Sujet: Première rencontre - Lipton Mer 8 Juil - 20:43
Un bruit de page tourné, de talon sur le sol froid, de toux qui résonne entre les quatre murs de la salle principale de la Librairie Publique de New York. Pour tout fan de littérature, cet endroit est un paradis. Pour Percy, c’est plus un coin où se fourrer en attendant mieux. Ce n’est pas vraiment qu’il n’aime pas la littérature. Au contraire, c’est un fervent lecteur de tout genre de livre. Mais vivre entourer de milliers de bouquins peut devenir légèrement frustrant et effrayant. Tant de livres jamais ouverts, gardés en parfait état parce qu’ils sont vieux et qu’ils sont historiques…Ca c’est ce qui intéresse Percy, l’histoire. Malheureusement pour lui, aujourd’hui il se retrouvait à ranger le rayon des livres d’auteurs français. Rien de très réjouissant…Certes Percy métrisait le français parfaitement. Mais ce n’était pas une raison. D’accord il y avait des français à New York, mais leur viendrait-il à l’esprit de prendre un bouquin en français alors que si ils sont là c’est pour s’imprégner de la langue anglaise ? Oui…Etrange…Mais soyons concilient, il en faut pour tous les goûts.
Habillé de son jean bleu foncé légèrement blanchi par l’eau de javel et d’un tee-shirt rouge sang avec écrit dessus « Sauvons Paris Hilton », Percy n’avait rien de sérieux. Les cheveux en bataille, l’air un peu débraillé, il se foutait en fait pas mal de ce que pouvait penser les gens. Depuis son arrivée c’est ce qui le plaisait le plus à New York, que l’on ne juge pas son apparence. A Freeport, son père l’aurait surement réprimandé s’il s’était accoutré d’une telle façon. Mais aujourd’hui il pouvait faire ce qu’il souhaitait. C’était ça qu’était extraordinaire à New York. Prenant un livre par sa reliure, il regarda un instant le titre en français « L’Assommoir ». Le jeune homme eut un léger rictus. Les français pouvaient lui paraitre par moment comme des fous à ses yeux. Qui aurait l’idée d’intituler son livre ainsi ? L’assommoir ? Un suicidaire ? Probablement…
« Excusez-moi … »
Une voix éraillée interpella Percy. Il reposa le livre sur la charrette qui en contenait encore bien une cinquantaine pour lever les yeux vers la personne qui l’avait déranger. Affichant un sourire aussitôt, il regarda la vieille dame qui se trouvait devant lui. La soixantaine, le regard rieur et encore bien coiffée, elle avait du être une très belle femme dans son temps. Elle avait dans la main une canne en bois qui lui servait à se tenir droite. Elle aussi affichait un joli sourire.
« Que puis-je pour vous ? Demanda alors poliment Percy. - Je ne sais pas où se trouve Dashiell Hammett… »
Percy arqua un sourire. Hammett…Un auteur de polar américain…Tordant sa bouche sur la droite en signe de réflexion en regarda vers les tables autours de lui. Ca n’avait aucune influence sur sa réflexion et en fait aucune utilité particulière, mais il n’aimait pas réfléchir en regardant les gens. Finalement un sourire réapparut sur son visage.
« Je sais où je l’ai vu. Les H se trouvent à droite. Vous voyez la jeune femme avec un gilet rose ? Et bien c’est juste derrière. Hammett se trouve en haut, le deuxième étalage. - C’est très gentil jeune homme. »
La vieille dame acquiesça en signe de remerciement et se dirigea vers l’endroit indiqué. Percy afficha un sourire. Ce travail avait quelque chose de gratifiant finalement. Il aidait les vieilles femmes à trouver leurs auteurs favoris. Ce n’était pas la même chose que de faire passer son amour pour l’histoire à des jeunes, mais c’était d’une utilité particulière. Peut-être que quand elle lira son livre, elle se souviendra de ce jeune homme qui lui avait montré son emplacement. Lâchant un soupir, Percy se retourna de nouveau à ses bouquins. Il reprit l’Assommoir dans sa main en affichant un sourire puis le déposa sur l’étagère.
