J’étais rarement de bonne humeur le matin. Généralement, il fallait attendre que je donne à manger à mes chiens, et donc voir Riley tenter de piquer la nourriture de Willow pour que j’aille mieux. Il n’y avait probablement rien de drôle à voir un chien tenter de piquer la nourriture de l’autre et cela arrivait probablement très souvent dans les familles avec plusieurs canidés. Mais voir un chihuahua tenter de piquer de la nourriture à un doberman, c’était plus qu’un spectacle humoristique. Surtout que les croquettes de Willow devaient quasiment faire sa taille et que je ne savais même pas comment il faisait pour les mettre dans sa gueule. Mais bon, c’était Riley et il n’y avait rien d’autre à expliquer. Donc, comme je le disais, j’étais rarement de bonne humeur au réveil. Mais aujourd’hui, c’était différent. Etrange sensation, mais qui ne me dérangeait pas plus que cela, il fallait bien l’avouer. Je ne savais pas vraiment ce qui me mettait de cette humeur, ni ce qui me poussa à me préparer plus longuement que d’habitude. Peut-être parce que Gaya et moi avions prévu de balader ensemble nos chiens ? Non, probablement pas. Je ne voyais pas pourquoi une balade me mettrait de bonne humeur. Je faisais tous les jours de longues balades avec mes chiens – Riley finissant la plupart du temps dans mes bras, malgré son égo qui semblait vouloir le pousser à s’épuiser juste pour tenter d’égaler Willow – et c’était plus qu’une routine qu’autre chose. Donc je ne comprenais pas vraiment la raison. Je secouais la tête pour m’aérer les esprits. Qu’est-ce que cela pourrait bien m’apporter de connaître la raison ? Je donnais à manger à mes chiens, ce qui n’en finit pas de me faire rire. Rebekah prenait son petit déjeuner, ce qui voulait dire que ce Joshua ne l’avait pas enlevée et torturée dans un coin du stade après leur sortie de la veille pour assister à un match de football. Je la saluais dans un sourire, avant de la rejoindre. Je lui fis de nouveau un peu la morale par rapport à sa sortie avec un inconnu et elle me répondit de nouveau que dans sa tête, j’étais également un inconnu pour elle. La routine en somme. Je savais que, malgré ce qu’elle laissait paraître, elle était touchée par mon inquiétude. Et puis ce n’était pas comme si j’y étais pour quelque chose. Je m’inquiétais, c’était ainsi que j’étais, point. Et Rebekah faisait partie de la famille maintenant, au même titre que mes animaux – ce qui dans ma bouche était un énorme compliment et preuve d’amour. Arrivant sur le lieu de rendez-vous, j’apercevais rapidement la jolie rousse avec ses trois chiens. Deux d’entre eux, des utonagans, en imposaient par leur présence. Je leur fis une caresse sous la tête au niveau de la poitrine – ne jamais imposer à un chien une caresse sur la tête, il pourrait le voir comme un signe de domination ! – avant de faire la bise à celle que je commençais à considérer comme une amie. « Bonjour Gaya ! Comment vas-tu aujourd’hui ? » lui demandais-je avec enthousiasme.

Ce qu’il y avait de bien à vivre en colocation, c’était que j’avais quelqu’un à qui parler le matin. Bin bien sûr, je parlais à mes animaux et cela pratiquement tout le temps, mais les réponses n’étaient pas les mêmes. Pour mes animaux, je devais essayer de comprendre ce qu’ils voulaient me dire ou répondre tandis qu’avec Rebekah, la réponse était plus claire et plus … compréhensible. Bien sûr, avec le temps, déchiffrer ce que voulaient me dire mes animaux était devenu bien plus facile et généralement, leur regard suffisait à présent. Après, je savais qu’ils ne voulaient pas dire exactement ce que j’interprétais, puisque même s’ils étaient dotés d’une conscience et tout, ils ne comprenaient pas exactement ce que je disais. Ils comprenaient mes intonations, savaient de quelle humeur j’étais au son de ma voix, et même s’ils comprenaient quelques mots, ils ne comprenaient pas la totalité de ma phrase, ce qui faisait qu’il était malheureusement plus difficile de converser avec eux qu’avec une personne humaine. J’espérais qu’un jour, un chercheur créerait une espèce de traducteur pour chaque animal. Mais ce n’était pas pour aujourd’hui. Et le fait que Rebekah vive chez moi me permettait de patienter un peu plus que cette nouvelle technologie arrive. Après tout, je l’aimais tout autant que Riley ou Willow, par exemple, et je pouvais converser plus simplement avec elle. Certaines personnes trouveraient que j’insultais Rebekah en comparant ce que je ressentais pour elle avec ce que je ressentais pour l’un de mes animaux, mais pour tout dire, je n’avais pas envie de connaître ces personnes. Parce qu’elles ne comprenaient pas que c’était le plus grand compliment qu’on puisse faire à une personne. Un animal ne te trahirait jamais, tout comme moi je ne le trahirai jamais. Un animal serait toujours là pour moi, tout comme je serais toujours là pour lui. Donc dire que je ressentais cela pour Rebekah voulait dire que je serais toujours là pour elle, que je m’inquiéterais toujours pour elle, que je lui accordais mon entière confiance, et que je savais que l’inverse était vrai. Plutôt l’inverse d’une insulte, non ? Et Rebekah le prenait comme cela aussi, et c’était l’essentiel. Peu m’importait ce que pouvaient bien penser des inconnus à propos de ma façon de pensée, tant que ceux que j’aimais comprenaient celle-ci. Ce matin, j’avais donc pu parler avec Rebekah, surtout à propos de Gaya. Bon, bien sûr je pensais que Rebekah divaguait totalement en pensant que c’était l’idée de voir Gaya qui me mettait dans une si bonne humeur matinale. Mais il fallait la comprendre, elle était une vraie romantique qui croyait au prince charmant aussi. Bon, elle ne savait pas si son prince charmant était son fiancé inconnu ou ce Joshua – que je n’aimais toujours pas, après tout, qui invitait une inconnue à un match de football ? Il ne m’inspirait pas du tout confiance en tout cas – et c’était donc probablement parce qu’elle était perdue dans sa vie amoureuse qu’elle se faisait des films sur l’inexistence de la mienne. Attention, j’avais déjà été en couple plusieurs fois. Je venais même d’apprendre que j’étais papa d’un enfant de cinq ans. Mais je ne me faisais pas vraiment d’illusions sur l’amour. Bien sûr, moi aussi j’aimerais rencontrer cette personne qui ferait battre mon cœur et qui serait toujours là pour moi, qui me mettrait toujours de bonne humeur et avec qui j’aurais des points en commun. Mais bon, j’évitais de me bercer d’illusions et ainsi, je ne pourrais être déçu. Rejoignant Gaya, je ne pus m’empêcher de sourire. Cette promenade avec nos chiens était réellement une bonne idée. Bien sûr, j’avais prévu un sac pour pouvoir porter Riley lorsqu’il serait fatigué, mais qu’importe. Un rire m’échappa lorsqu’elle me dit que ses chiens n’en pouvaient plus d’attendre à la maison et avaient été impatients de sortir. Bon, j’avais un grand terrain donc les miens pouvaient sortir se défouler dès qu’ils le souhaitaient, mais ce n’était pas la même chose, et ils adoraient lorsque l’on était ensemble à l’extérieur. « Et bien écoute, je vais très bien. Ce qui est étrange pour un matin, mais bon, je ne vais pas me plaindre non plus ! » répondais-je dans un sourire, tentant de calmer les palpitations de mon cœur tout en me demandant pourquoi il battait ainsi. « Mes chiens sont toujours impatients de sortir de toute façon ! Ils ont un terrain de plusieurs hectares à leur disposition, mais non, ils préfèrent quand on sort ensemble pour notre promenade matinale ! » lui avouais-je dans un petit rire. « Oui, c’est un temps idéal pour un mois de novembre ? Il fait frais mais le ciel est magnifique. » continuais-je en regardant le ciel en question. « On y va ? » lui proposais-je, sans nullement perdre mon sourire.

