« C’est arrivé par coursier ? C’est pas possible vous vous plantez !! » hurla-t-elle à l’attention de Dante, qui tremblotait après lui avoir apporté tout un dossier dont il ignorait pourtant le contenu. Maureen voulut croire de toutes ses forces à une erreur, sincèrement. « Cela ne peut être vrai… » murmura-t-elle avec désespoir avant de chasser son assistant de son bureau en le menaçant de telle façon qu’il partit avec plaisir sans demander son reste. L’irlandaise venait de se prendre un véritable uppercut en pleine face, et peinait à respirer. Elle faillit d’ailleurs manquer sa chaise sans oser jeter à nouveau un coup d’œil aux informations précédemment lues dans ces foutues pages. Sheamus O’Malley, agent infiltré du FBI, responsable de dénicher et de mettre sous les verrous tous les membres de la Mafia portant le nom de O’Connor. Il l’avait trahie… avec toutes ses belles phrases, ses belles intentions, il l’avait quand même trahie ! « Tu vas pas l’emporter au paradis, O’Malley… » reprit-elle avant de ne sortir une arme de son tiroir, de prendre ses clefs de moto et de filer comme une ombre au travers des grandes avenues new yorkaise. Elle lui avait donné rendez-vous dans un entrepôt, soit disant pour lui présenter quelqu’un d’important mais à vrai dire, elle voulait simplement se croire suffisamment forte pour lui décocher une balle en pleine tête et ne plus jamais en entendre parler. Il était venu, presque à sa plus grande surprise, mais Maureen ne souriait pas, elle était aussi impassible et froide qu’un morceau de glace en plaine sibérienne. « Ca paye bien, le FBI, sale traitre ? » lança-t-elle avec ironie avant de ricaner narquoisement, s’insultant intérieurement pour s’être faite avoir comme la débutante qu’elle n’était pourtant plus depuis des lustres. « Mes félicitations » reprit-elle en applaudissant « tu as réussi ton infiltration à merveille, tout le monde t’a cru de retour pour cette connerie de tradition, même Shaun ! Ca t’a fait kiffer de trahir ton meilleur ami et la femme qui t’aimait, hein ? Mais ouais, forcément, ça devait être bien bandant pour que tu le fasses sans même ciller… » Maureen crut qu’il allait avancer mais elle dégaina son arme par réflexe pour surtout l’en dissuader. « Je te déconseille de faire un pas. »

Maureen aurait rêvé de lui rire simplement au nez avant de tirer et de ne plus jamais parler de cette histoire. Mais hélas, il y avait une nouvelle inconnue à l’équation et c’était elle qui retenait sa main, bien que celle-ci n’ait jamais faillit ou hésité jusqu’à lors. « Bien sûr, je vais te croire… tes supérieurs ont sagement fait en sorte de te démasquer pour qu’un mafieux puisse tranquillement te faire mordre la poussière… ARRETE DE ME PRENDRE POUR UNE CONNE ! » hurla-t-elle sans pouvoir se maîtriser, surtout qu’elle se trouvait encore plus hystérique qu’elle ne l’était en temps normal. « Me tente pas parce que côté torture, je surpasse de très loin le boucher » conclut-elle tout en se mordant violemment la lèvre, incapable de tirer tandis qu’une unique larme coulait le long de sa joue. « LA FERME ! LA FERME AVEC TES SALES MENSONGES DE MERDE !! » Maureen ne fut pas capable de le tuer mais par contre, elle n’hésita pas à tirer dans sa jambe juste histoire que son cœur ne réclame pas justice à nouveau tout de suite. « Ne réapparaît jamais devant moi O’Malley… parce que la prochaine fois, fais-moi confiance, tu embrasseras la grande faucheuse en lui envoyant les nouveaux compliments de Maureen O’Connor. » Et Maureen tourna les talons, brisant son propre cœur à chaque pas. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que le FBI ne mettrait pas longtemps avant de le trouver pour l’emmener à l’hôpital. A vrai dire, elle cherchait à oublier le nom de Sheamus O’Malley mais bien qu’elle ait fait couler un bain de sang toute la sainte journée, rien ne semblait capable de calmer sa rage ni sa détresse. Elle se renseigna donc sur le lieu où il se trouvait le lendemain même, avant de ne dénicher l’hôpital où il avait été emmené… quelle ne fut pas sa surprise de le retrouver yeux clos, menotté au lit ! « Tu as trente secondes pour me dire pourquoi tu n’as pas eu les couilles de tout m’avouer à ce foutu speed dating, O’Malley… » lui murmura-t-elle après avoir placé un poignard parfaitement aiguisé sous sa gorge.

