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Thinking out loud ~ Ebba & Esteban

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MessageSujet: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyLun 2 Fév - 15:53

Thinking out loud
Ebba & Esteban

Cela ne faisait que quelques jours qu'il l'avait vue pour la dernière fois, à peine plus d'une semaine, et déjà un immense manque se faisait ressentir. Pourtant, Esteban avait longuement réfléchi avant de se rendre chez Nastazià pour lui annoncer que leur histoire ne pouvait pas continuer ainsi. Il avait été sûr et certain de sa décision, mais à aucun moment il n'avait imaginé que la séparation serait si douloureuse. Bien sûr, il s'était douté que le fait de ne plus la voir quotidiennement serait difficile. Mais très naïvement, il avait aussi cru qu'en se plongeant dans son travail et dans les recherches qu'il menait pour retrouver Luisa, la douleur finirait par s'estomper. Or, il n'en était rien, et le caractère récent de cette affaire n'expliquait en rien le mal-être qu'il ressentait depuis qu'il avait laissé Nasta seule chez elle. Quelque part, le colombien savait qu'il l'avait blessée, et qu'elle ne lui pardonnerait certainement jamais cette décision qu'il avait prise. Mais une fois de plus, sa sœur passait avant tout le reste, et même avant son propre bonheur. Bonheur qu'il s'interdisait d'ailleurs de ressentir tant que Luisa ne serait pas de retour dans sa vie. Et s'il ne la retrouvait jamais… Et bien qu'il en soit ainsi: Esteban serait malheureux à jamais, orphelin de toute famille et incapable de tourner la page sur ces années noires qui l'avaient mené jusqu'à New-York.

Constamment, le jeune homme se demandait ce que faisait Nastazià, où elle pouvait bien se trouver, avec qui… En fait, ses pensées étaient sensiblement les mêmes qu'avant leur "rupture", la tristesse et les pincements au cœur en plus. Il aurait voulu savoir comment elle allait, à quel point il l'avait blessée en partant et ce même si cette question lui paraissait extrêmement malsaine. Seulement voilà, il avait décidé de couper les ponts et devait désormais s'y tenir, coûte que coûte. A moins que… Une solution s'offrait bien à lui mais jusqu'ici, Esteban n'avait encore jamais osé "l'utiliser". Il l'avait rencontrée il y a peu de temps, certes, mais le jeune homme avait tout de suite tissé un lien bien particulier avec la demi-sœur de Nastazià, Ebba. Et s'il y en avait bien une qui pouvait le renseigner, qui accepterait (du moins il l'espérait) de lui parler, c'était elle. Toute la journée, le colombien songea à cette option, se refusant une bonne trentaine de fois de rédiger ce message au bout du quel il pourrait peut-être enfin obtenir des nouvelles de Nasta… Mais alors que la fin d'après-midi approchait, le jeune homme se résigna à prendre contact avec Ebba. De toute façon il ne risquait pas grand-chose. Au pire un refus, et encore… au vu du tempérament de la jeune femme, Esteban en doutait.

Il ne voulait pas la déranger en plein cours de danse qu'elle donnait au Lincoln Center, préférant attendre la fin de sa séance pour la rejoindre mais Ebba sembla en décider autrement. Elle le pria même de la retrouver quelques minutes plus tard ce qui expliquait la présence d'un Esteban pas très à l'aise aux abord de la salle qu'on lui avait indiquée. Discrètement, le colombien entrouvrit la porte pour se retrouver nez-à-nez avec une horde de mini-Ebba en tutu, devant laquelle il resta interdit quelques instants. Mais fort heureusement, la véritable Ebba finit par apparaître dans son champ de vision, lui arrachant un petit sourire alors qu'il la saluait bêtement d'un geste de la main, sans pour autant oser pénétrer dans la salle en question.

Emi Burton
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyLun 2 Fév - 20:26



thinking out loud
J’avais pas compris grand chose à la distance que Nasta et Esteban avait mit entre eux. Je savais juste que c’était nécessaire. C’est ce qu’ils me disaient tout deux. Nécessaire. Drôle de mot, dans ce cas. ‘C’est nécessaire’... D’accord, mais en quoi ? Parce que Nasta, elle était pas bien, et Presque-Presque, il avait pas l’air au mieux de sa forme non plus. Alors ça servait à quoi, tout ça ? Moi, j’étais d’avis de dire que la vie est bien trop courte pour ne pas la passer avec les gens qui nous font du bien. Mais je n’avais pas mon mot dire, je n’étais pas eux, je ne pouvais décider pour eux... Et puis, c’était nécessaire, alors. Toujours est-il que lorsque je reçu son texto stipulant qu’il avait envie de me voir, je n’y trouvais rien d’illogique ou interdit. J’étais pas supposée le rayer de ma vie sous prétexte que Nasta et lui n’était plus... Nécessaires. Si ? Non. Au contraire, ça me ferait plaisir de le voir. Aussi, je lui proposais de venir me rejoindre, ici, au conservatoire. Il hésitait, j’insistais, et hop, il cédait. C’était idiot, il n’allait pas me déranger en venant, sinon je ne le lui aurais pas proposé. J’étais sérieuse et professionnelle, pas vraiment du genre, donc, à inviter mes amis sur mon lieu de travail lorsque ce travail nécessitait une attention et une concentration de chaque seconde. Mais là, en l'occurrence, mes petites danseuses ne réclamaient rien de tout ça. Ce n’était pas de futures ballerines, juste des petites filles dont les parents, vraissemblablement très aisés, aimaient à dire que leur fillette pratiquait le piano, le violon, la danse classique, l’italien et le russe. Elles étaient tellement sollicitées en leçons particulières que, bien souvent, mon cour se transformait en moment de décompression. Elles en avaient besoin, ce n’était que des enfants. Alors, en tutu et petites ballerines, elles enchainaient les entrechats et les petits sauts en riant. Oui, c’était ça mon cours. Bien évidemment, je leur enseignais plein de choses, et elles apprenaient vite, la souplesse des jeunes années aidant énormément, mais elles le faisaient en s’amusant, jamais à contre-coeur, ou en fatiguant.

D’ailleurs, nous étions en train d’apprendre et répéter les fouettés -cette technique qui consiste à jeter la jambe le plus haut possible tout en restant souriante- lorsque le regard de mes fillettes fut attiré vers la porte. Un parent venant observer le travail de son enfant -ils avaient le droit, évidemment- ? Non. C’était Presque Presque qui se tenait à la porte, me faisant un petit signe amusant. Amusant, parce qu’il semblait tout coincé. Pourquoi ? Ce n’était que moi, et une vingtaine de petites-moi en tutu. « Bien, les filles ! » j’annonçais en relâchant ma jambe -jusqu’à présent quasi contre mon visage- pour reposer le pied au sol. « Freestyle ? » je proposais, sans réellement le proposer puisque je connaissais déjà leur avis sur la question, et... J’avais raison, encore une fois, puisqu’à peine le mot lâché, plusieurs étaient déjà en train de faire le moonwalk, tandis que d’autres sautaient sur place en balançant du chignon. D’un geste de main, j’invitais Esteban à entrer dans la vaste pièce, tandis que je m’approchais de la sono pour couper Saint-Saens et le remplacer par Bruno mars, Uptown Funk. Aussitôt, sous mon rire discret, les tutus se mirent à se déhancher, jambes écartées et petits genoux pliés, moue sérieuse et sourcils froncés. D’ailleurs, je les imitais un peu en progressant jusqu’à Presque-Presque, dont j’attrapais la main pour l’obliger à sauter dans le grand bain. Fallait qu’il me retire ce sourire crispé du visage, parce que j’aimais pas ça du tout. « Allez, remue, Presque-Presque ! » je lui ordonnais -enfin, ordonner était un bien grand mot- entre deux couplets que je chantais en même temps que Bruno Mars et les fillettes. Je pouvais pas lui demander de danser parce que, en toute objectivité, ce qu’on faisait, les filles et moi, c’était pas de la danse, pas au sens où je l’entendais. C’était du grand n’importe quoi. On remuait en rythme, certes, mais on ne réfléchissait aucun de nos mouvements ou enchainements. On vivait les basses et percussions. Voilà tout. « T’es tout coincé dans ton grand corps. Le laisse pas te diriger, dirige-le ! » Je demandais, encore, en le rapprochant toujours plus de fillettes qui, bientôt, furent une nuée autour de lui. Une nuée aux mouvements super étranges, parfois, comme cette petite blonde faisant du kung-fu, ou la rouquine courant à travers la pièce en faisant battre son tutu comme des ailes. J’allais l’obtenir ce vrai sourire, à la fin ?


