Néfertari était occupée à danser avec de parfait inconnu dans un coin d'Harlem, elle s'était réveillée vers 14h avec l'envie de bouger, pas bouger pour plaire ou vendre son corps, juste pour le plaisir d'être en rythme avec la musique, juste pour aimer la musique et pas en faire son gagne-pain. Elle était souple et faisait des mouvements de hip-hop avec aisance, elle préférait ça, elle rigolait à gorge déployée même pendant qu'elle dansait au centre d'un cercle, lorsque son tour fut terminé, elle siffla lors d'une acrobatie d'un mec.

Quand tout fut terminé, elle salua les gens et elle remit en place sa casquette, elle n'aimait toujours pas l'idée d'être reconnue, elle n'était certainement pas une célébrité... mais son véritable prénom et son nom était... une pression qu'elle ne voulait plus sur les épaules. Elle se dirigeait dans les petites ruelles sans hésitation et sans éprouver la moindre crainte, elle retrouva aisément un ami dealer qui lui fournit de l'herbe pour passer son week-end. Être strip-teaseuse était une chose... mais se lancer à moitié nue n'était pas quelque chose de si facile à faire, elle devait à chaque fois être un peu stone avant de commencer à se dévêtir alors bon... elle n'était pas accro... mais elle fumait régulièrement. Elle donna l'argent dans la main du type avant d'une nouvelle fois s'éloigner sans se presser, elle allait passer dans le métro quand elle vit un gamin voler un sac, elle grogna, elle n'aimait vraiment pas se mêler de tout ça mais... elle fit tout de même un croche-pied au gamin qui s'étala, Néfertari attrapa rapidement le sac et donna un coup de pied dans la jambe du gamin pour qu'il détale, il ne se fit pas prier et la jeune femme se dirigea vers la personne volée pour lui remettre son sac. Sauf qu'elle reconnut la personne en question et laissa tomber le bien par terre stupéfiée. « Bonnie... » murmura-t-elle incrédule de trouver sa cousine dans ce coin de New York. Elle recula de quelques pas, sur la défensive et prête à disparaitre à tout moment. Néfertari avait le coeur lourd, Bonnie en face d'elle lui rappelait qu'elle n'était qu'une image factice, parce qu'elle pouvait raconter ce qu'elle voulait, dans le fond, elle n'était pas Néfertari Nasser, avant tout ça, avant cette vie inventée, elle avait été Kendra Villaraigosa, et ça venait de lui revenir en pleine face.

Bonnie avait dû se rendre dans Harlem pour le boulot. Ce n’était pas le genre de quartier qu’elle fréquentait habituellement et même si elle n’aimait pas avoir de préjugés elle ne pouvait s’empêcher de ne pas avoir une très bonne image de l’endroit. Elle ne s’attendait pas non plus à être agressée en pleine rue mais elle n’était pas rassurée non plus. Elle avait dû venir en taxi en plus ce qui impliquait qu’elle allait devoir se promener à pieds la plupart du temps et elle n’aimait pas tellement ça non plus. Enfin, ce n’était pas comme si elle avait le choix de toute façon. C’était bien trop important pour qu’elle délègue ça à qui que ce soit, niveau travail elle n’avait confiance qu’en elle-même et c’était bien pour ça qu’elle y passait autant de temps, elle devait toujours repasser derrière tout le monde.

