« Will ?! » s’exclama-t-elle, surprise, tout en ouvrant la porte. William était bien la dernière personne que Tamsin se serait attendue à voir ici. Elle ne savait même pas qu’il connaissait sa nouvelle adresse, ou comment il se l’était procurée. C’était surement un de ses anciens voisins qui avaient renseigné le jeune homme. Ceux-ci l’avaient vu des dizaines de fois, ils avaient donc plus ou moins confiance en lui. Toujours est-il que la jeune femme ne s’attendait pas à sa visite et qu’elle se retrouva presque paralysée dans l’encadrement de la porte, bloquant tout passage. Elle était également devenue muette et ne savait pas trop quoi faire ni quoi dire. Sourire ? Se méfier ? Le questionner ? Elle n’en savait rien. Elle décida donc de l’observer. William avait l’air… préoccupé, ce qui lui fit arquer un sourcil. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » finit-elle par demander après quelques secondes de silence. Ils ne s’étaient pas revus depuis qu’ils s’étaient retrouvés après les cinq mois d’absence de la jeune femme, la première fois après leur rupture, il y a quelques semaines. La sud-africaine était sortie de cette rencontre hasardeuse très troublée et très perdue. Le revoir après tout ce temps avait ravivé de nombreux souvenirs et sentiments qu’elle avait jusqu’ici réussi à étouffer. Il avait suffi d’une seconde en la compagnie de son ex pour que tout remonte et finisse par presque la submerger. Ça avait été douloureux, elle n’avait pas arrêté d’y penser pendant quelques jours, mais elle était de nouveau parvenue à taire tout ça. Plus ou moins. C’était encore plutôt frais et William était parfois présent dans sa tête, et ça pouvait durer de quelques secondes à plusieurs minutes. Mais c’était normal : elle avait cru qu’elle avait réussi à l’oublier, alors que finalement elle avait été dans l’illusion la plus totale. Bon il n’était cependant pas devenu une obsession, elle pensait quand même majoritairement à d’autres choses. Grâce à Denver. Il lui s’y débrouillait bien pour lui changer les idées. Avec lui elle oubliait tout, ne pensait qu’au moment présent, riait, déconnait, elle était pleine de joie de vivre et toute pensée néfaste était écartée lors de leurs moments. C’était en partie pour ça qu’elle appréciait passer du temps avec lui. Il lui était bénéfique et elle en avait vraiment besoin. Avant lui, en Afrique, elle avait rencontré un médecin, Conrad, avec qui elle avait pu oublier William. Enfin il avait eu le mérite d’occuper assez ses pensées pour que la jeune femme évite de trop penser à son ex. Heureusement pour la jeune femme, il n’y avait pas grand monde à l’appart ce soir. En fait elle ne savait pas qui était là puisqu’elle était sortie de sa chambre à peine quelques minutes auparavant pour manger un bout. Elle n’avait vu ou entendu personne. De cette façon, elle aurait à éviter des présentations et des justifications longues et gênantes auprès de ses colocataires. Elle n’avait pas envie d’affronter des questions. Vérifiant que le champ était libre, Tamsin s’écarta du chemin pour laisser entrer William. Une fois qu’il était à l’intérieur, elle referma la porte et se dirigea dans le salon, sans un mot, se disant qu’il allait la suivre. « Quelque chose ne va pas ? Tu n’as pas l’air très bien. » La jeune femme était quand même inquiète.

