Laissant son bras retombé sur le côté, Rafael qui peinait jusqu'ici à ouvrir les yeux le fit immédiatement en réalisant qu'il n'était pas seul. L'alcool n'était en rien responsable, il était juste habitué à rentrer seul au point qu'il avait oublié que ce n'avait pas été le cas hier. Un bref moment lui suffit à se rappeler du déroulement de la soirée d'hier alors qu'il se demandait comment en étant si concentrés sur leur contrat, ils étaient parvenus à rentrer ensembles. Observant un long moment Anaé toujours profondément endormie, Rafael levait les yeux au ciel, se demandant dans quelle connerie avait-il bien pu s'embarquer. Avec un peu de chance, aucune... après tout ce n'est pas comme si elle était la première à finir dans ses draps, le problème était qu'il ne s'agissait pas de n'importe quelle femme qu'il allait pouvoir zappé et ne jamais revoir mais bien de sa collègue avec qui il serait bien obligé de faire équipe à l'avenir. Autant dire qu'il avait tout à gagner à ce qu'elle ne le déteste pas lorsqu'il disparaitrait même s'il était assez confiant sur ce point - d'autant plus qu'il ne risquait pas d'aller loin puisqu'il se trouvait chez lui. Anaé jouait autant qu'il ne le faisait, il y avait peu de chance pour qu'elle aie cru à plus que ce que ce n'était réellement, soit une soirée de plaisir qu'ils avaient partagés et qu'il ne regrettait pas pour l'instant. Sa collègue était attirante, même si Rafael ne l'avait jusqu'ici jamais envisagée comme amante - bien trop concentré sur ce qu'on lui demandait de faire -, mais au final il n'avait pas à se plaindre d'avoir oublié ses priorités l'espace d'une soirée.

S'extirpant du lit le plus silencieusement possible, Rafael se rendait immédiatement à la salle de bain afin de prendre une douche dont il avait grandement besoin pour se réveiller. Ne voyant pas Anaé apparaître, il en profitait d'ailleurs pour trainer un long moment et sentir chacun de ses muscles se relaxer mais surtout se réveiller sous l'effet de l'eau chaude. Estimant qu'il avait suffisamment exagéré des plaisirs de la nature - il n'oubliait jamais que l'eau était un luxe -, le pompier finissait par nouer une serviette autour de sa taille, retournant ainsi vers sa chambre ou se trouvait son dressing, peu habitué à devoir prendre ses vêtements avec lui. A sa surprise, sa collègue était sortie des bras de Morphée et se tenait appuyée contre la tête de lit, le drap posé sur elle pour dissimuler ses formes. « Bonjour. » lançait-il simplement en lui adressant un bref sourire. Le jeune homme tenait à rendre cet instant le plus naturel possible afin de ne pas créer de tensions entre eux et faire comme si de rien n'était était sa spécialité. « J'espère que je ne t'ai pas réveillé. » dit-il finalement tout en se tournant vers son dressing duquel il sortait de quoi s'habiller. Toujours dos à elle, Rafael laissait finalement tomber sa serviette sans plus de cérémonie pour enfiler un caleçon ainsi qu'un jeans avant de reporter son attention sur la jeune femme. « Si tu veux prendre une douche, fais toi plaisir. Tu trouveras tout ce qu'il faut dans la colonne de droite. » Gants, essuies... elle se contenterait par contre de gel douche pour mec mais c'était mieux que rien, non?

