Cela faisait environ trois mois que Morgan vivait à New-York et malgré ses difficultés à trouver sa place, il ne s’en sortait pas si mal. En effet, il avait déjà ouvert sa boutique de vêtements -qui fonctionnait plutôt bien d’ailleurs- et il avait fait des connaissances sympa. Son meilleur ami était trop occupé, les éloignant un peu plus chaque jour mais finalement, l’androgyne savait qu’il pouvait vivre sans sa présence quotidienne. Après tout, du moment qu’il avait son jumeau, Morgan n’était pas perdu. Et puis il y avait Lucas. Ce garçon était très important pour le styliste, qui ne se voyait plus passer une seule de ses journées loin de lui. Soit.
Aujourd’hui, Morgan avait travaillé durement jusqu’au midi, où il s’était empressé de rentrer chez lui pour manger un petit truc. En temps normal, il s’arrêtait à la sandwicherie du coin et remplissait son estomac avec un de ses morceaux de pain ; néanmoins, à force il commençait à en avoir marre de toujours avaler la même chose. Puis il était retourné travailler. Son métier ne lui déplaisait pas, alors ce n’était pas étonnant de voir sans cesse ce sourire lumineux qui mettait son visage en valeur. Les femmes le complimentaient parfois sur sa chevelure impeccablement lissée, ou sur son maquillage longue durée qui lui donnait un regard intense et prenant. Et autant dire que ça lui faisait plaisir. Morgan était un garçon qui aimait prendre soin de lui et ce n’était pas difficile de le remarquer d’ailleurs. Il aime qu’on le regarde, qu’on se retourne sur son passage.
Après sa journée de travail, le grand brun monta dans sa voiture et fila jusqu’au parc. C’était un endroit assez tranquille et il aimait bien venir s’y perdre un moment -sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit. Maintenant qu’il vivait seul, Morgan s’autorisait quelques sorties où il rentrait à l’heure qu’il voulait sans entendre son père lui hurler dessus. Ce temps là était bel et bien révolu. Rêveur et presque épanoui, le garçon se gara avant d’entrer en ce lieu si reposant. Mains dans les poches de sa courte veste, il laissait son regard vaguer droit devant lui, souriant aux enfants qui passaient devant lui et répondant aux « bonjour » répétitifs qu’on lui lançait. Malheureusement, sa joie de vivre disparut rapidement quand il vit une silhouette qu’il connaissait assez bien. Noah. Morgan se souvenait très bien de ce garçon puisqu’ils avaient couché ensemble il y a de cela quelques mois. Evidemment, ce n’était pas le genre de l’androgyne -de coucher sur un coup de tête- mais il s’était laissé bêtement avoir par de belles paroles et de doux regards. Quel ne fut pas alors sa surprise en découvrant que Noah s’était totalement moqué de lui. Se servir d’une telle expérience pour écrire un article. S’était-il demandé ce qu’avait pu ressentir l’allemand ? Heureusement, ce dernier n’éprouvait aucun sentiment amoureux mais ce n’était pas une raison pour agir aussi maladroitement. Avec le temps, Morgan avait réussi à oublier cette histoire -aussi humiliante soit-elle- mais sa haine renaissait en lui ; alors qu’il regardait cette silhouette. Alors inconsciemment, il fronça les sourcils et serra les poings. Ses pas le guidaient automatiquement vers son ennemi avant qu’il ne puisse enfin le rejoindre. Celui-ci était installé près d’un arbre, permettant alors à l’androgyne de s’agenouiller devant lui, le regard noir de colère. Son cœur battait la chamade ; au fond, il mourrait d’envie de lui arracher les bijoux de famille mais il souhaitait d’abord quelques explications.
-Noah… tiens, tiens. Première fois qu’on se revoit depuis… longtemps.
Morgan passa rapidement sa langue sur ses lèvres, pour les humidifier, et serra instinctivement ses poings. Il fallait réellement qu’il garde son calme sinon il serait capable d’agir comme un imbécile. Lui casser la figure était son rêve et il ne passerait certainement pas à côté.
