Kali était en train de mourir. Genre, vraiment. Elle avait survécu a beaucoup de choses ces derniers temps : un accident de skate, un vol de voiture… Mais elle n’était absolument pas conçue pour survivre à l’enfer qu’elle était en train de vivre là, maintenant. Le jogging. Cette idée à la con lui venait de Maria. Encore. De toute façon, quand il y avait une idée pourrie, elle venait toujours de Maria. Cette fille avait le chic pour ça. Après avoir voulu caser Kali, elle s’était en plus mis en tête de lui faire faire du sport. C’était insupportable. Bientôt, elle allait même vouloir la faire manger sainement au train où ça allait. Enfin soit, las de l’entendre toujours la pousser à aller courir, Kali avait fini par céder. Et c’était pour ça qu’elle avait quitté l’appartement en tenue de jogging flambant neuve, ce matin. Maria avait voulu venir avec elle, mais Kali, loin d’être folle, avait refusé net. Déjà elle allait courir et n’était pas certaine de revenir en vie alors si en plus, il fallait qu’elle suive une future championne olympique, c’était la mort assurée.

Pendant qu’elle courait, la brune se demandait pourquoi elle courait vraiment. Après tout, elle aurait pu juste faire un tour et rentrer genre, voilà j’ai couru et puis ça aurait été bon. Sa colocataire aurait sûrement mis sa parole en doute et elles se seraient engueulées. Mais ça se passerait exactement pareil là quoi. Elle était en train de penser à ça quand elle ressenti d’un coup une violente douleur dans la cheville droite te qu’elle se retrouva à terre. Ouais, ça, elle ne l’avait vraiment pas vu venir. Elle tenta de se relever et grimaça sous l’effet de la douleur. Elle avait lu quelque part que trop d’exercice pour un corps qui n’y était pas habitué pouvait parfois aboutir à ça. C’était bien sa veine en tout cas. Elle aperçut alors un peu plus loin, la silhouette de quelqu’un qui courait vers elle. Quelqu’un qu’elle avait la désagréable impression de connaître. Désagréable oui. Elle eut l’occasion de comprendre pourquoi elle avait cette sensation lorsqu’elle reconnut Jan, qui était à présent tout près d’elle. Voilà qui était GE-NIAL. Son bonheur était complet maintenant. Il ne manquait plus qu’elle le croise lui pour couronner sa superbe matinée. Elle gardait un très désagréable souvenir de la dernière fois qu’ils avaient eu l’occasion de se croiser. Elle se serait très bien passée de le revoir d’ailleurs. Arrivé à sa hauteur, il s’arrêta et la jeune femme fut contrainte à lui adresser un sourire poli. « Hey. » Ca, c’était un salut qui ne manquait pas de classe. ~

Au fond, il n’en avait rien à faire de savoir qui c’était exactement. Un joggeur reste un joggeur. Souvent ce genre de spécimen voulait se prendre pour un grand athlète et faire son beau devant les plus faibles de siens. Il continua son chemin, à son train. Essayant d’oublier cette grosse masse noire qui se trouvait à terre. Essayer. C’était un bien grand mot cela. Rapidement, il arriva à sa hauteur. Il ralentit petit à petit son allure avant de s’arrêter. Oui, il s’arrêta lorsqu’il se trouva tout juste à côté d’elle. Elle, la joggeuse. Son regard se perdit un instant dans la chevelure en bataille de cette jeune fille. Jeune fille qui n’était autre que… Kaliska. Au fond de lui, il ragea envers lui. Il se demandait bien quelle idée avait-il eu là. Pourquoi s’arrêter. Surtout pour elle. Il aurait pu reprendre sa course, mais c’était trop tard. Elle venait de lui lâcher un salut. Petit mot qu’il crut presque inaudible, tellement la musique cachait la voix de Kaliska. Jan se contenta d’un hochement de tête. Ne voulant pas user de sa salive. Il aurait pu aussi lui demander si ça allait, mais il était persuadé qu’elle lui aurait répondu cyniquement que tout va bien, ou bien quelque comme : « non, tu ne vois pas, je suis là entrain de bronzer. ». Il préféra alors se taire, afin d’éviter toute remarque vexante de Kaliska. Il enleva le casque de ses oreilles et constata qu’elle semblait avoir mal à la cheville. Elle se la tenait douloureusement, sûrement en tentant d’éviter de pleurer sa douleur. Il s’accroupit à sa hauteur. Jan était déroutant dans son lourd silence. Il se disait bien qu’il aurait mieux fait de partir et de la laisser crever sur place. Mais non, il ne pouvait pas. Jan avait vécu des choses bien plus douloureuses et troublantes qu’une pathétique fille tombée pendant son jogging. « Je peux regarder ? » lui demanda-t-il en parlant de sa cheville. Et sans attendre une réponse de la part de la surnommée Kali, il posa sa main sur la cheville qui semblait lui faire mal. Il lui fit faire quelques mouvements et observa les mimiques faciales hurlant à la douleur de Kaliska. « Ca te fait mal quand je fais ça ? » reprit-il. Elle fit un petit signe de la tête, avant de tenter de prononcer un dolent oui. Jan fit un bref signe de la tête, avant de se gratter minutieusement le menton. Réfléchissant à ce qu’il pourrait bien faire pour l’aider. Il n’allait tout de même pas la laisser croupir au beau milieu de l’allée. Même si au fond, il en avait envie. « Tu vas essayer de te lever. D’accord ? » lui dit-il. D’accord ou non, c’était la même chose de toute façon. Jan, le grand sauveur, l’aida alors à se relever. Lui saisissant d’abord la main, puis le bras, puis passant son bras autour de la taille de la jeune joggeuse. Avec peine, elle réussit à se relever. Il lui dit donc de tenter de faire un pas avec sa cheville douloureuse. Quelle idée venait-il d’avoir. Elle grimaça la forte douleur de sa cheville. « Je vais te porter jusqu’au banc. ».

Kali se demanda si elle aurait pu croiser une personne pire que Jan là tout de suite et la réponse lui paraissait évidente. Non. Ce n’était pas que Jan soit désagréable (enfin si, il était un peu). C’était juste qu’il la déstabilisait vraiment. Il avait cette manière d’agir bien à lui, avec ses silences gênant. Kali avait même cru qu’il était un peu attardé mental la dernière fois mais elle avait chassé cette idée. Jan était loin d’être stupide, elle en était certaine. Et puis, ce qu’elle appréciait le moins chez lui, c’était sûrement le fait qu’il pensait déjà tout savoir sur elle par ce que Maria lui avait dit. Comme si c’était possible étant donné que Maria ne savait déjà pas grand-chose sur elle. « Je peux regarder ? » Non, bien sûr que non il ne pouvait pas. La brune voulait juste qu’il continue sa route et elle était persuadée que c’était ce qu’il voulait lui aussi. Elle ne voyait donc pas l’intérêt qu’ils s’embêtent tout les deux quand même. Néanmoins, elle n’eut pas le temps de répondre, il était déjà en train de regarder ‘sa blessure ‘. Elle était persuadée que ce n’était pas grand-chose, elle se faisait toujours des blessures à la con. Cette fois comme les autres, elle s’en remettrait. Et sans avoir besoin de lui. En plus, il lui faisait mal. « Ca te fait mal quand je fais ça ? » La jeune femme hocha la tête mais si elle ne voyait même pas pourquoi il posait la question. Ca devait bien se voir à sa tête non ?