Maureen ne comprenait pas elle-même pourquoi elle avait pris le risque de venir dans ce foutu hôpital pourri alors que la rage irradiait toujours l’intégralité de son être. La réaction de Sheamus ne fit que la persuader plus encore qu’il refusait de parler, l’incitant à appuyer davantage la lame sur sa gorge comme pour le faire taire temporairement. « Me tente pas de te trancher la gorge sans te donner l’occasion de t’expliquer parce que c’est pas l’envie qui m’en manque espèce d’enfoiré !! » Maureen avait l’impression qu’on lui arrachait le cœur pour mieux le remettre dans sa poitrine et le lui arracher à nouveau quelques minutes après. La douleur était telle qu’elle en devenait folle et pourtant, sa main tremblait. Sa main n’avait jamais tremblé avant aujourd’hui, et jamais le remord n’avait frappé son esprit avant aujourd’hui non plus. « Tu mérites pas que j’abrège tes souffrances espèce de connard !! T’es bien content hein, ça te fait kiffer, maintenant que tu m’as mise enceinte j’arrive pas à juste t’égorger comme j’aurais très bien pu le faire avec n’importe qui d’autre sans même ciller !! T’es qu’un sale enfoiré d’égoïste de merde !! Mais mourir ce serait limite trop doux pour toi ! » L’irlandaise ne savait même pas pourquoi elle lui avait confié la raison de sa retenue, ni ce qui avait empêché son doigt d’appuyer sur la gâchette à un autre endroit que vers son genou. Elle rêvait de lui faire mordre la poussière, mais une petite vie n’avait pas demandé tout ça et elle ne savait que trop bien ce que cela faisait de vivre avec un seul de ses parents. « C’est pas pour toi que je le fais, parce que tu mérites aucune clémence de ma part… maintenant soit tu me dis ce que je veux entendre, soit effectivement, on a plus rien à se dire et je te laisse à ta poulaga de merde ! »

« C’était pas ça ma question tête de nœud !! Que tu m’aies trahie ou pas ce n’est plus ça l’important bordel de merde, c’est juste que tu as eu dix milliards d’occasion de me dire la vérité et que tu as soigneusement occulté ! Mais c’est pas grave, parce que Monsieur O’Malley est suicidaire alors si on lui laisse pas son jouet il va se faire sauter le caisson ? T’es qu’un lâche !! UN CONNARD ET UN LACHE ! Je te ferai pas ce plaisir, compte pas sur moi. » Maureen se releva du lit et lança le couteau contre une cible invisible avant de quitter la pièce sans même ciller. Leur histoire était finie, pas vrai ? L’irlandaise n’avait jamais été très fan des ultimatums mais ça, personne ne le savait mieux que Sheamus. A ceci près qu’à la suite de Maureen, ce fut un homme qui pénétra dans la pièce. Fringuant, bien qu’en chemise d’hôpital, et ressemblant trait pour trait à la piquante blonde à ceci près que ses yeux étaient bleus. « Enfin ! J’ai cru qu’elle ne partirait jamais… » souffla-t-il avant de ne sortir des petites clefs pour libérer un poignet puis l’autre sans même perdre de temps en blabla. « Utile de faire du gringue à une fliquette… vos collègues ne sont vraiment pas très futées ! Oh je suis Anton, le frère de Maureen, et même si en théorie je m’étais juré de ne pas me mêler de ses histoires… là, il y avait urgence. J’adore ma sœur mais elle est instable quand elle ne veut pas voir la vérité en face. J’ai eu vent en gros de ce qui s’est passé par Dante, son assistant, et je sais qu’un véritable traître l’aurait placée derrière les barreaux depuis longtemps. J’aimerais que vous continuiez à la transformer comme vous le faites… mais ne traînez pas à la retrouver. Maureen est capable du meilleur comme du pire… je vous laisse, je risque de me faire tirer les oreilles par mon infirmière ! » Anton lui serra la main avant de ne lui montrer un couloir de service où il pourrait s’échapper sans être inquiété et des clefs de voiture qu’il avait récupérées grâce à Dante. Mais il avait pas tort… parce que pendant ce temps, l’irlandaise faisait hélas joujou avec l’une des aiguilles à tricoter de Shaun, prête à s’adonner à un avortement à l’ancienne dans sa salle de bain…