Voir William chez elle était assez déconcertant. Elle n’aurait jamais imaginé qu’il puisse mettre les pieds ici. Et surtout pas dans cet état-là. Il semblait paniqué et fatigué. Beaucoup de questions se bousculaient dans la tête de la jeune femme mais elle jugea bon de le laisser entrer avant. Ils allèrent jusqu’au salon et Tamsin observa William regarder par la fenêtre. Son comportement était suspect : il regardait partout, comme s’il était suivi. C’était de plus en plus étrange et elle n’y comprenait rien. Dans quoi s’était-il fourré ? Etait-ce dangereux ? Interloquée par son comportement, elle le regarda avec insistance espérant obtenir des réponses rapidement. Cela fonctionna puisqu’il apporta des débuts de réponses tout de suite après s’être retourné. « Je suis désolé d'arriver comme ça mais... il faut que je te parle de quelque chose. » Il avait baissé la tête. Quelque chose clochait vraiment et elle brûlait d’en savoir plus. Mais, s’il avait des problèmes, que venait-elle faire dans ces histoires ? Il s’arrêta un instant. « William ? » dit-elle, brisant le silence pour l’encourager à continuer, ce qu’il fit. « J'ai reçu un mot de Jim. » . La jeune femme lâcha un « Oh. » teinté par aucune émotion. Elle comprit tout de suite de quoi il s’agissait.

William lui avait déjà parlé d’un Jim. C’était il y a quelques temps déjà et elle n’avait plus vraiment repensé à lui. Tamsin savait que son ex-fiancé était un joueur de poker et qu’il y jouait très souvent. Cela ne l’avait jamais inquiété. Peut-être était-elle naïve ou alors elle le connaissait assez bien et lui faisait suffisamment confiance pour ne pas trainer dans des affaires louches. Elle connaissait un William prudent et quand il lui avait parlé de ce fameux Jim, elle lui avait simplement demandé de faire attention. Visiblement, il ne l’avait pas écouté. Elle n’avait jamais réalisé qu’il pouvait être si dangereux. Autrement, pourquoi le jeune homme agirait de cette manière ? Pourquoi agirait-il comme si quelqu’un le suivait et était prêt à lui faire du mal ? Les battements de son cœur s’accélérèrent et elle se laissa tomber sur le canapé quand elle réalisa l’ampleur de ce qui était en train de se passer. Elle déglutit et leva la tête pour regarder William dans les yeux. « Qu’est-ce que tu as fait ? » Elle avait dit ça en essayant de garder son calme. Elle ne devait surtout pas céder à la panique. Pas avant de savoir de quoi il en retournait exactement. « Je t’avais dit de faire attention… » C’était il y a longtemps, certes, mais elle espérait que ses paroles aient encore un peu de poids pour lui, qu’il lui accorde encore assez d’importance pour la prendre en compte.

« Qu’est-ce que j’ai à faire là-dedans, hein ? Pourquoi tu es venu ici ? Je ne vois pas en quoi je pourrais t’aider. Et je ne vis pas seule ici. J’ai cinq colocataires qui peuvent débarquer d’un moment à l’autre. Tu imagines si l’un d’eux tombe sur Jim ou un de ces hommes et qu’il lui colle une balle dans la tête ?! » Tamsin faisait tous les efforts du monde pour garder son calme mais elle avait de plus en plus de mal à le faire, terrifiée à l’idée qu’un homme mal attentionné ne débarque dans son appartement pour les blesser. Elle n’en savait pas suffisamment sur cette histoire, du coup, son imagination fonctionnait à plein, tout semblait permis, elle s’attendait au pire à présent. « Je veux que tu m’en dises plus. » dit-elle d’un air ferme et déterminé, avant de souffler pour retrouver son calme. Essayer. « S’il te plait. » finit-elle par dire en l’implorant du regard.

