La fin du monde était proche. Très, très proche. C’était indéniable. Certains signes ne trompaient pas et Kali en train de cuisiner, ça c’était un signe. La jeune femme fronça les sourcils en parcourant la recette qu’elle avait choisie du regard. Ca n’avait vraiment pas l’air si compliqué comme ça, elle était sûre que c’était à la portée de n’importe qui. N’importe qui… sauf elle. Elle était restée bloquée sur la première instruction qui disait en gros de mettre le four à préchauffer. Même ça, c’était trop difficile à réaliser pour la brune. Le four, c’était un peu comme l’instrument du diable et elle y touchait autant qu’elle pouvait l’éviter. Elle s’en sortait plutôt bien d’ailleurs d’habitude sauf qu’aujourd’hui, elle avait eu l’idée étrange d’inviter Jan chez elle et comme si ça ne suffisait, elle avait également décidé de faire à manger. Ouais, ça c’était plus que bizarre pour le coup. Elle ne savait vraiment pas ce qui l’avait poussé à faire ça, surtout pour Jan en fait. Peut-être pour lui prouver que elle, elle savait recevoir les gens et que chez elle on avait le droit de manger un peu plus qu’un vieux paquet de gâteau et un paquet de chips entamé. Oui c’était sûrement pour ça, elle l’espérait du moins. Parce que c’était étrange ce qui se passait entre elle et Jan. Enfin même s’il ne se passait pas grand-chose en fait. Ils avaient juste fait l’amour une fois sans jamais vraiment l’évoquer depuis, ils étaient juste gênés. C’était d’autant plus embêtant que Kali appréciait bien Jan, enfin il était cool quoi et qu’elle avait envie de le voir mais pas quand les choses étaient aussi… elle ne savait pas vraiment dire comment en fait. Juste, étrange.

La jeune femme avait réussi à allumer le four (et sans demander à Maria comment faire). Elle avait même réussi à mettre dedans le gratin de pomme de terre qu’elle avait fait (oui, elle s’était surpassé ce soir ) sans se brûler. Tellement d’exploits en une seule soirée, c’était incroyable. Il aurait plus manqué que son plat soit une réussite et cette soirée resterait graver dans les mémoires comme une soirée historique. Enfin, la jeune femme ne préférait pas trop s’avancer là-dessus. Elle était loin de maîtriser la cuisson de son plat et elle avait du changer deux ou trois ingrédients, faute d’avoir ce qu’il fallait. Enfin, elle verrait bien. Et Jan aussi en fait. Elle espérait seulement qu’il ne croirait pas qu’elle cherchait à l’empoisonner ou quelque chose d’autres dans ce genre-là. Elle venait de s’assoir sur le canapé, un peu fatiguée par autant d’efforts, quand on sonna à la porte. On, elle pensait savoir sans trop se tromper de qui il s’agissait. Elle n’attendait qu’une personne après tout. Elle alla donc ouvrir la porte. « Pile à l’heure ! » s’exclama-t-elle en voyant Jan. Ou pas en fait, elle ne lui avait donné aucune heure et elle ne savait même pas quelle heure il était là, en fait.

« Genre la nana, elle veut te revoir, elle t’invite chez-elle pour vous passiez la soirée ensemble, et c’est pas un rencard ? Tu déconnes là ? ». Jan posa un regard critique sur son jeune frère. Comme si lui savait ce qu’était un rencard d’une banale soirée ? Jason, son petit frère, arbora un petit sourire malicieux avant de reprendre la parole. « Et… Et je la connais ? » continua-t-il. Jan fronça un instant les sourcils, agacé par les interrogations perpétuelles de son frère. Il regrettait déjà le moment où il l’avait appelé pour lui demander un conseil… vestimentaire. Oui, un conseil vestimentaire. Après tout, Kaliska l’avait invité à passer la soirée chez-elle parce qu’elle avait envie de le revoir. Il n’allait tout de même pas y aller en jogging, même si cela lui plairait bien. Mais il se doutait bien que cela ne serait pas du goût de la jeune femme. Il se plongea alors le nez dans sa petite armoire, cherchant en vain ce qu’il allait bien pouvoir mettre. « En tout cas, elle doit être super mignonne, vu le temps que tu passes dans ton armoire à choisir tes fringues… » rétorqua Jason, tout sourire. Il ponctua sa phrase d’un petit rire amusé. Puis il s’approcha de Jan, attrapant au passage un jean et une chemise. « Mets ça ! Elle va adorer à coup sûr ! ». Le jeune texan fronça de plus bel les sourcils, avant de se saisir des deux habits que Jason lui tendait. Il s’éclipsa alors quelques secondes dans sa salle de bain, afin de troquer son vieux short noir et son tee-shirt pour un jean et une chemise blanche. Rien de plus banal et classique. Lorsqu’il sortit, son frère approuva la tenue et lui lança une paire de tennis blanche agrémentés de liserés bleus. Jan n’eut pas vraiment le choix de les enfiler à vrai dire. Et voilà, il était fin prêt à partir. Bien entendu, Jason ne put s’empêcher de lui répéter qu’il allait devoir lui raconter sa soirée et surtout de lui dire qui était cette fameuse fille. Jan n’allait pas lui dire tout cela, à croire qu’il entérinera ça dans son petit jardin secret.