La jeune femme ne pouvait pas non plus s’empêcher de presser le pas. Encore plus que d’habitude. C’était plus fort qu’elle et elle aurait aimé avoir une attitude un peu plus détendue. Elle était Bonnie Fitzgerald, bon sang ! Elle continua tout de même d’avancer en regardant devant elle, le menton relevé comme elle le faisait toujours. Puis au bout d’un moment, sans qu’elle ne comprenne ce qui était en train de passer, elle sentit son sac glisser de son bras et partir sans elle. Un gamin venait de le lui voler à l’arracher et elle ne pouvait pas faire grand-chose. Quelle idée de marcher avec d’aussi hauts talons ? Elle n’eut cela dit, et par chance, pas à faire grand-chose puisqu’elle vit le gamin se rétamer quelques mètres plus loin et une femme récupérer son sac. Il s’enfuit ensuite et sa sauveuse avança d’elle tout comme elle-même était déjà en train de faire la même chose. Bonnie crut la reconnaitre et elle eut la même expression choquée que l’autre arborait. Elle pensait se tromper, et pourtant, elle connaissait son nom. « Bonnie... » Elle ne doutait plus à présent. « Kendra ? » Elle n’avait pas vu sa cousine depuis… Une éternité ou deux. Elle la pensait morte pour tout dire. « C’est toi ? Tu es… vivante ? » Elle avait tellement de questions à lui poser et elle ne savait pas par où commencer. Surtout qu’elle avait l’air d’avoir peur et elle ne pourrait sans doute même pas obtenir de réponses.

Néfertari avait abandonné son ancienne vie au profit... de celle-ci, ce n'était pas grand chose, c'était juste... quelques aménagements dans le fond, elle avait troqué la pression de ses deux familles pour une existence libre. Les Villaraigosa était une famille... politique-latino et son père était le maire de Los Angeles... sa mère était une Fitzgerald, une autre famille politique. Dans son clan, les rôles étaient presque tous prédéfinies, ils devaient tous rentrer dans une case et y rester... le problème était que Néfertari n'avait jamais convenue, plus légère que ses soeurs, plus... artistique... on l'avait décrite ainsi une bonne partie de sa vie car elle aimait la danse... et son père avait toujours plissé le nez de dégoût lorsqu'il devait expliquer ce qu'elle aimait et ce qu'elle comptait faire plus tard de sa vie... et sa mère se contentait de dire qu'elle avait simplement une passe pour la danse. Ce que ses parents attendaient d'elle, c'était juste de se trouver un mari dans l'univers de la politique et être là pour être la femme potiche... alors elle avait fui, elle avait 17 ans à l'époque, elle venait de rater son épreuve d'admission dans l'école qu'elle souhaitait, et elle était... partie sans se retourner, avec juste un peu d'argent et une nouvelle vie et existence devant elle. Elle s'était inventée une vie, d'Américaine typique elle était passée à Egyptienne et de Kendra elle était devenue Néfertari, elle avait payé chère sa nouvelle carte d'identité mais elle ne le regrettait pas.

Cependant, elle n'avait jamais pensé que son ancienne vie pourrait refaire surface dans son existence, surtout par hasard ! Néfertari détestait le sentiment... sa cousine venait de la voir et elle ne savait pas comment réagir, elle était paniquée mais terrifiée à la fois, ce qui l'empêchait de partir en courant. Elle se contenta de dire le prénom de Bonnie, confirmant sa véritable identité par la sorte, parfois, elle avait juste envie de se frapper la tête contre un mur, elle était conne ! « Kendra ? C’est toi ? Tu es… vivante ? » Kendra trembla comme une feuille avant de serrer les poings. « Ne le dis à personne ! » finit-elle par dire, elle devait réagir vite, elle devait se protéger, elle l'avait fait pendant des années après tout, elle pouvait continuer... « S'il te plait... » supplia-t-elle, presque larmoyante. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » Parce que bon sang ! Elle n'aurait jamais pensé croiser sa cousine dans ce quartier ! Si elle avait su... franchement, elle ne serait pas venue et elle ne serait pas restée à New York si longtemps. Elle avait été naïve, beaucoup trop, sa famille était partout, dans tous les coins de ce pays, idéalement, elle aurait dû fuir ce continent, au moins, elle aurait été sûre !

