Conseil, Quinn avait besoin de conseils. Certes, elle était proche de son coéquipier mais cette fois-ci, c’était d’une femme dont elle avait besoin. Lyanna n’étant pas disponible pour cause d’autopsie urgente suite à une découverte de victime, la brunette n’eut aucun autre choix que celui de frapper à la porte de son amie d’enfance, qui connaissait tout sur tout au sujet de sa vie et qui serait très certainement de bon conseil… et d’ailleurs, comme pour lui donner immédiatement raison, Miteki ne manqua pas de lui ouvrir avec rapidité et précision, comme d’habitude. « Ma biche, j’ai besoin de ton aide… » avoua Quinn, penaude, légèrement échevelée après avoir couru depuis la brigade de la NYPD pour aller la rejoindre dans le Queens, où son bureau d’experte en criminologie se trouvait justement. « Tu sais que je suis tombée amoureuse de mon capitaine et tu sais que ça ne date pas d’hier… sauf qu’il a été promu chef de la police et que l’on nous a collé un expert de pervers, incapable au possible et qui met une ambiance terrible dans la brigade ! J’ai vraiment besoin de ton aide, il faut que l’on trouve un moyen de pousser Leonard Weatherfield à revenir à la brigade de toute urgence… tu as toujours de si bonnes idées !! »

« Mais j’ai suivi ton conseil et je lui ai parlé ! » se défendit aussitôt Quinn sans pour autant beugler : elle n’avait aucune intention d’être entendue par quelqu’un d’autre que Miteki, qui la connaissait depuis des lustres maintenant. A vrai dire, la brunette ne faisait pas preuve de timidité – sans quoi elle n’aurait jamais été en mesure de se faire une place appréciable dans une brigade où elle se trouvait être la seule femme – mais le capitaine de son cœur l’impressionnait tellement qu’elle peinait à en respirer dès qu’il se trouvait dans les parages. Un vrai handicap majeur… même s’il passait le plus clair de son temps à lui hurler dessus comme sur tout le reste de sa brigade. « En fait ça s’est fait insidieusement… au début à cause d’Andrew, mon ex, j’ai été virée de mon appartement et il m’a proposé de venir vivre quelques jours chez lui. Sauf que… ben… la promiscuité aidant, apparemment il s’est découvert aussi des sentiments pour moi… mais là n’est pas la question, on en parlera plus tard !! Là c’est grave, il en va de la brigade toute entière… sans lui comme capitaine on court droit au massacre et je sais que tu as d’excellentes idées. J’ai essayé de lui en toucher deux mots mais il a dit que c’était le seul moyen pour nous d’être ensemble sans que j’ai à sacrifier ma carrière… mais si c’est un excellent chef de la police et que je veux qu’il soit épanouit, la brigade a quand même besoin de lui comme chef. »

« Moi non plus je ne pensais pas qu’il agirait ainsi à vrai dire… » murmura Quinn, presque gênée de cet état de fait. Oh Miteki connaissait l’intégralité de sa vie, elle n’avait donc aucune honte à avoir mais il n’empêche que la brunette peinait toujours à imaginer qu’un homme puisse simplement vouloir être à ses côtés, la vouloir elle, tout bêtement. C’était pourtant le cas du capitaine de son cœur, pour qui elle se languissait depuis de très nombreuses années et avec qui elle rebattait les oreilles de son amie d’enfance sans jamais manquer de souffle. « Tu penses qu’une enquête difficile à résoudre pourrait le faire revenir ? Ma foi tu n’as sûrement pas tort, il a souvent dit que le terrain lui manquait… ça doit être encore plus vrai maintenant qu’il a surtout un boulot en bureau ! Mais je ne vais pas embêter ton oncle qui est divisionnaire pour ça ! Il faut la jouer finement… sinon Leonard risque de se braquer et c’est la dernière chose que je veux. Mais le pire, c’est que je ne suis pas la seule à penser qu’il manque à la brigade, tous les membres sont d’accord avec moi ! Tu as peut-être une affaire en tête que l’on pourrait lui mettre sous la dent ? »