« Tu vas essayer de te lever. D’accord ? » La brune soupira. Il posait encore une question alors que ça laissait clairement entendre qu’elle n’avait pas le choix. Elle n’aurait sûrement pas du se montrer agacée, il lui rendait service là. Mais il ya avait des personnes envers qui elle préférait ne pas avoir à être reconnaissante pour un service. Jan en faisait partie. Il lui avait déjà sauvé la mise une fois, c’était largement suffisant. Il l’aida à se redresser et tenta de la faire marcher après. Elle en était incapable. « Je vais te porter jusqu’au banc. » Cool. Elle hocha encore simplement la tête et le jeune homme s’exécuta. Une fois, arrivé au banc, il installa Kali dessus. « Merci. » dit-elle simplement. Cette fois, il ne pourrait pas la traiter d’ingrate ni rien. « Même si ça me fait chier de l’avouer, j’aurais pas pu me débrouille seule. » Elle était honnête au moins.

Kaliska hocha la tête. Aussitôt, il se saisit de la jeune fille. Elle n’était pas la plus légère, c’était certain. Elle n’était pas non plus la plus grosse. Elle était juste entre les deux, tendant légèrement vers les poids lourds. Afin de ne pas trébucher, elle entoura le cou de Jan à l’aide de ses petits bras. Après avoir fait quelques mètres, sa mule au bout de ses bras, il la déposa doucement sur le banc. Aussitôt, elle le remercia. Ajoutant que même si cela la faisait chier de l’avouer, elle n’aurait pas pu se débrouiller toute seule. Mot pour mot ce qu’elle venait de lui dire. Il lui échangea un bref regard, avant de délaisser la chaussure de la jeune fille. Il la déposa doucement avant une nouvelle fois d’examiner le pied blessé de Kaliska. Pied dénudé de sa chaussette par la suite. Après poser ses autours de sa cheville, il releva la tête vers elle. « Je pense que tu as certainement dû te faire une entorse. Tu risques d’avoir mal pendant quelques jours. » lui dit-il alors. Puis il retira sa main. « Tu auras besoin d’aide pour rentrer chez-toi ? » lui demanda-t-il. Il la voyait mal rentrer chez-elle, à pied, boitant et repliée sur elle tel Quasimodo. Kaliska, la nouvelle Quasimodo. Joli portrait. Central Park et son appartement du côté d’Harlem, ce n’était pas la porte d’à côté. Malgré cela, il se douterait bien qu’elle refuserait son aide. Kaliska était si… prévisible. Prévisible, oui. Il ne la connaissait guère et pourtant du peu qu’on a pu lui dire à son sujet (grâce à Maria-Paz) et de ce qu’il a pu le voir, il était persuadé qu’elle était du genre à vouloir se débrouiller comme une grande, et toute seule, surtout lorsqu’elle n’appréciait pas la personne. Jan attendit sa réponse, s’installant confortablement, sur ce banc. Ce même banc où Kaliska était installée. A l’aide de son tee-shirt, il épongea son front transpirant. A vrai dire, il n’avait pas de serviette, ni rien, à porter de main, il faisait donc avec les moyens du bord, comme certains le diraient. « C’est marrant… on ne m’avait pas dit que tu étais sportive… » lui confia-t-il, un petit sourire se dessinant au bout des lèvres.

[pfiou. c'est tout court et tout nul. ]

Il l’avait porté jusqu’au banc le plus proche sans trop de difficultés. A croire que finalement elle n’était pas SI lourde et énorme que le disait Maria. Assise tranquillement sur le banc, la brune se sentit obligé de le remercier. C’était la moindre des choses, non ? Même si quand il l’avait sorti d’un faux pas un soir dans la rue, elle n’en avait rien fait. Il se mit ensuite à examiner à nouveau sa cheville. « Je pense que tu as certainement dû te faire une entorse. Tu risques d’avoir mal pendant quelques jours. » Il avait déclaré ça comme s’il était un professionnel en la matière et qu’il s’occupait des entorses tous les jours. La brune fronça les sourcils. « Depuis quand tu es médecin ? » Oui parce que bon, elle se permettait de douter un peu de ses compétences en la matière. Et puis, s’il disait vrai, ça ne l’arrangeait pas du tout d’avoir une entorse. Ca n’arrangeait jamais personne ce genre de choses en fait mais là c’était pire. Elle aurait préféré s’être simplement tordue la cheville comme ça et être capable de remarcher dans la demi-heure qui suivait. « Tu auras besoin d’aide pour rentrer chez-toi ? » Non, non et non. Elle ne voulait surtout pas avoir à quémander de l’aide pour rentrer chez elle. En général, elle n’aimait pas recevoir de l’aide de quiconque (même si elle y était souvent contrainte) mais c’était encore pire quand l’aide en question venait de quelqu’un comme Jan. « Je pense que ça devrait aller. » répondit-elle d’un ton poli. Elle s’avançait sûrement un peu beaucoup mais bon.

Jan avait aussi prit place sur le banc et au bout d’un moment, il finit par reprendre la parole. « C’est marrant… on ne m’avait pas dit que tu étais sportive… » La brune aurait pu être froisser par ce qu’il venait de dire. Mais bizarrement, ce ne fut pas le cas. Un sourire se dessina sur les lèvres de la jeune femme. « Tu devrais réviser tes sources vraiment. J’avais déjà remarqué à quel point elles pouvaient être douteuses la dernière fois. » Kali se tut, ce n’était peut-être pas une si bonne idée en fait de mentionner leur dernière rencontre. Elle secoua la tête et reprit la parole. « En fait… Je vais te confier un secret… » Elle baissa la ton pour dire la suite. « Ca doit être la deuxième fois de ma vie que je fais un jogging. » Elle haussa ensuite les épaules. « Tout le monde ne peut pas être un as du sport comme toi. » Et pour montrer qu’elle ne disait pas méchamment ni rien, elle se mit à rire.