Anaé n’avait plus passé de nuit aussi paisible depuis des lustres. A vrai dire, ce fut le bruit de la douche qui l’extirpa de sa rêverie. La jeune femme fit un grand bond et mis un certain temps avant de se remémorer les derniers évènements de la veille. Elle ne se trouvait pas dans son appartement, cela voulait dire qu’elle n’avait pas dormi seule, comme l’attestait la nudité de son corps. La jolie brune esquissa une légère grimace tout en massant son visage encore ensommeillé : cela ne risquait pas de simplifier ses petites affaires… tous les journaux people du monde entier la présentaient comme une princesse amoureuse de son mari, certains allaient même jusqu’à extrapoler en l’imaginant prête à donner de beaux héritiers au prince de Suède, mais elle venait juste de prouver que ses sentiments pour son époux s’étaient largement amoindris depuis deux ans qu’elle habitait sur New York. Pourtant, une sorte de culpabilité subsistait. Si Carl apprenait la chose, Anaé était bonne pour subir un divorce sanglant et les poursuites effrénées de sa belle-mère… voilà bien une tragédie dont elle n’avait nullement besoin en ce moment. En somme, la jeune femme était plongée en pleine perplexité lorsque Rafael réapparut, vêtu d’une simple serviette, cherchant probablement à paraître aussi naturel qu’il le pouvait, allant même jusqu’à lui offrir les bienfaits de sa douche. Pour l’instant, elle n’avait pas l’esprit pour se rendre dans la cabine lui tendant pourtant les bras. Autant remettre les pendules à l’heure d’entrée de jeu… « Il était temps que je me lève, ne te soucie donc pas » répliqua-t-elle en tentant un sourire qui se voulait on ne peut plus détendu. Elle avait laissé quelque peu de côté son discours d’ordinaire si contrôlé et soutenu pour adopter une formule plus courante… inutile de donner dans la fioriture inutile maintenant qu’ils se connaissaient bibliquement.

« Alors hem… je ne suis pas du tout habituée à ce genre de choses, en fait. Je n’ai pas la moindre idée de la conduite à adopter, le naturel risque de ne pas être mon fort, excuse m’en par avance. » Le boulet de canon n’avait pas encore été lancé, mais cela ne saurait tarder. Anaé savait mentir, comme tout bon aristocrate qui se respecte, mais elle estimait devoir la vérité à son collègue. Il n’y avait aucune raison pour qu’il ne le prenne mal et s’en offusque… tant qu’il ne balançait pas tout au mari de la jolie réunionnaise, aucune raison de craindre quoi que ce soit. « Je suis mariée. » Anaé s’était exprimée en un souffle, légèrement crispée, avant de pousser un pénible soupir. De toute évidence, son mariage battait de l’aile et cela n’irait certainement pas en s’arrangeant… à plusieurs reprises elle avait pensé au divorce ; mais Carl n’accepterait jamais à moins que ce ne soit son initiative, il était bien trop ancré dans ses convictions catholiques pour cela ! « Navrée de ne pas avoir spécifié la chose… je ne suis pas réellement fière de moi je dois dire. »

Rafael aurait pu apprécier d'être de garde aujourd'hui à la caserne histoire d'avoir une excuse en béton pour s'échapper, la laisser remballer ses affaires et ne plus en parler, malheureusement il ne l'était que demain. Avec un petit effort, il y avait sans doute moyen de trouver une excuse mais après tout, ils étaient deux adultes et l'avaient voulu - du moins elle ne semblait pas avoir douté une seule seconde hier soir. Le retour à la réalité risquait d'être étrange mais pas insurmontable. Lui adressant un sourire, simple signe qui l'avait entendue, Rafael était déjà satisfait qu'elle ne commence pas par des reproches, ce que de nombreuses femmes avaient tendance à faire comme s'il les forçait à quoi que ce soit. Le colombien ne put s'empêcher de sourire face à son gêne qu'elle admettait immédiatement, en un sens rassurer qu'il ne soit pas le seul à se demander qu'elle était la suite. Ce rictus disparaissait de son visage à l'instant ou elle lui annonçait etre une femme mariée alors qu'il ne pouvait s'empêcher de froncer les sourcils. Dans le fond, il s'en moquait éperdument, faire le beau auprès de femmes mariées lui arrivait chaque jour, il avait pris l'habitude de ne même plus s'en inquiéter mais le fait qu'Anaé le soit le dérangeait pas. Le jeune homme ne savait pas vraiment mettre le doigt sur ce qu'il ennuyait vraiment, peut-être simplement le fait qu'elle ne soit pas un contrat. Qu'après autant de temps à collaborer elle n'avait pas penser une seule seconde à lui signaler, pas même lorsqu'il l'avait ramenée chez lui la veille alors que ses intentions étaient plutôt claires.