Mon regard ne pouvait quitter Gaya, tandis qu’elle riait. En l’entendant rire, un sourire fit son apparition sur mon visage. Son rire était vraiment mélodieux, un peu à la manière d’une musique. Je secouais la tête comme pour chasser ces ridicules pensés. Mélodieux à la manière d’une musique. N’importe quoi. Les films romantiques que me forçait à regarder Rebekah n’étaient clairement pas bon pour la sainteté de mon esprit apparemment. Puis en voyant la surprise de Gaya à l’entente de mon terrain, je ne pus m’empêcher de me mordiller les lèvres de gêne. Qu’est-ce qui m’avait pris de lui raconter ça ? Il était vrai qu’elle n’était jamais venue chez moi et qu’elle ne connaissait donc pas ma maison. C’était quelque chose que j’avais voulu en plus. Après tout, il était plus difficile pour une personne d’être intéressée par quelque chose qu’elle ne connaissait pas, non ? Donc si Gaya savait que je remplacerais bientôt mon père au titre d’ambassadeur d’Australie à New York, elle ne savait strictement rien de ma fortune. Et c’était tant mieux. Mais bon, j’avais fait une gaffe, et il fallait que je me rattrape. Et puis, après tout, nous nous connaissions depuis quelques mois maintenant, et je la considérais même comme une amie à présent. Il était clair qu’elle n’était pas intéressée par mon argent, puisqu’elle n’en connaissait aucunement l’existence. Et comme je pensais qu’il n’y avait pas pire que le mensonge pour briser une confiance, je décidais de lui avouer la vérité. « Je suis un hériter, en quelque sorte. Mes grands-parents sont morts et il est de tradition dans notre famille de donner l’héritage aux petits-enfants. Donc mon père a hérité de ses grands-parents, et j’ai hérité de ses parents à lui … » expliquais-je, tout de même un peu gêné de parler d’argent avec elle, et surtout en ayant peur que cela gâche ce qu’il y avait entre nous. Puis je ris en me remémorant ce qu’elle avait dit sur ses chiens et la pension chez moi. Je m’étais tant focalisé sur la première partie de sa phrase, que je n’avais pas fait attention à la deuxième. « Tes chiens sont les bienvenus chez moi ! » lui dis-je sans perdre mon rire. « Et je suis sérieux. Si un jour tu es en déplacement et que tu ne peux malheureusement pas les amener avec toi, ma porte leur est grande ouverte. » rajoutais-je dans un sourire franc. Alors que l’on commençait à partir, je me rendais compte que la jeune rousse me fixait quelque peu. Etait-ce parce que je lui avais parlé de mon héritage ? Je soufflais, tentant de chasser de sombres pensées. Rien n’avait changé entre nous, elle était probablement perdue dans ses pensées, et c’était tout. Je fus heureux lorsqu’elle changea de sujet, me demandant ce que je faisais pour le réveillon. « Malheureusement, oui. J’ai plusieurs choses de prévues. Le 24 au soir, il y a un gala auquel mon père m’entraîne. Apparemment je n’ai pas le choix. Et le 25, c’est plus restreint. Heureusement, je n’ai pas une famille nombreuse, donc ce sera juste un repas entre nous et quelques amis. Et toi, tu as des choses de prévues ? » lui demandais-je, me retenant de l’inviter à mes deux réveillons. Après tout, je n’allais pas l’inviter juste pour ne pas me retrouver seul avec des inconnus. Et lors du réveillon du lendemain, il serait tout de même étrange qu’elle soit présente. Et puis, cela ferait bien trop plaisir à Rebekah qui aimait se faire des films d’un rien. Un rire m’échappa tandis qu’elle libérait ses chiens, qui avaient l’air de vouloir se dépenser. Rire qui s’agrandit en voyant les regards que me lançaient mes propres chiens. Apparemment, ils voulaient faire de même. Si je libérais Willow sans crainte, ce ne fut pas la même chose avec Riley. Je savais bien qu’il voulait être traité de la même façon que la doberman, mais il fallait bien avouer que si Willow était visible de loin, ce n’était pas le cas de mon chihuahua. Mais l’entendant couiner, je n’eus pas le cœur de la laisser attachée. Et je détachais donc sa laisse, avant de sourire en la voyant tenter de rattraper les autres. Puis ce fût un sourire bien plus attendrissant qui éclaira mon visage, tandis que je voyais Willow s’arrêter pour attendre Riley. Elle le connaissait bien apparemment. « Regarde-moi ça. » soupirais-je dans un petit rire. « Ils ont de la chance qu’on ait atteint la forêt et qu’il n’y ait pas de voiture. » dis-je en roulant des yeux, même si j’étais tout de même inquiet. Je faisais confiance en mes animaux et savais parfaitement qu’ils étaient obéissants. Mais c’était aux autres humains que je ne faisais pas confiance. Et si quelqu’un essayait de les dérober ? Willow saurait se défendre, mais c’était bien moins sûr pour Riley.

