La journée n’avait pas été des plus plaisantes et pourtant Pablo était là, aux côtés de Bonnie, comme elle le lui avait demandé. Un véritable drame s’était joué dans sa famille, du côté de son cousin Elijah qui enterrait aujourd’hui sa femme, plongée dans le coma depuis deux ans et qu’il avait enfin prit la décision de débrancher. Et comme si l’histoire n’était pas assez tragique comme ça, le couple avait une fille âgée de seize ans, Ava, qui devait elle aussi faire face à la disparition de sa mère. Très proche de Bonnie depuis toujours, la jeune fille lui avait été confiée pour quelques heures après l’enterrement, avant que son père ne passe la chercher après avoir réglé quelques détails avec l’hôpital où sa femme avait séjourné.  En l’attendant, Pablo et Bonnie s’étaient efforcés de changer les idées d’Ava en lui faisant la conversation mais bien évidemment, les choses n’étaient pas faciles et il était particulièrement compliqué de se montrer à l’aise dans ce genre de situations. Pablo avait été amené à la croiser quelques fois auparavant, tout comme Elijah d’ailleurs, et même s’ils ne les connaissaient pas si bien que ça, il savait que l’un comme l’autre ne méritait pas ce qu’il leur arrivait.

Après les avoir salué une dernière fois, Bonnie referma la porte de son appartement sur Ava et Elijah et revint ans le salon où l’attendait Pablo, qui lâcha en la voyant un long soupir. Cette histoire l’avait particulièrement affecté, et ce même s’il n’avait pas grand-chose à y voir. Seulement voilà, en assistant à cet enterrement, en observant l’attitude des gens autour de lui et la détresse de cette famille, le latino n’avait pu s’empêcher de se projeter dans sa propre histoire. Et si lui-même avait vécu le même sort ? Et s’il ne s’était jamais réveillé de son coma suite à l’accident survenu en pleine course qui avait failli lui couter la vie ? Tout un tas de questions se posaient alors dans son esprit torturé, et lui faisaient prendre conscience de la chance immense qu’il avait eue. Lorsque Bonnie fut assez proche, il tendit un bras pour l’attirer contre lui et l’enlacer en silence. Pendant de longues minutes, il se contenta de la garder ainsi tout contre lui, dans une étreinte réconfortante dont ils avaient tous les deux grand besoin après la journée des plus pénibles qu’ils avaient vécue. Puis, après quelques instants, et sans vraiment se détacher d’elle, Pablo se décida à prendre la parole le premier. Sa voix traduisait toute la contrariété et la peine qu’il ressentait  depuis qu’ils étaient entrés, mais il s’efforça néanmoins de paraître rassurant : « Ca va ? » souffla-t-il en se reculant finalement, pour remettre d’un geste machinal une mèche des cheveux de Bonnie en place derrière son orelle.

L fait d’assister à l’enterrement de Dana avait été une veritable épreuve pour Pablo, et ce meme s’il n’était pas extrêmement proche d’elle. Mais bien malgré lui, cet episode lui avait rappelé sa propre histoire et le risqué qu’il avait encouru de ne jamais se réveiller de ce coma qui avait suivi son accident de voiture. Cependant, il s’était forcé de ne rien laisser paraître et de rester impassible, le tout pour soutenir au mieux Bonnie qui lui avait elle-même demandé de l’accompagner. Il se devait d’être là pour elle, pour la réconforter, et pour cela, il devait oublier ses propres états d’âme. Seulement, une fois la pression de ce moment des plus désagréables passée, Pablo avait littéralement fondu sur la jeune femme pour la prendre dans ses bras, et lui montrer à sa manière que cet après-midi avait été particulièrement pénible pour lui. « Ça pourrait aller mieux. » souffla Bonnie lorsqu’il le lui demanda, avant de le remercier d’être venu avec elle. Pour toute réponse, le jeune pilote déposa un bref baiser sur le front de Bonnie qui ne tarda pas à reprendre : « J’imagine que ça n’a pas dû être facile pour toi alors je suis désolée de t'avoir imposé ça. » Cette fois, un long soupir s’échappa des lèvres du latino qui détourna les yeux quelques instants, avant de les braquer de nouveau vers ceux de la jeune femme. « Ne t’excuses pas… c’est normal, je suis là pour toi, je te l’ai promis. » affirma-t-il à mi-voix alors que ses doigts venaient machinalement se perdre dans la chevelure de Bonnie.

Alors qu’il laissait son regard se perdre dans celui de la jeune femme, Pablo se laissa soudain submerger par ses souvenirs. Cet instant où il s’était réveillé à l’hôpital, le moment où il avait compris ce qu’il lui était arrivé et à quel point il était passé près du pire, ce jour où il avait revu les images insoutenables de son accident à la télévision… Le latino laissa échapper un nouveau soupir, avant de murmurer sans lâcher Bonnie des yeux : « Ca aurait pu être moi… Je veux dire… j’aurai pu ne jamais me réveiller, comme elle… » Il marqua un temps d’arrêt, pensif, avant de reprendre : « Je suis passé tellement près… »