Encore une nouvelle dispute avec mon fiancé, Enrique... Plus les semaines passaient et moins je le supportais... Et dire que nous aurions déjà dû être mariés depuis 3 mois... J'avais cependant repoussé la date sous prétexte que nous avions un championnat à préparer, ce qui était vraiment mais servait parfaitement de prétexte, si j'avais réellement voulu l'épouser, ce concours ne m'aurait pas arrêtée. Non, en fait, je réalisai de plus en plus que nous n'étions pas faits pour vivre ensemble. Depuis plusieurs années déjà je m'ennuyais avec Enrique et notre liaison avait toujours été basée sur la danse, sans elle il n'y aurait certainement rien eu entre nous. C'était d'ailleurs pour cela que je me retrouvai sur la route, dans le quartier de Staten Island à 2 heures du matin. Rouler, je ne pensais plus qu'à ça puisque je ne savais pas même où je pourrais aller, et pas question de rentrer avant le lendemain, et encore, peut-être dans plusieurs jours seulement.
J'étais tout à fait seule sur la route, dans une nuit des plus obscures maintenant accompagnée d'un épais brouillard qui m'avait forcée à ralentir l'allure, je n'étais plus qu'à 40 km/h, et autant dire que cette interminable nuage avait le don de me faire angoisser. Si je n'avais pas eu de fierté, j'aurais très certainement regretté d'avoir claqué la porte après la dispute, estimant que cette situation était maintenant une punition pour mon comportement impulsif. Le seul point positif à cette situation, c'est que je ne risquais pas de m'endormir tant j'étais sur le qui-vive. En revanche, je craignais sérieusement de ne pas sortir de cet embarras avant le lever du soleil et pas question de m'arrêter sur le bord de la route, j'aurais eu bien trop peur de le faire. C'est pourquoi je continuais de rouler prudemment, ne distinguant les formes des arbres, les balises et autres indices que lorsqu'ils étaient à 3 ou 4 mètres du pare-brise.

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Je courais ... Et je courais encore. Je ne savais pas depuis combien de temps je courais ainsi. Je traversais les champs, passais par dessus les rivières tant bien que mal, et courais toujours. Encore un peu plus. Alors que je me trouvais en plein dans une forêt, je réalisai que je ne voyais plus à deux mètres autour de moi, à peine. L'air était chargé d'un épais brouillard qui m'aveuglait. A bout de souffle, je tâchais quand même d'avancer. Je me pris les pieds dans des racines, à plusieurs reprises, me retrouvant face contre terre. Ma gorge était en feu, me poussant à tousser sans cesse tandis que je m'essuyais la face d'un revers de manche. Je ne savais vraiment pas ce qui m'avait prit de prendre la fuite comme ça. Par besoin de vivre et d'être libre, ça oui c'était une certitude. Mais encore ? Fallait-il que je sois complètement idiot pour partir ?

Je ne connaissais strictement rien et personne également. Je savais juste que je devais fuir pour ma propre survie et avec l'infime espoir de trouver mieux, de trouver une vie véritable. C'était sans doute bien idiot. Mais tant pis je prenais quand même le risque. A continuer de courir comme ça sans aucun but, je ne réalisai pas tout de suite que le décor avait changé. Je n'étais plus dans la forêt mais sur une surface bétonnée.  Je ne relevai malheureusement la tête que bien trop tard. Une voiture était en approche et je ne l'avais ni vu ni entendu. Le temps de me redresser et elle était là. J'eus le réflexe de me déporter sur le côté. Mais pas assez rapidement pour que la voiture ne me heurte pas de plein fouet et ne m'envoie valdinguer plusieurs mètres plus loin. Je rencontrai vivement le sol mais eus la chance de ne pas me cogner la tête. Je ne perdis pas connaissance mais j'avais un mal de chien à la hanche et ... Un peu de partout ailleurs en fait.

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Le brouillard était toujours aussi épais. A une borne kilométrique je sus que je me trouvais sur une route forestière qui ne m'était d'ailleurs pas inconnue pour y avoir pique-niquer à plusieurs reprises avec mon fiancé. Le fait d'être dans un lieu familier me rassura quelque peu et je laissai légèrement redescendre la pression jusqu'à voir apparaître dans la lumière du feu de croisement la silhouette d'un homme. Surprise je me crispai sur le volant et enfonçait la pédale de frein à fond. Ce réflexe fut immédiatement suivi par un choc contre la carrosserie qui me provoqua une légère sortie de route. Heureusement je ne roulais pas vite. Mais que faisait un homme à cette heure-ci dans le noir et en pleine forêt ? Ma parole j'avais rêvé, ce devait plutôt être un cerf et mon esprit m'avait joué un tour. Maintenant à l'arrêt, je tentai de me rassurer et de reprendre mes esprits. Quelques instants plus tard je me décidai enfin à sortir de l'habitacle pour vérifier les dommages sur la voiture.
Armée de ma lampe torche je quittai ma voiture non sans peur et me dirigeai immédiatement de l'autre côté, où avait tapé la bête. A première vue, il n'y avait pas de gros dégâts juste de la tole enfoncée, un petit tour chez le carrossier et tout serait remis à neuf. Cependant, en me retournant pour reprendre ma place au poste de conduite, je vis à quelques mètres une étrange masse au sol. L'animal avait-il donc péri ? Amoureuse des animaux, je m'approchai de lui assez rapidement jusqu'à découvrir la silhouette d'un homme étendu sur le sol. Je n'avais donc pas rêvé ! Je portai ma main à ma bouche, j'étais horrifiée, je l'avais très certainement tué ! Prise de panique je fus dans un premier temps incapable de bouger puis, pensant à l'éventuel passage d'un autre véhicule, je fis le tour de la victime, osant même, dans un élan de courage, m'agenouiller à quelques dizaines de centimètres pour voir à quoi il ressemblait et dans quel état il était.

