L’euphorie de la veille ne s’était toujours pas estompée. Quarante –neuf secondes soixante-dix neuf et la médaille était au bout de cette course olympienne. Elle n’était pas d’or, d’argent. Elle ne pouvait pas cracher sur cette médaille, peu importe la couleur, elle savait qu’elle serait fière. Fière de sa course, d’elle, de sa médaille. Toute la nuit, elle ressassait toutes les images de cette course folle. La concentration et le silence morbide dans la chambre d’appel, les applaudissements de la foule, le départ dans les starting-blocks, cette course, l’arrivée, de nouveaux les applaudissements, puis les félicitations, le cri de soulagement, les larmes… de joie, les embrassades entre toutes les concurrentes, son entourage dans le public qu’elle était venue voir (sa mère, son beau-père, son demi-frère, sa famille quoi, puis il y avait ses amis Lys, Joaquin, et d’autres.), le tour d’honneur, le drapeau du Pérou (son cher pays qu’elle portait dans son cœur), les photographes et leur flash qui chantaient en cœur de part et d’autre du grand stade, les interviews à chaud, la conférence de presse. Une soirée qu’elle n’était pas prête d’oublier. Ses premiers Jeux Olympiques ? On s’en rappelle toute sa vie, lui avait dit un jour son entraineur. Il avait raison. Elle s’en rappellera toute sa vie. Première expérience olympique et première médaille dans ce grand évènement… Ce soir était la remise des médailles. Enfin, elle allait pouvoir palper de ses doigts cette médaille qu’on lui parlait tant depuis hier soir. Dans son survêtement rouge et blanc, au couleur de son pays, elle piétinait d’impatience de monter sur ce podium. Elle n’écouta que d’une oreille songeuse les paroles qui retentissait dans tout le stade. L’enchainement des voix française et anglaise présentaient les deux personnalités qui offriront les médailles aux trois athlètes. Cela ? Maria s’en fichait, que ce soit le sans-abri d’un quartier mal famé de Londres ou une grande vedette, ça reviendrait au même, non ? L’émotion serait similaire aux yeux de la jeune athlète. Un large sourire se dessina sur les lèvres de Maria qui attendait avec une impatience, aussi grande que celle d’une enfant. Elle avait l’impression d’être devenue cette enfant qui attendait son précieux cadeau. Son regard se posa sur la médaillée d’argent qui venait de recevoir sa médaille, dans quelques minutes, ce sera elle sur cette « boite ».
« Médaillée d’argent et représentante le Pérou, Maria-Paz Rosa Perez ! » lâcha la voix officielle. Elle monta la grande marche et se retrouva alors sur ce podium. Le sourire, presque naïf, au bout des lèvres, les étincelles dans les yeux, elle leva les bras en l’air, entendant alors la foule l’acclamer. Savourant cet instant, elle s’approcha alors d’un pas. Une jeune femme, sûrement un peu plus jeune qu’elle, s’approcha à son tour afin de lui mettre la médaille autour de son cou.