Weatherfield père avait enfin accepté de relâcher Quinn après une dure journée de labeur et autant dire qu’une fois la porte de la maison de Léo passée, elle poussa un immense soupir de soulagement. Le capitaine de son cœur n’était pas encore rentré mais si la fatigue était présente, elle se sentait encore la volonté de lui concocter un petit dîner simple, sans fioriture ni mauvaise connotation qui pourrait le mettre mal à l’aise. Elle avait simplement posé son sac à main, enfilé un tablier et le tour était joué. Malheureusement, Quinn ne s’était pas mise à réfléchir à une recette potentielle que la porte d’entrée s’ouvrait sur… Eloïse. Cette punaise avait malheureusement encore un double des clefs et aussitôt, la brunette sentit son cœur doubler son rythme. Elle ne lui faisait pas peur mais se prendre un nouveau discours désagréable était au dessus de ses forces dans l’état actuel de sa fatigue physique… sauf que les mots ne furent pas ce qui la préoccupa le plus. Quinn eut tôt fait de se faire bousculer à plusieurs reprises alors qu’elle n’avait pas voulu s’écarter de son chemin, la jeune femme voulant protéger ce qu’elle considérait comme l’intimité de Léo… sauf qu’à force d’être bousculée, elle finit par trébucher et par tomber contre la table basse en verre qui se brisa sous le choc, éparpillant du verre partout mais aussi tachant de sang le carrelage précédemment d’un blanc pur. Quinn avait des écorchures partout mais surtout une dans la main, qui saignait abondement à cause de la présence d’un imposant morceau de verre. « Pourquoi est-ce que vous n’êtes pas allée trouver Leonard vous-même ? Je ne peux rien pour vous !! » hurlait Quinn pour tenter de repousser son attaquante qui n’avait de cesse d’avancer dangereusement vers elle. « Je savais que je te trouverais ici petite intrigante… et je voulais faire passer un simple message : il n’est pas question que tu obtiennes mon mari, c’est compris ? Tu vas te retirer toi-même de la course ou les conséquences seront probablement bibliques. » Sauf que pendant que le drame avait lieu, Quinn junior, précédemment accompagné par sa mère, avait chipé son téléphone portable afin de sortir à toute vitesse dans la rue, poussant son fauteuil avec autant de volonté qu’il le pouvait pour téléphoner à son père… « Papa y faut que tu rentres à la maison, y’a Maman qui est méchante avec Quinny, y’a du sang partout… »
De nouvelles enquêtes, de nouvelles paperasses, il y avait des jours où j’enviais mes hommes de pouvoir retourner sur le terrain mais j’avais fait mon temps comme dirait certains. Vingt ans de carrière dans la police m’avait permis de me former à toute sorte de chose mais mon statut de Capitaine était quelque chose que je ne regrettais pas. Mes enfants avaient eu besoin de moi notamment mon petit Quinn et rester dans un bureau avait été un sacrifice dont je m’étais senti totalement capable. Bien sûr, il y avait des jours où l’adrénaline me manquait, ou l’envie de chasser un criminel me démangeait mais j’avais appris à vivre avec ce manque. Toutefois, lorsque je regardais le bureau vide du lieutenant Bower, je songeais qu’il y avait des absences auxquelles on ne s’habituerait jamais. Mon téléphone portable se mit à vibrer. C’était ma future ex-femme. L’envie de ne pas décrocher fut tentante mais j’étais bien trop droit pour fuir des appels même provenant d’elle. [color=#c03000] « Weatherfield ! » lâchais-je froidement avant qu’une voix enfantine me répondit « Papa y faut que tu rentres à la maison, y’a Maman qui est méchante avec Quinny, y’a du sang partout… » Merde !! « Quinn, surtout tu restes où tu es et tu attends que j’arrive d’accord bonhomme ? Je fais vite ! » M’exclamais-je avant de tout simplement quitter le bureau après avoir informé ma nouvelle assistante d’annuler tous mes rendez-vous de l’après-midi. Il me fallut à peine dix minutes pour arriver chez moi, me précipitant vers mon fils. « ça va fils ? » lui demandais-je inquiet alors que ce dernier pleurait de peur « Papa, Quinny elle va pas bien ! » répondit-il et j’hochais la tête en le soulevant dans mes bras, attrapant le fauteuil dans l’autre main pour mieux me précipiter chez moi. En effet, Eloïse se tenait face à Quinn et semblait lui passer un sermon que je ne pouvais tolérer. « C’EST QUOI CE BORDEL ! ELOISE TU DEGAGES TON CUL DE CHEZ MOI AVANT QUE JE TE COFFRE POUR AGRESSION ET VIOLATION DE DOMICILE » hurlais-je en la foudroyant du regard. « Je suis chez moi Léonard contrairement à cette trainée ! » éructa-t-elle pleine de venin. « Tu n’es pas chez toi, cette maison m’appartient et comme stipulé dans notre contrat de mariage, tu n’as aucun droit ici maintenant dégage avant que je ne te fasse sortir par la force » la menaçais-je avec fureur. « Il reste ici ! » grondais-je quand elle fit mine de vouloir récupérer Quinn. Vexée, Eloïse ne tarda pas à prendre congé et je déposais mon fils dans son fauteuil avant de me précipiter vers Quinn « Est-ce que ça va ? Fais voir ta main »
Quinn ne manqua pas de sursauter lorsqu’elle entendit les cris de Leonard mais elle n’aurait pas pu être plus heureuse que d’entendre ceux-ci. Eloïse ne lui faisait pas peur en soit mais ce qui l’effrayait, c’est qu’elle soit capable de faire tout ce qui était en son pouvoir pour que la brunette n’ait jamais la moindre place dans la vie de son futur ex-mari. Quinn ne pouvait pas en supporter l’idée et pourtant, bien loin de penser à elle, elle entoura sa main d’un torchon pour se relever non sans mal. « Ma main attendra » murmura-t-elle avant de ne se diriger vers le petit garçon qui pleurait toujours de peur. Quinn passa sa main valide sur les deux joues du petit garçon avant de ne l’entourer de ses bras pour capter sa crainte, lui prouvant qu’elle allait bien et qu’il n’y avait plus rien à redouter. « Chuuuut… ça va aller, je vais bien tu sais ? Ta maman ne s’attendait simplement pas à me voir ici mais ce n’est rien, d’accord ? » La jeune femme n’allait certes pas expliquer à un enfant de cet âge pourquoi sa mère agissait ainsi ni même la teneur des paroles qu’elle avait pu lui envoyer en pleine face. Mais en attendant, à force de douceur et de patience, le petit garçon finit par se calmer, et ce fut à ce moment précis qu’elle embrassa son front tout en le relâchant progressivement. « Dites-donc jeune homme, ne m’aviez-vous pas promis un magnifique dessin la dernière fois ? » Quinn lui afficha un sourire qui illumina son visage comme jamais, sourire qu’elle lui rendit, tandis qu’il fonçait dans sa chambre au rez de chaussée telle une fusée, laissant Quinn pousser un grand soupir avant d’éclater d’un rire nerveux et discret à la fois. [b]« Ca fait un mal de chien n’empêche… » Tentait-elle d’apaiser les évènements tandis qu’elle se rapprochait du capitaine de son cœur, ôtant le torchon déjà entièrement taché de son sang. « Je voulais rassurer Quinn, il est très sensible et je ne voulais surtout pas qu’il fasse de cauchemars à cause de moi. Mais je te dois une table et un torchon… »