Jan avait donc pris le chemin pour se rendre chez Kaliska. Il ne connaissait pas par cœur la route, si ce n’était presque. Peu avant de partir, il avait furtivement consulté un plan, afin de ne pas se tromper. Ca aurait été fort malheureux d’être en retard à… à cette quoi ? Invitation ? Rendez-vous ? Soirée ? Peu importe, il allait chez Kaliska, retenez juste cela.
Il ne mit guère de temps à s’y rendre. Une fois devant la porte de l’appartement, il frappa un premier coup timide, puis un second un peu plus fort que le précédent. Après quoi, il attendit derrière la porte, espérant qu’elle s’ouvre. « Pile à l’heure ! » s’exclama alors Kaliska tout en ouvrant la porte. Jan resta un instant perplexe… Pile à l’heure ? Il ne s’était pas souvenu dans le message qu’elle lui avait envoyé qu’elle avait mentionné une heure précise. Trop étourdi ou emballé à l’idée de la revoir, aurait-il oublié ce détail du message ? Peut-être. « Certainement… » finit-il alors par dire l’air de rien. Jan lui présenta alors une bouteille de vin qu’il avait acheté, histoire de ne pas être venu les mains vides. Pour l’anecdote, ce n’est qu’une bouteille bas de gamme qu’il avait acheté au supermarché du coin. « J’ai apporté ça. » dit-il alors. Kaliska se saisit de la bouteille, elle fit ensuite entrer son invité dans son appartement. Jan pénétra dans la pièce principale silencieusement, observant la pièce comme si c’était la première fois qu’il venait ici. Et pourtant, ce n’était pas la première fois… C’est alors qu’il remarqua la table joliment dressé au cœur du salon et il pouvait sentir l’odeur délicieuse qui pouvait émaner de la cuisine. Il fallait croire qu’elle avait fait les choses en grand pour cette soirée, ou presque en grand.

Kali était vraiment ravie revoir Jan en fait. Ce qui était en somme assez étrange. Jan n’avait rien de particulier après tout, elle ne le connaissait même pas vraiment. Pourtant, c’était comme ça. En tout cas, si on lui avait dit quelques mois auparavant, avant qu’elle ne le connaisse un peu mieux, qu’elle serait un jour contente de le voir et même, qu’elle l’inviterait chez elle et lui ferait à manger, elle aurait bien ri de l’imprudent qui lui aurait annoncé ça. Ca paraissait tellement inimaginable. Elle avait déjà bien du mal à y croire là alors que c’était en train d’arriver. Elle lança quelques mots au hasard, déclarant qu’il était pile à l’heure. C’était un peu stupide étant donner qu’elle ne lui avait même pas donner d’heure mais soit, elle n’avait rien trouvé d’autres à dire. C’est vrai que le saluer, c’était un peu passé de mode. Ou pas en fait. « Certainement… » dit-il après quelques secondes. La jeune femme hocha vaguement la tête tandis que Jan lui présenta une bouteille de vin qu’il avait visiblement acheté. « J’ai apporté ça. » La jeune femme attrapa la bouteille avant de lui sourire. « Oh, merci c’est bien, très bien. » Elle se poussa ensuite pour le laisser entrer.

Elle pénétra dans la pièce principale après Jan. Maintenant qu’il était là, elle se sentait affreusement gênée à cause de tout ce qu’elle avait fait. Et surtout stupide en fait. Ca n’avait vraiment aucun sens tout ça. Elle arriva à sa hauteur et jeta un regard rapide autour d’elle, cherchant de l’inspiration pour trouver quelque chose à dire. En fait, ça faisait longtemps qu’elle n’avait pas reçut un garçon comme ça chez elle. Enfin plutôt, pas inviter. La dernière fois, ça devait être Shyann, c’était dire comme ça remontait à… loin. « Je suis contente que tu sois venu. » dit-elle finalement au bout d’un petit temps. « Tu vas bien ? » demanda-t-elle par la suite. C’était une question forte intéressante. Finalement, son regard se posa sur le canapé et elle eut la bonne idée de l’inviter à s’assoir. C’était déjà un bon début. Elle allait lui proposer à boire aussi. Ca c’était une bonne idée oui, elle avait besoin d’un verre elle en tout cas, pour se détendre ne serait-ce qu’un peu. « Assieds-toi, je vais te servir à boire. Tu veux quoi ? Enfin tu veux boire quelque chose au moins. » Elle se tut et fronça les sourcils. Bah oui, bien sûr. Elle se dirigea ensuite vers le buffet où étaient rangées les bouteilles été en sortie quelques unes. « J’ai… un peu de tout en fait. » Ca l’étonnait en tout cas. Une chose était certaine, c’était que certaines de ses bouteilles devaient être là depuis très longtemps.

C’était étonnant quand même. Enfin, il acceptait une invitation sans rechigner. Oui, il avait accepté directement. Certes, au début, il était un peu sceptique. Mais la revoir… pourquoi pas après tout. Jan appréciait sa présence, puis ce n’était que cette fameuse soirée qui lui avait changé ses aprioris au sujet de la jeune fille. Par soirée, je parle bien entendu de la dernière, de leur dernière soirée ensemble. Puis il avait voulu faire un effort vestimentaire. Quelle idée étrange cela, d’ailleurs.
Un sourire s’était tout naturellement dessiné sur les lèvres de Jan lorsqu’il lui présenta la bouteille de vin qu’il avait acheté. Sûrement parce qu’il était fier de son achat ou plutôt de ne pas être venu ici les mains vides. Kaliska s’en sait attrapa, remerciant alors Jan de ce geste. Après tout, il aurait pu venir sans rien. « Oh, merci c’est bien, très bien. ». Jan fit un petit signe de la tête, avant de suivre du regard le geste de la jeune fille. Elle s’apprêtait à pousser la porte afin de le faire en entrer. C’était sûrement mieux comme cela. La soirée n’allait pas se dérouler sur le palier quand même… Ou alors on n’avait tenu au courant Jan de ce petit changement de programme de dernière minute. Il entra alors, silencieusement. Se glissant dans la pièce principale. Il regarda longuement la pièce, sûrement presque dans ses moindres détails jusqu’à ce que ses yeux se posent sur ses tennis que Jason lui avait forcé à porter. Il se sentait soudainement mal à l’aise, par ce silence, et par toutes ses préparations. Elle avait dû se donner tant de mal, songea-t-il alors. Il inspira une grande bouffée d’air, reposant son regard sur Kaliska. Un sourire vint tirer alors ses lèvres. « Je suis contente que tu sois venu. Tu vas bien ? ». Jan hocha alors la tête, tout en enfonçant ses mains dans les poches de son jean qu’il trouvait affreusement étroit pour lui. « Je vais très bien… et toi ? » lui demanda-t-il alors. « Pas trop fatiguée par… par ces préparatifs ? » finit-il alors par lui demander quelque peu maladroitement. Il aurait vraiment pu s’abstenir de lui demander cela, vraiment. Mais soit, maintenant, c’était trop tard pour faire machine arrière.