Le regard que lança William en réponse à la première question de Tamsin fit réaliser à la jeune femme l’ampleur de la situation. Son ex fiancé s’était vraiment mis dans de sales draps et il ne semblait même pas savoir pourquoi. Seulement, il devait forcément y avoir quelque chose. Elle n’avait peut-être que peu d’informations sur Jim, mais elle savait qu’il n’agissait que dans de certaines mesures, quand certaines limites étaient dépassées, il n’agissait jamais pour rien ou des futilités. Le fait que William ne sache pas exactement de quoi il en retournait la fit paniquer un peu plus. Comment pourrait-il arranger les choses s’il n’en savait rien ? « Tu ne sais pas, c’est ça ? Tu ne sais pas ce que tu as fait ? Comment ça se fait que tu ne saches rien ! » Malgré tous ses efforts, la panique prenait petit à petit possession de son corps et de tout son être. Elle n’aurait pas cru ça possible, mais son cœur se mit à battre encore plus vite. Elle n’était pas dans un film, elle n’était pas en train de rêver : Will était bien chez elle, en face d’elle, en train de paniquer, il y avait certainement des hommes armés à ses trousses prêts à le faire payer pour elle ne savait quoi. Une question d’argent sans aucun doute. Ils n’étaient pas dans un film de gangsters, c’était la vraie vie, bordel ! « Seigneur… » La jeune femme laissa tomber sa tête en arrière, sur le dossier du canapé, en fermant les yeux. Peut-être que si elle fermait juste les yeux et faisait comme si elle rêvait, comme si rien n’existait autour, ce serait effectivement le cas. Comme si les problèmes pouvaient se régler si facilement. La jeune femme finit tout de même par relever la tête, consciente que son petit manège ne changerait rien. Toujours aussi paniquée, elle arrivait de moins en moins à rester calme. Jusqu’à ce que Will ne pose ses mains sur son visage.

A son contact et plongée dans ses yeux, elle commença à se détendre. Ses simples mots suffisaient à la rassurer. Il la rassurait, il l’apaisait. Il avait toujours eu ce don, et étrangement, rien ne semblait avoir changé à ce sujet depuis la rupture. La blonde respira doucement, souffla, se calma. Elle se concentrait sur son visage et ses paroles, et cela fonctionnait. « Chuut... calme-toi. Si je suis venu aujourd'hui c'est pour que ça n'arrive pas. Je ne laisserai jamais ça arriver. » Elle crut immédiatement. Elle se sentait comme en sécurité… Ce sentiment n’était sans doute qu’éphémère mais il était bien réel. Elle hocha la tête pour lui faire comprendre que ça allait. Il finit par laisser tomber ses mains, et elle regretta son contact. Très vite, à sa demande de tout lui raconter, William fit la moue. Tamsin savait ce que cela voulait dire : il était réticent à lui en dire plus. Elle allait ouvrir la bouche pour protester mais il finit par prendre la parole pour lui expliquer : il était à une partie de poker, rien de plus normal. Logique. Ça avait forcément rapport à une partie de poker. Il s’était ensuite fait repérer, là encore c’était normal… et il avait reçu un mot, visiblement. Intriguée, la jeune femme arqua un sourcil. William le lui tendit : « T'as vraisemblablement pas compris. Alors maintenant, fais attention à toi ou on te rappellera à notre souvenir. N'oublie pas qu'on connaît ton talon d’Achille. » « Talon d’Achille ? » ne put-elle s’empêcher de répéter. Non clairement, le jeune homme avait raison, Jim ne s’était pas mis à jour. Car c’était bien elle, Tamsin Sullivan, son talon d’Achille. Il y a longtemps. « Ca fait plus de six mois ! Comment est-ce possible qu’il ne sache pas pour nous deux ? Tu dois bien avoir un moyen de lui dire que c’est fini non ? T’as pas le droit de me mêler à ça ! » Si elle s’était calmée grâce à lui, à présent, elle était en colère. Le danger était réapparu clair et net devant ses yeux et elle était clairement ciblée ! Elle ! Alors qu’elle n’avait absolument rien avec cette histoire et qu’elle n’avait plus rien à voir non plus avec William. Elle ne voulait pas qu’il lui arrive quelque chose à elle, ou un de ses colocataires. « Tu sais quoi, tu devrais partir. Je sais que tu es là pour me prévenir et que tu ne veux que me protéger, mais honnêtement, je suis mieux sans toi non ? Ils veulent s’en prendre à moi pour te faire du mal alors que clairement aujourd’hui il doit exister de meilleurs moyens pour t’atteindre. » Son regard était dur et autoritaire. Bien sûr qu’elle avait encore de l’affection pour Will, qu’elle aurait voulu l’aider, et que le chasser de cette façon lui faisait mal, mais elle ne voulait pas être mêlée à tout ça.