« Je sais j’ai entendu parler de cette fameuse affaire, surtout qu’avec mon coéquipier on sera sûrement d’astreinte dans très peu de temps pour désengorger les différents districts niveau paperasse… » Pas que cela enchante particulièrement Quinn mais elle avait pleinement conscience que cela faisait partie du boulot et qu’il n’y avait pas à faire la fine bouche. Mais pour l’heure, ce qui l’intéressait davantage, c’était surtout le fait de donner une raison suffisante à Leonard pour revenir d’urgence à la brigade… il lui manquait bien trop et puis elle s’était faite à l’idée de travailler avec lui. Il n’était pas seulement un capitaine d’une qualité exemplaire… il la rendait plus efficace, bien plus que le nouveau capitaine ! « Il y a deux solutions : soit je monte un dossier pour le lui présenter afin de lui mettre l’eau à la bouche, soit tu vas carrément le trouver toi en lui expliquant qu’il faut quelqu’un de chevronné sur le terrain… en lui précisant que le nouveau capitaine de la brigade criminelle ne t’a absolument pas parut posséder les épaules suffisantes. Peut-être que ça aurait plus de poids avec toi ? Qu’est-ce que tu en penses ? »

« Pourquoi tu n’aimes pas lorsque nous travaillons ensemble ? » plaisanta Quinn tout en ayant un petit sourire peuplant ses lèvres. Il n’était rien qu’elle puisse mal prendre de Miteki et surtout pas son humour à vrai dire : elle était son amie d’enfance, et pendant longtemps, elle avait même été sa seule amie. La jolie brune n’était pas quelqu’un de si expansif qu’elle pouvait se prétendre capable de se lier d’amitié avec le premier ou la première venue, bien évidemment. « Tu vas aller le voir en lui exposant le fait que la brigade a besoin de lui et que je veux qu’il revienne ? » reprit aussitôt Quinn, incrédule. Mais il n’en fallut pas davantage pour la voir se ruer dans les bras de Miteki pour la serrer fortement entre ses bras. Elle ne pouvait pas lui faire plus plaisir ni lui ôter davantage une épine du pied. Et puis si ça ne marchait pas… tant pis, elles auraient essayé au moins ! « J’accepterai, ne t’inquiètes pas. Mais concernant ton surplus de travail au tribunal, je peux peut-être te donner un coup de main ! Je suis en train de passer un master en droit… surtout ne le répète pas à Leonard je suis sûre qu’il aurait honte en sachant que sa petite amie a peu de diplômes pour l’instant. Si tu savais comme sa famille est affreuse avec moi ! Leonard n’est absolument pas comme eux mais ils ne jurent que par le pouvoir, la manipulation… ils sont mon exact contraire en somme ! »

« Je sais bien que c’est sa décision mais le pire, c’est que je sens qu’il a autant envie que moi de reprendre notre quotidien d’avant… je veux dire, même professionnellement ! Je sais qu’en théorie ce n’est jamais bon de travailler avec la personne que l’on aime mais lorsque l’on est aussi complémentaire que nous savons l’être, ça peut être une bonne chose ! » Quinn savait par avance que Leonard ne prendrait pas sa décision tout de suite, il allait peser le pour et le contre voire même supplier ses supérieurs pour obtenir une dérogation afin qu’ils puissent être ensemble tous les deux sans que cela ne pose aucun cas de conscience. En d’autres termes, cela risquait d’être long avant d’arriver… mais l’écossaise avait bon espoir. « Je sais que tu ne saboteras rien ! Mais disons qu’ils me prennent pour… je n’ai même pas de mot mais pas quelqu’un de digne pour leur fils. Je n’ai pas envie d’avoir la famille entière, Léo me convient parfaitement mais j’ai peur de… il m’a demandé ma main et le souci c’est que j’ai peur qu’il ne veuille faire un immense mariage avec de nombreux membres de sa famille. Moi, je viens juste de retrouver mon grand père et découvrir qu’en prime je suis une Lady alors que je pensais n’avoir ni titre ni richesse… je crois que je suis surtout perdue. »

« Si ça ne suffit pas et bien… il sera toujours temps d’y réfléchir mais pour l’heure, disons que c’est un début ! » reprit Quinn avec enthousiasme avant de ne sentir Miteki se raidir légèrement, sans qu’elle n’en comprenne pour autant la raison. Avait-elle dit quelque chose de mal ? La brunette reprit un air nettement plus sérieux tout en accueillant les paroles de son amie d’enfance avec une sorte d’émotion qu’elle ne put décemment contrôler. Elle n’avait pas dit cela pour l’écarter, bien au contraire, et savait bien mieux que quiconque à quel point sa famille avait été adorable avec elle. Ce fut d’ailleurs ce qui la poussa à aller serrer Miteki entre ses bras, comme pour lui assurer que rien n’était changé dans son esprit et qu’elle la considérait comme la sœur qu’elle n’avait jamais eue, et que cela ne risquait pas de changer de sitôt. « Je ne disais pas ça pour t’exclure ma belle, bien au contraire. Je parlais de ma famille biologique surtout… celle du mariage tu sais, je vais me concentrer surtout sur Leonard ! Mais tu es ma famille aussi, tu l’as toujours été et tu le seras toujours, ça ne changera jamais. La preuve, tu es la personne en qui j’ai le plus confiance… sinon je ne serai pas venue te trouver aujourd’hui. Mais tu sais que tu peux aussi compter sur moi si quelque chose ne va pas, hein ? »