Tout ce dont pris conscience Maureen, ce furent les hurlements de Sheamus avant de ne se prendre une droite qui la désorienta un bon moment avant que ses idées ne soient définitivement remises en place sous une douche glacée. Son corps se mit à frissonner de façon désagréable alors que la colère n’avait toujours pas déserté son être mais que la peur s’y était en prime glissée insidieusement. « ET TOI T’AS LE DROIT DE VOULOIR TE FLINGUER HEIN !! » s’écria-t-elle de la même façon avant de ne lui rendre sa droite avec toute sa force, bien que celle-ci ait pris un sacré plomb dans l’aile après la nuit blanche affreuse qu’elle avait faite. Maureen se sentait complètement vidée de toute énergie, de toute volonté et sentit son cœur se briser pour la millième fois alors que son irlandais se mettait à pleurer devant ses yeux, alors que l’eau froide glissait toujours sur son corps nu et qu’elle grelottait littéralement. « Comment tu veux que je fasse toute seule ?! Merde, de putain de bordel de merde pourquoi tu m’as pas avoué la vérité hein ?! T’es qu’un salopard O’Malley ! » s’écria-t-elle avec beaucoup moins de force alors que les larmes coulaient à son tour contre ses joues et qu’elle avait au préalable effacé celles s’étant écoulées contre les joues de Sheamus. Elle ne supportait pas de le voir mal, même en colère contre lui. Mais ce qui la frappa plus encore, c’est qu’en dépit de tout ce qu’elle avait appris la veille, elle ne le détestait pas. A plus forte raison parce qu’il lui avait simplement menti mais ne l’avait pas trahie. « J’ai peur… je suis peut-être la femme la plus dangereuse du monde mais on m’abandonne tout le temps… même le dernier en date ! J’ai déjà fais une fausse couche et je ne peux pas… je ne peux pas le perdre aussi… pas après t’avoir perdu toi !! JE NE PEUX PAS ET JE SUIS PETRIFIEE ! J’en ai marre d’être toute seule et d’avoir peur, tu comprends !! » Ah elle avait à nouveau pris du plomb dans l’aile, la femme la plus dangereuse du monde, surtout alors qu’elle se cachait le visage pour masquer ses sanglots. « T’as pas le droit de te tuer O’Malley ! Sinon j’te réanime et je te flingue moi-même… pourquoi tu veux pas comprendre que je t’aime comme une dingue et que j’y arrive pas sans toi ?! »

« MAIS J’AI PAS REUSSI A TE FLINGUER J’TE SIGNALE ENFOIRE !! » s’écria-t-elle à son tour car il serait dit qu’ils comptaient se percer mutuellement les tympans. A ceci près que la volonté et la force de Maureen commençaient sérieusement à s’amoindrir et que hurler ne lui apportait rien de bon si ce n’est de sentir son cœur se briser sans relâche. « J’aurais préféré que tu me le dises !! Je suis peut-être un monstre avec tous les autres troufions qui bossent pour moi mais je ne l’ai jamais été avec toi et si tu ne t’en es pas aperçu c’est que tu es encore plus con et aveugle que je ne pensais !! » reprit-elle, incapable de déposer les armes tant son mensonge lui donnait envie de hurler. Mais la tempête finit cependant par s’apaiser après qu’elle ait explosé de la façon la plus fragile et inattendue qui soit. Maureen n’avait plus versé une larme depuis la mort de sa mère à ses treize ans. C’était pour elle une marque de faiblesse qu’elle ne pouvait pas se permettre mais d’une certaine manière, c’était aussi une façon de lui faire comprendre qu’elle ne le considérait pas comme son ennemi. Sentir