidèles. Je t'aime avec la même force que par le passé si ce n'est plus mais je suis perdu. Perdu de savoir ce que tu attends de moi ? Une brève étreinte pour se souvenir du passé ? » Lui demandais-je perdu car oui, Maureen était revenue dans ma vie mais dans quel but ? Raviver la flamme qui n'avait eu de cesse de brûler entre nous pour mieux rester une bonne fois pour toute ou repartir aussi rapidement qu'elle n'était arrivée ? Cela me tuait de ne pas savoir. « Je ne veux pas te perdre, je ne veux pas que tu disparaisses de ma vie mais si tu dois le faire alors je préfère qu'on en reste là. Cela serait trop dur que de continuer sans toi en ayant à nouveau le gout de tes lèvres sur les miennes, d'avoir pu me fondre en toi à en perdre mon âme et la raison. Ne me laisse pas briser mes promesses et mes vœux si c'est pour mieux t'enfuir de ma vie à nouveau. Ne viens pas si c'est pour mieux repartir » la suppliais-je car j'avais envie d'elle mais je craignais tellement que mon cœur se brise à nouveau et que plus rien ne me sauve de la tristesse d'un monde sans Maureen O'Connor. « Ces derniers temps, j'ai beaucoup réfléchi et je sais que ma foi est éprouvée. Si j'avais été si certain du choix que j'ai fait il y a quatre ans, je ne serais pas ici ce soir, devant toi, à me demander si je peux t'aimer sans peur de te voir disparaitre tel un songe venu du passé. Tu es la seule à pouvoir me faire renoncer à l'Eglise mais je te demande simplement une chose. Ne le fais pas si tu n'es pas sûre de pouvoir rester. Ne m'enlève pas la seule chose qui m'a fait tenir dans un monde sans toi. »
Maureen avait hélas l'impression d'être conduite au pilori et la culpabilité ne s'en faisait que plus virulente de seconde en seconde. Les paroles de Virgile étaient aussi aiguisées que des poignards, mettant à la fois sa patience mais aussi ses sentiments les plus profonds à rude épreuve. N'avait-il toujours pas compris qu'elle ne pouvait pas vivre sans lui ? Que le destin s'acharnait toujours à les mettre l'un en face de l'autre, comme s'ils devaient mutuellement se sauver quel qu'en soit le prix ? Sauf que la jolie irlandaise en avait assez de tricher, de se cacher, de passer à côté de ce qui lui donnait réellement l'impression d'être entière et comblée. L'espace d'un instant, elle baissa le regard, non pas de honte mais afin de mesurer pleinement ce qu'elle allait dire car les minutes qui suivraient risquaient d'être capitales. D'ordinaire, ôter la vie d'un homme lui paraissait simple, sans conséquence, totalement dans ses cordes. Mais être face à Virgile et pire, comme soumise à son jugement était une épreuve si difficile qu'elle en peinait à respirer. « Dans quelle langue il faudra que je te le dise pour que ça rentre, Virgile ? Je n'ai pas l'intention de partir et encore moins de t'abandonner ! Mais si ta situation n'est pas simple la mienne ne l'est pas davantage… si tu le souhaites, tu peux rompre tes vœux demain, tu ne seras pas en danger de mort. Moi je suis à la tête de la Mafia irlandaise à New York ! Mon propre père m'a mise à ce poste et bien que je fasse absolument tout ce que je peux pour m'en déloger ce n'est pas aussi simple. Je ne veux pas que tu risques la moindre bricole et encore moins devoir disparaître à nouveau. Mais ce que j'ai en tête c'est de quitter tout ça, de… de vivre la vie que l'on mérite de vivre ensemble parce qu'au cas où tu ne l'aurais pas compris, il n'y a rien sur terre qui m'importe davantage que toi ! »
Maureen prit une grande inspiration, refusant de se laisser dominer par des émotions qu'elle avait déjà su museler auparavant à maintes reprises. Seulement voilà… Virgile était face à elle désormais et feindre n'était guère envisageable. Pas alors que l'issue de cette discussion lui semblait capitale. « Que tu puisses doute à ce point de moi me tue. Je ne suis pas le genre de femme à prendre et à laisser derrière ! C'est vraiment ce que tu penses ? Que je souhaite uniquement m'envoyer en l'air, car il s'agit bien de ça appelons un chat un chat, te planter demain et ne plus jamais réapparaître ? Virgile arrête d'être aveugle… si je t'ai amené ici c'est bien parce que c'est une vie avec toi que je recherche. Je ne veux pas continuer de survivre dans cette existence où il n'y a qu'adrénaline, trahison et mort… je ne peux plus. Je t'aime de tout mon cœur, de toute mon âme et tu es le seul à pouvoir ramener de la lumière dans mon existence vouée à la noirceur. Mais à ton tour arrête de me tourmenter. Si tu te caches derrière toutes ces questions uniquement parce que tu ne veux pas rompre tes vœux, alors dis-le… je ne veux pas de demie mesure. Je n'en n'ai jamais voulu et je n'en voudrais jamais tu le sais très bien. » Maureen le regardait dans les yeux, les yeux brillants, les traits marqués par cette détresse qu'elle ne pouvait plus contenir et pourtant, elle ne se rapprochait pas de lui. Pas encore. « Je suis la tueuse la plus dangereuse du monde et je suis réduite au silence par un prêtre… ainsi soit-il. » Finalement, comme toujours, la jolie irlandaise brisait chacune des barrières de fierté s'opposant à elle pour combler la distance et le manque. Bientôt, elle s'empara fougueusement des lèvres de Virgile tout en entourant son cou de ses bras, rattrapant en une seconde les quatre années d'absence qu'elle lui avait imposées. Cette fois-ci, plus de paroles, des actes. Les mots peuvent être traîtres mais l'irlandais verrait sûrement que ses mains étaient restées les mêmes, ainsi que ses lèvres et ses caresses. Maureen dégrafa donc sa robe sans même hésiter davantage et continua à s'attaquer à chaque attache de la tenue d'ecclésiaste de Virgile… la stopperait-il désormais ?