Jamais Bonnie n’aurait pensé tomber sur un membre de sa famille dans un tel quartier (jamais elle ne se serait imaginée dans un tel quartier non plus). Surtout pas un membre de sa famille qui n’était pas censé vivre à New York, dont elle n’avait plus eu de nouvelles depuis une éternité et qu’elle avait fini par croire morte de surcroit. Et pourtant… Elle avait en face d’elle Kendra, sa cousine, fille de la sœur de son père. Sa famille était basée à Los Angeles, à l’autre bout du pays, à plus de quatre mille kilomètres de là. Elles s’étaient pourtant vues assez souvent durant leur enfance, jusqu’à ne plus se voir du tout depuis quelques années. Personne n’avait jamais voulu lui dire ce qui lui était arrivé et elle avait fini par abandonner. Elle pouvait échouer parfois, elle avait réussi à l’accepter. Mais là… Elle s’était trompée sur toute la ligne et elle se demandait pourquoi personne n’avait rien voulu lui dire. Sa curiosité fut encore plus piquée lorsqu’elle réalisa que Kendra n’était pas contente de la voir. Et qu’elle avait… peur ? En tout cas, elle l’avait reconnue tout de suite et la jeune femme n’avait pas eu besoin de plus pour reconnaitre sa cousine, alors qu’elle avait eu l’impression de voir un fantôme au début. « Ne le dis à personne ! » La jeune femme s’était retrouvée prise de tremblements, elle paniquait intérieurement, Bonnie le voyait et elle était encore plus inquiète du coup. « S'il te plait... » L’intéressée hocha la tête après plusieurs secondes, les sourcils froncés mais l’air assuré. Qu’arrivait-il à sa cousine ? Elle devait s’être mise dans une merde pas possible pour en arriver à agir comme ça… Elle ne savait pas quoi lui dire cela dit, elle aurait eu plein de questions à lui poser mais elle ne savait pas par où commencer, elle était vraiment trop perdue pour ça. Kendra la tira néanmoins de ses pensées et la prit de court avec sa question. « Qu'est-ce que tu fais ici ? » « Euh… Boulot… » répondit-elle penaude, n’arrivant pas à détacher son regard de sa cousine. « Mais… Et toi ? Tu étais passée où ? Et pourquoi tu as peur comme ça ? Que se passe-t-il ? » Elle voyait bien Kendra ne pas lui répondre et fuir sans demander son reste, c’était même étonnant qu’elle ne l’ait pas encore fait d’ailleurs mais elle devait essayer, elle voulait essayer de savoir. « Ça fait tellement longtemps... » Dieu sait ce qui avait pu lui arriver pour qu'elle se retrouve dans un tel état... Elle en avait mal au cœur.

« Euh… Boulot… » Néfertari remit sa casquette en place tout en lançant un regard en coin dans la rue, elle fronça les sourcils surprise. « Toi ? Ici ? Pour ton boulot tu bosses ici... ? » ok, l'égyptienne n'était clairement pas au bout de ses surprises là, elle regarda autour d'elle avec hésitation, c'était pourtant Harlem quoi... Néfertari... Kendra sentait le regard appuyé de sa cousine, comme si elle était incapable de détacher son regard de sa personne, elle se sentait mise à nu et à découvert... oh, gosh, c'était comme si un pan vers son ancienne vie venait de s'ouvrir et ça l'effrayait, elle ne voulait pas qu'on la retrouve, qu'on la pourchasse, elle était déjà... la honte de sa famille, mais si un seul apprenait ce qu'elle faisait ? Oh... elle voyait déjà la déception se peindre dans les yeux de ses parents... la honte aussi. Elle qui voulait devenir danseuse avait fini simple stripper... elle se dégoutait en réalisant tout ça... parce que quand elle était seule, elle savait faire abstraction de tout ça, du passé, mais avec sa cousine Bonnie juste devant elle, c'était un peu plus compliqué. « Mais… Et toi ? Tu étais passée où ? Et pourquoi tu as peur comme ça ? Que se passe-t-il ? » elle secoua la tête... elle devait tellement d'argent à droite et à gauche... depuis que Louis était parti de sa vie -et honnêtement, il avait bien fait- elle avait... eu des soucis niveau rentré d'argent... et si jamais ceux à qui elle devait du fric apprenait qu'elle avait un moyen facile d'avoir de l'argent juste en parlant avec quelqu'un de sa famille... elle ne pouvait pas entrainer son clan dans tout ça, c'était son problème à elle et elle seule. « A droite, à gauche, beaucoup de voyages... » fit Néfertari en reculant prudemment d'un pas. « Tu ne peux pas dire à mes parents que je suis à New York... » finit par dire la jeune femme le regard déterminé. « Ça fait tellement longtemps... » Kendra observa un instant sa cousine avant qu'un semblant de sourire n'étire ses lèvres. « Une vie... » et jamais des propos n'avaient été aussi vrai. « Tu ne devrais pas rester ici tu sais... » fit soudain Néfertari en redressant la tête, elle avait arrêté de trembler maintenant, elle récupérait... de sa superbe et sa détermination.