La colère irradiait mon être et si je n’avais pas pour principe de ne jamais frapper une femme, je crois que j’aurais refait le portrait de mon ex-femme. Dire que j’avais eu à coucher avec elle pour avoir deux enfants, c’était à se demander jusqu’où allait mon sens du sacrifice. Quinn était aux antipodes d’Eloïse pour preuve, il suffisait de la voir évoluer avec mon fils pour voir qu’elle était une merveilleuse mère mais pour l’heure, j’avais surtout envie de la secouer pour qu’elle pense aussi à elle ainsi que sa blessure. « Rien à cirer de la table ou du torchon » grognais-je toujours en mode capitaine tant j’étais en colère non pas envers elle mais envers le monstre qui me servait d’épouse. « Je dois soigner ta main, assis toi sur le canapé, je reviens ! » lui ordonnais-je avant d’ôter ma veste et de ranger mon arme de service dans le coffre-fort prévu à cet effet. Je ne voulais pas que Quinn junior ait accès à cette dernière. En parlant de lui, je passais rapidement par sa chambre, le voyant s’afférer à dessiner semble-t-il pour la jeune femme. « Tu es un champion fils » murmurais-je en déposant un baiser sur sa tempe avant de me dépêcher d’aller chercher la trousse de premiers soins et de revenir vers Quinn. « Fais voir ta main » lui demandais-je en tirant une chaise pour venir m’asseoir face à elle, prenant son bras pour le poser sur mon genou. Je grimaçais car ce n’est pas joli joli. « Il ne semble pas avoir besoin de points mais tu as des petits morceaux de verre qu’il faut que j’enlève avant de te désinfecter tout cela. Je vais essayer de te faire le moins mal possible » repris-je avec douceur, la colère commençant doucement à me déserter. « Qu’est-ce qu’elle t’a dit Quinn ? » lui demandais-je tout en m’afférant sur ses blessures.
Quinn s’assit docilement sur le canapé sans demander son reste ou même insister pour la table, même si elle se connaissait par cœur, elle allait tout de même finir par la lui rembourser d’une manière ou d’une autre. Eloïse était la principale fautive puisqu’elle l’avait violemment bousculée et si Leonard n’était pas arrivé… certes, la brunette savait se défendre mieux que personne, voilà pourquoi les hommes de la brigade la respectaient tant sur le terrain mais elle n’aurait jamais pu violenter ou même pu tenter de calmer la future ex-femme du capitaine de son cœur. Elle s’en savait incapable puisque émotionnellement impliquée d’une façon ou d’une autre… « Je vais très bien, il n’y a aucune inquiétude à se faire » énonça-t-elle mal à l’aise car si elle n’avait jamais énormément apprécié qu’on la considère comme une pauvre petite chose fragile, ça n’en n’était que d’autant plus vrai face à Leonard. « Si je te dis tout, tu vas être encore plus en colère et je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose » reprit-elle-même si elle se ravisa bien vite en croisant le regard du capitaine, qui n’aurait pas souffert de nouvelle contradiction. « Elle m’a qualifiée d’intrigante… qu’il n’était pas question que je t’obtienne et qu’il fallait que je me retire de la course ou les conséquences pourraient devenir rapidement bibliques. » Quinn déglutit avec difficulté car de telles paroles lui faisaient du mal, sans compter qu’elle n’avait même pas le droit de chercher un quelconque réconfort auprès du capitaine, pas sans vouloir mettre à mal ses principes et il n’était pas question qu’elle le fasse… elle le respectait bien trop pour cela. « Elle ne me fait pas peur. J’ai l’habitude d’être menacée et ce ne sont que des mots… d’autant que ce n’est pas moi qui décide de tout ça, c’est toi, il s’agit de ta vie. Les choses finiront par se tasser, je préfère limite qu’elle ait été virulente avec moi parce que je peux me défendre plutôt qu’avec Quinn… je sais me défendre même si j’avoue ne pas l’avoir fait par choix. Elle aurait été capable de me poursuivre pour coups et blessures volontaires sans motif. » La jeune femme plaisantait de tout cela mais dans le fond de son cœur… elle avait mal. Et si tous ses efforts s’avéraient inutiles ? En attendant, elle se mordait violemment la lèvre inférieure pour éviter d’émettre ne serait-ce qu’un petit gémissement de douleur.
« S’il te plait, j’ai besoin de savoir ! » la priais-je avec plus d’entrain en me montrant le plus doux possible dans mes soins. Je ne voulais pas la heurter davantage qu’elle ne l’était mais ma main trembla légèrement lorsqu’elle me fit part des paroles d’Eloïse à son égard. « Eloïse ne cherche pas à me récupérer, il n’y a jamais eu d’amour entre nous. Elle cherche simplement à récupérer sa place dans la société où évolue ma famille » lui appris-je sans émotion car cela faisait belle lurette que j’avais appris cela. Ma femme ne m’avait jamais aimé et elle ne s’en était jamais cachée, c’est pourquoi, je n’avais pu ressentir le moindre épanchement à son égard. « Toutefois, elle se trompe sur un point. Tu n’as rien d’une intrigante et que si jamais, elle osait ne serait-ce te toucher à nouveau, elle en subira des conséquences bien plus grave. Je n’hésiterai pas à la détruire publiquement en m’attaquant à ses affaires. Si le milieu dans lequel j’ai grandi m’a appris quelque chose, c’est toujours se protéger et je possède pas mal de dossiers sur elle et je n’hésiterai pas à m’en servir si jamais elle venait à nouveau te blesser. Tu es ici chez toi » terminais-je tout en continuant d’ôter les petits morceaux de glace. Je conservais le silence durant une bonne dizaine de minutes « Je dois désinfecter » l’informais-je tout en passant à l’acte avant de terminer par lui bander la main. « Quinn, même si je me refuse à laisser libre cours à ce que je ressens pour toi par respect mais aussi pour rester fidèle à mes principes, cela ne m’empêche pas de ressentir ces sentiments. Ils sont bien là et à ce titre tu auras toujours plus de poids qu’Eloïse dans ma vie et dans celle de mes enfants » murmurais-je en détournant le regard tout en me levant dans le but d’aller chercher un balai pour ramasser les débris de verre avant qu’une autre personne se blesse.