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Je n'étais certes pas inconscient ... Mais la douleur était telle, que je n'étais pas totalement conscient de tout ce qui se passait autour de moi, non plus. Ca partait de ma hanche qui avait été heurtée par la voiture, à ma nuque, en passant par mon dos qui avait violemment touché le sol quand j'avais atterris. J'avais tellement mal, que je n'osais même pas bouger pour savoir si j'avais quelque chose de salement endommagé ou non. Yeux fermés, je tentais de canaliser toute la douleur. Même si c'était peine perdue. J'allais avoir besoin de soin, sans aucun doute. Mais ce n'était pas bien grave non plus. J'avais connu bien pire. Toutes les cicatrices qui marquaient aujourd'hui mon corps, en étaient la preuve flagrante. Enfin, restait encore à voir si je pouvais ou non me relever pour marcher. Pour l'instant, je ne me sentais pas du tout d'essayer pour voir ça par moi même.

J'avais juste besoin de demeurer immobile pendant un moment encore. Tant que je ne risquais rien ... Est-ce que je risquais quelque chose ? Pour l'instant, je n'y pensais pas. Par contre, quand je sentis une présence à mes côtés, j'ouvris instantanément les yeux et levai les bras pour me mettre en position de défense, protégeant ainsi mon visage. Je ne savais pas qui c'était. Je savais seulement que je ne voulais pas que l'on m'achève pour de bon. C'était ça non ? Cette personne m'était volontairement rentré dedans pour me tuer. Et maintenant, elle voulait terminer le travail. Et pourtant, rien ne vint. Alors je me permis d'écarter un peu les bras pour tenter de la voir. C'était une femme. parfaitement inconnu, bien sûr. Mais elle semblait à peu près aussi effrayée que moi. C'était la seule chose que je parvenais à déceler au vu de l'obscurité ambiante et du brouillard qui nous entourait toujours.

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Je crus encore une fois que mon esprit divaguait lorsque je vis les bras de cet homme bouger une première fois... Je le croyais mort pourtant... J'eus confirmation que je n'étais pas en train de devenir folle et que je m'étais trompée sur son compte lorsque je le vis les bouger à nouveau pour découvrir légèrement son visage, il avait l'air tout aussi apeuré que moi. Je me reculai légèrement un instant sous l'effet de la surprise avant de me rapprocher à nouveau. Je ne pouvais pas dire que je me sentais tout à fait à l'aise dans cette situation mais je m'étais déjà retrouvée dans un cas similaire par le passé, lors d'un accrochage entre mon scooter et un vélo. La première chose que j'avais fait était de tenter de rassurer la victime. Mes réflexes ne me revinrent cependant pas tout de suite, il me fallut quelques secondes pour que cela soit le cas. Ne sachant pas de quoi il souffrait, je ne m'aventurai pas à le toucher ni quoi que ce soit, ce serait trop dangereux.
Je tentai un petit sourire réconfortant dans un premier temps avant de parler d'une voix douce. "Monsieur, où avez-vous mal ?" Je redoutai sa réponse d'autant plus que je m'estimais en faute dans la situation, je n'avais vraiment aucune envie de l'emmener aux urgences et d'être ensuite l'objet d'une enquête dont l'issue ne me serait très certainement pas favorable... Mais j'étais malgré tout prête à assumer mes fautes, pas question de le laisser souffrir simplement pour mon confort personnel, car de toute manière je ne pourrais pas me faire à cette idée. J'ignorai cependant si c'était le choc ou autre chose qui le faisait paraître si paniqué mais il fallait que je le réconforte un minimum. "Ne vous inquiétez pas, je ne vous veux pas le moindre mal..." Contrairement à ce qu'il était en droit de penser vu ce que je lui avais fait, bien que cela fut sans le vouloir, je comprenais sa crainte.

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Toujours à bout de souffle et endolori de partout, je savais que je serais bien incapable de me défendre si jamais la personne qui venait de me rentrer dedans, décidait de me nuire plus encore. Or, ce n'était vraiment pas dans mes habitudes que d'être ainsi démunis. J'étais plutôt toujours prêt à en découdre. Mais certainement pas là, maintenant, où j'avais surtout besoin de me reposer un peu. Et d'être soigné aussi. Quand la jeune femme prit la parole, je me contractai plus encore, empirant davantage la douleur. Mais ça, c'était secondaire alors que ma vie me semblait encore être en danger. Et je ne lui répondis pas. J'attendis juste de savoir ce qu'elle comptait faire. Apparemment rien de bien grave, puisqu'elle m'assura qu'elle ne me voulait pas le moindre mal. Devais-je sincèrement la croire ou plutôt me méfier d'elle ? On m'avait toujours dit que je devais me méfier de tout le monde.

Que je ne pouvais pas avoir confiance qui que ce soit "dehors". Evidemment, comme je n'avais jamais rien connu d'autre que le domaine dans lequel je vivais depuis ma naissance, j'y avais cru. Comme j'avais cru à bon nombre d'autres choses. Pourtant, cette jeune femme ne semblait pas réellement méchante. Mais sait-on jamais ! On m'avait dit que les apparences pouvaient être trompeuses. "Que me voulez-vous ?" Demandai-je d'une voix à peine audible, les bras toujours placés non loin de mon visage pour me protéger, au cas où. Même si je l'apercevais entre ceux ci, depuis que je les avais légèrement écartés pour voir à qui j'avais à faire. Je craignais de les ôter, songeant qu'elle pourrait alors m'asséner un coup fatal en me frappant le crâne ou je ne savais quelle autre chose de ce genre. Je ne voulais et ne pouvais pas prendre le moindre risque.

