Depuis que Neven était revenu dans sa vie –et celle de leur fils- Jamie tentait de tout faire pour que cela se passe au mieux. Evidemment, tout aurait été bien plus simple si son ex n’avait pas perdu la mémoire. Les retrouvailles entre père et fils s’étaient plutôt bien déroulées. Elle avait d’abord dû préparer Owen, mais il était sans aucun doute assez grand et assez intelligent pour comprendre la situation. Et puis, elle ne devait pas oublier que si Neven avait réussi à les retrouver, c’était grâce à cette photo de leur fils. Il était revenu parce qu’il savait qu’il existait. Il voulait réapprendre à le connaitre et faire partie de sa vie. Seulement elle ne tenait pas pour autant à lacher Owen au milieu de New York, seul, avec lui. Il était trop tôt. Et pourtant, il devait passer du temps avec son père pour renouer. C’est pourquoi elle avait proposé à son ex de rester pour la nuit dans son propre appartement. Au moins, elle saurait où ils étaient, mais surtout, Owen serait en terrain familier. Cependant, pour être totalement honnête, elle ne se voyait pas rester avec eux. Tout d’abord parce que ça devait être un moment père/fils, mais aussi parce qu’elle ne s’était toujours pas habitué au retour de son ex. Ce n’était pas comme s’ils s’étaient quittés en mauvais terme. Leur séparation avait été brutale et non voulue. Il avait l’apparence et les habitudes de l’homme qu’elle avait aimé, mais elle ne retrouvait pas ce petit quelque chose qu’elle lui avait connue. Et au fond, ça la blessait. Le voir réapparaitre sans être complètement lui-même, sans se souvenir de ce qu’il avait ressenti ou ce qu’ils avaient vécu. Mais il ne fallait pas se méprendre, Jamie était amoureuse de Leo, elle en était maintenant certaine. Seulement le retour de Neven la chamboulait tout de même. Il n’y avait qu’une chose à faire : retourner auprès de Leo. D’abord pour ne pas se torturer mais aussi pour leur laisser la tranquillité dont ils avaient. Ca, c’était ce qu’elle pensait être la raison numéro 1. C’est la seule chose dont elle lui avait parlé, comme raison pour le retrouver. Le fait est qu’elle avait beaucoup plus à lui dire. A condition que ça arrive à franchir le seul de ses lèvres.

Jamie était passée par le restaurant pour récupérer les clés, un repas qu’il lui avait adorablement mis de côté, et un baiser dont elle avait affreusement besoin. Puis elle était partie en direction du Bronx. La jeune femme s’était déshabillée avant d’aller farfouillée dans l’armoire de Leo pour enfiler un de ses t-shirts. Boxer-tshirt était sans doute la meilleure combinaison possible en matière de confort. Une fois son repas avalé, Jamie s’installa dans un plaid, sur le canapé, avec son bouquin.  
Elle n’avait pas franchement fait attention à l’heure lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir. Puis, comme si Leo faisait attention à ne pas faire de bruit, il avança prudemment. « Hey, c’est moi. J’ai fait au plus vite… t’es réveillée ? » Elle se leva du canapé pour le rejoindre. « J’voulais pas te louper. » Elle vint le trouver, et se glissa naturellement dans ses bras avant de planter un baiser sur ses lèvres. Peut-être que l’attente avait été plus longue que ce qu’elle n’avait voulu s’admettre. C’était agréable d’enfin le retrouver. « Ca été ? »

Ca aurait été mentir que de dire que Jamie n’avait pas trouvé la soirée longue, mais elle ne voulait pas que Leo se sente coupable d’être au travail. Et puis, ça aurait pu être pire. Au moins, elle avait pu avancer son bouquin. « Je crois que je n’ai jamais autant languis de rentrer ! C’était interminable ! »  Un large sourire s’afficha sur les lèvres de la jeune Irlandaise, ravie qu’il en est été de même de son côté. Elle l’embrassa une nouvelle fois, ayant presque oublié la raison de sa venue.  « Et toi ? Ca va ? T’as fait quoi ? » lui demanda-t-il alors qu’il s’éloignait légèrement pour la regarder de haut en bas. « A part me piquer mes t-shirt j’veux dire… » ajouta-t-il en souriant alors qu’elle rigola. « J’en ai pris qu’un… » avoua-t-elle en haussant les épaules. « J’ai lu… Lu et lu… Rien de bien passionnant pour être honnête, mais ça a fait passer le temps… »