« Leonard a un tempérament complexe mais tu pourras toujours parler avec lui » énonça Quinn tout en pensant chaque mot qu’elle venait de prononcer. A ceci près que bientôt, la conversation dévia sur quelque chose de bien moins gai et pour la première fois depuis le début de leur entrevue, la jolie brune fronça subitement les sourcils. « Je viendrai avec toi en Polynésie, hors de question que tu y ailles toute seule ! » Quinn ne lâcherait pas Miteki d’une semelle, bien qu’elle soit quelqu’un de fier et ne laisse pas ses sentiments être aussi lisibles que sur le visage de la fliquette. L’écossaise savait à quel point l’orgueil de son amie était important dans sa vie, mais là ce n’était plus une question d’orgueil mais bien une question de soutien moral. Elle en avait besoin et Quinn pourrait tout à fait le lui apporter. « A vrai dire je pensais te demander d’être ma demoiselle d’honneur… ça tombe sous le sens, j’ai surtout confiance en toi et je sais que tu seras parfaite dans le rôle ! Tu accepterais ? » Cette fois-ci, Quinn prit la main de son amie dans la sienne avant de ne lui sourire avec sincérité. « Puisque cela fait très longtemps que l’on n’a pas fait de vraie sortie entre filles, je suis pour faire hockey et basket ! » conclut-elle avec enthousiasme sans pour autant lâcher la main de Miteki d’une semelle.

« Je suis la patience incarnée tu sais ! » lança Quinn en toute sincérité car il s’agissait de la pure vérité. S’il y avait bien une femme patiente et attentive dans l’intégralité de New York, c’était bien ce lieutenant de la NYPD brigade criminelle ! La jolie brunette était cependant fière d’avoir eu le cran de venir trouver Miteki pour lui expliquer son petit cas de conscience mais cela ne l’empêchait pas de vouloir passer du temps avec son amie d’enfance, comme à chaque fois que l’une ou l’autre n’avait pas le moral. Un rituel qui ne s’était jamais perdu ! « Cela tombe parfaitement, je n’ai pas pris de vacances depuis un lustre donc je pourrais sûrement au moins prendre trois semaines. Aucune raison qu’ils ne me refusent une chose pareille ! Et puis au pire, Léo est toujours chef de la police… c’est lui qui décide en dernier ressort et il sait à quel point je n’ai pas pris de vacances depuis un lustre. Concernant mon enterrement de vie de jeune fille, justement je pensais le faire en Polynésie, faire d’une pierre deux coups ! » déclara-t-elle avec enthousiasme avant de ne réfléchir pour l’ordre à donner à leurs deux sorties consécutives et sportives. « Hockey d’abord, basket ensuite ! Il vaut mieux toujours commencer par le froid et continuer par le chaud hihi ! »

« Je crois que je serai malheureusement la première à être chargée comme une mule… » avoua Quinn non sans laisser ses lèvres s’étirer en un doux sourire mutin. Les deux s’avéraient exactement pareilles du côté du chargement : toujours à prendre dix mille choses n’étant pas nécessairement utiles par peur de manquer, et toujours à payer des supplémentaires astronomiques car le poids de leurs valises dépassaient toujours allègrement le maximum autorisé et gratuit. « Mon français est toujours très bon ! Je ne pense pas qu’il sera trop rouillé, en tout cas… par contre pour le tahitien, tu sais très bien que je ne le pratique jamais, alors j’ai bien peur que tu ne doives me servir d’interprète. Je crois qu’il faudra qu’un jour tu me donnes des jours ! » s’amusa-t-elle à imaginer quelques instants avant d’éclater purement et simplement de rire rien qu’en imaginant Leonard en tenue traditionnelle. Non, vraiment, même dans un milliard d’années, il n’y avait aucune chance pour qu’il s’adonne à ce genre de choses. « Tu sais la famille de mon fiancé est très, très traditionnelle… on le fera sûrement à l’australienne, je n’aurai pas vraiment le choix ! Mais on peut faire un enterrement de vie de jeune fille dans cette idée ! »

