Hazel aurait dû se douter que ça arriverait un jour et pourtant, trouver Noah sur le pas de sa porte la prenait de court au point qu’elle en avait maintenant le souffle coupé. Rapidement, l’australienne s’était rapprochée de sa fille dans un geste qui se voulait protecteur et marquait une certaine distance de sécurité avec Noah, comme si elle avait peur de ce qu’il lui ferait si jamais Hazel lui refusait Alexis. Noah n’avait jamais montré une once de violence, mais la hantise de se voir retirer sa fille, surtout à cette période de sa vie, l’angoissait au plus haut point. Elle avait eu mal. Mal comme seul l’amour peut vous faire souffrir. Hazel avait rejeté Noah sous l’effet de la colère et en pensant que cette décision de rompre leurs fiançailles et de l’éloigner d’Alexis l’obligerait à se battre pour les récupérer toutes les deux, mais il était partie sans dire un mot et l’australienne en avait conclu qu’il avait préféré choisir les antidouleurs plutôt que sa famille. Rongée par la culpabilité et inquiète du sort de celui qu’elle aimait toujours malgré tout, la jeune femme n’avait cessé de penser à lui et de se raccrocher à l’idée qu’il lui enverrait de ses nouvelles voire même un avocat pour se disputer la garde de leur fille : n’importe quoi du moment qu’elle le sache vivant. Suite à ce silence radio, Hazel avait finalement décidé de tourner la page et de se reconstruire, l’un de ses collègues lui avait même tapé dans l’œil, mais l’annonce de sa maladie et le fait d’apprendre que l’accident avait sûrement été causé par sa faute l’avait incité à rendre les armes. Debout face à lui, Hazel essayait de se donner l’image d’une femme forte, dissuasive et indépendante, mais l’on devinait aisément qu’elle était plus intimidée qu’autre chose. C’était l’effet que Noah exerçait sur elle avec un simple sourire ravageur… Elle eut même l’impression de sentir son cœur défaillir lorsqu’il posa ses yeux sur Alexis pour la deuxième fois de son existence. « Bonjour Hazel… N’aies par peur. Je ne suis pas venu t’arracher Alexis… Je suis juste venu pour vous voir… Toutes les deux… ». La chirurgienne se mordit légèrement la lèvre et, après quelques secondes d’hésitation, se décala pour l’autoriser à se pencher au-dessus du landau pour l’apercevoir. « Elle est magnifique… Elle te ressemble énormément. Durant ta grossesse, j’ai espéré qu’elle soit aussi belle que toi. Je ne suis pas déçu, pas du tout. ». Hazel accueillit le compliment par un petit sourire réservé et sentit le rouge lui monter instantanément aux joues, comme à chaque fois qu’on la complimentait. Le fait que le compliment venait tout droit de son ex-fiancé lui provoqua un agréable pincement au cœur. Elle se retint cependant de lui dire que, pendant toute sa grossesse, Hazel, quant à elle, avait espéré que Noah se soigne. « Dis-moi Hazel, est-ce que tu me permettrais d’entrer et de la prendre ? ». Cette requête obligea la jeune femme à redresser vivement la tête pour jauger la sincérité de Noah. Il parlait posément, poliment et semblait vraiment heureux de les retrouver toutes les deux, mais ce qui l’intéressait était de savoir s’il était toujours sous l’emprise de la drogue ; ses yeux scrutèrent alors aussitôt le visage du basketteur et, ne décelant aucun défaut pupillaire. L’australienne constata même qu’il semblait être en meilleur forme qu’elle et qu’il était toujours aussi charismatique, elle finit par acquiescer d’un signe de tête pour lui donner son accord. Hazel passa alors devant Noah pour déverrouiller la porte avant de l’ouvrir et de l’inviter à entrer pendant qu’elle poussait le landau à l’intérieur. « Ne fais pas attention au désordre, je n’ai pas eu le temps de ranger. » s’empressa-t-elle de se justifier comme si elle craignait que Noah ne se serve de son manque de sa petite négligence pour en réclamer la garde exclusive devant un juge pour enfants. « Installes-toi, je reviens dans quelques minutes. » ajouta-t-elle avant de prendre sa fille et de disparaître dans la salle de bain pour la déshabiller et lui changer sa couche. Hazel revint quelques instants plus tard, sa fille dans les bras et, après un nouveau temps de réflexion, plaça doucement Alexis dans les bras de son père. « Je te la laisse le temps de lui préparer son biberon. Je te sers quelque chose ? » demanda-t-elle poliment bien qu’avec une certaine réserve envers Noah.