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A le voir avec les bras toujours au niveau du visage je me doutais que ce jeune homme devait être vraiment trouillard, sûrement parce qu'il avait été choqué par l'accident... Mais de là à ne pas même me dire d'où il souffrait, c'était étrange. Je n'en fis cependant aucun cas. Il n'avait en tout cas rien à craindre de moi, j'étais incapable de la moindre violence et surtout, je ne lui voulais pas le moindre mal, même si à cause de lui il me faudrait rendre visite à un carrossier. Je me contentai donc de rester la plus sereine possible afin de ne pas empirer sa trouille. Après un soupir, je fus en mesure de lui répondre calmement. "Rien, je ne vous veux rien, simplement vous aider. Vous devez être blessé, non ?" Ma voix exprimait largement l'inquiétude et je commençai alors à le scruter à l'aide de ma lampe, sans rien trouver d'anormal, il faut dire que je le fis relativement rapidement avant de reposer mon regard sur ce que je pouvais voir de son visage.
Il n'avait pas l'air méchant du tout, son regard, au-delà de la peur, exprimait même une certaine douceur. Mais que faisait-il là à cette heure-ci ? Il n'avait rien d'un vagabond je doutais donc qu'il fut en errance totale, mais comment expliquer qu'il soit de sortie à cette heure-ci, à cet endroit et sous un temps si peu clément ? Bien malgré moi, je sortis mon portable de ma poche, je devais me rendre à l'évidence que je ne pourrais très certainement pas lui venir en aide moi-même. Je me retins cependant un instant pour lui poser à nouveau la question. "Où avez-vous mal ? Je vous l'ai dit, je ne vais pas vous faire le moindre mal, il faut au contraire que vous soyez soigné." Je fouinais déjà dans mon téléphone pour prévenir les secours lorsque je me rendis compte que je ne saurais même pas nous situer. Certes nous étions dans une forêt que je connaissais mais elle était si grande, et avec le brouillard je ne pouvais trouver aucun repère...

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Blessé ? Est-ce que j'étais blessé ? Si je souffrais de partout pour l'instant, je n'avais pas encore tenté de bouger pour savoir si j'étais sérieusement blessé ou si ce n'était vraiment pas grand chose. Raison pour laquelle je ne pu guère répondre à la question de la jeune femme pour le moment. Finalement, la douceur et la patience de la jeune femme, eurent raison de ma crainte et mon comportement sur la défensif. Lentement, je descendis mes bras pour ôter la séparation craintive entre nous. Elle n'avait pas l'air bien méchante. Je ne devais donc rien risquer. Enfin, j'osais l'espérer. Si je savais que j'aurais le dessus sur elle en temps normal, je savais aussi qu'au vu de mon état physique actuel, je ne pourrais pas véritablement me défendre non plus. je n'avais donc plus qu'à prier pour qu'elle soit véritablement gentille et sans aucune mauvaise intention ! Doucement, j'expirai, pour tenter de diminuer les douleurs qui me tiraillaient de toutes parts.

Et avec lenteur, j'entrepris de me redresser. Mais une vive douleur à la hanche m'arrêta et je reposai le dos sur le bitume. Comprenant que ma hanche s'était démise sous le choc, je posai une main dessus. Oui, ça faisait vraiment un mal de chien. Mais j'avais déjà connu pire. J'étais habitué à me déplacer des trucs et à devoir les remettre en place. Mais à la hanche et au vu de ma fatigue ambiante, je n'allais pas être capable de faire ça tout seul. "Je vais avoir besoin de votre aide ... Il faut que vous posiez vos mains sur ma hanche et appuyiez très fort quand je vous le direz, d'accord ?" En espérant qu'elle ait les forces nécessaires pour ça. Je savais que certaines femmes pouvaient être assez fortes dans leur genre. Mais qu'en était-il de celle ci ?

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Drôle de bonhomme que celui-là quand même ! Quelques instants auparavant il était tout simplement sur la défensive, me craignant sans que je comprenne tout à fait la raison et maintenant il me demandait tout bonnement de l'aider à remettre sa hanche en place. Je savais parfaitement de quoi il s'agissait en effet pour avoir déjà eu l'occasion de voir ce genre de chose se faire par les danseurs blessés. Mais jamais je n'avais été chargée de le faire. Autant dire donc que j'étais vraiment hésitante. Mais cela ne dura pas, après tout, qu'avais-je à perdre ? Au pire je n'y arriverais pas et il risquait de souffrir davantage, au mieux il ressentirait une vive douleur lors du remboitement. Et puis si cela pouvait m'éviter de prévenir les secours et donc de me plonger dans toutes les suites que cela sous-entendait, pourquoi pas. Après quelques instant de silence, je lui donnai ma réponse. "D'accord, je vais essayer de faire ça au mieux."
Je me redressai alors pour prendre position au niveau de sa hanche touchée et posai doucement mes mains aux endroits qu'il fallait mais ce n'était pas évident vu l'obscurité dans laquelle nous étions plongés. "C'est bon ?" Et puis autant dire que poser mes mains sur un inconnu, quelle que soit la raison, n'était pas du tout dans mes habitudes et ne me mettait pas vraiment à l'aise, mais puisqu'il le fallait ! Je tentai moi-même de corriger la position de mes mains une première fois, sans appuyer tant qu'il ne me le dirait pas afin de ne pas le faire souffrir inutilement. A croire qu'il avait déjà l'habitude de se retrouver dans des situations difficiles comme celle-ci puisqu'il savait ce qu'il fallait faire. Mais quand même, me confier sa hanche, ce n'était pas rien, le geste était plus précis, plus délicat et plus difficile que pour un genou... Personnellement j'aurais demandé l'aide des secours pour une telle manipulation !

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Puisqu'elle ne semblait pas avoir la moindre envie de mettre fin à mes jours, peut-être que m'aider ne la dérangeait pas trop. Surtout que c'était de sa faute si j'étais dans un tel état après tout ! Bon d'accord j'avais sans doute déboulé de nulle part et m'étais accidentellement retrouvé sur la trajectoire de sa voiture. Mais tout de même ! Surtout que je n'y connaissais rien à tout ça, moi. A la vie. Voilà. Je n'y connaissais rien à la vie et me retrouvais donc bien paumé en débarquant comme ça de nulle part. Mais pour sûr, si je voulais reprendre ma fuite éperdue, j'avais tout intérêt à remettre en place cette hanche qui s'était bien déplacée. Ca faisait beaucoup trop mal pour que ça ne soit pas ça. Je demandai donc l'aide de la jeune femme, qui fini par poser ses mains sur ma hanche. Avec une telle douceur, que l'espace d'une seconde je craignis qu'elle n'ait pas assez de force.

