Les relations familiales sont loin d'être simples, encore plus lorsque l'on est une famille nombreuses, comprenant plusieurs frères et soeurs. Edwin faisant partie d'une fratrie de neuf enfants, était très bien placé pour en parler. Chez les Hanwell, la vie en communauté n'avait jamais été facile. Les tensions et les disputes avaient toujours fait partie du quotidien, certains frères et soeurs ne s'entendant pas du tout. Par exemple, durant toute leur enfance, Elisabeth avait voué une haine à l'égard des deux jumeaux de la famille, Edwin et Zoé, parce qu'ils accaparaient trop d'attention selon elle. La même chose avec Olivia, atteinte d'une leucémie. Edwin ne s'était jamais entendu avec Preston, l'aîné des garçons, qu'il avait toujours trouvé trop lèche-botte avec leurs parents alors que, dans le sens inverse, Preston trouvait son cadet trop insouciant en se rebellant comme il le faisait. Vous le voyez, rien n'était simple. Et encore, s'il n'y avait que ça ! Edwin était le garçon le plus jeune et pourtant, il sentait reposer sur lui de lourdes responsabilités. Il était celui qui avait toujours pris le plus grand soin d'Olivia, il se voyait à présent en charge de Daphné, la plus jeune de la fratrie. Et puis il y avait Zoé, sa soeur jumelle qu'il adorait plus que n'importe quel de ses frères et soeurs mais qu'il pouvait parfois détester pour des raisons complètement débiles. Être jumeaux rime la plupart du temps avec une relation hors du commun. Les deux enfants sont souvent proches, inséparables. Ça avait été longtemps le cas des jumeaux Hanwell, avant que Zoé n'en veuille à son frère de trop porter d'attention à leur cadette cancéreuse. Tout était cependant rentrer dans l'ordre après la tentative de suicide d'Edwin qui avait fait réaliser à Zoé que son frère était tout ce qui lui importait. Bref, tout ça pour rejoindre la toute première phrase de ce paragraphe : les relations familiales sont loin d'être simples.

Ce jour là, Edwin avait décidé de rester chez lui. Le temps à New York n'était pas glorieux, malgré le fait que l'on soit en juillet. De gros orages menaçaient et la météo avait annoncé de la pluie pour toute la journée. L'anglais avait donc préféré rester tranquillement chez lui, en profitant pour ranger son appartement. Il avait été interrompu dans son ménage par un appel de William, un de ses amis les plus proches, qui lui demandait de l'aide. Edwin n'hésita pas à lui proposer de venir chez lui afin de lui expliquer en détail ce qui le tracassait et, rapidement, il entendit frapper à la porte. Baissant la musique du groupe Nickelback qui s'échappait de son ordinateur portable régnant sur la table basse du salon, le jeune homme alla ouvrir et vit directement que William était réellement embêté par quelque chose. « Hey salut. Rappelle moi en quoi enfermer Orphée dans une tour et jeter la clée est une mauvaise idée ? » Lui laissant le passage libre, Edwin referma la porte derrière lui sans le lâcher du regard. Il y a de ça quelques semaines, son ami et lui avait plaisanté sur Facebook comme quoi la soeur de William devait être enfermée dans une tour et l'anglais l'en avait déconseillé. « Alors attends... selon le conte de Raiponce, elle est séquestrée dans une tour par une sorcière en soif de vengeance... » répondit le jeune homme en faisant mine de réfléchir. « T'as rien d'une sorcière. » ajouta-t-il avant de rire doucement. Mais voyant le regard sérieux de son ami, il se racla la gorge et décida de reprendre son sérieux. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Il était en réalité dans le flou complet, William ne lui ayant pas réellement raconté ce qu'il s'était passé avec sa soeur. Se dirigeant vers le salon, Edwin l'invita à s'assoir et lui demanda « Tu veux boire quelque chose ? », la moindre des politesses quand l'on reçoit quelqu'un.

