Je devais bien l'avouer, j'étais malgré tout un peu stressée. Je savais que d'une minute à l'autre, Milo allait arriver. Et pas seul, cette fois-ci. Avec Marina, sa fille. Cela faisait des mois que j'en entendais parler. Et j'avais vraiment l'impression de la connaître depuis toujours, grâce aux photos et portraits que Milo avait fait d'elle, mais aussi grâce à toutes les descriptions qu'il avait pu me faire. Il me parlait souvent d'elle. Et il semblait évident qu'elle lui manquait... En même temps, c'était un peu normal. Il ne la voyait pas si souvent que ça... Et c'était à chaque fois un jour ou deux. Bref, clairement, cela ne devait pas être simple. C'était donc tout naturellement que je lui avais proposé de la faire venir ici, chez nous, quelques temps, s'il le désirait. Et c'était ce qui allait se passer. Elle était censée arriver d'une minute à l'autre. Et j'étais un peu stressée. Parce que dans le fond, je ne la connaissais finalement pas du tout. Et que la relation qu'il y avait entre son père et moi changeait un peu les choses. Je n'étais plus simplement une amie et la colocataire de l'italien... Sauf que je ne savais pas exactement comment il lui avait présenté les choses. Elle était encore jeune et aurait peut-être du mal à accepter que son père ait pu remplacer sa mère. Et puis, elle pourrait très bien ne pas m'apprécier. Ca, c'était ma plus grande crainte. Qu'elle ne m'aime pas. Tout s'était très bien passé avec Freya, la fille de mon ancien compagnon. Mais je savais très bien que ce n'était pas toujours aussi simple. C'était donc pour cela que j'étais un peu anxieuse. J'espérais sincèrement que tout aller bien se passer...

Ainsi, j'avais prit pas mal de temps pour mettre l'appartement en ordre, tout bien ranger, nettoyer, etc... Ce n'était sans doute pas ce à quoi elle allait faire attention, mais je voulais tout de même faire les choses bien. J'avais également sorti tous les jouets qu'il pouvait y avoir ici – et qui, jusqu'à présent, étaient plutôt réservés à Freya – afin qu'elle se sente aussi à l'aise que possible. D'autant plus que c'était, il me semblait, la première fois que Milo en aurait la garde aussi longtemps, depuis leur divorce. Ce n'était donc pas rien ! Malgré tout, j'étais sacrément impatiente de faire la rencontre de la demoiselle... J'en avais tellement entendu parler que j'avais envie de faire enfin sa rencontre... Et puis, si tout se passait bien, ça pourrait être quelques jours assez sympas, tous les trois... Même si je ne savais pas ce qu'avait dit l'italien à sa fille me concernant. Peut-être devrions nous, durant ces quelques jours, reprendre un peu nos distances... Ou au contraire, pourrons nous nous comporter comme le jeune couple que nous étions. Je verrais bien sitôt qu'ils seront arrivés. Et c'était imminent. En attendant leur arrivée, et après avoir mit en ordre l'appartement, je préparais doucement le repas.  

C'est bien connu, les familles recomposées sont souvent en proie à des difficultés, des tensions, notamment du côté du ou des enfant(s). C'était un peu ce qui m'inquiétait. Déjà, lorsque Leo m'avait présenté Freya, j'avais redouté cela. Et même si j'avais eu tort – car tout s'était très bien passé – je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter encore à ce sujet, cette fois-ci par rapport à l'arrivée de Marina. Je craignais juste qu'elle ne m'apprécie pas. Ou qu'elle ait l'impression que je lui 'vole' son père. Ca pouvait arriver, ça aussi. Elle était encore assez petite et avait eu, jusqu'à présent, son père entièrement pour elle. Elle était, semblait-il, la seule femme dans sa vie. Sauf que ça, la donne changeait un peu. Et j'appréhendais qu'elle ne se fasse pas facilement à cette idée. Enfin, ça, c'était dans l'optique où Milo lui aurait dit que nous étions en couple. Mais je n'étais même pas certaine qu'il l'ait fait, tant les choses étaient encore un peu compliquées entre nous. Et puis, c'était la toute première fois qu'il récupérait sa fille un si longue période. Je pouvais donc comprendre qu'il hésite à lui avouer, tout de suite, avoir rencontré quelqu'un. Il préférait peut-être faire les choses en douceur. Me présenter simplement comme une amie, le temps qu'elle s'habitue à cette nouvelle situation... En fait, je n'en savais trop rien. Je n'avais même pas la moindre idée de ce qu'il devrait faire. Lui cacher la vérité n'était peut-être pas une très bonne chose... mais tout lui annoncer d'un coup non plus... Et puis, quoi qu'il en soit, je n'étais pas la mieux placée pour ça. C'était lui son père. Lui seul pouvait savoir ce qui était bien ou pas de faire... Enfin, ce qui serait le mieux pour elle, évidemment.

Dans tous les cas, j'étais un peu nerveuse. Pas excessivement non plus. Mais j'avais hâte que cette première rencontre – et les premières heures – soient passées. Le plus dur serait fait. Et j'aurais déjà un premier aperçu de ce que ce séjour pourrait donner. Même si dans le fond, je doutais sincèrement qu'elle soit intenable. Ce n'était pas du tout les échos que j'avais pu en avoir. Et puis, Milo était là. Ca aussi, ça me rassurait un peu. Parce que j'étais certaine qu'il allait faire tout son possible pour que tout se passe bien. C'était logique... « Coucou, on est là ! » En entendant Milo, je quittais rapidement la cuisine et jetais un coup d'oeil vers l'entrée, où Milo venait de déposer sa fille à terre. Et tout naturellement, j'affichais un large et sincère sourire. Ils étaient beaux tous les deux. Et elle était vraiment aussi craquante que sur les portraits qu'avait pu faire son père. « Euh ... Marina, Abigail. Abigail, Marina. » Je posais un doux regard sur la petite, tout en m'avançant doucement vers elle avant de m'accroupir afin d'être à sa hauteur., passant rapidement une main dans ses cheveux. « Ravie de te rencontrer Marina ! Tu es vraiment très jolie ! Et ton papa m'a beaucoup parlé de toi, tu sais... Et tu es chez toi ici, ne te gêne surtout pas, d'accord ? » je me relevais alors, adressant un regard à l'italien. «Ça va, tout s'est bien passé ? » demandais-je à Milo en évoquant le trajet, etc... Et puis, de manière plus implicite, ce qu'il avait bien pu lui dire me concernant et ce qu'elle pouvait ressentir à l'idée de venir quelques jours ici...  « Je suis en train de préparer le repas. Je te laisse lui faire visiter l'appart', etc... » proposais-je en affichant un léger sourire avant de retourner en cuisine.