Mais je devais quand même tester pour voir ce que ça allait donner. "Disons que ça ira. Un. Deux ... Trois !" A trois, je pivotai brutalement le bassin, à l'encontre de sa main. Au craquement parfaitement audible, je su que c'était remit en place. Enfin ... Ca et la brutale douleur qui me traversa la hanche, semblant même me parcourir de la tête aux pieds et de part en part. J'aurais pu hurler littéralement ma douleur. Mais je ne le fis pas. Au lieu de ça, je serrai fort les dents et ce ne fut qu'un bien faible grognement qui s'échappa de ma bouche. J'avais appris à garder mes douleurs pour moi. Du moins, on m'avait forcé à le faire. Je roulai finalement sur le sol pour me retrouver face contre terre, haletant, en sueur et les poings serrés.

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Si il s'était vraiment démis la hanche, même après l'avoir remise en place, il risquait de ne pas pouvoir courir comme un lapin tout de suite et même de ne pas pouvoir marcher facilement, en espérant que tout soit en place et que rien ne soit endommagé... Aussi, lorsqu'il m'en donna l'indication, j'appuyai fortement sur sa hanche jusqu'à entendre un craquement sec. C'était vraiment courageux de sa part que de faire ce genre de choses et surtout de ne pas se faire entendre plus que par un grognement. Le lâchant presque aussitôt, je le vis alors se retourner et se retrouver à plat ventre. Pas besoin d'avoir fait médecine pour comprendre qu'il n'était pas du tout en état de se déplacer, et d'ailleurs, pour aller où ? Je posai alors doucement ma main sur son épaule et le tirai légèrement pour moi pour lui indiquer de se retourner. Avant même que cela fut fait, je me positionnai pour accueillir sa tête sur mes cuisses.
Je n'étais pas encore vraiment en mesure de me faire un avis sur lui mais à première vue il n'avait pas l'air méchant du tout, simplement perdu et épuisé, ce qui était relativement étonnant quand on voyait son allure, il avait l'air tout à fait résistant. Vu qu'il n'avait pas l'air décidé à faire appel aux secours, je devrais me débrouiller avec lui, mais pas question de le laisser là sur le macadam, ni même d'attendre avec lui que la douleur passe, des jours pourraient bien s'écouler ainsi. Mais que pouvais-je faire de plus pour lui ? "Vous n'allez quand même pas rester allongé sur la route, venez, je vais vous installer dans ma voiture, vous serez au moins plus au chaud et au sec." C'est que maintenant le brouillard commençait à former une désagréable humidité qui me gelait complètement, je n'osais imaginer ce qu'il pouvait en être avec le contact de l'asphalte complètement gelé dans le dos...

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Pour une première sortie hors de ma prison dorée, on pouvait dire que ce n'était pas vraiment une réussite. Au lieu d'avoir trouvé un endroit génial où trouver refuge pour au moins quelques temps, je me retrouvais étendu sur une route, après avoir été brutalement renversé par une voiture. Engin de malheur que je n'avais jusqu'alors vu qu'à l'arrêt devant nous, ou à la télévision quand j'avais le droit de la regarder. Autant dire que j'aurais préféré que ça demeure ainsi. Je n'avais jamais imaginé que ça pourrait être aussi ... Brutal et douloureux. Même si j'avais, en effet, connu pire. Raison pour laquelle quand il fallut remettre ma hanche en place, je ne bronchai que très peu, parvenant à n'émettre qu'un grognement de douleur étouffé. Je ne tenais pas à hurler et à attirer toutes les personnes qui pourraient se trouver alentours. Et puis on m'avait apprit qu'il fallait garder sa douleur pour soit.

Mais il suffisait de voir que j'étais à bout de souffle et le visage luisant de sueur, pour comprendre que ça n'avait pas été une partie de plaisir. A tel point, que je ne réagis même pas quand la jeune femme me fit rouler sur le sol pour que ma tête repose sur ses cuisses. Au son de sa voix qui me sembla soudainement si proche, je rouvris soudainement les yeux. Et eus le réflexe de m'éloigner rapidement d'elle, me retrouvant accroupis à un bon mètre d'elle, sur la défensive. Ou près à l'attaque. je tentais de faire taire la douleur qui irradiait de ma hanche. "Pensez-vous vraiment que je vais monter à bord de cet engin de malheur qui attenté à ma vie !?" M'exclamai-je vivement en laissant mon regard errer du côté de la voiture. Qui semblait bien inoffensive avec personne à son bord, en réalité.

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Je ne comprenais plus tout à fait le comportement du jeune homme... Quelques instants plus tôt il semblait me faire confiance en me confiant sa hanche et maintenant il était à la limite d'une position d'attaque animale. C'est qu'il devait vachement souffrir en plus ! Je me trouvais vraiment bête pendant un court instant, ne sachant comment réagir. A croire qu'il avait un problème psychologique pour réagir de la sorte... Si j'avais su la réalité des choses ! Heureusement pour lui, j'étais réputée pour ma patience d'ange et ma capacité à comprendre les gens, aussi, je posai mes mains à plat sur mes cuisses et poussai un léger soupir. "Vous n'allez quand même pas rester ici avec ce temps et dans votre état ? Il n'y a aucune habitation avant 4 ou 5 kilomètres. Je comprends que vous ayez peur mais vous ne risquez rien une fois que vous êtes à l'intérieur. Et si vous préférez, je n'avance pas, je reste à l'arrêt, mais ne restons pas là..."
En tout cas, moi, je ne comptais pas rester là éternellement puisque je commençais à avoir sérieusement froid. Je me relevai donc sans vraiment faire attention à lui. Une fois installée à ma place je ne fermai pas la porte, afin de pouvoir l'entendre si il m'appelait à l'aide pour le relever. J'espérais en effet qu'il change d'avis et se décide à venir à mes côtés, parce que j'avais beau ne pas du tout le connaître, ça me ferait mal au coeur de le laisser dans la nature, surtout qu'il ne pourrait pas aller bien loin dans cet état. Dans un autre sens, je ne pouvais pas l'emmener où que ce soit puisque Enrique était chez nous. La seule solution était encore de prendre une chambre dans un motel, seul endroit où il pourrait se reposer. A moins qu'il ne veuille que je le ramène chez lui mais quelque chose me disait qu'il n'habitait nulle part, sinon pourquoi serait-il dehors, seul, à cette heure-ci, c'était illogique !

