Dimanche dix février. Everett entrouvrit un œil en sentant quelqu'un s'asseoir sur son lit Laisse-moi dormir Katy'. souffla t-il doucement, la blondinette était la seule à entrer sans frapper donc ce n'était pas bien difficile de savoir qui c'était. Se passant une main sur le visage il ne tarda pas à reprendre la parole histoire que sa sœur ne se sente pas trop repoussée Qu'est-ce que t'as chaton ?! Oui chaton, c'était certainement un surnom idiot mais il le trouvait vraiment mignon. J'ai reçu un message d'Eden... Evy grimaça légèrement suite à cela. Il ne savait pas quoi répondre, alors il se contenta de se passer une main dans les cheveux Je m'en occupe. Laisse moi cinq minutes le temps de me réveiller et j'te rejoints dans la cuisine et on prend un super petit déjeuner tous les deux, okay ? Et si jamais disons dans dix minutes, je ne suis pas là, tu as le droit de venir ici et de... pas m’assommer avec une poêle parce que c'est violent et que je risque d'avoir une bosse après, mais me jeter un pichet d'eau rempli de glaçon dessus pourquoi pas. Original non ? Mais il fallait avouer que de se faire sortir du lit par de l'eau gelée n'était franchement pas une perspective réjouissante, alors de cette façon il était certain de se lever dans les minutes qui allaient suivre. D'ailleurs, à peine deux minutes après que sa petite sœur ait quitté la chambre, il alla la rejoindre à la cuisine, la tête dans le cul, cheveux en vrac, habillé à la va vite. Après s'être servi un bol de lait avec plein de céréales il s'installa à côté de la blondinette Je vais envoyer un message à Eden pour qu'on parle tous les deux d'accord ? Il lui fit un petit sourire. Il n'avait aucune idée de comment résoudre cette situation, si lui avait pris le départ de l'aîné pour un abandon pour Katy cela devait être pire et il détestait voir cette dernière malheureuse, mal à l'aise. Aller parler de vive voix au plus âgé semblait donc la solution la plus adaptée, et c'était toujours mieux qu'un sms lui sommant de laisser Katy tranquille. Il fallait qu'ils échangent leur point de vue respectif pour tenter de se comprendre. Eux qui avaient toujours été si proches, aujourd'hui c'était comme si un mur invisible les séparait. Everett avait beau tenter de chercher à comprendre des explications sur le comportement d'Eden il n'en avait aucune de réellement valable. Partir était une chose qu'il pouvait concevoir mais ne presque pas donner de nouvelles était tout autre chose !

Après le petit déjeuner, Evy avait donc entreprit d'envoyer un message à son frère Est-ce que tu serais libre dans l'après-midi pour qu'on se parle ?! C'est important. Bah de bonjour ni autres, il avait voulu faire le message le plus concis mais le plus clair possible. Maintenant, il fallait espérer que l'aîné de la famille aurait un peu de temps à lui accorder. Très rapidement, il reçut une réponse positive et donna donc rendez-vous à l'autre garçon à quatorze heures à un café-restaurant qu'ils avaient fréquenté quand ils étaient plus jeunes. Il aurait aussi pu lui donner rendez-vous dans un parc, mais l'idée d'être au chaud, assis et avec une boisson ou un petit plat/dessert chaud l'avait finalement plus tenté. Et puis, ainsi ils étaient en terrain "neutre" en quelque sortes.
L'heure H était arrivée, plus ou moins comme à son habitude Everett arriva une dizaine de minutes en avance et se commanda un café avant de s'installer à un table où il serait tranquille pour discuter avec Eden. Il fallait juste espérer que tout se passerait sans aucune engueulade. Très vite, son aîné entra dans le bâtiment et Evy lui fit un petit geste pour se faire repérer. Maintenant aller se poser la question de ce qui allait bien pouvoir se dire. Salut ! Tu vas bien ?! la base de la politesse c'était déjà pas mal ! Tu veux commander quelque chose ?!

