Alexandre peinait à se réveiller. Les choses en ce moment étaient telles que son bonheur semblait plus qu'ébranlé. Lui qui était sur le point d'avouer les sentiments qu'il éprouvait au plus profond de son être, à l'égard de son épouse, avec qui il avait à l'origine contracter un mariage pour éviter l'expulsion vers le Canada où il résidait depuis son retour d'Antarctique. Mackenzie était rapidement devenue sa meilleure amie, et c'était même son idée, de se marier avec lui. Alexandre n'aurait jamais osé lui proposé un tel marché, mais elle semblait vraiment attaché à lui, et c'était évidemment réciproque. Depuis, ils étaient devenus aux yeux de tous M. et Mme Riddles, un couple aux allures parfaites, et qui l'était à sa manière. Car si leur mariage à l'origine n'était que totalement factice, de réels sentiments avaient vu la lueur du jour, petit à petit au plus profond de leur être. Mais il semblait que la timidité et la peur de tout gâcher l'emportait, puisqu'ils ne se l'étaient toujours pas avoué.. et voilà que Mackenzie avait perdu tout souvenir de son époux suite à leur terrible accident de voiture. L'quilibre si parfait qui régnait au sein de cette maison de Prospect Park, dans le centre de Brooklyn n'avait plus rien d'attrayant. Alexandre s'était refermé depuis plusieurs jours, et seule la soirée prévue avec Skye pour se mettre la tête à l'envers semblait le motiver à sortir de son mutisme. Cette soirée, et l'entrevue qu'il avait professionnellement et cordialement proposé à Heaven. Ce petit jeune était selon lui, bourré de talent. Sans rien lui demander, il avait organisé une sorte de soirée hommage à Alexandre et au travail qu'il fournissait depuis des années en tant que réalisateur renommé. Par le bouche à oreilles, Alexandre en avait prit connaissance et lui avait fait la surprise d'y venir. Si le Canadien avait été précédemment extrêmement curieux, il ressentit néanmoins une certaine gêne, une certaine timidité quand il arriva sur les lieux. C'était vraiment fabuleux ce qu'il avait fait autour de lui, et de son travail. Si bien qu'il se sentait mal à l'aise devant tant de reconnaissance. Ce jeune homme avait tout d'un grand organisateur de soirées en tous genres, il était doué dans ce métier. Vraiment. Et il fallait absolument qu'il le rencontre. Chose aisée quand on savait qu'il était dans les locaux. C'est donc tout naturellement qu'ils passèrent ensemble la soirée, et gardèrent contact par la suite. Ce n'était pas anodin : Alexandre était subjugué devant la motivation, la créativité et le carnet d'adresses d'Heaven. Il avait organisé une soirée made in America, qui avait affolé les bookmakers. Il avait d'ailleurs eu, à la demande secrète d'Alexandre, un article non pas sur la soirée qui le concernait -cela aurait été bien trop égocentrique, et ce n'était pas son genre- mais sur le talent de ce jeune homme. Et cela ne s'arrêterait pas là, il le savait. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il lui avait donné rendez-vous en bas de chez lui, dans les rues commerçantes de Brooklyn, pour y boire un café et lui faire une proposition qu'il espérait des plus alléchantes. Il descendit donc de son appartement et lui envoya un message précis de là où il se trouvait. Un petit café lounge, typiquement New Yorkais, qui faisait d'ailleurs un peu tâche dans le quartier. certainement trop "Manhattan" pour les habitants de ce quartier plus populaire. Il prit place sur une table à côté de la fenêtre, pour le voir arriver et pouvoir lui faire signe. En attendant, il feuilleta un journal et tomba justement sur un article... passionnant.. Sur Heaven ! Comme quoi, le destin semblait être, pour une fois depuis ces derniers jours, du côté d'Alexandre, qui se réfugiait désormais dans son travail pour éviter de sombrer dans de tristes pensées relatives à son épouse.

Le jeune homme avait un style que certains qualifieraient de tas de noms à tendance péjorative, simplement parce qu'il ne rentrait pas dans le moule banal que formait celui de la société et surtout, des personnes jalouses et ne se portant à eux-même que très peu de confiance. Mais Alexandre était loin des clichés, pour preuve : il s'était illégalement marié avec sa meilleure amie juste dans le but d'obtenir la nationalité américaine et pouvoir demeurer sur le territoire. Ce n'était une idée dénuée de tout vice et pourtant, c'est certainement ce dont Alexandre était aujourd'hui le plus fier, car dans son infraction, il avait noué une relation indestructible avec Mackenzie. Indestructible, à quelques oublis près. Mais passons, et revenons à nos moutons. Heaven venait d'arriver dans le café et c'est avec sympathie que le canadien de souche apprécia son look ; lui aimait le fait qu'il sorte du lot, qu'il ne se plie pas à toutes les exigences publiques. N'allez pas croire qu'il était bariolé de couleurs, non, il avait juste ce petit truc, cette petite originalité qui fait le tout, qui engendre un souvenir permanent dans votre esprit : ce mec, il marquait les esprits. Et c'était sans doute pour cette raison qu'Alexandre mourrait d'envie de travailler avec lui, il lui apporterait sans doute beaucoup plus qu'il ne pouvait l'imaginer, dans son humilité. « Bonjour… Heaven et toi Alexandre bien entendu… J’espère que tu ne m’as pas trop attendu ? » Il se leva comme il put pour sortir de son assise profonde dans la banquette moelleuse sur laquelle il avait posé ses fesses et lui tendit vivement la main. « Heaven, bien sûr, je me souviens ! Et moi, c'est bien Alexandre, mais appelle moi Alex. » Il lui sourit cordialement et lui adressa un clin d'oeil sympathique. « Non, non, je te rassure, je viens à peine d'arriver ! » Et c'était vrai, il n'avait même pas eu à patienter plus de cinq minutes et puis, auquel cas, cela ne l'aurait pas dérangé. Il reprit donc place sur sa banquette, alors que Heaven s'installait en face de lui. Alexandre rangea le journal qu'il avait sorti pour s'occuper en attendant la venue de son interlocuteur, et prit la carte des boissons. Il balada son regard sur la liste d'élixirs en tous genres et pensa immédiatement à prendre un alcool fort, comme il le faisait souvent en ce moment au vue des circonstances personnelles qui l'entouraient. Mais en jetant un regard sur sa montre, il considéra que l'heure n'était pas au scotch, mais plutôt à une boisson chaude. « Ce sera un cappuccino pour moi ! Je t'invite, tu prends quoi ? » dit-il en affichant un sourire sincère. Boire un verre ensemble sonnait sans doute le début de l'entrevue, qui au-delà d'être amicale, revêterait également un caractère professionnel.