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J'étais complètement perdu et bien incapable d'entendre raison. Et pourtant, les paroles de la jeune femme finirent par se frayer un chemin jusqu'à mon esprit. Elle n'avait pas tort. Il faisait beaucoup trop frais et l'air était humide. Rester dehors ne serait pas prudent. Surtout après la course éperdue que je venais de faire. Et avec cette blessure handicapante, je n'allais pas pouvoir aller bien loin. Même avec toute la volonté du monde ! Il fallait donc que je me résigne à accepter un peu de son aide, plutôt que de demeurer là et crever sur place. Parce que c'était bien là ce qui risquait de m'arriver dans le fond. Et j'en étais bien conscient. Je la suivis du regard quand elle s'éloigna en direction de sa voiture, dans laquelle elle fini par prendre de nouveau place. Je demeurai moi même immobile, prostré et toujours dans la même position, pendant un petit moment.

Lentement, je dépliai ma carcasse qui émit quelques protestations. Principalement ma hanche qui n'appréciait que moyennement de devoir à nouveau me porter. Je grimaçai et y portai une main. Elle avait vraiment raison. Je ne pouvais pas rester là. Surtout qu'ils finiraient par me retrouver. Et ça, c'était hors de question ! Je n'avais pas fais tout ça pour être récupéré. Je voulais disparaître dans la nature pour de bon. Trouver cette liberté à laquelle je n'avais jamais eus droit ! Finalement, je pris la direction de sa voiture. Non sans mal. Je boitais un peu. Juste un peu seulement, parce que je tâchais de ne pas trop montrer que j'avais toujours mal. Ne rien montrer. Jamais. En arrivant du côté passager, j'eus un temps d'hésitation .C'était une poignée ce truc ? J'y glissai mes doigts et tirai dessus. Je fus surpris que la porte s'ouvre .C'était donc bien ça. Avec lenteur, j'ouvris la portière. Et en serrant les dents pour taire la douleur, je grimpai sur le siège. Et comme j'avais vu le faire dans les films, je claquai la portière. Même si j'eus un soudain sursaut et que cela m'arracha une grimace de douleur.

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Si on m'avait dit qu'un jour je me retrouverai en compagnie d'un homme n'y connaissant rien à la vie j'aurais forcément été tentée de prendre celui qui m'aurait annoncé cela pour un vrai fou, et pourtant... Pour l'heure ce qui comptait était de me retrouver au chaud et aussi de me dépatouiller avec ce jeune homme. Heureusement pour moi il se décida assez rapidement à prendre la décision que j'attendais de lui et donc à monter dans ma voiture, non sans mal bien entendu. Lorsqu'il fut installé à mes côtés je tentai un petit sourire réconfortant. "Vous voulez mettre le siège en position allongée ? Ce sera peut-être plus confortable pour vous ?" La prochaine étape ce serait de le convaincre de l'emmener loin d'ici mais il avait l'air terrorisé par la voiture du moins avant de monter dedans. D'ores et déjà je me penchai vers lui pour ouvrir la boîte à gants située devant lui et en sortir une bouteille d'eau que je lui tendis avec un sourire serein. "Je n'ai rien d'autre à vous offrir , je suis désolée." Si encore boire pouvait lui faire du bien ce serait une bonne chose et puis c'était le geste qui comptait après tout. Je pris alors l'initiative de le regarder sans le détailler trop pour ne pas le mettre mal à l'aise. Il n'avait vraiment pas un air mauvais, bien au contraire il m'apparaissait comme étant très doux... Une question revint cependant me perturber rapidement : mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire là seul en pleine nuit et sans même être muni d'une lampe ? Cette question me dérangeait il est vrai et me faisait penser que cet individu était quand même assez étrange... Je tentai cependant de ne pas me focaliser sur cette pensée afin de ne pas m'angoisser et faisant en sorte de relativiser , il avait sûrement une raison rationnelle, peut être qu'il était en panne dans le coin ou quelque chose comme ça...!

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Quand bien même je continuais à me méfier un tant soit peu de la jeune femme, je ne pouvais complètement refuser son aide. J'étais trop épuisé et trop mal en point pour envisager l'idée de reprendre ma course éperdue. Aucun doute qu'ils me retrouveraient avant même que je n'ai pu atteindre la ville la plus proche où me réfugier. Je fini donc par monter à bord de sa voiture, avec difficulté et douleur. Et quand elle me proposa d'allonger le siège, je lui lançai un regard effaré. "Allongé ?" M'étonnai-je en regardant le siège sur lequel je me trouvais. J'ignorais que l'on pouvait allonger un siège, dans une voiture ! En même temps, je ne savais pas grand chose au sujet des voitures, puisque je n'étais jamais monté à bord de l'une d'entre elles. Ou pas en étant conscient en tout cas. "Non ..." Répondis-je finalement, en me voûtant quelque peu et en continuant d'observer le petit habitacle.