« Mouais pas faux. J’ai beaucoup trop de charisme pour me la jouer nez crochu et verrue. Bon bin tant pis pour la tour ! De toute façon à choisir le rôle de Flynn me va mieux. » Évidemment, Edwin rigola à cette réponse, mais il se ravisa bien vite, conscient que si son ami était venu le voir en lui demandant conseil au préalable, c'était pour une bonne raison. Il ne tarda donc pas à lui demander ce qui lui était arrivé pour qu'il ait besoin de son aide, tout en lui faisant signe de s'assoir. « J’ai essayé d’arrêter le temps mais j’ai échoué. » Le britannique leva les yeux au ciel d'un air exaspéré. C'était du William tout craché, plaisanter même quand l'instant ne se prêtait pas à ça, le tout en gardant une mine des plus sérieuses. Comme pour le mettre à l'aise et l'encourager à lui raconter ses malheurs, Edwin lui proposa à boire. Une politesse qui était, d'après lui, nécessaire. « Ah bin puisque tu le proposes j’vais pas dire non hein. Ça serait impoli. » lui répondit le barman avant de rajouter qu'une bière serait la bienvenue. Il acquiesça d'un signe de tête en lui souriant et se dirigea vers la cuisine pour chercher deux bières. C'est quand il ouvrit le frigo qu'il entendit son ami lui expliquer, d'une voix forte, ce qui l'avait emmené ici, à la recherche de conseils. « Orphée a un petit ami ! ORPHEE ! Tu sais celle qui hier encore n’avait que six ans ! » Refermant la porte du frigo, Edwin étouffa un rire et décapsula les deux bières avant de retourner dans le salon et d'en tendre une à son ami. « Le temps passe trop vite vieux ! » s'exclama le jeune Slayers en tapant amicalement le dos du musicien. Ce dernier ne nota même pas qu'il venait de lui coller un post-it à l'arrière de son tee-shirt et se contenta donc d'acquiescer d'un énorme signe de tête. « Je te rappelle que tu t'adresses au deuxième mec d'une fratrie de neuf enfants qui se voit à New York avec quatre de ses soeurs, la plus âgée étant jeune maman, ma jumelle étant en train de s'éprendre d'un gars que je connais à peine, une autre venant d'accoucher d'une fille malgré sa leucémie et qui est en couple avec un type de huit ans son aîné, et la petite dernière étant une fugueuse. » Il rigola doucement puis il prit place sur le fauteuil, en face de William, avant de tendre sa bière vers lui en signe de "Santé !" et d'en boire une gorgée. « Tu ne pourras pas éternellement contrôler sa vie. » rajouta-t-il, se prenant, sur le coup, pour le grand sage capable de donner des conseils de part son expérience. Il est vrai qu'avec autant de frères et soeurs, il avait eu le temps de se faire à l'idée que chacun vivait sa vie en temps voulu et que rien ne pouvait être contrôler.

« Je te rappelle que tu t'adresses au deuxième mec d'une fratrie de neuf enfants qui se voit à New York avec quatre de ses soeurs, la plus âgée étant jeune maman, ma jumelle étant en train de s'éprendre d'un gars que je connais à peine, une autre venant d'accoucher d'une fille malgré sa leucémie et qui est en couple avec un type de huit ans son aîné, et la petite dernière étant une fugueuse. » Oui c’est sûr que résumer comme ça William avait de la chance. Pour résumer lui avec ses sœurs ça donné : « Ma jumelle cherche le prince charmant, Mélusine est lesbienne, Nymphadora c’est coupée les cheveux et Orphée a un petit-ami ». C’était léger comparé à Edwin.

« Woé bon… ok y’a pire. Au fait puisque tu parle d’elles, j’ignorais qu’Elisa avait un bébé ! » En effet ce n’était pas d’Edwin qu’il avait appris la nouvelle mais d’Elisa elle-même. Il se rappellerait encore de comment il l’avait apprit. Il se justifia alors. « J’ai couché avec Emma, sa coloc et on a réveillé sa fille » Il grimaça quelque peu en repensant à la dispute à laquelle il avait assisté. « Quand à Zoé j’pense que tu devrais veiller à ce qu’elle s’attache pas trop à Aaron. J’bosse avec lui à l’Awesome et j’le sens pas. Il m’inspire pas confiance. » William ne disait pas du tout ça parce qu’il avait le béguin pour Zoé et que ça le ferait lourdement chier d’apprendre qu’elle était en couple. Bien sûr que non ! S’il disait ça c’était seulement dans le but de protéger la belle blondinette, c’était évident. Il n’était pas du tout jaloux. Pas du tout. Quelle idée

! « J’espère que Daphnée reviendra. » Il aimait bien la petite dernière des Hanwell – du moins la dernière des filles Hanwell à New-York – et il ne comprenait pas pourquoi elle avait fugué. « Olivia a accouché ??? Quand ??? » Il connaissait aussi Olivia mais un peu moins et il n’aimait pas le père de son enfant. On dit que les amis de nos ennemis sont nos ennemis et c’était le cas pour Timothy qui était proche d’Andréa, un ex de la best friends de William, Kennedy. Oui c’était compliqué tout ça !