En voyant la tête que faisait Gaya après que je lui ai appris mon héritage, je me demandais si le fait de lui en avoir parlé était réellement une bonne idée. Après tout, nous ne nous connaissions seulement que depuis quelques mois, et peut-être cette confidence était-elle déplacée ? Bon il était vrai que j’avais tout de même dû m’expliquer sur le fait d’avoir un terrain de plusieurs hectares. Après tout, je ne pouvais pas vraiment lancer une bombe pareille - nous étions à New York après tout, pas à la campagne, et les grands terrains étaient donc très rares, en plus d’être très chers - sans m’expliquer par la suite. Mais je me demandais si cela était une bonne idée que j’avais eu. Je n’avais pas envie de gâcher mon amitié avec la jeune rousse, et j’espérais que ce ne serait pas le cas. J’essayais surtout de me convaincre que cela ne changerait strictement rien entre nous, et qu’elle n’aurait pas subitement un autre intérêt à se retrouver en ma compagnie. Après tout, on m’avait déjà utilisé pour de l’argent par le passé - et je ne parlais même pas de mon enlèvement qui avait servi à faire chanter mes parents - et je n’étais pas à l’abris de ce risque. « Ok, c’est noté ! Et c’est vraiment gentil. Même si je me suis un peu imposée … »ria ensuite mon amie après que je lui ai proposé de placer ses chiens en pension chez moi si elle devait quitter la ville sans pour les emmener avec elle, ne disant donc strictement rien à propos de ma révélation. Peut-être qu’elle s’en moquait, finalement ? Que ce n’était pas important et que cela ne changerait rien entre nous, comme je l’espérais ? Je fis un petit signe de tête que j’accompagnais de ma main, comme pour dire que c’était normal de proposer cela et que ce n’était vraiment pas grand chose. Surtout que j’adorais les animaux plus que tout, en faisant même mon métier, et qu’au vu de la fratrie que j’avais à la maison, trois chiens de plus ou du moins ne changerait pas grand chose à mon quotidien. Tandis que nos chiens continuaient leur balade, le sujet dériva sur nos plans pour cette fin d’année. Je lui expliquais donc les deux projets que j’avais pour les fêtes de fin d’année. Si le premier projet ne m’intéressait absolument pas - je n’aimais pas me retrouver en présence de personnes que je ne connaissais pas - ce n’était pas le cas du deuxième. Après tout, passer Noël avec ma proche famille et quelques uns de nos amis, ce n’était pas une mauvaise chose, au contraire. « Je suis issue d’une famille nombreuse. Trop nombreuse… Ma famille est… enfin, t’as sans doute entendu parlé de la mafia… calabraise. La Ndranghetta… l’une des familles mafieuses italiennes. » m’avoua alors la jeune rousse en regardant le sol, avant de reprendre. « Mon grand-père en est le parrain. Mon père est en prison depuis bientôt cinq ans… j’ai plus ou moins tourné le dos au business familial. J’oublie pas pour autant d’où je viens. » termina-t-elle à ce sujet en haussant les épaules. Je soufflais un bon coup, tentant de me « déglacer ». Mafia … Que répondre à cela ? Et moi qui croyais que ma propre révélation familiale risquait de mettre un froid entre nous. Bon, ce n’était pas le moment de penser à ce que la mafia pourrait bien me faire. J’eus tout de même un frisson en imaginant la scène. « Je vois … » finissais-je par répondre en haussant les épaules à mon tour, comme pour faire croire que ce n’était de toute façon pas important. L’était-ce finalement ? Après tout, tant que sa famille restait loin de moi et de mes proches, je n’avais pas à craindre d’eux, non ? Je l’écoutais ensuite dire qu’à cause de cela, Noël était assez compliqué, et qu’elle aimerait ne le célébrer qu’avec quelques personnes. « On était une fratrie de neuf avec moi. Mais l‘un de mes frères, Galahad, est décédé il y a cinq ans… Et puis, j’ai deux demi-sœurs, Nikki et Leah. »termina-t-elle avant de secouer la tête. Je ne pus m’empêcher de poser ma main sur son épaule et de la serrer un peu, pour la soutenir. « Je suis désolé pour ton frère. Qu’est-ce qui s’est passé ? » lui demandais-je alors, ma main toujours sur son épaule, me disant que peut-être en parler lui ferait du bien. Puis me disant finalement que tout le monde n’aimait pas forcément parler de choses difficiles - moi y compris - je décidais de lui laisser une porte de sortie. « Enfin, tu n’es pas obligée d’en parler. C’est probablement indiscret de ma part, désolé. »