« Depuis quand tu es médecin ? ». Ce fut les quelques mots que Kaliska lui lança, peu après qu’il ait fait son novice diagnostic. Bien entendu, n’importe qui aurait pu douter des compétences d’une personne lambda. Jan riait intérieurement. Certes, il n’était pas médecin, il était encore moins étudiant en médecine. Lui, il était juste un type, un arrogant imbécile comme elle avait osé lui dire. Non, en fait, il n’était que soldat. Evidement, son but n’était pas de soigner les individus, c’est juste de sauver des vies. Ce qui est différent. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres de Jan. Ce n’était pas dans ses habitudes d’être souriant, jovial, sympathique, amical, lui, le petit gars renfermé sur lui-même. « Pas besoin d’être médecin pour diagnostiquer ça. Même un imbécile aurait pu t’en dire autant. ». Evidemment, il s’en fichait de savoir si elle le trouvait aussi imbécile comme elle lui avait dit, lors de leur première rencontre. Il s’en fichait totalement de ce qu’elle pensait de lui. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait, après tout ça ne changera rien. Ca ne changera rien de ce qu’il y avait entre eux. A vrai dire, il n’y avait rien. Rien du tout entre eux deux. Il aurait pu ne pas s’arrêter et faire comme si de rien n’était, ça n’aurait rien changé. Mais Jan, malgré les apparences, avait bon fond. Après tout, en dit-on pas que les apparences sont trompeuses ? Ne le dit-on pas ? Alors oui, il lui proposait son aide. En la transportant jusqu’à ce banc et en lui demandant si par hasard elle n’aurait pas besoin d’aide pour rentrer. Bien entendu, elle n’accepta. « Je pense que ça devrait aller. ». Jan lui lança un bref regard, avant de faire un hochement de tête. Après tout, c’était son choix. « Et je pense que ce ne serait pas raisonnable… » répliqua-t-il. Marcher avec une blessure, ça n’aidait pas à guérir, souvent, ça l’aggravait. Non pas qu’il soit un adepte de la médecine, c’était ce qu’il avait entendu dire. Partout. Autour de lui, son médecin, Maria, son amie athlète de haut niveau. Il s’étonnait de s’inquiéter pour Kaliska. Pourquoi faisait-il cela ? C’était bien la question qu’il se demandait là. Pourquoi. Jan n’était pas si arrogant, comme Kali avait osé le prétendre. L’habit ne fait pas le moine, comme le disait l’expression… Cette expression correspondait plus à la jeune fille en fait. Sous sa tenue de sportive, on aurait pu penser qu’elle était une sportive amatrice, voulant suivre les pas de son amie et colocataire Maria. Jan ne manqua pas de lui faire une remarque là-dessus. « Tu devrais réviser tes sources vraiment. J’avais déjà remarqué à quel point elles pouvaient être douteuses la dernière fois. ». Sûrement devait-elle faire référence à Maria. Un rictus se dessina sur le visage de Jan, alors que Kaliska reprit la parole. « En fait… Je vais te confier un secret… Ca doit être la deuxième fois de ma vie que je fais un jogging. Tout le monde ne peut pas être un as du sport comme toi. ». Un petit air amusé se peint sur le visage du texan. Il fut assez étonné de la maigre confidence que Kaliska venait de lui faire. Il se demandait presque pourquoi elle lui disait tout cela, après tout, ce n’était pas comme s’ils étaient amis, ou autre. Un sourire se dessina sur les lèvres de Jan. « Je suis loin d’être un as du sport, tu sais… » lui dit-il tout en modestie. Il haussa des épaules avant de se taire. Un peu assoiffé, il regarda discrètement autour de lui. Il souffla, voyant son oubli total de bouteille d’eau. Sûrement, s’il n’avait pas dû s’arrêter pour sauver la vie de Kali (ironie), il se serait arrêté à une fontaine d’eau afin de se désaltérer. « Tu n’aurais pas de l’eau ? » lui dit-il, tout bêtement. Sûrement, elle allait lui dire que non. Il avait remarqué que Kaliska aimait bien contredire tout ce qu’il lui disait, demandait.

Kali ne voyait en aucun cas au nom de quoi elle aurait du se fier au diagnostic de Jan. Elle avait beau ne pas savoir tant de choses que cela sur lui, elle était certaine qu’il n’avait pas de connaissances médicales particulières. « Pas besoin d’être médecin pour diagnostiquer ça. Même un imbécile aurait pu t’en dire autant. » La brune secoua la tête. Elle ne le croyait pas plus maintenant qu’il avait dit ça. Parce qu’elle restait vraiment sceptique sur le fait qu’un imbécile puisse faire un tel diagnostique sans se planter. Et comme, apriori, pour elle, Jan entrait dans cette catégorie, elle pouvait tout à fait se permettre de douter. « J’attendrais l’avis d’un vrai médecin. Si ça ne te déranges pas. » Comme si elle avait eu l’intention d’aller en trouver un.

Elle avait accepté l’aide de Jan pour aller jusqu’au banc (elle n’avait pas vraiment eu le choix en fait) et c’était déjà beaucoup. Alors maintenant, elle n’avait pas l’intention d’avouer en plus qu’elle avait aussi besoin d’elle pour rentrer chez elle. Au pire, si elle ne pouvait vraiment pas se débrouiller seule, elle appellerait Elia ou Maria. Enfin non, pas Maria, très mauvaise idée d’appeler Maria, il ne fallait jamais que sa colocataire sache ce qui était arrivé à Kali la seule fois où elle s’était donné la peine de faire un jogging. Donc, elle appellerait Elia et elle s’exilerait chez la blonde jusqu’à ce que tout soit revenu dans l’ordre. Avec un peu de chance, elle rencontrerait même Casper ! Mais Jan ne semblait pas partager son avis sur ses plans. « Et je pense que ce ne serait pas raisonnable… » La brune soupira. Sans aucun doute, ça ne l’était pas. C’est pour ça qu’elle n’avait pas vraiment l’intention de rentrer seule. Mais voilà, elle se voyait mal expliquer à Jan que c’était de son aide à lui qu’elle ne voulait pas et pourquoi elle n’en voulait pas. Elle préféra donc rester dans le déni et prétendre que tout irait bien. Tant qu’il ne la mettait pas au défi de marcher devant lui, ça pouvait aller. « Je t’assure que ça va aller Jan vraiment. Je me suis juste tordue la cheville et dans une heure je pourrais à nouveau courir comme avant. »

Kali ne savait pas vraiment quelle était la raison de son changement d’attitude mais une chose était sûre, elle était moins sur la défensive avec lui à cet instant présent. Elle acceptait de plaisanter (un peu) et alla même jusqu’à lui confier que ce n’était sûrement que la deuxième fois de sa vie qu’elle faisait du jogging. « suis loin d’être un as du sport, tu sais… » Un sourire se dessina sur les lèvres de la brune. « Ce n’est pas ce que dit Maria. Elle ne tarit jamais d’éloges sur toi. Selon elle, tu es ce qui se rapproche le plus du type parfait. » Enfin c’était plus au moins. Là, la brune venait de lui livrer la vraie version de ce que lui disait sa colocataire. Elle était bien éloignée du crétin arrogant que lui avait sorti Kali l’autre jour. « Tu n’aurais pas de l’eau ? » La brune fronça les sourcils. « Euh… non… » C’était la stricte vérité. Kali avait juste oublié qu’en courant elle pourrait peut-être avoir besoin de boire un peu. C’était bien triste. « J’oublie des choses parfois. Souvent. Je m’estime heureuse que ce ne soit que la bouteille d’eau là. » se justifia-t-elle comme elle le pouvait. « Désolée. »