J'eus un violent sursaut terrifié, quand elle passa une main devant moi pour ouvrir quelque chose. Une sorte de tiroir, situé devant mon siège. Je posai aussitôt une main sur la portière, près à l'ouvrir et à sauter hors de la voiture si danger il venait à y avoir. Mais finalement, rien. Juste une bouteille d'eau. De laquelle je fini par m'emparer, en un geste lent et hésitant. "Merci ..." Soufflai-je d'une voix à peine audible. Je n'étais pas certain qu'accepter quoi que ce soit de la part d'inconnu, soit une très bonne idée. Mais je réalisai que j'avais vraiment très soif, à l'instant même où mon regard se posa sur l'eau qui se trouvait dans la bouteille. C'est que je venais de courir une sacré trotte tout de même ! Raison pour laquelle je bu tout le contenu de la bouteille, en un rien de temps. "Désolé..." M'excusai-je en reposant la bouteille vide dans l'espèce de placard, que je refermai.

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C'était affolant comme cet homme pouvait être apeuré ! Etait-ce à cause de l'accrochage qu'il avait eu avec ma voiture ? Cela m'étonnait mais je ne voyais que cette possibilité-là... Il ne voulait pas incliner le siège, soit, je respectai son choix. Tout comme je le laissai boire tout le contenu de la bouteille que je lui avais tendue. Seule les phares de la voiture nous éclairaient, bien faiblement, aussi j'allumai la lumière du plafond afin que nous puissions nous voir plus aisément. Comme je m'en étais rendue compte peu de temps avant, ce jeune homme n'avait aucunement l'air d'être doté de la moindre méchanceté, il paraissait tout à fait normal même. Mais pourquoi cette peur exagérée et ces comportements étranges alors ? Dans le fond je ne le craignais pas vraiment, il était affaibli et ne représentait aucun risque à mes yeux, il ne me restait plus qu'à essayer de l'apprivoiser un peu afin de sortir de ce pétrin.
Poussant un léger soupir, je le quittai momentanément du regard pour regarder la route un instant. "Nous n'allons quand même pas rester ici... Je vais vous ramener chez vous..." Je doutai qu'il ait un lieu d'habitation, il est vrai, mais peut-être étais-je en train de me tromper, il était peut-être simplement en panne un peu plus loin, auquel cas j'appelerai une dépanneuse pour régler le problème... Mais un bon nombre de choses me disait que je ne me trompais pas en l'estimant sans domicile. Pourtant il n'était pas particulièrement mal mis sur lui vestimentairement parlant... "Mais au fait, qu'est-ce que vous faisiez là à cette heure de la nuit sans même être équipé d'une lampe ?" Je ne pouvais plus retenir la question, elle m'intriguait trop et la réponse avait son importance à mes yeux, j'avais besoin d'éclaircir la situation, les choses me semblaient quand même bizarres.

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J'étais très peu conscient de la jeune femme à mes côtés. J'étais beaucoup trop occupé à m'inquiéter à l'idée d'être retrouvé, pour réfléchir à son sujet à elle. C'était sans doute justement parce que j'étais totalement perdu dans mes pensées, que le moindre mouvement de sa part, parvenait à me faire sursauter. Si je n'avais pas été aussi épuisé, il était certain que j'aurais déjà quitté sa voiture pour disparaître le plus vite possible et me débrouiller par moi même. Mais je devais me rendre à l'évidence ... Seul, je ne pourrais pas aller bien loin. Je me figeai et lui lançai un regard franchement paniqué, quand elle émit l'idée de me ramener chez moi. Mais je n'eus guère le temps de lui répondre, qu'elle reprenait la parole pour m'interroger enfin sur la raison de ma présence ici même, sans même une lampe torche pour éclairer mon chemin. Je soupirai doucement et détournai un instant le regard.

Devais-je vraiment lui avouer que je m'étais enfuis ? Elle n'allait clairement rien y comprendre. Soit elle me prendrait pour un taré et me déposerait dans un commissariat de police, soit ... Soit, je ne savais pas. Mais je ne savais pas bien si je voulais ou non m'en rendre compte par moi même. J'étais inquiet à l'idée de devoir retourner de là où je venais. "Je me suis enfuis. Et je ne veux surtout pas y retourner." Finis-je par avouer à voix très basse, comme craintif à l'idée que quelqu'un d'autre qu'elle ne m'entende. Pourtant, nous étions enfermés dans sa voiture. Je ne risquais donc pas grand chose pour l'instant. Oui, pour l'instant seulement. Parce qu'ils pourraient bien partir à ma poursuite, bien vite. Et me retrouver là ... J'osais espérer qu'elle ne risquerait rien, s'ils venaient à me retrouver en sa présence ...

realised by morphine.

Il m'avait fallu attendre quelques instants et surtout prêter l'oreille attentivement pour entrendre la réponse du jeune homme. Enfui ? Enfui d'où ? La première idée qui me vint fut l'évasion d'une prison. Mais comment aurait-il pu ? Il n'avait vraiment rien d'un prisonnier. D'un autre côté il avait très bien pu préparer sa fuite et prendre les mesures nécessaires, il me fallait en avoir le coeur net avant toute autre chose. Si vraiment j'étais en présence d'un évadé de prison, alors je courrais le plus grand danger, j'en étais pleinement consciente et je ne savais pas de quelle manière j'allais réagir. Allait-il au moins me dire la vérité si je lui posais la question. En faisant bien attention à son attitude, je pourrais bien y déceler la trace d'un mensonge. Puisque je voulais le savoir vraiment, je n'avais plus qu'à lui demander le plus directement possible en restant attentive à ce qu'il allait me donner comme réponse. "Enfui ? D'où ça ?"
Je tentai maintenant de rester calme, de scruter la moindre de ses réactions, ce qui, si je me trompais sur ce que je craignais, risquait de le mettre encore plus mal à l'aise, d'autant plus qu'il semblait vraiment être très peureux et méfiant, même vis à vis de moi. J'étais pourtant une femme et simplement à me voir il n'y avait vraiment aucune raison de me craindre. Moi, en revanche, j'avais du souci à me faire concernant cet homme. Si il était vraiment ce que je craignais alors je risquai gros, et je ne pouvais compter que sur son affaiblissement pour prendre la fuite avant qu'il ne puisse me rattraper. J'avais bien conscience de ce danger mais je ne voulais pas réagir avant de connaître sa réponse car dans le fond je savais qu'il y avait des chances pour que je me trompe. Et dans ce cas je ne pourrais pas laisser un homme dans son état abandonné au beau milieu de nulle part et en plein milieu de la nuit.

