ASHTON & SORA ❝ life happened ❞

Sora écoutait les paroles du médecin d’une oreille peu attentive et pourtant elle savait que Carol aurait aimé qu’elle soit plus attentive. Elle venait de créer la panique au sein de sa famille et de certains de ses proches. Une fois de plus elle avait été égoïste et n’avait pas pensé aux autres, mais comment aurait-elle pu le faire alors qu’elle allait si mal ? Trois semaines, c’était à peu près le temps qu’elle avait passé dans le coma suite à sa rechute et pourtant elle ne s’était pas attendue à ce que tout tourne aussi mal d’un coup. Ses souvenirs restaient encore assez flous, sans doute à cause de la tonne de médicaments qui coulaient dans ses veines. Elle se revoyait simplement avec cette petite dose de cocaïne et ces quelques médicaments qui trainaient sur le bord du lavabo de la salle de bain. Elle avait sniffé, avalé et était tombée … c’était à peu près tout ce dont elle se souvenait avec les quelques crampes d’estomac même si elle ne savait plus bien quand ces dernières étaient arrivées.

Selon les dires des médecins – que Carol avait traduits pour qu’elle puisse comprendre un tant soit peu – son corps avait été incapable d’encaisser ce nouvel afflux de drogues et son système immunitaire avait pris un coup. Danjel avait été le premier à la voir au réveil même si elle avait été d’autant plus dans les vapes alors que là … là elle était juste un peu à l’ouest et préférait ne même pas essayer de se concentrer sur ce qu’on lui disait. Sora avait juste envie de dormir, de pouvoir se laisser aller dans son sommeil sans avoir à entendre les questions de ses parents adoptifs qui cherchaient encore à savoir ce qui lui était passé par la tête le mois dernier, mais elle refusait de répondre tant ça lui semblait être une évidence. Finalement, après cinq bonnes minutes à écouter son médecin traitant lui parler de choses qu’elle ne comprenait pas, tout le monde décida de quitter sa chambre pour la laisser se reposer, ce qui fut un véritable soulagement pour la guatémaltèque qui se laissa bien vite aller dans les bras de Morphée, aider par les médicaments qu’elle recevait. Sora ignorait combien de temps elle avait dormi.

Lorsqu’elle ouvrit doucement les yeux elle sentit immédiatement une présence à ses côtés et manqua de soupirer d’agacement en s’attendant à voir sa mère. Toutefois, ce fut sur Ashton que ses yeux se posèrent et, soulagée, Sora poussa un soupire de satisfaction en se redressant légèrement dans son lit. « Salut. ». La jeune fille lui adressa un petit sourire en guise de réponse et se dépêcha de remonter son lit à l’aider des boutons sur la barrière à sa gauche. « T'as besoin de quelque chose ? ». Puisqu’elle n’était pas encore très réveillée, Sora secoua doucement la tête de droite à gauche sans parvenir à arrêter de sourire, la présence d’Ashton lui faisait déjà beaucoup de bien. « Hm … j’ai déjà tout là-dedans. », dit-elle en désignant sa perfusion avec une légère grimace, de toute manière elle doutait d’être capable d’avaler quoi que ce soit même si son médecin lui avait recommandé de boire beaucoup d’eau. « Ça fait longtemps que tu es là ? ». Sora se redressa une nouvelle fois dans son lit et repoussa la couverture qui était sur elle sans quitter la texane des yeux.

Elle ne se souvenait pas jamais de ses arrivées aux urgences et encore moins de son petit passage en réanimation puisqu’à chaque fois qu’elle se réveillait c’était dans une chambre d’hôpital avec Carol ou Doug auprès d’elle. Sora ne leur menait pas la vie facile depuis qu’elle vivait sous leur toit et pourtant elle n’avait pas été la pire. Ils avaient dû s’habituer au sale caractère de Jazmin, leur fille, mais cette dernière s’était calmée tandis qu’elle … et bien elle avait la sensation de s’empirer un peu plus chaque mois si ce n’était pas chaque semaine d’ailleurs. Toutefois, la jeune femme considérait avoir des circonstances atténuantes cette fois, même si ce n’était rien de bien glorieux et qu’elle aurait sans doute pu s’en sortir autrement, elle ne trouvait rien d’étonnant dans sa rechute bien qu’elle se serait passée du petit voyage aux urgences et du coma surtout. Pourtant, en présence d’Ashton elle sentait sa culpabilité redoubler. Son amie avait déjà bien assez de soucis à se faire sans se voir ajouter la crainte de perdre une nouvelle fois un proche et Sora ne parvenait pas à ôter ce fait de son esprit. Que se serait-il passé pour ses proches si jamais elle ne s’en était pas sortie ou si elle était restée pendant une longue période dans le coma ? Sora préférait ne pas trop y penser et se concentra plutôt sur le plaisir d’avoir quelqu’un qu’elle appréciait à ses côtés et qui changeait de sa mère adoptive et du regard plein de reproches de cette dernière même si elle la comprenait parfaitement.