with: Esteban | date: 02/02/15
cassie at atf.
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptySam 7 Fév - 16:16

Thinking out loud
Ebba & Esteban

A la fois amusé et intimidé par la scène qui se jouait sous son nez, Esteban n'osa pas pénétrer dans la salle de cours où se trouvait Ebba entourée d'une nué de fillettes affairées à reproduire chacun des mouvements de leur professeur. Mais leur attention fut vite détournée par la présence du jeune homme et alors qu'il affichait une petit grimace gênée, une vingtaine de paires d'yeux se braquèrent sur lui. Evidemment, cela n'arrangea rien à ses hésitations, et ce fut donc de loin qu'il salua une Ebba en tenue de circonstances, elle aussi. Le colombien s'adossa alors à l'encadrement de la porte, projetant déjà d'attendre la fin du cours et donc le départ de toutes ces mini-Ebba pour rejoindre celle qu'il était venu voir. Mais celle-ci sembla en décider autrement puisqu'elle proposa une séance de freestyle à ses élèves, qui se lancèrent immédiatement dans toutes sortes de chorégraphies plus ou moins coordonnées. Dans un premier temps, Esteban ne put qu'afficher un sourire en observant toutes les fillettes se dandiner sur la musique. Mais ce sourire s'effaça au moment même où Ebba l'attrapa par la main pour le tirer vers le centre de la salle. « Allez, remue, Presque-Presque ! » lança-t-elle à l'attention d'un Esteban des plus crispés, qui s'empressa de grommeler entre ses dents : « Non ! Arrêtes ! Ebba ! Je… je suis pas danseur ! » Mais comme si elle ne l'entendait pas, la jeune femme continua de le pousser au beau milieu de ce cercle de fillettes qui se faisait de plus en plus étroit autour de lui. Quelque part, la situation avait d'ailleurs un côté extrêmement angoissant et alors qu'Ebba lui faisait remarqué qu'il paraissait un peu coincé, Esteban réitéra : « Ebba, tu veux pas finir ton cours plutôt ? J'vais pas danser là…» Sans savoir s'il devait rire ou partir en courant, le colombien observait du coin de l'œil toutes ces mini-danseuses qui ne semblaient avoir d'yeux que pour lui, et qui le firent un peu malgré lui esquisser un sourire crispé. Voilà pourquoi il avait tout d'abord insisté pour retrouver Ebba ailleurs que dans sa salle de danse, à une heure différente de celle où elle donnait ses cours… Il savait qu'elle était capable de tout, et la jeune femme lui en faisait une nouvelle fois la démonstration. Planté comme un piquet au milieu des tutus, Esteban cherchait cependant son regard pour s'y raccrocher, pour lui faire comprendre qu'il n'était clairement pas dans son élément et qu'elle devait arrêter cette torture tout de suite. Mais il n'eut pas l'occasion d'attirer son attention puisqu'une fillette vint soudain se saisir de sa main et, tout en remuant du popotin, s'écria : « Pourquoi tu danses pas ? Tu sais pas danser ? Regarde, c'est facile ! » Et tout en l'entrainant avec elle, la petite fille se lança dans une démonstration probante, se prenant à son tour pour la prof visiblement très soucieuse d'enseigner ses plus jolis pas à un Esteban au bord de la crise de panique. Mais en sentant une nouvelle fois tous les yeux braqués sur lui, il commença timidement à esquisser quelques pas de danse, en suivant ceux de la fillette qui semblait à présent le juger comme s'il s'agissait d'un véritable concours. Soudain, une idée traversa l'esprit du colombien qui, tout en dansant, avança vers Ebba pour se saisir de sa main et l'entrainer avec lui dans une sorte de ballet dont il n'aurait su donner le nom. Esteban la fit virevolter au bout de sa main droite, comme ces danseurs de rock qu'il avait parfois vu œuvrer à la télévision. Puis, devinant que la fin de la chanson arrivait, il initia aussi la fin de leur "prestation" en faisant basculer la jeune femme vers l'arrière. Ce geste, loin d'être innocent, lui permis de s'approcher de l'oreille d'Ebba pour y murmurer une sorte d'appel au secours : « Dis-moi que ton cours est fini et qu'elles vont toutes rentrer chez elles ! Je ne danserai pas une deuxième fois… »

Emi Burton
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptySam 7 Fév - 23:48



thinking out loud
« Non ! Arrêtes ! Ebba ! Je… je suis pas danseur ! » se plaignait-il comme un enfant capricieux. Et alors ? avais-je envie de lui répondre. Ce n’était pas de la danse, ça, c’était du défoulement. Rien à voir avec la technique et la précision, rien que de l’approximatif et de l’instinctif. Moi-même, je ne dansais pas. Je ne faisais que gigoter, des cheveux jusqu’aux pieds. Ça ne ressemblait sûrement à rien, mais pour ce genre d’exercice, il fallait apprendre à ne pas se regarder. Alors, je lui faisais les gros yeux, enfin autant que mes yeux pouvaient en être capable. Ça aussi, ça devait ressembler à rien. Je n’étais pas vraiment la plus autoritaire du monde, mais qu’importe, les gens finissaient par accepter de m’écouter. Presque-presque aussi, il n’y avait aucune raison pour qu’il y échappe et refuse de se laisser aller. Il semblait tout coincé, tout crispé, il avait besoin de se défouler. « Bouge comme si personne ne te regardait. » j’insistais, en vain. Il était borné, et mon sourire en souffrait. « Ebba, tu veux pas finir ton cours plutôt ? J'vais pas danser là…» Si ! Foi de moi, il allait danser ! J’allais parvenir à cette prouesse, c’était mon leit-motiv de l’instant, et lorsque j’avais une idée en tête. Surtout que mes petites danseuses mettaient du coeur à l’ouvrage, partant dans un peu tout et n’importe quoi, du ninja à l’albatros, en passant par du hard-rock avec guitare imaginaire et secouage de cheveux. Comment parvenait-il à craindre le ridicule au milieu de tout ça ? Alors, elles lui dansaient autour, comme des indiens autour du totem. Immobile et figé, elles ne se laissaient pas démonter, et offraient toute leur énergie au service de ce freestyle. Du moins, jusqu’à ce qu’une, plus téméraire que les autres, se lance et apostrophe le géant taciturne. « Pourquoi tu danses pas ? Tu sais pas danser ? Regarde, c'est facile ! » Et là, en cet instant, j’étais fière. Ma petite minette qui voulait apprendre à danser à ce GI Joe grandeur nature. Du coup, je la laissais faire, les observant avec un mélange de ravissement et de curiosité. Elle lui montrait les pas, il les répétait, et les autres gamines gesticulaient toujours à travers toute la pièce. D’ailleurs, j’étais en train de me demander si la petite Pam-Sue dansait ou faisait une crise d’épilepsie, lorsqu’une main vint saisir la mienne, et que brusquement, je me retrouvais à tournoyer façon ‘dancing with a star’. Heureusement que la virevolte me connaissait, une autre que moi aurait probablement rendu son repas. Moi, je maîtrisais, à peu près, ne craignant qu’une chose : qu’il me lâche. Avoir confiance en son partenaire, ça ne s’improvisait pas, ça se méritait, et oui, là, tout de suite, j’avais un peu peur qu’une main glisse, qu’il ne me rattrape pas, et que je finisse dans le décor avec, au mieux, une cheville foulée. Sauf que, rapidement, je me retrouvais projetée vers l’arrière, cambrant les reins plus que n’importe quel individu lambda, et l’observant s’approcher en fronçant les sourcils. « Dis-moi que ton cours est fini et qu'elles vont toutes rentrer chez elles ! Je ne danserai pas une deuxième fois… » Mais c’était une obsession ou quoi ? « Poule mouillée ! » je taclais en me redressant, ajoutant un petit « Cot ! Cot ! » pour illustrer mon propos. La chanson touchait à sa fin, certes, mais enchaina rapidement avec une autre, I Can’t Lose, toujours de Mark Ronson, mon Love-Love auditif du moment. « T’es enfantophobique ou dansophobique ? » Et inventer des mots, c’était ma grande passion. « Ce sont des enfants, elles ne vont pas te manger, tu sais ? Et puis, je voulais juste que tu te défoules un peu, t’es tout... » il était tout crispé, sur les nerfs, tendu comme un slip. Mais puisque je n’avais pas les mots, je lui mimais le tout à base de doigts recroquevillés et crochus et montrage de dents. Oui, façon vampire, en fait. C’était clair, ou pas ? Non ? Tant pis. « Il reste dix minutes de cour qu’elles vont passer à sautiller partout, puis les parents viendront les chercher au compte-goutte. Ils sont jamais super pressés de les récupérer. » je lui répondais, finalement, en m’arrachant à la ronde des filles pour rejoindre les gradins composés de trois grosses marches de bois dans le fond de la salle, et sur toute la largeur de cette dernière. « Bon, tu voulais me parler de quoi ? » j’entrais dans le vif du sujet, consciente, à présent, qu’il ne se détendrait pas, tout en m’installant sur les gradins, gardant un oeil sur mes filles et soulageant mes pieds en les faisant passer de pointe à plat, de plat à pointe, et ainsi de suite pendant une bonne minute. « Ebba ! » cria l’une d’elle depuis l’autre bout de la pièce. « C’est ton amoureux ? » Manquait plus que ça, tient. « Non, c’est celui de ma soeur. » La petite hocha de la tête, satisfaite, et retourna à sa danse-transe à base de mouvements hachés et très étranges. « Parfois, je me demande si leurs parents ne leur donnent pas de la drogue en douce. » J’avais été aussi bizarre quand j’étais enfant ?