Leo amena Jamie jusque dans le salon, tous deux s’installant dans le canapé. Elle se cala dans ses bras, alors qu’il resserrait son étreinte. C’était un genre de chaleur encore plus agréable que celle d’un plaid. Une chaleur qu’elle ne voulait pas quitter. « Ça va ton repas t’a plu ? J’aurai voulu te garder une part de Tiramisu aussi, mais on était un peu short ce soir… » La jeune Mayfair sourit, et tourna légèrement la tête pour poser son regard sur l’italien. « C’était parfait t’en fais pas. Nettement plus que si je m’en étais chargée… » Elle déposa un baiser dans son cou, avant de se recaler dans sa position initiale. Elle pouvait rester ainsi indéfiniment. Est-ce qu’elle devait aborder Neven ? Elle ne voulait pas mettre Leo dans une situation inconfortable, qu’il se sente menacé ou quoique ce soit dans le genre… Mais, au fond, elle avait sans doute besoin de sortir tout ce qu’elle avait sur le cœur. « J’suis désolée d’avoir débarquée à l’improviste. » finit-elle par lâcher. « J’espère que tu comprends pour Neven… J’aimerais vraiment qu’il retrouve un semblant de relation avec Owen. Mais… j’me voyais pas rester. J’pouvais pas. » Elle se tourna légèrement, pour pouvoir regarder Leo. « Mais je ne veux pas que tu doutes de quoique ce soit. C’est avec toi que je veux être… Je tiendrai toujours à Neven. Enfin, pour moi ça sera toujours Lucas, pas Neven. Mais il fait partie de mon passé. C’est avec toi que je veux être. J’espère que tu le sais… » Mais il était vrai qu’il était peut-être encore dur pour elle d’être près de son ex. Elle ne s’était toujours pas habituée à son retour ou même à assimiler qu’il avait oublié toute une partie de sa vie. Vie de laquelle elle avait fait partie.

Venir trouver Leo dès qu’elle avait un petit coup de blues était devenue une habitude. Elle qui ne montrait jamais ses sentiments, préférant tout intérioriser avait commencé à s’ouvrir au contact de l’italien. Partageant ses moindres doutes et peur. « Je comprends… Enfin, j’essaye. Mais je te fais confiance, j’espère que tu le sais aussi. Je sais que tu traverses un truc pas facile… et je veux être là pour toi. Tu sais, tu peux venir ici n’importe quand… quand Neven est là pour passer du temps avec Owen, ou même avec Owen si tu en as envie ! » Elle était attendrie. C’était l’effet qu’il lui faisait. Constamment. Il était adorable, et malgré leurs déboires d’il y a quelques semaines, Leo était digne de confiance. Elle comprenait parfaitement que la situation ne devait pas être simple pour lui, avec le retour de Neven. Mais qu’il lui fasse confiance signifiait beaucoup pour elle. « Tu sais quoi ? Demain on ira faire un double de ma clé… Tu seras libre de venir te réfugier ici quand tu veux comme ça… » Elle avait les yeux grands écarquillés. Elle ne revenait pas de ce que venait de dire Leo. Puis elle se jeta soudainement à son cou avant de l’embrasser. Elle se recula légèrement. « Désolée. » dit-elle en rigolant avant de l’embrasser une nouvelle fois. « T’es sûr ? J’veux pas te forcer à quoique ce soit. » elle glissa ses mains autour derrière sa nuque et planta un baiser dans son cou. « Ou alors je laisserai Owen à Erin, et on se retrouvera tous les deux ici. » lança-t-elle en haussant innocemment les épaules. Peut-être que sa sœur finirait par en avoir de toujours récupérer son neveu lorsque Jamie souhaitait s’isoler. Peu importe la raison. Enfin, il y avait tout de même peu de chance que ça arrive. Erin était complètement dingue de son neveu. La jeune femme se recula légèrement. Elle devait lui dire maintenant. Elle ne tenait plus, et attendre n’allait pas aider. « J’ai quelque chose à te dire… » elle se gratta nerveusement la nuque. Cela semblait une idée merveilleuse il y a à peine 10 secondes, mais elle n’en était plus tellement sure. Quoique… C’était comme les pansements non ? Valait mieux se lancer directement et ensuite c’était fini ? « Je… J’suis enceinte. » Ok, elle devait l’avouer, c’était une sacrée bombe. Encore plus aux vues de leur histoire commune et séparée. Mais c’était bel et bien le cas. Et malgré la peur de la réaction que pourrait avoir Leo, des complications que cette grossesse pourrait entrainer dans leur vie, elle en était réellement ravie. Certes ça la rendait anxieuse, mais aussi heureuse.