Finalement, les deux jeunes gens s’installèrent dans le canapé. Ils n’allaient donc pas mettre leurs pieds directement sous la table. C’était peut-être mieux comme cela. Venir juste pour manger et repartir aussitôt… c’est dans un restaurant que ça a lieu ce genre de phénomène, pas dans un appartement, pas lors d’une invitation dont on ne saurait donner une caractéristique plus précise que cela. Kaliska reprit donc la parole après l’avoir invité à s’asseoir à ses côtés. « Je vais te servir à boire. Tu veux quoi ? Enfin tu veux boire quelque chose au moins. ». Jan sourit amusé, certainement par les paroles à la fois maladroite et pressée de la jeune fille. Peut-être était-elle stressée par cette soirée, et de recevoir Jan comme convive. Il fit alors un signe de la tête, approuvant le fait qu’il avait soif. Puis il n’allait tout de même pas refuser un petit verre ou deux d’alcool en cette entame de soirée. Puis son regard se posa sur Kaliska qui se dirigea vers un buffet. Sûrement la cachette secrète où elle planquait tous les alcools. Bingo ! Lorsque le tiroir s’ouvrit, il put apercevoir une multitude de bouteilles. « J’ai… un peu de tout en fait. » déclara-t-elle finalement. Jan se mordit les lèvres, afin de s’éviter de rire. Il avait bien trop peur de froisser celle qui l’avait invité. Il regarda alors furtivement les bouteilles qui se trouvaient au premier plan. Il fronça un peu les yeux, afin de pouvoir lire un peu mieux les étiquettes. Il fallait croire que sa vue n’était pas si bonne que cela. « J’veux bien un petit Martini. » dit-il alors, avant d’ajouter : « Si tu as bien sûr ! » sous un ton plaisant.
Kaliska revint finalement à sa place initiale, avec en ses mains : une bouteille et deux verres. Elle déposa le tout sur la petite table basse et commença à remplir un après l’autre les verres. « Tache à être raisonnable avec l’alcool cette fois-ci… » lâcha-t-il sans trop réfléchir. Un sourire un peu taquin et amusé ponctua finalement son affirmation.

Kali aurait bien aimé savoir pourquoi elle s’était donné tant de peine pour préparer cette soirée. Elle voulait absolument trouvé une explication logique à tout ça mais elle n’en voyait aucune. Ce qu’elle avait fait ce soir, c’était tellement contraire à tous ces principes. D’abord, elle avait été vers jan en l’invitant chez elle, ensuite elle avait fait à manger et maintenant… et maintenant elle était la fille stupide qui ne savait plus quoi dire. Elle finit par faire à nouveau quelque chose de contraire à ses principes en lui disant qu’elle était heureuse qu’il soit venu là. Juste après avoir dis ça, elle rougit légèrement. SI elle se mettait à faire ça en plus, c’était que son cas était vraiment devenu désespéré. Elle tenta de se reprendre quelque peu en lui demandant s’il allait bien. « Je vais très bien… et toi ? » La jeune femme hocha la tête. « Ca va, ça va… » En vérité, elle avait plutôt envie de dire non, elle était tellement peu à l’aise là qu’elle aurait presque eu envie de partir en courant. Mais soit, Jan n’avait définitivement pas besoin de savoir ça. « Pas trop fatiguée par… par ces préparatifs ? » Il devait vraiment trouver ça ridicule lui aussi en fait, c’est sûrement pour ça qu’il venait de dire ça. La jeune femme se mit à jouer maladroitement avec son pendentif. « Euh non… je… j’ai pas fait grand-chose. » finit-elle par déclarer. En vérité, elle avait fait beaucoup plus qu’à son habitude mais bon, vu ce qu’elle faisait d’habitude, ça ne voulait pas pour autant dire qu’elle avait fait beaucoup.

Elle l’invita finalement à aller s’assoir au salon. Ils n’allaient quand même pas rester là à s’observer comme deux imbéciles toute la soirée quoi ! Elle lui proposa également à boire. Enfin en tout cas, elle tenta de le faire et s’embrouilla un peu dans ce qu’elle disait. Finalement, elle prit la parti de se taire et de se diriger vers le bar et là, elle déclara avoir un peu de tout. Elle attendait simplement qu’il se décide à lui dire ce qu’il voulait bien boire. « J’veux bien un petit Martini. » La jeune femme hocha la tête et regarda plus attentivement les bouteilles jusqu’à trouver celle de Martini. « J’ai ! » s’exclama-t-elle. Elle observa ensuite un peu plus attentivement la bouteille, elle se souvenait l’avoir acheté il n’y avait pas si longtemps, elle pouvait donc lui servir sans trop s’inquiéter. Elle prit un grand risque et attrapa deux verres à amener sur la table basse. En plus, de la bouteille, c’était vraiment une mission à haut risque mais elle réussit à tout amener à bon port sans rien faire tomber. « Tache à être raisonnable avec l’alcool cette fois-ci… » La jeune femme se mit à rire. Il n’était vraiment pas difficile de savoir à quoi il faisait allusion là tout de suite. « Je suis toujours raisonnable avec l’alcool tu sauras ! » déclara-t-elle en ne faisait presque pas preuve de mauvaise foi. C’est vrai qu’en dehors de la dernière soirée qu’ils avaient passé ensemble, elle était plutôt raisonnable oui. Elle servit les deux verres sans rien renverser à côté. Elle était vraiment trop forte ce soir en fait. Elle réussissait à faire à manger et tout. Enfin, elle réussissait presque, au moment où elle pensait ça, une méchante odeur de brûler la ramena à la réalité. « Merde ! » s’exclama-t-elle avant de se diriger vers la cuisine. Elle ouvrit le four et en sortit le gratin (en se brulant les doigts au passage). Ca ne faisait vraiment pas du bien. Elle ouvrit l’eau froide à l’évier et passa sa main en dessous. L’avantage c’est que là maintenant, elle avait trop mal pour être désespérée par l’échec de son repas. Enfin de ce qu’elle avait pu en voir, ce n’était pas si pire mais c’était quand même légèrement cramé quoi. « Ne t’inquiètes pas, je gère ! » dit-elle alors à destination de jan qui était toujours au salon. C’était un complet mensonge mais tant pis.

