Helen avait besoin de compagnie en ce moment, sa meilleure amie, Laureen, était partie en Italie pour voir sa famille et pour le moment rien ne lui assurait qu'elle reviendrait dans un futur proche. Normalement, elle n'aurait jamais fait cela mais il ce trouve que vu les circonstances, elle avait accepté de mettre en colocation son appartement avec une jeune comédienne nommée Snow. Il se trouve qu'un hasard n'aurait pas pu faire mieux ; la jeune Snow en question était timide aussi et travaillait non loin de Broadway, le deux jeunes femmes se libéraient totalement sur scène. Elles s'étaient vraiment bien trouvé, il n'y avait pas de mot plus approprié que cela ! Mais pour le moment, en deux grandes timides, elles ne s'échangeaient que quelques mots et pourtant Helen tenait particulièrement à entretenir la conversation avec la rousse. L'américain avait beaucoup de tuyaux, pas mal de connaissances dans le domaine de la scène tandis que Snow perçait dans le métier ; Helen était sur le tout devant de la scène, elle avait obtenu le rôle principal de Mary Popins et tout cela à la sueur de son front. Le monde du show-business n'était pas des moins fatiguant, cela était vrai ! Il fallait s'accrocher pour pouvoir y entrer, combattre pour arriver au sommet et tenter de garder sa place ; du jour au lendemain il vous était bien possible de perdre vos beaux rôles. Helen ne travaillait que rarement, du moins quand elle n'était pas en représentation. Elle allait parfois en répétitions mais maintenant elle connaissait son rôle et n'avait qu'à chanter dans l'appartement pour se remémorer des paroles.

Elle ouvrit les yeux et ce fût non sans surprise qu'elle remarqua tout de suite qu'elle avait omis de fermer les volets. les spectacles étaient particulièrement épuisants et elle se couchait à des horaires impossibles. Parfois elle se demandait si elle ne réveillait pas Snow. Certes cela ne faisait que quelques semaines qu'elles étaient en collocation, mais tout de même. Elle ne voulait même pas savoir l'heure qu'il était. Quel jour... Ah oui, dimanche. Pas de représentation, heureusement. La jeune femme hésita à se lever ou à rester au lit mais elle se dit que tenir compagnie à Snow serait peut-être mieux, elle ne voulait pas passer pour une taupe non plus. C'est donc avec un entrain spécial qu'elle se leva, vêtit par dessus ses vêtements de nuit une robe de chambre, enfile ses pantoufles, se coiffa vaguement et sortit de sa chambre. L'américaine espérait que les quelques restes de maquillage qu'elle aurait pu oublier n'aient pas trop coulés pendant la nuit, de ce doute, elle passa ses doigts sous ses yeux pour essayer d'en enlever le minimum. Contrairement à la plupart des gens, son rythme désordonné faisait que le matin elle n'avait pas trop une tête à faire peur, finalement elle avait prit l'habitude de ce rythme désordonné et s'en accommodait. Ce fût non sans surprise qu'elle trouva alors Snow préparant un petit déjeuner, elle regarda l'heure. Wow, elle avait fait fort, il n'était que neuf heures du matin. Se stoppant, elle s'étira pendant quelques secondes avant de venir aider sa colocataire derrière le bar. « Coucou ! Bien dormi ? Je t'ai pas réveillé ? » S'inquiéta-t-elle aussitôt. Elle mit deux toasts dans le toaster et abaissa le levier. Pendant ce temps la rousse sortait du frigo du bacon et tout ce qui fallait pour se faire un brunch. Elles avaient décidé que dimanche, ça serait brunch, Helen raffolait de la culture anglaise !

Deux timides sous un toit. Qui aurait cru que cela pourrait aller pour le mieux, Helen étant une personne d'une timidité plus qu'aiguë, elle pouvait parfaitement rester à côté de vous sans vous adresser le moindre mot en regardant ses souliers, rien que par exemple dans une salle d'attente elle rougissait jusqu'aux oreilles quand le médecin l'appelait pour la consultation, c'était vraiment hallucinant. Et les psychologues n'avaient pas vraiment pu faire grand chose contre cela, elle avait beau aller tous les voir, rien n'y faisait elle n'arrivait pas à casser cette carapace qu'elle s'était formée dès son adolescence, voire même bien avant. En bref, timidité devait être son second prénom ou bien le bon Dieu avait un peu abusé sur ce trait de caractère et qui l'énervait au plus haut point, elle en avait plus qu'assez de devoir se cacher et puis elle n'arrivait pas à se démêler de toute sa timidité. « Chassez le naturel, et il reviendra au galop. » Elle n'y arrivait pas mais ne baissait pas les bras pour autant, elle voulait y arriver et depuis son plus jeune âge tentait d'y remédier, alors peut-être qu'à deux elles pourraient se libérer ? En dehors de sa timidité, Helen était une personne des plus sympathiques si on prend par exemple sa meilleure amie, Laureen, qui était extravertie et tout son contraire en fait ; lorsque la jeune demoiselle était en sa compagnie, elle se libérait totalement et devenait une personne méconnaissable ! Mais ce, pour une courte durée seulement. Une fois quittées, Helen redevenait une personne timide et renfermée sur elle même, dont la seule manière de se libérer était la scène. Ah, la scène et elle était une grande histoire d'amour. A vrai dire elle n'avait jamais imaginé cette perspective de métier, avant qu'elle ne prenne pleinement conscience qu'elle devait avoir un certain don pour cela. Par hasard, un jour elle avait acheté un DVD de Chicago, elle était à ce moment là au lycée et ses idées de métiers se résumaient à : pas grand chose, tant qu'on ne la voyait pas. Et puis elle l'avait regardé et adoré : alors en elle s'était déclenché un déclic. Elle. Voulait. Faire. Ça. Et cela n'était pas discutable !