La réponse de Kaliska ne le surprit guère. Elle préférait avoir un avis d’un médecin, d’un professionnel de la santé. C’est certain qu’avoir le diagnostic médical d’un « crétin arrogant » (je ne fais que répéter ses mots), ça n’avait rien de rassurant. Elle ajouta si ça ne le dérangeait pas. Bien entendu, il était indifférent de cela. Elle faisait bien ce qu’elle voulait de toute façon, il s’en fichait. Ce n’était pas comme si elle était l’une de ses proches. Jan était donc juste indifférent de sa marque. Mais subitement, il montra un certain intérêt pour la jeune fille. En effet, il ne voulait pas qu’elle rentre seule. Alors oui, il sous-entendait une nouvelle fois son aide. Comme si elle allait accepter, il fallait être idiot pour croire à cela. Il lui fit comprendre que cela n’était pas raisonnable, pas du tout. Et pourtant, elle s’obstinait à répudier son aide. « Je t’assure que ça va aller Jan, vraiment. Je me suis juste tordue la cheville et dans une heure je pourrais à nouveau courir comme avant. ». Jan se contenta d’un hochement de tête. Il voulut lever les yeux au ciel, soupirer, devant l’attitude de la jeune fille, mais il ne fit rien de cela. « Tu m’as l’air bien optimiste. » lui dit-il alors, avant de rapidement se taire. Cela ? C’était ce qu’il pensait vraiment d’elle. Une fille vraiment optimiste, pour le coup. Si ça se trouve en dehors de cette blessure, elle était loin d’être cette fille pleine d’assurance et optimiste. Sûrement. En fait, cela, Jan l’ignorait…
Et subitement, le ton changea entre les deux jeunes gens qui semblèrent plus sympathiques. Etonnant. Quelques anecdotes, quelques confidences et puis… « Ce n’est pas ce que dit Maria. Elle ne tarit jamais d’éloges sur toi. Selon elle, tu es ce qui se rapproche le plus du type parfait. » lui confia-t-elle alors. Jan arqua légèrement un sourcil. Ce que Maria lui avait dit ? A vrai dire elle lui parlait de Kaliska à longueur de temps, pourquoi ne ferait-elle pas la même chose ? Mais pour quelle raison ? Mystère qui restera un mystère. Jan ne voulait pas savoir quelles étaient les intentions de Maria. Sûrement avait-elle une idée en tête. « Vraiment ? Je crois bien que Maria a dû exagérer un peu. ». Un petit sourire se dessina alors sur ses lèvres. Lui, le type parfait. Pourtant depuis des semaines, son entourage lui démontrait bien qu’il n’avait rien de « bien », et encore moins de parfait. Il était rempli de vices malsains qui rongeaient peu un peu son esprit. La solitude était donc un vice pour eux. Et c’est alors qu’il lui demanda si elle n’avait pas une bouteille d’eau. Non, il ne comptait pas faire une bataille d’eau, laissons cela aux enfants. Il avait soif. Juste cela. Kaliska lui répondit qu’elle n’avait pas d’eau sur elle. « J’oublie des choses parfois. Souvent. Je m’estime heureuse que ce ne soit que la bouteille d’eau là. ». Jan souria, légèrement amusé par les propos de Kaliska. Il fallait donc croire qu’elle était tête en l’air. Il hocha la tête, pour lui faire comprendre ce n’était pas bien grave. Puis… « ça ne te dérange pas si on marche un peu ? Il y a une fontaine pas très loin ? » lui demanda-t-il. « Puis si t’as encore mal, je pourrais toujours te porter jusqu’au banc suivant, ce n’est pas un problème. ».

Ca aurait été tellement plus simple que Kaliska accepte simplement l’aide que lui proposait Jan sans protester. Parce qu’elle avait besoin d’aide, c’était indéniable, elle ne pourrait jamais rentrer toute seule chez elle dans cet était là. Mais le problème, c’est qu’elle était bien trop fière pour reconnaître ça devant lui. Devant n’importe qui d’autres déjà, elle aurait eu du mal à l’accepter mais avec lui, c’était pire que tout. Elle avait alors prétendu que d’ici une dizaine de minutes elle irait mieux. Comme si c’était vraiment possible quoi. « Tu m’as l’air bien optimiste. » C’était sûrement une des premières fois qu’on lui disait ce genre de choses et c’était tellement loin de la vérité que la brune avait bien envie de rire. Enfin, il pouvait croire ça si ça l’arrangeait, tant qu’il s’en allait, ça lui était égal. « Mais non. Je suis réaliste. C’est pas la première fois que je me blesse tu sais. Alors je sais que ça va aller. » Ca c’était certain, c’était loin d’être la première fois que la brune se blessait. Elle semblait les collectionner en fait. A un moment, elle avait cru qu’en restant chez elle elle ne courrait plus aucun risque et puis, la bibliothèque du salon lui était tombée dessus alors elle avait cessé de croire ça. « Je m’en veux de te déranger comme ça, tu ferais bien mieux de continuer ton jogging. » ajouta-t-elle au bout d’un moment. Comme ça, elle pourrait appeler Elia et rentrer plus vite chez elle. Bon, elle entendrait parler de cette histoire pendant un moment mais ça valait toujours mieux comme ça.

Après, sans trop savoir comment, Kali en vint à confier à Jan que Maria faisait un propos plus qu’élogieux à son propos. Comme les choses semblaient s’être un peu détendues entre eux, elle ne reparla pas de son interprétation à ce propos ni du fait qu’elle avait déjà penser qu’il devait être sérieusement défectueux pour avoir besoin de quelqu’un à vanter ses mérites tout le temps comme ça. « Vraiment ? Je crois bien que Maria a dû exagérer un peu. » Un sourire se dessina sur le visage de la brune. Elle n’avait aucun doute là-dessus, Maria exagérait toujours. C’était un peu agaçant parfois. Souvent en fait. « Sûrement, oui. C’est son truc à elle, l’exagération. » Et ce n’était pas valable que dans le sens de Jan, elle était certaine que la péruvienne avait exagéré aussi en parlant d’elle au jeune homme. « Donc tu n’est pas un dieu et moi… je ne suis pas un monstre. » Parce qu’elle était à peu près certaine que c’était le portrait qu’avait du faire d’elle sa colocataire.

Il fut ensuite question de la bouteille d’eau. Jan semblait avoir oublié la sienne ce qui était un peu un comble pour un grand sportif comme lui mais soit. Elle, bien sûr, elle n’en avait pas et elle le lui fit savoir. « ça ne te dérange pas si on marche un peu ? Il y a une fontaine pas très loin ? » Kali fronça les sourcils. Comme ça, ça ne la dérangeait pas, mais elle avait bien peur que pas très loin, ce soit déjà trop loin pour sa cheville. « Puis si t’as encore mal, je pourrais toujours te porter jusqu’au banc suivant, ce n’est pas un problème. » Il était gentil en fait. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle avait contre lui. Certes, il n’était pas très loquace mais bon, elle aurait sûrement du préférer ça. Elle aurait sûrement du dire non, comme tout à l’heure mais elle trouva ça trop stupide. « Ok. » dit-elle avant de reprendre. « Mais je vais quand même essayer de marcher un peu. » Elle pouvait bien le faire un peu, ce n’était pas la morte. Elle se redressa lentement et dissimula du mieux qu’elle pouvait une grimace de douleur. Jan était toujours assis. « Aller du nerf, lève-toi. Encore un peu et je vais arriver à la fontaine avant toi. » Comme si c’était possible.

La glace se brisa peu à peu entre eux. Ou tout du moins, c’était l’impression qu’ils donnaient, qu’ils se donnaient. Sûrement n’était-ce pas le cas. Et pourtant. Nul ne pouvait le savoir. Sauf eux. Eux, Kaliska et Jan. « Sûrement, oui. C’est son truc à elle, l’exagération. ». Elle venait alors d’affirmer ce que Jan avait dit. Maria-Paz exagérait. C’était son truc à elle, comme Kaliska venait de dire. Sûrement avait-elle raison. Jan se contenta alors de hausser des épaules. Un simple haussement des épaules et rien de plus. Juste cela. Et un sourire se dessina sur ses lèvres, peu après que la jeune fille ait pris la parole. Elle conclut alors qu’il n’était, donc, pas un dieu et qu’elle n’était, alors, pas un monstre. De ce que Maria lui avait vaguement parlé d’elle, jamais, le mot « monstre » n’avait été mentionné. Etrange, bizarre, louche, tordue, fainéante, oui. Mais pas, monstre. Et pourtant, c’était certain : le portrait qu’on lui avait fait n’était peu (ou guère) flatteur. Pendant un temps, il s’était figé à cette image qu’on lui avait peinte. Jusqu’à maintenant, à vrai dire.