« Je… J’suis désolée de te sortir ça comme ça. » m’avoua-t-elle, tandis que j’avais toujours la mâchoire autant fermée. « J’me suis dit que c’était sans doute le moment de te mettre au courant. Enfin… Je préfère ça plutôt que tu ne l’apprennes dans les journaux… Qui sait… » rajouta-t-elle ensuite. De mon côté, mon cerveau se bougeait les méninges plus qu’à l’habitude. Bon, j’avais l’habitude de me faire plein de films pas très rassurants, donc mon cerveau était tout le temps actif, mais généralement pas lorsque j’étais en présence de la rouquine. Au contraire même, puis qu’avec elle, tout me semblait à sa place. En sa présence, je me sentais enfin « normal », si tant est qu’il y avait une normalité quelque part. Mais je ne me posais pas toutes ces questions. Je n’avais pas mes nombreux doutes qui remontaient à la surface. Je savais qu’il fallait que je réponde, mais je ne savais pas quoi lui dire, pour la première fois depuis que je la connaissais. Mais puisqu’on en était aux confessions, peut-être que je pourrais la mettre au courant à propos de mon passé ? Ainsi, peut-être qu’elle comprendrait pourquoi je préférerais ne pas parler de mafia et de toutes ces choses qui pouvaient très rapidement me mettre mal à l’aise … « J’ai été enlevé … quand j’avais quinze ans … » commençais-je lentement. Vu la rapidité à laquelle mon cœur battait à ce moment précis, je me demandais si, finalement, décider de lui en parler était une si bonne idée. Après tout, si peu de personnes étaient au courant pour mon histoire. Ma famille, bien sûr l’était – et mes parents en parti responsables, d’ailleurs. Et Rebekah avait fouiné je ne sais où et était tombée sur un article concernant mon enlèvement. Et c’était tout. Personne d’autre ne le savait. Mais je me disais que c’était à peu près la même chose pour Gaya, non ? Peu devaient être au courant pour son passé. Et même si j’étais toujours autant mal à l’aise à propos de sa révélation – qui ne le serait pas, en même temps ? Parano ou pas parano, j’imaginais mal quelqu’un rester de marbre à cette révélation – je me sentais en quelque sorte obligé de lui rendre la pareille. « Un couple qui était dans l’entourage de mon père. Ils avaient besoin d’argent et ont décidé de m’enlever et de demander une rançon. Au début, j’étais bien traité. Vraiment. Lorsqu’ils étaient présents dans la maison, j’étais laissé libre. Je mangeais lorsque j’avais faim. Buvais lorsque j’avais soif. Allais aux toilettes lorsque le besoin s’en faisait ressentir. Et mes parents ont appelé la police. Et la police les a retrouvés. A ce moment-là, j’étais enfermé dans la cave, sans rien. Et ils n’ont pas voulu dire à la police où je me trouvais. Donc pendant trois jours, je suis resté enfermé. Sans rien. Sans lumière … Sans eau … Sans nourriture … Sans toilettes non plus … » avouais-je, en me mordant presque férocement les lèvres pour ne pas me mettre à pleurer. Je n’avais pas envie de craquer. Encore moins devant elle. Mais en parler avait fait rejaillir des souvenirs que j’aurais préféré restés enfoui. A cette époque, et même encore maintenant, je n’avais pas été capable de tirer mon épingle du jeu, malheureusement. Je faillis lui demander si sa famille faisait ce type de choses, mais me retenus au dernier moment. Ce n’était pas la peine de rendre le moment encore plus gênant qu’il ne l’était. Et puis, il valait mieux que je reste dans le déni et que je ne pense plus à sa famille. C’était probablement plus simple pour moi. J’avais déjà assez de soucis mentaux, il ne fallait pas m’en rajouter. Puis nous parlâmes de son frère, décédé. Je n’avais pas pu m’empêcher de demander la raison de sa mort, même si je lui avais bien sûr laissé une porte de sortie, au cas où elle ne voudrait pas en parler. « Il est mort d’une overdose. » annonça-t-elle alors, avant de reprendre. « Forcément, avec ma… famille, c’était pas franchement difficile de se procurer de la drogue. Galahad allait mal… Soit on a été trop aveugle pour ne pas s’en rendre compte, soit on se berçait d’illusion quand notre intuition nous disait le contraire et on se confortait avec les réponses qu’il nous donnait. » Je reposais immédiatement ma main sur mon épaule, avant de la lui caresser lentement. « C’est ce qui a fait que j’ai tourné le dos à mon père. Et à tout le reste. Plus ou moins… Enfin, c’est compliqué. » Un doûte me submergea alors. Elle ne se croyait tout de même pas responsable, non ? Je pris son visage en coupe à l’aide de mes mains, et la força à me regarder dans les yeux. « Tu sais que tu n’es aucunement responsable de la mort de ton frère, hein ? Je ne sais même pas quel âge tu avais lors de sa disparition, mais crois-moi, ça n’a pas d’importance. S’il ne voulait pas que tu saches qu’il avait un problème, alors tu ne l’aurais jamais su, tout simplement. Je ne connaissais pas ton frère, mais à mon avis, il ne voulait pas que tu t’inquiètes pour lui. Il ne voulait te montrer qu’il avait des problèmes. Et tu n’es aucunement responsable de sa mort. S’il avait voulu de ton aide, il te l’aurait fait savoir. Donc j’espère que tu ne te fais pas des « et si ? » dans ta tête. Parce qu’en plus du fait que ça ne le fera pas revenir, tu n’as pas à te sentir responsable de sa mort. Parce que tu ne l’es pas. » tentais-je de lui faire comprendre, sans la quitter des yeux pendant tout mon monologue. Puis j’enlevais mes mains et lui caressais rapidement les cheveux. Il était très rare que je parle autant. Généralement, le seul sujet de conversation qui me faisait autant m’enflammer était les animaux et leurs conditions de vie – ou de mort aussi. Et c’était bien le seul sujet. Mais pour une raison inconnue, j’avais eu envie de la rassurer à ce sujet. De lui faire comprendre qu’elle n’était absolument pas responsable de la mort de son frère. « Ecoute... Je comprendrais que tu veuilles… prendre tes distances. Je comprends que ça ne soit pas facile à encaisser… Alors… enfin, t’en fais pas je comprendrais. » ajouta-t-elle ensuite, à propos de sa famille. « On va dire que tant que ta famille n’entente rien contre moi et ma propre famille, je n’ai pas à prendre mes distances. » lui répondais-je alors, tout en forçant un petit sourire. Après tout, c’était la vérité, non ?