Les jours se suivaient et ne se ressemblaient pas. Je tentais, tant bien que mal, de retrouver ma place dans la famille mais aussi dans cette ville que j'avais fuis au premier problème avec Aloysia. Je regrettais mon geste, et encore plus de n'avoir donné aucune nouvelle à Everett et à Katy... La petite dernière avait du souffrir de cet abandon. J'avais été le grand frère protecteur et, du jour au lendemain, j'avais pris la poudre d'escampette. J'avais préféré faire mes erreurs à des milliers de kilomètres d'eux mais les deux petits derniers m'en voulaient encore. Mes parents avaient fini par oublier mes erreurs, Jane avait toujours compris et accepté mon choix mais le lien n'était toujours pas rétablis avec Everett et Katy. Il fallait que je prenne sur moi ou que je fasse le premier pas. Il était huit heures vingt lorsque je déposa Madison à l'école et en profita pour envoyer un message à ma petite sœur. J'avais envie de discuter avec elle, de lui expliquer tout ce qui c'était passé dans ma vie pour que j'agisse de cette façon, aussi immature que cela pouvait être. J'avais voulu m'isoler, profiter, ne penser à rien et au final, j'avais bien merdé. La blondinette m'en voulait encore et cela me brisait le cœur. Je n'étais pas revenu pour avoir la moitié de ma famille à dos, loin de là même. Ne recevant pas de réponses, je retourna rapidement vers l'appartement que j'occupais à Co-op City avec Florie. La petite française devait encore dormir vu l'heure qu'il était et j'espérais que je ne la réveillerais pas. Corrigeant les exercices de mes élèves de primaire, je souriais bêtement en voyant leurs réponses. Pour eux, 3 + 8 et 5 + 8 était toujours égal à dix, à croire qu'il ne savaient pas compter plus loin que cela. Cela me faisait doucement sourire, leur innocence était tellement parfaite et quand je voyais Madison, je comprenais tout cela. Tous ces gosses étaient loin d'avoir la belle vie comme je l'avais eu ou comme mes frères et sœurs l'avaient eu. Nous étions des chanceux, des privilégiés et nous le savions tous. J'avais été adopté en Afrique où la famine et la guerre m'attendait, Jane avait été alors que sa mère était une droguée aux tentatives suicidaires et Everett avait été adoptée alors que sa mère n'avait que quinze ans. Nos vies auraient été bien différentes si nos parents n'avaient pas eu la folle envie d'avoir une grande et belle famille. « Est-ce que tu serais libre dans l'après-midi pour qu'on se parle ?! C'est important. » Arquant un sourcil, je souffla légèrement. Katy avait du aller vers lui et l'envoyer pour la défendre. Sentant les mains froides de ma colocataire sur mes épaules, je grimaça et me retourna vers la jolie française. « Bouge tes pattes de là espèce de petit glaçon » Je fis un large sourire à ma meilleure amie et me concentra sur l'écran de mon iPhone. Quelques minutes plus tard, je répondais positivement à mon petit frère. Je n'avais plus qu'à espérer qu'il ne venait pas pour me sauter à la gorge mais bel et bien pour me parler et pourquoi pas tenter de me comprendre. Je ne lui demandais pas d'accepter mon mode de vie passé, loin de là même, mais seulement de tenter de raisonner Katy. Passer Noël avec eux aurait du être un pure bonheur et pourtant, j'avais senti mon cœur se retourner à chaque fois qu'un sujet de conversation un peu difficile avait fait son apparition. Madison avait été le centre d'attention de la famille alors que j'avais été la paria de la famille. Inspirant une grande bouffée d'air, je poussa la porte du restaurant-café dans lequel j'avais rendez vous avec mon petit frère. Voir sa bouille me faisait plaisir même si je savais qu'il y avait une chance sur deux pour que notre discussion finisse en règlement de compte à o.k coral. Le voyant me faire un signe, un léger sourire se dessina sur mes lèvres. Je profita de ces quelques secondes pour déboutonner ma veste et enlever mon écharpe en laine. J'étais frileux, ce n'était pas nouveau. « Salut ! Tu vas bien ?! » J'acquiesça tout en posant mes fesses sur la chaise en face de celle du petit Everett. Il restait le dernier petit gamin de la famille à mes yeux, qu'il le veuille ou non. « Tu veux commander quelque chose ?! » Je souris et attrapa la carte. Je n'avais pas mangé à midi alors autant profiter de ce moment pour dîner correctement. Je n'étais pas un as aux fourneaux, loin de là même. « Et toi, comment tu vas ? Tu veux autre chose que ta boisson ? Je vais prendre un hamburger frites, j'ai pas mangé à midi. J'ai juste fait du riz et du jambon à Madison et franchement, ça me tentait pas » Mais alors pas du tout... Commandant mon repas – ainsi qu'une boisson – à la serveuse, je me racla légèrement la gorge et dis « Qu'y avait-il d'urgent Everett ? Tout va bien à la maison ? » Simple question et pas hypocrite pour un sous. Il allait croire que je m'occupais enfin de la vie de famille mais ce n'était pas ça... aurait-il préféré un frère passant ses journées dans l'alcool, la drogue et le sexe ? J'en doutais vraiment...

