Because the heart never lies.

Orfhlaith & Suileabhan

Six semaines ... Cela faisait six semaines ... Soit un mois et demi ... Que je n'avais pas revu Orfhlaith. Quand bien même elle était ma meilleure amie depuis fort longtemps, je ne lui avais pas donné la moindre nouvelle. Comme je connaissais l'heure à laquelle elle partait de chez elle et y revenait, je n'avais pas eus trop de mal à l'éviter. Sauf une fois ou deux où elle avait dérogé à ses habitudes. Ces fois là, je m'étais hâté de disparaître avant qu'elle ne me voit. Et ce, plus ou moins discrètement. Peut-être que ça avait totalement raté. Je n'en savais rien. J'en avais vaguement parlé à Gof'. Il s'était contenté de se foutre de moi en m'affirmant que j'avais été bien con de ne pas m'en être rendu compte plus tôt. Trois semaines plus tard, il frôlait la crise en me disant qu'il était plus que temps que je me bouge pour renouer le contact avec Or. Il était vrai que notre situation actuelle était difficilement supportable. Avant cela, ne se passait pas un jour sans qu'elle ne soit chez nous ou que nous, nous soyons chez elle. Je lui avais demandé de ne pas chercher à reprendre contact avec moi. Et elle s'y était tenue sans la moindre fausse note. Je lui en étais infiniment reconnaissant, bien sûr ... Mais elle me manquait atrocement. C'était ce silence qui me l'avait fait réaliser deux fois plus fort : je ne pouvais vivre sans elle. Je ne pouvais la perdre elle, tout comme je serais incapable de perdre mon frère. Ils étaient deux êtres qui m'étaient indispensables. Il était inutile de réfléchir à ce sujet. C'était une évidence. Six semaines, un jour, treize heures et seize minutes ... C'était le temps qui s'était écoulé entre le moment où j'avais quitté le petit café et le moment présent, où je m'engageais dans le couloir à l'étage où se trouvait son appartement.

Juste au dessus du notre. Je me sentais comme un adolescent qui va chercher sa partenaire pour aller au bal. C'était idiot ... Après tout, il ne s'agissait que d'Orfhlaith. Ma meilleure amie. Comme une soeur pour moi. Ou du moins, elle était tout ça avant qu'elle ne m'avoue ses sentiments réels pour moi. Elle était amoureuse de moi ... Un fait qui continuait de me terrifier au plus haut point, même six semaines après cette révélation choc. Mais puisque vivre sans elle m'était insupportable, il était temps que je fasse quoi que ce soit. Et alors même que j'étais sur le point de frapper à sa porte, j'ignorais encore de quoi serait fait le lendemain et la raison pour laquelle j'allais faire ... Ce que j'étais sur le point de faire. Je ne savais pas si tout ça avait vraiment un sens et même une suite. Mais je le faisais ... Parce que c'était Or, que c'était moi, que c'était nous et notre lien qui avait toujours été très fort. Je doutais qu'il soit destructible. Alors il fallait le faire vivre, d'une façon ou d'une autre. Même si notre relation devait changer pour ça. En bien ou en mal. Quand enfin je daignai frapper à sa porte, je réalisai combien j'étais nerveux. Le coeur qui s'emballait, les lèvres sèches, les mains moites ... J'avais réellement des réactions que je ne semblais pas en mesure de comprendre moi même. Je du me rappeler de respirer, pour ne pas tomber littéralement dans les vapes. Et quand la porte s'ouvrit pour livrer passage à ma meilleure amie, ce fut pire encore. Je mis de longues secondes avant de retrouver l'usage de ma parole. Et tout ça pour marmonner un vague ... « Salut ... », à peine audible. J'étais pathétique ...