with: Esteban | date: 02/02/15
cassie at atf.
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyMar 10 Fév - 17:56

Thinking out loud
Ebba & Esteban

Esteban était très loin d'être dans son élément et pourtant, face à l'insistance de cette mini-Ebba qui s'était vraisemblablement donné pour mission de lui apprendre à danser (et quelle mission !), il baissa les bras et se lança donc à son tour dans une espèce de chorégraphie à moitié maitrisée. Pas à pas, il reproduisait les mouvements de la fillette comme il le pouvait, persuadé d'être totalement ridicule face à Ebba qui avait fait de la danse son métier. Comme elle lui avait fait remarqué un peu plus tôt, Esteban était effectivement particulièrement "coincé dans son grand corps" mais surtout : il n'était clairement pas là pour prendre un cours de danse ! Et même si cela aurait éventuellement pu l'amuser dans d'autres circonstances, cette fois, le jeune homme n'avait pas vraiment la tête à la plaisanterie. Alors, prenant son courage à deux mains et profitant de la fin de la chanson, il se lança dans une courte danse au bras d'Ebba et termina en la suppliant presque de mettre un terme à ses souffrances. Initiative à laquelle il ne récolta qu'un « Poule mouillée ! » cinglant et bien mérité, alors qu'une nouvelle chanson débutait au plus grand dam du colombien. « T’es enfantophobique ou dansophobique ? » reprit alors Ebba, lui faisant lever les yeux au ciel alors qu'il répondait en grimaçant : « Les deux ! » même si dans les faits, le jeune homme n'avait rien contre les enfants. Il n'avait jamais été très à l'aise avec eux, mais rien qui ne puisse s'apparenter à une véritable phobie, ni envers les enfants, ni envers la danse.

Après lui avoir rappelé une énième fois qu'il avait l'air tendu (du moins ce fut comme ça qu'Esteban interpréta les mimes étranges de son interlocutrice), Ebba se dirigea vers la gradins en bord de salle tout en lui expliquant que la fin duc ours ne tarderait plus, et que les enfants finiraient par partir au compte-goutte. Et au moment où elle en revint aux faits qui l'avait mené jusqu'ici, alors que le colombien s'installait à ses côtés sur les grandes marches de bois, une fillette interpella Ebba : « C’est ton amoureux ? » Pour le coup, la réflexion eut au moins l'avantage de faire sourire Esteban, qui laissa sa voisine répondre à sa place. Et ce fut en toute simplicité qu'Ebba lança qu'il s'agissait de "l'amoureux" de sa sœur. Réponse qui sembla convenir à la fillette, mais qui renvoya Esteban à la dire réalité, et à toutes ces questions qu'il se posait lui-même sur ses sentiments envers Nastazià. Mais ses réflexions furent coupées par une nouvelle observation de sa voisine qui lui confia : « Parfois, je me demande si leurs parents ne leur donnent pas de la drogue en douce. »  Disait-elle cela pour lui ? Parce que le fait de les imaginer ensemble relevait de la démence ? Etait-il si repoussant que ça ?! Un peu amusé par cette réflexion, Esteban secoua la tête en affichant un mince sourire, qui s'effaça au moment où il reprit la parole pour revenir à la principale raison de sa présence ici. « Je suis venu pour te parler de Nasta. C'est important. » fit-il, comme pour planter le décor, avant de poursuivre : « Est-ce que… tu l'as vue récemment ? J'veux dire… est-ce qu'elle t'a parlé de… moi ? De nous ? » N'osant pas aller plus loin sans savoir quels éléments étaient en possession d'Ebba, le colombien préféra se contenter de ça, attendant avec une angoisse palpable une quelconque réaction.  

Emi Burton
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyMer 11 Fév - 2:21