Maureen était la dernière personne que je desirais tourmenter bien au contraire. Je voulais l'aimer, avoir du temps auprès d'elle malgré nos interdits, malgré tout. Je n'en pouvais plus d'être près d'elle sans pouvoircla toucher, caresser ce magnifique visage, embrasser ses lèvres. Tout en elle trouvait écho en moi comme si nous étions des âmes soeurs. Je me supris à me demander sinous avions vraiment le choix. Après tout, les événements nous avaient prouvé que rien, pas même le temps ne pouvait limer notre amour. Même en la pensant morte, j'avais continué de l'aimer et mon engagement auprès de l'église n'y avait rien changé. "Tu veux quitter la mafia?"n'osais-je pas y croire tant je l'espérais tout en le craignant avec la même force. J'avais si peur qu'elle ne se fasse tuer que je préférais encore fermer les yeux sur ses exactions, de renier mes principes, mes croyances religieuses que de la perdre. "Je n'ai jamais voulu re tourmenter mon amour, je t'aime Maureen. Plus que ma vie, bien plus que ma foi. Tu es ma religion" déclarais-je avec émotions car elle avait raison. Je ne devais plus me cacher derrière mln serment pour la tenir à l'écart mais j'avais tellement souffert lors de sa précédente mort que je craignais de repasser par cet enfer à nouveau mais mon irlandaise ne me laissa plus le temps de réfléchir, prenant les devants. Enfin, le barrage de mes dernières volontés céda laissant cette passion se déverser dans mes veines comme un torrent qui emporta ma raison au loin. Mes mains la debarasserent de sa robe avant de l'aider à m'oter ma soutane. Chaque baiser, chaque caresse était une délivrance pour tous les deux, pour notre amour qui pouvait enfin s' exprimer sans contrainte d'aucune sorte. Avec tendresse, je l'allongeais sur le lit, la surplombant de mon corps avant de me reculer très légèrement "Maureen, cela fait si longtemps que je crains de mal faire" murmurais-je contrit. Il faut dire ce qu'il en était, j'avais vécu comme un homme d'église durant quatre longues années que je craignais de me montrer trop brusque voir trop impatient. Or, je voulais que nos retrouvailles soient parfaites. Mes lèvres effleurerent la ligne de sa mâchoire avant de lentement dériver vers ses lèvres pour mieux les embraser, légèrement avant de se faire plus prononcé, plus passionné. "Tu m'as tellement manqué ma belle irlandaise, mettons fin à cet enfer qui nous tient loin de l'autre" murmurais - je avant de partir explorer ce corps que j'avais tant aimé par le passé. Malgré le désir de me fondre en elle, je pris le temps de savourer chaque seconde de ce moment, reprenant mes repères, cherchant à retrouver toutes ses zones si sensibles pour la faire vibrer.
Cela faisait un moment déjà que l'idée grandissait dans l'esprit de la jolie irlandaise. Quitter la Mafia… autant parler de mission suicide car O'Connor père n'approuverait jamais la chose, surtout pour voir sa fille fricoter avec un homme d'église ! Il risquait de la répudier et de ne plus maîtriser tous les chiens galeux rêvant de la voir six pieds sous terre depuis des années. Pire, il risquait de s'en prendre au seul être sans défense de la famille : Anton, le jumeau de Maureen, ayant perdu la vue de nombreuses années plus tôt et que la jeune femme protégeait comme une lionne veillant sur son petit. Pourtant, Virgile lui avait inspiré cette folie et elle tâchait de s'éloigner peu à peu de cette organisation malfaisante à sa manière… doucement, progressivement, avec tout le génie dont elle était dotée. Hélas, et l'irlandais en avait certainement conscience, la chose risquait de ne pas être aisée ni même rapide à mettre en place. Mais le fait qu'elle en parle prouvait son implication totale dans leur relation mais aussi son peu d'envie de le fuir, de l'abandonner à son triste sort alors qu'il s'éloignait lui-même de cette religion lui ayant sauvé la vie… la culpabilité de Maureen n'avait de cesse de croître et pourtant, elle croyait en leur salut commun. Sinon, jamais elle n'aurait prit le risque de s'avancer à découvert et de s'emparer littéralement de l'intégralité du corps de Virgile, qu'elle rêvait de faire sien depuis que leurs regards s'étaient à nouveau croisés. Bientôt, son habit d'ecclésiaste heurta le sol, rejoignant ainsi la robe de soirée de la demoiselle, amoindrissant ainsi les barrières qu'ils mettaient l'un comme l'autre entre eux et le monde extérieur. Il l'avait à peine allongée sur le lit qu'il frissonnait déjà… sa tendresse lui arrachant un petit sourire malicieux qu'elle ne pouvait décemment retenir. « Tu es tellement mignon mon amour… mais laisse ton inquiétude au placard : même si ce n'est pas parfait la première fois… on a toute la nuit pour recommencer jusqu'à ce que ce le soit ! »