La soirée avait plutôt bien commencé. Les retrouvailles de fin de journée étaient des plus agréables. A vrai dire, elle l’était tout le temps, ou au moins 98% du temps. Seulement ça, c’était avant qu’elle ne lache sa bombe. C’était avant que Jamie ne lui annonce, sans beaucoup de ménagement, qu’elle était enceinte. En même temps, malgré son angoisse, elle ne voyait pas vraiment comment le lui annoncer autrement. « Non… Non Jamie, on peut pas… Je peux pas ! » Jamie fronça les sourcils. Elle ne lui demandait pas vraiment son avis. Enfin, ce n’était pas une question. Il n’avait pas à répondre ‘non’. Elle était enceinte, c’était un fait. « Est-ce que t’es sûre de ça ? Je veux dire… ça fait combien de temps ? » Jamie baissa brièvement la tête, avant de se redresser en soupirant. « Oui je suis sûre. Je suis enceinte de six semaines. » Elle avait beau se sentir quelque peu blessée, elle comprenait parfaitement la réaction de Leo. C’était d’ailleurs bien pour ça qu’elle avait été autant stressée de lui apprendre la nouvelle. La jeune israélo-irlandaise connaissait les craintes de Leo quant à leur relation. Elle avait les mêmes. Elle avait simplement choisi de les ignorer. Elle ne souhaitait pas vivre le reste de sa vie avec une peur constante qui la paralyserait de faire ce qui l’entend. Rien n’avait été simple entre eux jusque-là. Mais ils n’étaient pas non plus la définition de la simplicité. Ils devaient faire avec. Et en ce qui la concernait, elle s’y faisait plutôt bien. Mais il y avait aussi le sujet Shaun. Leo avait un fils qu’il ne pouvait plus voir. Alors elle se doutait bien que l’annonce de sa grossesse était sans doute délicate –en plus de toutes les autres raisons. « Ecoute, je sais que…. Notre situation est loin d’être simple. Mais… Enfin, c’est pas forcément une mauvaise chose… On pourrait… réussir. On peut réussir. » Elle se leva du canapé, ne supportant soudainement plus de rester statique. Elle se mit à faire les cent pas devant Leo. « Je sais que c’était pas prévu… mais… C’est là. J’veux pas que ça soit une décision… précipitée. » Elle ne savait même pas de quelle décision elle parlait. Pas vraiment. A vrai dire, elle ne se voyait pas avortée. Cette grossesse la faisait flipper. Et puis, dans le genre, élever son enfant toute seule, elle avait donné. Même si, Neven n’avait pas franchement choisi ce qui lui était arrivé. Les faits étaient là. Jusqu’à maintenant, elle avait dû s’occuper d’Owen toute seule. Evidemment, Erin avait été là. Mais il n’avait pas eu son père. Du moins, pas bien longtemps. Alors forcément, élever un gamin toute seule, elle s’en savait capable, par contre, elle ne savait pas vraiment si elle en avait la volonté.