« Je me fiche bien du pouvoir et si je pouvais même raser les murs j’en serais la première ravie » rétorqua Quinn avec sincérité car dans le fond, elle n’avait pas la moindre intention de se faire une place dans le monde de requin où avait grandit Leonard, une place dans son cœur lui suffisait amplement. « Ce n’est pas une place dans la société dont je rêve » avoua-t-elle tout en baissant le regard, s’apercevant que cette maudite Eloïse ne risquait pas de leur simplifier la tâche et qu’il allait falloir que Quinn rassemble toute la patience dont elle avait été dotée. Ce n’était pas faute de l’avoir déjà attendu des années et de ressentir des sentiments qui lui permettraient sans doute de patienter encore plusieurs mois… mais elle le voulait, c’était viscéral, tout l’attirait à lui et plus les jours passaient, plus elle avait du mal à le cacher. « Je suis chez moi ? » reprit-elle subitement avant de ne lui montrer une feuille remplie de son écriture, avec de très nombreux tirets et de très nombreuses informations… « J’ai commencé à chercher un appartement tout de même, je ne peux pas continuer à squatter chez toi et à jongler avec une nounou qui me coûte une fortune sans voir mon fils quand je le désire. Je sais que tu me dirais sûrement qu’il est le bienvenue ici mais je n’ai pas confiance en ta femme… c’est un bébé encore, et je ne veux rien qu’il lui arrive. » Quinn regarda un instant le bandage parfait que lui avait fait le capitaine de son cœur avant de ne se lever dans le but de l’aider à ranger mais elle s’arrêta dans son élan, sans même qu’il ait eu le temps de le regarder. « Je sais que c’est contre tes principes, mais tu m’autoriserais à dormir avec toi ? Je serais discrète, tu ne me sentiras même pas, c’est juste que… juste pour cette nuit, j’aimerais bien avoir une présence. »
« Tu n’es pas obligée de partir, ton fils sera en sécurité ici. Eloïse ne le touchera pas surtout que Quinn est gardé par une nourrice très compétente, elle pourra prendre soin de Léo dans un même temps. Si tu as des doutes concernant son professionnalisme, sache qu’elle a relevé tous mes tests et tu sais à quel point, je suis perfectionniste et exigeant avec mes hommes » rétorquais-je car cela me chagrinait qu’elle veuille s’en aller. Je n’en avais tout simplement pas envie. « J’aimerai que tu restes » [/color] osais-je formuler en rougissant faiblement, bénissant le fait de devoir me baisser pour ramasser les bouts de verre avec la balayette pour pouvoir les jeter à la poubelle mais je manquais de me prendre les pieds dans le tapis lorsque Quinn me demanda à pouvoir dormir avec moi. C’était pour le moins inattendu comme demande et je craignais réellement d’accéder à une telle requête. Je n’étais pas certain de pouvoir survivre à une nuit en tout bien tout honneur surtout lorsqu’on n’avait pas eu ce genre d’activité physique depuis un certain nombre d’années. « Une nuit alors » finis-je quand même par répondre avant de me précipiter dans la cuisine pour jeter les bris de verre, soufflant rapidement pour retrouver un certain calme intérieur. Le problème le plus urgent était de me dire que j’allais devoir passer la nuit avec quelque chose sur le dos moi qui ne supportais aucun tissu lorsque je dormais. Décidément, elle s’était donné le mot pour me rendre totalement dingue. « Tu devrais manger quelque chose, tu as perdu un peu de sang » lui conseillais-je tandis que mon fils revenait avec un dessin. « Tiens, je t’ai fait ton dessin… C’est la maison et puis là y a Megahn, c’est ma grande sœur… Ah et là c’est toi qui tient la main de papa et puis là c’est moi ! Tu vas te marier avec mon papa hein ? » Lui demanda-t-il avec enthousiasme provoquant sans le savoir un cataclysme chez les adultes.
« Mais ton perfectionnisme est une grande qualité » assura-t-elle sans pour autant répondre immédiatement au restant du discours, toute indécise qu’elle était face au fait qu’ils puissent continuer à cohabiter de cette manière, sous le même toit, en plus de n’avoir à se contrôler au travail. Son fils était une vraie raison et Quinn ne mentait aucunement en disant qu’il lui manquait, mais il y avait également autre chose, de plus fugace et sournois, qui motivait sa décision, même si la formulation de Leonard lui arracha une expression surprise. « Mon fils est la principale raison mais ce n’est pas la seule… c’est dur pour moi de rester à quelques millimètres seulement de ta personne et de ne rien pouvoir faire ou dire alors qu’il y a des centaines de choses qui me passent à l’esprit mais que je tais. Ce n’est pas comme au travail où là je suis souvent sur le terrain… le fait que tu me veuilles près de toi me touche au-delà des mots mais je n’ai ni ta force ni ton contrôle Leonard. » Mais cela ne l’empêcha pas de lui sourire alors qu’il acceptait sa requête, ne serait-ce que pour une nuit, moment pendant lequel elle aurait réellement l’impression de ne pas être totalement seule. C’était ça, le plus important. Son sourire ne diminua pas d’un pouce alors que le fils du capitaine revenait fièrement avec son dessin, qu’il offrit avec Quinn non sans enthousiasme avant de lâcher un boulet de canon qui fit aussitôt rougir la jeune femme et déglutir avec difficulté. « Hum… tu sais Quinn ce ne sont pas les femmes qui décident de ce genre de choses en général. C’est à l’homme de demander la femme en mariage. Et je suis sûre que lorsque tu vas en demander une en mariage elle sera la plus chanceuse du monde. » Quinn ou l’art et la manière de noyer habilement le poisson tandis qu’elle lançait un sourire amusé à Leonard et poussait doucement le petit garçon jusqu’à sa chambre pour lui lire une histoire et le coucher. « Je vais garder précieusement ton dessin sur moi, il ne me quittera jamais. Mais tu sais je ne suis pas encore partie hein ! Demain tu me montreras tes progrès en piano, tu veux bien ? » La jeune femme embrassa le front de Quinn junior avant de ne se déplacer jusqu’à la salle de bain pour enfiler une nuisette… elle n’avait hélas que ça et comment dire, cela ne faisait que dévoiler ses divines courbes en les embellissant. « Tu as une très jolie chambre… » énonça-t-elle, les bras contre son corps en avançant vers le lit à pas de loup.