La jolie irlandaise s'empara à nouveau de ses lèvres avec toute la fougue qu'elle avait contenue jusqu'ici, débarrassant progressivement Virgile de son caleçon en plaquant ses cuisses contre ses hanches pour mieux exercer une petite danse qui ne manqua pas de rendre le désir de son prêtre d'autant plus évident à son égard. De son côté, il n'avait besoin que de la frôler pour qu'elle s'enflamme littéralement, sentant son corps se tanguer au fur et à mesure de leurs caresses. Ses petits gémissements en étaient d'ailleurs la preuve la plus évidente… Maureen disait au revoir à son précieux contrôle pour s'abandonner complètement à cette étreinte folle, dangereuse, indescriptible. Elle le voulait, point final. « Ne parle pas d'enfer… avec toi je suis toujours au paradis ! Et puis… dis-toi que tu vas atteindre ce que l'on appelle le septième ciel mon ange » se moqua-t-elle avant de mordiller sournoisement son oreille tandis que ses mains redessinaient le contour de chaque courbe de son corps s'attardant dans son dos où elle n'hésita pas à planter légèrement ses ongles, pour mieux atteindre la ligne de ses fesses galbées. Bon dieu comment avait-elle pu résister aussi longtemps… « Tu es toujours aussi bien foutu, en fait ! » s'exclama-t-elle alors qu'elle se redressait légèrement pour mieux plaquer son corps fin au sien, l'aidant ainsi à lui ôter les dernières barrières de vêtements s'imposant à eux sans oublier d'entourer ses hanches de ses cuisses avec une passion la caractérisant si bien….
La tension était palpable dans toutes les terminaisons nerveuses de mon corps tant je semblais avoir attendu ce moment toute une. Je me sentais dans la peau d'un jeune premier. Maureen avait toujours eu ce pouvoir sur moi, celui de me rendre totalement incapable de lui résister. D'ailleurs, c'était un véritable miracle que d'avoir tenu aussi longtemps à ses côtés sans avoir craqué. J'ignorais où j'avais pu trouver le courage ou la folie de tenir mais si ma chute devait arriver alors je voulais tomber de haut car je n'avais jamais trouvé le repos que dans ses bras. Rien ne semblait plus pouvoir nous empêcher de nous unir et en sentant son corps contre le mien, sa peau au contact de la mienne, je compris que je ne savais même plus à quel saint me vouer. Je n'arrivais plus à avoir une seule pensée cohérente surtout lorsqu'elle me rassura que nous aurions tout le loisir de recommencer autant que nous le voudrions. Cette simple idée m'arracha un long frisson parcourant mon échine dorsale à moins que cela ne soit simplement ses doigts qui me procuraient autant de plaisir. Un léger rire franchit la barrière de mes lèvres "il faut croire que je n'ai jamais cessé de pratiquer le sport avec ton cousin pour garder la forme " et je ne regrettais pas le moins du monde car cela semblait toujours avoir son petit effet sur Maureen. "Tu es toujours aussi magnifique de ton côté ma belle irlandaise, toujours aussi désirable et renversante". D'ailleurs elle fut en passe de me rendre fou lorsqu'elle me ceinturant de ses jambes amenant son bassin contre le mien mais je tins bon malgré l'envie de me fondre en elle d'un long et profond coup de rein. A la place, je laissais mes lèvres glisser le long de sa mâchoire venant se perdre jusqu'à la naissance de sa poitrine, me décalant légèrement sur le côté, glissant une de mes jambes entre les siennes. Avec tendresse et une certaine dévotion, je vins effleurer la pointe durcie de son sein, le goûtant du bout de ma langue avant de l'aspirer entre mes lèvres alors que ma main venait se perde dans l'intérieur de sa cuisse, remontant avec sensualité vers sa fleur de plaisir avant que mes doigts viennent s'immiscer au cœur de sa féminité, la titillant, la caressant pour mieux lui arracher des gémissements de plaisir. Mes lèvres taquinèrent encore un peu cette pointe gorgée de plaisir avant de remonter vers ses lèvres pour partager un baiser liant l'amour à la passion. "Je t'aime" murmurais- je une fois le baiser rompu par faute d’oxygène. Puis, ne tenant plus, je la fis mienne, en douceur, lentement, appréciant de voir ses émotions défiler dans le fond de son regard avant de perdre le contrôle et de me plonger corps et âme dans cette danse magique dont nous avions été privé durant de trop longues années.