thinking out loud
« Les deux ! » Les deux ? Wahouuuu ! Ça devait être compliqué, la vie, pour lui. Au quotidien, je veux dire, il ne devait pas être évident d’éviter les enfants ET la danse. La pub Evian devait lui provoquer des crises de panique, alors, non ? Quoiqu’il en soit, charitable -mon deuxième prénom- je l’entrainais hors de la horde de mini-cinglées gesticulant comme des junkies sur la musique de mon choix, et l’installais sur les gradins, histoire qu’il puisse respirer un peu. Je lui évitais, aussi, d’avoir à répondre à trop de questions en coupant court les rumeurs qui commençaient à circuler -ça circule très vite- le disant, potentiellement, mon amoureux. Nop ! Moi j’avais pas d’amoureux. Et puis, celui-là, c’était celui de ma soeur, alors. M’installant à mon tour, je me surprenais à évoquer, à haute voix, mais doute concernant la sobriété de mes filles, vu les danses qu’elles pratiquaient lorsqu’elles n’avaient plus de contrainte. Nous assistions à une rave d’enfants de six ans. Les plus déglinguées, donc. Cela dit, nous n’étions pas là pour ça. Il devait me parler, me poser une question -d’après son texto- et c’était la raison pour laquelle il était là, la raison pour laquelle j’avais insisté pour qu’il ne tarde pas et vienne me rejoindre sur le champ. C’était le double effet kiss-kool de mes cours de danse, je me découvrais un côté autoritaire insoupçonné. Alors, il voulait quoi le Presque-Presque ? En tous cas, ça n’avait pas l’air simple a dire, vu la tête qu’il faisait, encore plus crispé qu’au milieu des filles, finalement. « Je suis venu pour te parler de Nasta. C'est important. » Et immédiatement, j’imaginais le pire ! Forcément ! Je ne connaissais pas les raisons de leur séparation, outre que c’était ‘nécessaire’, alors, de fait, j’imaginais qu’il allait me confier la véritable explication, ma soeur mourante, par exemple. Pourquoi fallait-il que je noircisse le tableau ? Fallait-il que je vous rappelle les divers expériences qui avaient jalonnées ma courte vie ? Ma mère morte du Sida quarante-huit heures après m’avoir appris qu’elle était malade, ma Babouchka décédée alors que j’étais sur scène, à l’autre bout du monde. Mon histoire parlait pour moi. « Est-ce que… tu l'as vue récemment ? » J’hochais la tête, oui, je l’avais vu, avant-hier, et le jour d’avant ça, et puis le week-end dernier aussi. J’essayais d’être le plus présente possible, même si ça n’avait rien d’évident. « J'veux dire… est-ce qu'elle t'a parlé de… moi ? De nous ? » Là, par contre, je secouais la tête en pinçant les lèvres puisque je savais, d’expérience, que ce n’était pas ce qu’il aurait souhaité entendre. S’il était là c’est parce qu’il attendait que je lui fournisse l’excuse pour qu’il retourne la voir. Et lui fournir l’excuse ne voulait pas dire qu’il allait le faire. Ça le soulagerait un peu, il pourrait mieux vivre grâce à cette idée que, s’il voulait, il pouvait. Et je voulais le soulager, mais je ne pouvais lui fournir cette excuse parce que... Parce que c’était injuste envers Nasta, mais surtout parce que je ne pouvais rien lui jurer de tout ça. Je soupçonnais des choses, mais je n’avais pas de preuve concrète. D’accord, elle était irascible, à fleur de peau, elle vivait mal plein de choses, prenait mal bien plus de choses encore. Alors oui, oui Esteban lui manquait énormément, évidemment qu’elle ne se remettait pas de cette rupture, sûrement ne la comprenait-elle même pas, mais, surtout, elle la subissait contre sa volonté. C’était lui qui avait décidé de ça, et lui qui venait quémander un peu d’apaisement auprès de moi. Alors, non, c’était pas très juste tout ça. « Et toi ? » je demandais alors, mon bleu pâle et irisé dans son chocolat chaud tout triste. « Tu parles d’elle ? De vous ? » je le plagiais, sans me vouloir insolente pour autant. J’esquissais même un petit sourire. Je donnais juste une leçon, lui dévoilant l’incongruité de sa question. « Parce que... T’as pas besoin de demander si elle pense encore à toi, si elle veut encore de toi, si elle a mal... Je veux dire que c’est évident, non ? Je ne suis pas Einstein et j’ai pas beaucoup d’expérience dans ce domaine, mais c’est toi qui l’a quitté, pas l’inverse. Elle voulait continuer à penser à toi, à vouloir de toi, à tenir à toi. Mais pas toi. Il serait, donc, plus logique de te poser la question à toi. Est-ce que tu penses encore à elle ? Est-ce que tu veux toujours d’elle ? Est-ce que tu tiens encore à elle ? Autant de questions que je n’ai pas besoin de te poser, je connais déjà la réponse pour chacune d’entre elles. » j’affirmais, doucement, lentement, dans un sourire triste, ne souhaitant pas le brusquer ou le faire fuir, parce que... Parce qu’un pas vers moi, c’était un pas vers Nasta. J’avais conscience de ça. « Oui. » je répondais à sa place. C’était ça la réponse à chacune des questions que je ne lui posais pas. Oui, il pensait à elle, il voulait d’elle, il tenait à elle, et pire que tout, oui, elle lui manquait cruellement. Mais la vrai question, c’était pas ça. La vraie question, c’était : pourquoi ? Pourquoi il l’avait quitté, alors. « Tu sais, je suis pas très douée pour ça, parce que je crois que, quelque part, mon rôle c’est de te pousser à prendre conscience de tes envies et besoins, et de te dire de retourner auprès d’elle, de pas gâcher ces instants-là en vous rendant malheureux tous les deux, mais... » j’hésitais un instant, ma logique à moi bataillant avec la logique du reste du monde. Je ferais mieux de me taire, non ? Non. « Mais je vais te dire tout le contraire, en fait. Ne retourne pas auprès d’elle. Ne retourne pas voir Nasta. » J’avais prévenu que ma logique était étrange. « Je veux dire, pas maintenant, pas encore. Si tu es partit, c’est que tu devais avoir tes raisons. Et tant que ces raisons n’auront pas disparu, je ne veux pas que tu retournes lui faire des faux-espoirs puis du mal. Parce que tant que ces raisons seront là, tu finiras toujours par partir. Je veux que tu reviennes, oui, mais définitivement, ou du moins, aussi longtemps que possible, pas juste un temps, le temps, justement, de te rappeler les raisons et oublier le reste. » J’avais peur de ça, qu’il revienne pour repartir, engendrant encore plus de mal qu’actuellement. Mais j’étais pas sûr de faire bien, en lui confiant ça. Et finalement, est-ce que j’avais la moindre légitimité pour le conseiller, pour me mêler de ça ? « Et si tu m’expliquais ce qui se passe réellement... » je commençais en élevant mon index pour aller lui tapoter, tout doucement, la tempe. « ...là ? » Je voulais bien l’aider, mais encore fallait-il qu’il me laisse entrer dans sa tête. Juste un peu.


with: Esteban | date: 02/02/15
cassie at atf.
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyLun 16 Fév - 23:11

Thinking out loud
Ebba & Esteban

Finalement, Esteban avait échappé à ce "cours" de danse improvisé, et avait visiblement réussi à convaincre Ebba qu'il n'était pas DU TOUT à sa place dans cette salle, au milieu de toutes ces petites ballerines qui lui tournaient autour. Et lorsque l'une d'entre elles soupçonna le colombien d'être "l'amoureux" d'Ebba, il craignit d'avoir à se justifier devant toutes ces paires d'yeux qui clignaient devant lui. Fort heureusement, la jeune femme prit les devants et son argumentaire sembla convenir aux fillettes qui reprirent leurs chorégraphies respectives comme si de rien n'était. Installé sur les immenses marches en bois qui ornaient un côté de la salle, Esteban en vint finalement aux faits, timidement, en demandant simplement à la jeune femme si elle avait vu sa sœur récemment et si cette dernière lui avait parlé de lui. Certes, sa question était stupide, mais il n'avait pas vraiment su comment aborder le sujet. Au fond, il ne savait pas précisément ce que Nastazià avait bien voulu confier à sa sœur et préférait donc tâter le terrain avant de se lancer. Mais à sa grande surprise, Ebba ne se priva pas de le reprendre de volée, en lui retournant immédiatement sa question on ne peut plus idiote, lui faisait par la même occasion remarquer à quel point il avait été maladroit. Honteux, le colombien baissa les yeux et resta d'ailleurs ainsi pendant tout le monologue d'Ebba. Monologue qui lui prouva qu'elle l'avait percé à jour, et qu'elle savait très précisément tout ce qu'il ressentait pour sa sœur. Elle avait beau répéter qu'elle n'était pas douée pour ce genre de choses, force était de constater qu'elle voyait juste, sur toute la ligne. Et même lorsqu'elle demanda à Esteban de ne pas approcher sa sœur, pas tant qu'il n'avait pas réglé les problèmes qui l'avaient éloigné d'elle une première fois.

