Sheamus n’était pas encore rentré de sa soirée « entre mecs » avec Shaun, et tant mieux, bien qu'il soit plus de trois heures du matin. Maureen avait déjà mis un siècle avant de le persuader de ne surtout pas l’accompagner en tant que garde du corps lors de son entrevue avec son paternel, ce n’était pas pour qu’il soit désormais horrifié par le résultat. L’irlandaise avait peiné à rentrer en un seul morceau et avait opté pour l’option taxi afin d’être plus discrète mais depuis qu’elle était rentrée, elle soignait son arcade ouverte avec autant de précision que ses mains tremblantes d’adrénaline le lui permettaient. Maureen souffrait et il serait mentir que de prétendre le contraire mais elle avait quand même pris une sacrée dérouillée. Oh son père avait beaucoup pris en retour, aucun doute là-dessus mais elle avait mangé en premier. « Bordel de merde ! » s’exclama-t-elle après s’être déshabillée non sans mal et avoir mis un pantalon de pyjama noir, restant en soutien-gorge pour admirer ses hématomes dans le dos. Il avait cogné sévère ce connard ! Il avait évité le ventre, où grandissait son petit fils, mais il n’empêche… « Même une tonne de fond de teint va jamais rattraper ça » soupira-t-elle tout en finissant sa petite suture à l’arcade afin d’appliquer un strip histoire de faire tenir le tout. Une chance qu’elle ait quelques connaissances en matière de petite chirurgie sans quoi elle était bonne pour la case hôpital et de devoir expliquer comment cela se faisait qu’une femme enceinte s’était pris de tels gnons dans la tronche et ailleurs… encore une fois, une chance que Sheamus ne soit pas encore rentré ! Maureen espérait simplement qu’elle serait rhabillée avant qu’il ne rentre…

Et merde. Sheamus avait été plus rapide que Maureen ne le pensait et résultat, il la dénicha dans la salle de bain en moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire. Sa réaction fut immédiate, comme elle aurait pu le redouter et l’irlandaise soupira de ne pas avoir le temps d’en placer une… du moins jusqu’à ce qu’il ne fasse demi-tour et n’aille reprendre sa veste. « STOOOOP ! Stop. Personne n’est mort, c’est très habituel qu’on en arrive à ces extrêmes avec mon paternel en cas de désaccord et je vais très bien. Le bébé aussi, je suis allée faire une échographie et crois-moi, mon paternel va se trimballer avec un sachet de glace sur le sac à bonbons pendant un long, très long moment. » Maureen lui avait empoigné le bras, le forçant à la regarder car malgré ses hématomes et la douleur de surface, l’irlandaise n’avait pas l’impression que la discussion n’avait servi à rien et qu’il y avait besoin d’en remettre une couche. « Il était furax à propos de ce connard d’anglais et j’ai pas pu éviter le coin de sa putain de table en verre. J’ai déjà pris pire dans la gueule Sheamus, je t’ai pas attendu pour me bastonner avec quelqu’un de proche ! Ecoute, ce n’est pas le moment du tout que tu lâches la bombe alors tu vas devoir me faire confiance. Je te garantie que tu vas avoir ta place de gendre et qu’en prime il n’aura pas son mot à dire mais là, c’est juste pas le bon moment. Tu crains peut-être pas mon paternel mais s’il te colle une balle entre les deux yeux, je fais quoi moi avec ton fils ? Je compte les moutons ? »