« Je ne prends pas un café avec lui tous les jours où j'aurais pu lui parler de notre rupture ! » C’était en réponse à ce qu’avait dit Tamsin concernant le fait que Jim aurait dû être au courant qu’ils n’étaient plus ensemble depuis longtemps. Mais ce que William venait de dire était loin d’être stupide, c’était plutôt elle qui avait été idiote. Non, bien sûr que non, il n’était pas ami avec Jim, pourquoi serait-il à ses trousses sinon ? Elle le voyait effectivement mal prendre un café avec lui. Mais elle avait peur, très peur. C’est pour ça qu’elle était si énervée et qu’elle ne réfléchissait pas vraiment à ce qu’elle disait. Elle ne connaissait pas ce sentiment d’habitude, enfin c’était très rare. Elle était courageuse, savait garder son calme dans les situations critiques (qualités d’un bon médecin) et était toujours celle qui rassurait les gens, leur disant que tout irait bien et qu’il n’en fallait pas s’en faire, que rien n’allait leur arriver. Sauf bien sûr quand sa vie ou celle de l’un de ses proches était directement en danger. Pour le coup, là, c’était elle qui avait besoin de quelqu’un de fort et de courageux pour lui dire que tout allait bien se passer, que la menace n’était pas réelle, qu’elle allait s’en sortir. Elle essayait de se le répéter, de se dire qu'elle était en plein mauvais rêve, que son réveil n’allait pas tarder à sonner et la tirer de cette situation qui la dépassait totalement. Elle n’avait aucune maitrise sur ce qui allait se passer et c’était ça qui lui faisait peur. Elle n’était au courant de rien, ne savait pas pourquoi on s’en prenait à William, donc à elle. Ça et le côté injuste de la chose. Elle n’avait rien fait à personne, elle n’avait jamais cherché à être la cible d’un malfrat. Elle n’aimait même pas le poker. Il fallait qu’elle essaye de passer au-dessus de tout ça, qu’elle arrive à se calmer, prendre du recul par rapport à la situation, qu’elle fasse ce qu’elle faisait pour les autres, mais cette fois pour elle-même. C’était difficile, mais il lui fallut juste un peu de temps, elle y arriverait. Tout comme elle arriverait à arrêter d’en vouloir à William.

« Ecoute, je sais bien que je n'ai pas le droit, mais on en est là ! » Il n’avait pensé qu’à son bien en venant la prévenir. Il aurait certes pu le faire par téléphone, mais c’était une bonne intention, il voulait la protéger… C’était ce qu’il se tuait à lui dire depuis tout à l’heure. Il voulait juste s’assurer qu’elle allait bien, le voir de ses propres yeux. Au téléphone, Jim aurait pu faire dire n’importe quoi à la jeune femme en la menaçant avec un couteau ou un pistolet par exemple. Il aurait juste fallu qu’elle soit convaincante pour que Will y croie. Il fallait qu’elle arrête de le blâmer et d’être en colère contre lui. Il s’était mis dans le pétrin et l’y avait mise aussi, il avait juste fait une erreur. Tout le monde faisait des erreurs et il n’y avait aucun doute quant au fait qu’il n’avait pas voulu l’entrainer là-dedans. Elle aussi avait fait des erreurs. William avait le droit d’être pardonné. Elle soupira, consciente d’avoir été dure avec lui. « Je sais… Excuse-moi. J’ai juste très peur… Je panique vraiment alors que ça ne me Ne ressemble pas. Je sais que tu veux juste m’aider et que je ne devrais pas te repousser mais c’est plus fort que moi. » Si en fait, parce qu’une partie d’elle-même qu’elle n’arrivait pas à faire taire lui disait qu’elle était en danger avec lui. Mais ça allait contre tous les efforts qu’elle s’acharnait à faire depuis cinq minutes. Elle espérait juste à présent qu’il saurait quoi faire s’il s’avérait que Jim se pointait ici et qu’il était armé. Parce qu’elle, non. Elle n’avait pas d’arme pour se défendre pour commencer, et quand bien même ce serait le cas, elle ne saurait pas s’en servir.