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Orfhlaith & Suileabhan

Une solution ... Il me fallait en trouver une. Et le plus tôt serait vraiment le mieux. Mais même si j'étais on ne peut plus conscient de ça et vraiment décidé à faire bouger les choses, je n'étais pas encore capable de trouver quoi faire, quoi dire. Il fallait simplement que je retrouve Orfhlaith et notre relation, d'une façon ou d'une autre. J'avais presque envie de dire que c'était une question de vie ou de mort, tant elle me manquait et tant j'avais besoin d'elle pour avancer et continuer d'exister sans avoir l'impression de me forcer pour vivre. Parce que sans elle, je n'aurais personne hormis mon frère, à qui me confier. De même avec le fait que je n'étais réellement moi même, qu'en la présence de ces deux personnes là très précisément. Et la raison était on ne peut plus logique me semblait-il. Le fait qu'ils étaient dans ma vie depuis toujours, aidait grandement. Ils savaient tous les deux tout de moi, sans que je n'aie à raconter ma vie par le menu, depuis le tout début. Faire ce genre de révélations ne m'intéressait aucunement. Et c'était bien pour ça que j'étais aussi peu capable de me confier à d'autres personnes et qu'aucune de mes relations amoureuses n'avait duré bien longtemps. Un fait qu'Orfhlaith avait pendant longtemps, tenté de changer. Mais en vain ... Encore et toujours. Chose qui ne me dérangeait aucunement pour ma part, qu'on se le dise bien. Mais désormais, tout semblait être en train de changer. Sans ma meilleure amie à mes côtés, je me sentais totalement perdu.

Et au fil des semaines qui venaient de passer, j'avais eus le temps de réaliser que ce n'était pas vraiment la meilleure amie qui me manquait. Mais elle, en tant que personne. Et c'était pour cette raison là que j'étais décidé à l'inviter le soir même. J'ignorais où ça nous mènerait. Mais aucun doute que ça conserverait au moins une partie de notre lien qui avait toujours été très fort et véritablement tenace. Du moins je l'espérais vraiment. Tout en ne perdant surtout pas de vu le fait que je pourrais bien être déçu, si ça venait à ne pas être le cas finalement. Mais je tentais de ne pas trop penser à une telle hypothèse. Et quand, enfin, Or m'ouvrit la porte de son appartement, j'oubliais de penser à quoi que ce soit de bien important. Elle était simplement là, plantée devant moi et à l'allure qui en aurait sans doute fait fuir plus d'un. J'étais face à la version zombifiée de ma meilleure amie. C'était presque terrifiant ... Et pourtant, à cet instant, j'avais l'étrange envie de la câliner et d'être là pour elle. Ce que je ne ferais pourtant pas. Son sourire, bien qu'à peine visible, fut suffisant pour me rassurer sur le fait qu'elle n'était pas déçue ou agacée de me voir là. « Salut. » Je souris à peine alors que, sans vraiment réfléchir, je la détaillai des pieds à la tête. Avant de plonger à nouveau mon regard dans le sien. « Je te dérange ? Je voulais te proposer de t'emmener dîner quelque part ... » Lâchai-je rapidement, comme par crainte de ne pas trouver le courage de lui balancer cela, si je venais à prendre trop mon temps ou à hésiter.

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En peu de temps, elle avait beaucoup changé physiquement. Presque trop à mon goût même. Elle semblait bien plus mince que dans mon souvenir, en manque cruel de sommeil et un manque d'hygiène également. Elle qui, d'ordinaire, prenait beaucoup soin d'elle, semblait avoir laisser passer cela, au cours de ces six dernières semaines. Plus ou moins directement par ma faute d'ailleurs. Parce que j'avais tellement peur de la perdre si jamais nous tentions un autre type de relation, que je l'avais lâchement laissé tomber. Je savais que ce n'était pas chose à faire ... Mais ce qui était fait était fait, point. Désormais, je voulais trouver la solution qui nous conviendrait à tous les deux. Et pour ce faire, il me semblait que renouer des liens et nous sauver d'une façon ou d'une autre, était la première chose à faire. Ainsi, j'étais venu pour l'inviter à dîner, purement et simplement. Elle semblait si surprise par ma soudaine apparition devant elle, qu'elle mit un temps fou avant de se ressaisir suffisamment pour m'apporter une réponse. « Non, non, bien sur que non tu ne me déranges pas. » C'était sans doute seulement l'effet de surprise, qui la faisait réagir de la sorte, comme incapable de trouver ce qu'elle était censée faire ou me dire. Et pourtant, nous nous connaissions depuis plus de vingt ans. C'était fou ce qu'une révélation et six semaines de silence, pouvaient faire sur une relation aussi forte que la notre. Ne me restais plus qu'à espérer que nous pouvions encore sauver tout ce qui nous reliait depuis presque toujours.