Dos tourné à Noah pendant qu’elle préparait le biberon d’Alexis, Hazel ferma les yeux et poussa un léger soupir totalement inaudible en se retenant tant bien que mal de verser quelques larmes. La présence d’ex-fiancé faisait ressortir de vieux souvenirs qu’elle avait préféré refouler pour ne plus penser à lui et à la peine qu’avait occasionnée son départ. Départ dont elle était la responsable principale. Elle faisait de son mieux pour maîtriser ses émotions, pour ne pas que Noah y voit une marque de faiblesse exploitable pour la faire de nouveau tomber dans ses filets. Par chance, Noah était beaucoup trop occupé avec sa fille à qui il murmurait de douces paroles. Hazel se risqua alors un regard vers eux et ne put s’empêcher de sourire douloureux devant ce tableau dont elle avait rêvé à maintes reprises. Elle semblait enfin prendre conscience que Noah tenait Alexis dans ses bras pour la première fois et s’en voulut de l’avoir ainsi chasser de la vie de sa fille, mais elle ne pouvait pas se permettre de vivre sous le même toit qu’un drogué, certainement pas avec un bébé. « Le véritable responsable, c’est lui. » pensa-t-elle pour se convaincre et se rassurer. C’est d’ailleurs sur cette pensée que la jeune femme se tourna vers son ex-fiancé qui s’empressa de lui dire : « Je connais parfaitement ce regard que tu as posé sur moi dehors.. tu me regardes encore avec les mêmes yeux, recherchant le moindre signe qui pourrait te faire penser que je continue de me shooter. Mais c'est révolu. je ne touche plus aux antidouleurs même si j'ai mal. Je me suis battu pour ma fille pour m'en sortir. Je ne voulais pas qu'elle me voit comme un toxicomane qui n'a jamais su s'occuper d'elle. Je veux être son père, celui dont elle sera fière et dont elle parlera à ses copines comme était son héros. C'est cette vision là que je veux donner à ma fille. Alors arrête de me regarder comme si j'étais encore ce monstre responsable de l'accident de voiture Hazel.. S'il te plait. T’imagine pas comme ca fait mal de te voir avec ce regard… ». Hazel cessa immédiatement de secouer le biberon de sa fille en pouffant d’un rire nerveux avant de se passer une main sur son visage déformé par la fatigue et la colère. « Je sais bien que c’est moi qui t’aies chassé de nos vies : j’avais mes raisons et j’espérais que ça te fasse réagir, mais au lieu de ça, tu es partie sans rien dire et sans donner de nouvelles ce qui m’a laissé tout le temps d’imaginer toutes sortes de scénarios : je pensais que tu avais choisi les painkillers plutôt que ta propre famille. Je suis contente que tu aies vaincu ton addiction et qu’Alexis puisse avoir son père auprès d’elle, sincèrement… Cependant, j’ai encore tous ces mauvais souvenirs de cette période et je ne me sens incapable de te regarder autrement… C’est trop tôt. Il me faudra du temps avant d’apprécier tes efforts à leurs justes valeurs et te refaire confiance de nouveau. » dit-elle en le contournant pour venir prendre le bavoir qu’elle avait posé sur la table basse avant de l’enfiler autour du cou de leur petite fille. « En attendant, je te laisse donner le biberon à ta fille. Ce sera déjà un bon début. ». Sur ces mots, elle lui tendit le biberon avec un petit sourire réservé.