Un léger rictus s’était dessiné sur le visage marqué de Jan, laissant entrevoir un soupçon de moquerie ou d’ironie, ou peut-être bien de taquinerie… à vrai dire, nul ne pouvait savoir ce que signifier réellement ce rictus, à part lui bien entendu. Assis dans ce canapé de bas gamme, il se saisit par la même occasion du verre que Kaliska lui tendait. Un petit merci, histoire d’être poli un peu. « Je suis toujours raisonnable avec l’alcool tu sauras ! ». Son rictus s’élargit en un sourire taquin. La métamorphose de la taquinerie, disait-on. Ou plutôt dis-je. Jan se contenta d’un hochement, mimant le fait qu’il avait compris et la croyait sur parole. Evidemment, ce n’était pas le cas. Toujours raisonnable ? Faux, pour ne pas citer Norman. Elle n’avait pas été raisonnable une fois. La fois de trop peut-être, mais cela suffisait largement pour contredire son propos. Verres dans la main, les verres finirent par se rencontrer, trinquant à leur santé. Banalité banal, ils faisaient sûrement cela juste pour être polis, ou plutôt montrer leur certaine éducation. La conversation allait de bon train entre les deux jeunes gens, tout du moins en apparence. Ils ne disaient rien de bien philosophique, cela ressemblait plus à une conversation de comptoir plus qu’autre chose… voyez donc le niveau assez bas de leurs propos. A cela, saupoudrez quelques taquineries, et finissez par enfourner le tout dans une petite pièce… Enfourner. Vu l’odeur que pouvait humer Jan, il semblerait bien que Kaliska ait elle aussi enfourné un met. Met qu’elle avait dû oublier de surveiller… Il se racla soudainement la gorge en plein milieu de la conversation. « Euh… c’est normal cette odeur ? » finit-il alors par lui demander. Il posa un regard interrogateur à la jeune fille. Sa réaction ne fit guère attendre. Un joli « Merde » s’échappa de sa bouche. Jan aurait pu en rire, rire de cette spontanéité si soudaine, mais il resta de marbre. La regardant se diriger en vitesse en direction semblerait-il de la cuisine. Il n’y avait pas de doute que c’était la cuisine. Il l’observa de loin, avant de retourner son attention sur son verre. L’appel de la boisson, on ne disait jamais non à cela… et ce n’était pas une parole d’alcoolique, ou que sais-je. Il se saisit alors de son verre, et en but une gorgée, l’air distrait, l’air rêveur.

Quelques bruits parasites retentirent dans les deux pièces. Bruit de léger craquement, odeur de cramé, bruit du robinet qu’on ouvre, bruit de l’eau qui coule, odeur de cramé, odeur de cramé encore et toujours… et puis « Ne t’inquiètes pas, je gère ! ». Elle gérait… mais bien sûr. Jan fit un grand hochement de tête. Mais oui… elle gérait. Bien qu’il eut voulu se convaincre qu’elle gérait, au fond de lui, il ne l’était pas… pas du tout même. Sûrement cela était à cause du stress, ou d’une quelconque émotivité qui lui aurait fait oublier son repas dans le four… en soi, ça n’avait rien de grave. Mais Jan ne put s’empêcher de vouloir constater par lui-même. Il but une seconde gorgée de martini avant de reposer son verre sur la table puis de se lever.
Il fit quelques pas afin de s’approcher de la cuisine. Il n’osa pas entrer dans la pièce, il resta donc planté à l’entrée. « Avec un peu de chance, t’aurais presque pu mettre le feu à ta cuisine, non ? » lâcha-t-il d’un ton amusé. Bien entendu, il ne disait pas cela méchamment. Après un petit sourire afin de s’excuser de sa petite réplique, il fronça les sourcils. « Tu… Tu veux que je t’aide, peut-être ?! » finit-il alors par lui demander. Sans même attendre une réponse de sa part, il s’approcha et attrapa le premier torchon (ou plutôt premier bout de tissu) qui trainait dans la petite pièce et il se saisit du plat que Kaliska avait entre ses mains. Avec une certaine curiosité, il baissa le regard sur le plat qu’il tenait : « Le repas de ce soir ?... ».