Leur soirée avait pris une toute autre tournure. Evidemment, en venant ici ce soir, Jamie savait qu’elle allait lui annoncer sa grossesse. Elle le devait. Même si le fait que Neven soit chez elle était un prétexte plutôt sympa. Et puis, c’était aussi une raison valable. Mais surtout, elle devait le lui annoncer. Elle était enceinte de six semaines, il devait le savoir. Même si elle n’était pas au courant depuis tout ce temps, elle avait senti qu’il était temps de lui dire. « Je suis désolé Jamie, je peux pas. C’est juste pas possible, c’est trop dangereux, et… j’ai déjà vécu ça une fois, tu sais très bien comment ça s’est terminé. » « Et je ne suis pas comme elle ! » par elle, elle faisait référence à son ex. Ou du moins la jeune femme avec qui il avait eu une liaison, dont Shaun était le fruit. Puis Leo reprit un peu plus bas. « J’ai toujours détesté mon père, il n’a jamais été là… c’est ma mère qui m’a élevé. Lui, il s’est contenté de m’attirer des ennuis, et de m’embrigader dans cette putain de mafia. J’ai pas la moindre idée de ce que peut être un bon père, Jamie. Je serai incapable de m’en sortir ! » Il lui lacha légèrement la main alors qu’elle se remit à faire les cent pas. « Arrête d’être aussi pessimiste ! T’es pas comme ton père Leo. Ok, je l’admets, je ne le connais, et ne le connaitrais jamais, mais si on a cette conversation, c’est visiblement parce que tu es tout, sauf comme lui… » Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui saute dans les bras en apprenant la nouvelle, mais elle n’avait pas non plus imaginé une réaction aussi… négative et fermée. « Tu sais, il n’existe pas de manuel pour être de bons parents. Tu feras des erreurs, et t’apprendras. On en fait tous. Qu’on ait connu nos parents ou pas. » « Tu ne peux pas le garder… » Elle eut un mouvement de recul. Elle se demandait comment c’était possible d’être aussi pessimiste. « Pardon ? » Jamie rigola nerveusement. « Non mais sérieusement Leo, qu’est ce qui ne tourne pas rond chez toi ?! » Elle vint s’adosser contre le mur. « Qui t’a dit que JE voulais avorter ? » Parce que clairement, c’était la seule chose qui lui venait à l’esprit. Le sentir grandir dans son ventre, pour ensuite l’abandonner lui semblait encore plus invraisemblable. « Je comprends pas Leo. Vraiment pas. Et pourtant j’essaie. Crois pas que je flippe. Je flippe comme tu peux pas l’imaginer. Mais c’est normal, et c’est pas pour autant que je veux m’en débarrasser. » Elle secoua la tête. « Je comprends pas. Je sais pas ce que t’attends… de moi, ou même de nous. » Elle se demandait même si elle ne lui avait pas forcé la main lorsqu’elle était revenue au restaurant. Au final, elle avait presque l’impression de l’avoir supplié la dernière fois, et de le supplier maintenant. Ca la fatiguait. Elle voulait que ça vienne de lui et pas qu’elle ait l’impression de lui forcer la main. Encore.

« Jamie… »  lâcha-t-il doucement avant de laisser échapper un long soupire : « Ecoute-moi, ça n'a rien à voir avec toi… Je… je t'aime, et je veux être avec toi…  J'veux pas qu'il lui arrive quoi que ce soit par ma faute. J'ai déjà du mal à accepter le fait de te mettre en danger par ma seule présence, on en a déjà parlé… J'veux pas prendre de risques et… et j'me sens pas capable. Je suis désolé Jamie, je sais que je te fais du mal en disant ça mais… j'peux pas. Imagine que ça tourne mal, imagine qu'ils me retrouvent ou que je doive fuir encore une fois… j'veux pas qu'il ou elle grandisse comme moi,  sans père… » C’était la première fois qu’il prononçait ses mots, qu’il lui disait qu’il l’aimait. Certes, leurs dernières semaines passées ensemble le sous-entendait largement. Ils avaient dépassé depuis quelques temps le stade de la relation qui n’existait que pour le passer le temps et simplement se tenir compagnie. Une larme perla et