« Si tu savais à quel point je m’en bats les reins qu’il pense que tu n’es pas assez bien pour moi ! » maugréa-t-elle à son tour car elle n’avait pas envie de se lancer en prime dans une joute verbale interminable qui lui prendrait en prime une énergie qu’elle n’avait pas. Néanmoins, Maureen croisa les bras contre son corps meurtri sans même hésiter une seconde, soupirant au passage à chacune des paroles de Sheamus car si elle ne comprenait rien à rien, lui non plus. « Mais merde O’Malley je n’ai pas sorti que j’avais pas besoin de ta protection ou que j’en ai rien à foutre de tes sentiments ! Justement, ça m’importe tu vois, mais d’un autre côté, je n’ai pas envie qu’il te traîne dans la boue, qu’il te considère juste comme un objet ou qu’il te blesse pour faire valoir son opinion parce qu’il est putain de doué en la matière… ça me blesse que tu aies mal, c’est si dur à comprendre ?! Ce n’est même pas une question de se défendre seul, on est deux adultes toi et moi et en prime on connait ce monde pourri depuis trop longtemps pour pas savoir se défendre… mais c’est pas que ça. Et mon égo il t’emmerde parce que je vois pas ce que ça vient foutre là dedans ! » Maureen avait presque hurlé à la fin de son discours mais cela ne l’empêcha pas de venir sur le canapé à son tour pour mieux tourner son visage et déposer un baiser d’une tendresse infinie contre ses lèvres, atténuant d’un même temps le feu de ses paroles. « T’es qu’un connard d’irlandais et moi une connasse d’irlandaise, c’est bon, t’es satisfait comme ça ? J’ai fais valoir à mon paternel que j’étais enceinte, par conséquent il va me lâcher un brin la grappe avec les mariages et autres conneries du genre… mais ! Apparemment il a plusieurs autres parrains sur le poil et c’est le moment de créer des alliances m’a-t-il dit… comme il n’est pas question que tu épouses la première pouffiasse venue ou que j’épouse le premier connard de mafieux venu… on va le laisser gérer sa petite guéguerre, chose qui devrait l’occuper un long moment, et qui va nous permettre deux choses : la première, de faire style que tu cherches toujours quelqu’un pour te « reproduire » histoire qu’il nous barbe pas avec ça, me laisser le temps d’accoucher aussi accessoirement pour lui faire valoir ensuite que tu n’es plus le seul O’Malley et que toi aussi tu as ton mot à dire dans l’histoire. Je sais que dans le fond mon père veut surtout être grand-père et il veut que ce soit moi qui mette au monde un gamin. Je lui offre ce qu’il veut… et il reprendra la promesse qu’il m’a faite avant que tu ne quittes l’Irlande il y a dix ans. Même si merde, je t’ai lâche une info capitale et tu n’as même pas capté abruti d’irlandais ! » Maureen lui donna un vif coup sur l’épaule, fronçant les sourcils, tout en espérant qu’il n’allait surtout pas faire l’impatient sur ce coup là. « Je t’ai dis, je suis ta femme et t’es mon homme. Rien n’est changé et rien ne changera. »

En moins de temps qu’il n’en fallut pour le dire, Maureen se retrouva sur les genoux de Sheamus et, bien qu’elle ne put s’empêcher de laisser un gémissement plaintif dépasser ses lèvres bien qu’elle n’eut aucun scrupule à lui rendre son baiser tout de même. « Je ne penserai jamais comme lui, c’est l’évidence même ! Je ne l’ai jamais fait auparavant je ne vois pas pourquoi je commencerais, même si t’es qu’un emmerdeur fini et que souvent je rêve de te botter le cul non stop… » Mais il n’empêche que l’irlandaise avait toujours des scrupules à laisser son père traiter son blondinet préféré de la sorte, tradition ou pas tradition. Maureen considérait la chose comme de la masturbation de cerveau et rechignait à en prendre partie, de loin comme de près… et ce bien que ce soit cette foutue tradition qui l’ait justement poussée à l’accueillir dans son appartement de prime abord. « T’as enfin percuté, pas trop tôt ! T’as le cerveau lent O’Malley bordel… » maugréa la piquante blonde non sans conserver un sourire taquin et provocateur contre ses lèvres, contrastant agréablement avec celui teinté de débilité que lui offrait actuellement Sheamus. Nul doute qu’il fanfaronnait par avance dans son esprit, et ce rien qu’à imaginer Shaun bouder de n’être plus le seul papa d’un haricot irlandais… « J’l’ai dis en preums que j’aurais un p’tit gars, et c’est parce que JE suis trop balèze, end of story ! T’es toujours un poney chéri, mais t’es mon poney alors forcément c’est toute la différence… » Maureen le provoqua de façon ultime en lui mordillant la lèvre inférieure, mais non sans choper ses mains pour les mettre sur son ventre légèrement rebondi. « Toi qui es une lumière, on l’appelle comment notre champion ? »