Que l'on forme un couple ou pas, j'avais déjà proposé – et à maintes reprises – à Milo de faire venir sa fille. Et il me paraissait évident qu'un jour ou l'autre, j'allais finir par la rencontrer. Cela semblait logique... Et j'en avais sincèrement envie. Milo me parlait souvent d'elle et, en tant qu'amie et colocataire, je souhaitais un jour la rencontrer. Encore plus depuis que nous étions ensemble. Enfin, je ne savais pas réellement quoi penser de nous. C'était encore tôt et nous n'étions pas à un stade dès avancé de notre relation. Je ne savais même pas si l'on pouvait réellement se définir comme un couple actuellement. Et quant à Marina, je comprenais que Milo préfère attendre, avant de lui parler de quoi que ce soit. Il valait peut-être mieux que se soit plus sérieux et plus officiel entre nous, pour qu'il puisse en parler à sa fille. Enfin, ça, c'était lui qui voyait... N'étant pas au courant de la façon dont il lui avait présenté les choses, je tentais de faire bien attention à ce que je disais. Manquerait plus que je fasse une gaffe, tiens ! Ainsi, lorsqu'ils arrivèrent, je saluais bien vite la demoiselle, que je trouvais vraiment très mignonne. « Toi aussi tu es jolie ... » Mon sourire s'élargit au compliment de Marina. Elle semblait vraiment adorable. Et un peu timide... Enfin, il fallait sans doute qu'elle s'habitue à moi et prenne ses marques, cela me semblait normal. « Merci, c'est gentil Marina... » soulignais-je avant de lever le regard vers Milo, le soupçonnant d'avoir tenté d'influencer l'attitude de sa fille. Je ne dis cependant rien à ce propos et me contentais de le questionner de manière générale, demandant si tout s'était bien passé. Tant qu'elle était là, je ne pouvais pas ouvertement lui demander ce qu'il lui avait dit. Mais à voir son attitude, il ne m'avait pas présenté comme sa compagne.

« Oui ... je lui ai dis qu'on allait chez une ... très gentille et très grande amie. » J'acquiesçais en affichant un léger sourire. « Très bien... Tu as bien fait. » déclarais-je l'air de rien. Je ne pouvais pas lui reprocher cela. Notre 'couple' était encore assez récent et, par conséquent, fragile. Il était sans doute préférable d'attendre un peu avant de lui dire quoi que ce soit à notre sujet. Au moins le temps qu'elle s'habitue un peu à moi... Sinon, ça risquait de faire beaucoup de nouvelles informations d'un coup. Et la pauvre risquait d'être sacrément surprise et perturbée... Chaque chose en son temps, c'était préférable. Je laissais donc Milo retrouver sa fille et lui faire visiter l'appartement tandis que, de mon côté, je retournais dans la cuisine achever la préparation du repas. « Tu veux de l'aide ? » Je levais rapidement le regard vers Milo, puis le dirigeait vers sa fille, assise sur une chaise, m'observant avec insistance. Je ne pu retenir un très vague sourire amusé avant de planter à nouveau mon regard dans celui de l'italien. « C'est bientôt prêt, si tu pouvais juste mettre la table... » demandais-je doucement. Plus qu'une bonne dizaine de minutes et nous pourrons manger. Pour ce premier repas à trois, je ne m'étais pas trop embêtée et m'étais assurée, auparavant et auprès de Milo, que le plat en question plaisait à sa fille. J'étais donc partie sur quelque chose d'assez simple et classique, du riz avec du poulet. « Tu veux boire quelque chose mon coeur ? » J'observais la scène du coin de l'oeil, le trouvant vraiment adorable lorsqu'il s'occupait de sa fille. A croire que j'avais quelque chose pour les pères de famille... « J'espère que tu aimes le riz et le poulet, Marina... » demandais-je doucement, connaissant la réponse mais tentant simplement d'établir un premier lien. J'entrepris alors de la servir, puis de servir Milo et enfin, de remplir mon assiette. « Ton voyage s'est bien passé ? Ça n'a pas été trop long ? » demandais-je à la jeune fille pour lancer la conversation.

Dans le fond, je comprenais aisément que Milo n’ait rien dit à sa fille nous concernant. D’une part, parce que c’était peut-être un peu tôt.D’autre part, il n’y avait pas grand-chose à dire en fait. Cela faisait un petit moment, désormais, que nous nous étions embrassés… Et les choses n’avaient pas réellement avancé depuis cela. Et je ne saurais dire d’où cela venait exactement…J’avais bien évidemment envie d’aller plus loin avec lui… Mais je ne voulais pas précipiter les choses, ni l’effrayer… J’attendais quelque chose, un signe de sa part, me montrant qu’il était prêt à continuer. Je n’avais pas envie de lui donner l’impression de vouloir brûler les étapes… Et puis, je savais qu’à la base, il y avait une part de lui qui semblait plus réticente à cette relation et surtout au fait de dépendre de moi. Et je supposais qu’il avait besoin de temps, après son divorce… Je lui trouvais des excuses, c’était clair.Et je m’en trouvais par la même occasion. Il était évident que nous étions tous deux responsables de la situation actuelle… Et que j’aurais pu tenter de précipiter un peu les choses. Peut-être était-ce ce qu’il attendait… Mais dans le doute, je n’osais pas faire ce second pas, par peur de faire faux et le perdre… Et puis, j’avais moi-même un peu peur. Cela faisait plus d’un an que je n’avais pas eu de relation sérieuse. Je ne savais donc plus trop comment tout cela marchait. Et j’avais aussi peur de ne pas être totalement prête. Et si ça ne le faisait pas, je m’en voudrais clairement d’avoir foutu notre amitié en l’air.« Je ne te dirais pas que j'ai hésité sur ce que je pouvais bien lui dire... ». J’haussais simplement les épaules en détournant le regard, consciente que c’était en partie ma faute. J’osais espérer que ce n’était qu’une question de temps et que tout allait finir par rentrer dans l’ordre.