Lorsque Kendra lui demanda ce qu’elle faisait ici, Bonnie resta évasive, lui répondant qu’elle était là pour le boulot sans lui donner plus de précisions. Après réflexion, elle aurait peut-être dû. Il ne s’agissait pas d’un quartier très fréquentable. Ou en tout cas, un quartier où on pouvait s’attendre à la trouver. Mais pour sa défense, elle était un peu perturbée de trouver sa cousine qu’elle croyait morte ici, toute tremblante et perturbée. Il n’en fallait pas plus pour l’inquiéter, elle qui avait pourtant du mal à être déstabilisée. Mais il s’agissait de sa famille… « Toi ? Ici ? Pour ton boulot tu bosses ici... ? » La jeune femme pinça les lèvres, réalisant son erreur. Elle s’empressa de secouer la tête histoire d’ôter toute mauvaise idée de l’esprit de sa cousine, si encore c’était ce à quoi elle pensait. « Je travaille chez Dior avec Michael. J’avais juste un rendez-vous professionnel ici, rien de plus. » Même cette réponse pouvait être mal interprétée quand on y pensait. Mais elle ne faisait rien de différent de ce qu’elle avait toujours fait. Juste, comme elle ne l’avait pas vu depuis une éternité, Kendra n’était pas forcément au courtant. D’ailleurs, Bonnie voulait savoir ce qu’elle était devenue. Elle ne savait pas ce qu’elle allait apprendre mais elle pouvait toujours essayer. Elle était surtout curieuse de savoir où elle était passée pendant tout ce temps et ce qu’elle avait fait… « A droite, à gauche, beaucoup de voyages... » Evasif, exactement comme elle l’avait prédit. Elle imaginait qu’elle ne pouvait pas trop lui en demander non plus mais elles étaient tellement proches, avant. Elle aurait voulu pouvoir l’aider. Mais elle avait perdu ce droit visiblement, et elle lui lança un regard interrogatif. Parce qu’elle n’était pas du tout rassurée, et encore moins avec ce qui allait suivre : « Tu ne peux pas dire à mes parents que je suis à New York... » « Ils ne sont pas au courant ? » De plus en plus étrange. Bonnie hocha tout de même la tête, docile. « Tu ne leur as pas parlé depuis quand ? » Elle n’avait plus tellement de nouvelles d’eux, ils étaient tous occupés de leur côté. Mais à leur place elle aurait aimé savoir. Sérieusement, ça faisait tellement longtemps qu’elle avait disparu, elle n’osait imaginer leur état. « Une vie... » Ouais, plus ou moins. « Tu ne devrais pas rester ici tu sais... » « Viens boire un café avec moi. Ailleurs, n’importe où, mais j’y tiens. » implora presque la brune en regardant sa cousine avec tout de même un air plein de volonté dans le regard. Elle n’aimait pas qu’on lui dise non, et elle refusait de laisser Kendra repartir comme ça, sans avoir essayé d’en savoir plus.