Comme simple réponse à sa question, il avait eu un petit hochement de tête pour signaler que oui, Eden allait bien. Une réponse de vive voix aurait certainement été préférable mais bon ce n'était pas bien grave non plus, il n'allait pas se mettre à chipoter pour si peu. Everett voulait une discussion sérieuse avec lui, et pas lui sauter à la gorge au moindre prétexte, pour lui cracher sa rancœur au visage. Le plus jeune savait qu'il avait visé juste en lui proposant de manger quelque chose, son frère n'avait jamais été un cordon bleu -pour ne pas dire une catastrophe ambulante-. Il y a quelques années de cela, il l'avait d'ailleurs vanné pas mal à ce sujet, jamais rien de bien méchant cependant ! Ce n'était donc pas avec une grande surprise qu'il vit Eden attraper la carte avant de prendre la parole. Et bien écoute, ça va plutôt bien, merci. Ouais enfin comme d'habitude il n'y avait rien à signaler. Il n'avait pas trop problèmes de santé, dans ses études ou à la maison donc tout allait forcément bien ! Je vais rester au café pour l'instant, merci. Par contre toi tu devrais prendre des cours de cuisine, non ?! Ce n'était pas une attaque personnelle mais bel et bien un vrai conseil qu'il lui donnait-là. Et histoire d'argumenter ses propos il continua Enfin, moi je dis ça pour toi, mais ça pourrait quand même te servir et disons... hum... Il ne trouvait pas les mots les plus adéquats pour clarifier au mieux la situation enfin tu vois, pour diversifier tes plats et pour éviter trop les converses et compagnie... Se passant une main dans les cheveux il préféra ne pas parler de Madi de peur de toucher u point sensible et qu'Eden l'envoie bouler en lui disant de se mêler de ses affaires ! Après que l'aîné ait commandé son repas le sujet principal arriva directement au tapis. Qu'est-ce qu'il y avait si urgent ?! Au final pas grand chose si ce n'est que le bien être de Katy. Ce qui allait poser beaucoup de problème c'était maintenant la manière d’aborder le sujet, il ne voulait pas blesser son frère mais tenait quand même à montrer le point de vue de sa sœur. Trouver le juste milieu entre les deux risquait d'être une chose difficile, d'autant plus qu'Evy avait déjà un parti pris pour sa blondinette de frangine. Se mordillant doucement la lèvre, il finit par dire doucement en essayant de bien peser tous ses mots. Oui, oui, tout va bien ! Enfin à peu près. Ne t'inquiètes pas... Se passant une main dans les cheveux, il ne tarda pas à continuer Enfin, c'est à propos de Katy, disons que... ton message de ce matin l'a un peu remué. Il se racla le gorge ne sachant pas trop comment continuer. Il ne pouvait l'empêcher de lui envoyer des messages ou autre, c'était normal que le plus âgé vienne aux nouvelles, ou tente de se faire pardonner... d'un autre côté il ne supporter pas Katy de voir aussi affectée qu'elle l'avait été ce matin. Est-ce que tu pourrais juste y aller doucement avec elle, lui laisser juste du temps. Enfin tu vois, pour ne pas la voir dans cet état là, mal à l'aise. Et pour qu'elle vienne me réveiller, c'est vraiment que ça l'avait vraiment touché. Il avait essayé d'être concis, pas trop brutal mais de lui faire bien comprendre le soucis. Eden devait avoir compris que les deux plus jeunes de la famille avaient mal accepté que leur aîné soit parti aussi loin, sans réellement donner de nouvelles pendant autant de temps... mais le pire c'était certainement que son départ concordait au moment où Katy était très mal à cause de sa maladie et rien que pour cela Everett aurait du mal à lui pardonner. La blondinette aurait eu besoin du soutient de toute sa famille, surtout celle du plus âgé. Se raclant la gorge, il ne sut trop quoi rajouter, il n'avait jamais été un orateur exceptionnel, alors pour tenter d'arranger cette situation c'était assez complexe. Enfin voilà, je voulais qu'on en parle tous les deux, et c'était quand même plus sympa ici que par téléphone ou via texto. Autrement dit, j'aurais pu faire pire et te l'annoncer sans t'avoir en face de moi ! Et puis, Evy avait bien dit en parler, donc il acceptait d'entendre les contres-arguments de son frère aîné, ce qui était certainement une forme d'avancée par rapport à Noël où il n'avait pas voulu trop l'entendre parler. Et c'est plus ou moins à ce moment-là que la serveuse revint avec les plats d'Eden... Le plus jeune se dit que finalement il aurait peut-être du se commander un truc à grignoter histoire de le faire déstresser un peu, car oui cette situation l'angoissait... Certainement parce qu'il savait pertinemment qu'il avait en parti tord d'agir de la sorte avec son interlocuteur. Bon appétit ! même si le pauvre ne devait plus avoir trop faim pour le coup et c'était amplement compréhensible !

« Je vais rester au café pour l'instant, merci. Par contre toi tu devrais prendre des cours de cuisine, non ?! » Regardant mon petit frère, je fronça les sourcils quelques secondes avant d'hausser les épauler. Madison se contentait gentiment de ce que je lui servais comme dîner et c'était tout ce qui m'importait. C'était sans compter que je n'avais pas vraiment le temps de prendre des cours, pas pour le moment du moins. Depuis mes retrouvailles avec Aloysia, tout partait en cacahuète. J'étais une vraie pile électrique et je stressais beaucoup pour cette petite fille, pour la fille de mon ex petite amie. J'avais convaincu – par je ne sais quel miracle – mon amie à faire un test, histoire de savoir si sa moelle osseuse pouvait aider à la guérison de la petite et depuis, plus aucune nouvelle. J'avais vraiment très peur pour l'africaine mais il ne fallait pas que je laisse tout ça entraver mon 'repas' avec mon petit frère. « Enfin, moi