Mais dans l’immédiat, il était surtout question de Marina,qui venait tout juste de nous rejoindre pour quelques jours. Et pour qu’elle se sente aussi à l’aise que possible, je tentais de la mettre en confiance et avait préparé,pour son premier repas ici, quelque chose qu’elle aimait. Ainsi, après avoir demandé à l’italien de mettre la table, j’annonçais le repas à sa fille, lui demandant confirmation du fait qu’elle aimait cela. Sinon je me serais évidemment empressée de préparer autre chose pour elle. « Oui que j'aime. » Je souris en posant le regard sur elle et en découvrant cette mine à la fois réjouie et gênée. Elle était vraiment adorable ! Une fois nos trois assiettes servies, je pris place à table et tentais de lancer une première conversation. «J'ai dormi alors c'était pas long. » J’acquiesçais doucement, affichant toujours un léger sourire.« Mais ça fait maaaaaaaaal quand on monte dans le ciel ! » Je grimaçais légèrement, signe que je comprenais sa 'douleur'. Ce n'était clairement pas agréable, et j'en savais quelque chose étant donné tous les vols que j'avais pu faire au cours des derniers mois pour rendre visite à ma mère.  « C'est normal ça chérie. Parce que tes oreilles se bouchent. » Je souris en acquiesçant aux propos de Milo, continuant doucement de manger. « Oui, ça arrive souvent quand on prend l'avion, et c'est vrai que c'est pas très agréable... » répondis-je avec un léger sourire. « Sinon... j'ai vu qu'un zoo avait récemment ouvert, pas très loin d'ici... Je ne sais pas si vous aviez prévu des activités pour les jours à venir, mais ça peut faire une sortie sympa... » proposais-je en adressant un regard complice à Marina, avant de reporter mon attention sur Milo, espérant n'avoir pas fait faux en proposant une telle sortie.  

J'essayais de ne pas trop penser à ma relation un peu compliquée avec Milo. Ca avait tendance à me miner et me rendre nerveuse. Évidemment, plus je songeais au fait que notre relation n'en était pas vraiment une, plus j'appréhendais que cela s'arrête là. A un simple baiser. En même temps, je ne savais plus trop comment cela fonctionnait. Du moins, je n'étais pas certaine que ce soit à moi d'aller vers lui. A vrai dire, je le savais un peu réticent, à l'idée d'entamer quelque chose avec moi, alors qu'il n'avait pas une situation stable. Et je me disais qu'il ne voulait peut-être pas aller plus loin aussi rapidement. Voire pas du tout. Si ça se trouvait, il n'avait même pas envie de continuer avec moi et n'osait pas me le dire. Et puis, je n'osais tout simplement pas trop accélérer les choses, de peur de passer pour ce que je n'étais pas. Non, vraiment, je ne me voyais pas lui sauter dessus comme une affamée. Sauf que vivre ensemble n'aidait pas vraiment. Il devenait bien plus difficile de savoir à partir de quand on pouvait décréter que c'était le 'bon moment'... Mais là, j'avais l'impression que ça commençait à faire long. Pourtant, je ne savais pas comment m'y prendre pour faire avancer les choses. J'avais aussi peur qu'une véritable histoire entre nous, ne détruise totalement notre amitié. Et ça, je n'étais pas certaine de le vouloir. En revanche, lui, je le voulais, c'était évident... Mais ça, c'était le genre de choses qu'il faudrait aborder quand nous serions seuls. Et là, avec Marina dans les parages, ce n'était vraiment pas envisageable. Elle n'était au courant de rien et n'avait pas à être mêlée à cela. Mais vraiment, après son départ, il faudrait que nous en parlions. Ou que je tente quelque chose. Parce que lancer une conversation là dessus restait quelque chose d'assez délicat... Et je ne voyais pas comment amener cela subtilement. Il valait peut-être mieux que je tente simplement d'aller plus loin qu'un simple baiser...

Enfin, tant que sa fille était là, c'était évidemment hors de question. D'ailleurs, à nous voir tous trois ainsi attablés, on aurait pu croire à la parfaite petite famille. Ça me faisait d'ailleurs un peu étrange. Pourtant, j'avais déjà été confrontée à la même situation, quelques mois auparavant, avec  Leo et Freya. Et mon désir de fonder une famille était toujours aussi présent. Justement... j'attendais tellement cela que la situation était assez étrange. Mais loin d'être désagréable... Ainsi, je tentais de faire un peu connaissance avec la fille de Milo. Enfin, surtout de la mettre à l'aise en discutant un peu avec elle. « Tu prends beaucoup l'avion toi ? Papa il m'a dit que vous vous êtez rencontrés dedans. » Je souris en adressant un rapide regard à Milo avant de le reposer sur Marina en hochant vaguement la tête. « Oui, c'est vrai... Je l'ai souvent prit ces derniers mois pour aller voir ma maman, à Londres. » expliquais-je rapidement, sans rentrer dans les détails. Elle n'avait pas besoin d'en savoir autant et s'en fichait certainement. Ce fut en posant le regard une nouvelle fois sur la demoiselle, que je remarquais son regard, si déstabilisant. Presque gênant, tant il pouvait être insistant... « En voilà une bonne idée ! Marina adore les animaux en plus. Ca te va ? » Milo n'était pas contre... C'était déjà une bonne chose ! Enfin, le connaissant tout de même un peu, j'aurais été surprise qu'il soit contre cette idée. Mais c'était toujours délicat lorsqu'il ne s'agissait pas de ses propres enfants. « OH OUIIIIIII !!! TROP BIEN. On voira les singes papa, hein ? » Je ne pu retenir un sourire amusé à sa réaction et à son erreur, tellement attendrissante... « Ne me demande pas pourquoi, mais elle adore les singes ... Elle les imite très bien d'ailleurs. » J'esquissais un léger sourire amusé aux dires de mon ami, plongeant rapidement mon regard dans le sien. « mais ... papaaaaaaa! » Un bref rire m'échappa suite à la réaction de Marina. Leur complicité sautait aux yeux et c'était vraiment beau à voir. « Ne t'inquiètes pas, je vais faire comme si je n'avais rien entendu... » lançais-je avec un clin d'oeil à la gamine avant de reprendre. « En tout cas, je suis contente que vous soyez partants pour le zoo... Il y a d'autres choses que vous avez prévu de voir ou faire, ici ? » demandais-je par pure curiosité, me doutant qu'ils voudraient sans doute passer des moments ensemble, sans moi. Et ça me paraissait tout à fait normal.  