Bizarrement, Jan n’avait pas l’air de croire qu’elle était toujours raisonnable avec l’alcool. Bon ok, elle avait peut-être exagéré un petit peu, très très légèrement mais quand même ! Il n’avait pas de raison de se moquer d’elle comme ça, comme il avait l’air de vouloir le faire dès qu’elle eut finit de parler. Il hocha la tête une fois que son sourire moqueur eut disparut mais Kali voyait bien qu’il ne la croyait pas. Pfff, crétin ! Elle pensait ça en toute amitié bien sûr. Après ça, ils parlèrent un peu. Kali aimait bien parler avec Jan, c’était un mec plutôt cool. Et puis maintenant au moins, elle trouvait sans trop de problème quoi dire donc ça allait à peu près. En fait, tout allait pour le mieux. Du moins, jusqu’à ce qu’une légère odeur de cramé se fasse sentir. « Euh… c’est normal cette odeur ? » Non ça ne l’était pas, évidemment, Kali se redressa aussitôt et se dirigea en toute hâte vers la cuisine. Elle tenta de sauver le gratin du four diabolique mais réussit simplement à empirer les choses en se brûlant au passage. Quelle chance !

La jeune femme avait été mettre sa main sous l’eau froide pour soulager la douleur. Tout allait tellement bien jusque là, elle était vraiment blasée pour le coup. Elle s’adressa alors à Jan depuis la cuisine pour le rassurer et lui dire qu’elle gérait. Ce n’était définitivement pas le cas mais soit, il n’avait pas besoin de savoir jusqu’à quel point elle était un cas désespéré. Il avait déjà du comprendre un peu vu l’odeur et c’était largement suffisant. Elle aurait bien aimé que Jan reste au salon et n’en sache pas plus mais il arriva bientôt au niveau de l’entrée de la cuisine. « Avec un peu de chance, t’aurais presque pu mettre le feu à ta cuisine, non ? » La jeune femme fronça les sourcils. Avec un peu de chance oui. « Non quand même pas ! J’en étais pas rendue à ce point-là encore. » Bah oui, elle en était juste au stade du repas complètement cramé là, mettre le feu à la cuisine, ça venait juste après. « Enfin je crois pas… » Elle n’était plus sûre à vrai dire maintenant. Elle finit par fermer le robinet d’eau froide et soupira. Elle avait mal encore. « Tu… Tu veux que je t’aide, peut-être ?! » Elle lui aurait bien répondu encore qu’elle gérait et que non, elle n’avait pas besoin d’aide mais Jan n’attendit pas sa réponse et se servit de torchons et de serviettes qui traînaient pour récupérer le plat. « J’aurais sûrement du faire ça comme ça moi aussi… » déclara la jeune femme songeuse. Ca lui aurait évité de presque perdre l’usage de ses doigts. Elle n’exagérait en aucun cas en disant ça. « Le repas de ce soir ?... ». Jan disait ça en regardant le plat et Kali se sentit rougir. « Oui. » fit-elle honteuse. « Enfin non ! » se rattrapa-t-elle. « On ne va sûrement pas manger ça. » Ca devait être immangeable de toute manière. « Je n’ai jamais été douée en cuisine ok… » avoua-t-elle alors. « Si je commande genre… une pizza ça te va ? Ou chinois ? »

« Non quand même pas ! J’en étais pas rendue à ce point-là encore. Enfin je crois pas… ». Les déclarations de la jeune fille firent sourire de plus bel Jan. Elle n’était pas rendue à ce point-ci… tout du moins pas encore. Il en conclut brièvement qu’elle ne devait pas être un cordon bleu en cuisine, détail qui n’avait guère d’importance en soi. Il l’observa un long moment, dans un petit silence pesant. Il voyait bien que Kaliska semblait légèrement peiner avec ce plat qu’elle tentait de tenir. Il tenta alors subtilement (ou non) de lui venir en aide. Il n’attendait pas de réponse, à quoi bon après tout ? Dans tous le cas, qu’elle le veuille ou non, il lui serait venu en aide. A l’aide d’un torchon, il se saisit donc du plat. « J’aurais sûrement dû faire ça comme ça moi aussi… » pensa-t-elle alors à haute voix. En effet, elle aurait dû… mais sûrement prise de panique par son petit plat qui était sur le point de se métamorphoser en un met cramé immangeable, elle en avait oublié tous ces petits gestes simples qui lui auraient sauvé ses petites mains. Mais Jan ne préféra ne rien dire. Un coup d’œil sur le plat, et il lui demande si cela était bien le repas de ce soir. Tout en le posant sur une table, Kaliska lui répondit alors que c’était bel et bien le repas, avant de rapidement se corriger. « On ne va sûrement pas manger ça. ». Jan fit un petit signe de la tête pour approuver, avant de froncer les sourcils en direction du plat couvert d’une pellicule légèrement noirâtre. Après tout, il suffisait d’enlever la partie cramée et le tour était joué, le repas était sauvé. « On peut toujours tenter, on a juste à enlever le cramé, c’est tout ! » dit-il en se tournant vers Kaliska. Mais cette dernière ne semblait pas être convaincue par les paroles tenues par Jan. « Je n’ai jamais été douée en cuisine ok… ». Cet aveux de la part de Kaliska conforta les pensées du texan, elle n’était pas un cordon bleu. Il posa un regard sur le visage de la jeune fille. « Je ne t’en veux pas… On ne peut pas être doué partout ! » répliqua-t-il. Certes, il se moquait légèrement d’elle, ou plutôt serait-il plus correcte de dire qu’il la taquinait. Mais après tout, il avait raison, on ne pouvait pas être doué en tout et n’importe quel domaine.