« Ah bon, t’avais pas envie de te faire mon exceptionnel petit cul qui appelle les plus torrides instants et qui en prime n’arrête pas d’asticoter junior ? » le provoqua-t-elle justement en se dandinant légèrement contre junior d’un air défiant. Elle stoppa rapidement par pur esprit de contradiction et parce que leur conversation avait justement un fond de sérieux, même si Maureen ne manqua pas de hausser prudemment les épaules lorsqu’il lui apprit que son cerveau lent l’emmerdait. « Quoi ?! Tututu !! Va pas m’entourlouper O’Malley parce que t’as pris ton pied à la conception mais tu vas en chier pendant des années exactement comme Bibi !! Ca veut dire lever son cul même en pleine nuit lorsque ta femme aura sué sang et eau pour sortir TON FILS de son corps ! » maugréa Maureen avant de lui taper les deux mains afin qu’il ne les enlève et ce pour mieux se relever. Elle grimaça se faisant, bien évidemment, car son corps avait souffert plus souvent qu’à son tour et qu’en prime, elle frissonnait. Il faut dire que le haut de son corps n’était couvert qu’avec son soutien-gorge… et qu’elle venait de se priver de sa bouillotte personnelle pour simple cause de caractère de merde. « Ouais, bah blonde ou pas, t’es quand même un poney parce que tu vas me laisser faire tout le boulot ! Genre t’es juste là pour prendre ton pied espèce d’enfoiré de mes deux ! » Maureen croisa ses bras contre son corps pour conserver sa chaleur et s’adossa au bar au fond du salon avant de soupirer. « Declan, j’adore » conclut-elle avec sincérité en accompagnant ses paroles d’un sourire tendre et franc.

« T’adore que je t’allume, t’es pire qu’un feu de pyromane ! » lança Maureen sans l’ombre d’une douceur pour la simple et bonne raison qu’ils passaient leur temps à s’envoyer des saloperies dans la tronche et qu’ils finissaient presque par aimer ça. Qu’importe, Sheamus serait sûrement celui qui cèderait en premier histoire de la faire revenir – du moins l’espérait-elle – mais l’irlandaise était suffisamment têtue pour continuer à se geler le cul de longues minutes par pure fierté mal placée. « Caractère de merde toi-même, c’est toi qui a commencé en disant que t’allait me laisser me démerder ! Je suis une grande fille si je veux et mon cul il va se geler dans son petit coin rien que pour t’emmerder parce que t’es rien qu’un enfoiré, PONEY ! » Mais au milieu de ses attaques on ne peut plus virulentes, Maureen ne faisant jamais les choses à moitié surtout quand il s’agissait d’attaquer autrui, elle ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire fournissant un mélange de tendresse et d’amusement. Elle n’était pas peu fière d’avoir trouvé un nom pour leur fils avec Sheamus, et ce sans qu’ils aient à se battre, car cela ne rendait sa grossesse que doublement concrète. Et ce bien qu’elle soit extrêmement peu décidée à revenir lui faire un câlin… même si elle se les gelait quelque chose de monstrueux. « Te refaire un câlin ? Et depuis quand tu l’as mérité ? C’est plutôt toi qui devrait m’en faire un ! Et puis merde, je fais grève, junior va expérimenter ta jolie main droite, je suis sûre que tu feras ça très bien ! »