« Euh... ». Sora la regarda baisser les yeux vers sa montre, un petit sourire amusé aux lèvres. Apparemment Ashton ne semblait pas avoir vu le temps passer alors qu’à sa place elle serait vite devenue folle. La guatémaltèque n’aimait pas les hôpitaux, elle n’aimait pas ce que signifiait sa présence dans cet endroit – du moins le plus souvent – et lorsqu’elle rendait visite à ses parents c’était toujours en coup de vent. « Un petit moment... ». La jeune femme acquiesça en faisant la moue. Ses yeux se baissèrent sur la couverture de l’hôpital dont elle s’amusa à suivre la couture du bout des doigts ne sachant pas trop ce qu’elle devait dire, honteuse de l’avoir inquiété et de la raison de sa présence dans cet hôpital. A vrai dire Sora n’osa poser les yeux sur la texane que lorsque celle-ci pris place à ses côtés sur le bord du lit en attrapant sa main. Elle sentait son estomac se nouer et avait bien du mal à avaler correctement sa salive. « Sora... Qu'est-ce qui s'est passé ? ». De nouveau l’intéressée baissa les yeux, se mordit la lèvre et soupira. Ce qu’il s’était passé était qu’elle n’avait pas trouvé le courage de dire qu’elle allait mal, de dire qu’elle se sentait partir à la dérive et qu’elle souffrait bien plus que ce que son sourire pouvait laisser croire. « J’ai fait une connerie … je sais que c’est idiot, mais j’étais tellement mal et je ne voulais pas en parler … j’ai cru que ça serait plus facile comme ça. ». Ceci dit, elle leva les yeux vers Ashton le regard plein de remords et plus coupable que jamais. La solution de facilité … c’était ce qu’elle choisissait à chaque fois et c’était là son pire défaut.

Elle se sentait honteuse, comme à chaque fois qu’elle avait touché à la drogue et pourtant ce n’était pas ce qui l’avait empêché de le faire, pas même cette fois-ci. Pourtant, elle savait que c’était mal et que ça n’allait pas l’aider, du moins pas pour toujours. La sensation était toujours la même, l’impression de béatitude et que tout allait bien, mais la rechute était bien trop rapide, elle le savait mais ce n’était pas ce qui l’avait arrêté. Cependant, elle se rappelait très bien que la sensation n’avait même pas eu le temps de la gagner, les dégâts avaient été quasiment instantanés et Sora regrettait son geste plus que jamais. Toutefois, la guatémaltèque savait qu’elle n’aurait jamais parlé, qu’elle aurait continué de ne rien dire comme elle l’avait toujours fait même si cette fois ça avait bien failli lui coûter la vie. « C'est jamais une solution de facilité, ça... ». Sora garda les yeux rivés en direction de sa couverture dont elle continuait de suivre la couture du bout des doigts. Elle le savait très bien mais ce n’était pas ce qui l’empêchait de le faire, la preuve … ne se trouvait-elle pas dans un lit d’hôpital après un coma parce que son corps avait sévèrement été attaqué ? Elle ignorait ce qui lui était arrivée dans les détails même si on lui avait expliqué, mais le fait était qu’elle ne voulait pas savoir, elle se punissait déjà bien assez elle-même sans avoir en plus besoin du fait de savoir qu’elle aurait pu connaître bien pire si elle n’avait pas été amenée à temps. « Je suis désolée de pas avoir pu être là plus tôt, de rien avoir vu... ». Les paroles d’Ashton furent comme une claque. Sora releva brusquement la tête pour poser son regard sur la texane, la bouche entrouverte, choquée par la culpabilité qui semblait gagner son amie.