Puis la conversation allait de bon train entre les deux jeunes gens. Des sourires, des regards d’échangés. Et il y a eu ce facheux (ou non) épisode de la bouteille d’eau. Il avait soif, il n’avait pas de bouteille d’eau sur lui… embêtant, c’était certain. Alors, il lui avait demandé si elle n’en avait pas. Après tout, en bonne joggeuse novice, elle devait bien avoir cela dans son petit sac à dos. Non. Non, même pas ! C’est alors qu’il lui proposa d’aller à la fontaine d’eau la plus proche. Se désaltérer, c’était quand même important, songea-t-il alors. Oui, ca l’était. Enfin, c’était ce que les gens disaient partout. La dénommée Kali fit un petit signe de tête avant de tenter de se lever. Elle comptait essayer de marcher un peu, comme elle le lui avait dit mot pour mot. Jan se contenta d’hocher la tête. Il n’allait quand même pas lui empêcher d’essayer. Après tout, si son essai n’était pas concluant, il l’aiderait à atteindre le banc suivant. « Aller du nerf, lève-toi. Encore un peu et je vais arriver à la fontaine avant toi. » lui lança-t-elle alors qu’elle venait de faire quelque pas. Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du jeune texan. Il secoua la tête paisiblement avant de se lever, à son tour. Puis il se mit à trottiner tranquillement à hauteur de la jeune femme. Et sans s’arrêter, il continua à une allure qu’il jugea lente (même trop lente) sa petite course contre Kaliska. Quelques pas, quelques mètres, puis il y était arrivé. Il venait d’atteindre la fontaine d’eau où sans tarder, il se désaltéra. Après avoir bu une gorgée, il se redressa et se tourna vers Kaliska qui arriva à son allure… d’escargot, ou de tortue. Oui car l’image de l’escargot, ça n’avait rien de flatteur. Un animal baveur, la comparaison pourrait en vexer plus d’un. « Alors ? Tu disais quoi ? » lâcha-t-il, un sourire amusé (sûrement un brin moqueur) se dessina sur ses lèvres.

Il était évident que Kali ne serait jamais capable d’arriver à la fontaine avant Jan. Déjà d’ordinaire, elle n’était pas sûre qu’elle en aurait été capable mais alors là, alors qu’elle était en plus blessée, ce n’était même pas la peine. Jan la prit au sérieux, et après avoir eu un sourire amusé, il se leva et partit devant elle. Bah oui bien sûr, c’est sûr que comme ça… elle allait avoir du mal à arriver à atteindre la fontaine. Il avait pris de l’avance et Kali fut forcer de le suivre de sa démarche clopinante. Et chacun de ses pas, elle avait l’impression qu’elle allait perdre l’usage de son pied pour toujours. Elle approcha très difficilement de la fontaine et quand elle arriva assez près pour qu’elle l’entende, Jan prit la parole avec un air visiblement très amusée. « Alors ? Tu disais quoi ? » La brune franchit les quelques mètres qui la séparait encore de la fontaine, et à défaut de trouver un banc, elle s’assit sur le sol. « Je meurs. » dit-elle d’un ton exagéré. Ce n’était pas tout à fait vrai mais soit. « Et j’étais blessée, je n’aurais vraiment pas pu arriver avant toi. » Parce que contrairement à ce qu’elle avait prétendue, ce n’était pas une douleur qui passait au bout d’un dizaine de minutes. Ceci lui faisait d’ailleurs reconsidérer le fait de savoir comment elle allait rentrer chez elle. « Hé… finalement… je veux bien de ton aide pour rentrer hein. » Maintenant, elle pouvait à peu près accepter cette idée, ça ne la désespérait plus autant que tout à l’heure. Comme elle imaginait déjà un sourire moqueur se dessiner sur les lèvres du jeune homme, elle reprit aussitôt. « Mais ne te moques pas hein. » C’était à peu près inutile de dire ça, si il avait décidé de se moqueur d’elle, ce ne serait pas les faibles protestations de la jeune femme qui y changerait quelque chose.

La jeune femme se redressa pour pouvoir boire à son tour. Parce que si elle survivait à sa blessure pour l’instant, elle allait bientôt mourir de soif. Une fois qu’elle se fut un peu réhydrater, elle lança un coup d’œil à jan qui était encore juste à côté et en profita pour l’arroser un peu. Simple vengeance pour l’avoir abandonné sur le chemin de la fontaine et puis, il faisait chaud aussi. Un peu. « Pardon, j’ai pas fais exprès. » dit-elle d’un ton innocent. Elle se dirigea ensuite vers le banc le plus proche où elle s’assit, soulagée de ne plus avoir à faire d’effort.

« Je meurs. » fut les deux premiers mots prononcés par la jeune femme avant de s’écrouler par terre. Jan ne put s’empêcher de rire. Oui, de rire. Pur la première fis depuis on retour, il avait ri. Il venait de rire. Kaliska fut donc cette privilégiée, de voir un sourire, d’entendre un éclat de rire, venant de la part du jeune homme. Mais cela, elle ne pouvait pas le savoir… et jamais elle ne le saura. Le rire enfantin de Jan s’estompa peu à peu, laissant place aux paroles de la jeune fille, assise sur le sol. « Et j’étais blessée, je n’aurais vraiment pas pu arriver avant toi. Hé… finalement… je veux bien de ton aide pour rentrer hein. ». Jan reprit son air sérieux, introverti qui le caractérisait tant et hocha la tête. Elle avait fini par se faire à l’idée qu’elle ne pouvait pas rentrée seule, c’était un grand pas. Et qui plus est, elle accepta son aide. Un certain sourire moqueur se dessina sur les lèvres du jeune homme. Détail sur son visage que Kaliska semblait avoir remarqué. « Mais ne te moques pas hein. » rétorqua-t-elle alors. Il ne put s’empêcher de pouffer sourdement de rire, avant de se racler la gorge. « Je t’aiderai à rentrer alors… et promis, je ne me moque pas. » dit-il, un sourire lui mordant les lèvres. Bien entendu, il avait envie de se moquer d’elle, ça se voyait. Non pas méchamment. Non. Juste la taquiner. Il n’était pourtant pas d’humeur taquine. Rarement il l’était, à vrai dire. Sûrement avec ses frères, quand il était jeune. Il observa du coin de l’œil Kaliska qui s’était levée et avait rejoint la fontaine. Elle but une gorgée comme il l’avait fait quelques minutes auparavant. Jan leva la tête et regarda autour d’eux. Il n’y avait rien. Enfin, il y avait des arbres, de la pelouse, des petits buissons, des personnes qui étaient déjà entrain de se prélasser dans l’herbe, des éléments banals en soi. Et dans cet instant d’inattention, de l’eau lui atterrit sur le visage. « Pardon, j’ai pas fais exprès. » lui lança tout naïvement (et surtout ironiquement) Kaliska. Il secoua doucement la tête, et s’essuya le visage avec un bout de son tee-shirt. Après quoi, il lui lança un petit regard rempli de malice. Il n’allait pas se laisser faire comme cela, quand même. Elle était sur le point de partir au moment où Jan s’affairait à la fontaine. Tant bien que mal, il tenta de recueillir un peu d’eau dans le creux de la paume de ses mains. Sa quête d’eau fut vaine, il regarda un peu autour de lui et trouva une bouteille en plastique d’eau laissée à côté de cette fameuse fontaine. Sûrement un étourdi qui avait oublié sa bouteille. Qu’importe cela arrangeait bien l’affaire du jeune homme. Il la remplit et s’approcha près de Kaliska, tentant de cacher sa bouteille tant bien que mal. Il passa derrière le banc où elle venait de s’installer. Il l’observa de dos, un petit rictus sur les lèvres. Et d’un geste sûr, il versa le contenu de la bouteille dans le dos de la jeune femme. Cette dernière réagit rapidement et se leva aussitôt du banc. « Ooops, je n’ai pas fait exprès aussi ! » répéta-t-il alors.