Son regard était toujours perdu dans le vague lorsque la jeune russe pointa son index contre la tempe d'Esteban en lui demandant : « Et si tu m’expliquais ce qui se passe réellement...là ? » Lentement, il releva les yeux vers Ebba d'un air désespéré qu'il avait bien du mal à cacher. Un petit sourire amer prit alors place au coin de ses lèvres, alors qu'il pesait le pour et le contre dans sa tête. Allait-elle comprendre les raisons qui l'avaient poussé à quitter Nastazià ? Pouvait-elle saisir toute l'importance de ses recherches, et concevoir qu'il ne pouvait être totalement heureux sans sa sœur ? A vrai dire, elle avait tout de même un peu d'expérience en la matière puisque sa propre histoire familiale était elle aussi particulièrement complexe. Ce fut d'ailleurs ce qui décida le colombien, et le poussa à entamer timidement quelques confidences. « C'est compliqué… Disons que… il me manque quelqu'un. Il me manque une personne très importante pour moi, que j'ai perdu il y a plusieurs années déjà et, sans elle… Je peux pas vraiment être heureux, tu comprends ? C'est pas la faute de Nasta, elle… elle est aussi très importante pour moi ! Mais j'peux pas me permettre d'être avec elle si d'un côté, j'ai l'impression qu'il me manque une partie de moi. Tu vois ? » demanda-t-il peu confiant, et bien conscient que son histoire était complexe et qu'il n'arrivait absolument pas à s'exprimer clairement lorsqu'il s'agissait de Luisa. D'ailleurs, le jeune homme détourna une nouvelle fois le regard un peu embarrassé, avant de souffler presque douloureusement : « C'est ma sœur… on en a déjà parlé toi et moi. C'est… j'veux la retrouver. Je pourrai jamais être heureux sans elle. »  

Emi Burton
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyJeu 26 Fév - 21:23



thinking out loud
Je me sentais mal, mal à l’aise. Et j’avais mal, mal au coeur. Pour eux, pour lui, et un peu pour moi aussi. C’était pas ma place, et certainement pas mon rôle. C’était comme demander des conseils de déco à un aveugle. Je n’étais rien d’autre que ça, une aveugle. Je n’avais jamais aimé, pas comme ça, pas comme eux, je n’avais jamais été attachée à quelqu’un au point de dépérir sans lui. Pourtant, c’était le cas de Nastazià. Elle ne souhaitait pas le montrer, mais j’avais beau être aveugle, je n’étais pas complètement stupide. Et maintenant, Esteban qui me demandait si elle parlait de lui, d’eux ? J’étais supposée agir comment, moi ? J’étais nulle en amour, et pire encore en tant que soeur. J’avais le droit de lui dire la vérité ? Avais-je le droit d’exprimer mon avis ? Dans l’idéal, ça ne me regardait pas. Mais dans l’idéal, Esteban ne venait pas jusqu’à moi pour se renseigner. Et puis... C’était mon ami, aussi. Je pouvais pas laisser mon ami comme ça. Étais-je supposée privilégier ma soeur ? Pas si ça consistait à me montrer cruelle envers lui. Alors, je tentais de concilier les deux, prendre la défense de ma soeur, renseigner Esteban, et exprimer mon avis. D’accord, ça fait trois, j’ai jamais été bonne pour les chiffres. Un avis que je n’aurais jamais donné s’il n’était pas venu jusqu’ici pour le trouver. Je ne voulais pas être dure envers lui, seulement lui rappeler les rôles de chacun, dans cette histoire. Non, il n’avait pas le droit de me demander si Nastazià pensait encore à lui, parce que c’était évident, déjà, et surtout il n’était pas en droit d’espérer que ce soit le cas. Il aurait du souhaiter qu’elle l’oublie, qu’elle passe à autre chose. Je n’étais pas très calée là-dessus non plus, mais n’était-ce pas un peu égoïste de sa part ? Evidemment qu’il était toujours amoureux d’elle, évidemment qu’il l’avait quitté en étant conscient de cet état de fait, mais... Pourquoi la quitter, dans ce cas ? Quels étaient ces soucis à régler, si important qu’il se trouvait obligé d’abandonner son amour ? Je voulais savoir. Je voulais comprendre. Voilà pourquoi je lui tapotais la tempe en le priant de me confier ce qui se tramait là, juste sous mon doigt. « C'est compliqué… Disons que… il me manque quelqu'un. Il me manque une personne très importante pour moi, que j'ai perdu il y a plusieurs années déjà et, sans elle… Je peux pas vraiment être heureux, tu comprends ? C'est pas la faute de Nasta, elle… elle est aussi très importante pour moi ! Mais j'peux pas me permettre d'être avec elle si d'un côté, j'ai l'impression qu'il me manque une partie de moi. Tu vois ? » m’expliqua-t-il, timidement. Si je voyais ? Évidemment. Il évoquait sa soeur, celle qu’il cherchait depuis son arrivée à New York. Il m’en avait parlé à notre première rencontre, et j’avais pu apprécier toutes les nuances subtiles de sa douleur pour les avoir, un peu, éprouvé moi-même, durant des années. Sauf que, à la différence, moi j’avais toujours su où trouver ma soeur. Je n’en avais jamais eu le courage. « C'est ma sœur… on en a déjà parlé toi et moi. C'est… j'veux la retrouver. Je pourrai jamais être heureux sans elle. » « Je sais. » je le coupais, ne souhaitant pas le voir se torturer davantage, avant de l’attraper par les épaules et la nuque, et l’attirer jusqu’à moi. J’aimais pas le voir triste comme ça. Ça me rendait triste aussi. Et dans ce genre de cas, je ne savais jamais quoi faire, à part ça : le prendre dans mes bras et frotter doucement son dos, comme Babouchka le faisait pour moi, avant... « Je sais, je comprends. » je répétais, depuis son dos. Et c’était vrai, je comprenais. La recherche de sa soeur était sa priorité, et lorsqu’il était avec Nasta, ça ne l’était plus. Il ne s’autorisait plus ces instants de déconcentration, pas alors que sa soeur se trouvait dieu sait où, avec dieu sait qui, peut-être malheureuse, peut-être blessée. Il ne voulait pas être heureux sans elle. Alors, il chassait de sa vie tout ce qui lui apportait cette insouciance mal venue. « Mais... » parce qu’il y avait un mais. Parce que j’étais dans la Team Nasta, moi, et que je devais penser à elle avant toute chose, avant moi, avant lui aussi. « Mais... Si tu la retrouves pas ? Si tu ne la retrouves jamais ? » je demandais en le relâchant, me reculant pour le voir, consciente d’être en train de lui faire beaucoup de mal. « Pardon, pardonne-moi, je... Je suis désolée de dire ça, d’émettre cette hypothèse à laquelle tu dois déjà penser en permanence, mais... C’est important, tu comprends ? Tu n’as pas le droit d’arrêter de vivre, parce que... N’importe quelle soeur refuserait ce scénario pour son frère. » Et là aussi, je savais de quoi je parlais. « Accorde-toi le temps et les moyens de la retrouver, mais... Si tu n’y parviens pas, tu dois me promettre de lâcher prise et de t’autoriser à vivre pour vous deux. » Sur ce, je lui tendais mon petit doigt, parce que c’était comme ça qu’on promettait chez moi. Ce qui avait le don de contraster parfaitement avec la gravité de mes propos précédents.


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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyMar 3 Mar - 11:56

Thinking out loud
Ebba & Esteban

Même si elle connaissait déjà plus ou moins son histoire, l'exercice des confessions n'était pas une chose facile pour Esteban. Il n'avait jamais été doué pour ces choses-là et ne le serait probablement jamais, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de sa sœur et de son passé. Mais malgré tout, il tenta d'expliquer à Ebba ce qu'elle voulait savoir. Il n'était pas certain d'être clair, et le malaise qu'il ressentit n'arrangeait rien. Mais alors qu'il se débattait avec ses explications la jeune femme le coupa d'un simple: « Je sais. ». Et sans même qu'il n'ait le temps de relever les yeux vers elle, Ebba l'attrapa pour l'approcher d'elle et le serrer dans ses bras, geste qui laissa Esteban totalement interdit. Elle était surprenante, étonnante, inattendue et pourtant… le colombien avait soudain l'impression qu'elle avait une étrange capacité à trouver les mots et les gestes adéquats quelle que soit la situation. En tous cas, c'était comme ça qu'elle avait fonctionné avec lui depuis le début, ce qui lui avait d'abord tiré de nombreux sourires et quelques éclats de rires. Mais cette fois, Esteban n'avait clairement pas le cœur à sourire. Ce qui ne l'empêchait néanmoins pas d'apprécier cette étreinte à sa juste valeur, et de tenter d'y puiser le réconfort nécessaire qu'il était venu chercher auprès d'Ebba.