« Ash, tu n’as pas à t’excuser … ». Sora secoua la tête de gauche à droite pour appuyer ses paroles et serra doucement la main de son amie. « Si tu n’as rien vu c’est parce que j’ai voulu que ça soit comme ça. C’est moi qui ne parlais à personne et qui ai préféré tout garder plutôt que de me confier, tu n’y es pour rien. » La jeune fille tenta un sourire pour la rassurer, qu’elle se sente coupable était la dernière chose qu’elle souhaitait d’autant plus que la seule fautive c’était elle. « Tu peux pas tout garder pour toi... Parle-moi, explique-moi... ». Son regard toujours posé sur Ashton, Sora poussa un long soupire et le détourna pour aller le poser vers la fenêtre de la pièce. Sora pinça ses lèvres puis se les humecta en gardant le silence. Ces paroles avaient été également prononcées par ses parents cependant elle avait refusé de leur parler de peur de les décevoir, mais elle avait confiance en son amie, elle tenait à elle et se sentait incapable de lui cacher. « Je t’ai dit que Dean avait été envoyé en Afghanistan … ». Sora resta en apnée quelques instants et laissa enfin de l’air entrer dans ses poumons tout en reportant son attention sur la jeune femme près d’elle. « En revanche, ce que je ne t’ai pas dit ce qu’il ne rentrera pas. Son unité a d’abord été portée disparue puis considérée comme étant tombée au combat et moi j’ai sombré. ». De nouveau elle baissa les yeux. C’était la seconde fois qu’elle le disait à voix haute mais c’était toujours aussi douloureux. Son regard posé en direction de la main d’Ashton, elle continua de fixer cette dernière sans rien ajouter d’autre.

Peut-être aurait-elle dû en parler finalement et vider ce qu’elle avait sur la conscience, mais elle n’avait pas réussi. Elle se savait incapable de regarder ses parents dans les yeux et leur avouer combien la disparition de Dean lui faisait mal alors qu’il n’y avait rien de plus normal. En réalité, Sora considérait avoir été assez faible par le passé sans avoir besoin de l’être à nouveau aujourd’hui. Elle voulait apprendre à être plus forte par elle-même et à mieux encaisser les choses, autant dire qu’elle n’était pas très douée pour ça vu l’endroit où elle avait atterri. Dans tous les cas, la guatémaltèque n’aurait pas parlé, elle le savait très bien et ce n’était pas par fierté mais afin de ne pas les inquiéter alors qu’ils avaient toutes les raisons de l’être. Elle avait un passé de droguée et ne pouvait pas le nier. Elle était surveillée depuis sa sortie de cure même si c’était à distance, mais elle avait tout de même replongée parce qu’elle avait encore une fois refusée de parler. Le faire avec Ashton était sans doute un bon pas, un moyen de trouver du courage et de parler alors qu’elle ne l’avait jamais fait jusqu’alors.

Cependant, voir son amie se blâmer pour quelque chose dont elle n’était pas fautive était insupportable. Ashton n’avait rien fait hormis vivre et c’était tout ce dont la texane avait besoin et Sora était bien placée pour le savoir. Elle ne l’avait pas dit, mais tout ce qui avait importé pour elle – et c’était toujours le cas – était de voir la jeune femme heureuse et de savoir qu’elle retrouvait petit à petit le sourire grâce à ce Charles dont elle avait tellement entendu parler, le reste la concernant n’avait pas tellement d’importance. Ashton était aussi celle qui pouvait mieux la comprendre que n’importe qui. Elle était passée par la même épreuve, celle de la perte d’un proche et c’était peut-être aussi ce qui lui avait permis de parler, de donner cette raison d’apparence mineur qui l’avait fait à nouveau sombrer dans l’enfer. Silencieuse, elle se laissa aller contre son amie et posa son menton sur l’épaule de la texane en fermant les yeux. « Je suis désolée, Sora... ». La guatémaltèque se pinça les lèvres pour parvenir à faire barrière aux larmes qui la gagnaient et tint le coup comme elle le put en serrant doucement Ashton contre elle.

« Mais refais jamais ça... S'il te plaît. ». Le simple fait de fermer les yeux permis à ses larmes de couler le long de ses joues, mais la jeune femme resta silencieuse, serrant d’autant plus la texane contre elle avant de se séparer d’elle en passant une main sous ses yeux pour faire disparaitre ses larmes. « Je peux te le promettre, je crois avoir eu assez peur pour ne plus retoucher à la moindre drogue. ». Sora s’humecta les lèvres et regarda Ashton tout en lui attrapant de nouveau la main. « Je suis désolée, je sais que tu n’avais pas besoin de ça en ce moment, je te demande pardon, c’était la dernière chose que je voulais, vraiment. ». Cette fois, la guatémaltèque fut incapable de retenir ses larmes qui coulèrent doucement le long de ses joues, toutes empruntant le même chemin. Son égoïsme allait probablement totalement disparaitre maintenant, surtout à présent qu’elle prenait conscience du fait qu’elle avait fait peur à ses proches et qu’elle les avait également fait souffrir.