Raconter mon histoire à Gaya n’avait pas été simple. Vraiment. Mais je m’en étais senti, en quelque sorte, obligé. Enfin, elle venait de me raconter la sienne, et cela n’avait pas dû être aisé pour elle non plus. Parler de sa famille alors que j’imaginais qu’elle ne devait pas en parler à beaucoup de personne, m’avait touché, même si ses révélations m’avaient tout autant effrayé. Cela voulait dire que je comptais assez pour elle pour qu’elle puisse me parler de ça. Et j’avais voulu lui rendre la pareille. « Je suis désolée Ashley. Vraiment. » me dit-elle alors, me faisant mordre plus fortement les lèvres. Je n’avais réellement pas envie de pleurer, encore moins devant elle. Mais quand elle glissa sa main dans la mienne, je ne pus retenir une larme, bien que je l’essuyais tout aussi rapidement de ma main disponible, avant de serrer doucement la sienne de l’autre. « J’imagine que ce n’est pas la chose la plus simple à sortir… surtout à quelqu’un qui vient d’une famille comme la mienne… » commença-t-elle en baissant la tête, avant de reprendre presqu’aussitôt. « … mais, si t’as besoin je suis là. N’importe quand, t’hésites pas. » termina-t-elle, me faisant hocher doucement la tête par la même occasion. Je caressais doucement le haut de sa main de mon pouce, sans la relâcher pour autant. Ce contact me rassurait, aussi étrange que cela puisse paraître, venant de moi qui n’aimais pas spécialement le contact humain, et préférais nettement celui des animaux. Je cherchais quoi lui répondre, mais j’avais peur de ne pas contrôler ma voix si j’ouvrais la bouche. « Merci. » la remerciais-je en réussissant à maitriser ma voix, sans cesser mes mouvements de pouce sur sa main qui était dans la mienne. Je repensais à ses mots « surtout à quelqu’un qui vient d’une famille comme la mienne ». Etrangement, alors que je m’étais confié à elle, je n’y avais pas pensé. Bien sûr, je m’étais retenu ensuite de lui demander si sa famille faisait ce type de choses, n’étant pas sûr de vouloir connaître la réponse. Mais je n’y avais pas pensé alors que je lui avais raconté le moment le plus douloureux de mon existence.

Puis le sujet dériva vers son frère, et surtout vers sa mort d’overdose. Je lâchais alors sa main de la mienne, pour poser mes deux mains autour de son visage, prenant celui-ci en coupe. Il était hors de question qu’elle ne se sente responsable. Ce n’était pas son rôle, et surtout, elle ne l’était aucunement. Ce fût ce que j’essayais de lui faire comprendre, dans un assez long monologue – ce qui était assez rare pour être précisé. Je caressais alors doucement ses cheveux pour tenter de l’apaiser, avant de répondre timidement à son faible sourire. « C’est juste que… J’aurais voulu faire plus. » finit-elle par dire tout en baissant la tête, avant de reprendre. « il me manque. » termina-t-elle. Je ne pus m’empêcher de la prendre timidement dans mes bras, avant de caresser ses cheveux de nouveau. Je ne savais pas si c’était ce qu’elle voulait, mais j’avais envie de lui montrer qu’elle n’était pas seule et que j’étais là pour elle. « C’est normal qu’il te manque. Et penser à lui est normal, c’était ton frère et il n’est plus là. Mais il ne faut pas que tu t’en sentes responsable. Vraiment. » lui dis-je de nouveau d’une petite voix, ma tête presque posée sur la sienne. Puis je m’éloignais de nouveau, rompa ainsi l’étreinte que je lui faisais. Pas que j’étais gêné par ce contact. Etrangement, ce n’était pas le cas et j’aurais même pu rester dans cette position des heures durant. Mais je n’avais pas envie de l’oppresser, ou autre du type. Puis je la rassurais à propos de sa famille. Après tout, tant que celle-ci restait éloignée de moi et mes proches, je m’en moquais un peu en fait. « Tu sais, tu peux voir les choses différemment aussi… Dis-toi que maintenant que tu as quelqu’un de la mafia dans ta vie… Il ne t’arrivera rien. Je les en empêcherai. Toujours. » me promit-elle, me faisant lâcher un sourire franc. « Je n’ai pas spécialement envie qu’il t’arrive quelque chose non plus. Et puis, j’ai des gardes du corps qui sont payés pour me protéger, tu sais ? Donc tu n’as pas besoin de te mettre en danger pour moi. Je n’ai vraiment pas envie de te perdre. » lui avouais-je timidement, avant de reprendre doucement sa main dans la mienne, même si je n’étais vraiment pas sûr de ce que j’étais en train de faire.

Je ne savais pas si Gaya était du genre à aimer les contacts physiques. C’était donc pour cela que j’avais tout de même hésité à la prendre dans mes bras. Je sais que je n’aurais personnellement pas aimé que l’on me prenne par surprise, sans me demander mon avis avant. Mais je me voyais mal lui demander « ça te dérange que je te prenne dans mes bras pour te montrer que tu n’es pas seule ? ». Cela aurait tout de même été étrange. Et puis cela aurait probablement cassé le moment que nous vivions. Pas que ce soit un moment romantique ou autre – bien au contraire même – mais tout de même, nous venions de nous confier sur les moments les plus douloureux de notre vie, et je n’avais pas envie de gâcher cela. Je la pris donc timidement dans mes bras, hésitant tout de même un peu, avant de lui dire qu’elle n’était en rien responsable dans la mort de son frère – ce que je pensais sincèrement. Je lui caressais ensuite doucement les cheveux, toujours pour accentuer le fait que j’étais là, à n’importe quel moment où elle en aurait besoin – même en plein milieu de la nuit s’il le fallait. Mais ça bien sûr, je ne le lui dis pas. Je ne pensais pas en avoir besoin en tous cas. « Des années que je bosse sur ce sentiment de culpabilité… » dit la jeune femme dans un petit rire qui me semblait plus nerveux qu’autre chose. J’eus moi-même un petit rire, puis je la libérais de l’étreinte doucement. Etrangement, moi qui n’aimais pas les contacts physiques, j’aurais pu rester ainsi toute la journée. Mais je ne savais pas ce qu’elle en pensait, et je n’avais pas envie qu’elle se sente gênée voire oppressée. Surtout pas même !