« Tu ne pourras pas éternellement contrôler sa vie. » affirma Edwin pour en revenir à Orphée. « Et pourquoi pas ? » demanda William en étant tout à fait sérieux. Il ne voyait pas ce qu’il y avait de mal dans le fait d’essayer de protéger ses sœurs. Il ne voulait pas « contrôler » leurs vies il voulait juste la… ôler ! « Est-ce vraiment une mauvaise chose de vouloir qu’elle choisisse un homme qui prenne soin d’elle ? Elle n’a que dix neuf ans, les garçons à cet âge là c’est tous des abrutis ! » William le savait bien, avant il en faisait partit. N’empêche qu’il était presque admiratif de la maitrise d’Edwin, avec tout ce que lui faisait endurer ses sœurs il restait serein. William à sa place aurait déjà pété un plomb. Il était peut-être trop protecteur mais c’était plus fort que lui. Il s’était retrouvé à être l’homme de la maison après la disparition de son père, alors qu’il n’avait que six ans. Protéger ses sœurs ce n’était pas juste une attitude, ça faisait partit de lui, c’était instinctifs.

« Woé bon… ok y’a pire. Au fait puisque tu parle d’elles, j’ignorais qu’Elisa avait un bébé ! » Il est vrai que ce détail avait pu échapper à plusieurs personnes, Elisabeth n'ayant pas réellement parlé de sa grossesse autour d'elle. Mais la petite Ivy-Blue était bel et bien née et, depuis sa naissance, Edwin tentait d'assumer son rôle d'oncle au mieux et d'aider sa soeur dans sa dure tâche de maman célibataire. « J’ai couché avec Emma, sa coloc et on a réveillé sa fille. » continua-t-il, faisant grimacer l'anglais. Sa nièce ne faisait pas ses nuits et s'endormait très difficilement, si bien que sa maman voyait rouge parfois. Alors, connaissant le tempérament d'Elisabeth, il imaginait comment avait dû se passer la soirée. « Eli' a pas dû gueuler, tiens... » marmonna-t-il doucement, montrant ainsi à William qu'il compatissait à ce qu'il avait dû subir. Mais à quoi avait pensé Emma aussi ? Elle savait très bien que ce n'était pas simple pour Elisabeth, elle aurait pu s'abstenir d'emmener sa conquête chez elle. Bref. « Quant à Zoé j’pense que tu devrais veiller à ce qu’elle s’attache pas trop à Aaron. J’bosse avec lui à l’Awesome et j’le sens pas. Il m’inspire pas confiance. » Avalant une gorgée de sa bière, Edwin leva les yeux au ciel. Aaron c'était... toute une histoire qui le rendait complètement dingue. Il ne le sentait pas non plus, mais Zoé s'obstinait, comme à son habitude, le défendant. Elle était en train de tomber raide dingue de lui et, de son côté, dans son statut de frère jumeau, Edwin était impuissant. « Y a rien à faire, Zoé est une vraie tête de mule. T'imagines même pas à quel point ça m'agace parfois... » râla-t-il rapidement. Non seulement Aaron ne lui inspirait pas confiance, mais en plus, il avait le don de s'accaparer Zoé, ce qui faisait que lui-même se retrouvait privé de sa jumelle. C'est bien simple : depuis qu'elle était tombé sous le charme de ce bel âtre, tous les deux ne se voyaient presque plus, se contentant de quelque sms par-ci, par-là pour se tenir au courant de leur vie respective. Chouette relation. Puis William lui déclara qu'il espérait que Daphné reviendrait. Son interlocuteur haussa mollement les épaules. Jamais il ne comprendrait sa plus jeune soeur. Elle était venue à New York, il l'avait hébergé et était même jusqu'à demander à leurs parents de lui en laisser la garde officielle. Puis, du jour au lendemain, elle était partie, sans un mot, sans rien. C'était à n'y rien comprendre, mais Edwin préféra taire le sujet. « Olivia a accouché ??? Quand ??? » Encore un sujet fâcheux. L'accouchement d'Olivia s'était mal passé. Pas pour le bébé, non, Jade se portait comme un charme malgré le fait qu'elle soit prématurée. Mais la maman était tombée dans le comas et y était restée quinze jours, période durant laquelle Edwin avait légèrement perdu pieds, terrifié à l'idée qu'il pourrait perdre encore quelqu'un. « Le treize juin, d'une petite fille, Jade Beth. » se contenta-t-il de répondre, un sourire crispé montrant tout de même qu'il y avait autre chose accroché à son visage.