Ses proches … c’était à eux qu’elle devait se raccrocher à présent et Sora s’en faisait la promesse bien qu’elle soit la seule à le savoir. Elle ne comptait plus baisser les bras comme elle avait pu le faire si vite. Elle avait eu peur, bien trop peur de passer également l’arme à gauche que la jeune femme avait pu prendre conscience du fait qu’elle tenait bien trop à sa vie pour la gâcher aussi idiotement. Pourtant, ça lui avait semblé être une bonne solution sur le coup, mais la guatémaltèque se promettait de ne plus repasser par-là à l’avenir. Elle savait que ça n’allait pas être facile, qu’elle allait devoir travailler sur elle-même afin de parvenir à se confier plus qu’elle avait pu le faire jusqu’à présent, mais si ça lui permettait de se sentir mieux et de ne pas chuter une nouvelle fois, elle prenait sans la moindre hésitation. Sora refusait de lire une nouvelle fois la peur et la tristesse dans le regard de qui que ce soit, du moins pas si ça la concernait directement.

Elle se devait d’apprendre à être forte puisqu’il n’était jamais trop tard et même si elle risquait probablement d’oublier tout ce à quoi elle pensait actuellement, la demoiselle savait néanmoins que son envie de se battre n’allait pas disparaître du jour au lendemain, mais bien se renforcer. Même si la présence d’Ashton lui faisait déjà le plus grand bien, Sora ne parvenait pas à s’empêcher de pleurer, sans doute la fatigue, la peur et les médicaments mélangés qui la poussaient à pleurer plus facilement que d’habitude. Elle l’avait inquiété et elle savait que c’était encore le cas et qu’il en serait probablement ainsi encore quelque temps et c’était vraiment la dernière chose qu’elle avait souhaité, pour la texane comme pour tout son entourage. Elle n’avait pas réfléchi, voilà tout et maintenant Sora s’en mordait les doigts. « T'excuse pas, utilise plutôt tes forces pour aller mieux. Tant que toi, ça va, alors moi aussi. ». La demoiselle secoua brièvement la tête en se mordillant la lèvre inférieure. Utiliser ses forces pour aller mieux était ce qui lui restait à faire maintenant. Elle allait passer plusieurs jours dans cette chambre et se remettre sur pieds allait être sa seule préoccupation pour sortir de là tant elle ne supportait pas les hôpitaux. Sora n’avait rien contre les médecins ou le personnel des hôpitaux en général, c’était le lieu en lui-même qu’elle n’appréciait pas et ce qu’il signifiait à ses yeux.

« Et sèche-moi ces larmes, t'as déjà une mine atroce… ». La guatémaltèque pouffa et passa à nouveau le revers de sa main sur ses joues et sous ses yeux pour tâcher de faire disparaître définitivement ses larmes même si son regard resta légèrement brillant. « Est-ce que t'as besoin que je te ramène quelque chose, quelqu'un s'en occupe ? ». Sora fronça son nez puis regarda autour d’elle pour chercher ce qui lui manquait, mais rien ne lui venait en tête. Si ce n’était pas ses parents qui lui avaient ramené quelque chose dont elle avait besoin, c’était Danjel et là … tout lui semblait être près d’elle, tout ce qui lui était nécessaire du moins. « Hm … non, je crois que j’ai déjà tout ici. C’est moi qui aimerais être ailleurs en fait. ». Sora leva les yeux au ciel et s’enfonça un peu plus dans son lit. Le fait de rester allonger dans ce dernier commençait déjà à la rendre folle. Rester enfermée était la dernière chose qu’elle souhaitait et qu’elle pouvait supporter, mais elle n’avait pas le choix. « Oh ! Ton déménagement à Coney Island … s’est fait au fait ? ». Autant changer de sujet et Sora préférait parler d’Ashton plutôt que d’elle-même, d’autant plus que sa vie était plus déprimante qu’autre chose.