coula le long de sa joue. C’était maintenant qu’il lui avouait ses sentiments ? Maintenant qu’il osait mettre un mot sur ses sentiments ? Il ne fallait pas se méprendre, elle en était réellement ravie, elle aurait simplement préféré que tout le tableau soit positif. Jamie s’approcha de l’italien avant de déposer délicatement ses mains de chaque côté du visage de Leo. Elle l’embrassa doucement, et lorsqu’elle se décolla, son front était toujours collé au sien. « Leo… Je t’aime. Vraiment. » finit-elle par avouer. Elle ne voulait pas qu’il croit que ses sentiments n’étaient pas réciproques et pas aussi intenses que ce qu’il éprouvait. « J’ai pas envie de prendre de décision hâtive. J’aimerais sincèrement que tu y réfléchisses. A tête reposée. » Elle se recula légèrement pour planter son regard dans le sien. « Et sérieusement… la sécurité ? On peut s’en charger… Largement. » Elle tourna la tête, avant de regarder par terre. « Tu sais… j’ai tué plusieurs fois de sang-froid lorsqu’Owen a été menacé. Il ne l’a jamais été physiquement… C’était des menaces, ils avaient des photos… Mais je l’ai jamais laissé passer. » Elle ne le lui avait jamais dit. A vrai dire, elle n’avait jamais réellement évoqué ses missions avec l’italien. Non pas qu’elle souhaitait lui cacher. Elle lui faisait confiance. Mais il était vrai que moins il en savait, mieux il se portait. En fait, c’était surtout que le sujet ne s’était jamais réellement présenté. Elle n’avait jamais eu de remords. Elle était prête à tout pour son fils, et si c’était à faire, elle referait exactement les mêmes choix.

Sans franchement s’en rendre compte, Jamie mentionna ce qu’elle avait fait pour Owen. Le truc, c’est qu’Owen était tout ce qu’elle avait. Il représentait ce qu’elle avait fait de mieux, mais il lui rappelait aussi Neven, souvenir auquel elle s’était longtemps accroché. Mais au-delà tout ça, c’était son fils, la prunelle de ses yeux. Elle ne lui disait pas ça pour le convaincre. Un peu, mais pas tant que ça. C’était plus pour lui montrer qu’elle était prête à tout pour ceux qu’elle aimait. Quitte à franchir certaines limites. Le meurtre ne l’effrayait pas. C’était son métier. Et lorsque ceux qu’elle aimait était menacé, la ligne jaune n’existait plus. Il n’y avait plus de morale ou d’éthique à tenir.  Et malgré tout, elle commençait à ressentir la même chose pour ce petit être qui grandissait dans son ventre. « Wow, tu… tu ne m'en avais jamais parlé… Je suis désolé. » Elle sourit faiblement. « T’as pas à être désolée. J’ai fait ce que je devais. Et je recommencerai. » Elle ne voyait pas bien pourquoi il s’excusait. Peut-être parce qu’elle avait dû tuer quelqu’un ? Peu probable, il savait qu’avec son métier, cela pouvait arriver n’importe quand. Ou pour ne pas la croire capable de tenir les menaces à distance ? Peut-être. Mais elle comprenait aussi ses appréhensions. Elle avait eu les mêmes. Elle les avait toujours. Jamie savait pertinemment qu’une erreur d’inattention pouvait vite arriver. « Tu crois vraiment qu'on peut le faire ? Que… qu'on est prêts pour ça ? » « J’en suis certaine. » avoua-t-elle en haussant les épaules. Elle caressa doucement la joue de Leo. « Je comprends, vraiment. Ca ne sera jamais sûr à 100%, et pas à cause de ton passé ou de mon métier… Mais simplement à cause du monde dans lequel on vit. » Mais ça ne l’empêcherait pas de vivre. Elle s’interdisait de se laisser effrayer par les dégénérés qui avaient décidé de faire leur loi. Elle voulait profiter. A fond. « Tu sais que je ne me pardonnerai jamais le fait qu'il vous arrive quelque chose à cause de moi… » Jamie le vit poser son regard sur ventre. Et pourtant, on n’y voyait rien. Pas maintenant. Pas encore, ça ne tarderait pas. Elle attrapa tout de même sa main pour la poser sur son ventre, sous son t-shirt. « Ce qu’il y a