Le sujet dériva ensuite vers sa famille de mafiosos. Même si je n’aimais pas particulièrement le fait qu’elle soit proche de personnes … criminelles on va dire, je tentais moi de la rassurer à propos du fait que tant qu’ils ne voulaient pas de mal à mes proches, je m’en moquais. Ce qui était la pure vérité finalement. Ce fût à son tour de tenter de me rassurer, allant même jusqu’à dire que maintenant que j’avais une mafieuse dans mon entourage, mes proches et moi ne risquions plus rien. Même si cette idée me faisait du bien, Gaya faisait aussi partie de mes proches. Ou du moins, je le pensais. Donc l’idée de la perdre me terrifiait. Et puis, j’avais des gardes du corps, et ils étaient bien payés pour me protéger, non ? Donc pourquoi se mettrait-elle en danger pour moi ? Ce fût d’ailleurs ce que je lui dis, avant de prendre timidement sa main. Je regardais nos mains jointes l’une à l’autre, avant de me mordiller doucement les lèvres. C’était agréable comme sensation. « Ca tombe bien… C’est réciproque. C’est pourquoi que tu le veuilles ou non, je garderai un œil sur toi. Mais promis… Sans –trop- me mettre en danger… » me répondit-elle en se mordillant aussi la lèvre. Comme réponse, je lui fis un grand sourire. Savoir que c’était réciproque et qu’elle non plus n’avait pas envie de me perdre me faisait chaud au cœur. Alors que nos chiens revenaient vers nous – Riley très essoufflé ; comme d’habitude, il avait probablement eu envie de ressembler à ses congénères bien plus grands que lui – je changeais de sujet. « Qu’est-ce que tu veux faire ensuite ? Tu veux aller prendre un café quelque part ? » lui demandais-je en la regardant dans les yeux, avant de réaliser qu’il était fort probable qu’elle ait autre chose à faire. « Enfin si tu es libre bien sûr. »

C’était étrange comme nos révélations avaient semblés nous rapprocher, Gaya et moi. On aurait pu croire que j’aurais très mal pris le fait qu’elle vienne d’une famille de mafioso. Et même si je ne savais pas pourquoi, ce n’était pas le cas. Parce qu’au final, tant que sa famille ne me voulait pas de mal, et bien ce n’était pas vraiment mes affaires. Et puis, j’étais qui pour les juger exactement ? Bon, j’allais devenir ambassadeur, mais ce n’était pas comme si j’étais en politique ou autres. Mon seul rôle serait de représenter l’Australie, pas de me faire justicier. Et puis Gaya n’était pas comme sa famille de toute façon, et étant donné qu’elle était la seule qui m’intéressait – par rapport à sa famille qui m’intéressait peu, on s’entend ! – je ne voyais pas pourquoi cela devrait changer quoique ce soit entre nous. Après tout, elle n’était pas responsable de ce que faisait sa famille. Et même eux, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient, tant que cela ne touchait pas mes proches. Donc sa révélation nous avait plus rapprochés qu’autre chose. J’avais été touché qu’elle se confie à moi. Cela voulait dire qu’elle me faisait assez confiance pour me dire quelque chose comme ça. Et même si c’était moi qui avais des problèmes de confiance, je savais quand même que ce n’était pas quelque chose qu’elle devait crier sur les toits. Et j’étais donc touché qu’elle me le dise à moi. Etrange non ? En tous cas, cela avait été pour cette raison que je lui avais parlé de mon enlèvement. A part ma famille et Rebekah – qui avait trouvé un vieux journal apparemment – personne n’était au courant. Bon, j’imaginais que d’autres personnes le savaient puisque cela avait fait les titres, mais je n’en avais jamais parlé à quiconque.

Même si j’avais longuement hésité avant de lui prendre la main – c’était un geste assez intime finalement, non ? – je devais bien avouer que je ne regrettais pas. J’aimais vraiment beaucoup son contact en tout cas. Et c’est pour cela que lorsque nos chiens nous rejoignirent, je ne rompais pas le contact, préférant utiliser mon autre main pour leur donner de grandes caresses. Voyant Riley énormément essoufflé – comme à son habitude, lorsqu’il jouait avec Willow – je le prenais délicatement dans mon bras libre – heureusement, un chihuahua ne pesait pas plus de quelques kilos. Bien sûr, il sortit une petite plainte, préférant continuer au sol. Mais ce n’était pas raisonnable, et je n’avais pas envie qu’il nous fasse une syncope simplement parce que son égo était un peu trop développé. Voulant profiter encore un moment de la présence de la jeune rousse, je lui proposais alors que l’on se prenne un café quelque part, avant de lui laisser une porte de sortie si elle n’en avait pas le temps, ou simplement l’envie. « Est-ce que j’ai l’air d’avoir d’autres choses à faire ? » me demanda-t-elle dans un sourire qui semblait amusé. Je me mordis doucement la lèvre, ne sachant pas quoi lui répondre. Et puis il était fort probable que sa question ne soit que rhétorique, non ? « Évidemment que je suis partante ! »reprenait-elle alors, me tirant un grand sourire par la même occasion. « Super alors ! Je connais un café sympa, pas très loin d’ici. » répondais-je sans aucunement perdre mon sourire.

Depuis que j’avais rencontré Gaya, je l’avais tout de suite appréciée. Probablement parce qu’elle avait des animaux et les aimait, et que pour moi, c’était synonyme de confiance. J’avais toujours eu tendance à accorder un peu plus facilement ma confiance à des personnes aimant les animaux. Et promener nos chiens en cette belle matinée, avait été un très bonne idée. Et j’avais l’impression que cela nous avait rapprochés, même. Ou peut-être était-ce le fait d’avoir parlé de nos choses les plus intimes ? Oui, c’était probablement cela. Mais en tout cas, cela nous avait rapproché. J’avais même pris sa main, juste pour profiter de son contact. Et si pour certaines personnes, ce geste pouvait sembler purement innocent, je le trouvais particulièrement intime. Un peu comme tout contact physique en fait. Ce serait mentir que de dire que je n’avais pas envie de passer plus de temps en compagnie de la rouquine. C’était d’ailleurs pour cela, que je lui proposais de prendre un café, en connaissant un pas trop loin d’ici. C’était étrange à expliquer – du moins pour moi – mais j’avais envie de rester près d’elle et de profiter de sa présence pendant encore un petit moment. Je me mordillais doucement la lèvre inférieure de gêne, alors qu’elle me regardait plutôt fixement, et forçais un petit sourire. Sourire qui se figea alors que Gaya se rapprocha de moi et posa sa main sur ma joue. Tout mon corps se figea en fait. Et lorsqu’elle déposa ses lèvres sur les miennes, il me fallut un petit instant de réflexion – si tant est que j’arrivais à réfléchir dans cette situation – avant de réaliser ce qui se passait. Je reprenais ma respiration alors qu’elle se reculait, respiration qui s’était apparemment arrêté durant tout ce moment. Je la regardais en me mordillant doucement les lèvres – plus trop de gêne cette fois-ci – sentant des rougissements prendre place sur mes joues. Ayant toujours Riley dans mes bras, je prenais la laisse de Willow, avant de refermer ma main sur celle de Gaya, qui venait de la reprendre. « Je suis prête, je te suis ! » m’annonça-t-elle, me faisant écarquiller doucement les yeux. « Prête pour quoi ?» demandais-je en plissant doucement les yeux, un peu perdu dans mes pensées. « Un café donc ? » rajouta-t-elle. Ah oui, le café, c’est vrai ! Je l’avais oublié celui-là. « Oui, bien sûr, le café !