« J’avoue, quand tu ouvres mon dressing, il n’y a pas des tonnes de vêtements, en revanche on pourrait presque croire que c’est un vrai magasin de chaussures ! » embraya aussitôt Quinn, riant aux éclats sans même prendre la remarque de Miteki au drame ou au premier degré. Comment le pourrait-elle ? L’écossaise connaissait bien trop la tahitienne pour savoir qu’il n’y avait aucune raison de jouer la carte de la susceptibilité, surtout dans un moment pareil. « Ne t’inquiètes pas pour moi, je trouverai bien un coin pour crécher quelque part… je suis une matrice à plans B, tu te souviens ? » lança-t-elle avec malice et tout en pensant chacun de ses mots pour que Miteki n’éprouve surtout pas d’inquiétude à ce sujet. « J’ai dis des jours ? Oh pinaise je crois que je suis définitivement irrécupérable, ça y est mon cerveau est complètement grillé ! Je voulais dire des COURS bien sûr. Tu es experte en la matière et j’aurais bien besoin de ton aide, je pense que tu es la personne indiquée pour ça ! Quant à mon mariage… je crains de ne pas avoir le choix mais par contre, j’ai bien l’intention de lui proposer une lune de miel de mon cru. Que penses-tu d’une semaine à Tahiti, une semaine en Australie puisqu’il en est originaire et enfin une dernière semaine en Écosse ? »

« Je crois que je suis définitivement habituée à payer un bras à cause de ma valise, comme toi d’ailleurs… même si là je t’avoue que je vais tenter de moins me charger comme une mule car au-delà du prix, c’est quand même la galère à trimballer il faut dire ce qui est ! » Quinn esquissa un tendre sourire avant de ne hocher subitement la tête de gauche à droite, comme si elle refusait quelque chose. « Ne te dérange pas trop pour moi, tu sais il y a la merveilleuse solution que l’on appelle hôtel aussi… » murmura-t-elle, parfaitement sincère. Dieu sait combien la brunette détestait s’imposer, et cela ne datait malheureusement pas d’hier. Il n’était pas question qu’elle laisse Miteki prendre à sa charge de gros frais de cette façon alors qu’elle pouvait tout à fait s’offrir un hôtel bon marché et non moins confortable de surcroît. « Ah, si c’est la bonne idée alors j’ai hâte de la soumettre à Léo pour avoir son avis également ! Mais pour mon mariage… oh mon dieu si tu avais rencontré mon beau-père tu saurais à quel point le mot « compromis » ne fait absolument pas partie de son vocabulaire ! Je vais essayer de négocier, mais… je n’ai pas grand espoir tu sais, bien qu’il s’agisse de mon mariage. Ca ne m’empêchera pas d’avoir une belle robe blanche ? »

La conversation au sujet de la valise s’étendit sur plusieurs longues minutes tandis que Miteki et Quinn s’occupaient de faire une longue liste pour ne surtout rien oublier, mais bientôt, l’écossaise fut la première surprise que la tahitienne ne finisse par changer de sujet pour mieux en arriver à parler d’un certain Noah, dont effectivement Quinn avait déjà entendu parler, mais qui était passé sous silence radio depuis un petit moment déjà. Autant dire que la brunette émit un petit sourire amusé depuis la timidité de son amie, chose extrêmement surprenante, surtout qu’elle évoquait un weekend de surf et non pas un voyage de noces à Miami ou ailleurs… il n’y avait rien de « gênant » en soi, du moins du point de vue de la brunette. « Quelque chose me dit que la folle idée en question t’a plu plus que tu ne veux bien l’admettre, non ? » tenta-t-elle sans être lourde, bien au contraire, cherchant à démêler le vrai du faux comme n’importe quel lieutenant de police se respectant. « Tu sais, tu peux me parler de tout à cœur ouvert, rien ne va sortir d’ici bien au contraire. Mais concernant mon mariage j’étouffe déjà. Je suis juste habituée à courber l’échine, tu me connais… je suis extrêmement volontaire dans mon travail, mais dès qu’il s’agit de ma vie personnelle c’est une catastrophe. J’ai peur qu’en donnant mon opinion sur le sujet je ne blesse Léo… »