« Tu peux me donner l’adresse de ta nourrice ou de la crèche ou tu déposes la petite ? J’irais la voir là-bas la prochaine fois. Je ne tarderai pas. Je lui donne son biberon et je m’en vais. ». Hazel se mordit la lèvre ; elle était un peu désolée de la tournure que prenait leur relation, mais cette situation était plus que nécessaire. Si elle avait rejeté Noah à la naissance d’Alexis, c’était pour que ce dernier puisse prendre conscience de son état de santé et le fait qu’il disparaisse sans laisser de messages l’avait profondément blessé. D’un côté, Hazel ne voulait pas qu’il parte parce qu’elles avaient besoin de lui, mais de l’autre, la jeune femme ne se sentait pas encore totalement en confiance pour lui permettre de rester. « On passe nos journées ensemble à la crèche de l’hôpital, à cause de l’accident je n’ai plus le droit d’opérer pour l’instant alors le directeur de l’hôpital m’a nommée responsable.... » expliqua-t-elle avec une pointe d’amertume parfaitement détectable dans la voix. L’australienne aimait les enfants, c’était d’ailleurs ce qui l’avait aidé à choisir sa spécialité de chirurgie, mais son travail de ‘babysitter’ ne lui procurait pas les mêmes sensations qu’être dans un bloc-opératoire. Tout ceci s’était passé à cause d’un accident de voiture. Un accident de voiture qui avait été causé par sa faute et dont elle avait longtemps tenu Noah pour responsable. Hazel se demandait si elle arriverait un jour à lui annoncer la découverte de sa tumeur. Tandis qu’il relevait la manche pour donner le biberon à Alexis, Hazel put voir son tatouage et en comprit aussitôt la signification, ça ne l’aida pas vraiment à se sentir mieux. Bien sûr, elle était rassurée de voir que Noah pensait toujours à elles, la blessure n’était pas totalement cicatrisé. Un sourire aux lèvres, la jeune femme observa la scène entre un père et sa fille avec une pointe de mélancolie et le laissa reposer Alexis dans son parc après qu’elle eut digéré son biberon. « Tu penses me connaitre Hazel, mais tu ne me connais pas. Je ne suis pas faible. J'avais mes raisons pour ne pas essayer de reprendre contact avant aujourd'hui. Je voulais d'abord que tu sois heureuse, ce jour là tu semblais tellement certaine de ton choix que je n'ai pas essayé d'en savoir plus. Je m'en voulais et je savais que tout ça c'était ma faute. Deuxièmement, j'ai été enfermé pendant six mois dans un centre de désintoxication parce qu'au cas ou tu accepterais de revenir sur ta décision, je voulais être un père et un mari et pas simplement un toxicomane accro aux antidouleurs. J'aime ma fille et je ne l'aurai jamais exposé à un quelconque risque si tu m'avais laissé l'occasion de la voir. Je suis resté six mois enfermé dans une petite chambre avec pour seule divertissement, des revues, une minuscule télé à 6 chaines et ta photo. Je n'avais rien d'autre, ni visite, ni lettres, ni internet, rien. C'était une prison. Je ne pouvais sortir que dans un petit jardin fermé et encore quand je ne passais pas quelques jours à l'infirmerie parce que j'avais eu l'imprudence de raisonner des hommes sur leur nouvelle consommation d'héroïne. Je suis sortis de là avec des cicatrices mais bel et bien clean. Alors si tu pouvais juste me regarder comme un homme, comme un être humain, tu cesserai une douleurs qui me ronge encore à ce jour.. Merci de m'avoir permis de la revoir et de te revoir. Prends soin de toi et repose toi un peu plus. Tu vas finir par tomber de fatigue. ». Durant tout son discours, Hazel s’était mordue la lèvre et avait pu sentir son cœur se presser douloureusement dans sa poitrine. Si elle n’avait pas fait preuve d’une certaine réserve, elle lui aurait probablement sauté au cou ! Ses mots la touchaient, la clouait sur place et elle sentit même les larmes se dresser sur ses yeux couleur caramel. Elle était soulagée d’apprendre qu’il avait finalement choisi la famille et non pas les médicaments comme la jeune femme l’avait longtemps cru. L’australienne s’autorisa même à clore les paupières pour apprécier la douceur des lèvres de son ex-fiancé sur son front, laissant même échapper un soupir de bien-être qu’elle n’avait pas connu depuis de longs mois, mais en rouvrant les yeux, elle eut la surprise de voir que Noah s’éloignait déjà. « Oui, mais tu aurais pu me prévenir ! Je t’ai même imaginé mort ! En tout cas, je suis vraiment contente que tu t’en sois sortie. » dit-elle, sur un ton de voix instable et fébrile. « Tu ne m’as pas dit ce que tu faisais maintenant. Tu t’es installée à New York, tu as un travail ? » le questionna-t-elle, curieuse, juste pour s'assurer qu'il avait au moins un endroit où dormir sans pour autant l'inviter à rester dans son appartement.