« Faudra que je remercie Shaun… aaah ! » Pour quelqu’un n’ayant pas regardé ni même touché une femme en quatre ans, Virgile semblait avoir une mémoire d’éléphant. Les caresses qu’il prodiguait à Maureen furent comme une cascade de plaisir déferlant dans ses veines, la poussant à cambrer littéralement son corps tandis que ses mains s’accrochaient d’ors et déjà au drap. Mais elle n’était pas en reste pour lui faire payer cette lente et délicieuse perte de contrôle… ses doigts revinrent bientôt à l’attaque pour redécouvrir ce corps qu’elles n’avaient cessé de désirer, s’occupant de faire frissonner chaque centimètre de sa peau désormais nue avant qu’elles ne s’attardent plus longuement sur la manifestation de son plaisir. Elle appréciait de le sentir à son tour se cambrer sous le rythme fou de ses doigts, son regard se mettre à briller d’émotion tandis qu’ils se perdaient mutuellement, sensuellement, amoureusement… il fut le premier à mettre un terme à leur lente agonie, se plongeant bientôt dans un terrible corps à corps, dont résultaient les gémissements peuplant seuls l’atmosphère paisible de la chambre. Maureen dégustait ce moment qu’elle jugeait déjà trop court, son corps réclamant encore et encore la présence de Virgile lui ayant tant manqué pendant ces quatre années. Elle se surprit à griffer légèrement les muscles extrêmement tendus de son dos, sentant que le paroxysme de leur étreinte pointait le bout de son nez et qu’un long râle rauque allait se faire entendre… la jolie irlandaise s’abandonna complètement dans les bras de son prête, l’entièrement de son être se tendant vers ce dernier va-et-vient hautement désiré avant que leurs souffles ne se mêlent dans un dernier baiser plus délicat, plus amoureux. Maureen accueillit Virgile entre ses bras, le laissant la surplomber de son corps tandis qu’elle caressait doucement sa chevelure ruisselante de sueur. Pour sûr, ils n’étaient pas prêts d’oublier cet instant.
« Je t’aime… » lui murmura-t-elle à son tour, alors qu’elle se trouvait enfin en mesure d’articuler quelque chose de cohérent. Elle avait encore des millions de choses qu’elle souhaitait partager avec lui, pourtant, une seule phrase lui vint soudainement, après de nombreuses minutes de silence. « Tu vas confesser ce que l’on vient de faire ? » D’accord, cela pouvait sonner ridiculement et surtout réveiller l’éventuelle culpabilité de l’homme d’église mais Maureen tenait à ce qu’il n’ait pas honte de ce qu’ils avaient éprouvé, ressentit, vécu. Elle n’en n’avait pas la moindre honte. Au contraire, elle était fière d’avoir pris ce risque… « Je voudrais que ça reste simplement entre nous au même titre que j’aimerais bien que tu ne quittes pas mes bras. Ne jamais quitter cette chambre, vivre d’amour et d’eau fraîche ! D’accord pour une tueuse ça peut prêter à se marrer mais il n’empêche… »
Trois mots qui voulaient tout dire et qui avaient le don de refermer les blessures à vif de mon cœur. Maureen apaisait mon âme tourmentée quand elle me soufflait ses mots. Je t’aime. J’ai bien cru que mon cœur allait s’arrêter de battre lorsqu’on m’avait annoncé sa mort et que plus jamais, je n’allais entendre ces mots avec sa voix si mélodieuse. « Je t’aime aussi » l’embrassais-je avec tandis que je me séparais de son corps pour m’étendre sur le dos, l’accueillant contre mon torse. Oh oui je l’aimais, je l’aimais même plus que tout et notre amour s’avérait être capable de surmonter tous les obstacles même ceux de la mort. A vrai dire, beaucoup aurait pensé que le temps adoucirait mon chagrin, qu’il serait moins brûlant tandis que mon amour pour elle s’amenuiserait pour n’être qu’un tendre souvenir. Bien au contraire, chaque année loin d’elle avait renforcé mon cœur qui gardait jalousement ses sentiments, bien à l’abri des regards indiscrets. Je n’avais jamais cessé de l’aimer et il en aurait été de même, même si elle n’était pas réapparue dans ma vie. Je fus particulièrement étonné de sa question avant de comprendre pourquoi elle me l’a demandé. Je me plaçais alors sur le côté afin de pouvoir plonger mon regard dans le sien. « Je compte confesser mon amour pour toi pas cet instant magique que nous avons vécu » murmurais-je en caressant son visage du bout des doigts « J’aimerai tout autant que toi que tu ne partes pas, que tu restes auprès de moi et que nous quittions jamais ce cocon protecteur. J’aime cet endroit, il te ressemble tellement, comment ne pas en tomber amoureux ? » Lui dis-je avec amour tout en la couvant du regard « Je ne pensais pas un jour avoir le bonheur de te serrer dans mes bras et pourtant, tu n’as jamais cessé d’être dans toutes mes prières et même dans ma profession de foi. Tu ne m’as jamais quitté Maureen et j’aspire à passer le reste de notre vie ensemble mais avant, je dois me libérer des chaines de l’Eglise car je ne pourrais jamais t’appartenir entièrement tant que je revêtirais mes habits de prêtres. Cela va me faire bizarre de m’habiller à nouveau comme le commun des mortels. Je crains qu’il ne me faille sérieusement prendre la direction d’un magasin ou deux avant » plaisantais-je à moitié car ma garde-robe civile datait d’il y a quatre ans. Des choses démodées pour la plupart qui ne cadreraient pas avec le nouveau départ de notre vie. La seule inconnue dans ma vie était quoi faire sans l’Eglise ? Avant toute cette histoire, j’étais un jeune professeur d’Université enseignant la littérature du XVIIIe siècle mais cela remontait à quatre ans.