« Si je commande genre… une pizza ça te va ? Ou chinois ? » finit alors par demander Kaliska. Jan fit un signe de la tête afin d’approuver. Bien entendu, ça lui allait. Tout lui allait tant qu’il avait de la nourriture à se mettre sous la dent. Car oui, Jan était ce que l’on appelait plus communément un estomac sur pattes. La nourriture pour lui était quelque chose de sacrée, très sacrée même. « Chinois, ce serait parfait ! » répondit-il alors. Puis, à nouveau, il reporta son attention sur le plat cuisiné par Kaliska, sûrement cuisiné par amour… C’était ce que l’on disait lorsqu’on avait pris beaucoup de temps et de peine à cuisiner un plat, cuisiner avec amour. « Je reste persuadé que c’est tout de même mangeable ton plat ! ». Il fallait croire que Jan faisait une certaine fixette sur ce met, mais après tout pourquoi ne pas goûter ? Il n’allait rien perdre ni gagner en le faisant. A moins qu’elle ait mis un ingrédient empoisonné, ils ne risquaient rien.
Après quelques secondes, Jan s’approcha de la jeune fille. « Ca va tes mains, au fait ? » l’interrogea-t-il. Kaliska fit un petit signe de la tête, comme pour dire que oui. Oui, ça allait. Oui, elle n’avait pas mal. Au fond, il voulait certainement s’assurer qu’elle allait bien. Le jeune homme se saisit alors des mains de la jeune fille et les regarda quelques instants. « Tu t’es sacrément bien brulée quand même… » lâcha-t-il dans une futile réflexion.

Kali lança un regard désolé à ce qui aurait du être leur repas. Elle était définitivement incapable de faire une seule chose correctement, même quelque chose d’aussi simple que surveiller la cuisson de son plat dans le four. C’était un peu… désolant. Enfin plus beaucoup qu’un peu en fait. Jan jeta un regard au plat et se renseigna pour savoir s’il s’agissait de leur repas. Après avoir répondu que oui, la jeune femme se rattrapa en déclarant qu’ils n’allaient sûrement pas manger ça. Elle ne tenait pas vraiment à l’empoisonner. Non, assurément, il ne voudrait sûrement plus la voir si elle faisait ça et elle, elle voulait encore le voir. « On peut toujours tenter, on a juste à enlever le cramé, c’est tout ! » La jeune femme posa un regard sceptique sur son plat puis sur Jan. Oui, ils pouvaient éventuellement aussi faire ça mais elle n’osait pas lui dire qu’elle n’était pas certaine que même en disant ça ce soit comestible. En fait, elle était surtout presque certaine que ça ne l’était pas. Ca n’aurait rien de bien surprenant. « Oui, on pourrait… » Mais ils n’allaient pas le faire. La jeune femme secoua la tête et tenta alors de se justifier auprès de Jan en disant qu’elle n’était pas douée en cuisine. Et encore, dire qu’elle n’était pas douée, c’était un euphémisme encore. « Je ne t’en veux pas… On ne peut pas être doué partout ! » Difficile d’ignorer, qu’il se moquait d’elle là tout de suite. Même s’il n’avait pas tout à fait tord. Sauf qu’elle devait être un cas désespéré puisqu’elle n’était pas douée en grand-chose. « J’aimerais être douée en autre chose que en faisant des conneries. » dit-elle alors au bout d’un moment. Ca ferait changement un peu pour une fois.

Kali suggéra alors qu’il commande une pizza ou du chinois. Ce serait toujours meilleur que le truc qu’elle avait cuisiné et qu’elle n’osait même pas appeler nourriture. « Chinois, ce serait parfait ! » La jeune femme hocha la tête. « Bon choix. » Elle se demanda alors où elle avait mis son téléphone pour pouvoir appeler. Son sac aussi en fait elle se demandait où il était maintenant. Elle ne savait pas non plus vraiment ranger en fait. La preuve encore qu’elle ne savait pas grand-chose. « Je reste persuadé que c’est tout de même mangeable ton plat ! » La jeune femme arbora un nouvel un air sceptique. « Mouais. » Elle n’était pas plus convaincue que tout à l’heure en fait. « Ecoute ! Si t’es prêt à risquer un empoisonnement, on peut tenter de le manger. » déclara-t-elle. Elle fronça ensuite. « Il faudra juste pas que tu m’en veuilles ou que tu me rendes responsable parce que je t’aurais prévenu. » Elle ne cherchait pas à prétendre qu’elle avait réussi son plat par exemple. Elle lui avait dit dès le début ce qu’il en était. « Ca va tes mains, au fait ?» Non, elle avait terriblement mal, elle avait l‘impression qu’elle allait mourir en fait. C’est donc tout à fait logiquement que la jeune femme finit par hocher la tête et répondre oui. Ca correspondait tout à fait à ce qu’elle venait d’en penser ça. Jan attrapa alors les mains de la brune, sûrement pour vérifier ce qu’elle venait de dire. « Tu t’es sacrément bien brulée quand même… » Sans blague, elle n’avait pas remarqué, heureusement qu’il était là pour l’en informer. La jeune femme se dégagea et réussi à faire un petit sourire. « Non ça va, c’est rien. J’ai vu pire. » Enfin sûrement, elle se blessait tellement souvent bêtement aussi. « Et ce n’est ni la première fois, ni la dernière fois que ce genre de trucs va m’arriva. » soupira-t-elle ensuite. Comme elle était maudite. Ou quelque chose dans ce genre là. Elle posa un regard sur le plat avant de reporter son attention sur Jan. « Tu veux vraiment tenter de manger ça alors ou tu disais juste ça pour te moquer de moi ? » Encore. Elle ne savait pas quelle réponse elle préférait. Parce que dans le cas où il voulait vraiment manger ça, elle devait sûrement se poser des questions sur son état mental.

Jan écouta d’une oreille songeuse les paroles de Kaliska, tout en fronçant légèrement, très légèrement, les sourcils. Elle aurait aimé être douée en autre chose qu’en faisant des conneries, lui avait-elle confié alors. De ce qu’il avait brièvement vu de la jeune fille, il ne saurait dire si elle était le genre de fille légèrement boulet, enchainement les maladresses et les conneries, comme elle l’avait si bien.