Soudain, un doute s’empara d’elle. Et si elle n’était pas son talon d’Achille, en fin de compte ? Et s’il s’agissait de quelqu’un d’autre ? Cette histoire la faisait toujours cogiter. La jeune femme ne savait pas si William avait une nouvelle petite amie, ou avec connus quelques flirts depuis qu’ils n’étaient plus ensemble, mais c’était tout à fait possible. Il n’allait pas passer le reste de sa vie seul après tout, ou à l’attendre. Elle lui avait bien fait comprendre que tout était fini quand elle avait rompu avec lui. Et elle espérait qu’il ait retrouvé quelqu’un, pour son bonheur et son bien-être, après, cette pensée lui faisait quelque peu mal au cœur mais elle n’avait pas le droit d’être jalouse, d’avoir des regrets ou d’être en colère après lui si jamais c’était le cas. Comme ce doute ne voulait pas partir, elle décida de prendre les devants et de poser la question qui lui brûlait à présent les lèvres. « Tu es bien sûr que je suis ton talon d’Achille hein ? Je veux dire… Peut-être que tu ne le sais pas, peut-être qu’il s’est bien mis à jour et que ce n’est pas de moi qu’il parlait… Est-ce qu’il y aurait ne serait-ce qu’une petite chance pour que ce soit le cas ? » S’il s’avérait que ce n’était pas le cas, bien sûr, elle serait soulagée. Elle ne serait plus en danger… Mais elle serait toujours inquiète pour William, parce que la menace était claire pour lui. Seulement, si ce n’était pas elle son talon d’Achille, c’était forcément quelqu’un d’autre, Jim faisait forcément allusion à quelqu’un d’autre… Et là… Cette personne serait surement en danger… Tamsin se demanderait aussi pourquoi William serait venue la voir elle plutôt que la personne qui partageait sa vie, hypothétiquement. Ah elle n’avait pas fini de douter et de s’en poser des questions par rapport à lui… Ça ne finirait jamais or c’était encore douloureux et elle n’avait plus envie d’y penser. Elle voulait juste du répit.

Affolée, la jeune femme avait ensuite demandé à William de partir, parce qu’elle se sentait plus en danger en sa présence. Elle n’était plus vraiment en colère à présent, mais la peur était toujours présente. « Je sais que as le droit de m'en vouloir mais laisse-moi te protéger jusqu'à temps que je lui parle. ... Ou du moins, je peux engager quelqu'un pour ça si tu préfères ne pas me voir... » Combien de temps tout ceci allait-il durer ? Combien de temps comptait-il rester avec elle jusqu’à ce qu’il juge que la menace s’était éloignée ? Combien de temps avant que ses colocataires ne rentrent aussi ? Elle soupira puis baissa les yeux. « Ce n’est pas que je préfère ne pas te voir mais… Comment tu comptes me protéger exactement ? Combien de temps ? Sois réaliste tu ne peux pas rester là ou en bas de chez moi tout le temps. Tu seras à bout au bout d’un moment et si la menace est bien réelle, tu ne pourras pas me protéger. Pas tout le temps. » Quant à la question d’engager quelqu’un pour le faire, non merci… Elle allait devenir parano comme ça et c’était bien la dernière chose dont elle avait besoin. « Et n’engage personne. Je ferais attention. »