-J’avais plein de choses à dire avant que tu partes, tu sais. Et toi aussi tu avais des choses à me dire j’suppose…
Se mordillant nerveusement la lèvre inférieure, Morgan finit par croiser ses bras contre son torse. La lueur de ses yeux était vraiment noire. Il ne supportait pas qu’on le prenne pour un imbécile et cette fois, Noah n’avait pas fait les choses à moitié.
Passer sa vie dans l’écriture. Noah savait déjà sur quel chemin marcher. Depuis qu’il était petit, il savait pertinemment qu’il allait devenir écrivain. Noah n’est pas un garçon du genre à baisser les bras quand un obstacle se présente devant lui. Au contraire. A la vue d’une tâche difficile, il ne peut que se réjouir. C’est une manière pour lui de montrer qu’il est le meilleur. Qu’il arrive à entreprendre ce qu’il fait quel que soit la difficulté du problème. C’est une sorte de satisfaction personnelle. Un défi en quelque sorte.
Pour écrire l’une de ses nombreuses nouvelles, Noah a trouvé une méthode pour trouver l’inspiration et pour selon lui, créer des écrits potables. Une méthode que son entourage juge inefficace vu que le jeune homme est déjà bourré de talent. Mais Noah n’est pas du même avis. Il est très perfectionniste. Il est prêt à se mettre dans des situations plus qu’embarrassantes pour écrire de bonnes nouvelles. A vrai dire pour lui, le but n’est pas d’écrire en pensant que le personnage principal réagirait ainsi. Non, pour lui, il faut ressentir les sentiments du personnage. Il faut vivre la situation quelle qu’elle soit. Noah s’est fait beaucoup d’ennemi en pratiquant cette méthode. Plus jeune, il s’était servi de son meilleur ami pour assouvir ses désirs de jeune écrivain. Il n’y a pas si longtemps que cela, il avait séduit un autre gars et ils avaient fini tout deux sous la couette. Noah compte énormément de personne dans sa liste d’ennemi. Mais peu lui importe. Le principal n’est pas c’est gens-là. Ceux qui comptent sont ses amis. A quoi bon s’intéresser à des personnes qui ne peuvent pas le sentir. Le jeune écrivain les ignore totalement.
Les pieds posés sur son bureau, Noah fixai son plafond. Il avait passé toute la soirée à travailler sur une nouvelle qui avait germé dans son esprit. Elle concernait une jeune droguée. Noah s’était rendu dans une boîte de nuit et avait déniché une fille complètement shootée. Il s’était fait passer pour un drogué qui ne pouvait se passer de sa dose quotidienne quitte à piquer une crise. La jeune fille s’était littéralement jetée dans ses bras et lui avait raconté chacune de ses pensées, de ses sentiments. Noah était aux anges. Il ne pouvait espérer mieux. Et dire que cette petite pensait qu’il était dans la même situation que lui. Si seulement elle savait, elle serait vite dégoûtée par ce jeune homme. Mais Noah s’en contre-fiche. Il a eu ce qu’il voulait. Peu lui importe maintenant.
Le jeune O’Sullivan poussa un long soupir d’exaspération. Il se frotta les yeux. Les rayons du soleil donnaient un aspect chaleureux au petit bureau de Noah. Celui-ci regarda par la fenêtre. Les arbres se balançaient au gré du vent. Un temps parfait pour sortir au parc. Sans plus attendre, Noah pris sa veste et partit dehors. Il faisait bon. Ni trop chaud pour devoir se trimballer avec des dizaines de bouteilles d’eau pour ne pas se déshydrater. Ni trop froid pour devoir ressortir les pulls. Le jeune écrivain s’avança d’un pas soutenu en direction du Washington Square Park. Le Greenwich Village était l’endroit préféré de Noah. Il était connu pour être le lieu de rendez-vous de tous les petits artistes en tout genre. Dès fois, Noah venait guitare à la main et jouait quelques-unes de ses compositions. Beaucoup s’arrêtait pour l’écouter jouer et chanter des chansons entraînantes et douces à la fois.