« Je travaille chez Dior avec Michael. J’avais juste un rendez-vous professionnel ici, rien de plus. » Kendra eut un sourire en coin, plus fort qu'elle, c'était dans ce genre de propos qu'elle reconnaissait sa cousine, évidemment, toujours aussi... pédante ? Typique de la famille où ils avaient grandis. « D'accord... » lança alors Kendra d'un ton évasif, mais tous les propos qu'elle tenait était de la même nature, elle ne pouvait rentrer dans aucun détails de sa vie privée, ça ne la regardait qu'elle, au moment où elle avait décidé de fermer la porte à son passé et à sa famille, elle avait accepté de porter seule les fardeaux que lui concoctaient la vie, c'était juste ainsi. Le problème, c'était qu'en revoyant Bonnie, c'était comme réouvrir une porte vers son passé et elle devait à tout prix empêchée Bonnie de dire à ses parents qu'elle l'avait rencontrée de façon banale dans les rues de New York ! « Ils ne sont pas au courant ? Tu ne leur as pas parlé depuis quand ? » Kendra se mordit les lèvres et détourna le regard, elle pouvait mentir, elle devrait mentir... mais elle n'avait jamais aimé raconter des bobards à sa cousine, ni avant ni maintenant alors... « J'avais 17 ans... » et elle en avait 24 désormais... elle baissa la tête et serra les poings, effectivement, une vie... une vie qu'elle n'acceptait plus comme sien, comment une stripper avait pu tout avoir avant ? C'était... presque inconcevable, certains soirs, elle arrivait presque à ce convaincre que la vie de Kendra n'était qu'un rêve, une illusion de son esprit... et qu'en fait, elle avait toujours été Néfertari. Sauf que Bonnie était bien là, dressée devant elle et... non, même si elle le voulait de tout son coeur, son prénom de naissance restait Kendra et pas Néfertari. « Viens boire un café avec moi. Ailleurs, n’importe où, mais j’y tiens. » la jeune femme remit sa casquette en place, regarda autour d'elle avant de finalement hocher la tête. « D'accord, mais je paye. » soupira la jeune femme avant de l'entrainer à sa suite. « Tu travailles avec ton frère alors... j'aurais dû m'en douter, une Fitzgerald satisfait toujours les demandes de ses parents... » lâcha-t-elle, plus moqueuse qu'elle ne l'aurait souhaitée à la base. Néfertari rentra rapidement dans le café et prit place à son endroit habituelle, on lui amena aussi tôt ce qu'elle prenait tous les jours presque : un café et un croissant. Le serveur observait sa cousine avec attention, surpris quelque part que Néfertari amène quelqu'un dans ses habitudes, elle était plus connue comme étant une louve solitaire.

Bonnie n’arrivait pas à imaginer ce que ça avait dû être pour Kendra ces dernières années. Elle avait vraisemblablement tout un tas de problèmes, elle n’agirait pas de manière aussi étrange et paranoïaque autrement. Et plein de questions venaient à l’esprit de la jeune femme mais elle ne voulait pas les poser. Elle avait bien essayé mais sa cousine était beaucoup trop évasive pour qu’elle puisse comprendre et l’aider. Et c’était un peu frustrant pour elle. Il n’y avait que peu de personnes qui comptaient pour elles au point qu’elle les fasse passer avant elle-même. Andrew, Michael et Rosie. Ses parents. Pablo. Sa fille… Et bien sûr, Kendra. Elle n’avait pas eu l’occasion de beaucoup le faire ces dernières années mais c’était toujours vrai. Les liens du sang étaient toujours plus forts que tout, qu’on le veuille ou non.

