CHRIS & MAXIME

❝ some secrets need to be kept ❞

Maxime toisa son frère du regard. Elle voulait s’assurer que ce dernier était sérieux. Bien sûr, elle savait qu’il l’était toujours mais c’était plus fort qu’elle surtout lorsque son petit garçon était concerné. Elle ne voyait pas de problème à sa requête, vraiment pas, mais elle n’avait pas la moindre envie que son fils de tout juste un an soit mêlé à leurs histoires. Assise sur un fauteuil, Avery sur ses genoux et son frère non loin d’eux, elle resta silencieuse sans détourner son regard. Cameron n’essaya pas de pousser plus sa requête, il savait déjà que sa jumelle réfléchissait à sa demande, qu’elle pesait les pours et les contres pour ne pas se lancer à la va-vite dans cette histoire. Ce n’était pas rien, ils en avaient tous les deux conscience, mais tout de même. Enfin, Maxime dévia son regard pour le poser sur le petit bébé qui jouait tranquillement sur elle, mordant son hochet en toute innocence. Elle nicha son visage dans ses cheveux blonds et ferma les yeux quelques instants puis embrassa le sommet de sa tête pour poser à nouveau son regard sur son jumeau et petit frère. « Très bien. » Commença-t-elle sans pour autant se lever de son fauteuil et Cameron restant à sa place. « Mais mon fils n’est pas un jouet Cam' … si jamais il lui manque un seul petit cheveu blond je te promets que je t’étripe, que tu sois mon frère ou non ! » Un petit sourire étira les lèvres de ce dernier qui acquiesça malgré tout en étant sérieux. Elle savait qu’il ne laisserait rien arriver à Avery, après tout il s’agissait de son neveu, mais ce n’était pas pour autant qu’elle se sentait plus rassurée de le confier à son jumeau pour une telle chose. Maxime se leva enfin du fauteuil sur lequel elle était assise et déposa son fils dans les bras de son frère, levant la tête vers ce dernier, accrochant son regard au sien pour démontrer le fait que ses prochaines paroles seraient très sérieuses.

« C’est la seule fois, les prochaines tu trouveras une excuse ! » Ceci dit, elle baissa les yeux vers son petit garçon qu’elle embrassa une nouvelle fois puis quitta l’appartement de son frère cadet une fois son sac et son manteau attrapés. Le résultat d’avoir confié son petit garçon à son oncle était qu’à présent elle n’avait plus rien à faire … plus rien hormis travailler. Une fois dans l’habitacle de sa voiture elle fouilla dans son sac et sortit l’iPad qui ne la quittait jamais et sur lequel se trouvait le dossier de sa nouvelle cible : Chris McKay. Elle parcouru ce qu’elle avait considéré comme importants sur ce dernier comme son emploi du temps et après avoir remarqué qu’il se trouvait toujours dans son cabinet vétérinaire, elle s’y rendit et resta bien sagement de l’autre côté de la rue, le suivant en toute discrétion – du moins elle l’espérait – à pieds lorsqu’il quitta les lieux de la même manière. Son sac à main à l’épaule, elle avait tout de même vérifié une dernière fois avoir son arme sur elle – juste au cas où – et s’évertua d’avoir dix bon mètres de séparation avec le jeune homme jusqu’à trouver étrange le fait qu’il tourne dans une petite ruelle. Sourcils froncés, elle sentait le piège. La nuit n’avait pas tardé à tomber sur New York et augmentait les chances de se faire avoir, surtout par un tueur à gage, et pourtant Maxime le suivit jusque dans la ruelle, jouant la jeune femme innocente jusqu’au bout même lorsqu’elle se retrouva quasiment nez-à-nez avec une arme. « Il est à billes j’espère ? » Les mains levées au-dessus de sa tête par pur réflexe, mais aussi pour continuer de paraître innocente, Maxime n’avait pourtant pas pu s’empêcher de glisser une petite remarque cynique à l’adresse de Chris, un léger sourire aux lèvres.

Finalement … elle aurait peut-être dû se retenir de travailler voire même de confier son fils à son petit frère. Qu’est-ce qui avait bien pu lui passer par la tête pour qu’elle accepte ? Certes, elle savait que Cameron ne mettrait jamais Avery en danger volontairement mais ce n’était pourtant pas ce qui la rassurait, loin de là. Et si cette femme était une telle psychopathe qu’elle comprendrait bien vite qui était son frère, ce à quoi il jouait et qu’elle finissait par les tuer tous les deux ? Elle serait incapable de s’en remettre, incapable de surmonter la mort de son petit frère et celle de son fils. Pourquoi avait-elle accepté ? Pourquoi n’avait-elle pas fait demi-tour ? Après tout, elle aurait pu faire partie du plan de Cameron, se rapprocher de sa cible pour ensuite mieux s’approcher du frère. Ça aurait pu être un bon plan aussi, mais elle n’avait pas réfléchi … elle réfléchissait si peu dernièrement, la preuve ! Il suffisait de voir dans quelle situation elle se retrouvait à présent, menacer par une arme à feu tenue par un tueur à gage qui travaillait pour une société qu’elle comptait bien faire disparaître de la surface de la Terre même si pour le moment elle n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre. En réalité, elle n’était qu’un pion sur un échiquier.