Maureen ne pouvait s’empêcher de redouter à la fois leur séparation prochaine mais aussi le fait que Virgile veuille confesser ce qui venait juste de se passer. La jolie irlandaise ne s’en sentait que plus égoïste mais qui ne voudrait pas que leur histoire d’amour ne leur appartienne qu’à eux, quitte à la garder jalousement ? Oh, si cela ne tenait qu’à elle, rien de tout ceci ne serait secret et ils se dévoileraient au grand jour comme par le passé… mais se dévoiler comportait un risque qu’aucun des deux ne pouvaient négliger. D’un côté, il était toujours l’homme d’église respectable vers beaucoup de fidèles se tournaient, et de l’autre, Maureen était toujours à la fois tueuse à gages mais aussi membre on ne peut plus illustre de la Mafia Irlandaise ici, à New York. Ceci étant, la demoiselle était très loin de s’imaginer que Virgile avait déjà pris une très importante décision. Les récents évènements devaient y être pour beaucoup mais le simple fait de l’entendre parler de quitter l’église la fit se relever brusquement, alors qu’elle se couvrait avec le drap pour ne pas en prime rester seins nus face au prêtre pendant toute la durée de leur discussion. Pudique ? Pas le moins du monde, mais autant qu’ils restent concentrés sur le bon sujet ! « Attends, attends… tu veux dire que tu vas quitter l’église ?! » Maureen n’en croyait pas ses oreilles. Elle s’était attendue à devoir argumenter pendant des semaines afin qu’il accepte de lui faire pleinement confiance à nouveau… mais elle se retrouvait désormais au pied du mur, tentée d’accélérer la procédure de son côté pour que rien ne les retiennent plus pour être ensemble. « Tu sais que si je m’écoutais je ne partirais pas d’ici. Mais ne pas honorer ce contrat serait t’exposer et ça il n’en n’est pas question une seconde » articula-t-elle nettement plus froidement.
Mais son inquiétude se transforma bientôt en joie indicible, la poussant à se ruer dans ses bras pour l’embrasser sans tenir contre de l’élan qu’elle mettait dans son geste, impliquant le fait de les faire basculer et tomber sur l’imposant tapis à leurs pieds. Maureen vit son dos heurter violemment le sol et Virgile tomber sur elle, certes, mais ses blessures ne lui faisaient plus mal et malgré la chute, un rire on ne peut plus éclatant s’empara bientôt de l’atmosphère paisible de la chambre. « Pourquoi ne reprendrais-tu pas l’enseignement ? Tu étais doué pour ça ! Mais ne demande surtout pas à Shaun de t’emmener faire du shopping après j’aurais du mal à le ramasser à la petite cuillère… mais en revanche je suis sûre que mon assistant, Dante, sera d’un très bon conseil. Je lui ai déjà demandé de garder un œil sur toi, au cas où. Et puis… je sais que mon frère Anton a hâte de te revoir. Il ne pourra pas te conseiller car tu sais qu’il ne peut pas te voir, mais il pourra te tenir compagnie ? Ce sera comme si j’étais là… » Maureen comptait bien revenir aussi vite que possible mais elle ne pouvait et ne voulait rien promettre. Le décevoir serait pire que tout… « Mon amour je te promets de me détacher aussi vite que possible de la Mafia mais je ne sais pas combien de temps cela va me prendre. Tout ce que j’espère c’est que mon père ne se radinera pas à New York et restera sagement à Dublin pour ne pas tout compliquer… » Virgile savait trop bien à quel point cet homme était sans cœur depuis la mort de sa femme. Il traquait Anton pour l’enfermer dans on ne sait quel asile et Maureen, qui s’était toujours opposée à lui, ne serait « protégée » que tant qu’elle resterait à la tête de la mafia irlandaise ici, aux USA. « La question c’est plutôt… est-ce que tu m’attendras ? »
« Oui, je ne vois pas l’intérêt de continuer à être prêtre si c’est pour violer mes sacrements dès que tu seras dans une pièce et puis… J’aimerai que nous nous accordions une seconde chance, je veux avoir le bonheur de vivre près de toi » lui confiais-je même si cela voulait dire quitter l’église, renoncer à une partie de ce qui faisait de moi l’homme que j’étais. La religion avait toujours été une partie prépondérante de ma personnalité, de mon moi profond et lui tourner le dos sera un énorme sacrifice mais pour cette femme, j’étais bien capable de faire plus grand encore. Je serais prêt à sacrifier ma vie si elle me le demandait. Peut-être était-ce là, la véritable force de l’amour. Maureen me confia qu’elle aurait aimé rester ici et ne pas partir mais que si elle le faisait, c’était pour me protéger. « J’aimerai t’épargner ma protection car cela nous a déjà séparé une fois, je ne veux pas revivre cela » soupirais-je car dans le fond, ce n’était pas tant qu’elle veuille me protéger qui me faisait horreur mais bel et bien qu’elle doive tuer pour cela. Je restais un enfant de Dieu et le meurtre était un péché alors quand il était perpétué pour me sauver la vie, je ressentais que plus de culpabilité. « J’aimerai que tu n’aies plus à tuer Maureen encore moins pour me protéger » murmurais-je plus pour moi-même que pour elle. A la place, je me posais une autre question : quoi faire sans l’église ?! Ma belle irlandaise me conseilla de reprendre l’enseignement avant de me glisser que pour ma partie shopping, il valait mieux que je demande à son bras droit. Je levais les yeux au plafond « Je suis encore capable de m’acheter des vêtements comme un grand garçon » râlais-je à moitié en faisant preuve d’un excès de fierté somme toute irlandaise. L’Irlande coulait dans mes veines également bien que je n’étais pas homme à faire état d’une fierté exacerbée. Je ne m’appelais pas Shaun O’Connor. « Oui, peut-être que je pourrais me remettre à l’enseignement mais avant tout, je dois me libérer de mes engagements envers l’Eglise et cela ne se fera pas en une semaine. Ma requête devra être examinée en haut lieu et je devrais attendre une réponse. Sûrement que je devrais me rendre à Washington pour rencontrer le cardinal des Etats-Unis, je ne sais pas » partageais-je avec elle. Je ne voulais pas qu’elle s’imagine que toute notre vie allait changer en un rien de temps. Tout comme elle, il me serait difficile de me soustraire à ma vie actuelle comme elle venait si justement de me le faire remarquer. La mafia n’était pas l’église et je ne risquais pas la mort contrairement à elle. « T’attendre ? Cela fait quatre ans que mon cœur t’attends mon amour, je pense qu’il pourra patienter encore même toute l’éternité » soufflais-je avant de l’embrasser avec une tendresse infinie. « Tu vas me manquer ma belle irlandaise » murmurais-je en plongeant mon regard dans le sien.