Les cris joyeux des enfants parvinrent aux oreilles de Noah. Il ne put s’empêcher de sourire. Le cri, le bruit, l’agitation. C’était ce que préférait Noah. Il avait toujours été attiré par tous ces genres de choses. C’est peut-être pour cela qu’il se sent si bien dans cette ville. Elle est devenue sienne et le jeune homme en est fier. Il s’avança parmi la foule. Il observait chaque visage des passants. Tous les bancs étaient pris malheureusement. Il regarda plus loin et vit un arbre de libre. Il pressa le pas. Bien vite il s’y trouva. Le grand chêne répandait une silhouette ombragée sur le sol. Noah s’assit contre l’arbre et ferma les yeux, profitant de cet instant reposant.[/justify]
- Noah… tiens, tiens. Première fois qu’on se revoit depuis… longtemps.
Noah fronça les sourcils. Qui pouvait bien venir le déranger pendant qu’il dormait ?! Noah poussa un long soupir avant d’ouvrir lentement un œil. Très vite, il reconnut son visage. Morgan. Le jeune homme avec qui il avait couché afin de créer une nouvelle. La haine se lisait sur son visage. Voilà un ennemi qui n’en avait pas fini avec lui.
- Morgan !! Quelle bonne surprise, lâcha-t-il ironiquement. La dernière fois qu’on s’est vu, tu étais vachement bien bourré non ? Ou alors, je t’avais vraiment fait effet pour que tu tombes aussi facilement dans mes bras.
Un sourire ironique s’afficha sur le visage de Noah. Il avait toujours été quelqu’un qui aimait chercher les embrouilles. Et ce n’est pas cette fois-ci qu’il allait changer. Noah regarda le jeune homme avec insistance. Même s’il avait remarqué que Morgan le regardait comme s’il allait le sauter dessus, Noah n’avait pas peur. Il affichait un air serein ce qui pouvait parfois être déconcertant même exaspérant dans certain cas.
-J’avais plein de choses à dire avant que tu partes, tu sais. Et toi aussi tu avais des choses à me dire j’suppose…
Noah haussa un sourcil. Il eut quelques flashs de cette soirée passée en compagnie de Morgan. Il secoua la tête tentant de repousser les images qui défilaient devant ses yeux.
- Ah oui juste, je devais te remercier. Parce que grâce à toi, j’ai fait une des c’est nouvelle !! Tout le monde s’en souviendra.
Si Noah savait qu’il jouait avec les pieds de Morgan et qu’il commençait à le mettre en colère. Bien sûr, c’était son but, voyons. Si le jeu n’en valait pas la chandelle, Noah serait parti depuis de belles lurettes. Mais cet après-midi s’annonçait électrique et Noah n’avait pas envie de rater cela. Il fit mine de s’intéresser à Morgan.
- Et toi, c’était quoi que tu voulais me dire. J’ai tout mon temps alors, vas-y.
Le jeune O’Sullivan mit ses mains derrière la tête et ferma les yeux un sourire de satisfaction illuminant son visage.
Souvent, les gens agissaient sans penser aux conséquences que cela pourrait avoir par la suite. C’était ce qu’on pouvait appeler l’ « insouciance » et Noah était malheureusement quelqu’un d’insouciant. Sans scrupule, il avait couché avec Morgan pour ensuite écrire cette foutue nouvelle. Seulement voilà, l’androgyne ne s’était pas contenté d’éprouver de la haine. Non. Au fond, en lisant ça, il s’était senti sali et humilié. Donner son corps à quelqu’un n’était pas un geste anodin et même s’il savait qu’il n’y aurait jamais rien d’autre entre ce garçon et lui, il lui avait fait confiance le temps d’une soirée. Il s’était donné à lui parce qu’il éprouvait du désir mais également parce qu’il voulait lui faire passer un bon moment. Comme quoi, le brun n’était pas quelqu’un d’égoïste. Il avait pensé à eux deux et pas uniquement à lui. Pour une personne fragile, cet évènement pourrait facilement la rendre encore plus vulnérable et la détruire de l’intérieur. Morgan lui, était passé au dessus en se disant que Noah n’en valait pas la peine, que ce n’était qu’un gamin inconscient mais malgré tout, il n’avait pas eu d’autres relations -sexuelles- depuis. Finalement… cet acte n’était pas si anodin que ça. L’androgyne soupira en y repensant. Quelques fois, il avait essayé de draguer un garçon, juste histoire de passer une agréable soirée dans ses bras mais c’était plus fort que lui : il n’y arrivait pas.