Un esprit supérieur jouait avec eux et plaçait chacun des pions comme bon lui semblait. Elle pouvait agir ou non, peu importait ses actions elle savait que ce n’était pas sa petite personne qui allait faire couler une organisation comme Orchideus même si elle pouvait grandement y contribuer. Toutefois, pour aller jusque-là, il lui faudrait sans doute rester en vie et étrangement elle savait que si jamais elle prononçait les mauvaises paroles Cameron allait devoir la reconnaître dans l’une des nombreuses morgues de New York. Pourtant, Maxime avait été incapable de faire taire son cynisme. Elle était menacée d’une arme et elle ne trouvait rien de mieux que de chercher l’homme qui la tenait en joug ce qui était loin d’être judicieux. Néanmoins, l’Australienne pouvait s’estimer heureuse d’une chose : il n’avait pas tiré avant de poser ses questions car autant dire que dans le cas contraire tous les deux auraient eu un petit soucis. Maxime aurait été dans l’incapacité de répondre à ses questions – morte, parler était une chose bien difficile – et Chris n’aurait eu aucune réponse. Son regard ne se posa qu’une seule fois sur l’arme devant elle. La jeune femme fixait Chris, ses mains toujours en l’air alors que ce geste lui semblait stupide, inutile et surtout être la porte ouverte pour qu’il parvienne à lui tirer une balle en plein cœur.

« Pas vraiment non. C’est lui qui t’envoie ? » Ses sourcils blonds se froncèrent. Maxime baissa les mains et croisa ses bras contre sa poitrine et ce toujours sans regarder l’arme qui continuait de la menacer. « Lui ? De qui ? Dieu ? Désolée, je ne suis pas croyante et de toute manière je doute qu’il m’aurait envoyé pour quoi que ce soit, il a d’autres chats à fouetter. » Maxime leva les yeux au ciel en soupirant. Elle se doutait qu’il ne parlait pas de Dieu, mais elle s’amusait malgré la situation. Finalement, après quelques secondes de silence, elle pointa l’arme de Chris du menton. « Ça te dirait de baisser ton arme cowboy ? J’ai pas très envie de jouer à un western dans cette ruelle … » Maxime laissa encore quelques secondes de plus s’écouler avant de soupirer pour la énième fois. « Ça va, je vais pas te tuer ça ruinerait mes plans … et je travaille pas pour tes employeurs, tuer des innocents c’est pas mon délire. » Qu’elle le vexe ou non, Maxime s’en moquait. Il tuait des innocents, c’était un fait et la jeune femme n’était pas là pour minimiser ses actes. C’était le choix qu’il avait – volontaire ou non – et elle partait du principe que tout le monde avait le choix, il suffisait simplement de faire le bon, ce qui n’avait pas été le cas de ce jeune homme, mais en grand chanceux, le gouvernement australien semblait enclin à lui donner une autre chance s’il les aidait. Bras toujours croisés contre sa poitrine, son regard toujours posé en direction de Chris, elle attendit bien sagement de voir ce que serait son choix : la tuer ou la croire.

Pour certains, le cynisme était vu comme un défaut insupportable et qui mettait bien vite les gens hors d’eux-mêmes lorsqu’ils avaient à faire à une personne qui ne fonctionnait qu’avec ce dernier. Elle, elle ne le voyait pas comme tel. Le cynisme était pour elle un moyen de défense comme un autre, c’était le sien, son arme pour ne pas laisser voir que, malgré les années, elle restait tout autant terrorisée par ce qu’elle avait vécu enfant. Son enlèvement était ancré en elle et même si elle avait consulté un psychologue au cours de plusieurs années pour tenter de surmonter son traumatisme, ce n’était pas une chose aisée à faire. Malgré les apparences, malgré ce qu’elle acceptait de montrer elle continuait d’avoir peur tous les jours. Le noir était sa plus grande hantise et lui rappelait toutes ces fois où elle avait été enfermée dans cette pièce sombre tandis qu’elle se persuadait un peu plus chaque jour que plus jamais elle ne sortirait de là, que plus jamais elle ne reverrait les siens. Même à son âge, elle avait une peur monstre du noir, peur de ce qui pouvait lui arriver une fois que l’obscurité l’aurait engloutie. Personne ne connaissait cette crainte. Elle était douée pour jouer la comédie et usait de cette habilité pour laisser croire qu’elle allait mieux et que son passé était définitivement derrière elle, ce qui était loin d’être le cas malheureusement.

Pendant de nombreuses années elle avait appris à se forger une carapace pour ne plus avoir à souffrir comme elle avait pu le faire auparavant si bien que le cynisme faisait partie intégrante d’elle-même au point que l’Australienne avait bien du mal à rester sérieuse et ce même dans les pires situations. Ce jour-là ne dérogeait pas à la règle. Même si elle était menacée par l’arme d’un tueur à gage il avait fallu que Maxime mette une pointe d’humour bien à elle dans chacune de ses phrases sans même penser aux conséquences que cela aurait pu avoir. Elle aurait pu elle-même sortir l’arme qu’elle avait dans son sac à main, mais la jeune femme ne voyait réellement pas l’utilité d’un échange de coups de feu dans cette ruelle alors que Chris blessé était la dernière chose qu’elle souhaitait. Toutefois, elle aurait dû se douter que le jeune homme ne verrait pas les choses de la même manière qu’elle si bien que lorsqu’elle entendit la détonation et que sa jambe lui fit un mal de chien elle ne put cacher sa surprise. Son équilibre perdue à cause de la blessure par balle qu’elle avait à présent à la cuisse, Maxime se retrouva le genou au sol et la mâchoire crispée pour garder en elle le cri de douleur qu’elle avait manqué de laisser s’échapper. « Je repose la question, tu travaille pour Orchideus ? » Le regard plus mauvais que jamais tandis qu’elle levait la tête vers Chris après avoir examiné sa blessure, Maxime ne put s’empêcher de le maudire intérieurement tout en s’efforçant de ne pas prendre son arme, évitant ainsi un bain de sang.