Arrêter de tuer ? Autant lui demander la lune car cela constituait son quotidien depuis plus de quatre ans. Lorsqu’ils étaient ensemble déjà, Maureen avait une fâcheuse tendance à ne pas nécessairement vouloir que le bien de son prochain… son environnement familial oblige. On l’avait pour ainsi dire formatée à être mauvaise et à ne surtout pas prendre soin d’autrui. Pourtant, face à Virgile, elle était bien incapable de faire preuve de méchanceté. Au contraire, la jolie irlandaise n’était que douceur, compréhension, protection. Elle était prête à soulever des montagnes et à massacrer quiconque oserait vouloir du mal au prêtre de son cœur… leur relationnel dépassait l’entendement bien sûr et il était logique qu’il veuille qu’elle n’ait pas à tuer pour le protéger. Maureen émit un petit sourire tout en le serrant plus puissamment contre elle. La peur de le perdre serait toujours présente mais elle était prête à faire tous les efforts du monde pour que cela fonctionne réellement entre eux. « Je ne dis pas que tu n’es pas capable de t’acheter des vêtements mais mon ange… c’est juste pour que tu sois tendance ! Tu n’as pas envie d’être le plus beau du monde ? » Petite provocation bien évidemment mais elle avait grande hâte de ne plus le voir en habit d’ecclésiaste… elle peinait presque à se souvenir de la dernière fois qu’elle l’avait vue en tenue civile, ou même de ce qu’il portait, tant et si bien que la curiosité prenait un malin plaisir à se rappeler à son bon souvenir.
« Je sais que tu désapprouves ce que je fais mais j’ai été formatée comme ça. Tu ne peux pas me demander de rester les bras croisés alors que des enfoirés peuvent vouloir te coller une balle en pleine tête ! Virgile… tu es la personne la plus importante à mes yeux. S’il faut dézinguer des dizaines de personnes pour te préserver, toi, et ne plus jamais être séparé de toi… j’étais prête à le faire ce soir par exemple. » Maureen soupira doucement avant de s’emparer doucement de ses lèvres comme pour apaiser ses différentes paroles. « Mais je ne veux pas patienter pour ma part. On a trop attendu déjà ! Tu te rends compte qu’on a gâché quatre ans de notre vie ? On pourrait être déjà mariés et parents… là, si je te demande de me faire un enfant par exemple, tu ne pourrais pas… » Pente glissante. Mais tant pis, les risques faisaient partie de son métier.
« Donc tu sous-entends que je n’ai aucun goût en matière de mode ? » la taquinais-je avec un grand sourire avant de l’embrasser « Je crois que j’ai limite besoin de faire cette démarche seul afin de reprendre une certaine connexion avec le monde réel. Je n’ai fait que l’observer depuis quatre ans et reprendre une part active ne va pas être facile mais il faut que je le fasse mais bon, le temps que mon départ de mes fonctions ne soit validés et accepté je crois que j’ai largement le temps » grimaçais-je avant que le sujet de la profession –si on pouvait parler ici de profession ; de Maureen ne revienne sur le tapis. Cela me dérangeait grandement qu’elle soit obligée de tuer pour me sauver et l’homme de Dieu se révoltait contre cela mais mon irlandaise était butée et je savais que la faire changer d’avis ne serait là qu’une façon des plus directes pour un affrontement dont je voulais me passer. J’avais toujours été en mesure de désamorcer la bombe qu’elle était et à ce que je constatais mes réflexes ne s’étaient pas amoindris avec l’âge. « S’il te plait, ne parlons plus de mort, d’assassinat ou je ne sais quoi d’autre. Je ne désire pas entacher notre amour avec le sang… Il a déjà suffisamment coulé en quatre ans » murmurais-je après qu’elle m’eut embrassé avec douceur. Elle avait toujours eu le don de mettre à mal mon cœur et ce baiser ne faisait ni plus ni moins partie de cette collection impressionnante de baiser qui pansaient mon âme. Shaun et elle, étaient les seuls personnes qui connaissaient mon passé des plus sinistres, toutes ces années de souffrance. Oui, ils étaient les seuls à m’avoir tendu une main et m’avoir sauvé en quelque sorte que je me sentais lié à eux à plus forte raison de cette femme. « Non je ne pourrais pas et toi non plus » répondis-je sans brusquerie, avec calme comme pour diminuer l’impact de mes paroles. « Le temps est une donnée bien illusoire car il appartient au passé. Pleurer sur les années que nous avons perdu ne sert à rien mon amour car toi-même, tu ne peux savoir ce qu’il serait advenu de nous. L’avenir nous appartient désormais et c’est cela qui compte ma belle irlandaise et cette famille, nous la créeront quand le danger sera écarté, quand le moment sera venu. J’ai foi en cela, j’ai foi en nous. Je me dis que notre amour a résisté à tellement de choses que cela ne doit pas être en vain » murmurais-je avant de l’embrasser avec tendresse « Patience mon amour »