je dis ça pour toi, mais ça pourrait quand même te servir et disons... hum... Enfin tu vois, pour diversifier tes plats et pour éviter trop les converses et compagnie... » Grognant légèrement, je tenta de ne pas dire un mot plus haut que l'autre. Si mon petit frère se mettait à me juger, nous n'allions pas être amis mais alors pas du tout. « Je sais faire à manger tant qu'il y a une recette. Madison n'est pas anorexique et elle ne se plaint pas, je pense que c'est l'important. Si jamais elle dit que ce que je fais est dégueulasse, tu me préviendras hein ? » Simple question. Ma fille ne se plaignait jamais de mes haricots aux lardons, de mes pâtes à la sauce tomate Panzani et tout ce qui allait avec. Après tout, la cantine était sûrement plus dégueulasse que ce que je devais lui offrir à table. Je n'avais pas reçu le don qu'avait mes parents pour la cuisine. Même mon père avait pris le temps d'apprendre à faire quelques choses de mangeables s'il se retrouvait seul le soir. Il avait pourtant un sacré emploi du temps... Il fallait vraiment que je m'y mette mais ma condition ne me gênait pas. Quand je n'avais rien envie de faire, c'était Florie qui mettait la main à la patte et ce n'était pas ennuyant, loin de là. J'aimais qu'on prenne soin de moi comme l'avait fait ma grand-mère pendant de nombreuses années. Seulement aujourd'hui, je n'étais plus le plus jeune de la maison, je n'étais plus le petit gosse et l'adolescent de Paris. J'étais un homme qui devait prendre soin de sa famille et de ses frangins-frangines même si les deux derniers ne voulaient pas franchement avoir affaire à moi. Je ne pouvais pas les blâmer mais il fallait qu'ils arrivent à passer par dessus leur rancœur et tout ce qui allait avec ; ce n'était pas comme ça qu'ils allaient y arriver. Seulement, je ne pouvais pas le dire comme ça... Ils avaient tous les droits de me maudire. Je n'avais pas vraiment donné de nouvelles en six ans – ayant un peu trop honte de ma situation – et ils en avaient souffert. Jane et les parents avaient réussi à tirer un trait là dessus mais pas Everett et Katy, ce qui était dommage, surtout pour moi. « Est-ce que tu pourrais juste y aller doucement avec elle, lui laisser juste du temps. Enfin tu vois, pour ne pas la voir dans cet état là, mal à l'aise. Et pour qu'elle vienne me réveiller, c'est vraiment que ça l'avait vraiment touché. » Arquant un sourcil, je mis un certain temps à comprendre ce qu'Everett venait – implicitement – de me demander. Je devais donc arrêter de tenter de me rabibocher avec ma sœur parce qu'elle le réveillait le matin, un peu trop tôt pour lui ? Je me passa une main dans les cheveux – me les arrachant à moitié – et inspira une grande bouffée d'air. « Enfin voilà, je voulais qu'on en parle tous les deux, et c'était quand même plus sympa ici que par téléphone ou via texto. » Levant les yeux vers mon frère, je tenta – tant bien que mal – de lui sourire. J'avais plutôt envie de retourner d'où je venais mais je ne pouvais pas le faire. J'étais le plus adulte – enfin âgé – de nous deux et je ne devais pas me laisser atteindre par tout cela. J'en avais vu d'autres. « Ca fait deux mois et demi que je lui laisse du temps Everett. Je sais très bien que je suis parti quand elle allait mal mais je n'aurais pas été d'une grande aide à New York. Et puis, je prenais des nouvelles de vous tous les jours, tous les deux jours quand je n'étais pas en état d'appeler Jane quotidiennement. J'ai juste pas voulu vous en donner de moi, c'est différent. Jane savait trop bien que si jamais elle disait un mot sur moi, je coupais les ponts et elle n'en avait pas envie » Je souffla légèrement. Pourquoi est-ce que je lui racontais ça ? Il n'en n'avait sûrement rien à secouer que j'étais devenu un coureur de jupons, que j'avais peut être plus qu'un enfant à Paris mais que je ne le saurais jamais. « Je pouvais pas rester ici avec ce qu'il se passait avec Aloysia, c'était tout bonnement impossible » Et ça, c'était peu dire. Quitter la femme que j'aime pour rester dans la même ville, fréquenter la même école qu'elle, non merci. J'avais plus pensé à moi qu'au reste de la famille mais ils savaient tous où j'étais et personne n'avait pris un avion, ne serait-ce que pour les vacances. Je pouvais très bien leur en vouloir, moi aussi. Et pourtant... « Bon appétit ! » Je dévisagea Evy avant de baisser les yeux sur mon assiette. Je n'avais même pas vu la serveuse déposer mon hamburger frites devant moi. Un vrai hamburger américain allait me changer de la merde parisienne que j'avais avalé pendant six ans. Enfin, j'avais plus l'habitude de manger dans un restaurant huppé mais tout de même... « Si tu veux me piquer des frites n'hésite pas. Mais rêve pas pour l'hamburger par contre » Je lui fis un léger clin d'oeil avant de mordre – avec joie – dans mon bout de pain et de viande. Les saveurs me ramenaient en enfant, ce petit hamburger que nous avions l'habitude de manger une fois par mois. Essuyant la sauce que j'avais sur le menton, je finis ma bouche avant de dire « J'espère juste qu'un jour, vous comprendrez que je ne suis pas parti à cause de vous mais plutôt pour vous. Je n'aurais été d'aucune aide ici pour Katy, j'étais vraiment... dépravé » Et c'était peu dire. Je ne pouvais même pas dire avec combien de femmes j'avais couché, c'était pour dire...

