La moto circulait librement entre les diverses voitures, taxi jaune et autres véhicules qui permettaient de se déplacer librement dans les rues peuplées de New York. Plus jeune Kephren avait toujours adoré la circulation ambiante de la ville, donnant presque un côté fourmillant à l'ensemble, mais depuis qu'il bossait, il voyait surtout la foule comme une cause possible de retard et il avait appris à s'en méfier et à nettement moins l'apprécier. Arriver finalement sur les lieux de son boulot, il descendit nonchalamment de sa moto avant d'enlever son masque et de se passer la main dans les cheveux, il fit un signe de main à son patron qui était déjà debout entrain de boire son café avec une goûte de vodka dedans.

Secouant la tête de façon exaspéré, il partit se préparer, changea sa chemise pour un t-shirt blanc rempli de tâches d'huile et il mit un gros pull par-dessus ainsi qu'un dessous bleu, c'était une salopette de travail, il alluma la radio dont il mit le son à fond et se mit à l'ouvrage. Le bruit des outils en marche recouvrant déjà à moitié le bruit de la musique. Kephren n'attendit pas plus longtemps pour plonger sous les voitures ou alors mettre sa tête dans le capot afin de voir le moteur. Il commençait toujours très tôt afin que les véhicules soient prêt pour 15/16h max et aujourd'hui, il n'avait que trois voitures à voir. Une qui venait sans doute de l'UES au vue de sa marque ainsi que des soins qu'elle recevait visiblement. Kephren comme à chaque fois se demandait ce qui poussait un riche à envoyer réparer sa voiture dans un lieu si pourrit, enfin, il n'allait pas se plaindre, c'était ce genre de client qui l'aidait à payer ses factures donc bon. L'autre véhicule était clairement d'occasion au vue de ce qu'il avait roulé sur l'indicateur, c'était sans doute un étudiant qui cherchait un minimum de liberté avec un véhicule acheté moins cher mais qui était souvent capricieux et qui demandait donc pas mal d'entretien, Kephren s'obstinait à penser qu'il valait mieux au final s'acheter un véhicule normal plutôt que d'occasion. Enfin, la troisième voiture qui passa entre ses mains étaient là juste pour un check up et le travail effectué fut assez rapide. Après avoir fait son boulot et s'être frotté les mains sur son pull, il alla se laver les mains à l'évier avant de se préparer à manger, il y avait un frigo derrière et il y avait toujours de quoi se sustenter. Son patron laissait ses employés l'utiliser afin qu'ils déposent eux-même leur charcuterie ou autre. En revenant dans la pièce de travail, il alla dans le bureau de son patron qui dormait la bouche ouverte partie en arrière, il roula aussi tôt des yeux devant le manque de motivation de son boss mais il n'avait rien à dire.

De retour dans le garage, il mangea rapidement avant qu'une personne ne se gare devant leur garage et entre l'air un peu intimidé. Visiblement un client qui venait rechercher son véhicule. Au vue de l'état de son boss, Kephren en conclut que c'était à lui de faire l'échange de bon procédé, il ne prit pas la peine d'observer son interlocuteur, il tentait de se rappeler où étaient déposées les clés des trois véhicules qu'il avait bossé. « Bonjour, je suis Kephren, excusez-moi, est-ce que vous pouvez me rappeler la marque de votre véhicule ? Histoire que je ne vous donne pas la mauvaise clé ! » sourit-il faussement, il n'était pas un très bon vendeur, il avait du mal à sourire bêtement au client, lui était plus du genre à tirer la gueule.

Kephren hocha simplement la tête avant de conduire la jeune femme dans le garage, il était distant, c'était une marque de défense pour lui d'être éloignée des femmes, hormis Lola, il tenait assez à sa règle de ne jamais réellement sympathiser avec le sexe faible. Il ouvrit la portière de la voiture et se mit à expliquer les problèmes. « C'était le ventilateur le problème, trop de poussière, du coup, il était obstrué et faisait faire un drôle de bruit à la voiture ! Rien de bien inquiétant ! Par contre, j'ai dû vérifier le reste, votre moteur était un peu capricieux au démarrage non ? » demanda-t-il avec professionnalisme.

Souvent, les femmes venaient pour un problème sans importance alors que leur voiture avait un autre problème plus grave mais autres. Il ne pouvait s'empêcher de penser que si seulement on pouvait bien leur apprendre quelques trucs à ces femmes, elles pourraient savoir d'où vient le problème. Puis il remarqua les bras encombrés de l'étudiante et il grimaça. « Besoin d'un sac ? Je dois avoir un vieux truc dans la réserve ! » annonça-t-il gentiment, il avait pris pitié de l'asiatique, enfin, il lui avait fallu du temps, il n'était pas vraiment observateur, mais il avait fini par le faire, c'était ce qui comptait le plus non ?

Il se dirigea vers l'arrière du garage à la recherche d'un sachet ou d'un sac qui tiendrait suffisamment longtemps afin que l'étudiante repose ses bras. En revenant vers elle avec un sac légèrement poussiéreux en main, il le tendit aussi tôt à la jeune femme avant de l'aider en soulevant une partie des livres. Il les regarda du coin de l'oeil avant d'émettre un sifflement admiratif. « Médecine ? Rien que ça ! En quelle année es-tu ? » demanda-t-il simplement. Il n'aimait pas les filles, pas parce qu'il avait peur, pas parce qu'il n'était pas sociale, mais parce qu'il avait peur de retomber dans ses vieux démons : celui de la fête, la drogue et l'alcool. Pour simplifier, les filles conduisaient à la drague, qui conduisait aux fêtes, qui conduisaient à la boisson, qui conduisait à la drogue, qui ramenait au sexe. Une sorte de boucle infernal, que Kephren évitait en évitant le facteur féminin un maximum. Parce que dans le fond, il était trop sociale et il aimait se faire remarquer, se mettre en avant ou ce genre de connerie. Car soyons honnête, il avait une belle gueule qui ne laissait jamais personne de marbre.

Cette fille semblait réellement intelligente, et pourtant quand Kephren remarqua ce qu'elle sortait de ses poches, il détourna le regard, se sentant soudainement mal à l'aise. Comme beaucoup de jeunes, il avait aussi été curieux et l'héroïne, on y était accro jusqu'à la fin de sa vie, voir un sachet comme ça lui donnait envie... mais pour lui, tout restait dans le mental, il avait sombré trop loin et ça l'avait conduit à faire la plus grosse erreur de sa vie, il avait tout perdu par la suite dont une estime de lui-même et là, il se relevait petit à petit, il était hors de question pour lui de replonger. Il était plus fort que ça. Même si les gens, surtout ses anciens amis, étaient perplexe, lui il savait qu'il pouvait devenir quelqu'un de bien et rester abstinent face à la drogue ou l'alcool.

Son regard se durcit quelque peu et il parla de nouveau. « Je sais que ce ne sont pas mes affaires... mais... ça peut faire tomber très bas ce genre de choses... » indiqua-t-il en pointant le sachet blanc de la jeune femme, il se rendit compte qu'il ignorait totalement son prénom... « Je suis sûr qu'un futur médecin a un avenir brillant... ça ne sert à rien pour moi que vous... enfin... vous méritez mieux que d'être une junkie... heu... j'ignore votre prénom en fait... » dit-il d'une voix trainante, voulant lui laisser l'opportunité de se présenter comme lui l'avait fait plus tôt. « Dans tous les cas, je sais que ça peut aider... mais de façon général, ça ne sert qu'à s'échapper quelques instant, et tôt ou tard, on finit par retomber sur Terre et la chute peut être difficile. »