« Attends minute papillon : parce que je suis pas revenue te faire un câlin tu pionces sur le canapé ?! » s’étrangla à moitié Maureen alors qu’elle sentait déjà une certaine faiblesse physique s’abattre sur elle. Son visage était devenu beaucoup plus pâle, sa vue était légèrement trouble et elle peinait à avoir autant de force que d’habitude dans ses attaques. En l’occurrence, elle n’était pas en état le moins du monde de poursuivre cette joute verbale et encore moins de se passer de l’assistance de son irlandais préféré… « Sheamus ça va pas… » murmura-t-elle faiblement alors qu’elle devait se soutenir au bar pour ne pas s’écrouler. Maureen tentait de garder les deux ouverts mais c’était d’autant plus difficile qu’elle sentait ses jambes l’abandonner progressivement à son triste sort. Mais ce n’était pas réellement le plus inquiétant dans l’affaire : à l’heure actuelle, la demoiselle portait un pantalon de jogging blanc, et on pouvait voir une imposante trace de sang à l’entrejambe. Bien que d’ordinaire tout ce qui touche à l’hémoglobine ne perturbe aucunement l’irlandaise, la crainte se mêlait à ce tableau déjà horrifique tandis que sa respiration se faisait de plus en plus saccadée. « Appelle le médecin de famille… » parvint-elle à articuler avant de progressivement se laisser tomber à même le parquet. Par chance, ledit médecin de famille ne mit guère de temps avant d’arriver et demeura à son chevet un long moment en lui prodiguant intraveineuses et autres soins s’y rattachant. Apparemment, elle n’avait pas besoin de transfusion mais c’était tout juste. « Disons que je viens de stopper votre fausse couche, Miss O’Connor, mais rassurez-vous votre fils va bien. Vous en revanche je n’irais pas jusque là ! Il faut que vous gardiez le lit au moins une semaine pour vous remettre de cette épreuve mais aussi des nombreux hématomes que je vois sur votre corps. Peut-être serait-il temps que vous ne passiez la main… » suggéra le médecin alors que Maureen, emportée par la peur, laissait de longues larmes s’échapper de ses yeux, chose qu’elle ne faisait jamais en public.

Maureen avait la désagréable sensation qu’on l’écrasait sous une pierre, lui ôtant toute volonté mais aussi toute énergie. Elle peinait sincèrement à se rendre compte de ce qu’elle avait manqué de perdre et machinalement, alors que le doc parlait à Sheamus en privé, l’irlandaise se surprit à passer et repasser une main contre son ventre déjà bien arrondi. Finalement, lorsque son étalon préféré revint à son chevet et l’installa comme si elle avait faillit mourir – bien que justement elle ait faillit mourir ne lui en déplaise – elle grinça légèrement des dents. « Ca va, fais pas cette tête de six pieds de long je vais bien ! Demain il n’y paraîtra plus, ce doc est toujours beaucoup trop alarmiste. D’ailleurs il t’a dit quoi en privé ?? » Maureen n’avait aucunement envie de se dire que Declan avait risqué gros et bien qu’elle ait justement l’intention de lever définitivement le pied en nommant quelqu’un d’autre à la tête de la Mafia jusqu’à la naissance de son fils, elle ne voulait ni en parler ni montrer que justement, elle avait un peu trop compris le message. « Je sais » lâcha-t-elle finalement pour lui faire comprendre qu’il n’y avait pas besoin de la secouer comme un prunier et qu’elle avait oublié d’être complètement stupide. « Me regarde pas comme si je vais bouffer des pissenlits par la racine demain, j’te jure c’est perturbant O’Malley ! » l’engueula-t-elle sans pour autant avoir la même force que d’habitude. Même son talent pour la joute verbale s’en trouvait diminué. « Tu oublies ta grève pourrie dois-je comprendre ? »

Aouch. D’ordinaire, Maureen n’était pas aussi facilement touchée par un discours n’ayant rien de combattit, de mauvais et qui n’était presque pas désagréable ! Qu’est-ce que lui avait fait ce foutu doc avec ses intraveineuses pourries ?! Franchement, l’irlandaise avait envie de se cogner la tête contre le mur histoire d’être sûre qu’elle n’était pas en plein cauchemar mais apparemment non. Sheamus était presque doux et gentil et cela la perturbait au-delà des mots, quoi qu’elle en dise. « T’as eu peur ? » répliqua-t-elle tout en écarquillant les yeux avant de ne tourner machinalement son visage vers l’emplacement qu’il se mit à occuper dans le lit. C’est drôle, mais elle l’imaginait sans aucunes peurs, chose qui forçait d’ailleurs son respect depuis de très nombreuses années. « T’es bizarre O’Malley, le doc t’a aussi donné une intraveineuse hallucinogène ou tu es presque charmant avec moi ? Seulement presque parce que y’a quand même un fond d’irlandais, heureusement d’ailleurs sinon je serais obligée de me tirer une balle dans le pied histoire de m’apercevoir que je rêve pas ! » Mais Maureen accepta pourtant son étreinte en ronronnant presque d’aise, pour la première fois en dix ans. Il fut un temps où c’était coutumier pour elle que de ronronner littéralement entre les bras de Sheamus mais là… autant dire qu’il s’agissait d’une rareté. Mais comme elle le craignait, l’accalmie ne dura pas puisqu’elle eut une contraction plutôt violente, comme prédit par le doc, et qui la poussa à s’asseoir sur le lit en attendant qu’elle ne passe. Si c’était une sorte de punition pour tous les crimes qu’elle avait commis, c’était cher payé que de vouloir lui prendre son fils de force. « J’ai la trouille de le perdre… »