Que nous formions un couple ou pas, cela ne changeait rien vis à vis de Marina. Pour preuve, j’avais proposé à Milo de la faire venir ici quelques jours, au début même de notre colocation, avant qu’il ne se passe quoi que ce soit. C’était – à ce moment là – la fille d’un ami et j’avais tout naturellement envie de la rencontrer et que le courant passe bien entre nous. C’était tout à fait normal, non ? Bon, cela l’était encore plus si l’on prenait en compte le fait que nous nous étions embrassés et que nous étions plus ou moins sur le point de former un couple. Oui, ‘plus ou moins’. Parce que c’était encore un peu compliqué. C’était con à dire, mais j’avais l’impression de ne plus savoir comment cela fonctionnait. Je n’avais, certes, pas eu énormément de relations sérieuses… Et la dernière commençait à dater un peu.  Les choses avaient donc un peu de mal à se faire naturellement. Et personnellement, je n’osais pas faire certains pas, de peur de paraître trop impatiente ou tout simplement, de faire faux… Le séjour de Marina chez nous n’allait donc pas changer grand chose à nos habitudes. Mais cela constituerait au moins une bonne raison de garder nos distances… Et j’espérais que les choses se débloqueraient après… Sinon, il faudrait sans doute en parler. Et ça risquait malgré tout de créer un certain malaise entre nous… Alors, de toute évidence, j’espérais que les choses avanceraient enfin, dès que nous nous retrouverions à nouveau seuls. Surtout que, pour le moment, Marina ne savait rien de notre relation. Et j’appréhendais tout de même un peu le moment où elle découvrirait que je n’étais pas seulement une amie de son père. Il ne manquerait plus qu’elle le prenne mal ou change d’opinion sur moi !

Parce que pour le moment, tout se passait plutôt bien. Bon, elle venait tout juste d’arriver et n’était peut-être pas encore totalement à l’aise, mais j’étais certaine que tout irait encore mieux d’ici la fin de son séjour. Lorsqu’elle me demanda si je prenais souvent l’avion, faisant ainsi allusion à ma rencontre avec son père, je lui expliquais rapidement la situation, confirmant que j’avais rencontré Milo ainsi, sans pour autant rentrer dans les détails. J’évoquais ensuite une éventuelle visite au zoo, constatant avec joie que les deux étaient emballés. Surtout Marina et c’était bien l’essentiel… Je fus d’ailleurs amusée par les gentilles chamailleries entre l’italien et sa fille. Ils étaient vraiment mignons et attendrissants tous les deux…  Je les questionnais ensuite sur la suite de leur programme, afin de savoir si d’autres choses étaient prévues – avec ou sans moi – pour les jours à venir. « Honnêtement, je comptais un peu sur toi pour nous aider et nous conseiller un peu. J'ignore totalement ce qu'on peut faire avec un enfant dans le coin. » J’esquissais à mon tour une légère moue, sceptique. N’ayant pas d’enfant, je ne pouvais pas lui être très utile. Même lorsque j’avais Freya, ce n’était que quelques petites heures par ci ou par là. Et généralement, nous ne sortions pas plus que ça, notamment parce qu’elle connaissait déjà la ville et n’avait donc pas grand chose à découvrir ou visiter. « Oh, eh bien, je ne sais pas trop… Lorsque je garde Freya, c’est généralement quelques petites heures, ce qui n’est pas suffisant pour sortir faire une quelconque activité… A part aller voir quelques monuments et lieux « cultes » et un tour à Central Park, je ne sais pas trop… Qu’est-ce que tu aimes ? » demandais-je finalement à Marina, sentant en même temps des jambes frôler les miennes. Des jambes beaucoup trop longues pour être celles de la gamine. Je lançais alors un regard en direction de Milo et ne pu retenir un léger sourire en coin en voyant ce regard faussement désolé. Oui, faussement, puisqu’il ne bougea pas d’un pouce. Et ça m’allait très bien. J’aimais ce contact, aussi anodin puisse-t-il être. Gardant ce léger sourire en coin, je lui lançais un regard plus ambigu, songeant que, si Marina n’avait pas été là, je me serais peut-être permis d’entretenir davantage d'ambiguïté entre nous, jouant de la proximité de nos jambes. Mais là, c’était risqué…

Je ne savais pas vraiment comment faire avancer les choses entre Milo et moi… Du moins, de manière naturelle. J’aurais pourtant aimé que les choses se fassent d’elles-mêmes, sans qu’on ait à y faire quoi que ce soit. Mais cela semblait mal barré. En même temps, je ne me sentais pas de prendre totalement les choses en main. Et je ne pouvais m’empêcher de penser au fait que, sitôt que les choses seraient devenues sérieuses, il serait trop tard pour faire demi-tour et tenter de préserver notre amitié. Autrement dit, si ça merdait entre nous, tout risquait de voler en éclat. Et ça me faisait aussi un peu peur. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas le moment d’évoquer cela. Je n’étais même pas certaine que ce soit une bonne chose. Hormis si cela débloquait la situation. Et encore, j’avais un tout petit espoir qu’après le départ de sa fille, nous puissions passer à l’étape suivante. Quitte à ce que je prenne un peu les devants… Mais pour le moment, pas question de penser à tout cela ! Après tout, sa fille était là et n’était au courant de rien… Il valait donc mieux que l’on parvienne à rester discrets afin qu’elle ne se doute de quoi que ce soit. Ceci dit, cela me semblait peu probable dans la mesure où nous étions à peine un couple. Enfin, je n’étais même pas certaine que l’on puisse se définir ainsi. Mais soit, passons.