« Autre question qui est-tu ? Je n’accepterai que deux réponses. Un oui ou un non suivit d’un prénom et d’un nom de famille. Dans le cas contraire, j’appuierais de nouveau sur la détente et cette fois je ne viserais pas la jambe. Suis-je assez clair ? » Le regard toujours aussi sombre et posé sur le Sud-africain, la jeune femme resta silencieuse quelques instants de plus, sa main fermement posée à l’endroit même où elle avait reçu la balle pour éviter toute hémorragie. Ses dents serrées comme pour faire taire la douleur, elle laissa un tremblement la secouer avant de ressembler ses forces pour parvenir à parler. « Non … et je m’appelle Maxime Carter-Tchekov. » Contrairement aux apparences elle tenait sincèrement à sa vie mais surtout à éviter que son fils ne se retrouve orphelin à tout juste un an. Canalisant une nouvelle fois ses forces et prenant appuie sur son autre jambe, Maxime parvint à se relever, la tête haute et sans dévier son regard. « Satisfait ? » Demanda-t-elle sans même chercher à cacher la colère qui l’avait envahi lorsqu’il avait eu le culot de lui tirer dessus. « Et maintenant quoi ? Tu vas me mettre une balle entre les deux yeux juste par plaisir de te sentir viril avec une arme dans la main et ma vie dans l’autre ? » Ce que ça pouvait faire mal … un détail qu’elle n’avait pourtant pas oublié. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait le droit à une balle au cours d’une « mission » même si jusque-là cette dernière lui avait semblé bien plus pacifique que celles qu’elle avait pu mener auparavant.

Elle savait que parfois elle ferait mieux d’avoir sa langue dans sa poche, mais c’était toujours plus fort qu’elle, elle se devait de dire ce qu’elle pensait, que cela plaise ou non, que ça soit dangereux pour elle ou pas. Maxime avait toujours eu cette fâcheuse tendance à tout prendre à la dérision tout en sachant pertinemment pourquoi. C’était ainsi qu’elle fonctionnait et si ça ne plaisait pas, l’australienne s’en moquait éperdument, refusant de changer pour qui que ce soit. Elle avait besoin de cette carapace pour garder la tête hors de l’eau, pour ne pas laisser apercevoir le fait que ce qu’elle avait pu vivre plus jeune l’avait totalement traumatisé et qu’encore aujourd’hui la simple idée de se faire séquestrer la mettait hors d’elle. Bien sûr, elle aurait probablement dû rester un tant soit peu sérieuse face au jeune homme, toutefois elle n’avait pas penser un seul instant au fait qu’il lui tirerait dessus, pas alors qu’à priori elle n’était pas une menace et pas alors qu’ils étaient au beau milieu du ruelle dans New York. Parfois, Maxime avait tendance à oublier à qui elle avait à faire. Elle oubliait que les agents d’Orchideus n’avaient parfois aucune humanité et qu’ils faisaient toujours passer leur instinct de survie avant tout. Elle avait pu le remarquer au cours de l’une de ses anciennes missions où, avec son frère, ils avaient réussi à coincer l’un des agents de cette organisation qui avait préféré se suicider plutôt que de se faire attraper et révéler quoi que ce soit sur ses employeurs.

L’australienne refusait qu’il en soit de même avec Chris, elle ne comptait pas échouer et elle connaissait assez bien son dossier pour savoir qu’il y avait une petite chance pour qu’il craque et décide de se rallier au bon côté. « C’est ce que tu souhaite ? » Le regard toujours porté dans la direction du sud-africain, la jeune femme secoua la tête de gauche à droite. Elle était peut-être parfois inconsciente, mais mourir ne faisait pas partie de ses projets, pas avant longtemps, pas avant qu’elle ne soit sûre que son fils n’ait plus besoin d’elle. « Ne proteste pas ! » Ses sourcils se froncèrent tandis qu’elle tentait de comprendre où il voulait en venir. Chris s’approcha d’elle et la jeune femme fit un pas en arrière, serrant les dents à cause de la douleur que ça avait d’autant plus éveillé à sa cuisse. Toutefois, elle ne protesta pas plus lorsqu’elle comprit qu’il ne comptait pas lui faire plus de mal qu’il n’avait déjà pu le faire et elle se laissa porter jusqu’à la voiture du jeune homme, surprise par cet élan de bonté venant de sa part. « Si c’est un plan drague, j’ai connu mieux ! » Ironisa-t-elle sans pour autant s’empêcher d’attacher sa ceinture, habitude oblige. Son regard se porta brièvement en direction de sa jambe qui continuait de saigner et sur laquelle elle appuya malgré la douleur puis entendant le moteur de la voiture tourner et la voyant s’éloigner, elle posa les yeux sur Chris. « Et si c’est un enlèvement, essaye plus original … quelqu’un l’a déjà fait avant toi. » Maxime leva les yeux au ciel et poussa un long soupire. Elle savait qu’il ne l’enlevait pas – du moins elle l’espérait sincèrement – mais le fait de ne pas avoir la moindre idée de l’endroit où il l’emmenait la faisait déjà paniquer bien plus qu’elle ne l’aurait souhaité.