Maureen avait écouté Virgile jusqu’au bout, difficile de dire le contraire. Mais son sourire avait progressivement quitté ses traits de porcelaine, arborant désormais une sorte d’impassibilité, comme lorsqu’elle essayait de garder son contrôle malgré une colère froide grondant en elle. Ah, il avait toujours été beaucoup plus raisonnable qu’elle, c’était particulièrement évident. Maureen avait une fâcheuse tendance à être capricieuse, à désirer tout tout de suite sans se préoccuper des éventuelles conséquences dans la mesure où son métier lui donnait l’impression que tout pouvait s’arrêter dans la seconde. On le lui avait prouvé quatre ans durant, à rester séparée de son bien-aimé, sauf que maintenant qu’ils s’étaient retrouvés et que Virgile avait pris la décision de remettre son cas en haut lieu, il semblait également freiner des quatre fers pour ne pas laisser les évènements s’enchaîner trop rapidement… en d’autres termes, il paraissait nettement plus frileux que ne l’était la jolie irlandaise, toujours prête à foncer tête baissée car elle était particulièrement douée pour gérer ce qu’elle appelait « le chaos de l’après ». Mais dès lors que l’homme d’église eut fini de s’exprimer, elle prit le visage de celui-ci en coupe, déposa un baiser frêle comme une brise contre son front avant de murmurer : « Mauvaise réponse mon amour. » C’était bref, précis, concis. La jeune femme s’était tout de suite relevée pour se mettre à s’habiller, non pas en vue de fuir la maison comme une vulgaire gamine capricieuse, mais plutôt en vue de s’occuper déjà les mains… et l’esprit par la même occasion. « Patience ne fait pas partie de mon caractère et je crois que dans soixante-dix ans, ce sera toujours la même chose. La patience, ça finit par être une excuse pour espérer quelque chose qui n’arrivera jamais. Je ne veux pas faire preuve de patience pour me rendre compte dans quelques années qu’on en sera toujours au même point… prends bien conscience de ça Virgile : une femme ça pense, ça bouge, ça évolue ! Et si je ne peux pas prédire l’avenir ou le passé, je suis prête à prendre tous les risques pour que l’on obtienne ce que l’on est en droit d’avoir. La foi… désolée mais ça ne me suffit plus depuis très longtemps. Je vais aller préparer quelque chose à manger pour m’occuper les mains, si tu me cherches je serai dans la cuisine. »
Maureen s’était exprimée extrêmement calmement pour quelqu’un d’aussi enflammé d’ordinaire. Mais justement, il fallait craindre le pire en s’apercevant de la chose. Pourtant, tout à fait docilement, la jolie irlandaise se rendit effectivement dans la cuisine, dans le but d’occuper son esprit embrumé de frustration et de colère pour s’adonner à sa spécialité : le pain perdu. Mais là encore… craindre le pire. C’était le met calmant pour les grandes séances de frustration par le passé, alors sans doute valait-il mieux prendre une armure avant de revenir la voir !
Abandonné dans la chambre, je me laissais aller sur le dos, contemplant le plafond. « Je ne sais pas ce que vous avez prévu pour moi Seigneur mais on peut dire que vous aimez compliquer les choses »soupirais-je avant de laisser échapper un bref rire. Maureen était Maureen, à quoi aurais-je pu m’attendre d’autres de sa part mais voulait-elle réellement un enfant ou était-ce une façon détournée pour me faire comprendre qu’elle désirait que je la considère comme une femme à part entière et qu’elle souhaitait que nous agissions en tant que couple tout de suite ?! C’était à en perdre mon latin mais j’étais persuadé d’une chose : je ne pouvais pas la perdre. Je voulais bien brûler en enfer en bafouant mes vœux mais pas la perdre parce que j’aurais mis trop de temps à me décider. Je regardais ma soutane d’un air dépité. Si je m’approchais d’elle dans ma tenue d’ecclésiastique, elle allait sans nul doute me renvoyer dans la chambre sans prendre de gants. Aussi, enfilais-je simplement mon boxer et mon pantalon, gardant le torse nu pour ne pas faire preuve d’aucun signe de religion. Sans perdre plus de temps, je m’en allais la rejoindre dans la cuisine, restant à la porte quelques minutes pour l’observer. Elle était belle d’autant plus quand elle était énervée. Je m’approchais d’elle, me glissant dans son dos pour entourer sa taille fine de mes bras. « Etais-tu sérieuse mon irlandaise ? Tu souhaites un enfant ou ce n’était qu’une façon d’exprimer un désir plus profond ? » L’interrogeais-je en posant ma tête contre le sienne, ressentant mon étreinte. « Tu as raison, nous ignorons de quoi sera fait demain et nous avons perdu suffisamment de temps toi et moi. Maureen, tu es bien plus importante que ma foi, tu l’as toujours été et cela dès notre première rencontre. Il faut croire que tu es destinée à me garder dans le monde des hommes comme tu l’avais fait une première fois. Je t’aime et ça, rien ni personne ni même Dieu ne pourra te l’enlever. Tu as et tu auras toujours tous les droits sur mon cœur et mon âme » murmurais-je en déposant des baisers au creux de son cou. « Alors, si tu désires que nous fondions la famille dont nous avons tant parlé par le passé alors nous la fonderons. Ensemble. Dans l’amour qu’importe le danger, nous saurons protéger nos enfants. J’ai foi en toi »