« Entre je t'es pris. » Je marmonnai un vague "merci" alors que j'entrais dans son appartement et qu'elle refermait la porte derrière moi. J'étais incapable de sourire, tant la nervosité semblait me tordre les entrailles et me bloquer les lèvres qui paraissaient vouloir demeurer closes pour un bon petit moment. Une fois dans l'entrée, je me surpris à être incapable de m'avancer plus en avant. Alors que d'ordinaire, je serais entré sans le moindre mal et aurais fais comme chez moi. C'était comme si, l'état de notre relation, m'interdisait d'avoir un tel comportement. « Bien sur, je... Je vais me changer. » Sans même lui accorder un regard, j'hochai lentement la tête et entrai finalement dans son salon pour l'attendre. Ce qu'elle fit des plus rapidement, déjà vêtue, à ma grande surprise. Je n'avais pas souvenir qu'Orfhlaith était capable de s'habiller aussi vite. Je vis alors qu'elle était en train de se coiffer, ce qui me fit faiblement sourire. J'avais l'impression qu'elle s'était hâtée, par peur de me voir fuir aussitôt qu'elle aurait le dos tourné. Lentement, je m'approchai d'elle et me plaçai dans son dos. « Je m'en occupe ... » Murmurai-je doucement, en m'emparant de sa brosse pour la remplacer, en la coiffant avec douceur. Une chose que j'aimais faire du temps où nous étions encore assez amis pour ça.

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Orfhlaith & Suileabhan

Il m'était plus facile de retrouver mes gestes habituels, vis à vis d'Orfhlaith, que je l'avais d'abord cru. Je ne me forçais aucunement à me comporter plus ou moins avec elle, comme je l'avais toujours fais. Le simple fait de la coiffer, c'était déjà reprendre nos bonnes vieilles habitudes, sans en faire trop non plus. Être proche d'elle, m'occuper d'elle, sans avoir nécessairement besoin d'interrompre le silence par une futile conversation. C'était quelque chose que j'avais toujours apprécié dans notre si parfaite relation. Et que j'avais craint de voir disparaître avec la révélation choquante et inattendue, qu'elle m'avait faite. « Merci... » Je ne répondis pas, alors que la brosse était en train de glisser dans ses longs cheveux blonds, pour les démêler en douceur. Je ne tenais pas à gâcher le silence de "retrouvailles" avec des paroles inutiles. Mais je sentais que, de son côté, elle était bourrée de questions en tous genres et d'inquiétudes que moi seul était supposé pouvoir calmer. Et bien sûr que je le souhaitais. Mais le souci résidait dans le fait que je ne savais moi même pas ce que j'étais en train de faire et pourquoi. J'ignorais un peu ce que nous ferions de notre soirée. Un simple dîner ? Ou une balade après ? Est-ce que la gêne continuerait de nous clouer le bec à tous les deux, pendant même le repas ? Cette idée ne me plaisait guère bien entendu. N'avoir rien à dire à ma meilleure amie, serait un comble tout de même.