La seule chose à laquelle elle pensait à présent était le fait qu’en plus d’avoir un trou irrécupérable dans son jean, sa main était de plus en plus recouverte de sang. Pourtant, elle savait que la balle qu’il avait tiré n’avait rien atteint d’important puisque, autrement, son sang affluerait bien plus sous sa main, mais ce n’était pas pour autant qu’il s’agissait d’une petite blessure. Elle détestait celles par balle même si à ses yeux elles étaient toutefois plus agréables que celles par armes blanches – non pas qu’elle soit masochiste au point d’avoir tout essayé – et elle s’efforçait toujours de les éviter au maximum, du moins dans la mesure du possible. Évidemment, lorsqu’elle avait suivi Chris sans la moindre discrétion jusqu’à cette petite ruelle, elle ne s’était pas doutée un seul instant que le sud-africain allait faire feu sur elle et d’ailleurs, elle s’en serait bien passée puisqu’à présent elle se retrouvait dans la voiture du jeune homme à faire en sorte de ne pas perdre plus de sang que ce ne pouvait déjà être le cas … encore une chance qu’il ne lui ai pas demandé de ne pas salir le siège auquel cas l’australienne lui aurait probablement claqué la tête contre le volant. Cependant, à appuyer comme elle pouvait le faire, la douleur n’en était que plus vive et ce fut pour cette raison que Maxime s’efforça de penser à autre chose, à un sujet le plus stupide du monde comme le fait que son jean était donc troué … du moment que ça fonctionnait c’était le principal, non ?

« Orchideus ? » Son regard se posa sur Chris et pendant quelques secondes elle resta interdite. Durant ces dernières elle se contenta de le regarder tout en cherchant à savoir si elle devait oui ou non en dire plus et finalement Maxime opta pour la seconde option. Ainsi la jeune femme se contenta de secouer la tête de gauche à droite pour toute réponse n’ayant guère envie de s’étaler sur le sujet et encore moins de partager ses souvenirs avec un parfait inconnu. Finalement, l’australienne détourna son regard pour le poser en direction de la vitre de son côté et elle passa tout le voyage le front en appuie contre cette dernière avant de se laisser happer par le sommeil à force d’être bercée par la voiture mais également parce que, malgré tout, sa blessure l’avait grandement affaibli. Lorsqu’elle ouvrit à nouveau les yeux ce fut pour se rendre compte que Chris avait emprunté un chemin qui se trouvait au beau milieu de la forêt. La jeune femme se redressa sur le siège, les sourcils froncés, perplexe mais ne prononça pas le moindre mot, pas même lorsqu’ils semblèrent avoir atteint leur destination. Sans oser sortir elle-même de la voiture – mais sa ceinture détachée – elle le regarda faire le tour sans cacher sa curiosité. « Pas d’embrouille ! Ok ? Sinon j’te laisse là sans aucun moyen de communication. La première route est à une heure de marche et dans ton état… » Maxime ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Si elle avait voulu créer une quelconque embrouille elle l’aurait fait dans New York et ne se serait pas laissée amener au beau milieu de nulle part et ainsi risquer de finir comme repas pour un animal sauvage.

L’australienne se laissa donc une nouvelle fois porter par le sud-africain jusqu’à l’intérieur du chalet où il la déposa sur un canapé avant de gagner une petite pharmacie dans laquelle il s’empara de tout le nécessaire pour soigner la blessure qu’il avait lui-même causé. « Attention ça va piquer. » Acquiesçant, Maxime se redressa et enfonça ses ongles dans la paume de ses mains pour se préparer à une douleur qui ne tarda pas à la gagner, lui arrachant une grimace. « C’est plutôt sympa comme endroit. » Commença-t-elle pour tenter de ne pas trop se focaliser sur sa blessure et ainsi oublier la douleur qui en émanait au maximum. « Pour me tuer c’est même parfait en fait même si je ne comprends pas l’utilité de soigner ma blessure … Oh je sais ! C’est la culpabilité qui t’y pousse. » Un soupire lui échappa qu’elle exagéra sans le moindre mal en desserrant doucement ses poings tandis que son regard se posait sur Chris. Puis, pour la première fois depuis le début de leur rencontre, un sourire sincère apparu au coin des lèvres de l’australienne qui parvint à se détendre malgré le fait que sa jambe commençait à la lancer. « Très bien, j’arrête avec le sarcasme, promis. » Promesse qui allait lui demander pas mal d’effort pour tout dire, elle doutait même d’être capable d’y arriver, mais elle avait prononcé ces mots avant tout pour lui faire comprendre que malgré les apparences elle ne fonctionnait pas qu’avec le cynisme et heureusement d’ailleurs car elle pouvait bien vite devenir insupportable.