Il était agréable d’avoir des visites, Sora ne pouvait pas le nier, mais Danjel et Ashton étaient de loin celles que la guatémaltèque préférait le plus. Ils étaient tous les deux des personnes auxquelles elle tenait sincèrement et surtout deux personnes qui ne lui donnaient pas l’impression d’étouffer comme sa mère pouvait le faire. Même si elle regrettait sincèrement d’avoir inquiété la texane, l’avoir près d’elle lui faisait déjà le plus grand bien et passé les larmes, son sourire était doucement venu récupérer sa place habituelle sur ses lèvres. Sora n’était peut-être pas totalement elle-même étant donné ce qu’elle recevait pour se soigner, mais elle était tout de même capable d’apprécier à sa juste valeur ce petit moment avec Ashton et elle priait déjà pour que ses parents ne les interrompent pas … eux ou un médecin. « Tu m'étonnes… j'étais comme toi quand j'étais coincée à l'hôpital après la naissance des petits, je tenais pas en place. ». C’était exactement ça … elle avait du mal à tenir en place et pourtant elle n’avait pas le choix. La jeune femme était clouée au lit, qu’elle le veuille ou non et ce n’était pas faute d’avoir essayé de se lever rien que ce jour-même. Seulement, elle était encore incapable de tenir sur ses jambes.

A peine se mettait-elle en appuie sur ces dernières qu’elles se mettaient à trembler et la jeune femme devait se rattraper à l’infirmière qui l’aidait pour ne pas tomber par terre. Il y avait ça, mais aussi les vertiges qui la gagnaient à chaque fois et qui étaient, le plus souvent, suivit de nausées ce qui n’était pas la joie. « Ils t'ont déjà parlé d'une possibilité de sortie ? ». Sora fit la moue et fouilla rapidement dans sa mémoire pour s’assurer qu’elle n’aurait pas fait abstraction de ce détail. Puisque rien ne semblait lui revenir, elle secoua doucement la tête à la négative et grimaça quelque peu. « Non … et je crois que ce n’est pas pour tout de suite. Ils vont me garder clouer dans ce lit jusqu’à ce que je sois capable d’avaler de la vraie nourriture sans que mon estomac le rejette et me force à tout vomir. ». La guatémaltèque grimaça d’autant plus. Pour l’instant, elle ne se plaignait pas véritablement de sa situation puisque de toute manière elle n’éprouvait pas la sensation de faim depuis qu’elle était réveillée et elle savait que c’était parce que son corps était nourri autrement que par la voie naturelle. « Désolée pour les détails. » dit-elle dans un nouveau sourire. Toutefois, le dire n’était rien comparé au fait de le vivre et c’était bien la seule chose que Sora ne supportait pas dans son état actuel et à chaque fois qu’elle voyait une infirmière lui apporter son plateau repas – qui était très léger – la panique l’envahissait bien vite.

« Tout juste ! J'en suis encore à découvrir de nouvelles pièces. Tu devrais venir, quand tu sortiras, je te ferais visiter. Et puis tu pourrais rencontrer Charles… ». Sora vérifia d’un coup d’œil que ses fils n’étaient pas coincés et se mit à applaudir sans quitter Ashton des yeux, visiblement très heureuse d’apprendre qu’elle avait enfin emménagé chez Charles bien qu’elle aurait aimé l’aider et enfin rencontrer ce mystérieux jeune homme. « Dire que j’ai manqué une occasion en or de voir enfin sa tête … enfin, si tu me fais visiter tu prendras une carte, si c’est aussi grand que ce que tu m’as dit je n’ai pas spécialement envie de m’y perdre, non pas que je doute de ton sens de l’orientation mais un peu quand même. ». Au moins, elle n’avait pas perdu son sens humour dans le processus. Sora lui adressa un large sourire qui démontrait parfaitement qu’elle la taquinait. En réalité, si elle souhait tant rencontrer ce Charles c’était uniquement pour mettre un visage sur le nom de cet homme qui avait tout de même bien sauver son amie … et peut-être l’évaluer un peu aussi selon ses propres critères.