« Excuse moi... Encore. » Je soupirai doucement et après une brève hésitation, je me penchai pour déposer un faible baiser sur ses cheveux, profitant de ce geste pour inhaler son odeur avec un réel plaisir. Il était bon de la retrouver. « Je ne veux plus t'entendre t'excuser pour cela ... » Lui répondis-je simplement. Parce qu'après tout, ce n'était pas comme si elle avait elle même décidé, de façon consciente, de tomber amoureuse de moi. Les sentiments étaient parfois incontrôlables et prenaient le pas sur tout le reste. Une fois que j'eus terminé de la coiffer, je lui tendis sa brosse et me reculai d'un pas, en lui lançant un regard interrogatif. « On peut y aller ,tu as fini de te préparer ? » Lui demandai-je doucement, incapable de sourire malgré tout. Non pas que j'étais encore d'une nervosité des plus virulentes et flagrantes. Mais pour sûr, je n'étais pas super à l'aise non plus. Encore un peu perdu et hésitant quant à la suite des événements. Et c'était pourtant moi qui, de moi même, avais décidé de l'inviter à dîner. Je me demandais encore ce qui avait bien pu me prendre pour que j'ai soudainement une telle idée en tête. Mais je ne reviendrais pas en arrière. Parce que j'étais bien décidé à lui accorder au moins ce dîner, dans l'espoir de sauver notre relation et parce que je refusais toujours autant de la perdre.

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Orfhlaith & Suileabhan

J'ignorais totalement comment cette soirée allait se dérouler ... Mais je comptais bien faire en sorte que tout se passe au mieux et que ma relation avec Or s'arrange au moins un minimum. Parce que j'avais la sensation qu'au rythme où les choses allaient, je pourrais bien finir par la perdre. Et ça, je le refusais catégoriquement. Je n'osais m'imaginer vivre sans ma meilleure amie, constamment à mes côtés. Ces six semaines qui venaient de s'écouler, avaient déjà représenté une sacré torture pour moi. Et je refusais que ça continue plus encore. Une vie sans Orfhlaith n'était tout simplement pas envisageable. Et ça, Gof me l'avait également bien fait remarquer, en mentionnant l'état dans lequel je me trouvais. Moi qui n'étais déjà pas d'un naturel très joyeux en temps normal, je m'étais retrouvé à grogner de mécontentement dès que mon propre frère m'adressait simplement la parole. Quant à mes cours, je n'en gardais pas souvenir. Mais j'avais sans doute du être le pire des profs qui soit. A probablement en mettre plein la tête de ceux qui m'ennuyaient de trop durant les heures que nous partagions. Mais j'avais envie de croire que c'était déjà derrière moi et que ce repas allait commencer à arranger les choses entre Or et moi même.

J'avais déjà un peu l'impression de la retrouver, alors que je brossais doucement ses longs cheveux blonds, comme j'avais toujours aimé le faire. Mais l'entendre s'excuser me dérangea et me gêna. Je ne supportais pas de l'entendre s'excuser pour ses sentiments. Que je sache, elle n'avait pas décidé, du jour au lendemain, de prendre des risques en tombant amoureuse de moi. C'était simplement arrivé ... Non ? Et elle semblait s'en mordre les doigts, bien plus que moi. Bien sûr, je comprenais qu'elle culpabilise encore. C'était certainement la crainte de me perdre. « On peut y aller. » Je souris faiblement et hochai la tête avant de quitter l'appartement. J'attendis qu'elle en ferme la porte à clé, avant de rejoindre l'ascenseur et descendre au rez de chaussée. Une fois que nous eûmes quitté l'immeuble, j'eus le réflexe de poser une main sur les reins d'Orfhlaith pour la guider en direction de ma voiture, de laquelle j'ouvris la portière côté passager, pour l'inviter à bord, de façon des plus galantes. Une chose que j'avais l'habitude de faire dès qu'une femme montait dedans, Or comprise. Encore une différence avec mon frère qui ne s'ennuyait pas avec ce genre de détails qu'il jugeait futiles. Je montai ensuite au volant et engageai la voiture sur la route, sans un mot de plus.