Si ça avait été difficile pour elle de ne pas avoir de nouvelles pendant toutes ces années, elle préférait ne pas imaginer ce que ça avait été pour ses parents, son oncle et sa tante… Elle ne les avait pas vus depuis longtemps non plus et elle ne savait pas depuis quand ils n’avaient pas eu de nouvelles de leur fille. « J'avais 17 ans... » Dix-sept ans… Elle était née l’année d’après-elle, elle était censée en avoir vingt-quatre aujourd’hui… « Sept ans… » Elle avait fait le calcul rapidement de tête – ce qui n’était pas bien difficile – et ça lui semblait énorme. Presque une décennie, un peu plus d’un tiers de sa vie. A fuir. A faire elle ne savait trop quoi. « Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? Que t’est-il arrivé ? » lui demanda-t-elle, l’inquiétude se lisant clairement dans son ton. Son inquiétude ne faisait que grandir, mais ce n’était sans doute pas l bon endroit pour parler de tout ça, surtout pas dans ces circonstances. C’est pour ça qu’elle lui proposa d’aller boire un café quelque part. Elle ne pouvait pas la laisser filer comme ça, sans en savoir plus, sans avoir pu l’aider. Elle ne la croiserait peut-être plus jamais après ça… « D'accord, mais je paye. » accepta-t-elle à son grand soulagement. « Tu travailles avec ton frère alors... j'aurais dû m'en douter, une Fitzgerald satisfait toujours les demandes de ses parents... » Bonnie nota la moquerie dans la voix, elle y était habituée et n’allait certainement pas s’en offusquer. « Je fais ça parce que je le veux. » répondit-elle très sérieuse. « Mes parents ne m’ont forcé à rien, si j’avais voulu faire autre chose, je l’aurais fait. » Elle la connaissait, elles devaient savoir qu’elle ne se laissait jamais faire. Surtout pas pour quelque chose d’aussi important. Les deux cousines arrivèrent par la suite dans un café où Kendra semblait être une habituée puisqu’on lui apporta sa commande avant même qu’elle n’ait pu commander. « Je vais prendre la même chose. » demanda Bonnie au serveur sans quitter sa cousine du regard. Elle attendit qu’il soit loin avant de reprendre la parole. « Alors, tu comptes être un peu plus… bavarde maintenant ? » Ou un peu moins évasive en tout cas. Elle ne voulait pas toutes les réponses, elle en voulait au moins quelques-unes.

« Sept ans… Qu’as-tu fait pendant tout ce temps ? Que t’est-il arrivé ? » oh, c'était une question tout à fait pertinente, elle avait fait tant de choses. Elle avait fui d'abord, elle avait été dans des coins malfamées et elle s'en était tirée avec l'argent volé à ses parents durant... une certaine période, elle avait d'abord voyagé puis elle était rentrée en Amérique, elle s'était fait tatouée et... elle avait trouvé des boulots peu recommandable avant de finir stripper. Pas le genre de choses qu'elle avait envie de dire dans la rue après une si longue période sans avoir vu quiconque de sa famille... elle grimaça avant de se gratter la nuque nerveusement, touchant son code barre qu'elle s'était fait tatouée là. « J'ai dansé... » finit-elle par résumé. C'était très résumé, mais c'était surtout la vérité, c'était son seul "don" et elle n'était même pas super douée à ça, alors... well, elle avait dû finir par enlever des vêtements pour pouvoir vivre de sa "danse". Bonnie l'invita ensuite à prendre... un café, ok, elle pouvait le faire, elle n'en avait pas spécialement envie, mais elle voyait bien à la tête de sa cousine qu'elle ne lâcherait pas l'affaire. Mais quitte... à aller dans un café, autant le payer et aller dans un endroit où elle se sentait bien. Elles parlèrent sur le chemin et... well, Nef se moqua un peu de la vie de Bonnie, pas vraiment mais... elle avait suivi le parcours qu'on lui avait tracé. « Je fais ça parce que je le veux. Mes parents ne m’ont forcé à rien, si j’avais voulu faire autre chose, je l’aurais fait. » oh, rien n'était forcé mais certainement très fortement conseillé, Néfertari pouvait écouter Bonnie, mais elle savait la pression qu'on pouvait recevoir, ce n'était pas que les parents, c'était... tout le monde, on attendait toujours quelque chose d'eux. Mais elle était sans doute trop sensible et décevante pour qu'on attende quelque chose d'elle donc bon. Elles arrivèrent alors dans le café et Néfertari prit sa commande habituelle. « Je vais prendre la même chose. Alors, tu comptes être un peu plus… bavarde maintenant ? » elle eut une petite moue avant de finalement répondre. « Je suppose que tout dépendra des questions... » répondit alors Kendra avant qu'on ne revienne avec leur commande. « S'il te plait Néfertari » fit alors l'homme en ayant pour elle un sourire bienveillant, elle lui rendit alors un sourire réel avant de mettre du sucre et du lait dans son café, elle se mit à déchiqueter son croissant avant de le tremper dans sa boisson. « Je vais vraiment bien tu sais » finit-elle par dire en observant un instant sa cousine, ne sachant pas trop quoi lui dire.