Dans l’immédiat, il était plutôt question du séjour de la fille de Milo. Elle allait passer quelques jours ici et j’étais persuadée que ni elle, ni son père, ne souhaitait rester enfermer ici. Cela semblait logique. Il allait donc falloir prévoir quelques sorties et décider des endroits à visiter. Et si je connaissais suffisamment la ville pour donner quelques conseils à des touristes lambdas, c’était tout autre chose pour une enfant. New York était une ville immense dont je ne connaissais pas tous les recoins. Et n’ayant pas d’enfant, j’étais bien incapable de diriger Milo et sa fille vers de quelconques activités. Je finis cependant par lui demander ce qu’elle aimait. Après tout, cela pouvait déjà constituer une base pour chercher quoi faire en rapport avec ça. « J'aime l'art ! » Si sa réponse me surprit légèrement, je finis par esquisser un sourire amusé avant de lancer un regard dans la direction de Milo, semblait véritablement fier et heureux de la réponse de sa fille. Ceci dit, ce n’était pas banal d’aimer l’art à son âge… Non, clairement, je m’attendais plutôt à ce qu’elle me parle de manèges, d’attractions ou je ne sais quoi d’autre que les enfants  de son âge aiment généralement. Mais elle avait grandi avec l’art alors, dans le fond, son attachement à cette discipline n’avait rien de surprenant. « Je suis certain qu'on peut dégoter des galeries dignes de ce nom !» Je souris en acquiesçant. Nul doute que nous pourrions trouver notre bonheur… « Oui, on va bien trouver une ou plusieurs expos intéressantes ! » Je commençais alors à réfléchir à un musée dans le coin, pouvant être sympa, lorsque je fus coupée par une jambe frôlant les miennes. Et à n’en pas douter, cela venait de l’italien, sa fille étant trop petite pour toucher le sol. La situation m’amusait plus qu’autre chose, et je laissais bien sûr mes jambes contre les siennes, appréciant ce contact et cette vague ambiguïté. « Surtout que New York est une très grande ville et je suis certaine qu’on peut trouver plein de choses sympas à faire, à découvrir… » Bon, évidemment, les jambes de Milo frôlant les miennes, il n’était pas certain que les ‘choses sympas à faire et à découvrir’ auxquelles je pensais la concernent vraiment… J’adressais alors un bref regard en coin en direction du jeune homme avant de terminer mon assiette. Une fois fait, je les aidais évidemment à débarrasser la table. « Et puisque tu aimes l’art, Marina, tu en fais aussi ? » demandais-je avec une réelle curiosité tout en commençant à faire la vaisselle. Je la laissais ensuite retourner à ses occupations et profitais de la présence de l’italien dans les parages pour mentionner sa fille. « Elle est vraiment adorable, tu sais… Elle semble vraiment être une chouette gamine ! » déclarais-je avec un léger sourire attendri, songeant que j’espérais bien que mon ou mes futurs enfants seraient tout aussi adorables.

Spoiler:

Je commençais à bien connaitre Milo et n’avais donc aucun doute concernant l’intérêt que pouvait avoir sa fille pour l’art. Il ne semblait pas du genre à lui faire du bourrage de crane, ou à l’influencer d’une quelconque manière que ce soit… Même si c’était surprenant d’entendre, de la part d’une gamine de son âge, qu’elle aimait principalement l’art, je le croyais sans hésiter de la part de Marina. Après tout, son père était un artiste. Elle était donc née là dedans. Et puis, cela correspondait aussi parfaitement aux différents portraits que Milo m’en avait fait. Et même si Milo ne l’avait pas forcé à répondre cela, je supposais effectivement que c’était grâce à lui. Oui, c’était sans aucun doute lui qui lui avait fait découvrir l’art et lui avait donné cette passion… Mais il n’y avait rien de mal à cela, bien au contraire ! C’était plutôt une très bonne chose qu’elle partage la passion de son père. Ainsi, je répondis tout naturellement que nous pourrions bien trouver des expos et des choses sympas à voir. Et je proposais cela sans me forcer… J’avais réellement envie de faire plaisir à Marina. J’aimais les enfants et espérais en avoir un jour, mais en attendant je m’occupais simplement de ceux des autres. Et c’était déjà pas mal… Cependant, avec mes jambes qui frôlaient celles de Milo, et mon désir grandissant pour lui, je finis par tenter une légère allusion concernant toutes les choses que l’on pouvait faire et découvrir… Bien sûr, c’était surtout destiné à l’italien. Sa fille n’y verrait sans doute que du feu… Et c’était préférable ! « Avec un peu de chance, on découvrira même des trucs qu'on ignorait. » Je ne pu retenir un léger sourire amusé en constatant qu’il n’avait pas encore saisi mes sous-entendus. Il finit cependant par le faire, étant donné le léger changement d’expression qu’il afficha…

D’ailleurs, je vis bien le regard qui suivi et qui s’attarda sur mes lèvres. Cela me fit d’ailleurs hautement plaisir. J’adorais constater que je lui faisais de l’effet. Surtout maintenant que je commençais à avoir des doutes nous concernant, trouvant notre relation plutôt étrange… Mais finalement, je semblais toujours autant l’attirer. Et c’était suffisant pour me rassurer. Une fois le repas terminé, je les aidais à débarrasser la table, en profitant pour faire connaissance avec Marina. « Ouiiii je fais du piano, du dessin et du peinture ! » Je ne pu retenir un sourire attendri et je plissais légèrement le nez face à sa légère faute. C’était vraiment mignon. J’avais déjà tendance à trouver cela adorable venant de son père mais là, c’était encore plus touchant. «Wahou, tout ça ?! C’est vraiment super ! J’ai un piano ici, si tu veux y jouer… » proposais-je avec un léger haussement d’épaules avant que Milo lui demande d’aller sortir ses affaires. Une fois tous les deux seuls dans la cuisine, je lui fis part de mon ressenti plus que positif sur sa fille. Cela me paraissait normal de lui montrer que je l’appréciais vraiment. « Tu le penses vraiment ? » J’hochais alors positivement la tête en souriant. Il faudrait être complètement fou ou anormal, pour ne pas apprécier Marina. Et je ne disais pas seulement cela parce que j’étais plus ou moins la petite amie de son père… « Moi je crois qu'elle t'apprécie déjà beaucoup elle aussi. » Je souris doucement sans quitter Milo du regard. « Je l’espère… » répondis-je doucement. « Oh ... au fait ... je jure ne pas lui avoir demandé de te dire que tu étais belle. Promis, elle n'a fait que dire ce qu'elle pensait. Je crois qu'elle a la même manie que moi pour ça. » Je ris vaguement à sa remarque. Enfin, surtout à sa dernière phrase. Moi qui avais toujours du mal lorsque l’on me complimentait, qu’est-ce que ça allait être si les deux s’y mettaient ! « Très bien, je te crois alors… Il va donc falloir que je m’habitue à être doublement complimentée… » lançais-je d’un ton amusé.