A présent, le styliste était face à son pire ennemi et il pouvait lui mettre la gifle qu’il rêvait de lui coller en plein visage depuis des mois. Néanmoins, rien ne venait. Sa haine était évidemment bien présente mais visiblement, ce n’était pas encore assez. En temps normal, Morgan ne se battait jamais -son jumeau s’en chargeait pour lui- mais cette fois, c’était à lui seul de régler cette histoire. Il s’approcha alors un peu plus de Noah, sentant son cœur accélérer de plus belle, tout comme sa respiration qui se faisait plus bruyante d’ailleurs. Puis il plongea son regard noir dans le sien.
- Morgan !! Quelle bonne surprise. La dernière fois qu’on s’est vu, tu étais vachement bien bourré non ? Ou alors, je t’avais vraiment fait effet pour que tu tombes aussi facilement dans mes bras.
Outré, Morgan écouta le garçon lui dire ces paroles si énervantes et si provocantes. Que cherchait-il au juste ? L’androgyne se mordilla la lèvre de plus belle puis finalement, il s’attaqua à son piercing - à l’intérieur de sa bouche - qu’il maltraitait avec ses dents. Soudainement, il regrettait amèrement d’avoir montré à Noah ce qu’il savait faire avec sa langue percée. L’embrasser à pleine bouche avait été plutôt agréable mais tellement faux. Sans oublier leurs baisers placés un peu partout sur leur corps nus et remplis de désir malgré tout. Morgan, bien que timide, s’était montré plutôt dévergondé ce soir là… Si seulement il avait su avant.
-Bonne surprise ? J’aurais pas dit mieux. La dernière fois qu’on s’est vu, j’avais pas bu non. J’crois pas… J’aurais mieux fait tu m’diras… parce que j’ai jamais couché avec un mec qui baisait aussi mal. Et ça, tu as oublié de l’écrire dans ta nouvelle, cracha t-il sans mal.
La rancœur était un grand défaut, c’est vrai. Mais comment réagiriez vous face à quelque chose de semblable ? Morgan était quelqu’un de trop fier pour accepter de s’être fait prendre pour un imbécile de cette façon. De nouveau, il serra les poings et finit par poser ses petites fesses sur le sol ; face à Noah. Pour l’instant, il ne comptait pas lui sauter dessus mais cela ne saurait tarder. Ses mains mourraient d’envie de s’écraser violemment sur ses joues pendant que ses insultes franchiraient la barrière de ses lèvres. On l’aura comprit, l’androgyne savait être un ange, comme il savait tout aussi bien être un teigne.
- Ah oui juste, je devais te remercier. Parce que grâce à toi, j’ai fait une des ces nouvelle !! Tout le monde s’en souviendra.
Et il me cherche en plus, pensait-il. Morgan regarda ailleurs, quelques secondes et respira profondément en repensant à cet article. Jamais il n’aurait imaginé lire ça un jour et il se détestait d’avoir cédé aussi vite. Son corps avait été sali et il ne le supportait pas.
- Et toi, c’était quoi que tu voulais me dire. J’ai tout mon temps alors, vas-y.
Autant en profiter, non ? L’androgyne agrippa doucement le t-shirt de Noah, au niveau du col, et serra son poings autour du tissu avant de plonger son regard plein de haine dans le sien. Volontairement, il posa son genou contre ses parties sensibles et lui souffla quelques mots d’une voix méchante et agressive.