Sheamus contre elle lui ôtait toute sensation de froid, comme s’il prenait ses peurs, ses émotions les plus traîtres, sa douleur pour la faire disparaître complètement, faisant comme si elle n’avait jamais existé. « Arrête de cavaler bordel » reprit-elle alors qu’elle caressait ses mains tenant son visage, son corps grelottant toujours bien qu’elle mette soigneusement de côté cette information. « Mais pour moi aussi y’a jamais eu que toi ! Qu’est-ce que tu crois ? Que j’avais envie de jouer ? Que je t’ai épanché mon petit palpitant pour que tu joues avec ? Non ! Mais si t’as pas envie d’être seul moi non plus. Ca me fait chier de l’admettre mais il va falloir que tu m’aides sur ce coup là… » Le visage de l’irlandaise, précédemment sérieux, se détendit d’un coup alors qu’elle éclatait singulièrement de rire. Plutôt étonnant après la scène désastreuse qu’ils venaient de vivre mais pas moins vrai pour autant. « T’as pas pu empêcher tes spermatozoïdes de gambader ! »

Pour une fois, Maureen n’eut aucun mal à savoir quand se taire et quand l’ouvrir. Ce fut sans doute pourquoi elle parvint à rester silencieuse le temps qu’il ne l’aide à s’extirper de là, l’enroulant dans une serviette chaude pour réussir à la porter comme si elle avait le poids d’une plume afin de ne mieux la border dans son lit. « Ouais ben jeu, set et match comme dit l’autre ! T’en mourrais d’envie de féconder mes ovules de compet’, avoue !! » Sauf qu’il n’y avait aucune moquerie dans sa voix et qu’elle remerciait ô combien Sheamus d’être arrivé à temps pour l’empêcher de faire la plus grosse connerie de sa vie. Elle esquissa un sourire un tantinet moqueur alors qu’il lui lançait qu’elle n’avait pas le choix que de l’accueillir dans son lit, à ceci près qu’elle n’avait aucunement l’intention de l’éjecter de sa chambre, bien au contraire elle avait plus que besoin de sa bouillotte personnelle et ce à plus d’un titre. « Je crois que c’est définitif, on surkiffe se castagner mais on peut pas non plus se résister… » nota-t-elle avec ironie avant de ne se blottir plus encore entre ses bras puissants. C’était grisant de voir à quel point elle avait envie de protection… alors qu’auparavant, elle n’avait jamais compté que sur elle-même. « Pardon aussi, Shea… et je crois que ça me coûte encore plus à moi de te dire ça mais je sais que tu m’as empêchée de faire la plus grosse connerie de ma vie et je ne veux pas que tu me haïsses pour ça. J’étais… vraiment désespérée. » Mais Maureen s’écarta légèrement alors qu’il lui avouait la raison de son escapade et la donne la fit éclater de rire. Tiens donc… Anton s’était finalement mêlé de ses affaires malgré toutes les menaces qu’elle avait pu proférer pour l’en dissuader ! « Mon frère est spécial mais… une fois que tu l’as dans la poche, c’est jusqu’à la mort. Il me connait trop bien, il savait que j’irais chiper une aiguille à tricoter de Shaun et que je paniquerais. Ils sont tout le temps à comploter avec Dante j’te jure c’est usant ! » Maureen se pencha pour embrasser chastement sa joue, dévorant de baiser son cou avant de ne mordiller son oreille. « Tu as du bol… tu as gagné la meilleure infirmière de tout l’est des USA. Mais j’te préviens O’Malley… si tu fais mine d’être suicidaire, prie pour ne pas te rater parce que la torture que je te ferais subir sera bien pire. » Et pour la peine, tandis qu’elle créait de petits frissons contre sa peau offerte, elle s’empara de son service trois pièces sans lui faire mal, sans serrer, mais juste pour marquer sa menace. « Je peux te faire beaucoup de bien mais je peux aussi te faire du mal et tu le sais… »ironisa-t-elle avant de ne le lâcher pour mieux l’embrasser avec fièvre.