« Je crois que tu surestimes ma force et mon contrôle Quinn » murmurais-je en réponse avant d’être interrompue par l’arrivée inopportune de mon fils qui lui tendit fièrement un dessin. Je ne pouvais que trouver ce spectacle des plus attendrissants bien que mon visage restait toujours aussi stoïque comme à mon accoutumée. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle savait noyer le poisson dans l’eau du bocal car mon fils hocha la tête et la regarda partir avec un grand sourire avant de me regarder fixement, dans les yeux. « Un problème fils ? » lui demandais-je interloqué de le voir si sérieux et surtout si déterminé. « Tu lui fais ta demande quand ? » me demanda-t-il avec sérieux que j’arquais un sourcil surpris. « Euh..c’est… hum…une situation très compliqué Quinn et je ne peux pas demander mademoiselle Bower en mariage comme ça » répondis-je du mieux que je pouvais avant qu’il ne penche la tête sur le côté « Tu es amoureux d’elle, y a rien de compliqué, moi si j’étais plus grand comme toi, je me marierai avec elle mais elle peut pas être mon amoureuse puisque c’est déjà la tienne alors je la veux bien comme maman » rétorqua-t-il avec toute son innocence. Un léger sourire étira mes lèvres tandis que je prenais le partie de laisser courir, m’occupant de lui jusqu’à le mettre au lit en lui promettant de bien réfléchir à ma demande. C’est qu’il était encore plus que têtu que sa mère, ce qui ne présageait de rien de bon pour moi pensais-je avec tendresse en déposant un baiser sur le front de mon fils et en montant les deux étages menant à mes appartements privés car on ne pouvait guère appeler ça autrement. « Euh merci » marmonnais-je en détournant le regard essayant de dissimuler mon trouble de la voir dans cette tenue. « Je vais prendre une douche » ajoutais-je rapidement en allant m’enfermer sous la douche, tournant largement le robinet d’eau froide. Vingt minutes plus tard, je ressortais avec une serviette autour de la taille car j’avais complétement oublié de prendre un change. « Vous pouvez prendre le côté qu’il vous..enfin te plaira »
Quinn poussa un petit soupir alors que Leonard était parti sous la douche, la laissant seule dans cette immense chambre qu’elle n’aurait jamais osé pouvoir contempler de ses propres yeux auparavant. C’était une sensation assez étrange et aussitôt, son cœur se mit à la serrer alors qu’elle s’allongeait docilement sur le côté droit, sans mettre de drap sur sa personne tant la chaleur irradiait l’intégralité de son corps. Il fallut un bon moment pour qu’elle ne se calme tandis qu’elle essayait de ne surtout pas tourner le regard vers lui alors qu’il n’était vêtu que d’une serviette. Quinn déglutit avec difficulté tout en refusant de ne se mettre sur le côté, demeurant sur le dos tout en régulant au possible son rythme de respiration. Elle attendit cependant qu’il n’ait éteint la lumière pour laisser couler des larmes dont elle ne connaissait pas l’origine. Sûrement était-ce le contre coup de la visite de cette maudite Eloïse qui ne lui donnait pas vraiment l’impression qu’elle serait un jour tranquille dans son existence. « Vous formez une belle famille avec Quinn… je ne connais pas ta fille mais j’envie un peu ton cocon familial. Ca se sent tout de suite que ton fils t’adore, ça se lit dans ses yeux, à la façon dont il te regarde. J’espère que mon petit bout me regardera un jour de la même façon… ce n’est pas marqué dans mon dossier parce que je l’ai fais enlever par l’archiviste mais j’ai perdu mes parents quand j’avais sept ans et depuis ce jour, de longs jours de solitude se sont succédés dans ma vie… oh je ne suis pas à plaindre pour autant, mais je crois que ça me manque d’être quelque part où l’on est attendu, aimé, désiré. C’est sûrement ça qui m’a fait le plus mal face au propos de ta femme… elle m’a fait prendre conscience que tout ça, ce n’est pas à moi. Le lieutenant McNamara m’a déjà dit qu’il ne fallait pas que je rêve autant et avec le recul, peut-être qu’il a raison. » Cela ne l’empêcha pas d’embrasser la joue du capitaine de son cœur pour lui souhaiter bonne nuit afin de mieux pouvoir se tourner sur le côté. Elle sombra aussitôt dans un sommeil perturbé, peuplé de cauchemars et après avoir tremblé et gémit des heures durant, elle s’éveilla et se serra brusquement contre le dos de Leonard sans pouvoir s’en empêcher. Inconsciemment, Quinn se mit à caresser son torse avec délicatesse, s’apaisant progressivement à son contact.
Allongés l’un à côté de l’autre, nous étions tout ce qu’il y a de plus sage et pourtant, je sentais mon corps devenir chaud comme la braise mais je me récitais le code pénal pour calmer mes nerfs, essayant vainement dans un même temps de calmer mon cœur qui battait la chamade. La confession de Quinn me laissa un goût amer mais surtout me fit comprendre l’entièreté de la solitude de la jeune femme. « Ma sœur ainée s’est suicidée le lendemain de son mariage. Dans ma famille, il est de coutume que ce soit le père qui décide de sa bru ou de son gendre et ma sœur quant à elle, ne rêvait que de liberté et d’épouser une personne qu’elle aimait. Mes parents n’ont plus jamais prononcé son prénom une fois l’enterrement passé, comme si elle n’avait jamais excité et j’ai été promis à Eloïse en échange comme pour compenser ce contretemps dans le contrat. J’avais quinze ans à cette époque. Elle ne sait rien de l’amour ni même de ce qui est bon pour elle… Tu es une personne délicieuse à aimer Quinn, n’en doute jamais » me confiais-je pour la première avant de porter sa main à mes lèvres pour déposer un léger baiser afin de lui souhaiter une bonne nuit. Hélas, le sommeil me fuyait surtout que je sentais l’agitation de Quinn dans mon dos. Je ne savais que faire : devais-je la consoler et la tenir dans mes bras ? Ou au contraire la laisser à ses cauchemars ? La jeune femme trancha pour moi en se glissant dans mon dos et en caressant mon torse. Bon sang, elle me mettait à la torture si bien que je finis par me retourner vers elle « Quinn » murmurais-je d’une voix rauque tant le désir m’assaillait de toute part. Ma main remontant le long de sa cuisse puis de son flan avant de venir se perdre sur sa joue « Il te faut dormir pour reprendre de forces » ajoutais-je dans la pénombre avant de déposer un baiser sur ses lèvres comme pour l’inciter à se reposer mais aussi à la rassurer quant à la place qu’elle occuperait en mon cœur.