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« Tu m'emmènes ou ? » Je ne pu m'empêcher de sourire légèrement en coin, à cette question qui trahissait sans aucun doute l'inquiétude de la jeune femme assise à mes côtés. Et pourtant, je ne comptais pas l'emmener Dieu sait où. Simplement un restaurant pour ... Pour quoi au juste ? Pour nous retrouver, sans doute ... Mais dans ce cas là, nous aurions tout aussi bien pu dîner chez elle ou chez mon frère et moi même. Non, la véritable raison était autre. C'était tout simplement un souhait de ma part, que de tout faire pour tenter d'oublier qu'elle était ma meilleure amie depuis bien des années, et pour ne voir que la femme en elle. J'ignorais encore totalement si j'allais en être capable ou non. Mais je voulais essayer ça. Pour voir si je serais à même de lui donner une chance dans une relation autre que celle que nous avions depuis plus de vingt ans. De toute façon, notre amitié en avait déjà prit un sacré coup. Alors au point où nous en étions, je doutais que cela puisse être ce qui mettrait une fin définitive à notre amitié. En clair, autant tenter le tout pour le tout avant qu'il ne soit trop tard. Je ne supporterais pas de la perdre pour de bon, c'était une certitude.

« Pourquoi ? Ca t'inquiète ? » Lui demandai-je sur un ton vaguement amusé, avant de finalement ralentir dans une rue un peu plus loin. Je finis par me garer pour de bon et poser un bref regard sur Orfhlaith. « Ici ... » Daignai-je enfin répondre avant de descendre de voiture pour en faire rapidement le tour et lui ouvrir, une nouvelle fois, la portière. Une fois qu'elle en fut descendue, je claquai la portière derrière elle et reposai une main sur ses reins pour la guider en direction d'un petit restaurant irlandais qui avait ouvert ses porte quelques mois auparavant et dans lequel j'étais déjà venu une fois ou deux. Un restaurant simple et sans la moindre prétention. Un peu à notre image à tous les deux. Et à l'image de notre amitié qui semblait encore vaciller un peu. Je guidai Or jusqu'à l'intérieur où nous fûmes rapidement emmené jusqu'à la table que j'avais réservé. Un peu à l'écart tant qu'à faire. Pas pour le côté intime. Mais pour la pleine tranquillité que ça nous offrait à tous les deux. « Ca te va ? » Demandai-je une fois que nous fûmes tous les deux assit, l'un en face de l'autre.

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J'ignorais encore exactement comment j'allais m'y prendre ... Mais j'allais absolument tout faire pour sauver mon amitié de plus de vingt ans, avec Orfhlaith. Elle comptait trop pour moi et représentait une trop grande partie de ma vie, pour que je puisse la laisser filer aussi rapidement et aussi aisément. Il était évident que l'idée même de la perdre, m'était insupportable. Et je ne doutais pas qu'il en allait de même. Il suffisait de voir l'état dans lequel elle s'était mise pour six semaines d'absence de ma part, pour comprendre qu'elle se mettrait dans un bien bel état si je lui annonçais de but en blanc, que notre amitié n'existait désormais plus. Mais même pour moi c'était impossible ... Alors je n'allais même pas tenter l'expérience. Je le refusais catégoriquement. J'allais tenter, au moins une fois, de sauver ce qui demeurait de notre amitié. Fait qui semblait elle même la soulager. Je ne doutais pas qu'elle venait de passer six semaines à regretter d'avoir trop parlé et d'avoir été incapable de retenir ses sentiments à mon encontre. Je ne doutais pas non plus, qu'elle allait maintenant tout faire pour ne plus en parler et tenter de faire mine de rien, dans l'espoir insensé que notre amitié n'était pas définitivement morte. Mais j'étais certain qu'elle ne l'était pas. Et que, dans le pire des cas, si vraiment elle l'était, elle finirait par renaître de ses cendres. C'était à nous de faire en sorte que ça devienne parfaitement possible après tout.