Maureen avait conscience d’être diablement capricieuse mais d’un autre côté, elle estimait qu’ils avaient suffisamment attendu. N’étaient-ils pas en droit d’être égoïstes, de réclamer des choses convoitées depuis de très longues années ? Certes, en tant qu’homme d’église, la chose serait sûrement mal vue dans le cas de Virgile, et de son côté, la jolie irlandaise s’exposait à de très imposants risques mais elle voulait croire que cette fois, leur duo, leurs sentiments respectifs et la force de ceux-ci serait en mesure de mettre soigneusement de côté le danger pour ne se concentrer que sur l’essentiel : leur avenir. Pas d’hésitation, pas de mais qui tienne, rien d’autre qu’eux, dans cette bulle, au sein de cette magnifique maison n’ayant eu de cesse de lui rappeler leur bonheur passé tout en déchirant soigneusement son cœur alors qu’elle n’avait pas encore eu l’audace de retrouver Virgile… qui ne fit pas la même erreur qu’elle puisqu’il se pointa dans la cuisine, la forçant implicitement à arrêter ce qu’elle était en train de faire en glissant simplement ses bras contre sa taille. Depuis toujours, l’irlandais parvenait au miracle de la stopper dans son élan d’une simple caresse, force est de constater qu’il n’avait rien perdu de son pouvoir sur elle. « Les deux mon général… ah non toi tu es prête » ironisa-t-elle premièrement avant de se retourner vers lui, lançant un regard pour le moment fermé et ce bien que l’intégralité de son corps soit tout frissonnant. « Je veux un enfant de toi Virgile McLane. Je n’ai pas envie d’attendre la Saint Glinglin et même si tu dois me qualifier d’abominable égoïste je m’en fous… je veux un enfant de toi et je veux que l’on agisse comme un couple, que l’on arrête de se voiler la face et de se cacher de nous-mêmes… »
Maureen avait regardé Virgile sans détour, caressant simplement sa joue comme pour apaiser le feu de ses paroles avant d’opter pour un très faible sourire. C’était déjà en soit un progrès par rapport au visage fermé qu’elle possédait quelques secondes plus tôt ! « Je suis égoïste. C’est ce que je suis et je ne veux pas changer parce que je sais que mon égoïsme peut nous protéger, toi comme moi. Je ne veux pas qu’une autre femme puisse ne serait-ce que lorgner sur toi et je suis prête à crever les yeux de la première qui oserait s’y aventurer… tu sais que je peux être aussi douce que violente et pourtant tu m’aimes. Peut-être que tu es fou à lier mais parce que je t’aime aussi, je suis prête à attendre ce que tu désires toi. Arrête de te taire… je veux tout savoir. Pas de vœu de silence entre ces murs, d’accord ? Ici, tu n’es pas prêtre et je ne suis pas parrain de la Mafia ni tueuse à gages… »
Ainsi, elle ressentait le besoin de donner la vie à un être et malgré moi, je ressentis une certaine paix s’insinuer en moi comme si d’une certaine façon j’étais soulagé qu’elle me soustrait à mes devoirs d’ecclésiastiques. Je ne pus néanmoins de lever les yeux au ciel en voyant ce manifeste de jalousie lui arracher des propos pour le moins violents mais Maureen était ainsi. Tout comme je l’étais à moindre mesure mais je savais me contrôler. Il le fallait pour notre bien à tous les deux. Ma belle irlandaise me demanda justement ce que je désirais et je pris le temps de la réflexion, déposant un baiser sur son front avant de la serrer dans mes bras, profitant simplement de l’instant présent où il n’y avait que nous comme si nous avions créé notre propre paradis sur Terre. « Je désire pouvoir t’aimer librement, d’être présent pour toi et t’apporter tout ce que tu désires mais plus que tout, je partage ton envie d’enfant. Je te l’ai toujours dit, j’aspire à une vie paisible avec nos enfants et toi. Ce rêve, je croyais l’avoir perdu à jamais et j’y avais renoncé en même temps où j’ai prononcé mes vœux mais il ne m’a jamais quitté, attendant simplement le bon moment pour revenir sur le devant de la scène. Il n’attendait qu’une seule chose : Toi » souriais-je avec tendresse tout en caressant ses cheveux d’une main aimante avant de reprendre « Tu n’as pas à être jalouse ma belle irlandaise, mon cœur n’a toujours battu que pour toi et ne battra que pour toi. A jamais » soufflais-je avant de me reculer légèrement pour lier nos lèvres ensembles avant de la soulever dans mes bras et la reposer sur le plan de travail pour la regarder dans les yeux. « Je ne suis pas encore trop rouillé pour me rappeler de la manière où l’on fait un bébé » plaisantais-je avant d’aviser la préparation qu’elle avait commencée avant que je ne l’interromps. « Quoique, j’ai quand même faim et je ne résiste pas à tes pains perdus alors le bébé peut attendre encore une petite heure le temps que je reprenne des forces ? » la taquinais-je en l’abandonnant pour presser des oranges, un petit rire me secouant les épaules. Il faut croire que petit à petit, je reprenais mes anciennes habitudes à savoir jouer avec le feu. Il faut croire que Maureen me rendait toujours aussi masochiste mais il était tellement agréable de la voir flamboyer de colère ou de la voir aussi passionnée. Je n’y résistais pas. « Du jus d’orange mon irlandaise ? » lui proposais-je avec un grand sourire.
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