Mais la conversation tourna une nouvelle fois sur la nourriture, sur le repas de ce soir, ce fameux repas… Kaliska lui laissa alors choisir le nouveau repas. Pizza ou chinois… le choix du Texan fut rapidement fait. Chinois, avait-il dit, en y ajoutant que ce serait parfait. La jeune fille approuva alors son choix. Elle se mit dés lors à chercher quelque chose dans le salon. Il la regarda du coin de l’œil, émettant l’hypothèse qu’elle devait certainement chercher son téléphone portable afin de pouvoir appeler ceux qui sauveront leur soirée, ou plutôt leur repas. Jan en profita alors d’observer de plus près le plat cuisiné par la jeune fille. C’est alors qu’il déclara qu’il était persuadé que son plat était mangeable… Mais évidemment, Kaliska n’était pas du même avis que lui. Parlant alors d’empoisonnement, qu’il ne devra pas lui en vouloir, ou la rendre responsable, parce qu’elle l’avait tenu au courant. Jan fit alors une légère moue, puis il se tourna son attention sur la jeune femme qui se tenait en face de lui. Il observa avec une certaine attention les légères brulures présentes sur les mains de Kaliska. Alors qu’il lui fit une rapide remarque, certainement idiote, à ce sujet, Kaliska lui affirma que ce n’était rien, qu’elle avait vu pire et ajouta que ce n’était pas la première ni la dernière chose que ce genre de chose lui arrivait. Il fallait croire qu’elle était dotée d’une maladresse surhumaine. Mais Jan se contenta d’un signe de la tête. « Tu veux vraiment tenter de manger ça alors ou tu disais juste ça pour te moquer de moi ? » lui demanda-t-elle alors. Jan se mit à réfléchir quelque instant… A vrai dire, il ne se moquait pas d’elle, ou tout du moins, ce n’était pas son intention en déclarant son plat mangeable. Il reposa un furtif regard sur le plat, puis se retourna vers la cuisinière en herbe. « Hum… après tout, ce n’est que des patates, non ? ». Il fronça un peu plus les sourcils. Après tout, ce n’était que cela, n’est-ce pas ? A moins qu’elle y ait ajouté quelques ingrédients douteux qui ne devaient pas faire parti de la recette, s’improvisant chef-scientifique le temps d’une soirée. « Enfin, je ne dirais pas non à un bon petit repas chinois ! » s’exclama-t-il alors.
La jeune fille approuva alors ses dernières paroles, finissant alors par mettre son plat cuisiné à la poubelle. Quel gâchis, pouvait-il penser à lui-même. Puis Kaliska partit dans le salon, avant de s’éclipser dans une autre pièce, sûrement sa chambre. Elle revint quelques minutes après avec un téléphone en main. Pendant ce temps, Jan en profita pour regagner sa place sur le canapé et s’abreuva d’une gorgée de la boisson qui se trouvait dans son verre. Kaliska se joignit à Jan et posa son téléphone portable sur la petite table basse. « Tu sais… lâcha alors Jan. Tu n’aurais vraiment pas dû te prendre la tête à cuisiner… Un McDo aurait bien pu faire l’affaire ! ».

[je savais vraiment pas quoi lui faire dire à la fin, je suis désolée ]

Tout ça était une catastrophe. Kali était une vraie catastrophe, elle venait encore de le prouver. En tout cas, malgré tout ça, Jan semblait bien décidé à manger son gratin. Enfin, elle ne savait pas s’il était bien décidé en fait ou s’il se moquait juste d’elle. Toujours est-il qu’il venait de dire pour la deuxième fois qu’il était certain que c’était mangeable quand même. On voyait bien qu’il n’avait pas vu la jeune femme pendant qu’elle était encore en train de préparer le repas. En tout cas, elle devait s’assurer de sa santé mentale. C’est pour ça qu’elle demanda s’il voulait vraiment manger ça. « Hum… après tout, ce n’est que des patates, non ? » Ouais. C’était vrai, d’une certaine façon. « J’ai mis du sel dedans. Peut-être un peu trop. Sûrement un peu trop en fait. » dit-elle alors. Elle était une catastrophe en cuisine, c’était comme ça. « Tu sais, si tu veux vraiment manger ça… je vais m’inquiéter pour ta santé mentale. » dit-elle alors. Ca ne l’arrangerait pas plus que ça parce qu’elle sentait qu’il lui plaisait vraiment mais elle pensait que ça pouvait éventuellement être réciproque. Alors, tant qu’à faire elle aimerait bien qu’il soit saint d’esprit. « Je préfèrerais presque que tu te moque de moi. » Oui sans aucun doute.

« Enfin, je ne dirais pas non à un bon petit repas chinois ! » Ah ! Tout de suite, elle préférait ça. C’était un peu plus rassurant déjà. Enfin maintenant, elle devait chercher son téléphone du coup. Ca, c’était une autre histoire. Elle se dirigea donc versa sa chambre, puisqu’elle avait renoncé à le trouver dans le salon et dans la cuisine, et le retrouva sans presque avoir à retourner tous ses affaires. C’était une chance. Elle revint donc vers le salon où Jan avait repris place et appela le resto chinois le plus près pour qu’ils les livrent. Une fois que sa mission fut réalisée, elle retourna s’assoir sur le canapé et attrapa son verre pour boire une gorgée. « Tu sais… Tu n’aurais vraiment pas dû te prendre la tête à cuisiner… Un McDo aurait bien pu faire l’affaire ! » La jeune femme hocha vaguement la tête. Elle le savait bien ça mais bon, elle n’avait pas pu s’empêcher. « Je sais… » dit-elle alors. « Mais je voulais… je voulais que tout soit parfait. » La jeune femme sentit qu’elle rougissait. Elle avait honte de ce qu’elle disait. « Tu dois trouver ça ridicule. » lâcha-t-elle alors. Elle ne put s’empêcher de mettre à rire. C’était plus nerveux qu’autre chose. « De toute manière, j’ai été bête. Ce n’était sûrement pas ne faisant à manger que ça allait être parfait. » Ca c’était plus que sûr.