Sûrement la confession de son capitaine avait-elle perturbé Quinn au-delà des mots car même en fin de cauchemar, elle ne pensait qu’à une chose : réconforter Leonard avant même que de penser à elle. Le simple contact qu’elle se permit en se blottissant contre son dos calma toutes ses angoisses d’un seul coup, comme s’il était un ange tombé du ciel pour veiller sur sa personne. Il ne devait manifestement pas dormir davantage puisqu’elle le sentit se tendre pour mieux se tourner vers elle et dès lors, une légère panique s’empara d’elle : « Je t’ai fais mal ? Tu étais tendu… » Mais la caresse de Leonard contre sa cuisse, puis son flanc lui arracha un long frisson de plaisir, faisant malheureusement naître des tonnes d’envies irréalisables dans son esprit alors qu’elle tentait tant bien que mal de résister à l’attraction manifeste étant la leur. Quinn était malheureusement réveillée et l’attention qu’il lui offrait ne faisait que la maintenir hors du royaume des songes… au point qu’elle ne s’empare de ses lèvres à nouveau avant qu’il n’ait pu réellement s’éloigner, mêlant douceur et envie jusqu’à ce qu’elle ne se rende compte qu’elle allait un poil trop loin. « Je suis désolée… j’ai outrepassé ma place » reprit-elle sans pour autant s’éloigner, prenant sa main dans la sienne pour la serrer contre son cœur. Le fait que celle-ci soit presque contre sa poitrine ne lui effleura même pas l’esprit tant elle était obnubilée par le discours qui sonnait dans sa tête… « Comment s’appelait ta sœur ? J’aimerais bien prononcer son prénom, moi. Je suis sûre que c’était une personne formidable et quelque part, je la comprends… sans doute aurais-je réagis pareil si Andrew m’avait obligée à me marier avec lui. Mais je me sens triste pour toi. A quinze ans déjà tu savais que tu ne pourrais jamais être aimé sincèrement… c’est affreusement triste ! J’aimerais tant prendre ta peine pour la faire mienne, Leonard… je sais bien que je ne connais pas ton monde et que je ne suis absolument pas raccord avec celui-ci mais c’est mon souhait le plus cher. »
Tendu ? Elle se fichait de moi ? Non, je pouvais lire une sincère inquiétude dans son regard grâce à la lumière de la lune qui l’éclairait très faiblement. Bon sang, c’était pire que ce que je pensais, elle n’avait pas une seule seconde idée des tourments qu’elle faisait naitre en moi et cela la rendait que plus désirable et adorable. Et le pire dans cette histoire, c’est qu’elle continuait innocemment, me faisant déglutir avec difficulté. « Elle s’appelait Rose et c’était une personne pleine de vie mais écrasée par les traditions de notre famille. Il en est toujours de même dans les castes, les mariages ne sont jamais faits par amour mais simplement pour assurer une continuité, nous le savions mais cela ne nous empêchait pas d’espérer. J’ai aimé une fois, elle était comme toi : maladroite, pleine de vie et d’amour à revendre mais elle était condamnée par une maladie. J’ai fait ce que je pouvais pour la rendre heureuse, réalisant ses rêves les plus fous avant qu’elle ne s’éteigne. Il m’en restait simplement deux… Alors à sa mort, j’ai accepté le mariage et j’ai épousé Eloïse. Je ne le regrette pas car sans cela, je n’aurais jamais eu mes enfants mais je ne l’ai jamais aimé » lui confiais-je sans trop savoir pourquoi avant de l’embrasser à nouveau « Ne sois pas triste pour moi, mes enfants m’ont rendu heureux et puis, j’avais un travail qui me passionnait et me passionne encore… Il y avait bien plus triste que moi » soufflais-je en la regardant avec intensité car si je n’avais pas été un homme si droit, sûrement lui aurais-je fait l’amour cette nuit tant elle semblait en avoir besoin… Tant j’en avais cruellement envie.
Rose… c’est un magnifique prénom. » Quinn était sincère car après tout, elle avait toujours adoré les prénoms français de ce genre mais hélas, le sourire qui éclaira subitement son visage s’estompa bientôt tandis qu’il se confiait à elle, lui avouant le malheur qui l’avait frappé à plusieurs reprises et pourtant combien il en tirait de la positivité tout de même. Quinn ne pouvait pas s’empêcher d’être émue par son récit, même s’il ne s’agissait pas de sa vie et qu’elle ne pouvait pas changer le passé, elle aurait donné tout ce qu’elle avait pour changer les choses et pouvoir faire en sorte qu’il n’ait jamais eu à souffrir autant. « Je sais qu’il y a toujours bien plus triste que soi mais… je donnerais tout ce que j’ai pour que tu n’aies pas eu à perdre ne serait-ce que cette femme que tu as aimée. Elle a dû être la plus heureuse du monde à tes côtés, j’en suis persuadée… je sais trop bien que la vie sans amour, ce n’est pas une vie. Mais quels sont ces deux derniers vœux ? Je peux peut-être t’aider à les réaliser ? » Quinn ne savait pas à quel point elle s’impliquait dans l’existence de Leonard sans avoir un sou de richesse à offrir et pourtant, le peu qu’elle possédait, elle lui aurait offert mille fois si cela avait pu le consoler ou même le rendre plus heureux. « Tu sais… j’ai bien été transbahutée de famille d’accueil en famille d’accueil jusqu’à ce que la dernière me jette à la rue à l’âge de seize ans. J’ai dormi au conservatoire où j’avais été acceptée quelques années plus tôt en tant que pianiste et avant que je ne puisse entrer à l’école de police, j’ai survécu. Mais il y a plus malheureux que moi. D’une certaine façon, même de façon fugace, j’étais libre. Je crois que c’est pour ça que personne ne connait mes origines. » Quinn haussa légèrement les épaules tout en se rapprochant sans pouvoir s’en empêcher avant de ne se relever pour se placer au dessus de Leonard. Quelque soit la folie qui s’emparait d’elle, la jeune femme ne parvenait pas à la réfréner. « Léo… » murmura-t-elle avant de ne capturer à nouveau ses lèvres.