Jan avait rit. C’était assez étrange en fait de le voir rire, Kali était tellement certaine qu’il ne savait pas faire autre chose que faire la gueule. Enfin ce n’était sûrement pas ça mais comme il avait toujours son air renfrogné et peu aimable, c’était ce qu’elle avait eu tendance à penser. Cette après-midi, elle avait l’impression de découvrir un nouveau Jan. En fait, on aurait pu dire plus simplement qu’elle découvrait Jan tout court, parce que ce n’était que leur troisième rencontre et elle aurait été bien stupide de croire que les deux premières lui avaient suffit pour savoir qui il était. Après ça, elle accepta finalement son aide et essaya de le prendre de vitesse en lui interdisant de se moquer d’elle. C’était peine perdu, un sourire moqueur avait déjà fait son apparition sur les lèvres du jeune homme. Pourtant, il ne se gêna pas pour prendre la parole et prétendre le contraire. « Je t’aiderai à rentrer alors… et promis, je ne me moque pas. » Elle voyait bien à sa tête qu’il était plus que tenter par ‘l’envie de se moquer d’elle. Ca crevait les yeux ! Mais elle voulait bien croire qu’il allait faire un effort pour ne pas le faire. Peut-être. Ca restait à voir en fait. Enfin, le principal c’était sûrement qu’il accepte toujours de la raccompagner. Il aurait pu changer d’avis depuis tout à l’heure et la brune ne savait pas dire si ça l’aurait plus déranger ou arranger en fait. « Pfff…. Juste un peu. Ca se voit sur ta tête, tu meurs d’envie de sourire. » Et le pire, c’était qu’elle ne pouvait même pas le blâmer pour ça. Elle aussi, à sa place, elle aurait eu très envie de se moquer. Elle l’aurait fait d’ailleurs et ne se serait même pas donner la peine de se retenir. « En tout cas merci, tu me sauves la vie. » Ou pas hein. Mais Kali était toujours trop dans l’exagération. Ca devait être son truc à elle aussi.

Elle arrosa ensuite Jan, par mégarde bien sûr. (Ou pas.) Ce n’était pas de sa faute si elle était terriblement maladroite. Elle aurait pu lui raconter comment elle avait réussi à faire tomber la bibliothèque du salon sur elle pour avoir plus de crédibilité mais elle n’était pas certaine de vouloir qu’il apprenne ça. En fait non, elle était certaine qu’elle ne voulait pas qu’il sache ça un jour. Elle avait promis à Elia de l’enterrer vivante si elle venait à raconter cette épisode un jour. Elle se dirigea alors vers le banc le plus proche et ne se méfia pas le moins du monde lorsque Jan approcha à son tour. A tord puisqu’elle se retrouva trempée à peine une minute plus trad. Le jeune homme n’avait rien trouvé de mieux que lui renverser le contenu d’une bouteille d’eau à la figure. « Ooops, je n’ai pas fait exprès aussi !» Elle s’essuya en soupirant et lui lança un regard noir. Elle aurait presque put avoir l’air méchante si elle ne luttait pas en même temps avec l’envie de rire. Elle était certaine que ça se voyait sur sa tête ça. « C’est très fin ça. Vraiment. Voilà, maintenant je vais aussi mourir de froid. Et ce sera de ta faute. » Si elle arrivait à mourir de froid avec cette température, ce serait plutôt dramatique en fait. Surtout pour quelqu’un comme elle qui ne se gênait pas pour prétendre qu’elle ne craignait pas le froid. Et puis, quand on avait survécu à six ans de vie dans une base en Antarctique, on pouvait bien survivre à un peu d’eau. « T’es trop nul n’empêche. » dit-elle avec une moue boudeuse. En fait, c’était faux, elle trouvait qu’il pouvait se montrer relativement cool quand il voulait et elle était agréablement surprise par ça. Mais elle ne se voyait pas lui dire ça pour deux raisons : déjà, il aurait été capable de mal le prendre, elle trouvait qu’il avait des réactions bien étrange parfois et puis, s’il le prenait bien, il serait trop heureux de savoir ça.

Jan n’avait pas l’air de compatir beaucoup pour le fait qu’elle allait éventuellement peut-être mourir de froid. En effet, suite aux paroles de la jeune femme, la première réaction du jeune homme fut de lever les yeux de soleil, avant de pousser. S’il avait été assez près d’elle, elle l’aurait frappé pour la peine mais il était trop loin donc bon, il fut sauver. Il pouvait s’estimer heureux. La brune s’assit alors sur le banc en déclarant que Jan était trop nul (c’était entièrement vrai) et il s’assit ensuite à son tour près d’elle. « Tu crois vraiment que tu vas tomber malade avec cette chaleur ? » Kali le regarda l’air songeur. Bah oui ! On ne savait jamais quoi. « C’est des choses qu’arrivent tu sais. T’as jamais entendu parler des insolations ? » Pour le coup, ça n’avait plus grand-chose à voir avec le fait de mourir de froid mais c’était le seul truc qu’elle avait trouvé à répondre. « Et puis les changements de température trop brusque ça peut donner des rhumes aussi ! Tu vois, j’avais chaud, chaud, chaud et paf t’arrive et tu m’arrose avec de l’eau glacée ! Donc oui je pourrais très bien tombée malade. » Ou pas hein.

Finalement, ils en revinrent à parler de Maria. Elle habitait la majorité de leur conversation. Kali était sûr que si la péruvienne avait su ça, elle en aurait été ravie. Elle aimait tellement être au centre de l’attention et tout. Enfin cette fois, c’était Jan qui avait lancé le sujet. « Elle t’a dit quoi d’autre à mon sujet, Maria, dis-moi ? » Kali se mit à réfléchir, elle ne voyait pas vraiment en quoi ça l’intéressait exactement en fait mais soit, s’il voulait le savoir. « Euh… j’ai un peu oublié en fait. Elle m’a dit que t’étais un gars bien, que tu faisais du sport et que tu mangeais sainement. » Ce qu’elle avait trouvé particulièrement dépourvu d’intérêt. « Et que tu étais bon bricoleur. Enfin non, ça elle me l’a pas dit mais comme elle voulait t’appeler quand j’arrivais pas à monter mon meuble, je l’ai déduis toute seule. » Elle haussa les épaules tout en cherchant si la brune avait ajouté autre chose mais elle ne trouva rien. Il fallait dire aussi, qu’à chaque fois que la péruvienne se mettait à parler de Jan, Kali avait tendance à ne plus faire attention à ce qu’elle disait. Elle hochait juste la tête quand il fallait et ça semblait convenir à Maria. Elle lui lança alors un regard curieux. Elle aussi ça l’intéressait de savoir ce que l’autre avait dit exactement à son sujet en fait. Histoire de voir jusqu’à quel point elle avait raison. « A mon tour… elle a dit quoi exactement sur moi ? »