Effectivement, gentil et Sheamus ne rimaient définitivement pas ensemble et plus les secondes filaient sur le cadrant et plus Maureen s’interrogeait. Non pas que ce soit désagréable en soi mais elle n’avait aucune envie de le voir se forcer à être entouré d’une cascade de sucre dégoulinant juste parce qu’elle avait manqué de souffrir d’une tragédie. Du reste, elle souffrait encore physiquement mais ça, c’était un autre débat. « Sauf que si tu étais délicat comme la rosée du matin O’Malley, ça se saurait ! » nota l’irlandaise non sans un brin d’ironie dans le son de sa voix, cette conversation l’aidant à garder la tête froide et à éviter de ne s’éparpiller plus encore qu’elle n’avait l’impression de l’être. « Inutile de me ménager, je suis une grande fille et j’en ai vu d’autres même si là, le résultat ne sera pas le même. Pas la peine que tu m’entoures de tes grands bras musclés à moins que l’idée vienne de toi mais je ne sais pas pourquoi… je te connais bien trop pour y croire à ton affaire ! » Maureen se rallongea précautionneusement sur le dos, grimaçant à plusieurs reprises à cause de ses hématomes et de tout le sang qu’elle avait perdu, sans oublier les contractions qui finissaient de l’achever. « C’est dans mon sang et je n’arrive pas à être quelqu’un d’autre. J’aurais beau essayer, même si j’ai tous les diplômes qui faut pour être doc… je jouerais un rôle si je changeais, je le sais. N’aie crainte je vais donner les pleins pouvoirs à Shaun après l’avoir longuement briefé, histoire qu’il ne fasse pas trop de conneries sinon je vais passer des mois à réparer les choses mais il est le seul en qui j’ai entièrement confiance pour le job. Il ne va pas s’y attendre c’est net mais c’est pas comme si j’avais le choix… hors de question que mon paternel ne prenne les rennes, il me foutrait un bordel monstre, et je refuse de mêler Anton à ça, il n’a pas les épaules pour. Bordel des fois je serais prête à plonger dans l’océan, rentrer en Irlande à la nage, construire une maison de mes mains et zapper toutes ces conneries de merde. »

« Vrai, tu marques un point : le grandissime O’Malley n’est pas un salopard quand il s’y met ! Ca va, ne le prend pas mal, tu me charries les trois quart du temps alors j’ai bien le droit de m’étonner… tu n’as jamais été délicat tu te souviens ? Délicat, ce n’est pas ton deuxième prénom, du coup j’ai dû botter le cul à mon ancien romantisme et lui dire adieu, du temps où je n’étais qu’une innocente irlandaise bien sûr. » Sheamus pouvait tout de même se vanter d’avoir séduit une O’Connor et de lui avoir ravi sa virginité. Mais Maureen ne l’aurait donné à personne d’autre dans tous les cas. Malgré toutes les joutes verbales qu’ils pouvaient avoir, il possédait son cœur, son âme et tout ce qui s’y rattachait, bien qu’elle n’ait plus jamais osé faire preuve de romantisme en sa présence. C’était une faiblesse qu’elle ne se permettait plus. « Probable que tu doives lui servir de nounou quasiment à demeure… d’ailleurs si tu savais à quel point j’applaudis la patience de sa française ! Elle mérite le paradis direct sans purgatoire ! » Mais au risque de passer pour une rêveuse finie, chose qu’elle était toujours après avoir été malade comme un chien, grièvement blessée ou toute autre chose du genre, Maureen voyait son esprit vagabonder dans son passé et teinter ses yeux de larmes, même si celles-ci n’étaient pas autorisées à couler. « A moi si. Là bas j’étais libre. Je n’étais pas un pantin, notre histoire n’était pas aussi compliquée, on ne se cachait pas l’un de l’autre… on ne se provoquait pas constamment non plus d’ailleurs, on était juste normaux à vrai dire. » L’irlandaise ferma un instant les yeux avant de pousser un pénible soupir et de se reprendre. « Non. Ou à tout le moins je vais avoir beaucoup de mal… mais c’est ça ou je perds l’une des deux raisons qui fait encore que je suis à peu près humaine, alors… ça vaut le sacrifice je suppose. »