« J’ai fait en sorte de la rendre heureuse » avouais-je sans lui dire qu’Abigail avait été consciente qu’elle n’était pas la femme de ma vie mais qu’elle s’était contentée de l’amour que je lui portais. Au final, je ne savais pas si j’avais pu sincèrement la rendre heureuse mais j’étais en paix avec ce souvenir car elle avait été une des plus belles rencontres de ma vie. « En fait, elle avait écrit une DreamList, une sorte de recueil de tout ce qu’elle voulait faire avant de mourir et les deux derniers souhaits restants était de me voir heureux et de m’entendre rire. D’aussi loin que remonte mes souvenirs, je me rappelle pas d’avoir rigolé et il est inutile de me chatouiller, je ne suis pas le moins du monde sensible à ce genre d’approche » lui dis-je car Abigail avait déjà tenté sans succès. Elle m’avait tout fait : les comédies, faire semblant de tomber, faire le clown, tout mais rien y avait fait, je n’avais tout simplement que sourit sans une fois rigoler. Quoiqu’il en soit, il semblerait que nous étions dans les confidences, apprenant un peu plus concernant la jeune femme avant qu’elle n’eut l’idée saugrenue de venir s’installer sur moi. « Quinn… » Rétorquais-je prêt à lui demander d’arrêter, que je ne voulais pas céder et faire d’elle ma maitresse, je la respectais bien trop pour la placer dans une pareille position que je qualifiais de dégradante mais comment pouvais-je réfréner mes ardeurs alors qu’elle était si désirable ? Je ne pus résister bien longtemps, me redressant pour capturer ses lèvres dans un baiser des plus sensuels tandis que mes mains caressaient ses hanches en jouant avec sa nuisette que je n’avais de cesse de faire remonter. « C’est de la folie »
« Je n’avais pas dans l’intention de te chatouiller ! C’est trop bas comme tactique… mais je note. Je ne suis pas sûre de pouvoir réaliser le premier mais… je vais tâcher au moins de me concentrer sur le deuxième. » Quinn était décidée à réaliser au moins l’un des deux vœux mais pour l’heure, la manœuvre qu’elle avait intenté ne prêtait aucunement à rire. La jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le toucher, de vouloir davantage. Ce n’était que pure folie et nul ne le savait mieux qu’elle mais l’attraction entre eux était si forte qu’elle se sentit bien faible tandis qu’elle lui offrait un nouveau baiser langoureux. Leonard venait de murmurer son prénom mais pour l’instant, il n’était pas insensible à ses charmes et venait même de lui rendre son baiser de façon sensuelle… sa phrase ne la rassura pas, même s’il avait commencé à remonter sa nuisette tout en jouant avec, et Quinn ne put s’empêcher de le regarder quelques instants avant de ne murmurer : « Tu veux que je m’arrête ? » La jeune femme le regarda dans les yeux quelques instants, cherchant à savoir s’il voulait qu’elle s’impose à faire preuve de raison ou s’il était prêt à céder de son côté… « Je sais, c’est de la folie et sûrement demain serais-je gênée d’avoir fait preuve de tant d’audace mais… j’en ai envie. Ce serait mentir que de dire que je n’ai pas envie de toi, Léo. » Le plus sensuellement du monde, alors qu’elle s’était temporairement redressée, elle ôta sa nuisette avant de ne la laisser choir contre la moquette de la chambre. Ce n’est qu’ensuite qu’elle picora de baisers le cou de son capitaine, murmurant d’un même temps : « Pose tes mains sur moi… »
Non je n’avais pas envie d’arrêter, je me sentais bien, en paix avec moi-même sauf avec ma conscience qui n’avait de cesse de hurler au scandale. Pourtant, je n’arrivais pas à l’écouter tant j’étais plongé dans les affres du désir. Un désir vorace qui me laissait sans voix mais qui s’exprimer dans mon regard tandis que je posais mes mains sur ses hanches, les remontant lentement en caressant son ventre pour mieux venir se perdre sur sa poitrine que je découvrais avant de la faire doucement ployer vers l’arrière pour venir déposer des baisers au creux de son cou, descendant pour venir poser mes lèvres à la naissance de ses seins tandis que mes mains lui caressaient le dos. J’avais tellement envie d’elle qu’elle ne pouvait nier la force de mon désir. Ses gémissements et autres soupirs n’en étaient que plus merveilleux à entendre tandis que je couvrais sa poitrine de baisers tendres et amoureux…. Avant que la bulle protectrice dans laquelle nous étions n’explose sous les coups répétés à la porte de chez moi. L’opportun allait finir par réveiller Quinn Junior au rez-de-chaussée. « Pardonne moi, je dois aller ouvrir sinon ça risque de réveiller mon fils » lui dis-je en ramenant la jeune femme à mes lèvres pour l’embrasser délicatement, puis de me relever pour mieux enfiler un jean et de descendre ouvrir. C’était Eloïse. « Qu’est-ce que tu fais là » aboyais-je tout en me passant une main sur le visage. « J’ai le droit de voir mon mari non ? » me rétorqua-t-elle avec suffisance « Il a pas envie de te voir et si tu continues à me harceler comme ça, je te fais coffrer pour racolage, avec ta tenue, mes hommes ne risqueront pas de me croire sur parole. Sur ce, bonne nuit ! » Répondis-je froidement avant de fermer la porte sur mon ex-femme qui n’avait toujours pas enlevé son air ahuri. On ne dérangeait pas un homme alors qu’il s’apprêtait à faire l’amour à celle dont il éprouvait autant d’attirance que d’affection sans en prendre plein la figure. « Quinn ? » m’exclamais-je en la voyant avec des oreillers et une couette visiblement prête à investir le canapé.