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En annonçant à la jeune femme que je m'étais enfuis, à aucun moment je n'eus dans l'idée qu'elle allait pouvoir s'imaginer un tas de trucs dingues. C'était pourtant assez logique qu'elle puisse croire que je m'étais enfuis d'une prison, par exemple; Que j'étais un détenu désormais en cavale et qu'elle serait ma complice si elle ne me ramenait pas bien vite à un poste de police. En même temps, je ne pouvais pas avoir réfléchi à toutes ces choses, puisque je n'étais pas habitué à l'extérieur et encore moins aux gens. J'étais complètement perdu, c'était le moins que je pouvais en dire. Et j'ignorais encore totalement si c'était une bonne chose ou non, que je sois tombée sur la jeune femme, alors que j'étais justement en train de prendre la fuite comme un animal traqué. Tout dépendrait de sa réaction, ses pensées et ses actes à mon annonce assez inattendue pour le coup.

"Je ne peux pas vous le dire. vous ne me croiriez même pas." Avouai-je à mi voix, en scrutant l'obscurité, comme pour tenter de voir s'il n'y avait pas quelqu'un qui m'avait suivit et repéré jusque là. Mais non, il n'y avait personne. Enfin ce n'était pas le cas, pour l'instant. Mais j'ignorais jusqu'à quand il en serait ainsi. "Mais je ne suis ni un prisonnier ni un fou, si c'est ce que vous pensez en cet instant." Ajoutai-je en trouvant enfin le courage de reposer les yeux sur elle, pour tenter de la scruter du regard et comprendre ce à quoi elle pouvait bien penser en cet instant. Est-ce qu'elle avait peur de moi ? Eh bien comme ça je n'étais plus le seul à avoir peur de l'autre ! "Je voulais juste m'éloigner le plus possible de là ..." Conclus-je doucement.

realised by morphine.

Dire que j'avais peur de ce jeune homme aurait été exagéré, mais dire que je m'en méfiais énormément était tout à fait vrai. Il avait quand même de la chance d'être tombé sur moi, la majorité des femmes ne se seraient pas donné la peine de recueillir un inconnu dans leur voiture, par peur justement. Mais chez moi, c'était un sentiment que je ne ressentais que rarement, peut-être pas assez d'ailleurs si bien qu'il m'arrivait de me mettre en danger et d'accomplir des choses complètement irresponsables, comme c'était d'ailleurs le cas cette nuit-là... Sa réponse m'apaisa un peu plus mais je continuais de me demander ce que pouvait bien cacher ce personnage. Je respectai cependant son choix de ne rien me dire et acquiescai simplement. "Soit... Mais quand même, on ne peut pas rester ici éternellement..." En effet, mais que faire dans cette situation ? Où l'emmener exactement ?
Je n'avais aucune envie de lui proposer de l'emmener aux urgences pour passer des examens suite à l'accident car je risquais en effet de devoir passer aux aveux et donc de me mettre dans une situation délicate. La seule solution était de l'emmener dans un motel, il pourrait ainsi s'y reposer et dans le meilleur des cas je pourrais le laisser et rentrer tranquillement chez moi. Dans le pire des cas, il me faudrait passer la nuit à ses côtés... Vu le personnage, je pouvais bien me préparer à cette solution ! "Je vais vous emmener dans un motel à l'entrée de la ville, vous pourrez vous reposer et vous remettre de vos émotions." Je repris finalement la parole pour le rassurer, ou du moins tenter de le faire, sur un point qui risquait de le faire paniquer. "Je vais rouler tout doucement, si vous avez le moindre souci, dites-le moi et je m'arrêterai." Sur ces paroles je mis le moteur en route.

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Dire que j'étais vraiment inquiet et mal à l'aise, était un véritable euphémisme. C'était bien pire que ça en réalité. J'avais la furieuse envie de quitter la voiture le plus vite possible et de prendre encore une fois la fuite. Mais le fait est que je ne pouvais quand même pas passer ma vie à fuir, non ? Surtout que cette jeune femme avait l'air sincèrement gentille et désolée de ce ... "petit" incident. Je n'allais donc pas encore me tirer sans même accepter un minimum d'aide de sa part. Je ne le voulais pas. Mais en plus, je ne le pouvais même pas non plus. Vu l'état physique déplorable dans lequel je me trouvais en cet instant. J'étais épuisé et endolori de la tête aux pieds. "Je le sais ..." Lui répondis-je à mi-voix, songeant qu'elle allait sans doute me demander de quitter sa voiture pour qu'elle puisse rentrer chez elle, d'un moment à l'autre.

Mais ce ne fut aucunement ce qui arriva finalement. Au lieu de ça, elle me proposa de me déposer dans un petit motel. Donc, elle était décidée à m'aider encore un peu. Certes, elle ne proposa pas du tout de faire un saut à l'hôpital. Et dans le fond, je lui en étais bien reconnaissante. Ils auraient posé beaucoup trop de questions et se seraient rendu compte que je n'avais pas le moindre papier. Je n'étais ... Rien ni personne. "Je n'ai pas d'argent..." Lui avouai-je doucement, sur un ton hésitant. Et je ne lui demandais pas de payer à ma place, ça non. Seulement, j'envisageais plutôt de dormir dehors en attendant de trouver une solution plus adéquate. Si je hochai positivement la tête quand elle m'annonça qu'elle allait rouler, j'eus quand même un sursaut de surprise quand ce fut le cas. Rien qu'une légère vibration. Mais c'était quand même étrange et nouveau pour moi. "Woah ... Cela est tellement étrange ..."