Le pire dans tout ça ? Probablement le fait qu’elle était sincère lorsqu’elle disait aimer l’endroit. Elle avait toujours eu un penchant pour les lieux isolés et loin de toute civilisation, le genre d’endroit où elle pouvait être certaine d’être en sécurité. Petite, et surtout après son enlèvement, ses parents avaient décidé de quitter Melbourne pour oublier tous les mauvais souvenirs qui semblaient persister dans cette ville. Sa famille avait quitté une grande ville australienne pour une grande ville russe et le seul moment où elle s’était sentie véritablement en sécurité était toutes ces fois où les Carter-Tchekov s’étaient rendue dans leur manoir au beau milieu de la forêt. À chaque fois la demoiselle avait eu la sensation d’être dans un tout autre monde et ce surtout en hiver. Le manoir était entouré d’une vaste forêt et le sol très souvent recouvert par la neige. C’était l’endroit qu’elle préférait le plus au monde, même encore aujourd’hui. Faire la Une des journaux c’était uniquement pour préserver sa couverture car si Maxime s’était écoutée, il y avait fort à parier qu’elle serait déjà repartie pour Vladivostok et plus personne n’aurait entendu parler d’elle. Ce chalet où l’avait emmené Chris lui rappelait donc cet endroit et lui donnait la sensation d’être en sécurité … tout du moins si on oubliait la présence d’un tueur à gage qui n’avait eu aucun mal à lui tirer dessus. Il était probable que, les rôles inversés, l’australienne aurait agit de la même manière, c’était même certain en fait. Ils étaient formés ainsi, Chris plus que la jeune femme mais tout de même.

Leur instinct de survie était décuplé et autant le dire, ils avaient tous la gâchette facile. Maxime avait beau essayé de réfléchir plus avec son cerveau qu’avec son instinct, par moment elle se retrouvait dans une situation la poussant à tirer avant de poser les questions. Son regard ne cessait de faire des allers et retours ici et là. Plus que par curiosité, la jeune femme s’efforçait également instinctivement de trouver un moyen quelconque de sortir d’ici, du plus simple au plus compliqué … autant être parée à n’importe quelle situation. Au final, son regard se porta à nouveau dans la direction de Chris qui s’efforçait de soigner sa blessure sans que la jeune femme n’émette le moindre grognement. Elle avait connu pire comme situation dont l’une où la personne qui l’avait soigné était loin d’avoir des mains aussi expertes que celles du sud-africain, médecin ou non. « Dommage, je commençais à m’y faire. » Ce fut autour de Maxime de lui sourire avant de doucement pincer ses lèvres comme si elle s’efforçait de ne plus sourire aussi facilement qu’elle pouvait le faire, tentant de se convaincre qu’il méritait surtout et avant tout sa colère plutôt que cette gentillesse qui la gagnait. « C’est parce que jusque-là j’étais douce ! Je peux très facilement devenir insupportable, mais étant donné que tu es malheureusement en position de force, j’aimerais ressortir d’ici sans ressembler à un gruyère. » Sourire narquois aux lèvres, Maxime le fixa quelques secondes de plus et baissa les yeux vers la blessure à sa cuisse que le jeune homme avait quasiment terminé de refermer.

L’australienne le regarda faire jusqu’à qu’il ait terminé et redressa lentement la tête. « Je ne vais pas te tuer. Pourquoi tu me suivais ? Ne me dit pas que c’était dans l’unique but de récupérer mon numéro ? Je veux bien admettre que je ne suis pas désagréable à regarder mais… Il n’est pas bon de s’attacher à moi... » Une petite moue prit place sur le visage de la jeune femme avant que cette dernière ne dégage sa jambe et s’enfonce dans le canapé non sans qu’une grimace de douleur n’apparaissait brièvement. « Je suis blonde, mais pas stupide ! Si j’en sais autant sur toi, tu ne crois pas que quelque chose aussi que futile que ton numéro se trouve déjà en ma possession depuis un moment ? » Maxime arqua un sourcil puis repris un tant soit peu de sérieux, croisant ses bras contre sa poitrine. « Tu n’as pas vraiment une grande estime de toi, je me trompe ? » Question purement rhétorique. Elle l’avait suivi pendant plusieurs jours. Elle avait appris à le connaître à distance pour savoir à quoi s’attendre lorsque l’occasion se présenterait de le rencontrer en face à face même si, pour tout dire, ça c’était assez mal passé. Ainsi, elle savait qu’il n’aimait que très peu ce qu’il faisait et l’homme qu’il était devenu, chose qu’elle pouvait aisément deviner grâce au regard de Chris. « L’organisation pour laquelle je travaille et essaye de faire tomber Orchideus depuis quelques années déjà. Mon … supérieur m’a ordonné de trouver une faille … tu es la faille. » Dit-elle simplement en le désignant à l’aide de sa main. Pourquoi lui mentir alors que de toute manière il l’aurait deviné ? Maxime savait qu’elle n’obtiendrait rien par le mensonge, pas avec lui en tout cas.

« Tu connais beaucoup de tueur qui sont fiers de l’être ? Si c’est le cas je suis surpris qu’on ne t’ait pas tiré dessus avant. » Une légère moue prit place sur son visage tandis qu’elle continuait de le regarder, ses yeux légèrement plissés. Chris n’avait pas tord, il avait même entièrement raison … Il n’existait que très peu de tueurs qui soient fiers de l’être. Tous avaient une histoire qui les mettait dans la position dans laquelle ils se trouvaient, mais rares étaient ceux qui aimaient la place qu’ils occupaient. Pour avoir lu et relu le dossier du jeune McKay, la russo-australienne savait pertinemment qu’il n’aimait pas ce qu’il faisait, qu’il rêvait d’échapper à ce fardeau qui pesait sur ses épaules sans avoir trouvé de porte de sortie en plus de cinq ans déjà. Elle connaissait son dossier dans les moindres détails mais ce qui était sur papier était bien différent de ce qui pouvait se passer dans la vie réelle. Quant à l’aveu que la jeune femme ne tarda pas à lui faire, Maxime n’eut aucun mal à remarquer à quel point la surprise avait pu s’emparer du sud-africain. Au fond ce n’était pas étonnant. Pendant des années il avait espéré pouvoir s’en sortir et la jeune femme débarquait du jour au lendemain dans son existence en lui déballant clairement qu’il pouvait être l’une des clés pour se débarrasser de cette sale organisation qui lui pourrissait la vie … qui leur pourrissait la vie. Que Chris ait du mal à y croire n’était donc pas une surprise pour elle. « La faille ? Je suis celui qui est censé vous aidez à détruire Orchideus ? » Doucement, elle opina du chef avant de se reprendre en faisant une légère moue qui laissait deviner que ce n’était pas tout à fait exact.