-Tu t’rends pas compte hein ? T’es qu’une ordure Noah. Ca s’fait pas ces choses là, t’as joué avec moi ! Ca m’dégoute. Tu m’dégoutes et putain c’que j’regrette !
Regretter ne servait malheureusement plus à grand-chose au jour d’aujourd’hui mais Morgan le lui faisait savoir quand même. Evidemment, il savait que son ennemi s’en moquait éperdument mais pourquoi retenir des mots qui ne demandaient qu’à sortir ? Depuis des mois déjà, le styliste vivait avec cette envie de retrouver le garçon pour lui dire sa façon de penser. Maintenant qu’ils étaient réunis, Aileen allait pouvoir trouver satisfaction.
La haine. Beaucoup de personne ressentait ce sentiment à l’égard du jeune écrivain. Comment Noah réagissait-il face à cette rancœur ?? Avec le temps, il s’y habituait. Ces regards noirs lancés par des personnes que Noah connaissait parfois à peine devenaient de plus en plus quotidiens. Au début, le jeune homme réagissaient mal. Il lui fallut le soutient de ses amis pour ne pas se dire que personne ne l’aimait et qu’il ne servait à rien. Avec le temps, cet être fragile s’était endurci. Face aux insultes que lui lançaient ennemis, Noah demeurait serein, ne prêtant aucune attention aux paroles des blessantes. Beaucoup pensait que son cœur était devenu pierre. Mais seules quelques personnes savaient que Noah était toujours resté le même. Aussi protecteur et marrant qu’avant. Seulement, n’a-t-on jamais dit qu’une personne était dotée de plusieurs facettes ?? Noah en faisait partie. Aux yeux de tous, c’était un manipulateur, sans cœur et obstiné. Mais au plus profond de lui, c’était quelqu’un de charmant et d’aimable. Dommage que de nombreuses ne connaissaient que la première facette. Ils auraient une vision tout autre de ce jeune homme.
Noah regarda Morgan dans les yeux. En voilà un qui détestait au plus au point le jeune O’Sullivan. Il lui faisait un peu penser à son meilleur ami d’avant. Matthew… La première personne qu’avait trompé Noah et d’une façon des plus radicales et sadiques. Embrasser la petite copine de son meilleur ami juste sous ses yeux. C’est ainsi que Noah brisa cette si belle amitié. Une amitié que Matthew croyait vraie et indestructible. Une amitié basée sur un flot de mensonge pour Noah. « Tu n’es qu’un salaud… » Sa voix remplie de tristesse et de colère raisonnait encore dans la tête du jeune homme. Il n’avait que quatorze quand cela c’était passé. Quatorze ans… Et pourtant, tout était si clair et réel dans son esprit, qu’il avait l’impression que c’était hier. Il lui suffisait de fermer les yeux pour revoir le visage effondré de son meilleur ami. Sentir le doux parfum d’Eva, la petite amie de Matthew. Ce fut sa première nouvelle. Celle qu’il considérait comme un chef-d’œuvre.
-Bonne surprise ? J’aurais pas dit mieux. La dernière fois qu’on s’est vu, j’avais pas bu non. J’crois pas… J’aurais mieux fait tu m’diras… parce que j’ai jamais couché avec un mec qui baisait aussi mal. Et ça, tu as oublié de l’écrire dans ta nouvelle.
Noah ne put s’empêcher de rire en entendant ses paroles marquées de haine et de colère. Cette situation le faisait bien rire. Le jeune homme le regarda en haussant un sourcil. Baiser aussi mal ?? Mais d’où est-ce qu’il sortait ça ? Ce n’était pas lui qui avait l’air épanoui le lendemain matin quand Noah était parti en coup de vent ? Baiser aussi mal… On aura tout entendu. Mais en fait, Noah n’était pas très étonné de ce genre de réaction. Il est vrai que quand la rancœur nous consume peu à peu, il arrive parfois de sortir des choses totalement absurdes.