« Fais-moi confiance pour lui rendre sa putain d’aiguille illico presto dès demain à la première heure parce que je suis celle qu’il va gonfler en premier ! » Shaun pestait toujours aux oreilles de Maureen lorsqu’il y avait un hic dans son tricot. Il ne pouvait pas aller se plaindre à sa bourgeoise française non, il fallait forcément des oreilles irlandaises ET féminines comme si celles de Sheamus n’auraient pas pu faire l’affaire, ou au moins celles de sa mère ! Remarque, il avait bien trop peur qu’elle lui coupe toute possibilité de procréer avec son torchon vengeur… ça devait forcément être ça. Maureen lui menaçait beaucoup de choses mais jamais sa virilité parce que ça le rendait bien trop incontrôlable, et qu’elle serait emmerdée de devoir lui mettre une balle dans le genou histoire de lui apprendre la vie. « Sauf qu’on ne l’a pas perdu et qu’il est bien accroché là où il est, bien au chaud en prime… t’es content hein, maintenant que t’as joué à dada ! Putain t’imagine pas la pression que je vais avoir moi ! Dès que mon paternel va le savoir il va plus me lâcher pour savoir qui est le père, et toi tu vas bien ricaner dans ton coin !! » Mais si l’irlandaise s’apprêtait à grogner sur cet état de fait, elle éclata littéralement de rire alors qu’il râlait sur sa menace contre son service trois pièces… rebaptisé Sheamus junior pour l’occasion, chose qui ne fit qu’augmenter son rire. « Okay, j’accepte le pacte si tu me promets aussi de rester ici et… de faire style d’être mon garde du corps. Pas que j’en ai vraiment besoin vu que je suis démerde mais au moins mon paternel va arrêter de te faire chier et y’aura un autre Shea junior sur lequel tu pourras garder un œil. Et je ne fais pas ça à cause de cette tradition pourrie mais… enfin tu m’as comprise. » Maureen ne parvenait pas à dire qu’elle voulait l’avoir près d’elle et espérait simplement qu’il l’ait compris sans qu’elle n’ait besoin de le dire à voix haute. Il ne manquerait plus qu’il l’oblige à lui mettre les points sur les virgules ! Même si elle en doutait puisqu’il semblait avoir bien d’autres choses en tête… « Shea t’es bouillant t’as pas froid arrête tes conneries ! Et puis merde, ta jambe ? » Bien la première fois que Maureen émettait des réticences, et ce bien qu’elle n’ait de cesse de titiller ses lèvres en les frôlant des siennes. Cruelle, mais pas trop.

« J’ai pas réfléchi sur le moment ! » se défendit-elle en grognant à moitié car effectivement, sur le moment, ça lui était apparut comme une relativement bonne idée. Tout comme le fait de lui proposer d’être officiellement son garde du corps et ainsi pouvoir continuer à l’héberger en toute impunité en était une… cela leur offrirait toute la discrétion dont ils avaient besoin et au moins, Sheamus ne serait pas exclu de leur vie. C’était en soi un énorme pas en avant que faisait Maureen ! Mais par chance, l’irlandais comprit immédiatement le message et c’est un sourire touché qu’il parvint à lui arracher. « J’adore quand tu es sentimental, ça te rend encore plus bouillant que la braise j’ai remarqué… mais plus sérieusement compte sur moi pour veiller aussi au grain, tu ne vas pas t’en sortir aussi facilement ! Je vais être ton meilleur alibi pour ne pas avoir trouvé une bourgeoise à féconder, crois-moi… mais on va passer en sourdine le fait que c’est toi le père du bébé. C’est plus sage même si ça m’emmerde prodigieusement… pas envie d’insulter tes spermatozoïdes de compet’, ils seraient capable de me faire un jumeau juste pour m’emmerder ! » Au départ, le cerveau de Maureen avait eu dans l’idée de résister aux avances faites par Sheamus mais impossible que de ne pas fondre littéralement comme un coulis de caramel alors que ses lèvres ravissaient les siennes non sans qu’il ne fasse voler la couette hors du lit pour redécouvrir à nouveau son corps nu. Au passage, la serviette avec laquelle il l’avait enroulée n’avait pas fait long feu non plus… « J’espère pour toi que tu ne vas pas me laisser filer même après m’avoir fait crier de plaisir… quant à la réconciliation sur l’oreiller, on l’a limite inventée j’te rappelle ! » Contrairement à lui, hormis une droite d’anthologie qu’elle s’était prise et qui rendait sa joue toujours considérablement douloureuse, Maureen n’avait pas de patte folle pour l’empêcher de se glisser sournoisement contre le corps de Sheamus, descendant dans le lit jusqu’à atteindre ce fameux point culminant qu’elle n’avait pas droit de menacer de quelque façon que ce soit. « Je n’ai pas le droit de menacer Sheamus junior… mais j’ai le droit de le torturer » lança-t-elle avec malice tandis que sa langue titillait déjà la virilité de son amant blessé non sans une délectation sans nom. Elle le goûtait, jouait avec lui, mêlait ses mains exigeantes à cette danse furieuse et passionnée… l’irlandaise n’était pas en reste de se faire pardonner pour ce moment insupportable qu’ils avaient vécu.