S’il y avait bien une chose qu’elle n’allait pas supporter pendant très longtemps c’était bien le fait de rester clouer dans ce lit et surtout dans un hôpital. Même si elle savait qu’elle n’allait pas rester seule bien souvent – d’autant plus avec ses parents adoptifs qui travaillaient au même endroit – ce n’était pas pour autant qu’elle était spécialement ravie à l’idée de rester là. Elle n’avait jamais aimé les hôpitaux alors qu’elle y était allée que très rarement et la première fois uniquement pour aller faire la chose la plus difficile qu’il soit : confirmer que le corps à la morgue était ou non sa mère. Après ça, Sora avait tout bonnement refusé de mettre les pieds dans un hôpital et lorsqu’elle était arrivée à New York elle avait passé une année sans y aller, pas même chez le médecin se contentant de Carol et Doug pour la soigner. A présent c’était par obligation qu’elle s’y trouvait et déjà depuis son réveil elle ressentait le besoin de fuir au plus loin de ce lieu tout en sachant que ce n’était pas près d’arriver … malheureusement. « Oh tu sais, une fois que tu passes par la grossesse, tu peux tout entendre ! ». Cette fois ce fut autour de la guatémaltèque de grimacer. La grossesse était une chose qui lui était parfaitement inconnue ce qui n’était pas plus mal étant donné son âge. Toutefois, elle savait en quoi consistait un accouchement pour avoir entendu sa mère – biologique comme adoptive – en parler dans l’espoir de dégoûter la jeune fille et ainsi éviter qu’elle ne soit enceinte trop tôt.

Avoir des enfants … Sora n’y avait jamais vraiment réfléchi considérant qu’elle avait encore trop à vivre – malgré ce qu’elle avait fait récemment – mais si elle devait répondre à la question « voudrais-tu des enfants ? » la jeune femme ne saurait quoi répondre … probablement oui bien que l’accouchement lui faisait une peur bleue. Ashton était passée par là et ce n’était non pas un enfant auquel elle avait donné naissance, mais bien deux dans un lieu loin de convenir avec l’aide d’un parfait inconnu et la guatémaltèque la trouvait bien courageuse d’être parvenue à surmonter une telle épreuve. Bien vite focalisée sur un tout autre sujet que sa santé et le lieu dans lequel elle se trouvait, parler de Charles et de l’emménagement de son amie l’intéressait bien plus que le reste et lui changeait les idées sans le moindre mal. « M'en parle pas, des fois je suis vraiment perdue, & je me retrouve aux pleurs des petits. Enfin, ça devrait s'arranger avec le temps, la maison est magnifique et je veux bien me perdre encore & encore, c'est... Magique. Je regrette déjà le jour où je trouverais un autre endroit où vivre ! ». D’abord amusée par les paroles de la texane et par le fait de l’imaginer se perdre dans la maison en ne parvenant à s’orienter que grâce aux pleurs de ses enfants, son sourire se fana doucement à la suite des paroles prononcées par la jeune femme. Sora poussa un léger soupire et se redressa comme elle le put pour la énième fois dans son lit et planta son regard dans celui d’Ashton sans prononcer le moindre mot.

De toute manière elle ne pouvait pas dire grand-chose puisqu’elle ne connaissait pas Charles et que même si elle avait deviné assez facilement que les deux jeunes gens éprouvaient une certaine attirance l’un envers l’autre elle ne pouvait néanmoins pas être sûre que l’écossais dont Ashton lui parlait accepte de la garder sous son toit indéfiniment. « Bon, tu es sûre que tu n'as besoin de rien ? Un coussin en plus, une oreille attentive, un petit fou rire ? Je peux amener Wyatt, ses grimaces sont priceless. ». Son nez se fronçant légèrement tandis qu’elle réfléchissait, Sora secoua la tête à la négative. Elle n’avait besoin de rien hormis de se remettre le plus vite possible sur pieds et pouvoir fuir cet endroit à tout jamais même si la guatémaltèque savait qu’elle allait devoir y retourner pour des check-up auxquels elle refusait de penser pour l’instant. « De rien … de toute manière je ne suis pas d’une très bonne compagnie. Je suis sûre que je dors plus que tes enfants et tu vas vite t’ennuyer si tu restes plus longtemps. ». Elle lui adressa un léger sourire et s’enfonça dans son lit tout en se glissant un peu plus sous la couverture. Même si elle était loquace contrairement à son réveil, elle pouvait tout de même sentir la fatigue la gagner assez rapidement dans des moments où elle aurait préféré rester éveillée. « Mais je te promets que dès que je sors d’ici je serais tout à toi pour une journée … tu pourras me confier de force un des petits pour te venger de la peur que j’ai pu te faire. ». Autant plaisanter de la situation plutôt que d’en pleurer. Cette sortie, Sora allait l’attendre avec impatience, pas le moindre doute là-dessus. Le ciel new yorkais lui manquait déjà, comme la pollution de cette grande ville américaine. En somme même les pires choses de la ville l’intéressaient plus que le fait de se trouver dans un lit d’hôpital shootée aux médicaments.