Il ne nous fallut seulement quelques minutes avant d’arriver à la terrasse du café. Je lui tirais sa chaise pour qu’elle s’y installe, avant de prendre place en face d’elle. Rapidement, Willow et Riley s’allongèrent à côté de ma chaise. Je souris tendrement en voyant Riley poser sa tête sur l’une des pattes de Willow. Ils étaient vraiment adorables tous les deux. « Un cappuccino pour moi, merci. » commanda la jeune femme, me sortant de mes pensées. On prenait déjà notre commande ? « Je vais vous prendre un expresso. Et est-ce qu’on pourrait avoir une gamelle d’eau pour nos chiens s’il vous plaît ? » demandais-je à la serveuse, tout en ramenant mon regard vers cette dernière. Elle acquiesça dans un sourire, avant de partir. « Je crois qu’elle aurait préféré t’avoir en tête à tête… » dit la rouquine dans un sourire qui semblait amusé. Je fronçais les sourcils, ne comprenant pas de quoi elle parlait. « Comment ça ? »

Je ne m’étais pas du tout attendu à ce que Gaya et moi nous embrassions. Bon bien sûr, je m’étais plusieurs imaginé avec la jeune femme, et même si je ne l’avais jamais avoué, j’avais été attiré par elle à partir du moment où nous avions commencé à apprendre à nous connaître. Mais en plus du fait que jamais je ne me serais douté que c’était réciproque, le fait de ne pas être prévenu qu’elle le ferait m’avait quelque peu figé. Jusqu’à ce que je réalise ce qui se passait et que je réponde timidement à son baiser. Et j’aurais juré qu’une fois éloignée de moi, quelques rougissements avaient fait leur apparition sur mes joues. C’était probablement étrange de ne pas aimer être surpris, surtout par ce genre de choses. Mais c’était pourtant mon cas. J’étais tout le temps sur mes gardes, de peur que quelque chose ne m’arrive, et j’aimais donc tout prévoir. C’était d’ailleurs probablement pour ça que je mis du temps avant de retrouver mes esprits, le temps que mon cerveau analyse ce qui venait juste de se passer. J’aurais bien aimé l’embrasser de nouveau, mais je n’avais pas envie de presser les choses non plus, et je me contentais donc d’aller partager un café avec la rouquine.

Après quelques petites minutes de marche, nous arrivâmes à la terrasse d’un café, où je tirais la chaise de Gaya pour qu’elle s’y installe, avant de moi-même m’installer en face d’elle. Après que la serveuse ait pris nos commandes, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils lorsque la jeune femme m’indiqua que notre serveuse avait apparemment envie de m’avoir en tête à tête. « Je crois que c’est plutôt évident » commença l’italienne, avant de reprendre. « Elle a carrément flashé sur toi, et visiblement, ma présence ne l’enchante pas. » Nouveau froncement de sourcils de ma part. Je n’avais vraiment pas remarqué. En même temps, je regardais plus mes chiens que la serveuse lorsqu’elle avait pris nos commandes. Lorsque la serveuse revint avec les gamelles remplies d’eau pour nos chiens, je tentais de la regarder attentivement, pour essayer de voir ce qui faisait dire à Gaya que celle-ci s’intéressait à moi. Et je ne vis absolument rien. « Je ne vois absolument pas ce qui te fait te dire ça. » lui répondais-je, surpris. Okay, elle m’avait lancé un sourire, et alors ? C’était plus de la politesse qu’autre chose, non ? Elle voulait simplement un pourboire, donc tentait de rendre son service agréable. Je ne voyais pas en quoi cela pouvait dire qu’elle était attirée par moi en tout cas. « Tu ne le remarques donc jamais quand tu tapes dans l’œil de quelqu’un ? » me demanda-t-elle alors, avant de reprendre. « C’était loin d’être très subtile. » J’ouvrais la bouche, mais la refermais aussitôt, ne sachant pas quoi répondre. Elle avait raison en même temps, je ne voyais jamais ce genre de choses. « Je n’avais pas vu que tu étais attirée par moi aussi. » lui avouais-je en prenant doucement sa main dans la mienne, tout en sentant de nouveau mes joues se rosirent. Puis la serveuse nous interrompu de nouveau pour nous apporter cette fois-ci nos commandes. « Merci. » la remerciais-je dans un petit sourire gêné, sans lâcher la main de la rouquine. Une fois qu’elle fut partie, je reportais de nouveau mon intention sur la rouquine, tout en lui caressant doucement le haut de sa main de mon pouce. « Donc …  » commençais-je doucement, avant de prendre une pause. J’étais tellement nul pour parler de relations aussi. Je sentais les battements de mon cœur tambouriner contre ma poitrine alors que je reprenais la parole. « Tu veux sortir avec moi ? » reprenais-je avant de secouer la tête. « Enfin là on sort ensemble, on est au café et tout. Mais … Je veux dire … » continuais-je sans arriver à trouver les bons mots. Un vrai adolescent !