« Non, pas du tout. » Une fois encore, j'eus un vague sourire en coin à sa réponse. J'avais pourtant la sensation qu'elle était emplie de questions. Autant à propos de mes projets, que de ce lieu dans lequel j'étais en train de l'emmener et à propos duquel je ne lui avais absolument rien dis. Et c'était là un choix que j'avais fais pour une raison bien précise. Je comptais lui en faire la surprise. En espérant qu'elle soit bonne et non pas qu'elle le prenne mal. Malheureusement, tout était possible. Mais quand nous eûmes quitté la voiture, une fois devant le restaurant que j'avais découvert et choisis dernièrement, exprès pour elle, je compris que je ne m'étais pas du tout planté. Au regard brillant et emplit de joie qu'elle planta dans le mien, je me sentis fondre. Royalement et stupidement ... Et je souris légèrement alors que mon coeur manquait un battement. J'aimais démesurément la voir sourire de la sorte. C'était foutrement plaisant à voir. Et ça me rassurait en même temps. Nous entrâmes et nous installâmes bien vite. Et je lui demandai quand même confirmation pour être certain qu'elle était satisfaite de mon choix. « Oui, bien sûr que oui. C’est tout simplement génial. » J'eus un léger soupir de soulagement et de contentement, avant de retrouver mon faible sourire alors que je continuais de l'étudier du regard, avec grand intérêt. « J'espérais que ça te plairais ... » Lâchai-je en un doux murmure. Comme quoi, je la connaissais toujours aussi bien. « Apéro ? » Demandai-je avant de héler la serveuse.

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Je n'étais pas surpris de ressentir autant de plaisir, simplement au fait de voir Or aussi heureuse et contente de la situation actuelle. Elle semblait sincèrement ravie de mon initiative. Et il était évident que je m'en réjouissais vraiment désormais. Lui faire plaisir était la seule raison qui m'avait poussé à agir de la sorte. Ca et le besoin de retrouver ma meilleure amie, que j'avais pensé perdre pour de bon. Parce qu'elle était amoureuse de moi et que je ne savais absolument pas comment gérer une telle nouvelle. C'était plus que surprenant. C'était tout bonnement choquant et inattendu. Même six semaines plus tard, je ne parvenais pas encore à m'en remettre tout à fait et à trouver une façon de le gérer. Je ne savais même plus ce que je ressentais pour elle. Je ne savais pas si je pourrais un jour l'aimer de la même façon qu'elle, elle m'aimait. Tout ce dont j'étais pleinement certain, c'était que je ne saurais vivre sans sa présence à mes côtés, qu'elle m'était nécessaire. Et c'était également pour ça que j'avais décidé de la retrouver autour d'un dîner. Le choix du restaurant était une façon de lui faire plaisir autant qu'à moi. Et pour avoir l'impression de faire un bond en arrière. A une époque où nous étions bel et bien les meilleurs amis du monde. « Tu as vraiment visé juste. » Je ne pu m'empêcher de sourire légèrement en coin, en l'étudiant du regard pendant un moment avant de lui répondre, tout naturellement. « Il paraît que je te connais ... » Lui rappelai-je calmement, avant de hocher la tête puis détourner le regard.

Selon toute vraisemblance, je ne la connaissais pourtant pas assez, puisque je n'avais pas remarqué qu'elle était tombée amoureuse de moi. Mais comment le remarquer, quand on était habitué à être foutrement proche d'une personne ? Elle était la seule femme à qui je parlais sans la moindre pudeur ni hésitation. Elle était la femme avec laquelle j'étais le plus tactile, sans pour autant dépasser les limites qui auraient signifiées que nous étions plus que des amis. Avec tout ça, je n'avais pu me rendre compte du moment où, de son côté, les sentiments avaient changés de cap pour se tourner vers de l'amour pur et dur. Je lui proposai ensuite un apéro, en faisant signe à une serveuse qui débarqua aussitôt à notre table. J'attendis qu'Or fasse sa demande et ne pu m'empêcher de sourire de fierté, quand elle demanda exactement la chose à laquelle je m'attendais. Pour sûr que je la connaissais par coeur ... Pour ma part, je demandai un verre de Jameson, l'un des meilleurs Whisky irlandais. Une fois la serveuse repartie, je reportai mon attention sur ma meilleure amie, assise en face de moi. « Tu m'as manqué tu sais... » Je soupirai doucement et hésitai à lui répondre, quand finalement je songeai que ça ne ferait que nous séparer plus encore, si je prenais mes distances à cause de ses sentiments nouveaux. « Je mentirais si je disais que tu ne m'as pas manqué ... » Répondis-je doucement avant de me laisser aller dans le fond de mon siège. « Quoi de neuf ces dernières semaines ... ? » Demandai-je ensuite, en songeant que je n'étais pas tout à fait capable d'aborder le sujet qui lui tenait sans doute à coeur ...