Ils restèrent enlacés ainsi quelques instants, alors que la jeune femme lui assurait qu'elle comprenait sa situation. Et ça, il le savait. C'état d'ailleurs probablement ce qui l'avait poussé à lui parler de Luisa dès leur première rencontre, parce qu'au fond, il savait que leurs histoires respectives avaient pas mal de points communs. Mais il ne devait pas demander l'impossible à Ebba. Nastazià restait sa sœur, et elle ne tarda pas à le lui rappeler en se détachant de lui et en lâchant : « Mais... Si tu la retrouves pas ? Si tu ne la retrouves jamais ? » Instantanément, le visage d'Esteban s'assombrit, et les excuses prononcées par la jeune russe ne purent rien è changer. Bien sûr qu'il y avait pensé, mais il s'était fait une promesse et comptait bien la tenir, coûte que coûte. Selon Ebba, il n'avait pas le droit d'arrêter de vivre pour sa sœur et après s'être accordé assez de temps pour la chercher, il devrait tourner la page si Luisa n'était pas réapparue. Pire, elle lui demandait de promettre de lâcher prise s'il constatait que ses recherches restaient vaines. Et lorsqu'elle lui tendit son petit doigt, Esteban devina qu'elle voulait lui faire passer une sorte de pacte, un geste qui scellerait cette promesse à tout jamais et qu'elle ne manquerait pas de lui rappelait s'il faillait à sa mission. Le visage toujours aussi grave et les sourcils froncés, Esteban repoussa délicatement la main de la jeune femme sans y lier son doigt, avant de secouer la tête en poursuivant : « J'peux pas. Tu peux pas me demander ça, tu… tu comprends pas. » souffla-t-il, amer. « J'avais fait une promesse à mes parents. Je devais la sortir de là, et m'occuper d'elle quoi qu'il arrive. Je devais être là pour elle, comme n'importe quel grand frère, l'aider à surmonter les épreuves qui se dressaient devant elle… tout. Nos parents se sont sacrifiés pour nous, parce qu'il me faisaient confiance ! Ils pensaient qu'on pouvait s'en sortir tous les deux, alors ils ont… » La gorge d'Esteban se noua brusquement, et il dut faire preuve de toute sa détermination et sa force de caractère pour continuer sans craquer. « Ils ont fait en sorte d'être rattrapés par nos poursuivants, pour qu'on puisse s'enfuir Luisa et moi. Ils se sont sacrifiés pour nous, et j'ai pas été foutu de la garder avec moi ! Je l'ai perdue alors qu'ils m'avaient fait confiance pour la sauver… » Ce récit était terriblement éprouvant pour le jeune homme, qui se résigna à baisser les yeux en passant une de ses mains sur son visage. « Je leur ai fait cette promesse. J'arrêterai jamais. Et si je ne la retrouve pas… je continuerai. Toujours. »      
Emi Burton
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyDim 8 Mar - 18:31



thinking out loud
Je n’aurais pas du, je l’avais su dès que les mots avaient franchis la barrière de mes lèvres, sans filtre, comme d’ordinaire. Comment pouvais-je émettre une telle hypothèse, comme ça, sans préavis, sans même le préparer à ce qui allait suivre ? C’était ma maladresse qui s’exprimait à nouveau, et me poussait à m’excuser immédiatement en rougissant. Une pluie, une avalanche d’excuses qui ne suffirent pas à adoucir le regard de Presque-Presque. Un regard dur. Un regard froid. Un regard duquel transpirait sa détresse, sa meurtrissure. Je ne voulais pas. Je ne voulais pas le voir comme ça, être responsable de ça. Je ne voulais que le bien, alors comment et pourquoi n’arrivais-je jamais qu’à faire du mal ? Je me perdais dans des explications supposées atténuer sa blessure, minimiser le coup porter, je me noyais dans une vaine tentative de sauvetage qui restait totalement inefficace. Je le savais avant même de lui tendre mon petit doigt. Je savais qu’il ne le saisirait pas, qu’il ne promettrait rien, qu’il ne me promettrait rien. Parce que, après tout, il ne me devait rien. Et il ne devait plus rien à Nastazià non plus, c’est ce qu’il s’était chargé de lui faire comprendre en la quittant. Alors pourquoi ? Pourquoi il était là. Est-ce qu’il comprenait à quel point repousser ma main, refuser de promettre, était incohérent avec le simple fait d’être là, en face de moi ? « J'peux pas. Tu peux pas me demander ça, tu… tu comprends pas. » Bien sûr que si, je comprenais. Sauf qu’à la différence de lui, j’avais le recul et la distance qu’il fallait pour anticiper la suite. Pas lui. « J'avais fait une promesse à mes parents. Je devais la sortir de là, et m'occuper d'elle quoi qu'il arrive. Je devais être là pour elle, comme n'importe quel grand frère, l'aider à surmonter les épreuves qui se dressaient devant elle… tout. Nos parents se sont sacrifiés pour nous, parce qu'il me faisaient confiance ! Ils pensaient qu'on pouvait s'en sortir tous les deux, alors ils ont… » Sentant sa gorge se nouer, j’étendais ma main jusqu’à son périmètre pour me saisir de la sienne. Valait mieux pas que je parle, puisque lorsque je parlais, je disais rien que des conneries. Alors mes gestes parleraient pour moi, avec eux, je ne pouvais pas me tromper. « Ils ont fait en sorte d'être rattrapés par nos poursuivants, pour qu'on puisse s'enfuir Luisa et moi. Ils se sont sacrifiés pour nous, et j'ai pas été foutu de la garder avec moi ! Je l'ai perdue alors qu'ils m'avaient fait confiance pour la sauver… » Je n’étais pas au courant de ce point de l’histoire, même si je l’imaginais bien dramatique, évidemment. Toutefois, l’entendre sonnait différemment, c’était comme prendre conscience de l’ampleur, c’était comme plonger dans ce pan de son passé. J’y étais, je voyais, je visualisais, et je détestais cette capacité que j’avais à tout me représenter. « Je leur ai fait cette promesse. J'arrêterai jamais. Et si je ne la retrouve pas… je continuerai. Toujours. » Je m’y connaissais en promesse, aussi. J’en avais fait plusieurs à ma mère, et n’en avais tenu aucune pour l’instant. Ou presque pas. Alors je savais, oui, je savais que parfois, les promesses n’en sont pas. Du moins, pas vraiment, pas autant que ce que l’on imaginait, lui et moi. « Je ne te demande pas d’arrêter de la chercher, je te demande de t’autoriser à sourire, parfois. Ce n’est pas parce que tu as promis de prendre soin d’elle, que ça t’interdit d’accepter qu’on prenne soin de toi. » L’un et l’autre n’étaient pas incompatibles, et ma main quitta la sienne pour se poser, dans un effleurement, contre son menton, le redressant pour lui redresser le regard. « Pourquoi t’es là, Esteban ? Pourquoi tu m’as envoyé ce texto ? Pourquoi tu t’es déplacé jusqu’ici ? Pourquoi, pendant que t’es avec moi, tu cherches pas ta soeur ? » je demandais, doucement, sans le brusquer, avec ce sourire triste aux lèvres parce que, malgré les circonstances, j’étais simplement incapable de ne pas sourire. « Tu espérais vraiment qu’en venant me voir, je te débarrasserais de toutes ces pensées qui te colonisent la tête ? J’ai pas ce pouvoir-là. Y a que toi qui l’a. » Est-ce qu’il comprenait la promesse que je lui demandais de me faire, maintenant ? J’aurais du prendre le temps d’amener les choses ainsi. Mais j’étais trop maladroite, trop pressée à chaque. J’avais l’illusion absurde que les gens me comprenaient, comme s’ils pouvaient lire dans ma tête. Mais ce n’était pas le cas, ce n’était jamais le cas. Voilà pourquoi je paraissais si étrange à chaque fois. « Tu as quitté Nastazià pour ne plus qu’elle te détourne de ta quête, et finalement tu ne fais que penser à elle, en permanence. Si tu veux pouvoir te concentrer sur ta soeur, tu dois me promettre, tu dois te promettre à toi, promettre à ton manque que ce n’est que temporaire. » Parce qu’au fond de lui, il savait qu’il avait besoin de Nasta pour être parfaitement lui, pour être complet et en forme. Elle était son énergie. Sans elle, il n’était qu’une pile à plat se débattant pour faire fonctionner un GPS. « Et si tu as besoin d’aide, tu sais que je suis là. Pour tout et n’importe quoi, d’ailleurs. Je peux t’aider à la chercher, s’il le faut, dresser Yoshi en chien secouriste ou anti-drogue, ou... Tu sais, les chiens qui reniflent un truc et qui foncent direct sur le propriétaire du truc ? On peut essayer ça. Il a pas l’air comme ça, mais il est très intelligent, tu sais ? » Oui, enfin, ça, j’étais la seule à y croire, surtout lorsqu’il pionçait, sur le dos, pattes en l’air, dans un coin de la vaste salle de danse, comme aujourd’hui. « Parle-moi d’elle. » je demandais, enfin, dans un mince sourire. Et par ‘elle’, je n’évoquais pas ma soeur à moi, mais plutôt la sienne. Luisa.  