Bon, d'accord les conseils culinaires il pouvait se les fourrer là où il pensait vu le grognement que venait de sortir Eden. Écoutant ce que son frère avait à dire, il retroussa légèrement en se rendant compte que ce dernier l'avait mal pris... alors qu'à la base c'était juste un conseil. Et bien, s'ils commençaient comme cela, à ne pas être sur la même longueur d'onde, cela risquait d'être assez compliqué pour la suite. Evy avait laissé quelques secondes de silence avant de finalement reprendre Il ne fallait pas le prendre mal Eden... Tu sais la notion de conseils entre frères ?! Et bien c'était ça... Pas la peine de prendre la mouche. avait-il répliqué avec un ton plus las qu'autre chose. Je suis désolé si je me suis fait mal comprendre. Cette phrase était-là comme pour sceller une paix précaire, partager les tords, faire une sorte de compromis. Il était venu là pleine de bonnes volonté (même si c'était pour aider Katy), alors ce n'était pas pour tout faire foirer. Le pire c'est qu'il était qu'en y mettant une miette du sien Eden serait un excellent cuisinier, enfin, d'accord peut-être pas excellent mais qu'il pourrait faire des plats plus élaborés à son petit bout de chou. Finalement le plus jeune avait commencé au nom de sa sœur, mais là encore il avait été maladroit et le pire c'est qu'il ne s'en était même pas rendu compte, m'enfin bon le plus important c'était certainement qu'il avait fait passé le message. Tu n'aurais pas été d'une grande aide ? Parce que tu crois réellement que je suis d'une grande aide ? Non, mais je suis là quand même, parce que c'est de notre présence dont elle a besoin Eden, et tu le sais aussi bien que moi ! A présent, il était plutôt excédé par la réaction de son frère, par ses arguments. Inspirant doucement, il ne tarda pas à continuer Et ça fait deux mois et demi que tu essayes, mais tu nous a laissé sans nouvelles combien de temps ? Pendant combien de temps on a pas entendu ta voix, on a pas su ce que tu faisais, ce que tu devenais? Comme tu le dis si bien, prendre de nouvelle c'est bien chose... mais on avait besoin de... comment dire ça. De savoir ce que tu faisais, tu peux le comprendre ça ?! Est-ce que tu peux voir que tu nous as laissé complètement du jour au lendemain sans nouvelle pendant environ six ans et le seul argument que tu me sors c'est que tu prenais de nos nouvelles.... Non, là il ne comprenait pas. Je dois être totalement stupide, mais désolé Eden, mais là je ne comprends pas ton raisonnement. Il soupira doucement en essayant de garder son calme. Après tout ils étaient adultes et il fallait qu'ils règlent leur différent en parlant même si c'était difficile et qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'onde. Ils avaient tous des tords et Evy en avait totalement conscience. Concernant Aloysia, il préféra ne même pas répondre et se contenta d'hausser simplement les épaules.

Le repas avait fini par arriver et c'est tout naturellement que le plus jeune, lui avait souhaité un bon appétit. La proposition de son aîné était alléchante et il est vrai que les frites le tentaient énormément mais... non. Il fallait qu'il résiste à la tentation. Non. Non, je vais comme si ton assiette était vide, ça sera mieux. Allez un peu de volonté Evy !! Ce n'était que des frites ! Bizarrement dés qu'il s'agissait de bouffe les deux garçons semblaient bien s'entendre... Enfin cette paix fut de bien courte durée, car Eden avait repris le sujet de Katy. Il fronça légèrement les sourcils et ne sembla pas comprendre sa première remarque Je n'ai jamais dit, ni pensé que tu étais parti à cause de nous.. Katy t'as fait une remarque de genre ?! Non parce que-là il ne suivait plus trop. Ce que je te reproche c'est que tu nous ais pas donné de nouvelles, que tu sois parti du jour au lendemain.... alors qu'avec Skype, ou autre, on aurait pu rester proche. Il le remarqua dans les yeux très sérieusement. Oui, il lui en voulait juste de cela. Six ans c'est long... et cette façon de faire, donne l'impression d'être abandonné. Abandonné, laissé tomber... un peu comme l'avait fait sa mère biologique même si c''était plus compliqué que cela. Ces années, on ne pourra pas les rattraper... alors je suppose qu'on devrait tenter de profiter de nos retrouvailles ?!... mais en y allant doucement pour Katy; je le maintiens. Il le regarda quelques secondes dans les yeux sans avoir besoin de continuer. Maintenant, tout ce qu'il voulait c'était une réponse de son aîné. Il avait fait une sorte de grand pas en disant qu'ils allaient pouvoir se voir, pour apprendre à se connaître de nouveau. Mais oui, en douceur, se voir de temps en temps, comme pour se ré-apprivoisr, c'était certainement une idée étrange, mais pour préserver Katy c'était la seule qu'il avait eu pour l'instant. Alors tu en dis quoi ?! Oui, il était un peu pressé le petit padawan.

