« Comment je me sens ? Comme quelqu’un qui s’apprête à pisser toute la nuit au lieu de gerber… » nota Maureen avec ironie alors qu’elle avait surtout manqué de s’endormir, particulièrement crevée après ces trois jours d’horreur qu’elle avait vécu. Ce n’était pas au point de Sheamus, qui avait dû déguster avec sa blessure à la jambe mais il n’en demeurait pas moins que l’irlandaise n’avait pas fermé l’œil depuis soixante douze heures et que le lendemain, elle devait techniquement s’envoler à Tokyo pour un contrat. Détail qu’elle avait bien évidemment omis de mentionner, surtout si Sheamus comptait se rendre à ses supérieurs. « Ca me fait bizarre que tu sois aux petits soins, j’suis pas habituée. D’habitude c’est plus moi qui veille sur les autres que l’inverse… oh et t’inquiètes, je vais pas égorger ton ex-femme, t’es plus avec elle ! A ceci près que j’espère que ça va pas durer un mois cette connerie parce que j’ai pas que ça à foutre, rendre mes tripes ! J’ai beaucoup de boulot en ce moment et Shaun me facilite pas la vie à papillonner avec sa tête couronnée… il est pas concentré ! » Maureen poussa un profond soupir avant de ne reprendre, sans pour autant quitter son irlandais des yeux et non sans serrer un coussin contre son ventre encore plat. « Pourquoi t’es inquiet ? » ne put-elle s’empêcher d’ajouter tandis qu’elle se redressait légèrement sur le lit, bien incapable de rester en place plus de cinq minutes d’à filée. « Tu sais assurer tes arrières et moi les miens… ceci dit, demain je suis censée partir pour un contrat, en fait. »

Miracle absolu. Sheamus ne lui faisait pas l’affront de la retenir et quelque part, Maureen applaudissait dans un coin de sa tête car elle s’attendait vraiment à ce qu’il ne tienne à l’accompagner. Oh il l’aurait sûrement fait s’il avait pu, elle n’en doutait point. Mais le timing n’était pas idéal et quelque part l’irlandaise ne trouvait pas cela plus mal : si elle était restée sur New York, pour sûr elle aurait dégommé quelques têtes pensantes du FBI sans aucun scrupule et cela aurait été sûrement pire que de dégommer quelqu’un par contrat. Elle n’avait pas encore répondu quelque chose que l’irlandais était déjà parti dans sa cuisine, la forçant à se vêtir de la serviette chaude à sa proximité pour venir l’observer dans la cuisine. Bah quoi ? Ca valait son pesant de cacahuètes en plomb, non ? « Tu vas t’en sortir une semaine sans moi ? » lança-t-elle avec amusement non sans venir se blottir contre son dos large et puissant. Rien que pour cela, il avait évolué en dix ans et Maureen ne pouvait que le trouver terriblement confortable. « Tu n’es pas le seul à être inquiet, tu sais. Je le suis pour toi et pour le bébé » lâcha-t-elle bien que cela ne soit en train de lui écorcher détestablement la bouche. La jolie blonde prit une grande inspiration aussitôt, noyant le poisson comme elle savait si bien le faire : « Shaun m’emmerde et je l’emmerde en retour, c’est notre pacte et lui-même ne s’en plaint pas. Je ne dis pas qu’il n’a pas mérité sa française… pourquoi tu crois qu’elle est toujours en vie ? Pour une fois, il a trouvé quelqu’un de valeur, même si ça me fait chier de l’admettre parce que c’est pas une irlandaise ! Tu ne l’as pas encore vu avec elle… et tu aurais dû le voir lorsque je lui ai fais remarquer qu’à la base, c’était un contrat qu’il devait éliminer. On était prêts à se castagner comme jamais à ce moment là… et puis j’ai compris. Je lui fous la paix là-dessus depuis, alors va pas croire que je suis qu’une pétasse sans palpitant quand il s’agit du cousin. »