Maureen était la première à vouloir hurler au monde entier qu’elle n’avait besoin de personne d’autre que de Sheamus à ses côtés, qu’il se trouvait être le père de son enfant et qu’elle emmerdait tous ceux n’étant pas d’accords… mais d’un autre côté, l’avouer risquait de les mettre tous les trois dans une position délicate, car il ne fallait pas oublier que Maureen n’était pas sans ennemis, Sheamus non plus et que le bébé, au milieu, risquait gros s’ils abaissaient trop leur garde respective. « Couche avec une autre femme Sheamus O’Malley et là je n’aurais plus aucune raison de ne pas malmener junior… mais de façon très, très cruelle » reprit-elle avec sincérité car l’irlandaise n’avait jamais supporté la trahison et ne pourrait jamais le lui pardonner. Oh son irlandais était suffisamment fin pour le savoir, surtout depuis le temps qu’il la pratiquait, sans compter le fait qu’ils soient parfaitement raccord sur ce point précis. Mais finies les discussions sérieuses, les grandes envolées sentimentales… puisque Sheamus voulait prendre son pied alors elle lui donnerait tout le plaisir possible et imaginable, s’attachant à jouer avec ses nerfs comme personne sans cesser une seconde tant qu’il ne l’avait pas suppliée d’arrêter. « J’aime être inhumaine » lui murmura-t-elle alors qu’il l’avait incitée à remonter vers son visage, avant de s’emparer de ses lèvres avec toute la passion qu’elle lui connaissait. La piquante blonde esquissa un sourire provocateur avant de ne se relever, se plaçant à califourchon sur lui en évitant la blessure qu’elle lui avait infligée pour mieux unir leurs deux corps en une danse sulfureuse et incontrôlable. Elle menait la danse tout en collant son corps au sien, ne retenant ni ses gémissements ni ses cris tant leur étreinte possédait la force de leur réconciliation… à l’image de leur confrontation précédente. Qu’importe, Maureen lui prouvait ainsi ses sentiments, son envie de lui demander pardon mais aussi la joie indicible qu’elle ressentait à l’idée de savoir qu’à l’avenir, même s’ils devaient se cacher, il serait à ses côtés. C’est donc sans ménagement aucun qu’elle le conduisit jusqu’à sa jouissance, sans oublier la sienne au passage, éclatant en un cri nettement plus puissant et aigu avant de ne reprendre peu à peu sa respiration en le serrant contre elle tout en l’embrassant chastement. « Tu peux me faire l’amour de cette façon quand tu veux bébé » souffla-t-elle en émettant un petit rire. « Tu sais quoi ? Demain tu vas reposer ta patte folle et avant que tu ne hurles parce que tu as peur de te faire chier… j’vais faire en sorte que tu la reposes ! Possible que mes mains soient baladeuses toute la sainte journée mais tu adores ça, hum ? » Maureen le fit s’allonger doucement tout en se blottissant à son tour contre lui, non sans lier doucement ses mains avec celle de Sheamus contre son ventre encore plat.

« De quoi ?! » s’étrangla aussitôt Maureen. Oh elle aurait pu réagir vivement au fait qu’il ne la considère comme une infirmière perverse mais c’était plutôt le fait qu’il soit en cavale ET qu’il ait dans l’intention de se rendre qui la choquait. Cela la choquait d’ailleurs tellement qu’elle s’en redressa au point de s’asseoir sur le lit, le surplombant un instant de son regard hautement désapprobateur. « Tu crois que je vais te laisser te rendre et mettre en taule ? Tu me prends pour la dernière des connes, O’Malley ? Tu as fait un gosse au parrain de la Mafia irlandaise, s’il y a bien quelqu’un qui peut t’offrir sa protection bordel, c’est moi ! » Maureen était même prête à braver ces connards au FBI et les faire bisquer jusqu’à ce que mort ne s’en suive pour qu’ils laissent tranquille l’homme qu’elle aime. Sans doute était-ce la plus belle déclaration qu’elle lui ait jamais faite, car oui, il fallait considérer ses mots comme tels. « Tu es peut-être dans la merde mais tu y es à cause de moi et crois-le ou non je sais avoir la reconnaissance du ventre. J’ai pléthore d’avocats et d’hommes de mains qui bougeraient pour t’en sortir au premier claquement de doigt de ma part… mais tu ne bouges pas ton cul d’ici pour aller te rendre ou j’te tire dans l’autre jambe, ça tu peux en être assuré ! » L’irlandaise semblait vivement touchée par son aveu et sans doute était-ce la faute aux hormones mais elle ne pourrait pas souffrir son emprisonnement car cela voudrait dire qu’il mettrait son côté suicidaire à contribution. Hors de question de prendre ce risque. « Je veux que tu sois mon faux garde du corps pour être auprès de nous, pas pour que tu te flingues toi-même auprès de ces crevards de flics ! »