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Plus les minutes passaient et plus j'avais l'impression que me méfier de ce jeune homme était une bêtise, il avait l'air si fragile dans le fond, complètement perdu et désemparé, livré à lui-même et incapable de s'en sortir. Et ce n'était pas du tout dans ma nature que de laisser des gens dans cet état de détresse, bien au contraire, j'étais bien trop altruiste pour ça. Aussi, lorsqu'il me dit ne pas avoir d'argent, je n'en fus pas vraiment étonnée. Qu'il n'en ait pas sur lui était un fait mais je ne serais pas surprise d'apprendre qu'il n'en avait pas du tout de manière générale. Il ne paraissait pas mal mis sur lui mais quelque chose me disait que seul, il serait plongé dans la misère. Je lui adressai donc un petit sourire, lui payer une nuit dans un motel ne serait pas du tout une ruine pour moi, j'avais suffisamment d'argent pour cela et pour une fois qu'il pourrait servir à autre chose qu'à m'occuper de ma petite personne ou de ma maison...
Je fus cependant surprise de sa réaction lorsque je mis le moteur en marche, à croire qu'il n'était jamais monté dans une voiture ! Idiotie ! Il devait plutôt ne pas y avoir mis les pieds depuis un moment, ce qui s'expliquait si il n'en avait pas les moyens. Aussi, je me mis à rouler lentement, ne dépassant pas les 20 km/h, de toute manière je ne le pouvais pas vu que le brouillard n'était pas décidé à se lever. Histoire de le faire penser à autre chose qu'à la voiture qui avait semblé le terrifier, je décidai de commencer une petite conversation avec lui, des plus banales, certes. "Je m'appelle Esperanza, et vous ?" Je restai en même temps concentrée sur la route, il ne manquerait plus que ma voiture entre en collision avec un nouvel obstacle comme un animal comme il y en avait tant dans cette forêt ! Mais il est vrai qu'à cette vitesse nous risquions de mettre encore un bon bout de temps avant d'arriver au but.

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J'étais gêné d'annoncer à la jeune femme que je n'avais pas un rond en poche. Elle allait sans doute me prendre pour un sans domicile fixe. Ce qui, dans le fond, n'était pas bien loin de la vérité. C'était même un fait. Je n'avais jamais vraiment eus de domicile en réalité. Puisque j'étais maintenu captif depuis le jour même de ma naissance, ou presque. Autant dire que je n'avais tout bonnement jamais connu la liberté. Et il était maintenant plus que temps que je la prenne. Je me sentais apte à cela. Même encore maintenant alors que je venais d'être sacrément blessé et que j'avais vraiment besoin de l'aide de la jeune femme qui m'avait renversé, elle même. J'aurais évidemment préféré m'en passer. Mais je ne pouvais pas nier que j'étais parfaitement incapable de m'en sortir seul pour l'instant. Je n'y connaissais vraiment rien à ... Rien. Tout ce qui concernait la vie à l'extérieur de ma prison, m'était totalement inconnu.

"Je m'appelle Logan." Répondis-je à la jeune femme, quand elle se présenta. Incapable de tourner le regard vers elle, je prenais le temps d'observer le paysage qui défilait, par la fenêtre. Il faisait toujours aussi nuit, bien sûr. Et le brouillard était toujours levé. C'était sans doute pour cette raison qu'elle roulait aussi lentement. Pour ça ou parce qu'elle s'était rapidement rendue compte de ma part grandissante de ce véhicule. Elle devait vraiment me prendre pour un fou. Ce qui, dans le fond, n'aurait rien de bien étrange. J'étais fou dans le fond. On ne pouvait pas être parfaitement sain, quand on vivait depuis toujours, enfermé et traité comme une bête. "Dans quelle ville se trouve le motel ?" L'interrogeai-je doucement. En fait, j'ignorais totalement où on se trouvait. Je n'étais même pas certain de savoir où j'avais vécu pendant toutes ces années.

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J'avançais vraiment doucement, sans aucun mouvement brusque pour ne pas ajouter à sa peur. Tout en restant concentrée sur la route, je prenai le temps de lui lancer un coup d'oeil de temps à autre histoire de m'assurer qu'il n'était pas excessivement crispé. "Enchantée..." A croire que je l'impressionnai pour qu'il n'ose pas même me regarder, à moins que la route attirait à elle seule toute son attention, ce qui était tout à fait possible aussi. Bref, la conversation que j'avais tenté de lancer n'était pas particulièrement une bonne idée pour le moment, peut-être plus tard, lorsque nous serions enfin arrivés au motel. Je regardai alors l'heure affichée sur le tableau de bord, 3 heures du matin, avec un peu de chance je pourrai quand même fermer l'oeil avant la levée du jour, tout dépendrait de l'évolution de la situation par rapport au jeune Logan, si il me laissait rentrer chez moi ou si il me retenait à ses côtés.
Je retournai une énième fois le regard vers lui lorsqu'il me posait sa question. "A New-York, juste à l'entrée de la ville. En temps normal il ne faudrait que 5 minutes pour y arriver mais avec ce temps il vaut mieux compter une bonne demie-heure..." J'étais déjà contente de voir qu'il osait m'adresser la parole sans avoir à répondre à une de mes questions, peut-être commençait-il légèrement à moins me craindre... Trouvant le fond de l'air assez frais, je mis un peu de chauffage, ce qui bien sûr provoqua un bruit qui pourrait lui paraître étrange vue la réaction qu'il avait eu en entendant le moteur ronfler au départ. Après tout, un peu de chaleur ne pourrait pas lui faire de mal. Si j'en suivai ma logique, il était dehors depuis un bon moment et le froid accompagné de l'humidité avait donc eut le temps de faire son oeuvre sur lui malgré qu'il semblait en nage lorsque je l'avais récupéré après l'accident.

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