l’intérieur, c’est une partie de toi. La meilleure partie de toi. Et je t’assure qu’il ne lui arrivera rien. On sera là Leo, et je t’assure que je suis prête à tout pour ce que j’ai de plus chère. » Même si elle flippait, avoir un deuxième enfant la réjouissait. Elle n’y avait jamais sérieusement réfléchi. Sa relation avec Leo n’en était qu’au début, ça avait été difficile. Mais ce qu’elle ressentait… C’était tellement intense qu’elle avait l’impression d’être avec lui depuis des années. Elle se rapprocha une fois de plus et colla son front à celui de Leo. « Je t’aime, et ce petit truc dans mon ventre ? Je le veux avec toi. »

Leo caressait doucement le ventre de la jeune Mayfair. Une douceur qu’elle ne lui avait jamais connu. C’était comme s’il découvrait son ventre et son potentiel. Elle voulait lui faire prendre conscience de la réalité des choses. Ca semblait abstrait à l’heure actuelle. Ca faisait seulement l’effet d’une bombe, il n’y avait aucun signe visible de sa grossesse. Elle ne put s’empêcher de lui préciser une fois de plus la nature de ses sentiments, et par-dessus tout, qu’elle voulait cet enfant avec lui. La réponse de Leo fut des plus agréables. Il l’embrassa avec cet empressement qu’elle adorait tant. « Jamie, j'suis désolé de réagir comme ça. Il faut juste que… je me fasse à l'idée… j'imagine… J'aurai voulu que ça se passe autrement… je sais que je t'ai déçue. Excuse-moi… » Jamie caressa amoureusement la joue de son petit-ami. Elle comprenait sa réaction, ses craintes et ses doutes. Elle les avait aussi. Seulement, elle y avait déjà fait face une fois. Lucas –Neven- n’avait pas le même passé que Leo, mais il en avait un quand même, sans parler du fait qu’à l’époque où ils avaient eu Owen, ils étaient tous deux des agents actifs. Et puis, son amnésie n’avait été qu’un problème de plus à devoir gérer. Elle ne l’avait peut-être pas gérer au mieux, mais en tout cas, elle l’avait fait, et elle avait fini par s’en sortir. « Je comprends… Il n’y avait juste pas de… manière plus douce ou plus subtile de te l’annoncer. Je comprends que ça soit énorme à digérer. » « Je ferai tout pour vous. Pour toi, pour Owen… et pour lui. » affirma-t-il en replaçant sa main sur le ventre de Jamie. Elle appréciait le fait qu’il mentionne Owen. A vrai dire, son fils avait adopté Leo depuis bien longtemps. Elle le savait. Il le réclamait constamment, et cherchait à toujours passer plus de temps en sa compagnie. C’était une situation agréable. Nettement plus que si son fils ne l’avait pas accepté, ou l’inverse évidemment. Elle l’embrassa tendrement. « Tu sais que c’est réciproque… » Elle était prête à tout pour sa famille. Et même si sa relation avec Leo n’avait pas été des plus simples jusque-là, elle le considérait bel et bien comme de la famille. « J'veux pas que ma réaction te fasse douter. Je serai toujours là pour vous. Quoi qu'il arrive. » La jeune femme ne put s’empêcher de rigoler. « Tu sais, il m’en faut plus que ça pour me faire réellement douter… » Bien sûr, elle avait peur et quelques doutes se pointaient, mais ce n’était rien qu’elle n’arrivait à chasser en quelques instants. Il s’agissait de doutes que chaque femme enceinte, chaque future mère ou futur parent pouvait ressentir. Il ne s’agissait de rien d’autre. « Parce que j’ai plus de confiance en toi, que tu n’en as en toi-même… » ajouta-t-elle avec un léger sourire. Elle se retint tout de même qu’il aurait le loisir et l’immense plaisir de devoir la supporter avec un surplus d’hormones, qui la rendra des plus… adorables. Il était loin de se douter de ce qui l’attendait. Jamie avait déjà, de base, un sacré caractère. Elle n’aimait pas rester sans rien, elle avait besoin de bouger, et elle détestait qu’on lui dise quoi faire… Alors, lorsque ses hormones s’y mettaient, c’était explosif de s’entretenir avec elle.