« Pas vraiment en fait … tu n’es pas l’élu non plus, je suis pas là pour faire gonfler ton ego, mais … toi et ta sœur vous êtes de loin leurs meilleurs agents mais aussi ceux qui ont le plus a gagné en se libérant de vos chaînes. » Habituellement, Maxime se savait bien plus douée pour convaincre une personne, mais il fallait avouer que la jeune femme était prise de court. Elle n’avait pas pensé un seul instant devoir lui faire face si rapidement – et encore moins se prendre une balle en pleine cuisse. Elle avait pensé à le suivre juste afin de s’occuper et non pas converser avec lui en lui dévoilant de but en blanc ce que ses supérieurs attendaient de lui si bien qu’elle s’y prenait avec les moyens du bord – qui n’étaient pas nombreux. « Je ne suis pas une faille, juste un pion sur un échiquier. Je ne peux pas t’aider. Je ne sais même pas comment agir pour le faire… Il ne s’agit pas que de moi, des gens que j’aime sont impliqués dans cette affaire et je ne peux pas me permettre de les mettre en dangers. » La russo-australienne arqua un seul et unique sourcil avant qu’un soupire ne lui échappe. Pensait-il réellement avoir à faire à une débutante ? Préférant ne pas penser que c’était le cas, Maxime se redressa sur le canapé et planta son regard dans celui du sud-africain. « Ton neveu et ton beau-frère … ou ex beau-frère, enfin peu importe ont été en danger à la minute même où toi et ta sœur avaient rejoint les rangs d’Orchideus … Ils seront protégés, on est bien plus doués que vous pour ça et surtout pense à ce que pourrait être ta vie sans avoir à craindre pour ta sécurité ou celles de tes proches. » Autant tenter de toucher la corde sensible puisque, visiblement, la famille était celle du jeune homme.

« Si tu es venu me voir pour obtenir de l’aide, tu as perdu ton temps… Et ça t’aurais évité une blessure ! » Un soupire de lassitude lui échappa tandis qu’elle se laissait tomber contre le dossier du canapé avant de brasser l’air à l’aide de sa main. « Mouais, j’ai connu pire blessure et je doute de perdre mon temps. » Oh, elle ne comptait pas baisser les bras, ça ne lui ressemblait absolument pas. Lorsque la jeune femme était déterminée à obtenir quelque chose, elle se donnait tous les moyens pour parvenir à ses fins jusqu’à être satisfaite et même si Chris ne semblait pas vouloir l’aider, elle savait qu’avec sa persévérance il finirait par craquer. « Tu lui ressemble vraiment beaucoup. » Sourcils légèrement froncés, la russo-australienne le regarda sans saisir de quoi il pouvait parler. À qui pouvait-elle beaucoup ressembler ? Il ne connaissait pas les membres de sa famille, du moins pas aux dernières nouvelles. « Je connais une fille qui s’appelle Skye. Elle te ressemble comme deux gouttes d’eau, mais j’ai su quand tu m’as parlé que tu n’étais pas elle. Elle est brune et elle a un accent Russe. » Un accent russe … l’avantage d’avoir vécu plusieurs années à New York était qu’avec le temps, Maxime avait perdu le sien même si elle parlait toujours cette langue aussi bien que si elle avait toujours vécu là-bas – ce qui était plus ou moins le cas. « Je suis un caméléon, mes accents s’adaptent ! Mais je ne vois absolument pas de qui tu parles, c’est sans doute cette histoire comme quoi on a tous un sosie sur cette planète … bref, ne change pas de sujet jeune homme, je me suis pas fait tirer dessus pour parler d’une jumelle maléfique ou autre. » La jeune femme appuya ses paroles à l’aide de son regard qui se fit bien plus insistant. Elle n’avait pas la moindre idée de la raison pour laquelle il avait totalement changé de sujet et Maxime n’avait pas la moindre envie de le savoir, elle comptait lui faire entendre raison plus qu’autre chose.