La scène avait un désagréable gout de déjà-vu. Elle se revoyait plusieurs mois auparavant en train de rompre avec lui, en train de le repousser malgré elle. C’était exactement pareil. Elle n’arrivait pas à faire autrement que de le repousser quand bien même elle n’en avait pas envie. Elle n’avait pas envie d’être seule, pas à ce moment-là, pas avec ce qu’elle savait. Elle avait peur et elle savait que William pourrait la protéger, si elle était vraiment en danger. Mais après qu’il soit venu paniqué comme ça, elle ne pouvait pas croire que tout allait bien et qu’elle n’était en réalité pas en danger. Elle serait au moins inquiète pour lui. « Y a comme un air de déjà vu... » Elle l’avait mérité. La jeune femme regarda son ex-fiancé faire les cent pas dans la pièce. C’était encore un sujet sensible et douloureux, pour les deux visiblement, malgré tout le temps qui s’était écoulé depuis qu’ils avaient rompu. Il ne méritait vraiment pas d’être repoussé comme ça, elle le savait, il avait souffert. Maintenant qu’il voulait l’aider, qu’il voulait mettre de côté la souffrance qu’elle lui avait causée, elle refusait. Il aurait dû lui en vouloir, il n’aurait pas dû venir la prévenir comme ça. Mais c’était une sorte de protection. C’était mieux pour eux deux s’ils restaient éloignés. En tout cas, elle en était convaincue. Elle ne répondit rien, préférant oublier ça. Elle se contenta de le regarder, jusqu’à ce qu’une idée ne lui vienne à l’esprit. Et si elle n’était pas son talon d’Achille comme il le croyait ? Et s’il aurait dû être en train de protéger quelqu’un d’autre ? « C'est possible... J'ai... juste... voulu te prévenir en premier mais je vais tenter de la mettre à l'abri également... » Il lui confirma ce qu’elle redoutait et espérait en même temps. Il y avait bien une nouvelle femme dans sa vie. Elle ne savait pas comment prendre le fait qu’il n’ait pas pensé à cette jeune femme avant de penser à son ex-fiancée qui l’avait lâchement abandonné. Il était venu vers elle en premier, avait voulu la protéger, sans avoir, semble-t-il, réfléchi un tant soit peu à la question. C’était assez troublant. « Oui tu vas le faire, et tu vas le faire tout de suite. Tu ne devrais déjà plus être ici ! Il est évident que la note parlait d’elle et non de moi. » dit-elle pour le convaincre mais surtout pour se convaincre elle-même.

Oubliant ses craintes un instant, elle insista sur le fait que, aussi bien qu’il voulait tout faire correctement, il ne pourrait pas réussir à tout faire, la protéger, protéger sa nouvelle petite-amie, se protéger lui-même. Il n’avait pas l’air de se rendre que ça allait être épuisant physiquement comme psychologiquement. « Ca ne compte pas, on s'en fiche d'être réaliste. Je PEUX te protéger et je le ferais. De toute façon, je vais aller trouver Jim et je vais régler le problème. » Ils se regardaient de nouveau dans les yeux. Il avait l’air d’être sûr de ce qu’il disait, sûr de lui. Un peu trop sûr peut-être. Tamsin esquissa un sourire qui n’avait rien de joyeux et secoua doucement la tête. « Tu PENSES que tu peux. Tu penses, et j’ai confiance en toi, je sais que si tu dis que tu peux le faire, tu feras tout pour, mais j’ai aussi peur pour toi. Tu devrais penser un peu plus à te protéger toi. Surtout si tu vas voir Jim… » Elle ne préférait pas penser à l’état dans lequel il serait s’il allait voir Jim. L’inquiètude se lisait de plus en plus sur son visage et elle ne s’atténua pas lorsque Will lui prit les mains et se rapprocha d’elle. Au contraire. Elle lui assura ensuite qu’elle saurait se débrouiller toute seule, surtout qu’elle était convaincue que la menace ne pesait plus sur elle. Sauf si bien sûr, Jim l’avait suivi jusqu’ici et se doutait de quelque chose. « Tu ne vas rien faire du tout. Tu n'as rien à t'occuper. Je m'en charge. » Elle soupira. Elle n’aimait pas se répéter. « Will… » Elle s’arrêta en le voyant si proche et si déterminé à la protéger. Elle ne pouvait pas le repousser encore. « Si tu dis que tu y arriveras, je te fais confiance… Mais je préférerais que tu fasses attention à toi plutôt qu’à moi. Mais j’imagine que rien de ce que je pourrais dire ne te fera changer d’avis, je me trompe ? »