Spoiler:

Bien sûr, il me paraissait évident et logique que pour que ma relation avec Milo fonctionne, j’avais tout intérêt à m’entendre avec sa fille. Puis c’était tout de même préférable pour nous aussi. Les choses seraient bien plus agréables si tout le monde s’entendait bien. Mais je n’étais tout de même pas du genre à jouer les hypocrites. Certes, je faisais mon possible pour que tout se passe bien avec Marina et j’étais prête à faire des efforts, mais dans une certaine mesure. Je voulais tout de même rester sincère envers elle, et ne pas avoir à me forcer pour être « gentille ». Et pour l’instant, il n’y avait aucun problème de ce côté-là. Tout se passait à merveille avec Marina, et de manière tout à fait naturelle. Ceci dit, je n’avais jamais eu de problème particulier avec les enfants… Au contraire… J’aimais beaucoup les enfants et arrivais plutôt facilement à m’entendre avec. Cela avait un peu développé ma fibre maternelle, de vivre quelques temps avec Leo et sa fille. Et cela m’avait clairement donné envie de devenir mère. Approchant la trentaine, c’était d’ailleurs un désir qui se faisait de plus en plus présent. Même si j’étais bien consciente que ce n’était pas pour tout de suite. Il fallait déjà que je sois dans une relation sérieuse pour cela et que ce désir soit partagé. Or, en ce qui nous concernait, Milo et moi, ce n’était pas encore totalement sérieux à mon goût. Nous n’en étions qu’aux débuts et il était bien trop tôt pour dire que c’était avec lui que je voulais fonder une famille.

Ainsi, dépassant peu à peu sa timidité, Marina ne tarda pas à mentionner les branches de l’art qui l’attiraient tout particulièrement ainsi que celles qu’elle pratiquait. A vrai dire, Milo avait déjà du me le dire. Et je me souvenais qu’il lui avait apprit à jouer du piano. Je me souvenais tout particulièrement de ce moment, puisque cette déclaration avait eu lieu le même soir où l’on s’était embrassé pour la première fois… Difficile de l’oublier. Je lui répondis alors que je disposais d’un piano qu’elle pouvait évidemment utiliser, si l’envie lui venait. « Oh oui, je voudra bien en jouer plus tard. » Je souris doucement en acquiesçant, lançant un bref regard en coin à son père. « Tu sais jouer toi ? » Je haussais les épaules en esquissant un léger sourire. C’était un bien grand mot mais oui, je savais jouer. « Oui, un peu… Juste les bases, disons. » expliquais-je avant de lancer un nouveau regard en direction de Milo, ne pouvant retenir un vague sourire en coin, songeant évidemment à cette fameuse soirée où il avait entreprit de me montrer comment m’améliorer… Puis, une fois le repas terminé, Marina s’éclipsa et nous nous retrouvâmes seul à seule. Et il fut alors question de ce qui semblait être une manie chez eux ; me complimenter à tout bout de champ. Même si ce n’était pas désagréable, j’avais toujours un peu de mal avec ça. « Promis, on va prendre sur nous pour ne pas te complimenter à tout bout de champ. » Je souris à l’air faussement désolé qu’il affichait avant de reprendre. « Merci… Je sais que ce ne sera pas évident, avec toutes les qualités que j’ai… » Ironisais-je alors afin de le taquiner un peu. Bien évidemment, je le laissais ensuite déposer un léger baiser sur mes lèvres, restant malgré tout légèrement sur ma faim. Mais avec Marina dans les parages, nous devions être prudents. Je finis alors de ranger la cuisine, le temps qui lui-même aille aider sa fille à ranger ses affaires. Une fois terminé, je rejoignais le salon, où il ne tarda pas à me rejoindre. « Qu'est-ce qu'on fait ce soir ? Si on regarde un film ça te va ? Avec le décalage horaire, je doute que Marina puisse s'endormir très tôt ... » Hormis regarder un film, il n’y avait pas grand-chose à faire en cette soirée. Et de mon côte, je n’avais aucun jeu de société qui aurait pu nous occuper. Le film semblait donc être une bonne idée. « Oui, bien sûr, pas de soucis ! Je vous laisse choisir le film du coup ! » lançais-je en m’installant sur le canapé. Il semblait bien que ce soit parti pour un dessin animé, film d’animation ou film plutôt enfantin. Mais soit. Occasionnellement, ça pouvait être sympa !  