Quand William se plaint en demandant pourquoi il ne pouvait pas contrôler la vie de sa soeur, l'anglais leva à nouveau les yeux au ciel. C'était pourtant simple, on ne peut pas diriger la vie de nos frères et soeurs, ils finissent tous par grandir à leur tour et à prendre leur envol pour construire leur vie chacun de leur côté. « Est-ce vraiment une mauvaise chose de vouloir qu’elle choisisse un homme qui prenne soin d’elle ? Elle n’a que dix neuf ans, les garçons à cet âge là c’est tous des abrutis ! » Edwin sourit à son ami pour le rassurer, légèrement attendri en le voyant paniquer de la sorte. Il connaissait ça, il avait eu la même réaction, encore plus démesurée, avec Olivia quand elle s'était éprise de Timothy. Sauf que le cas était un peu plus extrême. « Tu ne dois jamais t'arrêter de la protéger, jamais. C'est ton devoir de frère. » commença-t-il avant de boire une nouvelle gorgée de bière et de reprendre. « Mais tu ne dois pas l'étouffer. Elle n'est plus la petite fille de cinq ans que tu défendais dans la cour de l'école. Elle a grandi, c'est une femme à présent et elle a aussi le droit de faire ses propres expériences. »

« Edwin arrête de fumer. Tu m’fais peur là. On dirait mon père ! Mais sans les soufflements agacé » dit-il avec un demi sourire laissant deviner qu’il était fier de lui. Quoique son père avait beau essayer de le reprendre quand il était trop protecteur, il n’était pas mieux que lui. Thomas Slayers aimait sa famille et savait veiller sur les siens. « J’ai besoin de me détendre, oublier que je suis grand frère et me souvenir que je suis aussi un homme » déclara-t-il comme s’il faisait un grand discours ou qu’il venait de gagner un concourt ou un truc comme ça. « T’aurais pas une idée pour qu’on s’éclate ? J’vais pas te la jouer femme au foyer désespéré mais… » Le timbre de sa voix changea alors, beaucoup moins masculine et il reprit : « On se voit plus, on se parle plus. Tu fais à peine attention à moi, à ce rythme là mon cœur on court tout droit au divorce » dit-il en jouant sa petite comédie, un air faussement désespéré sur le visage, feignant de se mettre à pleuré. Puis il afficha un large sourire, fier de lui. « Une virée dans un club de strip-tease ça te tente ? Après tout toi et moi on est des hommes libres comme l’air, non ? » William regarda son ami et un certain doute commença à naitre en lui. « Non ? Attends me dit pas que toi aussi t’es maqué ? » Il regarda son ami et but une gorgée de sa bière, repensant à sa vie amoureuse et la succession de déception qu’il avait eut. Il n’était pas vraiment un modèle. April, Florence et bien d’autres… Le jeune Slayers se savait condamner à n’avoir que des relations sans lendemain, étant bien incapable de garder une fille. C’était ainsi. Bien souvent il ne savait pas ce qu’il avait fait de travers, comme avec Florence ou plus récemment Opale. Ils avaient pourtant passé une soirée mémorable, il lui avait montré qu’elle était importante à ses yeux et c’était débrouillé pour l’impressionner, pour qu’elle comprenne qu’elle n’était pas qu’une fille parmi tant d’autre. Mais il n’avait plus de ses nouvelles… Trainer dans les boites de strip-tease c’était tellement plus simple…