Face à Noah, l’australienne ne pouvait pas s’empêcher d’être quelque peu distante parce que le voir ne faisait que ressasser des souvenirs vieux de six mois, les derniers qu’ils avaient vécu ensemble. Elle se revoyait encore au volant, criant sur le basketteur dans l’espoir de lui faire entendre raison… puis, plus rien. La jeune femme s’était tout simplement évanouie et leur voiture avait continué sa course dans un ravin avant d’être stoppée par un arbre. Il avait été facile de faire porter le blâme à Noah après ça, mais depuis qu’elle savait que l’accident avait été causé par la perte de connaissance liée à sa condition, Hazel était rongée par la culpabilité, la même que Noah devait ressentir. Elle ne pouvait décemment pas le mettre à la porte, mais si l’australienne n’avait pas été informée de ce ‘petit’ détail, elle l’aurait sûrement fait et pourtant, Noah avait l’air de se porter comme un charme. Il avait presque l’air en meilleur état que pouvait l’être la chirurgienne pédiatrique à l’heure actuelle ; son teint gris et ses traits tirés par l’épuisement ne semblaient trompés personne. Honnêtement, la jeune femme n’était guère surprise que Noah le remarque car il la connaissait mieux que personne et l’avait connu en meilleure forme que ça. « Très bien… Tant pis pour la crèche, je la verrai bien un moment ou un autre. Je suis son père, j’en ai le droit légal. ». Hazel soupira en passant une main sur son visage fatigué. « Même si c’est ce que je t’ai laissé entendre il y a quelques mois, il est hors de question de priver Lexie de son père… mais je veux être sûre de pouvoir te refaire confiance. » répliqua-t-elle, légèrement exaspérée de ne pas réussir à s’exprimer correctement. « Je suis désolé que cet accident ai provoqué ta mise à l’écart. Tu as déjà été écartée durant ta grossesse à cause des risques d’infections et de maladies que tu pouvais transmettre au bébé, encore plusieurs mois c’est difficile à vivre, je m’en doute bien. ». Hazel esquissa d’un maigre sourire et planta son regard noisette dans les yeux bleus de son ex-fiancé qu’elle eut presque l’impression de retrouver avant de détourner quelque peu le regard pour chasser cette pensée de son esprit. Il avait toujours été tellement compréhensif. Elle avait besoin de lui plus que jamais, mais ne pouvait pas le permettre… ou plutôt ne voulait pas se le permettre. Hazel avait peur de souffrir de nouveau et toute cette histoire de tumeur ne l’aidait pas vraiment à tirer ses idées au clair. Cependant, la jeune femme déchanta bien vite lorsque Noah lui reprocha son manque de réactivité. Il fallait bien avouer qu’Hazel ne s’était pas montrée très expressive lorsqu’elle l’avait vu sur le pallier de son appartement, mais il ne devait pas s’attendre non plus à des élans d’affection après des mois de prises de becs sur un sujet aussi délicat que la consommation de drogues. « Tu m'as prise au dépourvu, je ne m'attendais pas à te revoir sur le seuil de ma porte alors arrêtes de faire comme si je ne me souciais pas de toi, tu sais que c’est faux ! Si je t'ai éloigné, c'est pour que prenne conscience de ton état par toi-même... » s’emporta-t-elle en jetant par ailleurs un coup d’œil à sa fille pour être certaine que celle-ci n’était pas totalement à portée de voix. « Je pense que tu as un peu trop idéalisé nos retrouvailles. Certes, je n’étais pas dans ta tête, mais tu n’étais pas non plus dans la mienne ! » dit-elle en passant de nouveau une main sur son visage qui alla terminer sa course dans ses cheveux, comme si elle espérait que ce simple geste suffirait à lui remettre les idées en places. « On a tous eu notre petite bataille à mener, pour ma part, j’ai dû élever notre fille seule pendant 6 mois sans savoir ce qu’il advenait de son père, me battre pour récupérer mon travail, gérer une vingtaines d’autres enfants en plus de la mienne et… ». Hazel cessa aussitôt de parler en s’apercevant qu’elle allait mentionner sa tumeur sous l’effet de l’énervement. « Et d’autres préoccupations quotidiennes… » termina-t-elle simplement. « Alors moi non plus, je ne t’autorise pas à me juger. ». Sur ce, un voile de larmes se dressa d’office sur ses yeux, l’obligeant à lui tourner le dos pendant qu’il se rapprochait d’elle en claudiquant. « Je te souhaite sincèrement de trouver ta voix et si tu veux, tu peux dîner ici ce soir, ce sera l’occasion pour toi de border ta fille. »