« Tu es au courant qu’il lui a filé la bague de sa mère pour la demander en mariage ? Mais ce qui me fait dire que c’est pas une conne celle française c’est qu’elle a réussi à l’entourlouper suffisamment pour le pousser à la demander en mariage. J’aime ça, elle fait honneur à la famille ! » ironisa Maureen car elle ne pouvait pas s’empêcher d’imaginer la tête à connerie de son cousin en s’étant fait avoir. Aucune femme ne s’était jamais opposé à lui il faut dire, alors une tête couronnée en prime… il devait vraiment être totalement accro à son cul et même au reste, ce n’était pas possible autrement ! « Tu vas me faire le plaisir de rester chez Shaun pendant cette semaine, et c’est pas négociable O’Malley ! » rétorqua aussitôt l’irlandaise avec un air sérieux et même mauvais, car il n’était pas question qu’elle risque qu’il ne se fasse sauter le caisson alors qu’elle serait très rapidement de retour et qu’après, elle aurait toujours autant besoin de lui pendant sa grossesse… et bien au-delà. « Mon cul va trop de manquer, tu pourras pas le marquer avec ta saloperie de feutre indélébile ! » grogna Maureen avant de ne lui mordiller la lèvre inférieure avant de s’en emparer en un baiser aussi furieux que passionné. « T’adore pas respecter les règles et me mettre dans la merde, avoue ? Et avec mon bol habituel, ça va être un mec, histoire que tu fanfaronnes quinze ans avec Shaun pour savoir lequel de vos rejetons sera le plus beau, le plus fort, le plus irlandais… le plus tatoué aussi ? Moi elle m’a toujours emmerdée profond cette tradition ! Dis-toi que ça me fait chier royal de pas pouvoir dire que c’est toi le père… et puis merde je vais avoir mon paternel sur le poil pour que je lui présente le père du bébé afin qu’il puisse lui donner sa bénédiction pour un mariage. Loupé ! J’vais dire que je sais pas. L’effet du saint esprit, c’est pas mal comme option en fait. Le saint esprit m’a fait grimper aux rideaux et prendre le meilleur panard de mon existence ! »

« Faudrait d’ailleurs que je lui parle de femme à femme… quand le cousin est pas là. J’ai deux ou trois choses à lui demander » dit-elle sérieusement. Mais le pire, c’est que Maureen ne comptait pas la menacer contrairement aux idées reçues ! « Quoi ?! J’ai dis que j’allais lui demander des trucs, pas la dépecer et faire un feu de camp avec ses tripes ! Elle est un poil plus enceinte que moi, elle doit avoir un bon gynéco. Le mien a viré pervers et je préfère éviter de retapisser son cabinet en rouge si tu me suis. » L’irlandaise perdit un instant de vue la conversation tournant autour d’Anaé pour mieux regarder dans le sac et en sortir un marqueur indélébile. Sur le moment, elle éclata de rire car il n’y avait bien que Sheamus pour s’amuser à acheter un truc pareil ! « Y’a des femmes qui ont des bijoux ou des mots d’amour et moi j’ai un marqueur… t’as un romantisme personnel quand même ! » grogna-t-elle pour la forme sans pour autant lâcher ledit marqueur des mains. S’il y avait quelqu’un qui marquerait quelque chose sur l’autre, ce serait bien Maureen et non son irlandais préféré. « Très bien, t’as intérêt à être en vie quand je reviens sinon bye bye junior ! » La piquante blonde n’était pas forcément rassurée mais pour sa santé mentale, elle se décida à lui faire confiance, juste pour cette fois-ci. De toute évidence, ses contrats allaient s’amoindrir dans les mois à venir, beudon de baleine oblige. « J’ai dis que le saint esprit m’avait fait un bébé, je parlais pas de toi Shea ! » se moqua-t-elle avant de ne boire une gorgée de la mixture préparée par l’homme de son appartement. Autant dire qu’elle grimaça dès la première gorgée. « Mais c’est dégueulasse ! Montre ton cul que je le marque, j’ai bien mérité ça en échange !! »

« Compte sur moi pour ne surtout pas t’informer du lieu et du moment pendant lequel je vais bavasser avec la française ! En revanche je voudrais bien être petite souris pour te voir tester la caisse de résonnance du cerveau de cet abruti ! J’ai la carte quelque part… j’te la filerai » conclut Maureen sans l’ombre d’une pitié tant elle trouvait cela particulièrement jouissif. « J’aime quand t’es jaloux » renchérit-elle avant d’éclater de rire face à sa saloperie de convention de Genève. Merde, même le menacer de mots elle n’avait pas le droit ?! Il n’avait pourtant pas souffert, il ne fallait pas déconner ! « Faire grève, hein ? » le provoqua-t-elle avant de faire glisser sa serviette à ses pieds, continuant à boire cette boisson infâme tout en se trimballant complètement nue, marchant félinement dans sa cuisine en dandinant son fessier on ne peut plus musclé et désirable. « Toujours aussi gréviste junior ? » reprit-elle non sans frotter son fessier encore vierge contre sa virilité avant de s’écarter, le marqueur toujours dans une main, le mug dans l’autre. « Tatata j’ai pas dit que j’allais me laisser marquer le cul, ça va pas ou quoi ?! D’autant plus si tu te considères comme dieu… puis de toute façon, puisque junior fait grève, tu risques pas de m’entendre hurler de plaisir autrement qu’avec ma collection de coincoin personnelle ! Tu mériterais que je m’auto scotche la bouche pour que tu évites de prendre la grosse tête espèce d’enfoiré ! » Maureen s’écarta, toujours aussi nue, se dandinant tout en le regardant et en conservant un sourire pleinement satisfait contre ses lèvres. Elle but l’intégralité de son breuvage, reposant la tasse sur le premier plan de travail qu’elle trouva à portée de sa main sans s’approcher de Sheamus. « Sheamus junior va pas faire vomir maman, huuum ?? On va voir si c’est efficace ton truc ignoble de goût ! »