« C’est des choses qu’arrivent tu sais. T’as jamais entendu parler des insolations ? Et puis les changements de température trop brusque ça peut donner des rhumes aussi ! Tu vois, j’avais chaud, chaud, chaud et paf t’arrive et tu m’arrose avec de l’eau glacée ! Donc oui je pourrais très bien tombée malade. ». Un léger sourire amusé se dessina sur les lèvres de Jan. Kaliska semblait bien différente des deux (et unique) fois où il l’avait rencontré. Elle n’était pas si ingrate, malpolie, désagréable et peu souriante que ces fois-là. Kaliska était bien différente de ce qu’il s’était imaginé. Elle était plus souriante, plus pétillante, plus agréable, plus sympathique, plus gentille, plus charmante… C’est ainsi qu’il s’était installé, sur ce banc, à ses côtés. Le silence ne put guère s’installer entre eux, aussitôt Jan avait déjà trouvé un autre sujet de conversation. A croire qu’il était bien plus bavard qu’il ne pouvait laisser paraître. La curiosité pendait au bout de ses lèvres. Il lui demanda alors que Maria lui avait dit. Maria-Paz était leur amie en commun, qui semblait, parler de l’un à l’autre et ainsi de suite. Kaliska semblait méditer un instant à la question avant de daigner prendre la parole. Elle lui dit alors qu’elle avait un peu oublié. Après quoi elle mentionnait les quelques dires de leur amie. Qu’il était un gars bien (c’était sûrement la seule personne à le penser), qu’il faisait du sport et qu’il mangeait sainement. Ce dernier argument fit légèrement rire Jan, qui ne put s’empêcher de pouffer de rire. Puis elle lui dit aussi qu’il était bon bricoleur, enfin que cela, elle en avait déduit toute seule. Sourire pendu au bout de ses lèvres, il lança un regard amusé à Kaliska. « Manger sainement ? Tu plaisantes ? Je vais te faire une confidence… il marqua une brève pause, laissant sa voix en suspend. J’ai bien dû m’enfiler une cinquantaine de burgers depuis mon retour. Je doute que ce soit très sain comme alimentation. ». Il rigola doucement à ses paroles.

Puis, Kaliska lui retourna sa question initiale. A croire qu’elle aussi était curieuse de savoir ce que Maria avait bien pu dire à son sujet. « A mon tour… elle a dit quoi exactement sur moi ? ». Jan hocha la tête. Elle voulait savoir, il allait le lui dire. Puis il se mit à réfléchir, quelques secondes. Juste le temps de se remémorer tout ce qu’on avait bien pu lui dire au sujet de cette Kaliska. Il avait tellement entendu parler d’elle… en bien, comme en mal. « Bien… elle m’a dit que tu étais fainéante, un peu chiante par moment, que tu passais beaucoup de temps dans tes bouquins barbants, que tu étais surtout très bizarre… elle m’a aussi dit qu’elle était certaine que ton type de gars, c’était le genre gros beauf avec une pilosité abondante. ». Un rictus d’amusement se dessina sur les lèvres de Jan, après lui avoir évoqué ce dernier détail. Il se racla la gorge, pensant que cela devait peut-être la vexer. « Elle m’a aussi dit que tu étais très mignonne… il faut croire qu’elle ne s’était pas trompée là-dessus… ».

Le portrait qu’avait fat Maria de lui semblait intéressait Jan, c’était pour ça qu’il lui avait de nouveau demandé ce qu’elle avait dit d’autres à son propos. Après avoir été dans les deux extrêmes et lui avoir dit qu’il était un crétin arrogant la première fois puis qu’il était se qui sec rapprochait le plus de l’homme parfait un peu plus tôt, Kali décida d’essayer de rester un peu plus objectives et prés de la vérité. C’était quelque chose de difficile quand on n’écoutait pas toujours ce que les gens disaient comme la jeune fille, surtout quand les personnes en questions étaient un peu (beaucoup) pénibles comme Maria. Elle lui répondit donc deux trois trucs bateau qui lui revenaient en mémoire. « Manger sainement ? Tu plaisantes ? Je vais te faire une confidence… J’ai bien dû m’enfiler une cinquantaine de burgers depuis mon retour. Je doute que ce soit très sain comme alimentation. » La jeune femme se mit à rire. C’était très mal, vraiment. « Je ne te verrais plus jamais du même œil après cette confidence. » répondit-elle très sérieusement avant de se remettre à rire. « Non sérieusement, y’a rien de mieux que les burgers. Vraiment. Je trouve ça très sain comme alimentation. » Et elle ne voyait vraiment pas pourquoi les gens (comprenez Maria) passaient son temps à la bassiner à ce sujet. D’ailleurs, rien que de parler de ça, elle avait faim. Elle fronça ensuite les sourcils, en se remémorant ses paroles. « Ton retour d’où ? T’étais parti en vacances ? »

Elle avait retourné sa question à Jan et se fut donc à son tour de lui confier les dires de Maria. Elle n’attendait rien de flatteur et ne fut pas déçue. . « Bien… elle m’a dit que tu étais fainéante, un peu chiante par moment, que tu passais beaucoup de temps dans tes bouquins barbants, que tu étais surtout très bizarre… elle m’a aussi dit qu’elle était certaine que ton type de gars, c’était le genre gros beauf avec une pilosité abondante. » La jeune femme hocha la tête. « Ce qui est triste, c’est qu’il n’y a qu’une seule chose là-dedans contre que je peux vraiment démentir. » Elle marqua une courte pause. « Je reconnais que je suis loin d’être très courageuse et que je peux parfois être pénible. Les bouquins que je lis, je les trouve cools personnellement mais je sais que ce n’est pas le cas de la plupart des gens. Et ouais, il paraît que je suis bizarre même si je vois pas trop pourquoi les gens disent ça. » Elle regarda en face d’elle l’air songeur avant de se tourner à nouveau vers Jan. « Par contre, mon type de mec c’est vraiment pas les gros beauf avec une pilosité abondante. Maria ne devait pas croire que tout le monde partage ses goûts à ce sujet. » Oui parce que ça devait vraiment être son type de mec à elle, ça ne faisait aucun doute. Jan reprit alors la parole, sûrement pour se rattraper un peu même si ce n’était pas de sa faute si la péruvienne avait été raconté tout ça. « Elle m’a aussi dit que tu étais très mignonne… il faut croire qu’elle ne s’était pas trompée là-dessus… » Si elle avait été du genre à rougir, ça aurait été à ce moment-là que Kali aurait viré couleur tomate. Mais fort heureusement, ce n’était pas son genre et elle se contenta de faire un sourire stupide. « T’es pas mal non plus. »