Les gestes merveilleusement plein d’affection de Leonard conduisaient Quinn vers un plaisir qu’elle n’avait jamais éprouvé auparavant. On ne l’avait pas touchée de cette façon depuis sa première fois, ni même véritablement aimée… là, la brunette se sentait désirée, voulue, aimée. Elle ne pouvait plus nier la force du désir de son capitaine faisant parfaitement écho avec le sien. Il n’existait plus peur ni hésitation alors que leurs caresses et leurs baisers s’entremêlaient en même temps que leurs souffles… Quinn aurait voulu que cela ne s’arrête jamais, et continuer tendrement à être entourée par le cocon protecteur offert par Leonard… mais ce ne fut pas le cas. Bientôt, tout comme lui, elle entendit quelqu’un tambouriner violemment à la porte et aussitôt, Quinn sut de qui il s’agissait. Elle ne manqua pas de reprendre sa nuisette s’étant précédemment échouée sur le sol pour se rhabiller, honteuse, non sans entendre les éclats de voix provenant de la porte d’entrée. Il n’en fallut pas davantage pour la motiver à prendre couette et oreillers dans la chambre d’ami en vue d’investir le canapé du salon… « Je n’aurais pas dû être si audacieuse, c’est ma faute » commença-t-elle tout en s’emmitouflant complètement à l’intérieur de la couverture, couvrant même sa tête, avant de ne poursuivre : « Elle ne nous laissera jamais tranquille… je sais qu’elle venait vérifier ce que nous faisions et je ne veux pas t’attirer d’ennuis. C’est ma faute, c’est moi qui t’ai poussé. Il vaut mieux que je reste loin pour l’instant. » Mais cela n’empêchait pas la brunette de contenir ses sanglots de rage, de tristesse et de honte tandis qu’elle tremblotait sous la couverture. Autant dire que le lendemain, elle se leva aux aurores pour être certaine de ne pas le croiser pour l’instant. Quinn avait bien trop honte et puis… elle devait visiter un appartement en prime.
« Je suis autant coupable que toi dans cette histoire Quinn » regrettais-je non pas d’avoir cédé à mes pulsions mais de la mettre dans une telle situation. « Je voulais t’épargner tout ceci pour ne pas te faire souffrir mais je n’ai pas réussi » soufflais-je désolé sans savoir quoi faire car je n’étais pas très doué avec les femmes. Devais-je la laisser tranquille ? Ou au contraire forcer le dialogue ? « Je… » Commençais-je « Bonne nuit » me décourageais-je entre temps avant de la laisser seule, sur le canapé pour regagner ma chambre non sans éteindre les lumières. Je ne trouvais bien sûr pas le sommeil et lorsque j’entendis aux aurores la porte d’entrée se fermer sur Quinn, j’attrapais un oreiller pour le poser sur mon visage et crier ma colère et ma frustration. J’avais tout gâché en cédant à mes pulsions, elle devait certainement être dégoutée de ma personne à présent. Je n’étais qu’un vieux pervers, voilà ce que j’étais ! Autant dire qu’en arrivant à la brigade, je fus d’une humeur massacrante, hurlant à tout bout de champ jusqu’à ce que mon assistante fonde en larmes, ce qui me ramena brusquement sur Terre. « Désolé » marmonnais-je avant de me décider à annuler mes rendez-vous et prendre une après-midi de congés pour simplement m’aérer l’esprit. C’est ainsi que par le plus grand des hasards, je me décidais à pousser la porte d’une agence immobilière plus par curiosité que par envie d’investir mais pourquoi pas. Avoir un lieu qui n’appartiendrait qu’à moi, sans passé commun avec ma famille ou mon ex-femme se révéla bien trop tentante pour ne pas y céder. Un peu comme Quinn… Je devais me la sortir de l’esprit alors lorsque l’agent immobilier me proposa de visiter quelques appartements et maisons, je cédais et acceptais l’offre jusqu’à me retrouver devant la personne à laquelle je ne m’attendais pas le moins du monde. « Quinn ? Qu’est-ce que tu fais là ? »
Ce n’était pas tant qu’elle souffrait, mais Quinn avait honte. Honte de s’être dévoilée à ce point et de ne pas avoir pu se donner entièrement à son capitaine comme elle le voulait. La brunette en crevait d’envie et pourtant, elle ne savait que trop bien à quel point Eloïse risquait de se venger si jamais cela venait à ses oreilles… c’était criminel de désirer autant quelqu’un et de ne pas avoir la possibilité de ne faire comprendre autrement que par des mots. La jeune femme s’était donc lancée à fond les ballons dans sa recherche d’appartement, pensant sincèrement que l’éloignement ne pouvait pas être une mauvaise chose étant donné les circonstances actuelles… mais au lieu de s’éloigner, par malheur, alors qu’elle visitait un appartement, elle tomba nez à nez avec Leonard. Certes, Quinn était à peine reconnaissable dans son beau tailleur alors qu’elle s’apprêtait à aller ensuite travailler pour le père du capitaine mais cela ne l’empêcha pas de déglutir avec difficulté et de demeurer un instant interdite face à lui. A croire que la terre entière ne soit pas un terrain de jeu suffisamment grand pour qu’ils ne puissent s’éloigner l’un de l’autre… « Leonard… » Ni une, ni deux, Quinn prétexta le fait qu’ils aillent de concert visiter la chambre en plantant l’agent immobilier à la porte de l’appartement et refermant la porte derrière eux pour plus d’intimité, ne lâchant la main du capitaine qu’une fois sûre qu’ils ne seraient pas épiés. « Je visite des appartements… » commença-t-elle car la brunette avait toujours été habituée à être sincère avec lui et ce n’était pas le moment de lui faire des cachotteries… surtout pas alors qu’elle avait à moitié la main dans le sac. « J’ai été prise de panique. Je pensais qu’Eloïse finirait par s’en prendre à toi, à Quinn alors je me suis dit que si je n’étais pas si proche de toi, ce serait plus simple… je sais je fuis la difficulté et je suis injuste d’agir comme ça mais c’est cruel de désirer quelqu’un à ce point et de ne pas pouvoir exprimer ce désir !! » La jeune femme reprit son souffle en faisant quelques pas avant de ne parvenir peu à peu à se calmer. Elle non plus n’avait pas dormi. « Tu as l’air pâle… tu n’as pas dormi à cause de moi ? »