- C’était la première fois que j’couchais avec un mec, normal que j’suis pas habitué. Par contre, va demander à la première fille que tu croises en boîte et elle te dira qu’avec moi, c’est le septième ciel garanti, rétorqua-t-il une once de défi dans la voix. Et ne vient pas dire que ça ne t’as pas plu. Ca se voyait sur ton visage quand j’ai quitté la chambre, finit-il en lâchant un petit rire.
Noah ferma les yeux profitant de cet instant. S’il était fier de rabaisser Morgan ? Sans aucun doute. Il le cherchait. Soudain, le jeune homme sentit une pression sur son cou. Il ouvrit subitement les yeux. Morgan le tenait par le col et le fixai droit dans les yeux. Noah sourit, ironique. Son ennemi posa son genou sur ses parties intimes et n’hésita pas à s’appuyer dessus. L’écrivain resta impassible même si à l’intérieur, il hurlait de mal.
-Tu t’rends pas compte hein ? T’es qu’une ordure Noah. Ca s’fait pas ces choses là, t’as joué avec moi ! Ca m’dégoute. Tu m’dégoutes et putain c’que j’regrette !
Noah le regarda dans les yeux. Une ordure… Encore des mots qui ne faisaient plus rien à celui-ci. Il avait tellement l’habitude. Ca en devenait lassant. Noah se mordit la joue intérieurement tentant tant bien que mal d’estomper la douleur. Il sourit de plus belle. Il voulait chercher Morgan, autant continuer.
- Une ordure ?? J’ai déjà entendu mieux, mais bon, merci quand même. Ca fait toujours plaisir.
Morgan desserra les poings. Noah en profita pour le pousser. Ce fut un grand soulagement pour ses bijoux de famille. Il soupira. Il épousseta son pantalon, massant quelque peu ses parties intimes et frotta ensuite ses mains. Il vint se mettre en face de lui. Noah n’avait pas peur. Il savait se défendre. Que se soit en parole, comme aux mains. Il plongea son regard de braise dans celui de Morgan. Les choses commençaient à devenir sérieuses. Noah ne s’était jamais auparavant autant intéresser à une personne qui le détestait autant.
- Tu regrettes ?? Pauvre petit chou. Je peux rien pour toi. Au moins, ça t’apprendra à ne pas tomber aussi facilement dans les bras d’un inconnu. La prochaine fois, tu y réfléchir à deux fois avant de répondre aux avances d’un mec.
Noah le regarda toujours aussi serein que d'habitude. Qu'est-ce qu'il aimait mettre les gens en colère. Et ce n'est pas aujourd'hui qu'il était déçu. Au contraire...
En y repensant, Morgan se demandait comment est ce que Noah faisait pour agir d’une telle façon. Cela se voyait qu’il n’avait aucun scrupule à agir comme le pire des salauds mais au fond, n’éprouvait-il réellement aucun remord ? Ne regrettait-il jamais ? L’androgyne ne serait jamais capable de telles choses mais malheureusement, tout le monde n’avait pas sa gentillesse ni sa bonté. Jamais Morgan ne pourrait faire de mal à quelqu’un qui ne le mériterait pas… En revanche, son ennemi méritait de souffrir aussi fort que lui. Faire confiance n’était pas une chose facile ; cela prenait du temps. Néanmoins, Morgan était un garçon qui s’attachait facilement et malheureusement, cela ne joua pas en sa faveur lorsqu’il avait rencontré Noah. C’était un soir dans une soirée très agitée. Evidemment, l’androgyne n’avait pas bu énormément mais assez pour être très joyeux et se laisser influencer. En temps normal, il ne couchait pas dès le premier soir, et encore moins avec le premier venu mais ce jour là, il devait avoir besoin d’affection… O’Sullivan s’était montré persuasif et avait utilisé des mots qui ne laissaient sans doute personne indifférent. Et pourquoi Morgan serait différent des autres de ce côté-là ? Comme beaucoup, il s’était fait avoir et n’avait pas dit « non » aux douces propositions du garçon. La suite, tout le monde l’a connait désormais. Les deux jeunes gens s’étaient rendus à l’hôtel le plus proche et avaient couché ensemble une bonne partie de la nuit. Et qui aurait cru que tout cela n’était qu’un jeu ?