Finalement, je m’étais inquiétée pour rien. Tout se passait à merveille avec Marina et c’était plutôt prometteur. Du moins, ça me laissait espérer que, si Milo et moi avions vraiment un avenir ensemble, sa fille ne serait pas un problème à notre relation. Et même sans cela, Milo était mon colocataire et un ami très cher. Cela me paraissait logique de vouloir bien m’entendre avec sa fille. Car même si notre histoire ne marchait pas – ce que je n’espérais pas – nous pourrions peut-être rester amis. Et dans ce cas là, je serais toujours amenée à voir sa fille. Mais je ne préférais quand même pas crier victoire trop vite. Certes, elle semblait m’apprécier. En tant qu’amie et colocataire de son père. Serait-elle du même avis en découvrant que j’étais en fait un peu plus que cela ? Elle était peut-être plutôt possessive et n’accepterait pas qu’une autre femme puisse prendre une telle place dans la vie et le cœur de son père… Ou peut être qu’à l’inverse, elle se réjouirait de voir la tournure que prenaient les choses… Ca, nous ne le saurions réellement qu’au moment venu. Enfin, si toutefois nous venions à réellement former un couple et ceci officiellement. Car pour le moment, c’était un peu flou entre nous. Et je n’avais pas le souvenir d’avoir déjà vécu un début de relation aussi chaotique. J’espérais donc que cela finirait par s’arranger… J’avais d’ailleurs bien l’intention d’accélérer un peu les choses, une fois Marina repartie… Malgré cela, il y avait toujours une belle complicité entre nous. Et pour preuve, il ne manqua pas de me taquiner à nouveau. Et je ne me fis pas prier pour en faire de même, ironisant sur mes nombreuses qualités… « T'as même pas idée ! » J’eus un léger rire à cette réponse, avant de terminer la vaisselle et finalement rejoindre le salon, tandis que Milo était parti rejoindre sa fille.

Naturellement, lorsque Milo proposa de regarder un film, j’acceptai que Marina le choisisse. Elle n’était là que pour quelques jours alors autant faire en sorte que tout se passe bien et qu’elle soit contente ! Une fois le dvd lancé, je laissais le jeune homme nous rejoindre, s’installant entre sa fille et moi. Et même si notre couple était encore un peu en stand-by, j’avais parfois envie de certains gestes tendres. Sauf qu’avec Marina à côté de nous, il était hors de question que je me hasarde à lui prendre la main, ou à poser ma tête sur son épaule, même si j’en avais bien envie… A vrai dire, le voir avec sa fille m’avait donné l’image d’une famille. Famille que nous pourrions peut-être un jour former… Et ça n’avait fait que renforcer mon désir d’être avec lui. Ainsi, durant le film, je songeais surtout à nous. A ce qui faisait que notre relation n’avançait pas, à ce que je pourrais faire pour débloquer cela… Et à ce que nous pourrions devenir, ensemble… Et je nous imaginais vraiment faire notre vie ensemble. En tout cas, j’avais la sensation que c’était réellement possible. J’osais donc croire que ce n’était qu’une période un peu bancale, mais que ça ne durerait pas… Et j’allais tout faire pour ! La fatigue me gagnant, j’avais même du mal à garder les yeux ouverts durant le film, et à me concentrer dessus. Bon, ça, ce n’était pas uniquement à cause de la fatigue, mais aussi du désir ressenti pour Milo, qui était juste à mes côtés. Et c’était terriblement frustrant de ne pas pouvoir agir librement…

A la place de Milo, je ne savais pas si je pourrais supporter le fait de voir mon enfant, qu’aussi rarement. Parce qu’il lui arrivait de ne pas voir sa fille durant deux semaines… C’était long, terriblement long ! Et j’imaginais que cela devait tout de même être difficile pour lui de ne pas pouvoir la voir quand bon lui semblait. Même si, évidemment, c’était pour son bien. Il était quand même préférable qu’il la voit moins souvent, mais dans des conditions correctes, plutôt qu’elle soit obligée de vivre dans des endroits miteux… Enfin, les choses risquaient d’être un peu plus simples, maintenant que Milo vivait avec moi. Il avait vraiment un toit et des conditions de vie décentes. De quoi accueillir Marina bien plus souvent que par le passé ! Et je m’en réjouissais bien sûr pour lui… Parce que, souhaitant devenir mère un jour, cela me semblait tout à fait normal qu’un parent ait envie de passer un maximum de temps avec son enfant. Et même si les conditions de vie de Milo s’étaient améliorées, le problème restait la distance. Son ex-femme étant en Angleterre, voir Marina allait rester tout de même un peu difficile… Mais j’osais croire que cela finirait par s’arranger. Et si, pour se rapprocher de sa fille, Milo décidait de partir ? Je n’y avais jamais réellement pensé, mais cette idée me fit un peu peur. S’il quittait tout, pour repartir vers Londres et se rapprocher de sa fille ? Toute ma vie était ici désormais, et je n’étais pas certaine de vouloir revenir en Angleterre. Mais encore moins de vouloir me séparer de Milo… Je chassais cependant bien vite ces pensées là, songeant qu’il n’était pas du tout question de cela pour le moment. Il n’avait d’ailleurs jamais formulé ce genre de désir, alors à quoi bon s’inquiéter pour rien ?

Prise de fatigue, je commençais à sérieusement papillonner vers la fin du film, me faisant violence pour ne pas m’endormir totalement. Et lorsque le film toucha à sa fin, je me redressais doucement, baillant longuement. « Tu vas t'installer dans la chambre chérie, d'accord ? J'arrive tout de suite ! » Je souris faiblement lorsqu’il glissa ses doigts sur ma joue et posais un regard attendri sur lui. J’aimais vraiment ce genre de petites attentions, de gestes tendres… Et naturellement, je ne me fis pas prier pour lui rendre avec délicatesse ses baisers, déposant ma main sur sa joue pour approfondir ces baisers. Même si j’étais un peu surprise qu’il agisse ainsi alors que sa fille était dans les parages… Mais soit. Il savait ce qu’il faisait, non ? Et je n’allais pas m’en plaindre. Au contraire, je profitais pleinement de ce moment, continuant de l’embrasser de plus en plus passionnément. Je finis par soupirer doucement, de frustration, avant de glisser mon visage dans son cou, y déposant un bref baiser. « Tu m’as manqué… » Oui, ça pouvait paraître étrange, surtout en sachant qu’hormis pour aller chercher sa fille, il n’était pas parti longtemps… C’était plus dans le sens que nos baisers et tout ce qui pouvait actuellement nous lier en tant que couple, me manquait. Puisqu’évidemment, depuis l’arrivée de Marina, nous évitions cela. Et ça me manquait. Même si nous n’avions pas encore franchi certaines barrières, ces gestes, baisers et attentions me manquaient… Je me reculais légèrement pour venir l’embrasser une dernière fois. « Bon, je crois qu’il est temps que moi aussi, j’aille me coucher… Je suis exténuée… Bonne nuit Milo. » soufflais-je avant de me détacher de lui et de rejoindre ma chambre.