Admire la finesse de Kali

Oui, Jan était curieux. Curieux de savoir ce que Maria avait bien pu dire à son sujet. Dans le fond, il s’en fichait de savoir ce qu’on pouvait dire telle ou telle chose sur lui. Les gens parlaient si facilement et disaient tout et n’importe quoi. Un fou, pour certains, un débile pour d’autres, un blessé pour d’autres encore. Les avis et les visions que les gens pouvaient avoir de Jan changeaient d’une personne à l’autre. Cela ne le touchait pas tant que cela, il s’en fichait oui. Maria pouvait bien dire ce qu’elle voulait, cela ne changerait en rien le jeune homme. Kaliska aussi pouvait bien penser ce qu’elle voulait. Et c’est alors qu’il se mit à lui faire une étrange confidence, si cela pouvait s’appeler une confidence. « Je ne te verrais plus jamais du même œil après cette confidence. » lui dit-elle alors. Il haussa les épaules, l’air certainement ‘je m’en foutiste’. Ce genre de dires ne le blessèrent guère, fallait-il déjà qu’ils atteignirent son semblant de cœur. Cependant la jeune femme reprit une nouvelle fois la parole, lui disant avec un certain entrain qu’il n’y avait rien de mieux que les burgers. Cette phrase fit légèrement sourire Jan. Puis elle continua en disant qu’elle trouvait très sain comme alimentation. Jan hocha la tête, approuvant par la même occasion les propos tenus par Kaliska. « On n’est d’accord sur cela. Puis ce n’est pas en mangeant un burger de temps en temps qu’on risque de prendre un pète de graisse. Puis en soi, c’est une alimentation très complète… on a le pain, la viande, les légumes, le fromage, tout cela en un seul plat ! » finit-il par dire. Certes ce genre d’alimentation n’avait jamais été prôné par les diététiciens et nutritionnistes, mais qui sait. Peut-être dans un futur proche, on verra apparaitre des régimes à base de McDo et autres mal bouffes. Puis Jan n’avait pas à s’inquiéter de son poids, ni de sa ligne. C’était un truc de nana ça. Il faisait bien assez de sport et de musculation pour éliminer les graisses. Et c’est alors que Kaliska lui demanda son retard d’où, émettant l’hypothèse d’un probable voyage. Il passa sa main derrière sa nuque. Se demandant bien là ce qu’il allait bien pouvoir lui répondre. Bien sûr qu’il n’allait pas se venter de son « séjour », il allait plutôt se taire, ou plutôt faire comme si de rien n’était. Comme si être militaire était un truc si banal. « Un voyage… loin de toute civilisation moderne, on peut dire cela comme ça. ». Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Bien entendu, ça ne lui faisait pas plaisir de devoir se remémorer tout cela. Mais c’était un fait, Jan ne pouvait pas nier ce qu’il faisait, ce qu’il était. « En fait, je suis militaire, j’étais parti… quelque temps, on va dire ça comme ça, en mission. ».

Puis c’est alors que Kaliska lui demanda à son tour ce que Maria avait dit à son sujet. Jan n’y alla pas par quatre chemins et lui dit mot pour mot ce dont il se souvenait. Kaliska lui dit alors qu’elle ne pouvait rien démentir de ce portrait brossé par Maria. Elle approuva alors chacun des traits décrits par Jan. « Et ouais, il paraît que je suis bizarre même si je vois pas trop pourquoi les gens disent ça. » finit-il alors par lui dire. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Jan. « On est tous un peu bizarre, qu’on le veuille ou non. » répliqua-t-il avant de se taire une nouvelle fois. Puis la jeune fille se mit à démentir un seul et unique trait, celui de son faible pour les hommes au physique ingrat. « Par contre, mon type de mec c’est vraiment pas les gros beauf avec une pilosité abondante. Maria ne devait pas croire que tout le monde partage ses goûts à ce sujet. ». Jan ne put s’empêcher de rire. Et entre deux éclats de rire, il réussit à dire que tous les goûts étaient dans la nature. Après quoi, il tenta de reprendre son sérieux. Il finit alors par lui dire que Maria lui avait aussi dit que c’était une fille plutôt jolie. Chose qui s’avérait vrai. Kaliska était une jolie fille, Jan ne pouvait pas le nier. Malgré ses airs froids, et peu aimables, elle restait tout de fois charmante. Une certaine gêne s’installa entre les deux jeunes gens. A croire qu’il aurait mieux fait de garder ce compliment pour lui seul. « T’es pas mal non plus. » lui dit-elle alors. Un petit rictus amusé se dessina alors sur les lèvres de Jan. « Je préfère cela au ‘crétin arrogant’ de l’autre jour. ». L’amusement et la taquinerie se teint alors sur le visage du jeune homme.
Puis après quelques mots de nouveaux échangés, Jan regarda autour de lui. « Si tu veux rentrer chez-toi, tu me le dis quand tu veux, au fait. ».

Kaliska se remettait difficilement du (faux) choc que lui avait provoqué la nouvelle. Jan mangeait des burgers. Le mec parfait à l’alimentation très saine que lui avait si souvent décrit en fait Maria était en fait, une personne normale qui mangeait des trucs gras. Il ne faisait donc pas partie de la secte de sa chère colocataire et il n’était pas non plus alien. C’était une bonne chose. « On n’est d’accord sur cela. Puis ce n’est pas en mangeant un burger de temps en temps qu’on risque de prendre un pète de graisse. Puis en soi, c’est une alimentation très complète… on a le pain, la viande, les légumes, le fromage, tout cela en un seul plat ! » Kali se mit à rire. Une alimentation très complète, bah bien sûr. Elle aurait tout entendu quand même. Elle pourrait toujours essayer de répondre ça à Maria la prochaine fois qu’elle lui reprocherait quelque chose à ce propos. « Tout à fait ! D’ailleurs, un jour les diététiciens feront des régimes à base de burger. » Dans une autre vie. Peut-être. Kali avait ensuite interrogé Jan au sujet de son retour, lui demandant s’il était partie en voyage. Sa question lui avait paru anodine sur le coup mais quand elle vit à quel point il avait l’air gênée par celle-ci, elle regretta de l’avoir posé. Elle ne voulait surtout pas se montrer indiscrète ou le mettre mal à l’aise. « Un voyage… loin de toute civilisation moderne, on peut dire cela comme ça. » La jeune femme fronça les sourcils, légèrement perplexe mais Jan continua avant qu’elle ait pus se posé la moindre question. « En fait, je suis militaire, j’étais parti… quelque temps, on va dire ça comme ça, en mission. » C’était donc ça… « Oh… D’accord. » Elle se sentait un peu bête maintenant mais soit. En tout cas, elle ne voyait pas vraiment ce qu’elle pouvait dire d’autres là-dessus.

Kali avait ensuite interrogé Jan sur la description que Maria avait pu faire d’elle et elle se trouva forcé d’approuver presque tous les points que celle-ci avait évoqués. Elle était honnête au moins, on ne pouvait pas lui enlever ça. « On est tous un peu bizarre, qu’on le veuille ou non. » Un sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. « Oui, c’est vrai. Moi c’est tous les autres en général que je trouve bizarre. Parfois, j’ai l’impression de ne pas vivre sur la même planète que les gens qui m’entourent. » C’était souvent en fait. Ils avaient des préoccupations clairement différentes des siennes. Elle avait quand même trouvé au moins un truc à démentir, c’était ses goûts en matière d’hommes. Elle ne pouvait pas laisser dire des bêtises pareilles à Maria, surtout qu’elle n’en savait rien en fait, Kali ne pensait pas que sa colocataire ait déjà eut l’occasion de la voir avec un homme et pour cause, pour ça il aurait fallut qu’elle voit des hommes, ce que la mexicaine n’avait pas fait depuis longtemps. Finalement, Jan la complimenta et Kali lui retourna le compliment, après un court silence un peu gêné. « Je préfère cela au ‘crétin arrogant’ de l’autre jour. » La brune ne put s’empêcher de sourire. « Ouais, je suis… désolé pour ça d’ailleurs. J’étais pas de très bonne humeur. » Comme souvent, mais soit.

« Si tu veux rentrer chez-toi, tu me le dis quand tu veux, au fait. » La brune hocha la tête. Étonnement, elle n’avait plus si hâte de rentrer chez elle. Ca avait été le cas pourtant tout à l’heure mais juste, plus maintenant. Elle ne savait définitivement pas ce qu’elle voulait. Néanmoins, si Jan avait suggéré ça c’est que, lui, devait sûrement avoir envie de rentrer. Ou au moins de se débarrasser d’elle. « Ouais, je vais peut-être vouloir rentrer. » finit-elle par dire. Peut-être vouloir rentrer… c’était le genre de chose qu’on était capable de dire de manière sûre normalement. Elle se désespérait elle-même sur ce coup.