Enervé au possible en revoyant les images devant ses yeux, Morgan appuya un peu plus sur les parties intimes de Noah et fronça les sourcils. Son visage le rendait fou de rage et il se demandait encore comment il faisait pour ne pas se jeter sur lui et lui faire ravaler son arrogance.
- C’était la première fois que j’couchais avec un mec, normal que j’suis pas habitué. Par contre, va demander à la première fille que tu croises en boîte et elle te dira qu’avec moi, c’est le septième ciel garanti. Et ne vient pas dire que ça ne t’as pas plu. Ca se voyait sur ton visage quand j’ai quitté la chambre.
Noah voulait-il vraiment ne plus avoir de parties sensibles ? Morgan était en train de lui écraser littéralement. Ses mots lui faisaient du mal autant qu’ils l’énervaient. Le brun soupira silencieusement et regard ailleurs le temps de se calmer. Décidemment, il ne comprendrait jamais pourquoi est ce que l’écrivain agissait comme ça et surtout, pourquoi il ne prenait pas la peine d’au moins d’excuser. Certes, ce serait un geste inutile mais cela permettrait aux gens de se rendre compte qu’il éprouvait quelques remords… Soit. De toute façon, l’allemand ne le comprendrait jamais.
-J’en ai rien à foutre Noah. Couche avec qui tu veux ça m’est égal…, répondit-il en soupirant légèrement. J’ai eu ta première fois ? Bah dis donc… Enfin j’suis sur que comme tout le reste, ça n’a absolument aucune importance pour toi.
Exaspéré, Morgan relâcha doucement son ennemi et glissa une de ses mains vernie dans sa propre nuque. En réalité, il avait imaginé un tout autre scénario pour ces retrouvailles. Il aurait préféré que Noah soit plus compréhensif, que l’un comme l’autre ne soit pas à deux doigts d’en venir aux mains pour calmer leurs nerfs. Malheureusement, Morgan commençait à perdre son sang froid et cela ne fit qu’empirer quand il sentit Noah le repousser, le faisant alors atterrir sur les fesses.
- Une ordure ?? J’ai déjà entendu mieux, mais bon, merci quand même. Ca fait toujours plaisir.
Morgan posa ses mains de chaque côté de son propre corps et se redressa de façon à pouvoir se remettre accroupi face à son ennemi. Ce dernier avait de nouveau osé le toucher -et pas pour un geste tendre-, accentuant alors sa haine.
- Tu regrettes ?? Pauvre petit chou. Je peux rien pour toi. Au moins, ça t’apprendra à ne pas tomber aussi facilement dans les bras d’un inconnu. La prochaine fois, tu y réfléchir à deux fois avant de répondre aux avances d’un mec.
Non mais je rêve, c’est de ma faute maintenant ?!, pensa Morgan en fronçant les sourcils. Enervé au possible, l’androgyne se redressa et souffla profondément, bien que cela ne servit absolument à rien. En effet -et ne pouvant s’en empêcher-, il leva sa fine main et l’abattit fortement sur la joue de son ennemi, provoquant un « clac » qui raisonna longuement dans ses oreilles. Puis, soulagé qu’à moitié, le styliste se massa la paume en rétorquant d’une voix sèche.
-T’as qu’à insinuer que j’suis une trainée, j’te dirais rien !! T’es vraiment irrécupérable ma parole ! Et ne t’avise plus d’me toucher ou ça ira vraiment mal.
Hormis quelques rires, qu’allait-il obtenir ? Morgan savait très bien que Noah jouait sur l’arrogance pour l’énerver et le pire, c’est que cela fonctionnait très bien.
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