La soirée ne ressemblait décidément pas à ce qu’il s’était imaginé, Kaliska devait certainement avoir les mêmes pensées. A vrai dire, Jan ne s’était jamais réellement inventé une « soirée » idéale. Certes, c’était un repas, entre amis… enfin entre potes, entre connaissances quoi. Un peu de denrées, un peu d’alcool, et quelques rires alcooliques ou nauséeux. Une soirée spontanée à l’image de l’invitation de la jeune fille. L’idée que Kaliska aurait pu cuisiner un repas n’était pas venue à l’esprit de Jan. Il fallait l’avouer qu’il ne l’avait pas imaginé cuisinière… ce qui s’avérait être vrai. Un met composé de pommes de terre, d’un peu de crème fraiche et surtout de beaucoup… très beaucoup de sel si on écoutait bien les paroles de la jeune fille, Kaliska. Le repas était immangeable, il fallait s’y faire à l’idée. Finir à la poubelle, tel était le destin de ce petit plat cuisiné avec amour (ou non). Mais passons ce fâcheux incident…

Kaliska avait alors décidé de reprendre les choses en bonnes mains en en appelant un restaurant chinois afin de commander leurs repas, après avoir laissé le choix à Jan entre une pizza ou un chinois. Le jeune homme n’écouta pas vraiment ce que la jeune femme pouvait bien dire à son interlocuteur, bien trop songeur au sujet de ce fameux repas. A croire que cela virait presque à l’obsession. Lorsque Kaliska, la jolie Kaliska, vint s’asseoir à ses côtés, Jan ne put s’empêcher de retenir sa langue. Il émit alors subtilement l’hypothèse d’une soirée McDo chez-elle, qui aurait pu être tout autant parfait. « Je sais… Mais je voulais… je voulais que tout soit parfait. Tu dois trouver ça ridicule. » lui répliqua-t-elle alors afin de lui donner un soupçon d’explication. Jan fronça discrètement les sourcils. Que tout soit parfait ? Mais pourquoi vouloir la perfection ? Est-ce que cette soirée ne devait pas être qu’une simple soirée entre potes ? Les soirées en potes n’avaient rien de parfait en soi, à part passer du bon temps avec des personnes que l’on appréciait. « De toute manière, j’ai été bête. Ce n’était sûrement pas ne faisant à manger que ça allait être parfait. ». Jan aurait bien pu approuver ses paroles, mais il ne le fit pas. Autant ne pas enfoncer le couteau dans la plaie apparente. Le jeune militaire s’efforça à dessiner un sourire qui se voulait rassurant, chaleureux, amical, sympathique. « Tu as peut-être commis une petite erreur dans ta recette, mais ça arrive à tout le monde, non ? lui dit-il calmement, certainement pour la rassurer. Et puis… il marqua une brève pause avant de reprendre la parole. On oublie cet épisode foireux du repas loupé ! Après tout, la soirée ne fait que de commencer non ?... ». Et à nouveau un sourire se dessina sur les lèvres de Jan. Ce n’était que le début. Et aucun des deux ne savaient comment allait se dérouler la suite des événements. Qui sait, peut-être que Kaliska la jugera de parfaite. Le jeune homme but d’une traite la fin de son verre et le reposa sur la petite table basse. « Et si on débouchait cette bonne bouteille de vin qui nous attend depuis quelques minutes ? » finit-il par déclarer.

La soirée était un désastre. C’était en tout cas vraiment l’impression que Kali avait dans l’immédiat. Elle avait vraiment voulu que tout soit parfait, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle voulait ça, mais elle le voulait c’était certain. Et là… elle s’était cramée les doigts, avait brûlé son repas et comme si tout ça ne suffisait pas, elle était maintenant en train de se ridiculiser devant Jan en essayant d’expliquer pourquoi elle avait fait à manger. Parce que c’était bien la question qu’il lui avait posée lorsqu’il avait dit qu’un mcdo aurait largement fait l’affaire. Enfin soit, elle venait de dire qu’elle voulait que tout soit parfait. Elle rougissait comme une gamine en disant ça c’était… vraiment pathétique. Quand elle pensait qu’elle était en train de se ridiculiser, elle n’avait pas tord, c’était vraiment le cas. Le jeune homme pris alors un air rassurant. C’était étonnant qu’il n’ait pas encore fuit en fait tiens, c’était aussi étonnant qu’il ne soit pas encore en train de se moquer d’elle là. « Tu as peut-être commis une petite erreur dans ta recette, mais ça arrive à tout le monde, non ? » Sûrement oui… La jeune femme hocha vaguement la tête. « Ca arrive à tout le monde et surtout à moi. » souffla-t-elle alors. Parce qu’elle était plutôt une catastrophe ambulante. « Et puis… On oublie cet épisode foireux du repas loupé ! Après tout, la soirée ne fait que de commencer non ?...» Il avait raison. Un petit sourire se dessina sur les lèvres de Kali. Elle ne pouvait pas dire déjà que c’était un désastre alors qu’il venait à peine d’arriver. C’était parfaitement ridicule ça. « Et si on débouchait cette bonne bouteille de vin qui nous attend depuis quelques minutes ? » La jeune femme hocha ma tête et alla chercher la bouteille de vin en question. Elle l’amena à Jan et alla également chercher de quoi l’ouvrir. « Tiens, à toi l’honneur, je ne voudrais pas créer une autre catastrophe maintenant » Elle voulait bien attendre une heure avant la prochaine. Elle laissa donc Jan faire tout en l’observant. Elle fut alors sortie de ses pensées quand on sonna à la porte. La jeune femme s’empressa d’aller ouvrir et se trouva alors face au livreur du chinois. Elle paya leur repas et revint alors au salon. « Le dîner de monsieur est servi. » Elle le déposa alors sur la table basse. « Et il sera bon celui-là. » fit-elle avant de rire.