A en voir le ton que prenait la discussion – après deux minutes ensemble – il fallait être aveugle pour ne pas se rendre compte de la relation précaire que mon frère et moi entretenions. Nous étions comme des étrangers l'un pour l'autre. En quittant l'Amérique pour la France il y a six ans de cela, j'avais fais une croix – à la craie – sur ma famille et je savais qu'il serait difficile de retrouver tout le monde, de reprendre ma vie où je l'avais laissé à l'époque. Les deux plus jeunes m'en voulaient d'être parti et je ne pouvais pas leur en vouloir. Seulement, avec la décision d'Aloysia, j'avais jugé bon et intelligent de ne pas rester ici à détruire ma famille de l'intérieur. Pourtant, il semblait que ce que j'avais voulu éviter plus que tout s'était tout de même produit. Katy n'avait pas été seule pour affronter sa maladie, je ne l'avais pas laissé seule comme je l'avais fais avec ma petite amie de l'époque. La dernière des Fawkes avait été soutenue, épaulée et avait traversé beaucoup d'épreuves mais accompagnée. J'étais partie en la sachant soutenue mais ça, personne ne voulait l'entendre et le comprendre. C'était sans compter qu'il y avait plus important que moi. Everett était comme son jumeau et son départ l'aurait beaucoup plus touché que le mien, du moins c'était ce que je croyais. Six ans après, ma petite blonde m'en voulait encore et pourtant, j'essayais. Le ton montait plutôt rapidement entre Everett et moi. J'avais l'habitude de le connaître pour être le calme de la famille mais il semblerait que ce ne soit plus le cas. Sa réaction montrait bien que j'avais loupé quelque chose, que j'avais loupé bien des choses pendant mon absence et je n'étais pas prêt de les rattraper. Plus il me parlait et plus j'avais l'impression qu'il n'était pas prêt de me pardonner, ni de comprendre mon raisonnement. Je ne pouvais pas dire que ce dernier relevait de la logique même mais tout de même... J'étais partie pour ne pas faire honte à ma famille, pour ne pas qu'ils apprennent mes fracas. J'avais voulu les protéger mais ce n'était pas compréhensible pour eux, pour lui et ça, je pouvais le comprendre. « Je dois être totalement stupide, mais désolé Eden, mais là je ne comprends pas ton raisonnement » Le regardant, j'haussai légèrement les épaules. Il n'était pas complètement stupide mais il ne savait pas tout ce qui s'était passé là bas. Devais-je lui expliquer ? Je n'étais pas sûre qu'il accepte mes arguments – qui me semblaient plus que parfait – et je n'avais pas envie de perdre du temps avec ça, du temps qui était précieux. Je ne voulais plus rester loin d'eux, loin de cette famille qui j'avais mis de côté trop longtemps. « Tu aurais peut être voulu savoir que je passais la moitié de mes soirées avec des femmes différentes, des fois plusieurs à la fois et que j'ai couché avec la moitié de Paris ? Non franchement, on peut s'en passer. Je sais pas si c'est ça le pire ou le fait que je ne me suis jamais occupée de ma fille. Au choix » Il voulait savoir pourquoi je n'avais pas donner de nouvelles et bien tout simplement parce que ma vie là bas ne méritait ps d'être racontée. J'avais été une ordure, une enflure mais ça, il ne semblait pas se le rentrer dans sa petite tête. Tout n'était pas rose dans la vie, tout n'était pas aussi parfait qu'il le pensait. Je me demandais presque s'il sortait de la maison pour vivre, de temps en temps. J'étais devenu un vrai connard et plutôt que de briser ma famille, j'avais joué au mort. « Ce que je te reproche c'est que tu nous ais pas donné de nouvelles, que tu sois parti du jour au lendemain.... alors qu'avec Skype, ou autre, on aurait pu rester proche » Mordant dans ma fritte, je me mordis les doigts par inadvertance. Grimaçant, je frotta rapidement mon doigt avant de répondre le plus simplement du monde à Everett. « Everett, tu te rends compte que je n'étais même pas proche de ma propre fille, petite crapule qui dormait dans la même chambre que moi pendant les deux premières années de sa vie ? Comment voulais-tu que j'arrive à avoir un semblant de conversation avec vous alors que je n'arrivais même plus à me regarder dans le miroir ? » C'était simple mais efficace, du moins je l'espérais. Il fallait qu'il comprenne que je n'avais pas été en mesure de les tenir au courant de ma vie palpitante et que, si l'envie m'avait pris de le faire, je ne voulais pas leur montrer le semi échec que j'avais été. Bien entendu, j'avais réussi ma carrière professionnelle mais après ça ? « Tu n'imagines même pas le nombre de nuit que j'ai passé à l'hôpital, submergé par le travail. Six ans c'est long, je ne dis pas le contraire mais je ne suis pas là pour rajouter un an ou deux de colère » Une fois de plus, je n'y allais pas par quatre chemins. J'étais là pour arranger tout ça, pas pour rajouter une couche sur la pyramide de colère qu'il avait construit – plutôt solidement – avec Katy. J'en avais presque marre de les prendre par des pincettes depuis deux mois. Tout cela était difficile pour eux, je le comprenais bien mais il fallait qu'ils grandissent, qu'ils avancent sinon ils allaient rester coincé ici encore un long moment. « Alors tu en dis quoi ?! » Le regardant, j'acquiesça légèrement. J'étais prêt à faire des efforts mais, manque de bol, c'était à lui et à Katy d'en faire le plus. C'était eux qui avaient une dent contre moi et non pas l'inverse. « Si je suis rentrée c'est pas pour rien Everett. J'aurais pu aller n'importe où dans le monde mais j'ai décidé de revenir ici, c'est pas pour rien. Il faut juste que Katy et toi compreniez que ce que j'ai fais, je le regrette mais qu'à faire la moue six jours sur sept, ça n'arrange rien. Je ne dis pas que vous devez m'embrasser dès que j'arrive mais un petit sourire de temps en temps n'est pas désagréable hein ! » Eh oui, depuis qu'il était arrivé, le petit 'dernier' faisait une mine effroyable à glacer le sang. Croquant dans mon hamburger, je le regarda et dis « On sera pas d'accord là dessus mais on doit avancer, tous ensemble. Au moins pour Madison. Parce qu'elle comprend pas pourquoi son tonton et sa tata font la tête à son papa... » La petite m'avait expliqué – à sa façon – qu'elle avait l'impression que personne ne m'aimait et qu'il fallait donc partir loin et vite. Avalant ma bouchée, je regarda mon petit frère et dis « Tu deviens quoi toi ? » S'il fallait réapprendre à ce connaître, autant commencer par les fondamentales. Petite amie, études, job, j'avais envie de tout savoir.