« Pourquoi tu pourrais l’être ? » s’amusa à lui demander Maureen non sans sourire pour lui faire comprendre que ce n’était pas une obligation et qu’elle n’avait certes pas dit cela pour ça. Bien sûr, cela lui manquait que de ne pas avoir le vrai frisson romantique comme n’importe quelle femme mais elle vivait sans tout de même, il n’y avait aucune inquiétude à avoir là-dessus. Elle haussa donc juste les épaules avant de laisser un petit rire s’échapper de ses lèvres : il n’avait pas tort le moins du monde, Shaun et Maureen étaient les spécialistes pour se mettre dans la merde et le pire, c’est qu’ils se riaient du danger, hahaha. Ils le faisaient avec classe, en dépit de tout, et restaient les plus cabotins de la création. Tant pis, c’était tellement bon ! L’irlandaise laissa un moment planer son sourire avant que son beau visage aux traits de porcelaine ne redevienne subitement sérieux. Le discours de Sheamus avait déclenché une idée en elle, un plan fou qu’elle ne pouvait pas se permettre de retenir, même s’il y avait fort à parier pour que le jeune homme à côté d’elle ne hurler au scandale la minute d’après. « Sheamus… est-ce que tu veux m’épouser ? » lâcha-t-elle la chose telle une bombe tout en se redressant et en s’asseyant sur le lit non sans difficulté. « Avant de beugler, écoute : tu espères qu’à long terme toi et moi on n’aura plus à se cacher et moi également. Je t’aime Sheamus, c’est la chose la plus logique que je ferais de toute ma vie et c’est pas peu dire nom de dieu ! Je voudrais que Declan porte ton nom et puis merde, peut-être que c’est l’argument le plus massif que l’on puisse utiliser pour dire définitivement qu’on emmerde cette putain de tradition… »

« Que tu m’étonnes ? Alors là, clairement, je demande à voir ! » le provoqua-t-elle car décidément, Maureen peinait à imaginer Sheamus dans la peau d’un romantique. Sûrement cherchait-il à lui faire comprendre qu’il serait romantique à sa façon et qu’il ne fallait pas non plus espérer le Mont Rochemaure du romantisme ! « En théorie oui c’est au mec de faire la demande en surprenant agréablement sa dulcinée… » le singea-t-elle avant de ne laisser échapper un petit rire presque mesquin à sa défense. « Mais si je t’attendais O’Malley putain je boufferai les pissenlits par la racine que ça t’aurait même pas effleuré l’esprit, t’es au courant ?? Mais si ta virilité de mâle est entamée, rien ne t’empêche de m’en faire une en bonne et due forme » rétorqua-t-elle en agrandissant son sourire, chose qui lui donnait la pire tête à connerie de la création. « Cache ta joie, en tout cas ! » soupira-t-elle tout en cherchant à faire machine arrière avant que cette histoire de merde ne la blesse mais à la surprise générale, l’irlandais de son cœur finit par accepter, chose qui transforma de fait son expression en un sourire à la fois surpris et tendre. « C’est vrai, tu acceptes ? Genre je vais t’emmerder jusqu’aux tréfonds de l’univers parce qu’il faut que je porte un costard, à ne pas vouloir me donner ton avis sur ma potentielle robe et à me charrier là-dessus ? » La piquante blonde éclata de rire avant de se tourner pour sortir de son tiroir un écrin contenant une chaîne avec un anneau parfaitement masculin, pouvant être considéré comme une alliance ou… une bague de fiançailles. « Tu vois, t’étais pas le seul à avoir prévu le coup… mais putain O’Malley, s’il fallait qu’on fasse un concours de qui est le plus chieur, tu gagnerais haut la main ! Merde je t’épouse pas pour dézinguer la tradition c’est pas la première raison mais rien à foutre je t’épouse quand même ! » Maureen lui plaça la chaîne dans la main, la refermant au passage avant de ne s’emparer de ses lèvres avec passion. Il fallait bien marquer le coup !