« Oh ça va pas la peine de me percer les tympans merde !! » s’exclama Maureen, au comble de la mauvaise fois. D’accord, elle avait très légèrement balisé mais à sa décharge, les fédéraux n’étaient pas dignes de confiance et elle éprouvait donc du mal à imaginer que Sheamus ne s’en sorte aussi facilement. Ceci étant, elle le connaissait suffisamment pour savoir qu’il était le roi dès qu’il s’agissait d’assurer ses arrières, il s’agissait là d’un talent que nul ne pouvait lui enlever. « Tu sais que j’ai tué un paquet de monde en dix ans » reprit-elle cependant non sans un sérieux mettant en lumière le fait qu’il valait mieux la croire sur parole. « Je suis parrain de la Mafia mon ange, pas un bisounours et j’ai beaucoup de contrats sur le feu… pourquoi tu t’inquièterais alors que je suis la meilleure dans mon domaine ? Le boucher c’est une chose, mais si je reste plus discrète que Shaun je n’en suis pas moins efficace. » Maureen n’était pas réellement habituée à ce que l’on ne s’inquiète pour elle à vrai dire, et avait presque l’impression qu’il remettait en cause un talent qu’elle forgeait depuis de très nombreuses années. Elle ne faisait pas comprendre son ressenti à voix haute car c’était inutile et puis ils avaient eu suffisamment de drames l’un comme l’autre aujourd’hui. Ce n’était pas un crime que de vouloir un peu de paix n’est-ce pas ? « Faut croire qu’un O’Malley n’est rien sans sa O’Connor » reprit-elle avec ironie avant de ne s’emparer fougueusement de ses lèvres pour mieux s’en séparer brusquement quelques secondes après, le teint subitement plus pâle. Une chance que Maureen n’ait pas une patte folle comme Sheamus, car dans le cas contraire jamais elle n’aurait pu foncer à la salle de bain pour rendre jusqu’à ses tripes, bouleversée par la plus violente nausée qu’elle ait eu dans son existence toute entière. Elle mit un moment avant de ne calmer sa respiration haletante et s’adossa même au carrelage froid alors qu’elle était toujours complètement nue. Diable, elle avait la tête qui tourne et cela l’énervait que son corps n’ait pas la même force de d’habitude. Où était donc passée la tueuse à gages sanguinaire ??

Maureen ne s’inquiétait pas pour sa personne, elle connaissait ses réflexes et son talent mais avec les nausées à répétition qu’elle se payait, exercer ce fameux métier pour lequel elle était si douée risquait fort d’être compromis. Elle peinait à garder les yeux ouverts sans que la tête ne lui tourne affreusement et pour l’heure, elle avait tout sauf envie de retourner directement avec la tête dans la cuvette. Par chance, Sheamus ne tarda pas à arriver et… c’était grisant d’avoir quelqu’un à ses petits soins. Autant dire que l’irlandaise n’avait plus l’habitude mais bien loin d’en être dérangée, elle se laissa docilement faire jusqu’à ce qu’il ne lui mette un verre d’eau entre les mains. « Bordel… » murmura-t-elle avant de ne s’exécuter aussitôt, non sans plaquer sa main contre les yeux de son irlandais préféré pour qu’il n’assiste surtout pas au spectacle. « Pas de toubib je les ais assez vus pour les trois cent douze prochaines années ! Si tu savais comme Dante m’a gonflée avec ça quand il m’a vu avec mon test de grossesse en main… j’ai vraiment cru que j’allais le zigouiller ! Non mais c’est quand même la merde… trois jours que je me tape ces nausées de chiotte ! » maugréa Maureen avant de ne frotter ses tempes tout en fermant les yeux afin de reprendre contenance. Avec un peu chance, cela allait passer et elle n’aurait pas en prime à élire domicile dans la salle de bain pendant la nuit. « J’ai pas réagis tout à l’heure, mais… tu t’es toujours inquiété pour moi ? Nan je te crois pas ! Tu cachais bien ton jeu sinon… » Il y a dix ans, il n’était pas ce que l’on pouvait appeler aux petits soins, du moins pas autant que maintenant.