Sujet: Re: Première rencontre - Lipton Ven 10 Juil - 20:22
Quand Lipton franchit la frontière américaine, à la seconde où elle posa le pied sur le sol américain, elle s'était dessuite sentie chez elle mais était consciente du chemin qu'elle allait devoir parcourir. Elle savait que rien n'allait être facile pour elle et que les sacrifices devaient être de la partie. Elle s'était dégoté un logement facilement et afin de ne pas se retrouver à la rue, elle avait enchainé quelques jobs minables dans les magasins de vêtements qui voulaient de son accent européen terriblement sexy. C'est seulement quelques mois plus tard, poussée par ses amis, qu'elle se présenta comme professeur de français à l'université de New York. La directrice avait pris le temps d'examiner ses diplômes belges -les mêmes qui lui permettaient de bosser n'importe où dans le monde- et l'avait engagée après quelques minutes de réfléxion, ayant vu en cette jeune femme beaucoup de compétences. Elle lui avait certifier qu'elle était la personne qu'il lui fallait et que le fait qu'elle aie vécu toute son enfance en Europe jouait en sa faveur.
Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas avoir remarqué cette librairie avant aujourd'hui. Oui enfin j'habite la 5e avenue depuis quelques temps déjà, et il me suffisait de traverser la rue, de faire quelques pas, de passer à côté de la grande poubelle verte, de tourner une fois à gauche, de faire encore quelques pas, de tourner une fois à droite et de lever la tête légèrement vers la gauche à environ 45 ° pour voir l'énorme écriteau: NY Public Library. En effet, je ne sais pas comment j'ai pu ne pas la remarquer plus tôt. Moi, grande passionnée des bouquins, profs de français à pleins temps, je pénétrai pour la première fois en ces lieux. Je savais très bien ce que je cherchais: un livre en français à faire lire à mes étudiants. Je recherchais précisément le meilleur livre en français qu'ils pourraient adorer. Je rentrai et remarquai une multitude d'étagères, des milliers de livres posés, rangés, usés. J'en souris d'avance et m'engageai un peu plus dans la pièce. Je touchai d'un geste léger le premier livre me tombant sous la main et cherchai du regard quelqu'un pour m'aider dans mes recherches. Je ne voyais personne. J'avançai encore, observant tout ces livres en quête de celui qu'il me fallait, d'un auteur que je pourrais peut-être connaître ou me souvenir. J'entendis un vieux bonhomme parler tout seul, une adolescente ruminer et une vieille dame demandant conseil. Demandant conseil ? Si elle demande conseil, il doit y avoir quelqu'un non ? Je m'avançai un peu plus en essayant de localiser les voix qui s'élevaient dans la librairie. Je perçus soudain un titre qui me frappa en plein visage. Je pris le livre en main, lu la quatrième de couverture et souriai de nostalgie. Un vieux bouquin inintéressant que j'avais été obligée de lire à l'école, en Belgique. Je levai la tête et surpris du regard ce qu'il me fallait ! Je tentai d'attraper le livre, en vain. Je risquai un coup d'oeil désespéré vers le jeune homme qui semblait bosser ici mais celui-ci était occupé avec la vieille dame de tantôt. Je décidai de le laisser finir et essayai de me débrouiller seule. D'une main je m'appuyai sur une étagère, de l'autre je me hissai, je m'étendai, pour attraper ce livre. J'avais toujours su au fond de moi depuis l'instant où je m'étais levée ce matin que je devais porter aujourd'hui des talons.. Ce que bien entendu je ne portais pas en ce moment. J'expérimentai une dernière fois de m'emparer de ce livre et le drame se produit. Comme d'habitude, je ne peux sortir sans me faire remarquer ! L'étagère s'effondra, projetant partout des dizaines de livres. Je m'étais couchée à plat ventre par terre, les mains sur ma tête afin de me protéger de cette avalanche. Ma maladresse avait une fois de plus frappé !
— Lipton Lipton Lipton ! Hann mais quelle conne tu fais ma pauvre! Je suis vraiment, vraiment désolée..
Dit-elle au jeune homme qui s'était empressée de la secourir avec un regard désespéré en guise de bonjour. Elle le regardai désolée et esquiva un petit sourire pour cacher sa culpabilité. Elle se releva, gênée et prit un livre en main pour le remettre sur l'étagère. Elle risqua un regard vers le jeune homme, en espérant qu'il n'allait pas s'énerver contre elle.
