« Jean-Paul Gauthier n’a pas chômé pour ton costume, mon petit ! » s’exclama dans un rire strident un de ses amis. « D’un côté, il n’allait pas lui faire de la merde, on parle du petit Debussy là attend ! Vic-tor De-bu-ssy ! Le styliste haute couture au top du top » ajouta un autre qui ne semblait pas lésiner sur les compliments. Et malgré les louanges que lui faisaient ses amis, le dénommé Victor resta calme, impassible face à cette agitation. Il se tenait debout, face au grand miroir. Il se regarda une dernière fois dedans et réajusta une dernière fois son nœud papillon. « Vous pouvez bien vous taire quelques secondes ? » s’exclama Victor, avant de se tourner vers eux. « Dites-moi, est-ce que ça va comme ça ? Le nœud papillon, je veux dire ? ». Les deux camarades hochèrent la tête en chœur comme pour acquiescer. Perplexe, il fronça les sourcils. Puis c’est alors qu’il se rappela qu’il leur avait dit de se taire. Puis dans un élan de spontanéité, il lança un : « Bon allez ! On peut y aller ! ». Y aller… à l’Eglise. Oui car aujourd’hui, ce n’était pas un jour comme tous les autres. Aujourd’hui avait lieu son mariage.

Victor alla s’installer devant l’autel de l’Eglise qui semblait être pleine à craquer. Les bruits de bavardage intempestifs des invités comblèrent l’habituel silence religieux de l’endroit. Non loin de lui, se trouvait ses deux amis qui étaient ses témoins pour cette grande occasion. Malgré le boucan auditif, le jeune homme resta serein. Pas un trait ne trahissait une certaine nervosité. Il semblait affronter cette épreuve avec une grande assurance déconcertante. Et soudainement, le silence s’imposa. En effet, la jeune femme venait d’entrer dans les lieux. Victor qui réajusta une dernière fois encore sa veste de costume se tourna alors vers l’entrée. Un large sourire se dessina sur ses lèvres. Vous savez ce genre de sourire que l’on pourrait facilement associer à cette célèbre publicité pour dentifrice. On pouvait entendre quelques « woh » dans les invités. Et fièrement, le jeune homme leur lança un regard hautain. Il en avait de la chance ! Et cela il le savait très bien. C’était la première fois qu’il la voyait. La première fois qu’il la voyait vêtue de cette élégante robe blanche. Lorsqu’elle arriva à sa hauteur, il ne put s’empêcher de lui glisser quelques mots au creux de son oreille. « T’es vraiment ravissante, poupée ! » lui chuchota-t-il.


[je me suis permis, j'espère que ça ne te dérange pas. mais j'aimais bien ton sujet et puis comme j'avais envie de participer à l'intrigue, enfin voilà. ]

Bien entendu, ce fut trop beau pour que cela se passe bien, trop bien même. Enfin, un bruit de verre cassé vint éveiller la frayeur dans toute l’Eglise. Un peu sonné par ce retournement, Victor se tourna vers l’endroit qui était à l’origine de tout ce boucan. L’un des grands vitraux. C’est alors qu’il vit apparaitre un grand dragon d’une couleur indéfinissable chevauché par un âne. Etrange. Pris de peur, il se cacha derrière sa future épouse la dénommée… Mince, il avait oublié son nom. C’est alors que le dragon se posa à quelques pas d’eux et croqua le pauvre prêtre. Victor n’y crut pas ses yeux et préféra d’ailleurs les ferma. Ne voyant ainsi plus la scène. Il entendait juste quelques paroles. L’âne semblait avoir pris la jeune femme pour une dénommée Fiona. Chose que la future Debussy nia rapidement. Elle se prénommait Kassy, comme elle venait de si bien lui dire. « Et vous venez de gâcher mon mariage ! » ajouta-t-elle. Puis elle finit par se tourner vers Victor, qui était resté passif face à tout cela. Sûrement elle attendait qu’il dise quelque chose, qui prenne sa défense, qu’il fasse fuir ces deux énergumènes. Il fronça tout d’abord les sourcils avant de lâcher un « euh » de sa bouche. Et c’est à ce moment précis que la jeune fille se mit à éclater en sanglot. Victor soupira se disant bien que c’était une fille. Les filles pleuraient tout le temps. Pour tout et n’importe quoi. Alors il décida de prendre les choses en main et s’approcha des deux protagonistes. « Euh… au revoir ? ». La foule ria. Réaction pathétique de la part d’un futur marié. Puis voyant la non-réaction de l’âne et de sa monture, il prit son mal en patience : « bon écoute. Va chercher ta pute de Fiona ailleurs, elle n’est pas ici ? T’as compris sale bourricot ! ». Foncement grossier de la part du fameux sale bourricot et qui se mit en position de combat. Les deux sabots antérieurs prêts à boxer. Victor ricana. « Tu vas te faire mal, retourne dans ton écurie… ». Première droite venant de l’animal. Esquive de la part du jeune homme. Et le combat de coqs avait commencé. […] « Attention, attaque mortelle de la poule ! » lâcha Victor. Et c’est alors qu’il se mit à imiter la poule. Il brassa de l’air à l’aide de ses bras repliés qui formait ses ailes fictives. Et il se mit à tourner autour de son adversaire. « Coooot-coooot-coot-coot ! ». Il approcha sa tête de la grande oreille de l’Ane. « Cot-cot-cot » continua-t-il de faire. Le ridicule ne tue pas… il fera peut-être fuir.

Son espoir fut vain. Voyant l’échec total de son numéro, Victor se redressa. Il se racla la gorge avant de se tourner vers sa future femme, qui, elle, ne semblait pas apprécier ce petit spectacle. En effet, la jeune fille s’était relevée à son tour, et avait ravalé avec fierté ses larmes. Lorsqu’il avait posé les yeux, elle était déjà entrain de chevaucher ce dragon. C’était donc les bras ballants qu’il la laissa faire. Tant pis. Une de perdue, dis de retrouvées ! Voilà ce qu’il pensait à cet instant précis. Tant pis ! « Nous deux ça ne marchera jamais. Tu n’es pas mon âme sœur, je voulais y croire car tu es le seul homme qui m’ais jamais aimé mais tu n’es pas mon prince. Tu ne le seras jamais ! » venait-elle de lui dire, alors qu’il se réjouissait pathétiquement de ce spectacle. Il haussa donc les épaules. Puis il se racla de nouveau la gorge, avant de faire un pas en avant et de s’approcher de Kassy qui était déjà au dos de sa monture. « Tu ne sais pas que tu perds, pauvre sotte ! » lâcha-t-il, d’un ton dédaigneux et prétentieux. « Si je ne suis pas « ton prince » comme tu le dis, personne ne le sera… » continua-t-il. Un rictus se dessina sur ses lèvres.

C’est à ce moment précis que Kassy décida d’éperonner sa monture pour la faire avancer. Mais celle-ci ne semblait pas décidée d’avancer. Victor ricana dans sa fictive moustache. « Même pas fichu de faire avancer sa bestiole… » commenta-t-il, entre quelques ricanements.