« Salut ! » Lança alors joyeusement Snow tandis qu'elles préparaient la petit déjeuner. Par la suite, l'américaine s'inquiéta par rapport au bruit qu'elle aurait pu faire la veille en rentrant de son spectacle. « Non, ne t'inquiètes pas ! J'ai très bien dormi, et toi ? Les représentations de Mary Popins se passent bien ? » Rassurée, la brune sortit le beurre et la casserole avec un sourire. C'était fou comment la pression redescendait ; elles étaient sur la même longueur d'ondes en fait. « Oh que oui ! Ça se vent comme des petits pains ! Et le public de New York est exquis ! Et toi, tes pièces ça avance ? » A vrai dire, Helen ne savait pas bien sur quelles scènes sa colocataire travaillait et un jour il faudrait qu'elle aille la voir en surprise car la curiosité la piquait dangereusement ! « Excuse-moi, je ne vais pas t'embêter avec ça dès le matin ! » S'excusa Snow. Heureusement que celle ci plaisantait. « Ne t'inquiètes pas, cela ne me gêne pas du tout ! » répondit-elle avec un sourire. Le toaster rebondit quelque peu, signalant la moitié du temps écoulé et la brune se posa près de lui, mettant le feu sous la gazinière et y mettant le beurre. « Et toi, bien dormi ? » Questionna Snow en posant les ingrédients sur le plan de travail. Avec un sourire, l'américaine lui répondit. « On ne peut mieux ! » Elle s'empara d'un oeuf et le cassa dans la casserole avant d'enchaîner avec le suivant. Le toaster releva les deux tartines. Helen laissa à Snow le plaisir de les retirer de l'appareil.

Spoiler:

On ne pouvait pas dire de Snow qu'elle était timide à proprement parler, peut-être un peu réservée et renfermée, mais ce n'était pas le genre de fille à se laisser marcher sur les pieds. La scène la libérait tout de même, c'était pour elle un refuge, un endroit dans lequel elle pouvait être une autre personne, ce n'était plus la pauvre petite veuve si jeune et naïve qui a débarqué à New-York de beau matin, sans rien comprendre à cette vie qui se déroulait à cent à l'heure, ce monde en perpétuel changement, perpétuelle évolution, toujours en train de bouger dans tout les sens... Mais petit à petit la rouquine réussissait à s'assumer en dehors de la scène, à s'affirmer, à être présente, à peu à peu arrêter de constamment essayer de se faire discrète et en retrait. Elle apprenait petit à petit à se glisser sur le devant de la scène. Mais Helen et Snow était foncièrement semblables, en règle générale elles évitaient qu'on les remarque trop, sauf sur scène. Le théâtre était donc leur passion à toutes les deux et la vie s'avérait beaucoup plus belle vue de leur scène. Alors peut-être qu'elles étaient tout simplement faites pour cohabiter ensemble ? En tout cas, en si peu de temps, la brunette était la seule personne que Snow ai réussi à trouver pour partager son habitation et elle n'était pas du tout mal tombé, plus elle réfléchissait et plus elle se félicitait de ce choix. D'ailleurs, pour une fois la belle rousse avait eu beaucoup de chance de tomber sur quelqu'un d'aussi docile et sympathique que la jeune Helen, de plus elles avaient presque le même âge, à un an près. L'appartement lui aussi était très agréable et la chambre de Snow était vraiment belle.

[color=deeppink« Oh que oui ! Ça se vent comme des petits pains ! Et le public de New York est exquis ! Et toi, tes pièces ça avance ? »[/color] répondit joyeusement Helen à la question de la rouquine. En vérité les pièces de Snow n'avançaient pas vraiment, elle stagnait même, toujours pas de contrat en vue, mais elle ne désespérait pas. Pas encore, en tout cas. Elle savait qu'avec quelques contacts et beaucoup de motivation elle pouvait aller loin, en tout cas il fallait s'en donner les moyens et tout faire pour ça. « Pas encore, mais je ne désespère pas. » répondit calmement la jeune femme en jetant un coup d'oeil au toaster qui indiquait que la moitié du temps pour griller les tartines était écoulé. « Ne t'inquiètes pas, cela ne me gêne pas du tout ! » fit la brunette tandis que Snow s'inquiétait de savoir si cela embêtait Helen de parler boulot dès le matin. Quand la rouquine demanda à sa colocataire comment s'était passé sa nuit elle répondit à l'affirmative. « On ne peut mieux ! » cette phrase gaie arracha un sourire à la rousse tandis que l'autre faisait cuir les oeufs. Snow s'approcha du grille pain duquel avait surgit les deux tartines parfaitement grillées des deux côtés. Elle les saisit et s'empressa de les reposer sur le plan de travail car elles étaient encore très chaudes. « J'adore les petits-déjeuners à l'anglaise ! » confia-t-elle à la demoiselle qui s'affairait aux fourneaux à côté d'elle. « Tu as prévu quoi aujourd'hui ? » la questionna-t-elle.