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Orfhlaith & Suileabhan

Il y avait bien peu de personnes avec lesquelles je me sentais vraiment à mon aise. Et parmi elles, se trouvait Orfhlaith. Cette jeune femme que je connaissais depuis que nous étions gosses, qui savaient absolument tout de moi -même les détails les plus sordides- et qui ne m'avait absolument jamais jugé. Donné des conseils, bien sûr. Un peu secouer pour que j'agisse, plus encore. Mais jugé ? Jamais. Parce qu'elle me connaissait au moins autant que me connaissait mon cher frère et qu'elle comprenait parfaitement pour quelle raison je faisais ceci ou cela. Il n'y avait que concernant mes histoires de coeur, qu'elle n'était jamais bien d'accord avec moi. Surtout depuis quelques temps, alors que je cumulais les histoires qui couraient, dès le premier rancard, droit dans le mur contre lequel elles explosaient bel et bien. A partir du moment où je n'étais pas capable de parler de moi à une femme, il semblait évident que la relation courait de suite à la catastrophe et ne serait aucunement une exception pour confirmer la règle. Ca, Or semblait en être parfaitement consciente. Et pendant pas mal de temps, elle avait tenté de me faire entendre raison. Il allait bien falloir que je me décide à faire quelque chose tôt ou tard, si je ne voulais pas finir ma vie seul ... Sauf que voilà ... Moi, je m'en fichais bien de finir seul. J'avais un frère et une meilleure amie. Que demander de plus que ça ? Que ma meilleure amie devienne plus que ça, pour moi ... ?

C'était là son souhait à elle ... Et je ne savais même où j'en étais, pour ma part, à ce sujet là. Le voulais-je également ? Le voudrais-je seulement un jour ? Je n'en savais encore strictement rien. J'étais simplement paumé dans tout ça. Et à ça, s'ajoutait ma peur insensée de la perdre. Je savais que je ne le supporterais pas. « Et bien, comment dire ? Mes élèves de sont plus insupportables que jamais, c’est assez compliqué à gérer. Mais j’ai accepté un poste, une fois par semaine dans une école maternelle et c’est vraiment sympa. Les élèves sont adorables et les parents très gentils. ça me change pas mal. » Avec un intérêt sincère, j'écoutais les nouvelles qu'elle m'apportait de son boulot et de ce qu'elle avait du vivre au cours de ces six dernières semaines, que nous avions passés loin l'un de l'autre. Trop loin à mon goût. « Méfie toi que ça ne te donne pas des envies d'avoir des enfants. » Merde ... Quel crétin ... Je me sentis bêtement blêmir devant mes propres paroles. Ne serait-ce que parce qu'en sachant qu'elle était amoureuse de moi ... Il semblait évident qu'elle n'envisageait pas -pas encore- d'avoir des enfants avec qui que ce soit. « Pourquoi ne pas totalement changer si c'est difficile à gérer ? » Demandai-je presque aussitôt, pour tenter de changer de sujet au plus vite. « Et toi alors ? » Moi ? Que dire si ce n'est que ma vie m'avait parut bien morne en son absence et dénué de tout intérêt ? Devais-je lui dire que je m'étais surpris à m'ennuyer comme jamais ça ne m'était arrivé ? « Rien de bien intéressant ... »