Kendra avait disparu pendant sept ans. C’était énorme… Il avait pu s’en passer des choses pendant sept longues années et Bonnie voulait savoir… Elle savait que sa cousine ne la laisserait pas trop s’approcher de la vérité, si elles s’étaient beaucoup confiées pendant leur enfance et leur adolescence, ce n’était sans doute plus vrai aujourd’hui. Il n’y avait qu’à voir son attitude depuis qu’elles s’étaient croisées… Bonnie ne se faisait pas trop d’illusions mais elle pouvait toujours essayer. « J'ai dansé... » Ce fut la seule réponse qu’elle daigna lui donner. « Dansé ? » Elle ne savait pas tellement ce qu’elle devait y comprendre à part le fait qu’elle n’allait pas l’éclairer. Elle avait encore d’autres questions en plus, elle n’arrivait pas à croire qu’elles se retrouvent à New York ! Qui sait depuis combien de temps elle se trouvait là, si près ? Bonnie et Michael avaient emménagé ici après son… départ alors qu’elles étaient les chances pour qu’elles se retrouvent ici par hasard ? La rue n’était pas le meilleur endroit pour avoir une telle discussion alors Bonnie insista pour qu’elles aillent prendre un café un peu plus au calme. Elles passèrent rapidement commande et une fois le serveur partit la jeune femme demanda à sa cousine si elle allait enfin se décider à être plus bavarde. « Je suppose que tout dépendra des questions... » Ouais, elle imaginait aussi… Mais comme ses questions n’allaient sans doute pas lui plaire elle n’allait pas plus lui parler. Enfin avant ça, le serveur revenait déjà avec leurs commandes, voilà qui était rapide et efficace. « S'il te plait Néfertari » fit l’homme en posant sa tasse devant elle. Néfertari ? C’était comme ça qu’elle se faisait appeler ? Bonnie ne dit rien mais regarda sa cousine d’un air insistant, les sourcils froncés. « Je vais vraiment bien tu sais » Bonnie n’avait toujours pas ouvert la bouche et elle n’avait pas encore touché à son café non plus. En fait il y avait trop d’informations dont elle ne savait pas quoi faire, elle était encore un peu sonnée par ces retrouvailles si… étranges et inattendues. « Vraiment ? Ce n’est pas l’impression que j’ai eu tout à l’heure, dans la rue… Et ce n’est pas plus l’impression que j’ai maintenant… » dit-elle en soupirant, elle ne voulait pas avoir l’air trop dramatique même si c’était une de ses spécialités mais elle s’inquiétait vraiment. « En plus comme tu refuses de me parler, je me fais tout un tas de films et je ne sais pas où je me trompe ou non, c’est terrible. » Devait-elle lui dire qu’elle ne dirait rien à ses parents pour qu’elle lui fasse confiance ? Elle ne lui avait jamais donné de raison de douter et non elle ne dirait rien si elle ne le voulait pas. Elle s’était… débrouillée pendant toutes ses années, c’était bien la preuve qu’elle pouvait s’en sortir seule. « Et… Néfertari ? C’est comme ça que je suis censée t’appeler maintenant ? »