Hazel n’avait pas pour habitude de pleurer, mais aujourd’hui, elle accumulait tellement de choses qu’il lui était tout simplement impossible de ne pas craquer ; l’australienne était à bout, tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel. Noah avait rapidement constaté que quelque chose n’allait pas et s’était empressée de la rejoindre pour la réconforter comme avant tandis que la jeune femme restait immobile, aux prises avec son propre esprit. Une partie d’elle voulait fuir, mais une autre ne souhaitait qu’une chose : retrouver le confort de ses bras. Il se contenta simplement de poser une main sur son épaule, mais ce simple geste suffit à la faire frissonner. Il s’excusa aussitôt de ne pas avoir cherché à comprendre le point de vue d’Hazel, mais lorsqu’il affirma être responsable de l’accident de voiture qui avait failli leur coûter la vie à tous les trois, l’australienne sanglota de plus belle, rongée par la culpabilité. Elle n’osait pas encore lui dire ce qu’il s’était réellement passé parce que cela ne faisait que mettre en évidence ce problème de santé que la jeune femme niait depuis qu’elle en avait eu connaissance sûrement par crainte de ne plus jamais pouvoir opérer. Noah voulait bien faire, mais, inconsciemment, il faisait pire que mieux et lorsqu’il mentionna son métier de chirurgienne, Hazel sanglota de plus belle. C’est alors que le sportif l’obligea à se tourner vers elle, saisit son menton et plongea ses yeux dans les siens, baignés de larmes. Malgré toute la volonté du monde, il lui fut incapable de décrocher son regard de celui de Noah, toujours aussi envoûtant et il parvint même à la faire sourire disant qu’il avait peut-être perdu de son charme. Certainement pas. Son ex-fiancé était toujours aussi séduisant et romantique, c’était bien là le problème ! Hazel était sur le point de rassembler ses forces pour le repousser un minimum lorsque ses mains chaudes réchauffèrent les siennes et qu’elle ne se retrouver tout contre lui sans avoir eu le temps de préparer la moindre défense. Elle clôt les paupières et se laissa faire, totalement à sa merci. Les mots qu’il prononça ensuite ? Hazel pouvait en dire autant et poussa un long soupir. Elle fut cependant forcée d’ouvrir les yeux en sentant une goutte d’eau salée s’écraser sur sa peau et constata que Noah versait lui aussi quelques larmes qui lui brisèrent le cœur. Puis, sans qu’elle ne s’y attende, ses lèvres se posèrent sur les siennes pour un baiser mêlant passion et frustration auquel Hazel ne put s’empêcher de répondre. Son cœur était devenue soudainement beaucoup plus léger et après une longue minute intense, l’australienne posa délicatement sa main sur la joue de Noah pour écarter son visage du sien, le souffle court. « Si tu veux que je parte et que je ne t'importune plus, dis le moi parce que tant que tu ne me diras pas de vive voix qu'il n'y a plus rien entre nous, je ne partirai pas. Je veux bien rester border la petite mais je préfère préparer le souper si tu veux bien. Tu es brulante, tu dois avoir de la fièvre et tes mains sont glacées.. Je ne sais pas ce qu'il se passe mais je déteste te voir si fatiguée alors couche toi et laisse moi m'occuper de tout. Fais moi confiance l'espace de trois petites heures et je te prouverai que tu pourras toujours avoir confiance en moi… ». Maintenant qu’il l’avait pris dans ses bras, qu’il l’avait embrassé comme il venait de le faire, Hazel se sentait incapable de le laisser repartir alors qu’elle avait besoin de lui. Il semblait d’ailleurs l’avoir compris. « Non. » lâcha-t-elle simplement, encore dans un état second. Cet état cotonneux dans lequel on se retrouve après une telle sensation de bien-être. Ca lui avait tellement manqué… C’est en voyant le visage de Noah qu’elle sembla prendre conscience de ce que ce ‘non’ représentait sans doute pour lui et ferma les yeux en secouant la tête de gauche à droite. « Je veux dire… Tu es mon invité, je n’ai pas l’intention de te laisser cuisiner, mais on peut toujours commander si tu veux. Là par contre, je te laisse téléphoner, je vais… je vais m’asseoir un moment. » dit-elle dans un petit sourire, lui faisant ainsi comprendre de manière implicite qu’elle s’autorisait de nouveau à lui faire confiance. Puis se sentant pâlir de plus en plus, Hazel s’éloigna pour venir s’allonger sur son canapé en velours tout en gardant un œil sur Noah, mais plus les minutes s’écoulaient et plus ses paupières se faisaient lourdes…

Hazel avait essayé de lutter, en vain. C’est assommée par la fatigue cumulée pendant des mois que la jeune femme s’était endormie dans son canapé en velours qui, bien que confortable, ne valait pas son lit. lle avait voulu rester éveillée, profiter des retrouvailles entre un père et sa fille et voir avec quel soin Noah s’occupait d’Alexis, cependant Morphée semblait avoir gagné la bataille. Si elle tenait tant à surveiller son ex-fiancé, ce n’était pas seulement à cause de son passé de drogué, mais pour s’assurer que tout ceci n’était pas un mirage qui disparaîtrait à son réveil. Il lui manquait. Hazel en avait pris conscience lorsqu’il l’avait serré tout contre lui et lorsque ses lèvres avaient touché les siennes. Noah avait toujours été son grand amour, mais ses dernières actions en date avaient obligé Hazel à mettre ses sentiments de côtés pour préserver la vie de sa fille et elle était soulagée que Noah ne lui en tienne pas rigueur. Il avait certes été déçu de la réaction de l’australienne, mais s’était rapidement excusé lorsque la chirurgienne en pédiatrie lui avait avoué ce à quoi se résumait sa vie dernièrement. Elle passait ses journées dans le bruit du matin jusqu’au soir et était régulièrement réveillée en pleine nuit par Alexis qui réclamait son biberon, alors forcément, le fait que Noah s’en occupe l’avait soulagé au point que la jeune femme s’était endormie paisiblement. Hazel dormait à présent d’un sommeil si profond qu’elle n’entendit pas le livreur et ne sentit pas non plus que son ex-fiancé l’avait porté pour la mettre dans son lit, mais accueillit cependant son matelas avec un petit gémissement de contentement avant de sombrer de nouveau. C’est après une nuit des plus salvatrices qu’Hazel ouvrit enfin les yeux avec un sourire béat peint sur le visage ; elle se sentait déjà beaucoup mieux. Petit à petit, son esprit s’éveillait et, soudain, l’australienne se redressa d’un geste vif. « Lexie ! » s’exclama-t-elle, complètement paniquée. C’était bel et bien la première fois que sa fille ne la réveillait pas en pleine nuit et elle se demanda même l’espace d’un instant si Noah n’en avait pas profité pour quitter l’appartement en douce avec leur fille pendant que son ex-fiancée dormait à poings fermés. Une bouffée d’angoisse s’empara de la jeune femme qui s’empressa de quitter son lit pour gagner le salon, mais une délicieuse odeur de pain vint lui chatouiller les narines et elle sût aussitôt que Noah avait passé la nuit ici. Soulagée, la jeune femme se pinça l’arrête du nez pour se réveiller et profita d’un passage près d’un miroir pour se reconstituer un visage. Même s’il n’était plus ensemble, inconsciemment Hazel continuait de prendre soin de son apparence physique pour lui. Beaucoup moins cernée que la veille, la jeune femme pénétra dans la cuisine et adressa à Noah un petit sourire gêné. « Salut… » lança-t-elle dans un murmure avant de s’intéresser à ce qu’il cuisinait et fut ravie de constater qu’il s’agissait de pain perdu. Hazel en salivait déjà rien qu’à l’odeur et à la vue des tranches légèrement dorées. « Désolée pour hier soir, j’étais plus fatiguée que je ne le pensais. Merci d’être resté pour t’occuper d’Alexis et… du petit-déjeuner. » ajouta-t-elle en s’intéressant cette fois-ci au bébé qu’elle couvrit aussitôt de baisers, la faisant sourire. Son regard s'arrêta ensuite sur le mot que Noah avait laissé avant de partir et qu'il avait oublié de jeter en revenant.