Finalement, ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose qu’elle se soit fait tirer dessus, si on mettait de côté la douleur, la fierté qui en prenait un coup, la cicatrice que ça allait laisser et le fait qu’elle avait eu la sensation de se faire avoir comme une débutante. Peut-être que ce rapprochement forcé allait porter ses fruits et que la jeune femme allait parvenir à ses fins ? Elle avait assez lu le dossier de Chris – voire même celui de Nahla pour plus d’informations – pour savoir ce qui lui tenait à cœur : sa famille. Quelque part elle le comprenait parfaitement. Si quelqu’un souhaitait faire pression sur elle, il n’y avait qu’à s’en prendre à son frère et surtout à son fils pour la faire plier. Elle savait que la famille était une faiblesse, mais pas un seul instant elle regrettait d’en avoir une car sans eux il y aurait bien longtemps qu’elle aurait craqué. Ils avaient été là après son enlèvement, ils l’avaient soutenu malgré le sale caractère qu’elle s’était forgée adolescente et jamais elle ne serait capable de les remercier assez pour ce soutien sans faille. Maxime comprenait donc parfaitement que le sud-africain près d’elle ait comme faiblesse sa famille, c’était parfaitement humain. Il était vrai qu’elle n’aimait pas vraiment jouer là-dessus pour parvenir à ses fins, mais si c’était la dernière option que lui laissait Chris, elle le ferait … et elle l’avait fait en sachant pertinemment qu’elle touchait un point sensible. Il rêvait de liberté. Il rêvait de s’affranchir du fardeau qui était le sien et la russo-australienne savait très bien qu’elle pouvait le lui offrir. Bien sûr, cette mission n’allait pas être simple et surtout elle n’allait pas se faire en un jour, cependant elle ne baisserait pas les bras et donnerait son maximum pour qu’il puisse vivre sans avoir à craindre pour sa vie et celle de ses proches chaque jour que Dieu faisait.

Alors oui, Maxime tenta le tout pour le tout en priant intérieurement pour qu’il finisse par craquer parce que finalement elle le connaissait que grâce aux mots qui étaient couchés noir sur blanc dans le dossier le concernant, le reste chez Chris lui était parfaitement inconnu. Son regard accroché à celui du sud-africain, elle resta silencieuse en priant pour qu’il n’aille pas, dans un coup de folie, lui tirer à nouveau dessus parce que sincèrement elle comptait bien rentrer chez elle en vie. « Si j’accepte de t’aider, j’ai bien dit SI ! Comment les choses vont se passer ? Que devrais-je faire ? » Un sourire victorieux étira largement les lèvres de la jeune femme qui ne cacha pas de sa fierté d’avoir remporté cette bataille. Maxime prit appuie contre le dossier du canapé et croisa les bras contre sa poitrine, faisant la moue. « Pour l’instant, tu ne fais rien, tu continues à mener ta vie comme d’habitude. La seule chose que je vais te demander pour l’instant c’est de nous donner les informations de chaque mission qu’Orchideus te demandera d’exécuter pour nous permettre de mettre notre nez là-dedans et d’éviter à d’autres personnes de se faire tuer. » Ceci dit, Maxime se redressa, s’approcha du jeune homme et s’efforça de croiser son regard. « Le reste ce sont mes supérieurs qui le décident, mais étant donné que l’un d’eux est mon grand-père je ferais de mon mieux pour te donner les dernières informations qu’on récoltera mais, Chris, je pense que tu te doutes que ça ne sera pas facile et ça ne se fera pas tranquillement. » Il connaissait Orchideus tout aussi bien qu’elle, peut-être même mieux, mais Maxime ressentait le besoin de préciser les choses pour ne pas qu’il finisse par lui dire qu’elle ne l’avait prévenu pour ceci ou cela. Abattre cette organisation malhonnête n’allait pas être simple, rien que le gouvernement australien essayait de la faire tomber depuis des années, mais la russo-australienne espérait sincèrement que cette fois-ci, avec leur génération, cette entreprise finirait par tomber une bonne fois pour toute.

Son objectif n'était pas de lui donner l'impression que les choses allaient être faciles car ce ne serait pas le cas et elle savait très bien que le sud-africain en avait tout autant conscience qu'elle. Cette mission qu'elle avait – elle et d'autres agents pour tout dire – de faire tomber Orchideus n'était pas nouvelle, bien au contraire. Elle existait depuis des années et bien souvent la russo-australienne avait la sensation que jamais elle ne finirait ce qui était bien dommage. Elle était un peu trop ambitieuse, mais elle espérait sincèrement ne pas se tromper lorsqu'elle pensait que cette fois tous étaient sur la bonne voie pour faire tomber cette organisation qui pourrissait la vie de bien des gens à commencer par le jeune homme qu'elle avait face à elle. Maxime était naturellement curieuse et pour cette raison elle avait épluché des rapports de missions antérieurs à sa venue au sein du gouvernement qui lui avaient permis d'apprendre qu'Orchideus se faisait un malin plaisir de faire pression sur des familles depuis des générations pour les garder tous dans ses rangs et s'assurer ainsi d'avoir « du sang pur » au sein de son organisation. Cette simple pensée lui donnait la nausée et elle ne préférait même pas imaginer le nombre de familles détruites à cause de cette agence.

Alors oui, peut-être était-elle trop optimiste mais ça ne faisait pas de mal et elle était bien placée pour le savoir, elle qui petite avait été kidnappée et séquestrée pendant trois ans … l'espoir et l'optimisme étaient les deux seules choses qui lui étaient restées. « C’est donc une histoire de famille. » Sans s'en rendre compte, Maxime avait baissé la tête. Elle était partie dans ses pensées et avait fait abstraction de tout le reste, Chris y comprit. Forcément, lorsqu'elle entendit ce dernier s'adresser à elle, la jeune femme mit quelques instants à comprendre ce qu'il était en train de dire ce qui, une fois fait, la fit légèrement sourire. « On est un peu tous suicidaires dans ma famille, l'appelle des balles dans le corps c'est notre dada. » Plaisanta-t-elle avant de lever les yeux au ciel. Évidemment, ce n'était pas vrai. Personne n'aimait se faire tirer dessus d'autant plus qu'aucun d'eux n'étaient invincibles – ce qui était bien dommage. Une fois son trait d'humour personnel passé, le sérieux s'empara à nouveau de la jeune femme qui ne quitta pas des yeux le sud-africain face à elle, partant à nouveau dans ses pensées. Elle avait tendance à voir les choses un peu trop grand et la perspective de sauver des familles était ce qui la motivait.