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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyVen 13 Mar - 12:07

Thinking out loud
Ebba & Esteban

Ce qu'elle lui demandait était impossible, et Ebba devait s'en douter. Esteban ne pouvait pas renoncer à l'idée de retrouver sa sœur un jour, il ne pouvait pas simplement tirer un trait sur cette promesse qu'il avait faite à ses parents, qu'il s'était faite à lui-même. Il était en tort, sur toute la ligne, et c'était désormais à lui de tenter de réparer ses erreurs. Peut-être était-il déjà trop tard… mais ça, le colombien refusait de l'envisager. Même s'il devait ne jamais retrouver Luisa, Esteban poursuivrait ses recherches, éternellement. Lorsqu'il refusa le petit doigt que lui tendait Ebba, cette dernière sembla d'ailleurs ne pas être si surprise que ça. Elle se contenta d'écouter le jeune homme, jusqu'au bout, sans jamais l'interrompre et en se permettant même d'attraper sa main lorsqu'elle entendit sa voix vaciller. Cette fois, Esteban accepta son geste et ne se fit pas prier pour serrer ses doigts étonnamment fins au creux de son immense main râpeuse. Puis il poursuivit son récit, avec le courage nécessaire qu'elle venait tout juste de lui communiquer par son geste, par son regard et sa présence. Mais alors qu'elle tentait de nouveau de lui expliquer son point de vue, Ebba força le colombien à la regarder dans les yeux au moment où elle questionna : « Pourquoi t’es là, Esteban ? Pourquoi tu m’as envoyé ce texto ? Pourquoi tu t’es déplacé jusqu’ici ? Pourquoi, pendant que t’es avec moi, tu cherches pas ta soeur ? » Sa voix était douce et pourtant, ses mots résonnèrent longtemps dans la tête d'Esteban qui fronça légèrement es sourcils, commençant à voir où elle voulait en venir. L'air de rien, Ebba mettait le doigt sur toute la complexité de la situation, sur ce cercle vicieux qui avait entrainé le colombien à s'éloigner de Nastazià, alors qu'elle était probablement la personne la plus à même de l'aider sans le savoir.

Tout paraissait évident, mais le jeune homme avait encore un peu de mal à se faire à l'idée, à accepter tout ça, à réaliser qu'il n'y avait pas pensé avant alors que la vérité avait toujours été là, juste sous son nez. Et alors qu'Ebba ui proposait son aide, Esteban songea qu'elle lui en avait déjà apporté beaucoup, certainement bien plus que ce qu'elle-même pouvait penser. Ce ne fut que lorsqu'elle évoque Yoshi, étalé à l'autre bout de la pièce et qu'elle soupçonnait d'être intelligent, que le colombien se étendit un peu en affichant un sourire amusé. Mais alors qu'il observait le chien en train de dormir comme un bienheureux, Ebba reprit derrière lui : « Parle-moi d’elle. » Sur le coup, le jeune homme fut un peu surpris et se tourna vers son interlocutrice avec un regard perdu mais en croisant son sourire, il lâcha un bref soupir avant de répondre : « C'est ma petite sœur… la personne qui m'est la plus chère. Je crois qu'en fait, j'ai toujours voulu la protéger. Quand on était petits, je lui interdisais de me suivre quand j'allai voir mes amis. » expliqua-t-il, un petit sourire aux lèvres avant de reprendre plus sérieusement : « Tu sais, Buenaventura c'est une ville dangereuse… j'voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. On s'est toujours bien entendus… Et puis, on a passé six ans dans cette forêt. C'était dur, mais on était ensemble. Je ne sais pas si j'aurai pu tenir tout ce temps si elle n'avait pas été là… Forcément ça nous a rapprochés. Et puis on a toujours rêvé de vivre à New-York tous les deux, on se l'était promis. » poursuivit Esteban l'air rêveur, expliquant ainsi les raisons de sa propre présence ici. Et en retraçant son périple dans son esprit, en se remémorant toutes les épreuves qu'il avait du traverser et qu'il traversait encore aujourd'hui, le jeune homme lâcha un long soupir. « Tu crois que c'est possible ? Tu… tu crois que je m'acharne pour rien ? » questionna-t-il timidement, relevant un regard empreint de crainte et d'inquiétude vers Ebba.                    
Emi Burton
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptySam 14 Mar - 1:34



