New York, ou encore NYC. La capitale du monde, ville la plus peuplée des Etats-Unis d'Amérique avec près de 8 175 133 habitants, sans compter son agglomération il va sans dire. Grand n'est-ce pas ? Certes pas autant que Moscou, mais comparer les deux villes n'est point le but. Zoom. Nous voilà à Brooklyn, le quartier le plus peuplé de la grosse pomme avec 2 508 820 habitants, plus grand que la plupart des grandes villes des USA. Alors... pourquoi, sur 2 millions de personnes, fallait-il que ce soit JUDE qui soit là, ce soir, face à Macha ? La blondinette est le genre de fille à croire au hasard, ou du moins à espérer qu'il existe. Car si rien n'était du au hasard cela signifierait que tout est prémédité, déjà écrit. Comme l'histoire d'un personnage de fiction dont seul l'écrivain détient l'avenir. Dans la vie, l'écrivain serait alors Dieu, en qui Macha n'a jamais crut, refusant dès l'âge de comprendre ce que représentait la religion qu'un bonhomme observe ses moindres faits et gestes du haut de son nuage. Pour elle, ce genre de mec s'apparenterait plus à un pervers pédophile. Pardon aux croyants.

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« ... et c'est comme ça qu'il choisi qui mérite d'aller au Paradis ou en Enfer, en observant les humains tous les jours et si ils font ou non de bonnes actions. » On aurait dit à Macha que dans la forêt près de laquelle vivaient ses grands parents cohabitaient des Licornes et des Centaures et elle y aurait crut. Mais là, c'est tout simplement perplexe qu'elle laissa sa mère quitter sa chambre et éteindre la lumière. Longuement après, les yeux grands ouvert et scrutant les étoiles fluorescentes fixées à son plafond, la fillette repensa à l'histoire que lui avait raconter sa mère. Une histoire faites de Paradis, de Diable, de Serpent, de Pomme qu'on n'aurait pas dû manger, de Marie et Jésus... Tout cela lui paraissait un peu confus. Ce n'était pas une histoire habituelle. Celle-là, on devait y croire paraît-il. Et dire que son père répétait sans cesse qu'il fallait qu'elle cesse de croire aux fées et qu'elle songe à grandir... Alors que lui, il croyait bien en ça ! Bien plus tard dans la nuit, Macha se redressa brusquement dans son lit duquel elle descendit d'un bon avant de courir, sa peluche préférée à la main, dans la chambre de ses parents. Elle sauta sur la couette et remonta à quatre pattes jusqu'à sa mère. Cette dernière ouvrit un oeil tandis que son mari grogna avant de laisser sa tête disparaître sous un coussin, mince tentative de s'isoler pour trouver un peu de sommeil. Entre les deux parents, Nicolaï dormait à point fermé le pouce dans la bouche. « Tu as fais un cauchemar... ? » « Je veux pas que Dieu il me regarde dormir ! »

Mais en ce soir de Juin, aux environs de 19h45 et après une longue journée de travail, en aucun cas le hasard avait sa place dans la rencontre des deux jeunes gens. « Aahh Macha, tu ne pouvais pas mieux tomber. » Le sourire aux lèvres, Jude se dirigea vers l'arrière de la camionette, laissant le temps de quelques secondes à Macha pour l'observer sans être vue. Bel homme, l'allure assurée, un charme certain. C'était ce qui lui avait plu la première fois qu'elle l'avait vu, ici même. La dure journée qu'elle avait eu avant avait alors fait en sorte que l'arrivée du livreur soit vue comme une véritable délivrance.

« Dépêches-toi, j'ai pas que ça à faire. » Mais de l'eau a coulé sous les ponts depuis ce jour, et Macha est désormais méfiante, sachant que trop bien à quel point elle pourrait vite abandonner sa résolution de ne pas lui adresser la parole, d'autant plus lorsque leur boulots sont destinés à les réunir. Il ouvrit les portières et la damoiselle s'avança vers la marchandise. Non pas dans l'optique de l'aider à décharger, il pourrait très bien s'en sortir tout seul, mais pour vérifier qu'il le fasse bien. A la place, il lui tendit un paquet de cigarettes. Après quelques aller retour du regard indécis entre le tabac qu'on lui proposait et la tête de l'offreur, la demoiselle se décida enfin à se servir dans la boite cartonnée, sur laquelle on pouvait voir l'affreuse image d''un poumon disséqué. Ils avaient beau mettre ces images pour combattre le tabagisme, toujours est-il qu'une cigarette est un bon coupe-faim.« Je t'en prends une pour plus tard, mais là je bosse. Toi aussi, d'ailleurs. » Elle lui adressa un regard appuyé, signifiant clairement qu'il avait intérêt à bouger son cul et décharger tout le magot. « Alors … Depuis la dernière fois, tu vas bien ? » Elle leva les yeux au ciel, sachant d'ores et déjà qu'il serait difficile de se débarrasser de lui. D'un côté, elle se sentait flattée d'être... Non. Ca commençait comme ça, et ça finissait sous la couette. Il fallait cesser d'être aussi faible.

Le contact de sa main sur sa peau la fit sursauter. « ça a pas l’air, encore ton patron qui te tape sur le système ? » Aussi vite que qu'il était apparut, le contact se rompit. Macha recula d'un pas et scruta un instant Jude avant de se retourner vers la porte. « Comme si ça t'intéressait vraiment. Allez, grouille-toi d'amener tout ça à la réserve, tu connais le chemin. » Elle ouvrit grand la porte menant au bar et se baissa pour aller chercher dans le sol poussiéreux une pierre assez grosse pour la bloquer. Un dernier regard en arrière pour s'assurer que le bel énergumène suivait le mouvement et elle alla l'attendre dans la réserve. Cet endroit n'avait rien d'agréable, un frigo géant souvent plongé dans le noir et où flottait une odeur de renfermé. Pas sur qu'après avoir visité ça, le Little Brook ait toujours autant de clients. Dès qu'elle vit Jude passer le pas de la porte, elle continua :

« Tu peux poser tout ça par là, puis tu me diras combien je te dois. »