— Bon, je sais, j'aurais du vous demander, demander conseils.. mais vous m'aviez l'air tellement occupé. Et puis c'est vrai j'aurais pu prendre une chaise, monter dessus et attraper ce livre. Pardonnez moi, c'est fin de journée, je vous retiens dans votre librairie, votre femme vous attends peut-être, vos enfants qui sait .. Ils veulent sans doute revoir leur papa. Han excusez moi excusez moi, je vais vous aider, vous tracassez pas, je vais rester et vous aider à tout ranger. Han et puis peut-être que d'autres clients ont besoin de vous et moi je suis conne et je vous retiens avec mes histoires, mes conneries. Je suis désolée, han si vous saviez comme je me sens gênée. Je ne sais pas ce qui ma pris, enfin je suis petite, c'est difficile d'attraper un livre aussi haut, je suis désolée, je voulais l'avoir, juste pour le regarder d'ailleurs. Et dire que peut-être je n'aurais pas finis par le prendre et ... si j'avais abandonné mes recherches, rien de tout ceci ne serait arrivé. S'il vous plait, pardonnez moi ! Excusez moi, excusez moi. Vous pouvez me lancer tous ces livres à la figure, je vous comprendrais. Vous pouvez aussi me hurler de dégager je comprendrais. Mais pardonnez moi..
Avait-elle dit sans reprendre son souffle, enchainant les mots les uns après les autres à une vitesse incroyable. On aurait dit qu'elle allait pleurer. Elle resta là, debout entre tous ces livres, le jeune homme en face d'elle, attendant de sa part une minime réaction.
Sujet: Re: Première rencontre - Lipton Ven 24 Juil - 17:30
[Désolée du retard et de mon poste un peu petit. Mais je prime la qualité à la quantité x)]
Ranger des bouquins sur une étagère dans la plus grande et la plus connue de toutes les bibliothèques de Manhattan n’a jamais été un rêve pour le jeune Percy. C’est vrai qu’il vit des bons moments, il est utile et peut connaitre des auteurs inconnus. Il est utile pour les vieilles dames et il gagne de l’argent en attendant mieux. Mais il attend encore le mieux. Et parfois ça peut-être très long. Ce qui est bien quand ça dur en longueur c’est qu’entre temps on peut faire la connaissance de personnes différentes. Comme aujourd’hui. Le hasard a voulu qu’une jolie blonde croise le chemin du jeune homme. Et quand cette blonde est maladroite et bavarde, ça amène à un mélange assez explosif.
Alors que Percy posait un énième livre français sur l’étagère, son regard fut attiré par une ombre vers sa gauche. Mais avant qu’il n’est pu faire quoique ce soit, il fut le malheureux spectateur d’un spectacle dont il se serait bien passé. L’étagère s’effondra, tous les livres avec et la pauvre jeune femme était sur le sol. Percy eut un haut le cœur. Il ne se préoccupa pas de son étagère mais plutôt de la blondinette qui apparemment s’appelait Lipton et s’excusait comme elle le pouvait. Son regard plein d’empathie se posa sur la jeune femme. Il vint s’accroupir à côté d’elle alors qu’elle commençait à sortir sans un arrêt tout un speech. Des excuses à n’en plus finir, des paroles étranges sur une femme et des enfants qu’il n’avait pas et l’aide qu’elle lui proposait d’apporter. Percy la dévisageait à présent. Un petit sourire s’afficha sur son visage. Elle s’était relevée et Percy aussi. Il se tenait là devant elle. Et elle, elle venait de terminer de parler.
« Eh bah ! Tout ça ! Je tiens à vous rassurer…Je n’ai pas d’enfant, ni de femme. Deuxièmement c’est mon travail de ranger les livres…Je vais me débrouiller. Troisièmement si vous voulez vous faire pardonner je termine mon travail à dix neuf heures. Je n’ai pas beaucoup de connaissance dans le coin, je suis nouveau. Alors si vous voulez m’inviter dans un resto ou un bar que vous aimez j’accepte avec plaisir ! »
Percy n’a jamais été un don Juan. Ca n’est pas non plus son but en cette après midi avec cette Lipton un peu confuse. Mais il voulait sortir, penser à autre chose. Et si ça lui permettait de faire des rencontres alors pourquoi pas !
Le jeune homme n’attendit pas la réponse de la blondinette. Il s’accroupie à nouveau pour regarder les livres. Il cherchait ceux qu’il reconnaissait. Il y avait bien un tas de cent livres à ranger encore. Le fracas qu’avait fait l’accident avait attiré les rares personnes présentes. Il y avait une jeune femme, une bibliothécaire pas bien fine qui plissait des yeux en leur direction. Un nuage de poussière venait enfin de s’éclaircir quand Percy se releva.
« Ou si vraiment vous y tenez, vous m’aider à ranger avant qu’on parte boire un verre ! » Reprit-il avec un petit sourire.
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