Entre les deux frangins, c'était un peu la foire à la mauvaise foie, à croire qu'ils faisaient un concours de celui qui trouvait l'excuse, l'argument le plus tordu pour "gagner", pour triompher sur l'autre. Bref, ils n'étaient pas prêt de s'entendre sur le sujet du départ, et autant en temps ordinaire Everett pouvait être très compréhensif très calme autant dés que cela touchait Katy, il devenait disons un peu plus intransigeant. Sa petite sœur était la personne la plus précieuse qu'il avait et le fait qu'Eden lui fasse aussi mal, la rende aussi triste, il ne pouvait l'accepter. Peut-être que si cela ne l'avait concerné qu'à lui, il aurait au final réagi différemment, mais là c'était plus fort que lui. Il se rappelait à quel point elle avait été mal au départ de l'aîné, à quel point cela l'avait affecté. Et ce matin, son petit regard triste... Bref, il n'était pas impartial dans l'histoire, loin de là même. Il lui en voulait trop ! Peut-être qu'avec quelques explications le plus jeune comprendrait un peu mieux le point de vue de son frère. Écoutant donc attentivement ce que ce dernier avait à dire, il se passa une main dans les cheveux en faisant une légère moue bien embêté pour répondre franchement à sa question. Bon, c'est vrai que savoir qu'il avait couché avec la moitié de Paris, il s'en serait bien passé, mais juste laisser un mail pour dire "coucou. Je pense à vous mais je suis submergé de travail.", ça ne mange pas de pain. Quant au fait qu'il ne se soit jamais occupé de sa fille c'était un peu no comment... Evy avait bien du mal à comprendre comment une telle chose avait pu se passer ! Hum. Il se racla doucement la gorge et finalement ce fut sa seule réplique, mais il lui expliqua très rapidement que c'était vraiment son manque de nouvelle qui était à reprocher et que skype était quand même un outil formidable. Là encore la réponse n'était pas du tout celle que le plus attendait et il était difficile d'y répondre. Eden avait su comment le formuler... Everett se mordilla doucement la lèvre mais tenta quand même Ce n'est pas un argument que tu ne puisses pas te regarder dans un miroir Eden. Ou si tu e voulais pas discuter un mail ou un SMS qui te prenait trente secondes à écrire... mais quoi ? Tu n'avais pas le temps ?! Tu n'avais pas le temps de nous écrire un foutu message alors que tu avais le temps de se faire la moitié de paris comme tu le dis bien ? Ou que tu avais le temps de téléphoner à Jane au moins une fois tous les deux jours. C'est ce que tu as dis hein ? Tu te rends compte de l'absurdité et de la contradiction de ce que tu me dis là. Il se tut quelques secondes avant de souffler doucement Désolé de m'énerver, ce n'est pas le but. Il inspira et essaya de prendre sur lui, mais il trouvait que le plus âgé se contredisait et cela avait le don de l'exaspérer... Le pire dans tout cela, c'est qu'il était certain que c'était réellement le point de vu de son aîné, que l'autre ne mentait pas pour l'amadouer. Oui, c'étaient juste qu'ils n'avaient encore et toujours pas le même point de vue. Le fossé creusé entre les deux était bien plus profond, bien plus grand qu'il n'aurait pu le penser. Comme venait de le faire remarquer très justement Eden, il est vrai que l'aîné avait du avoir une carrière professionnelle très prenante. Ca, il ne pouvait pas le nier. Tu n'es pas là pour rajouter un an ou deux de colère ?! Il avait répété la phrase pour être certain de bien avoir tout compris. Non, là, vraiment ça le dépassait totalement. L'autre se tirait sans donner de nouvelles pendant six ans et en plus il voulait être accueilli à bras ouvert. Non et puis quoi encore ?! Tu es d'une mauvaise foie inimaginable Eden ! Il se tut quelques secondes Je sais qu'on a nos tords, mais... Il secoua la tête et préféra finalement se taire Laisse tomber ce n'est pas grave. Il faut qu'on reparte sur de bonnes bases.mais après tout cela, il était clair que ça serait assez difficile. Il était prêt à faire des efforts, de réels efforts que cela se passe mieux entre eux, pour le bien de la famile... mais il n'était pas certain que Katy le suive sur ce coup-là, surtout vu tous les "non-arguments" que lui avait fourni Eden. M'enfin, il tenterait de se débrouiller... Si tu nous avais donné de tes foutues nouvelles pendant ces six années peut-être qu'on ne ferait pas la moue comme tu le dis ski bien. Il avait envie de lui hurler ça à la figure, mais ça ne changerait rien. Ca ne les ferait que tourner en rond, le plus âgé avait déjà entendus ces arguments là, alors à quoi bon en rajouter une couche ?! Et c'est très sérieusement et d'une manière pas du tout sarcastique et ironique qu'il lui répliqua du tac au tac T'as cas me faire rire si tu veux me voir sourire. Ce qui fut beaucoup moins drôle ce fut la réplique suite... Ah oui. Madison, effectivement ça c'était un argument qu'il ne pouvait pas contrer. La pauvre gamine n'avait rien demandé et c'était injuste de lui payer une mésentente "d'adulte". D'accord, ça marche, pour Madison. Pour une fois, il avait un ton réellement convaincu, comme quoi tout était possible ! Regardant son frère manger, il était déjà en train de réfléchir comment faire une synthèse de tout cela à sa soeur lorsqu'Eden reprit soudainement la parole. Ce qu'il devenait. Pfiout ça serait vite résumé, malheureusement. Hum. Pas grand chose pour être sincère.... Je fais toujours mes études en infographie ce qui prend déjà pas mal de temps. Quelques fois par semaines je vais faire du baby sitting... Et le reste du temps je suis généralement à la maison avec Katy, ou en ville avec des amis. Il se tut quelques secondes avant de rajouter Et officieusement, en soirée . avec les mêmes amis, mais bon, il était mineur. Si les parents apprenaient qu'il buvait il se ferait littéralement tuer, donc bon, d'où le officieusement. Et toi, quoi de nouveau ?! Il avait Certainement une vie beaucoup plus palpitante que la sienne, ce qui n'était franchement pas trop difficile.