Prenant le temps de s'habiller complètement - puisqu'il ne voyait quoi dire ou faire face à sa déclaration - Rafael finissait par s'installer sur le bord du lit, se tournant finalement vers elle. « Je dois craindre pour ma vie ou ça ira? » demandait-il, retrouvant un peu le sourire. Coucher avec une femme mariée sans conséquences lui convenait mais il espèrait bien qu'elle n'allait pas courir l'annoncer à son mari puisqu'il tenait clairement à sa tête. Après tout, sa belle gueule était son salaire. « Étant donné que tu ne m'as jamais rien dis, je vais me considérer innocent sur ce coup là... » lançait-il finalement, tentant simplement de ne pas en faire une montagne. Un détail le chiffonnait tout de même. « Soit il est très ouvert pour te laisser mener cette vie, soit il n'est pas au courant et dans ce cas là je te félicite de réussir à le cacher.» Une femme absente pratiquement chaque soir, chaque nuit ça se remarquait, non? Il n'était pas un spécialiste du mariage, pas même de la vie de couple mais tout de même. « Tu ne l'as jamais mentionné... » Fronçant les sourcils, il se demandait comment était-ce possible et sous entendait par là clairement un "pourquoi" même si ça ne le concernait pas vraiment, il était bien curieux d'en avoir la réponse.

Pourquoi Anaé l’avait caché, ça, c’était une excellente question. Elle-même ne semblait pas certaine d’en connaître la raison. Sans doute cela lui avait-il parut plus confortable. On se méprend bien souvent davantage face à une femme mariée, surtout dans ce métier. Impossible pour elle de clamer haut et fort d’être la princesse de Suède, épouse de l’héritier au trône… d’autant qu’elle détestait le fait même d’être un jour susceptible de monter sur le trône en compagnie de son mari, au moins autant que d’être présurée afin de donner de beaux petits héritiers à son époux. On ne lui avait jamais parlé de détails du genre lorsqu’elle avait prononcé le fameux « oui » d’usage… sans doute aurait-elle pris la tangente en le sachant ! Mais toujours est-il qu’à l’heure actuelle, elle était passée de femme mariée à femme infidèle. Rafael ne serait sûrement pas celui qui irait la dénoncer, elle ne le pensait pas de ce genre là, mais après tout… on peut se tromper sur les gens. N’en n’était-elle pas la preuve flagrante ? « Tu n’as pas à craindre pour ta vie. Tu ne t’es douté de rien alors que je suis pourtant souvent en couverture de magazines people ! Je dois bénir le fait que tu n’en lises pas, je suppose. » Anaé avait beau ne pas être fière d’elle, l’ironie faisait toujours partie intégrante de ses répliques. Sans doute sa caste y était-elle pour beaucoup, tranchant dans le vif alors que le jeune homme s’étonnait d’avoir été au milieu d’une telle intrigue. Les raisons de son comportement étaient certes compréhensibles mais elle n’estimait pas lui devoir une explication détaillée. Après tout, ils ne s’étaient rien promis et continueraient probablement à bosser ensemble comme la fine équipe qu’ils avaient formée jusque là. Pourquoi diable tout compliquer pour un simple détail sans importance ? Du moins aux yeux de la jolie réunionnaise… « Je ne suis pas du genre à m’étaler sur les choses les plus privées de mon existence, à vrai dire » s’expliqua-t-elle avant de hausser légèrement les épaules avec nonchalance. La culpabilité ne semblait pas l’étouffer… en apparence. La vérité restait toute autre.