Si elle avait été à la place du jeune homme ou de la sœur de ce dernier elle savait qu'elle aurait apprécié que quelqu'un essaye de faire quelque chose pour la sauver ou plus exactement pour sauver son fils parce que, finalement, il n'y avait qu'Avery qui comptait réellement pour elle. « Ça tombe bien. Je n’ai jamais aimé la facilité » La russo-australienne arqua un sourcil tandis qu'à son tour un petit sourire vint étirer le coin de ses lèvres. Elle était loin de penser à la mission, son esprit ayant grandement besoin de passer à autre chose pour ne pas broyer du noir, si bien que son regard se fit bien plus espiègle que Maxime ne l'aurait voulu. « Vraiment ? C'est intéressant, même si je me demande ce que tu peux aimer ... » Faisant la moue, elle fit semblant de réfléchir quelques instants et leva son index en l'air pour signaler le fait qu'elle semblait avoir trouver, son sourire se faisant plus amusé que jamais. « Oh je sais ! Tu te prends pour James Bond, tu as les armes et le charme de ton côté du coup tu ne peux pas te passer de mettre de jolies filles dans ton lit ! Allez avoue que tu aimes te prendre pour lui ! » Pourquoi disait-elle ça déjà ? Ah oui ! Son besoin de passer à autre chose elle qui n'aimait que très peu le sérieux hormis au cours des missions et il était clair que celle qu'elle s'était donnée le jour même s'était transformée en tout autre chose qu'une mission … peut-être une mission catastrophe à bien y réfléchir.

« Pourquoi ? Plus pratique pour faire du chantage ? » Un léger sourire amusé étira les lèvres de Maxime qui fit une légère moue comme pour se donner l'air de réfléchir avant d'opiner du chef. Elle adorait le fait d'avoir toutes les cartes en main pour mieux réussir ses missions et il était clair pour la jeune femme qu'en savoir le plus sur Chris était le meilleur moyen pour elle afin de mieux l'amadouer. Toutefois, la russo-australienne n'eut aucune envie de l'avouer verbalement, les gestes lui suffisaient et la forçaient bien moins à s'engager, elle qui n'aimait pas ça. « J’ai le charme de mon côté ? » Maxime ferma les yeux à demi alors qu'une nouvelle moue prenait place sur son visage. Cette fois elle aurait probablement mieux fait de se taire. L'idée de le flatter ne l'intéressait pas le moins du monde même si, quelque part, elle pensait sincèrement ce qu'elle avait dit étant toujours d'une grande franchise, toutefois elle regrettait de lui avoir fait plaisir - pas alors qu'il lui avait tiré dans la cuisse. « J’vais te ramener à New-York avant que tu nous fasse un syndrome de Stockholm. » Levant les yeux au ciel, Maxime se redressa sur le canapé et reposa son regard sur le sud-africain en poussant un long soupire qui dénotait la pointe d'agacement qui venait de l'envahir - même si elle était amusée par la réplique du jeune homme. « C'est ça, lance-toi des fleurs. » Lâcha-t-elle juste avant qu'il ne se lève avant de pencher au-dessus d'elle pour la porter à nouveau contre lui bien que la jeune femme était persuadée d'être capable de marcher d'elle-même, après tout elle avait connu pire comme blessure et elle avait toujours su se déplacer jusqu'à être en sécurité.

« Sincèrement, si tu continues d'agir ainsi avec moi je vais finir par me poser des questions et t'appeler Charming, ça t'irait bien ! » Décidément, Maxime n'avait toujours pas sa langue dans sa poche, mais le large sourire qui étira aussitôt ses lèvres prouva que, finalement, elle n'éprouvait pas la moindre gêne à tenir de tels propos. Puis, elle laissa le silence reprendre place entre eux tandis qu'il la portait jusqu'en direction de sa voiture. « Tu vas pouvoir dormir un peu. On a d’la route à faire. » Son regard se posa brièvement sur Chris avant qu'elle ne se glisse un peu plus sur la banquette arrière alors que le sud-africain faisait le tour pour prendre place derrière le volant. Sans un mot, elle posa sa tête contre son bras et exécuta les recommandations du jeune homme, s'effondrant dans un profond sommeil qui lui permit de ne pas voir le temps passer jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Une fois à l'extérieur et en appuie contre la rambarde des escaliers menant à la porte de son immeuble, elle posa les yeux sur le jeune homme. « Je te demanderais bien comment tu connais mon adresse, mais ... je ne suis pas certaine de vouloir le savoir. » Un petit sourire apparu à nouveau sur ses lèvres. Maxime posa son regard sur la porte de son immeuble puis de nouveau sur Chris. « Bien ... j'espère que la prochaine fois que l'on se verra tu éviteras de me tirer dessus, je suis bien plus douée et sexy en infirmière. » Ceci dit, elle ne lui laissa pas le temps de répliquer que déjà elle montait les quelques marches menant à la porte de l'immeuble qu'elle franchit une fois avoir lancé un dernière regard à Chris qui déjà regagnait sa voiture.