La conversation tournait au vinaigre avec Everett et c'était rien de le dire. Tout ce qu'il me reprochait, il avait le droit de le faire, je ne pouvais pas dire l'inverse, mais cela ne me plaisait pas. J'avais été un vrai danger pour notre famille, un vrai sac à merde et je n'avais pas voulu leur faire plus de peine. Je n'avais pas voulu les appeler ou envoyer un mail en leur racontant ô combien ma vie était parfaite alors que ce n'était pas le cas. Je n'avais été que l'ombre de moi même, une âme errante dans Paris. J'avais fini par retrouver ma contenance, mon identité mais c'était trop tard. J'avais voulu les mettre de côté pour ne pas souffrir mais c'était l'inverse qui s'était produit, je leur avais fais du mal, beaucoup trop de mal. Me racheter revenait du miracle et je n'étais pas trois fois sûre de pouvoir y arriver. Ils allaient me détester jusqu'à la fin des temps et je ne pouvais que m'en prendre à moi même. Seulement, je n'étais pas revenu pour offrir cette vie à Madison. La petite et moi étions revenus pour être soutenus, épaulés, heureux. Surtout elle. Elle en avait besoin avec tout ce qu'elle avait vécu ; sa surdité, la perte de sa mère. J'étais la seule constante dans la vie de Madison et pourtant c'était loin d'être le cas. J'étais mal en point, triste à longueur de journée de voir mes frères et sœurs me garder à l'écart. Il fallait aller doucement mais je ne pouvais pas être plus lent ; je voulais récupérer le temps que j'avais perdu à Paris. Everett allait réussir à me pardonner, je le savais, mais Katy, j'en doutais un peu plus. Elle n'était pas rancunière mais je l'avais laissé tomber quand il ne fallait pas, quand elle était faible, très faible. Je n'avais pas supporté la voir souffrir et plutôt que de l'aider, j'étais parti. Ce constat me fit mal au cœur, une fois de plus. J'étais un monstre quand on y pensait mais il était trop tard pour regretter, moins pour tenter de rattraper les choses. Il fallait qu'ils y mettent du leur. Le ton que prenait la conversation ne me plaisait pas du tout. La colère qui animait Everett était palpable de l'autre bout du restaurant. Je ne voulais pas être accueilli les bras ouverts – bien que ce que je venais de dire le laisser penser – mais j'avais envie qu'on me pardonne, ce qui semblait être trop demandé pour mon petit frère. « Laisse tomber ce n'est pas grave. Il faut qu'on reparte sur de bonnes bases » Au moins, nous étions d'accord là dessus et c'était mieux que rien, autant l'avouer. Il fallait que toute cette animosité cesse et que nous repartions sur de bonnes bases. « Si c'est pas pour moi, faisons le pour Madison » Elle n'avait pas eu la vie de famille à laquelle j'avais eu droit étant plus jeune et c'était ça, le pire dans l'histoire. Je ne voulais qu'une chose, qu'elle ait une enfance normale. Du moins, que le reste de son enfance le soit... C'était mon seul argument valable en y repensant et je comptais bien titiller la corde sensible pendant des mois s'il le fallait. Il le fallait, pour Madison et seulement pour elle, ce qu'il accepta rapidement après m'avoir fait comprendre que nous n'étions pas prêt de faire la paix. Je n'avais plus qu'à espérer, ou bien lui offrir un punching ball. Ce serait un bon investissement, je n'en doutais pas une seule seconde. Je préféra rapidement détourner le sujet et prendre de ses nouvelles parce que sinon, nous n'avancerions jamais. L'entendant parler de soirées officieuses, un léger rire se glissa entre mes lèvres. « Papa et maman sont toujours aussi strictes là dessus à ce que je vois » J'avais commencé à sortir très jeune et mes parents ne l'avaient jamais su. Arrivé à Paris, j'étais majeure alors j'avais pu profiter sans mentir, sans rien cacher à personne. « Et toi, quoi de nouveau ?! » Pas grand chose... Ou justement, trop de choses. Au même moment, mon téléphone se mit à sonner et je m'excusa auprès d'Everett. Décrochant, je fis de gros yeux en entendant mon interlocuteur. « Comment ça Madison a frappé quelqu'un ?! » Mon visage se décomposa. Ma petite princesse avait jeté sa ballerine sur un garçon qui avait essayé de lui faire un bisou. À trois ans, elle en avait du caractère. « Oui, je sais bien qu'on ne prône pas la violence mais de quel droit ce garçon a voulu embrasser ma fille ? » Je leva les yeux au ciel en entendant le principal de l'école râler après moi. Idiot. Je racrocha rapidement, enfila ma veste et posa un billet sur la table. « Je te recontacte le plus rapidement possible Everett, je vais aller la chercher avant qu'elle pique une crise... » C'était bien le style de ma petite crevette de piquer une esclandre du haut de ses trois ans. Je lui fis un signe de la main et quitta le restaurant en quatrième vitesse. Quitter ainsi mon petit frère serait sûrement mal vu mais je ne pouvais pas faire traîner le principal ad vitae eternam.

rp terminé !