« Je n’ai pas besoin d’être policier pour comprendre que vous visitez des appartements Quinn » repassant sans le vouloir au vouvoiement car j’imaginais bien que si elle faisait cela, c’était dans l’unique but de s’éloigner de moi et cela me blessait. Je ne savais guère comment lui faire comprendre par des mots mon envie d’elle et surtout de ressentir sa présence à mes côtés mais quoique je fasse, elle était pire qu’une anguille à me glisser entre les doigts. Peut-être devrais-je tout simplement arrêter d’essayer de la retenir et la laisser s’éloigner. Seulement, j’avais peur de la perdre et cela m’empêcher de raisonner clairement. « Je n’ai pas besoin de ta protection » soupirais-je « Et il serait malvenu pour elle de s’en prendre à notre fils car elle sait que je n’hésiterai pas à sortir de vieux dossiers. Si tu m’avais fait légèrement confiance, tu saurais que je ne suis pas sans défense contre mon ex-femme. D’ailleurs, tu es officiellement réhabilitée dans tes fonctions de lieutenant et elle va recevoir par coursier, ma nouvelle demande de divorce » l’informais-je en me détournant car j’avais eu une longue conversation avec mon père à ce sujet. Je ne voulais plus être victime d’un quelconque chantage « C’est à moi de te protéger Quinn et non l’inverse. Je voulais t’éviter d’être dans une guerre vieille comme le monde et je n’ai pas su résister, j’en porte l’entière responsabilité. Je suis le plus âgé de nous deux et donc, je me devais d’être le plus raisonnable » soufflais-je avant d’oser la regarder à nouveau [color=#c03000] « Non. Je n’ai pas réussi à trouver le sommeil cette nuit » répondis-je en toute sincérité, de tout de manière, il ne servait à rien de lui cacher, mon visage en portait suffisamment les stigmates pour parler à ma place. « Si tu désires t’éloigner, je te laisserai faire, je suis las d’essayer d’attraper un savon »
Les paroles de Leonard ne firent que la couvrir encore plus de honte. Quinn avait l’impression que quoi qu’elle fasse, elle agissait mal et mettait les pieds dans le plat. « Ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance, c’est en elle… » murmura-t-elle pour sa défense, tremblotant littéralement car cette sorte de froideur qu’il lui offrait était bien pire que lorsqu’il lui gueulait après. Elle le sentait s’éloigner, machinalement, sans qu’elle ne puisse rien y faire et cette idée lui glaça littéralement le sang. « Ce n’était pas qu’une question de raison Leonard, je t’ai poussé ! Je t’ai poussé et j’ai eu honte de ma personne parce que je me suis entièrement dévoilée et qu’au final… nous n’avons pas pu aller jusqu’au bout de notre envie. » Quinn s’était rapprochée, les yeux humides, se contrôlant autant que possible alors qu’elle avait machinalement prit sa main dans la sienne pour la serrer aussi fort qu’elle le pouvait. « Je ne veux pas partir, ça me tue déjà d’être loin de toi au bout d’une heure alors… une journée je deviendrais dingue, mais je ne voulais pas m’imposer, je ne voulais pas… je ne voulais pas que tu me rejettes, je t’en prie pardonne-moi. Je suis trop stupide… » Quinn se cala subitement contre l’épaule de Leonard, risquant le tout pour le tout en espérant qu’il ne la rejettera pas. « Je me fous d’être réhabilité si tu n’es pas là pour me beugler après même le soir quand je dis une connerie… la vérité c’est que je n’ai pas envie d’être séparée de toi et je suis prête à faire toutes les concessions du monde si tu veux toujours de moi… même si ce sera dur je veux bien même arrêter de te toucher. Mais je ne veux pas te perdre… Leo… » Quinn lâcha subitement sa main et s’écarta de quelques millimètres seulement jusqu’à ce qu’il ne croise son regard, afin qu’il ne soit persuadé du fait qu’elle soit amplement sérieuse.
« Je te protégerai d’elle aussi longtemps qu’il en sera nécessaire. Tu es un lieutenant de police Quinn, ne l’oublie pas, raisonne avec ta tête et non avec ton cœur » l’encourageais-je pour qu’elle cesse de vivre dans la peur d’Eloïse, elle était bien plus intelligente que ne le sera jamais mon ex-femme. Toutefois, la jeune femme éprouvait toujours une culpabilité qui me dépassait car à l’entendre, elle m’aurait sauté dessus, ce qui était définitivement pas le cas. « Quinn, tu ne m’as pas violé, j’étais pleinement consentant ainsi qu’en possession de mes moyens. Si je ne te désirais pas, je t’aurais repoussé. J’ai agi en mon âme et conscience et tu n’as pas à culpabiliser de quoique ce soit, me suis-je bien fait comprendre ? Alors si cela t’ai aussi difficile d’être loin de moi, cesse donc de me fuir Quinn » la suppliais-je presque car je reconnaissais au fond de mon cœur que sa présence m’était devenue indispensable. Quand étais-je passé de l’indifférence à ce sentiment doux et chaud qui couvait dans mon cœur ? Au fil des années ? Certainement. Quinn avait réussi à me conquérir à force de patience, de gestes anodins du quotidien mais aussi simplement par sa personnalité délicieuse. « La seule chose que je ne peux me permettre, c’est de te posséder Quinn mais cela n’exclue pas que tu puisses me toucher comme je peux le faire à cet instant » murmurais-je avec tendresse tout en glissant ma main sur sa joue pour relever son visage et y déposer un tendre baiser. « Ne pars pas » lui demandais-je en dernier recours car je me connaissais suffisamment pour savoir que je ne lui redemanderai pas une nouvelle fois. « C’est fou, tu arrives à me faire parler alors que je déteste ça » plaisantais-je à moitié.
« Je sais que je ne devrais pas raisonner avec mon cœur mais avant d’être lieutenant je suis surtout une femme… » Et une femme sensible, il allait sans dire. Le simple fait de ne pas avoir été aimée comme elle le méritait et d’avoir vécu de nombreuses années dans l’ombre de familles d’accueil n’ayant fait que la repousser avait fini par laisser des marques indélébiles. Même si elle faisait des efforts en face du capitaine de son cœur parce qu’elle voulait à tout prix qu’il puisse se reposer sur elle de temps en temps également, ses mauvais démons n’étaient hélas jamais loin. Pour son plus grand désespoir… « Je ne fuirai plus » lui assura-t-elle alors qu’elle accueillait son baiser avec un délice non dissimulé. Diable, comment se faisait-il qu’il soit en mesure de lui faire faire ou dire tout ce qu’il voulait ? Ses sentiments pour lui n’en furent que renforcés et bien que le fait de ne pouvoir jamais que le frôler risquait d’être un supplice de tous les instants, ce n’était qu’un délicat sacrifice par rapport aux longues journées que subirait Leonard jusqu’à ce que son divorce ne soit prononcé. « Je suis là, avec toi… et tu es merveilleux quand tu t’ouvres à moi, Léo. » Ce n’est que peu de temps après la fin de la visite qu’ils retournèrent de concert au commissariat, en faisant preuve d’autant de discrétion que possible même si Quinn ne se languissait que d’une chose : que le soir n’arrive et qu’elle ne puisse prendre soin de lui, même de loin…
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