« Il n’y a aucune raison pour que tu éprouves la moindre culpabilité, tu n’étais pas au courant, et après tout… nous sommes deux adultes. J’assume pleinement les conséquences de mes actes. Disons pour ma défense que ma vie est… compliquée. Je suis à New York depuis deux ans et même si mon mari a tenté de me retenir lors de mon départ, il n’a pas poursuivi son argumentation après. Nous ne sommes pas séparés, j’entends… mais c’est un peu tout comme puisque notre vie privée est au seuil zéro. Il n’est pas comme toi… les prétextes liés à son éducation sont nombreux. » Anaé était souvent tentée d’en user, surtout lorsque cela lui était utile. Mais son mari restait le plus coutumier de la chose. Il est vrai que le départ de sa jeune femme l’avait abattu, mais sa fierté l’avait empêché de se traîner à ses pieds pour essayer de comprendre les raisons de son départ afin de l’en dissuader au bout du compte… comme quoi, Anaé n’était qu’à demi coupable seulement. « Contrarié ? »

Le fait d'avoir couché avec une femme mariée ne l’inquiétait pas outre-mesure, il y en avait sans doute eut d'autres sans qu'il ne le découvre puisqu'il faisait rarement la causette à ces dernières. C'était à la jeune femme de régler cela avec sa conscience et non à lui qui n'avait trahi personne, en dehors de lui-même dans sa règle de ne jamais mêler vie privée et professionnelle. Qu'il n'ai rien à craindre de la part du conjoint était en somme l'unique chose qui l’intéressait et Anaé venait de le rassurer sur ce point. « La vie de Kim Kardashian m’intéresse peu, je dois bien l'admettre. » Certes il n'avait jamais touché un magasine people de sa vie mais personne n'était passé à côté de ce nom que l'on retrouvait un peu partout et qu'il était donc capable de citer. De là à dire ce que la demoiselle faisait de sa vie... il n'en avait pas la moindre idée. « J'espère pour toi que personne ne nous a pris en photo en entrant hier soir. » Après tout, si elle parlait de magasine people, elle était sans aucune doute suivie régulièrement par des paparazzis, à se demander comment son mari ne remarquait pas ses photos avec ses nombreux contrats. Car oui, il devait forcément y en avoir. « Qu'est ce que tu as fait pour mériter cet intérêt? » Sans doute pas une sex-tape, rien qu'à la façon dont elle parlait, je doutais qu'elle soit de ce genre là - bien qu'elle lui aie bien prouvé hier soir être très douée à ce petit jeu. Le pompier se contentait de hausser les épaules lorsqu'elle lui signalait ne pas s'étendre sur sa vie privée, ça lui convenait parfaitement puisqu'il n'en avait pas grand chose à faire, c'était une simple question qu'il se posait.

« Je ne me sens pas coupable, je te rassures tout de suite. » Et quoi qu'elle lui avoue, il ne le serait pas puisqu'il n'était pas encore devin. « Il n'a pas poursuivi son argumentation... » Rafael ne put s'empêcher de le répéter sur le même ton qu'elle cette phrase tant il la trouvait ridicule. Trop distinguée sans aucun doute pour quelqu'un comme lui qui venait de la misère. Anaé avait de toute façon l'habitude qu'il l'ennuie à ce sujet et bien qu'elle ne lui expliquait pas cela pour être reprise, il ne pouvait s'empêcher de le faire. « Relaxe tu ne donnes pas un discours officiel. » dit-il en lui adressant un léger sourire. « Quelle que soit son éducation, si ce gars avait voulu t'avoir à ses côtés, il serait là à essayer de te récupérer. Je ne connais rien à l'histoire et crois-moi que je me passes des détails, mais il n'a pas l'air bien accroché pour te laisser deux ans dans New York vivre tranquillement ta petite vie. » Il émettait un jugement sans connaître la personne mais ça lui semblait plutôt logique que si le gars en question avait été amoureux, sa petite amie serait à ses côtés à ce jour et non dans son lit à lui, à moins bien sur qu'elle ne ressente rien à son égard. « Et non, pas contrarié... c'est à toi de voir ça avec ta conscience, la mienne va très bien. » concluait-il avec un sourire ravis. Sincèrement, qu'elle soit marié ne l'ennuyait pas mais si en plus le mari en question était bien loin et ne se souciait guère de sa femme, c'était le cadet de ses soucis.