If you pretty don't care, say it to my face.

A peine était-il six heures et quart que le réveil de la jeune Austen se mit à sonner violemment. Sur le coup, Savannah voulut le prendre et le jeter par la fenêtre mais cela voulait dire qu'elle allait une fois de plus devoir ouvrir ses rideaux pour tomber nez à nez avec son voisin. La jeune fille se mit à jurer, maudissant cette stupide année scolaire qui l'attendait dans son nouvel établissement. Si elle était restée à Liverpool, jamais une chose pareille ne se serait produite, ça oui. La jeune fille se leva et éteignit brusquement l'objet de sa colère. Elle prit les affaires préparées de la veille et se précipita dans la salle de bain, volant une fois de plus la place à son grand-frère. Ben quoi, il n'a qu'à courir un peu, cela lui ferait du bien. En attendant, c'était Savannah qui gérait la maison ; du moins, en tant que chef. Ou pas. Son père s'amusait à lui rappeler qu'elle n'était qu'une adolescente et qu'elle n'avait pas toutes les obligations d'un adulte. Et là, la jeune Austen se retrouvait bloquée. Elle finissait souvent par répondre "de toute façon, tu veux avoir toujours raison". De mauvaise foi la petite Savannah ? Mais non ! La jeune fille ressortit vingt minutes plus tard, les cheveux tressés à sa façon ; c'est à dire légèrement lâche pour éviter de se donner un air trop sérieux. Une fois dans sa chambre, le dilemme de la tenue s'imposa. Une robe ? Un jean déchiré ? Après dix minutes d'hésitation, Savannah finit par prendre sa marinière, son jean slim déchiré et ses spartiates, le tout coordonné avec un sac en bandoulière en cuir. Voilà, elle était enfin prête à affronter ce nouvel établissement. Ne restait plus que le petit déjeuner. Savannah se rendit dans la cuisine et prit un croissant frais et une brique de jus d'orange, sous le regard surpris de son père.

Savy, tu ne prends pas autre chose pour ton premier jour ?
Non papa, je dois y aller.
A ce soir, tu me raconteras.
Oui, oui.

Écouteurs sur les oreilles, la jeune fille sortit de l'appartement, écoutant à peine ce que son père lui disait. New York était déjà réveillée, éclairée par un soleil rayonnant. Ainsi, elle allait devoir traverser toute la ville, seule avec pour seule compagnie un Ipod, un croissant et une brique de jus d'orange ? A cette pensée, Savannah fit les gros yeux et mordit dans son croissant. Gosh. Elle aurait du rester à Liverpool. La jeune fille remit sa mèche derrière les oreilles et se dirigea vers le métro. A vrai dire, Savannah ne prêtait pas trop attention à ce qui se passait aux alentours ; elle était plutôt concentrée sur sa musique, les Arctics Monkeys, l'un de ses groupes favoris. Au bout de cinq minutes, le metro fit son apparition, bondé, comme à son habitude. En même temps, on était à une heure de pointe. Savannah soupira et entra à l'intérieur en prenant soin de se glisser juste à côté de la porte. Appuyée contre la paroi du métro, la jeune fille ferma les yeux un instant et compta trois arrêts, comme son père lui avait dit. 1...2...3. Tout en bousculant les gens, la jeune Austen finit par s'extraire difficilement hors de la rame. Si c'était comme ça tous les matins, elle allait s'amuser. Fredonnant l'air de "Mr Brightside" des Killers, Savannah s'aventura dans la jungle new-yorkaise jusqu'à tomber sur son nouvel établissement : un vieille bâtisse ou tous les élèves entraient et sortaient. Hallucinant ; son lycée à Liverpool était trois fois mieux. Savannah poussa un long soupir de désespoir et finit par entrer. L'intérieur était aussi vieux que l'extérieur ; il serait temps de détruire cette ruine, pensa la jeune Austen. Elle se dirigea vers l'office, peur sûre d'elle, ou on lui attribua un casier et des nouveaux livres. D'après la pendule, il lui restait vingt minutes avant la sonnerie, parfait pour s'installer. Son casier, le numéro 244 était bien évidemment situé dans le couloir principal. Pourquoi moi, pensa la blondinette. Tous les élèves allaient ainsi voir "la nouvelle" et Savannah verrait passer en permanence les élèves dits "populaires". Il paraît que c'est une espèce très prisée aux États-Unis.
"Stupide pays", pensa Savannah en ouvrant son casier à la volée.