Contrairement à Noah, Hazel n’avait pas remarqué tous ces changements qu’elle avait pu subir en l’espace de 6 mois ; elle flottait dans ses vêtements, mais semblait ne pas s’en rendre compte et pourtant, l’amincissement était assez conséquent après sa grossesse. Jusqu’à présent, personne ne le lui avait fait remarquer, personne n’avait tiré la sonnette d’alarme et le fait que Noah le souligne semblait avoir fait son petit bonhomme de chemin. En baissant les yeux sur son corps, Hazel prenait conscience de l’urgence de la situation. L’australienne ne pouvait pas ignorer cet état de fait plus longtemps : il était vraiment temps pour elle de cesser toute activité et de s’intéresser à sa santé si elle voulait voir sa fille grandir. La jeune femme préférait voir la présence de Noah comme un signe, elle lui avouerait tout, mais attendrait encore quelques jours le temps de se faire à cette nouvelle situation assez étrange et dérangeante pour Hazel. Malgré ses années d’études et le fait qu’on l’ait préparé à aborder la maladie avec ses patients, il lui semblait particulièrement difficile de mettre son savoir-faire à profit auprès de Noah. Pour l’heure, elle profitait du spectacle et admirait le comportement de Noah face à sa fille ; Hazel en était littéralement soufflée. Pour quelqu’un qui s’était vu privé de Lexie à la naissance, il se débrouillait sacrément bien et elle envisagea même la possibilité de lui en laisser la garde le temps de l’opération plutôt que de la confier à Kiara. Non pas qu’elle n’avait pas confiance en son amie, bien au contraire, cependant l’aveu que la philippine lui avait fait lorsqu’elles s’étaient rendues dans le Kentucky l’avait un peu refroidie. Hazel craignait de remuer un peu plus le couteau dans la plaie et ce n’était certainement pas son intention. « Eh bien, tu es très observateur. Je suis admirative, vraiment. Avant que je ne tombe enceinte, j’avais un peu de mal à te visualiser avec un enfant dans les bras – peut-être à cause de ta carrière de sportif - et là, regardez-vous tous les deux, vous êtes mignons… Tu as su me prouver que j’avais tort. » dit-elle, un sourire aux lèvres avant de faire quelques grimaces pour faire rire Lexie. « Et puis, j’avais oublier à quel point c’est agréable de se reposer sur quelqu’un, merci pour ces quelques heures de répit. Je me sens déjà mieux. » assura-t-elle en plongeant son regard noisette dans les yeux bleus de Noah et se sentit aussitôt rougir en repensant à leur baiser de la veille. Gênée, Hazel se râcla la gorge et continua de savourer tranquillement son petit déjeuner – engloutir semblait être le terme le plus adapté – et fut barbouillée de sucre un peu partout tandis que Noah se vantait d’être devenu un bon cuisinier. « Vraiment ? Monsieur serait passé maître dans l’art de la cuisine ? Va pour le dîner ! Tu as titillé ma curiosité… et ma gourmandise. En tout cas, c’est vraiment délicieux ce que tu as préparé… Pour ma part, ça fait des mois que je n’ai pas touchés à la cuisinière. C’est dommage, c’est une cuisine à la pointe de la technologie qui devrait ravir la ménagère que je suis, mais je n’ai plus trop le temps pour ça et puis, avec Lexie qui mange des petits pots… » dit-elle, faisant comprendre qu’elle se contentait à présent de petits repas pris sur le pouce qui n’avaient rien d’équilibrés. « Tu vas venir un jour chez papa hein mon bébé ! Comme ca maman pourra se reposer enfin & reprendre des forces pour parvenir à pardonner papa pour ses bêtises. ». Hazel cessa alors de grignoter son pain perdu pour observer Noah qui lui souriait et, après un moment d’hésitation, lui sourit à son tour. « Et comment tu comptes t’y prendre pour m’appâter, Mr Hemingway ? » dit-elle, affichant un air mutin.