thinking out loud
Je voulais pas le brusquer, ni le choquer, ni lui faire mal, ni le heurter. En règle générale, je n’avais pour ambition que de faire sourire et rire les gens, parce que la vie, bien trop courte, n’était vivable qu’en riant. Sauf que, voilà, je ne pouvais pas enfoncer la tête dans le sable, chanter très très fort, et prétendre que rien de tout ça n’existait, de leur séparation jusqu’à son appel à l’aide. Parce que c’était de ça qu’il s’agissait, même s’il ne se l’avouait pas encore. Probablement n’en avait-il même pas conscience ? Je devais, au contraire, lui faire comprendre pourquoi il était là, pourquoi il avait eu le sentiment d’avoir besoin de moi, incapable de s’avouer que c’était de ma soeur, dont il avait le plus besoin. C’est elle qui l’apaisait, elle qui panser ses blessures et le retapait suffisamment pour qu’il reparte au combat reposé et reboosté. Moi ? Moi je n’étais qu’un palliatif, un substitut, un presque. J’étais le presque de presque-presque. Le chainon manquant entre ma soeur et lui. Et, accroché à ma main, je crois qu’il commençait à comprendre, à saisir le fond de ma pensée. Un bon point pour lui, c’était déjà pas évident en temps normal, de me suivre, alors lorsqu’on avait pas l’intention de voir et entendre... Il était décidément super fort, ce GI Joe. Suffisamment fort pour que je me permette une question, un peu plus personnelle, probablement encore plus blessante que le reste : je lui demandais de me parler d’elle. Il avait sourit, lorsque j’avais évoqué mon chien/génie, il avait sourit. J’espérais que ce sursit serait suffisant pour qu’il me laisse pénétrer cette brèche. Son regard surprit me laissa entendre le contraire, mais je ne rendais pas les armes, et ébauchais, à mon tour, un sourire que je voulais rassurant. Il lui fallut une hésitation et un soupir de plus, avant de s’y astreindre. « C'est ma petite sœur… la personne qui m'est la plus chère. Je crois qu'en fait, j'ai toujours voulu la protéger. Quand on était petits, je lui interdisais de me suivre quand j'allai voir mes amis. » J’essayais de me les représenter, de les imaginer ensemble, de l’imaginer lui, plus jeune, tout petit, et sans muscles. Je souriais à mon tour, la vision me plaisant beaucoup. « Tu sais, Buenaventura c'est une ville dangereuse… j'voulais pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. On s'est toujours bien entendus… Et puis, on a passé six ans dans cette forêt. C'était dur, mais on était ensemble. Je ne sais pas si j'aurai pu tenir tout ce temps si elle n'avait pas été là… Forcément ça nous a rapprochés. Et puis on a toujours rêvé de vivre à New-York tous les deux, on se l'était promis. » Là, par contre, j’avais moins envie de me les représenter, j’avais moins envie de voir, malgré les images s’insinuant dans mon crâne comme autant de spams indésirables. C’était ma faute, j’avais demandé. Mais si ça pouvait l’aider à s’exorciser un peu, alors je prenais sur moi, et je serrais sa main encore plus fort pour lui transmettre tout ça. Je ne savais pas quoi dire, alors je parlais avec mes gestes, espérant que ça suffirait, que ça lui suffirait. « Tu crois que c'est possible ? Tu… tu crois que je m'acharne pour rien ? » Ooooh, Baba... J’hésitais entre laisser les larmes monter, ou le frapper pour avoir osé penser ça. À la place de quoi, incapable de trancher, je lâchais sa main pour m’en venir nous fondre dans une nouvelle étreinte, mes lèvres allant claquer, à plusieurs reprises, contre sa joue. Des bisous aussi sonores qu’enfantins, supposés atténuer ses doutes et sa douleur. Des bisous magiques, en quelques sortes. Des bisous puérils qui n’empêchèrent pas l’armée de petites danseuses de nous lancer des « Ouuuuuuuuuuuuh... » rougissants. Je les fusillais du regard, autant que je sois capable de le faire. « J’fais peur, là ? » je demandais, tout de même, confirmation à Esteban, sans quitter les gamines des yeux, et en me concentrant très très fort. « Et là ? » Toujours pas ? « Là non plus ? » Bon, je laissais tomber en soupirant, j’étais pas autoritaire, ni sévère, ni inquiétante. Je ne le serais jamais. Alors à quoi bon s’acharner ? Autant revenir au principal, ce que je savais faire : aider et rassurer mon ami. « Si je suis sûre d’une chose dans la vie, c’est que tout est possible. » je lui affirmais, en pivotant à nouveau vers lui. « Tu parles à une sibérienne née de la relation entre une prostituée et son client. Tu sais le nombre de fois où on m’a dit qu’il fallait que je cesse de m’acharner, que je ne sortirais jamais de mon village, que personne ne viendrait me sauver ? » un million de fois, un milliard de fois. C’est bien simple, si j’avais reçu un rouble à chaque fois que j’avais entendu ça, je serais milliardaire... Enfin, sachant qu’un rouble équivalait à 0,01 dollars, je serais milliardaire qu’en Russie, mais milliardaire quand même. « Ils avaient tort, quelqu’un est venu me sauver : moi-même. Et maintenant je suis à New York, où j’ai une famille, des amis, un métier que j’aime, et un poste de soliste qui m’est proposé. Il ne faut jamais arrêté d’y croire, parce que... Si tu ne le fais pas, qui le fera pour toi ? » Personne. Du moins, personne à part moi, et probablement Nastazià, aussi, s’il lui en laissait l’occasion. « Mais tu dois pas faire ça n’importe comment, tu dois pas te priver de ce qui pourrait te faciliter la tâche, te la rendre plus vivable. Refuser l’aide qu’on t’offre, c’est pas très intelligent, tu sais ? » Il savait qui j’évoquais avec ce ‘on’. Un on qui pouvait l’aider lui, psychologiquement et émotionnellement, mais qui pouvait aussi aider ses recherches. Avait-il une vague idée de l’étendue du réseau de ma soeur ? Si quelqu’un pouvait retrouver quoique ce soit dans New York, c’était Nastazià. Oui, sauf que... « Ce que je viens de te dire... Ce que j’ai dit sur ma mère. » la prostitution et le reste. « Tu dois oublier. S’il te plait ? » Je ne sais pas pourquoi j’avais parlé de ça, j’en parlais jamais, je me refusais de l’évoquer. Non pas par crainte qu’on ne juge ma mère, mais surtout pour ne pas faire souffrir mes frère et soeurs. C’était déjà suffisamment compliqué, pour eux, de savoir que leur père avait trompé leur mère, pas besoin qu’ils apprennent qu’il s’agissait, en plus, d’une prostituée. « T’es prêt à me faire la promesse de petit doigt, maintenant ? » je le relançais, alors, en brandissant fièrement mon auriculaire. Non, je baissais pas les bras. Jamais.


with: Esteban | date: 02/02/15
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MessageSujet: Re: Thinking out loud ~ Ebba & Esteban Thinking out loud ~ Ebba & Esteban EmptyDim 29 Mar - 17:41

Thinking out loud
Ebba & Esteban

En règle générale, Esteban ne parlait que très peu de sa sœur, pour la simple et bonne raison que l'exercice était un véritable déchirement à chaque fois. Dès qu'il prononçait son nom, qu'il se remémorait les moments passés avec elle, qu'il cherchait à deviner ce qu'elle était devenue aujourd'hui, la douleur ressurgissait. La douleur et la culpabilité aussi. Ces deux sentiments qui, en somme, ne l'avaient plus quitté depuis ce jour om il avait perdu Luisa dans la foret, mais qu'il tentait tant bien que mal de dissimuler en s'efforçant de tout intérioriser. Mais face à Ebba, face à son regard et à son petit sourire qui n'avait certainement pour but que de le réconforter et de l'aider à aller mieux en se confiant, le colombien n'opposa pas de résistance. Sans vraiment se contrôler, il se mit à évoquer sa sœur, passant sans transitions de leur enfance à leur adolescence, de leurs années dans la forêt lorsqu'ils étaient aux mains des FARC au rêve qu'ils nourrissaient tous les deux de vivre un jour à New-York. Et une fois de plus, cette évocation fit remonter en lui un sentiment de crainte, celle de s'entêter à vouloir la retrouver alors qu'il n'y avait peut-être plus aucun espoir qu'il y parvienne. A peine eut-il terminé sa question que d'un bond, Ebba revint le prendre entre ses bras, en semant un tas de baisers sur sa joue un peu comme s'il s'agissait là d'un enfant qu'elle consolait. Et quelque part, il y avait d'ailleurs une part de vérité là-dedans.

Mais bien vite, ce moment aussi réconfortant qu'étrange et inattendu prit fin, sous les regards curieux de l'armée de petites danseuses qui n'avaient visiblement rien loupé de la scène. A plusieurs reprises, Ebba tenta de se montrer autoritaire, mais elle ne récolta qu'un petit sourire de la part d'Esteban qui niait à chacun de ses essais. Oubliant finalement ses danseuses en un clin d'œil, la jeune russe revint à son sujet principal, là encore sans aucune transition : « Si je suis sûre d’une chose dans la vie, c’est que tout est possible. Tu parles à une sibérienne née de la relation entre une prostituée et son client. Tu sais le nombre de fois où on m’a dit qu’il fallait que je cesse de m’acharner, que je ne sortirais jamais de mon village, que personne ne viendrait me sauver ? » expliqua-t-elle, livrant ainsi une part d'elle-même au colombien, qui ignorait jusqu'ici le statut de sa mère. Et à vrai dire, il aurait pu mettre sa main à couper que Nastazià l'ignorait aussi… Ou alors, elle n'avait pas jugé bon de rentrer dans les détails lorsqu'elle lui avait parlé d'Ebba la première fois. Quoi qu'il en soit, Esteban écouta religieusement la jeune femme en hochant la tête à toutes ses interrogations, visualisant Nastazià derrière chacun de ses sous-entendus. « Ce que je viens de te dire... Ce que j’ai dit sur ma mère. Tu dois oublier. S’il te plait ? » ajouta soudain Ebba, un peu plus grave que d'ordinaire. « D'accord… T'inquiètes pas, tu peux me faire confiance. » affirma alors le colombien en hochant la tête, sincère. Et alors qu'elle brandissait de nouveau son petit doigt en lui demandant s'il était prêt à lui faire la promesse qu'elle réclamait, comme si de rien n'était, le jeune homme ne put empêcher un nouveau sourire d'étirer ses lèvres. C'était peut-être bien ça le pouvoir magique d'Ebba. Celui de rendre le sourire à quiconque l'avait perdu, quelle qu'en soit la raison. S'exécutant alors en liant leurs petits doigts, Esteban profita de son bras libre pour enlacer Ebba et la ramener vers lui en soufflant dans son oreille un « Merci…» juste avant que les premiers parents venus récupérer leurs filles ne se présentent dans la salle.

To be continued...

Emi Burton
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