J’étais plutôt contente de voir que, malgré ce qu’il en disait au début, Milo était finalement resté vivre chez moi. Oui, parce qu’à la base, c’était juste quelques jours, voire semaines. Le temps pour lui de s’occuper de mon salon. Et j’avais déjà eu du mal à le convaincre de cela. Et pour être honnête, j’avais sincèrement douté du fait qu’il puisse rester plus longtemps. Il semblait tellement gêné de tout cela que je m’attendais à le voir disparaître sitôt son travail achevé. Et peut-être aurait-ce été ce qui se serait passé, si il n’y avait pas eu un certain rapprochement entre nous… Quoi qu’il en soit, il était toujours là. Et j’en étais ravie. Puis, c’était aussi une bonne chose pour lui. Cela lui permettait de se refaire une santé – surtout sur le plan financier – et d’avoir une situation un peu plus stable. Avec, peut-être d’ici quelques temps, la possibilité de voir sa fille plus régulièrement. Déjà, il avait l’occasion de l’accueillir quelques jours ici, chez moi. C’était bien la première fois que cela lui arrivait depuis son divorce… Et il en semblait vraiment ravi, ce qui paraissait plutôt logique. Et, tandis que la journée s’achevait, nous profitâmes de l’absence de Marina pour nous retrouver un peu et échanger quelques baisers de plus en plus intenses. L’inconvénient, c’était qu’avec sa fille dans les parages, nous ne pouvions pas tout nous permettre. « Bonne nuit... » Je souris doucement et me détachais finalement de lui pour aller rejoindre ma chambre, après un dernier baiser.

Après une bonne nuit de sommeil, je me réveillais en pleine forme. Et en fait, je réalisais que ce n’était pas si tard que ça… Même lorsque je ne travaillais pas, je gardais certaines habitudes, dont celle de me lever plutôt de bonne heure. Je fis donc un bref passage par la salle de bain et, une fois douchée et habillée, je rejoins la cuisine pour y préparer le petit déjeuner. Pour la venue de Marina, j’avais acheté pas mal de choses afin qu’elle ait du choix et apprécie ce petit-déjeuner. Après tout, elle n’était là que quelques jours alors autant faire en sorte qu’elle se régale vraiment et se sente bien avec nous. Enfin, surtout avec moi, puisqu’il n’y avait aucune raison pour qu’elle ne se sente pas bien avec son père. Une fois la table préparée et le repas quasiment prêt, je sortais sur le balcon prendre un peu l’air et fumer une cigarette. Je ne fumais pas beaucoup, 2/3 cigarettes par jour généralement… Et encore, il m’arrivait parfois d’arriver à m’en passer… Mais pas bien longtemps. J’en profitais pour observer le temps, au beau fixe, songeant qu’il serait bien de sortir aujourd’hui. Pas question de rester enfermés avec un temps pareil ! Et si Milo avait envie de rester seul avec sa fille, je sortirais seule… Mais j’avais bien envie de prendre l’air et profiter du temps. Et pourquoi pas aller se baigner ? Ça pouvait être sympa d’y aller tous les trois…

J'avais découvert la vie avec un enfant chez soi lorsque j'avais été avec Leo. Et c'était à force de vivre avec lui et de côtoyer ainsi Freya, que j'avais réalisé que mon désir de devenir mère était de plus en plus présent. J'avais toujours eu envie de fonder une famille. Mais cela s'était intensifié lorsque j'avais réellement été confrontée à la vie de famille. Cela s'était fait tout naturellement avec Freya, sans doute car j'aimais réellement les gosses ! Je n'avais donc pas du tout à me forcer, lorsque j'étais avec Marina. D'ailleurs, elle n'était pas une simple gamine. C'était la fille de Milo. L'homme de qui je partageais plus ou moins la vie. Rien que pour cela, j'avais déjà une affection particulière pour elle. Ainsi, afin que son séjour ici se déroule aussi bien que possible, j'avais prit le temps de préparer un bon petit-déjeuner pour nous trois. Ce n'était pas grand chose et ça me faisait plaisir de leur faire...  Clairement, je me comportais avec elle comme si elle était vraiment ma fille. Et puis, j'osais espérer qu'un jour, nous formerions tous les trois une véritable famille. Qui, je l'espérais, finirai par s'agrandir... Enfin, pour cela, il fallait déjà que cela décolle entre Milo et moi. Mais ce n'était qu'une question de temps, j'en étais persuadée ! Une fois tout le repas prêt, je sortais quelques minutes sur la terrasse pour prendre l'air et fumer une cigarette. Mauvaise habitude, je sais.... Entendant alors un peu d'agitation dans l'appartement, je supposai qu'ils s'étaient enfin levés. Je terminais rapidement ma clope et rejoignais Milo et sa fille, qui venaient de s'installer à table.

« Bonjour ! Vous allez bien ? Bien dormi ? » demandais-je en m'approchant d'eux et en m'installant à table. J'entrepris alors de me servir du café, avant de désigner vaguement ce que j'avais mis à disposition pour le petit-déjeuner. Pain, brioche, céréales, confitures, pancakes, etc. Il y en avait pour tous les goûts ! « J'espère que tu aimes... En tout cas, tu peux te servir ma belle ! » déclarais-je à Marina en lui adressant un large sourire. « Alors, vous avez décidé du programme de la journée ? » demandais-je finalement, après avoir commencé à manger. C'était un peu délicat, car je ne voulais pas m'imposer... Et pourtant, j'avais envie de faire quelques sorties avec eux et j'avais l'impression que c'était un désir partagé. Mais Marina ne finirait-elle pas par trouver étranger que la colocataire et simple amie de son père, soit tout le temps avec eux ? A un moment donné, il faudrait très certainement que je m'efface. Et c'était normal que Milo ait envie de passer du temps seule à seul avec sa fille. Sans moi, peu importe ce que je pouvais réellement représenter pour lui. Je me hasardais donc à demander cela, sans savoir si j'allais être conviée ou pas...