Installé à la terrasse du café, Gaya et moi avions un petit débat. Apparemment, j’étais incapable de savoir quand une femme s’intéressait à moi. En fait, ce n’était pas qu’une apparence, mais bien la vérité. Je ne voyais absolument pas en quoi la serveuse donnait des signes qu’elle serait intéressée par moi. Il était normal qu’elle sourie. C’était son métier. Après tout, qui donnerait un pourboire à une serveuse tirant la gueule ? « Oh je sais pas… Le fait qu’elle ne te lâche pas du regard par exemple ? » répondit alors ma rouquine préférée. Je levais la tête et regardais aux alentours, avant de croiser le regard de la dit serveuse en question, qui en effet, avait les yeux posés sur moi. Je baissais immédiatement la tête, pour ne pas qu’elle se fasse de mauvaises idées. « Okay, elle me regardait. Mais c’est peut-être qu’une coïncidence. » admettais-je en haussant des épaules. De toute façon, ce n’était pas vraiment comme si ça m’intéressait. Puis j’expliquais à la jeune femme que je ne m’étais pas non plus aperçu qu’elle était intéressée par moi. Je ne savais même pas depuis combien de temps c’était le cas. Je n’avais même pas eu de doutes. Rebekah en avait eu, mais j’avais toujours tout nié en bloc. J’avais donc appris qu’elle était attirée par moi seulement … Et bien seulement après qu’elle m’ait embrassé. Il y avait probablement eu des signes j’imagine. Mais j’étais incapable de les voir. « Hum c’est pas faux… » acquiesça-t-elle après nos commandes arrivées. « Ça fait combien de temps que … que tu es intéressée par moi ? » lui demandais-je alors, tout en me mordillant la lèvre inférieure de gène. Ce n’était pas très important en soi. Mais j’étais curieux de savoir combien de temps cela faisait. Même si je savais parfaitement que l’important était qu’elle soit intéressée par être ma petite amie. Heu … L’était-elle ? Nous n’en avions pas parlé de ça. Nous nous étions seulement embrassé. C’était donc tout gêné que je tentais de lui demander si elle voulait sortir avec moi. Je n’étais vraiment pas doué pour parler de relation, c’était un fait. Et je tentais donc tant bien que mal de lui faire comprendre ce que je voulais dire. Parce que nous étions en train de sortir ensemble. Enfin nous prenions un café ensemble, donc nous étions à l’extérieur. Donc nous étions à l’extérieur ensemble, donc nous sortions ensemble. Mais bien sûr, ce n’était pas ça qui m’intéressait. Enfin si, ça m’intéressait aussi. J’aimais être avec elle et prendre un café. Je soufflais doucement tout en secouant la tête. Heureusement que je ne disais pas tout ça à voix haute, elle me prendrait pour un fou. Déjà que j’avais presque bégayé, si en plus je pensais à voix haute, qu’est-ce que ce serait. « Je crois que je te l’ai déjà dit… Mais t’es vraiment pas comme les autres ! » m’annonça-t-elle. Je lui lançais un petit sourire gêné. « Et c’est positif ou … » lui demandais-je alors. Bon au moins, elle saurait que je ne la tromperais jamais. Apparemment beaucoup d’hommes trompaient leur petite amie, de ce que j’avais lu. Au moins, avec moi, elle savait que ce ne serait pas le cas. Ça ne pouvait qu’être positif non ? Je la vis alors se pencher par dessus notre table. Elle m’embrassa alors langoureusement, et je ne me fis pas prier pour répondre à son baiser. Je me levais un peu et passais ma main derrière sa nuque pour accentuer le baiser. C’est les yeux fermés que je la laissais se reculer un peu. « J’espère que ça répond à ta question. » me dit-elle. Je passais ma langue sur mes lèvres, avant de me les mordiller doucement et de rouvrir les yeux. Mon regard passa de ses lèvres jusqu’à ses yeux, et se planta dedans. « Oui, je pense que ça y répond, en effet. » répondais-je dans un petit rire. Puis je replaçais ma main sur sa nuque pour la rapprocher de moi et l’embrasser de nouveau.

J’étais une personne qui ne savait vraiment pas quand elle plaisait à quelqu’un ou non. Réellement. J’étais incapable de dire si une femme était ou non attirée par moi. Et même avec Gaya, alors qu’il y avait apparemment eu des signes de son côté. Donc il ne s’agissait pas que d’une serveuse que je ne connaissais pas absolument, mais bien d’une femme avec qui j’avais partagé plusieurs moments de mes journées. Parce que Gaya et moi nous connaissions depuis quelques mois maintenant, et même si j’avais assez rapidement été sous son charme, même si je ne me l’avouais pas vraiment, je n’aurais jamais cru que ce serait réciproque. Enfin, jusqu’à ce qu’elle m’embrasse plus tôt dans la journée. Et c’était donc pour cela que je lui demandais depuis combien de temps elle était intéressée par moi. Il était vrai que je n’étais pas la personne la plus à l’aise pour parler de ce genre de choses, mais j’aimais bien mettre les choses à plat pour pouvoir en parler librement. « Je dirais… la première fois que j’ai aperçu ton sourire. » commença-t-elle, avant de reprendre presque immédiatement. « du moins c’est le jour où j’ai craqué… après, je sais pas trop, ça s’est fait petit à petit. » J’acquiesçais à sa réponse en me mordillant la lèvre inférieure, sentant des rougissements prendre place sur mes joues. Je détestais quand je me sentais rougir. Mais ce n’était pas vraiment quelque chose que je pouvais contrôler, malheureusement. « Oui, c’est … à peu près la même chose pour moi. » acquiesçais-je dans un petit sourire. Et c’était la vérité. Etrangement, je lui avais rapidement accordé ma confiance. Généralement, quand je rencontrais quelqu’un – femme ou homme d’ailleurs – il fallait qu’elle mérite ma confiance, et cela pouvait prendre un petit moment. Mais pour Gaya … Cela s’était fait bien plus rapidement. Bon, il y avait le fait qu’elle aimait les animaux aussi … Après tout, comment une personne pouvait-elle être mauvaise si elle aimait les animaux ? Donc, cela avait grandement aidé. Mais tout de même, cela s’était fait plutôt rapidement. Je tentais ensuite de lui demander, tant bien que mal – enfin, plutôt mal que bien en fait – si elle voulait être en couple avec moi. Et lorsqu’elle me dit que je n’étais pas vraiment comme les autres, je ne pus m’empêcher de lui demander si c’était quelque chose de positif ou non. « Totalement ! » me répondit-elle, me faisant lâcher un grand sourire franc. Elle se pencha alors par dessus notre table, avant de m’embrasser, répondant ainsi à ma question. Je passais alors ma main derrière sa nuque pour la rapprocher de moi et l’embrasser de nouveau. « good. » répondit-elle sans se reculer, avant de prolonger notre baiser.